Une panique certaine, alors qu’elle se trouvait dans cet appartement qu’elle n’avait jamais vu avant. La redescente ne l’aidait guère à réfléchir, préférant la faire s’agiter, s’angoisser, sans savoir ce qui lui arrivait. Elle n’avait pas eu le temps de réfléchir à ce qu’il s’était passé quelques heures plus tôt, qu’elle essayait déjà de s’enfuir. De trouver un moyen de rentrer chez elle. Incapable de prendre le temps de penser, de se remémorer cette soirée. Simplement cette peur qui l’englobait, la faisant trembler davantage encore. Jusqu’à ce que la voix d’Il Kyang parvienne finalement à elle, semblant encore si lointaine. La lumière de la cuisine l’avait aveuglée, alors qu’elle avait reculé d’un pas, ses yeux fermés. De longues secondes, avant de sentir ses mains sur ses épaules, trouvant le courage d’observer autour d’elle. Son corps entier continuait de se secouer au rythme de spasmes qu’elle n’arrivait pas à contrôler. “Ton … appartement ?” murmurait-elle, alors que l’information peinait à arriver à son esprit. Qu’elle avait du mal à assimiler ce nouveau lieu dans lequel elle se trouvait. Difficilement, elle avançait, le laissait la guider. Son regard vagabondait autour d’elle. Une façon de se rassurer, de voir qu’elle était bel et bien dans un logement, et non dans un potentiel centre. Là ou son frère et son compagnon voulaient l’enfermer. Ses yeux embués ne lui permettaient pas de voir convenablement, bien qu’elle essayait, autant que possible. A nouveau dans cette chambre, elle s’était laissée tomber sur le lit, l’air ailleurs. Cette angoisse était encore présente, alors que sa respiration était encore forte, presque douloureuse. De nouvelles larmes perlaient sur sa joue, à sentir sa main dans la sienne, ces simples caresses sur sa peau qui arrivaient à faire toute la différence. Un contact qu’elle avait attendu, ces derniers jours. Qu’elle avait espéré sans qu’il n’arrive. Malgré cette peur panique, sa lucidité revenait peu à peu. Lentement, elle tentait de retrouver son calme, se raccrochait à sa voix pour se rassurer, autant que possible. “Je … Je sais pas…” répondit-elle, d’une voix cassée, encore prise par l’émotion. De ses mains, elle serrait le tissu qu’il enroulait sur ses épaules, pendant qu’il quittait la pièce. Au loin, elle le regardait faire, comme elle pouvait. Ce besoin omniprésent de pouvoir le voir pour s’apaiser, ne serait-ce qu’un peu. Malgré la folie des derniers jours. Malgré les disputes, la distance qui s’était instaurée entre eux. Elle avait besoin de lui, encore, toujours. Ne se sentait plus capable d’avancer sans lui, depuis qu’ils s’étaient retrouvés. Certains auraient pu la prendre pour une folle, de penser ainsi. Mais ces années sans lui n’ont fait que lui prouver qu’elle ne savait que sombrer, s’il n’était pas à ses côtés. Récupérant le verre qu’il lui tendait, elle l’avait bu, lentement. Hoquetant, elle essayait de fixer un point au loin, pour se calmer, faire cesser ces larmes de couler. “Tu ne crains rien…” Ces mots résonnaient dans son esprit. Elle voulait se raccrocher à ça. Effacer de son esprit cette dernière semaine. Mais ça paraissait encore impossible, pour le moment, alors que peu à peu, tout lui revenait à l’esprit. Elle restait terrifiée, apeurée de ce qu’il pourrait se passer, alors qu’elle s’allongeait finalement. Soupirant, à sentir sa main sur sa joue, son corps se secouait d’un nouveau sanglot. Posant sa main sur la sienne, son regard se voulait suppliant, alors qu’il semblait déjà prêt à repartir. “Reste avec moi…” soufflait-elle. A ne plus vouloir penser à ce qu’il s’était passé la veille, simplement à pouvoir sentir sa présence près d’elle. Un besoin viscéral, alors que son coeur s’emballait dans sa poitrine. Lui qui était resté si distant, elle avait peur qu’il refuse, qu’il la laisse seule dans cette pièce. “S’il te plait…” mimait-elle de ses lèvres. Elle semblait si fragile, à cet instant. Prête à s’engouffrer une fois de plus dans une bulle trop sombre pour elle. J’ai tant besoin de toi, criait son regard, alors qu’elle avait du mal à lâcher sa main. Qu’elle la serrait contre elle. Comme si elle n’avait plus eu droit depuis trop longtemps. Un simple touché qui lui avait tant manqué, dont elle avait eu terriblement besoin. Et dont elle tentait, aussi fort que possible, de ne pas perdre. Pas une fois de plus, pas maintenant. Pas alors qu’elle restait paniquée, trop faible pour avoir les idées claires. Ce besoin qu’il soit là, près d’elle. Comme pour lui rappeler que leur amour n’est pas mort, pas encore.

Cette main sur la mienne, me rendait subitement nerveux… sans trop savoir comment réagir, ni même si nous avions raison de faire ça. Juste un geste, rien de plus. Mais dans ma tête, tout était di désordonné. J’étais désolé d’avoir été aussi distant avec elle. Au point d’être blessant à mon tour… sans m’en rendre compte. Sans réellement le vouloir. Mais je n’avais pensé qu’à moi… et cette lueur dans ses yeux me déchirait tout à coup. Tout comme cette supplique entre ses lèvres tremblantes… Ye Won… je suis tellement désolé si tu savais… « D’accord. » lâchais-je, la voix peu assurée. J’aurais voulu plus en réalité. Une étreinte, la sentir contre moi. Mais j’osais à peine. Ne sachant plus vraiment ce que nous étions à nouveau. Inspirant doucement, je tirais la porte légèrement, assez pour laisser passer de la lumière en m’installant à ses côtés. J’avais le cœur battant, les mains moites tout à coup. Comment pouvait-on en arriver là ? Encore une fois. Je pensais qu’on avait passé tous ces moments d’incertitudes. Ces mots qui nous blesseraient… je ne pensais pas avoir rompu avec elle. J’avais juste besoin de temps, mais je me rendais compte que c’était idiot. Plaçant l’oreiller, je me tournais vers elle. Sans trop savoir si je pouvais faire plus… et me contenter de ce si peu. Mais je tentais ce sourire, que je voulais tendre. J’étais là… quoiqu’il arrive c’est ce que je m’étais promis de faire. Alors pourquoi je n’avais pas su tenir. Dans un geste, je caressais sa joue « Endors-toi… » Et pardonne moi Ye Won. D’avoir encore fait ces mauvais choix pour nous. J’aurais pu vouloir rester loin, mais c’était plus fort que moi, il fallait que je m’approche un peu plus. Déposant même un baiser sur son front… et j’aurais beau lui en vouloir. Ne pas comprendre, au final je mourrais d’envie d’être avec elle. Alors à quoi bon lutter ? C’est ce que je pensais encore, en la regardant s’endormir. Sombrer loin de moi, plus paisible, mais encore si fragile… je n’ai pas su trouver le sommeil. A peine deux heures surement, avant qu’un cauchemar me réveillait. Il était encore tôt, le cœur affolé, je me levais discrètement. Allant à la cuisine pour boire un grand verre d’eau. Je ne savais plus vraiment où j’en étais. Même après cette nuit… avisant mon téléphone il était huit heures. Et j’étais épuisé pour être honnête. Passant une main sur mon visage, je poussais un soupir. La chambre donnait sur la cuisine et je relevais les yeux vers la porte pour l’apercevoir encore endormis. Je ne sais pas pourquoi je jouais au con. A toujours mal faire les choses. Elle avait du courage de me supporter, c’est ce que je pensais. Surtout en repensant à la façon dont j’avais agi… j’avais été bête. Si égoïste avec elle… si Ye Won prenait ces drogues c’était pour une raison. Pas seulement pour expérimenté… une solution à son mal-être. Celui que je n’arrivais pas à guérir pour elle… alors que devais-je faire ? L’abandonner ? Et je m’écœurais. Moi qui lui avais promis. J’avais tout fait à l’envers… L’observant bouger un peu dans le lit, je préparais un café. Un instantané, un truc dégueu mais je n’avais pas encore tout branché. Ça faisait l’affaire, le temps de partir à l’université ou à l’agence. Me mordillant la lèvre, j’entrais à nouveau dans la chambre, m’asseyant à ses côtés. « Salut. » lâchais-je presque timidement. Je ne voulais pas la brusquer. Et malgré moi je me sentais contrarié, d’être là sans pouvoir la prendre dans mes bras. Apprécier ces réveils qu’on avait tous les deux. Et malgré cette nuit affreuse, je la trouvais toujours aussi belle... « Je t’ai fais un café. Il est pas terrible. » Je lâchais un petit rire gêné. Sans trop savoir quoi en faire. Déposant la tasse sur le carton. Je me sentais embarrassé. Pas réellement certains qu’elle voulait que je sois là finalement. J’avais peur qu’elle fuit, qu’elle se dise que j’avais été horrible avec elle. « Comment… tu sens ? » je baissais les yeux sur mes mains, les croisant ensembles sans trop savoir si elle me repousserait ou non. Tard dans la nuit, elle ne l’avait pas fait… mais peut-être serait-elle plus lucide désormais. Gardant un soupir derrière mes lèvres, je tentais de sourire malgré tout. « Sacré soirée hein… » Pourquoi je tentais d’être léger ? Par crainte qu’elle ne veuille plus de moi. Qu’elle se souvienne de tout et me rejette. Je ne savais pas comment lui dire que j’étais désolé. La pauvre se réveillait à peine. Je voulais lui laisser le temps d’émerger… Me reculant un peu « Si tu veux… te doucher, y’a des serviettes dans la salle de bain. » je me redressais, fuyant un peu mais pas pour la blesser. Je voulais juste qu’elle prenne un peu de temps pour elle peut-être. Tant qu’elle ne partait pas… c’était tout ce que j’espérais. « Je… je vais préparer un truc à manger. » une façon de lui dire qu’elle pouvait rester. Je lui lançais un regard, un peu triste, presque suppliant. Me tournant, je récupérais dans un carton, un boxer et un t-shirt à moi. Les posant sur le lit « Tiens… si tu veux, te changer. » je voulais prendre soin d’elle. Rien de plus… dans la cuisine je sortais un paquet de gâteau. Rien de plus. Mais c’était déjà ça non ? Je tentais d’avoir l’air occupé, juste pour qu’elle puisse se remettre doucement de ses émotions. Et peut-être… réaliser qu’on devait parler ? Mais j’espérais qu’au moins, elle comprendrait que je ne la rejetais pas. Pas cette fois…

Ces derniers jours avaient été des plus affreux pour Ye Won. Des jours, qu’il restait distant. Qu’ils évitaient la confrontation, finalement. Des journées entières à ne plus pouvoir l’approcher, le toucher. A perdre l’essence même de cet amour qu’elle lui portait. Des heures douloureuses, des nuits sans sommeil depuis leur retour de Jeju. Alors cette simple main sur sa joue valait beaucoup, même si sa lucidité lui faisait encore défaut. Le voir s’allonger à côté d’elle était peut-être un premier pas, sans qu’elle ne puisse s’en assurer, alors que ces peurs restaient ancrées en elle. Une caresse, un baiser. Tant, comparé à ce qu’il lui avait donné depuis Jeju. Quelques gestes à peine, qui certainement, l’avaient aidée à trouver à nouveau le sommeil. Malgré ce corps encore tremblant, ces frissons qui la parcourait. Quelques heures de sommeil en plus, tout aussi agités. Une redescente bien plus difficile que celles qu’elle avait pu connaître, certainement parce qu’elle ne consommait plus autant qu’avant. Malgré ses prises de pilules encore régulières. N’arrêtant pas de bouger, se tourner, elle avait peiné à se reposer réellement, le sentait déjà lorsqu’enfin, elle se décidait à ouvrir les yeux. Se relevant, assise sur le lit, elle s’était tenue la tête un instant. Douloureuse, vestige d’une soirée ou elle avait abusé. Petit à petit, la journée de la veille lui revenait, quelques bribes de cette soirée qu’elle avait initié. Ses sois-disant amis qu’elle avait appelé, ces pilules qu’on lui avait offert. Le reste était encore trop flou pour elle, alors qu’elle relevait le visage vers Il Kyang, s’installant à côté d’elle. “Merci…” soufflait-elle simplement, alors qu’elle récupérait cette tasse de café, en buvait une gorgée. Elle se souvenait aisément, de cette distance qu’il avait installé entre eux. De cette façon qu’il avait eu de se braquer, de s’éloigner. Passant une main sur son visage, elle ne savait pas vraiment comment réagir, quoi dire. “Je sais pas trop…” murmurait-elle, la tête baissée. Peut-être un peu honteuse, déboussolée. Le voir aussi proche d’elle était étrange après ces derniers jours, en fin de compte. “Sûrement.” répliquait-elle, tentant une nouvelle fois de se rappeler exactement ce qui avait pu se passer. Elle se souvenait, son réveil quelques heures plus tôt, mais pour le reste, un trou noir semblait avoir pris place. Perturbée par son attitude, elle suivait ses gestes du regard, le voyant déposer des affaires sur son lit. Elle en venait à se demander ce qu’ils étaient en train de devenir. Ce qu’il se passait exactement entre eux. Tout était trop confus, pour qu’elle sache comment réagir. Buvant son café, sans réellement oser parler, elle avait bredouillé un “merci” tout juste audible, alors qu’il quittait déjà la pièce, retournait dans la cuisine. Hésitant pendant de longues secondes, elle avait fini par récupérer ce tee shirt et ce boxer, avant de se rendre dans la salle de bain. Rapidement, elle s’était engouffrée dans la cabine de douche, laissant l’eau chaude fouetter sa peau. Elle en avait besoin, pour se réveiller, pour émerger de cette nuit ou, vraisemblablement, tout avait encore dégénéré. Soupire qu’elle laissait échapper, sa tête qu’elle secouait lentement. Elle se sentait mal, terriblement mal. Se demandait ce qu’elle pourrait bien faire, en sortant de cette pièce. S’il était prêt à parler, ou s’il allait lui demande de partir, le laisser seul une fois de plus. Tout se bousculait dans sa tête, malgré ces longues minutes passées sous la douche. Elle s’était séché rapidement, avant enfilé les vêtements d’Il Kyang. Pourtant, rien ne la rassurait vraiment. Faisait-il ça par pitié, s’il était venu la récupérer hier soir ? Ou par amour ? Allait-il revenir vers elle ? Des questions qui l’assaillaient, mais un seul moyen d’avoir des réponses. Toujours aussi hésitante, elle était sortie de la pièce, se dirigeant vers le salon. A la lumière du jour, elle découvrait cet appartement, qu’il avait finalement choisi. Un léger pincement au coeur, de voir que finalement, il avait avancé pendant ces quelques jours sans elle. Mais elle restait fautive, le comprenait aisément. A croire que même ce choix qu’ils voulaient faire pour elle n’était que de sa faute à elle. Pinçant ses lèvres, elle posait ses mains sur le bar, observait furtivement autour d’elle. “Je … suppose que je dois m’excuser pour hier…” lançait-elle, d’une voix peu assurée. Elle laissait ses mains glisser sa peau sur le plan de travail, nerveuse. N’osant pas vraiment le regarder. “Je suppose qu’il va falloir qu’on en parle, aussi…” ajoutait-elle, si peu confiante. Si en temps normal, il y avait certains sujets qu’ils semblaient encore éviter, cette fois-ci, elle savait qu’ils devraient en parler. Qu’Il Kyang devra lui donner la possibilité de s’expliquer, aussi. Même si ça pourrait tout changer entre eux, une fois de plus. Même si elle prenait le risque qu’il décide de l’abandonner, encore. Et elle appréhendait. Sa réaction, ce qu’il pourrait lui dire. Qu’importe, qu’il ai pu se montrer plus doux au réveil, elle savait, que tout pourrait changer, à l’issue des prochaines minutes. Et cette peur grandissait au fond d’elle, sans qu’elle ne puisse y faire quoi que ce soit. "Tu veux me quitter ?" avait-elle demandé, sans filtre. Cette question qui lui brûlait les lèvres, après cette dernière journée plus que désastreuse.

Ma tasse de café entre les mains, j’étais nerveux, sans oser la regarder, ni même croiser son regard quand elle passait pour aller dans la salle de bain. Je préférais faire semblant d’être occupé, peut-être pour fuir ou alors simplement réfléchir. A quoi dire surtout, une fois qu’elle sortira. J’étais un peu rassuré à l’idée qu’elle reste là. Qu’elle aille prendre sa douche et se changer… ça voulait bien dire qu’elle ne fuyait pas. Enfin… je crois. Je n’étais plus sûr de rien et je me sentais inquiet en la voyant arriver. Me redressant, je perdais ma main sur un pauvre gâteau. Jouant avec comme si j’évitais l’inévitable. Déglutissant, gêné… j’étais surprit qu’elle veuille s’excuser. Est-ce que je le faisais moi ? Au début oui… mais au bout de dix soirées comme ça, ça avait fini par devenir une habitude. J’haussais les épaules, pas dédaigneux, mais juste un peu perdu. M’accoudant sur le bar, je laissais échapper « Je crois oui… » Qu’on doit parler. Seulement j’ignorais comment commencer cette conversation. Au final, c’était moi qui lui devais des excuses. J’en avais conscience, mais je n’osais pas parler. Pas encore… jusqu’à ce que j’entende ces mots. Que je me fige et la regarde… déboussolé. La quitter ? L’idée m’effrayait tellement. Jamais ! Je n’en étais pas capable en vérité. Même si pour son bien il aurait fallu… « Non. » lâchais-je trop vite. Mais c’était tellement évident pour moi. Me redressant, je la regardais, un peu triste. Comment pouvait-elle imaginer une seule seconde que je ne veuille plus d’elle. Après tout ça… ces mois ont été affreux. Je pensais qu’on avait passé le pire. Qu’il nous restait que le meilleur. « Je… je suis désolé. » je n’ai pas réfléchis. J’ai lancé ça rapidement, parce-que je le pensais. Et surement parce-que ça m’aiderait à débloquer ce qui me restait coincé. Cette boule au creux de mon ventre, cette angoisse qui me rongeait. « Je n’aurais pas dût… agir comme je l’ai fait. Mais je n’ai jamais eu l’intention de te quitter Ye Won… » Et ma voix se perdait, comme une chose qui m’était impossible à imaginer. Cette fille… je l’avais dans la peau. Quoiqu’il m’en coutait. Je voulais me battre pour elle... pour nous. Laissant échapper un soupir, je passais une main sur mon visage « Je… j’ai agis comme un crétin. » c’était ça la vérité. J’avais été égoïste. J’ai flippé, comme un gosse. Peut-être parce qu’elle me renvoyait ma propre image. Ce que j’étais, ce que j’avais été… Je n’avais pas envie d’admettre que Ye Won pouvait faire ça. Qu’elle avait pu changer à ce point. Et je m’en souvenais encore, de ces moments de ces interrogations quand j’avais osé lui reparler. Je ne l’avais pas reconnu… mais je n’avais jamais cherché à comprendre. Je l’avais fait tard, et j’avais conscience qu’elle n’était pas sorti de cette merde qui la rongeait. Malgré moi j’en faisais partie. Etre en couple avec elle… ça ne guérissait pas tous les maux et toutes ces années de souffrances. « Je ne voulais pas te… blesser. » et je soupirais. Parce-que j’étais lassé de devoir encore le dire. L’admettre une fois de plus. Oui j’ai merdé. Oui je l’ai blessée, réellement encore cette fois. Et je le savais, mais je m’épuisais moi-même. Et je baissais les yeux honteux, avant de jouer nerveusement avec ma tasse. Je savais qu’elle voudrait surement me dire des choses. « Ecoute Ye Won… je sais que tu veux me dire pleins de trucs. Que tu as surement des tonnes de reproches à me faire. Mais je dois te dire, tout ce que j’ai sur le cœur. » Sinon je n’y arriverais pas. Relevant la tête vers elle « J’ai merdé. Et tu peux m’en vouloir. J’ai fait un choix idiot avec cette cure. Mais je voulais seulement t’aider… et j’ai eu honte, de pas comprendre ce dont tu avais besoin. Mais essai de me comprendre aussi… » Je suis complètement perdu. Impuissant face à elle. « Je flippe… de te perdre à chaque minutes. » et je lui avais déjà dit. Mais cette fois c’était plus concret. Parce-que cette drogue avait failli la tuer. « Et putain, je ne suis pas prêt à ça. » je serais les dents, prit par l’émotion surement. J’étais incapable d’imaginer ma vie sans elle. Alors savoir qu’elle risquait la sienne, ça me foutait mal. J’étais en colère ! Tellement… « Ça me blesse ok ? Ce que tu fais… c’est trop risqué. Et je supporte pas de te voir comme ça. Mais… je suis quel genre de mec hein ? » Je parlais plus fort, mais j’étais fâché contre moi. « Pour venir te le reprocher ? » c’est vrai, j’étais pareil. Alors pourquoi lui en vouloir ? Pourquoi l’accabler pour mes propres démons. Le bar nous séparait toujours, et je m’en voulais de ne pas être capable de la prendre dans mes bras. « Tu m’as jamais tourné le dos… pas une seule fois… et moi je le fais… j’ai honte… de moi. » je baissais à nouveau les yeux. Incapable de la regarder cette fois. Parce-que je le savais. Ce que je ne supportais pas, c’était ma lâcheté. Le fait de ne pas avoir réussi à prendre sur moi. « Je voulais juste qu’on soit… heureux… » c’était tout ce que je demandais.

Ils devaient parler, c’était indéniable. Tout s’était effondré autour d’elle, en si peu de temps. Le voir aussi distant avait été une réelle torture qu’elle ne pouvait plus encaisser. Parce que malgré tout, elle l’aimait. D’un amour si fort, si brut, qu’elle ne pouvait décemment plus imaginer sa vie sans lui. Encore moins, après tout ce qu’ils avaient traversé ces derniers mois. Alors la peur restait ancrée, bien au fond de son esprit. Que cette erreur sonne finalement la fin. Anxieuse, elle l’écoutait simplement, avait du mal à l’observer. Il n’avait pas l’intention de la quitter, pourtant ces derniers jours, tout portait à croire le contraire. Cet éloignement, cette idée de vouloir l’enfermer dans un centre, puis cette fille. Avec qui il discutait, riait, semblait si proche, alors qu’il restait si loin d’elle. Elle ne savait plus ce qu’elle devait croire. Aurait voulu être capable de le regarder pour y voir cette sincérité dans ses yeux. Mais c’était plus fort qu’elle, elle n’y arrivait pas. Préférait pianoter avec ses doigts sur ce plan de travail, observer ses mains. S’apprêtant à répondre, elle s’était ravisé. Prenant une grande inspiration, elle ne gardait dans son champ de vision que la tasse avec laquelle il jouait. Son coeur se serrait lentement dans sa poitrine, à chaque mot qu’il osait prononcer. Bien sûr, qu’elle pouvait comprendre ses peurs, les avaient tant de fois ressenties, lorsqu’elle s’était retrouvée à sa place. Ne jamais savoir dans quel état elle allait le retrouver, devoir le ramener. Paniquer à chaque appel, de peur qu’on lui annonce le pire. Elle pinçait ses lèvres nerveusement, à repenser à ce moment de leur relation. S’en voulait au fond d’elle, de lui avoir imposé la même chose la veille. “Je sais pas vraiment quoi dire…” avait-elle simplement lancé, jouant avec ses doigts, continuant de martyriser ses lèvres. “J’aurais préféré que tu m’en parles, au lieu de demander à mon frère de m’obliger à le faire…” ajoutait-elle, passant ses mains sur son visage. Expirant lourdement, elle osait finalement relever son regard vers lui, plongeant son regard dans le sien. “Tu m’as pas laissé le temps de te parler, de t’expliquer les choses. Je sais pas … Je sais que j’aurais du t’en parler avant, que j’aurais du être claire là dessus…” Tournant la tête, elle faisait quelques pas dans la pièce, haussait lentement ses épaules. “Je sais que je t’ai promis que je recommencerais pas. Et j’ai pas l’intention de mettre un terme à ma vie. Mais je supporterais pas qu’on me fasse encore des coups bas comme ça. Encore moins si ça vient de toi. J’ai bien assez de mon père et de mon frère pour ça...” Secouant légèrement sa tête, elle cherchait ses mots, pour ne pas envenimer la situation. Pour exprimer ce qu’elle ressentait, sans tout faire foirer. “Je sais, j’ai merdé, j’aurais du t’en parler. Mais te voir t’éloigner comme ça, m’infliger ça puis te voir avec une autre en train de t’amuser, alors que je suis là…” Alors que j’ai terriblement besoin de toi. Alors que tu es le seul qui arrive à me sortir de ma torpeur, j’y arrive pas. Je mérite pas ça. Des mots qui restaient coincés. Qu’elle aurait aimé pouvoir lui dire. “Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que t’arrête de t’éloigner de moi ?” demandait-elle, son regard posé sur lui. Une détresse certaine qu’on pouvait y lire. “Je demande que ça Il Kyang, qu’on soit heureux ensemble… Mais tu veux qu’on fasse comment ? Je peux pas tout effacer en un claquement de doigts. J’ai … J’ai besoin de temps pour aller mieux…” Et elle faisait tout pour, depuis son overdose. Elle tentait de renouer avec sa passion, continuait sa thérapie. Même si parfois encore, certains de ses choix étaient maladroits. Même si tout n’était pas parfait. Qu’elle avait encore ces moments de doute, des instants ou sa peine revenait à elle, sans qu’elle ne puisse à chaque fois l’expliquer. Et ces pilules l’aidaient, finalement, à encaisser ces moments-là. Lui donnaient un peu de cette force dont elle manquait encore trop souvent. Trop fragile pour remonter la pente en un coup d’éclat. “Je sais pas … Peut-être que je t’en demande trop ? Mais j’ai jamais eu l’intention de te blesser, jamais.” finissait-elle par exprimer, si peu sûre d’elle. Elle déglutissait, sa tête baissée. Ses yeux s’embuaient déjà, attendant une réponse de sa part. Cette appréhension certaine qui la gagnait plus encore. Il avait beau lui dire, qu’il ne voulait pas la quitter, elle avait encore du mal à y croire. Toutes ses craintes qui se réalisaient devant elle, depuis plusieurs jours. Se frottant le front de sa main, elle laissait son bras claquer contre son corps. “Je sais pas quoi faire Il Kyang…” sa voix se brisait lentement, alors qu’elle savait, au fond d’elle, qu’elle n’était pas prête à supporter une rupture, quel qu’elle soit. Qu’elle aurait trop de mal à encaisser cette distance qu’il continuait de mettre entre eux. “J’aimerais qu’on soit comme à Jeju, les premiers jours. Comme à Busan. Pourquoi on y arrive pas ?”

Je craignais ses réponses, ce qu’elle me dirait. Au final, je redoutais qu’elle s’éloigne. Que tout ça ait raison de nous. Elle avait surement peur, autant que moi, que tout se termine. Mais… peut-être que si nous étions moins borner. Plus lucide, on ferait ce choix... mais j’en étais incapable. La peur au ventre, je relevais les yeux vers elle, sans savoir si j’étais prêt pour tout ça. Je ne lui en voulais pas… tout ce qu’elle disait était vrai. Et j’avais du mal à encaisser finalement. A devoir admettre que Ye Won avait autant besoin d’aide. Comme moi à l’époque… la drogue était un refuge. Quelque chose qui comblait un manque… je ne m’étais pas posé les bonnes questions. Et l’alcool après… au final, qu’importe l’addiction. On avait tous les deux plonger… ce qu’elle me disait me brisait le cœur. La voir autant douter, même avoir peur. Je le sentais… dans ses mots… son attitude. Et je restais là, coincé. Sans oser l’approcher. Je voulais, mais j’avais peur que tout déraille. Qu’une fois de plus on se mente. A croire à ces choses qui n’existaient pas… nous ne sommes pas comme les autres. Et j’en avais conscience. Elle et moi sommes différents… bancales. Rien n’est parfait. Et j’avais beaucoup trop misé sur notre relation. Je crois que ça aussi ça ne m’avait pas aidé… grimaçant à ses remarques, je me sentais mal tout à coup. Trop torturé, désemparé face à ces émotions. « Je … sais pas… » Répondais-je presque triste. Comme si tout ça ‘était inévitable entre nous. Peut-être qu’on était pas capable d’être heureux. D’être comme avant… et ça pouvait me briser. Rien qu’à l’imaginer… je détestais cette idée. « Peut-être qu’on est pas fait pour ça… » Mais ça ne voulait pas dire qu’on ne pouvait pas essayer non ? Je n’en savais rien. Est-ce que je pensais vraiment ce que je disais ? Non. Non c’était le dépit. J’étais juste résigné… mais en réalité je n’avais pas envie de me contenter de ça. « Je… je devrais pas dire ça. Je le pense pas. » Et j’avais ce regard. Celui qui lui criait au secours. Pour qu’on s’en sorte. Pour qu’on s’aide… et qu’on s’aime. C’est tout ce que je voulais au fond. Alors je m’approchais, doucement « Tu m’en demandes pas trop… au contraire… » Après ce que je lui avais fait vivre. J’aurais été stupide de lui reprocher. « Tu m’as redonné une chance… et je suis en train de tout gâcher. » parce-que je m’en voulais à moi. « Ye Won… je sais mieux que personne ce que ça fait… » D’être accro. D’en avoir besoin…. De se sentir libérer quand on en prend. Alors pourquoi je ne faisais pas l’effort de la comprendre ? D’accepter juste qu’elle puisse être… comme moi. Proche du bar, je tapotais mes doigts dessus, embarrassé « C’est juste que… je t’ai un peu trop… idéalisé… » Et c’était surement maladroit dis comme ça. Mais je voulais juste qu’elle comprenne que j’avais cette image d’elle. De femme forte, au caractère bien trempée. Courageuse… assez pour me soutenir, supporter mes erreurs… c’était cette fille que j’avais en tête. Et j’avais compris qu’elle était fragile. Qu’elle avait besoin d’aide… mais pas comme ça… pas à cause de ça. « Je… je pensais pas que tu tomberais vraiment dedans… » Et j’avais les larmes aux yeux tout à coup. Parce-que je me souvenais de cette sensation, celle de se sentir piégée. Je relevais les yeux vers elle, gêné un peu. Je ne voulais pas que ça la blesse… je lui disais juste ce que je pensais. M’approchant un peu plus « Je… je veux pas que tu crois que tu me déçois… c’est moi qui suis déçu de moi… » Et je soupirais encore une fois. « Je sais que tu as besoin de temps… et que tu peux pas guérir aussi facilement. Et je sais pas quoi faire… pour que tu me pardonnes. » C’était ça qui me bouffait le plus. J’avais beau retourner le problème dans ma tête. Je me sentais coupable d’avoir agi comme je l’avais fait. Et j’étais là, plus proche encore… mais je n’arrivais pas à franchir ce cap. Juste la prendre dans mes bras parce-que j’en crevais d’envie. Si c’était trop tôt ? Si elle n’arrivait pas à passer au-dessus. « J’ai fait des erreurs Ye Won… encore… mais je te jure que je n’ai pas cherché à te faire du mal. J’en ai parlé à Ye Jun parce-que… je voulais pas le faire avec Kitae. Je pensais que Ye Jun serait plus apte à te venir en aide. » c’était plus légitime que ça soit lui non ? Je n’en savais rien. Désormais je n’étais plus sûr de mes choix. Et je restais planté là, subitement, tout proche d’elle. « Et je t’assure qu’il n’y a rien avec Sun Hi… » je ne savais pas si elle me croirait. Mais j’étais sincère. Il n’y a qu’elle qui compte. Peu importe que j’agisse comme je l’ai fait. Ça n’avait rien à voir avec elle. « Je sais que tu m’en veux mais… est-ce que tu pourrais me pardonner ? » j’étais prêt à admettre toutes mes faiblesses. Mes tords. Je m’en foutais du reste. Tout ce que je voulais… c’est qu’elle revienne. « Si tu le peux… alors… » et j’avançais vers elle, osais prendre sa main dans la mienne. Mon visage proche du sien « Embrasse-moi… » s’il te plait… me dit pas que c’est trop tot. Que tu as besoin de temps comme je l’ai fait… je sais que je le mériterais… mais je ne pouvais plus rester loin d’elle.
 

On lui avait dit, à sa sortir d’hôpital, que le chemin allait être long, pour s’en sortir. Qu’il allait falloir surmonter plusieurs épreuves, en plus de son passé. Mais en retrouvant Il Kyang, en lui donnant cette nouvelle chance, elle avait naïvement cru que plus rien ne pourrait l’atteindre. Qu’enfin, elle allait regoûter au bonheur. Qu’avec lui à ses côtés, elle retrouverait la force d’affronter son père, de vivre sa vie comme elle l’entendait. Et il y avait une part de vrai, dans tout ça. Ils savaient partager des moments inoubliables. A retrouver une part d’eux, qu’ils avaient laissé de côté. Mais le passé prenait encore trop de place. Rendait leur relation encore bancale, fragile. Au point qu’à la moindre dispute, ses peurs les plus profondes revenaient à elle. Il fallait qu’elle dépasse tout ça, qu’elle surmonte les doutes les plus ancrés en elle. Mais il y avait des moments ou ça devenait trop compliqué pour elle, comme aujourd’hui. Des instants ou elle ne se trouvait plus assez forte, ni même courageuse, comme elle avait pu l’être par le passé. Pendant ces dernières années, elle avait perdu une part d’elle qu’elle allait devoir retrouver, mais là encore, rien ne serait facile. Dans sa reconstruction, les épreuves qu’elle allait devoir affronter la ferait sûrement reculer. Et c’était ce qu’il s’était passé, ces derniers jours. Elle s’en rendait compte. Le comprenait dans les mots qu’il lui adressait. Et ça avait beau faire mal, de devoir y faire face de cette manière, il fallait surtout l’accepter. « Je peux pas croire qu’on pourra pas être heureux… » avait-elle soufflé, essuyant rapidement une perle d’eau qui glissait le long de sa joue. Pas après l’avoir vu de ses propres yeux. Pas après avoir vécu quelques uns de ces moments si intenses depuis qu’ils s’étaient retrouvés. « On est tous les deux en train de tout gâcher… » murmurait-elle alors qu’un sanglot la secouait. Parce que dans le fond, elle savait, qu’en lui cachant la vérité sur cette drogue qu’elle continuait de prendre, elle avait sa part de responsabilité. Simplement, elle n’avait pas su trouver le bon moment, pour lui en parler. N’avait pas su comment s’y prendre. Et elle s’en voulait, plus encore qu’il l’ai découvert de cette façon. Qu’ils en soient arrivé là, à se déchirer une nouvelle fois. « J’ai essayé d’en parler mais … j’y arrive pas. » avouait-elle, laissant d’autres larmes perler sur sa peau. Une autre faiblesse, une de plus. Elle qui avait tant de mal à exposer véritablement ses sentiments. Ses peurs et ses craintes. « C’est pas une question de pardonner Il Kyang … J’veux juste laisser le passé là ou il est. Mais j’y arriverais pas si on continue comme ça … » à s’éloigner, à se disputer. A trouver un autre moyen de se déchirer. Son corps tremblait légèrement à y repenser, à se souvenir des mois de souffrance qu’ils s’étaient infligés. Elle ne voulait pas retomber là-dedans. Dans ce cercle vicieux dont ils avaient eu tant de mal à se sortir. Elle sentait son coeur se serrer une fois de plus à le voir se rapprocher, réduire la distance qui les séparait encore. Un haut-le-coeur, à entendre le prénom de son frère, à se rappeler ce qu’il avait fait ces dernières semaines. Être allé parler à leurs parents, puis lui imposer ce centre. Elle ne le reconnaissait plus, lui en voulait tellement de ce qu’il lui faisait endurer. Une autre épreuve qu’elle devra surmonter, même si pour l’heure, elle devait simplement se concentrer sur Il lKyang. Elle grimaçait un peu, à entendre le prénom de cette fille. Celle avec qui elle l’avait vu, celle qui avait déclenché cette fureur au fond d’elle, seulement quelques heures en arrière. Secouant sa tête, elle essayait simplement de se défaire de cette image d’eux. Un long souffle s’était échappé d’entre ses lèvres, à sentir sa main attraper la sienne. « Je … Je sais pas … » soufflait-elle, tandis que son regard se focalisait seulement sur ce contact. Des secondes entières, sans bouger. A observer leurs mains se frôler, se toucher, jouer nerveusement avec l’autre. Une minute, peut-être deux. Une éternité, avant qu’elle ne relève son regard vers lui. Ses lèvres qu’elle mordillait, son regard plongeait dans le sien. Et à cet instant, malgré ces larmes, malgré ce désespoir qu’on pouvait voir, elle n’avait plus à réfléchir. Parce qu’au fond d’elle, il n’y avait qu’une seule chose qu’elle voulait, dont elle avait besoin. Qu’il revienne vers elle. Qu’il ne la laisse plus de côté. Qu’ils trouvent ensemble un moyen d’être à nouveau heureux, quoi qu’il en coûte. Et dans un geste presque brusque, elle avait attrapé son visage, pressant déjà ses lèvres contre les siennes. Un baiser qu’elle lui offrait, douloureux et salvateur à la fois. Une sensation étrange qui la parcourait, alors qu’enfin, elle pouvait à nouveau le toucher. Un baiser qui lui faisait du bien, dans le fond. Qui lui faisait espérer, que ni aujourd’hui, ni demain, ne sonnerait la fin. Finissant par se redresser, ses mains toujours posées sur ses joues, elle l’observait simplement. De ce regard suppliant, alors que les mots lui manquaient une fois de plus, restaient coincés au fond d’elle. Ne m’abandonne pas, ne t’éloigne plus. J’ai tant besoin de toi…

On est tous les deux en train de tout gâcher… cette phrase sonnait durement, mais était teinté de vérité. Je le savais, je ne pouvais pas le nier. Quelque part aussi, j’étais contrarié après elle. Mais par-dessus tout c’était mes propres erreurs qui me filaient la nausée. Je pouvais… je pouvais me préparer à ça. A tout supporter pour elle. Pour nous deux. Comme elle l’avait fait pour moi. J’avais juste besoin d’encaisser. De comprendre tout ça. Je ne savais pas si ça prendrait du temps. Mais ça faisait son chemin, là quelque part en moi. Et j’étais prêt à tout. Même à accuser tous les tords, si c’était pour qu’elle revienne vers moi. Je craignais tellement qu’elle ne s’éloigne. Que malgré sa peur de me perdre, ça ne suffise pas à nous garder soudé. Qu’est-ce que j’avais foutu bon sang ? A être aussi borné et égoïste. Elle méritait mieux. Je le savais… et quelque part j’étais conscient de tout ça. Elle avait raison… je devais arrêter tout ça. Laisser le passé derrière nous. Mais j’avais agi comme je le faisais toujours… je fuyais. Plutôt que d’être réfléchis. Je m’en voulais d’être impulsif, de ne pas avoir assez de recul sur les situations. J’étais loin d’être quelqu’un qui se posait les bonnes questions. Je réagissais trop vite. Mais j’essayais de faire des efforts… de prendre sur moi. De nous aider… alors j’approchais. Avec cette folle envie qui me rongeait. Je voulais qu’elle soit là… avec moi. Qu’on oublie le temps de quelques secondes cette distance qui nous séparait. Sa main dans la mienne, cette supplique plus forte que moi… je craignais qu’elle ne refuse. Qu’elle ne lâche cette paume… et ses mots ne m’aidaient pas. J’avais peur subitement, j’étais même presque prêt à lui demander encore. Jusqu’à ce qu’elle cède… mais je fus soulagé en sentant sa bouche contre la mienne. Le souffle coupé, je n’avais pas besoin de réfléchir cette fois. C’était tout ce que j’attendais. Alors je lui rendais son baiser, avec la même douleur que la sienne. Cette chose qui me brûlait… putain, je l’aimais beaucoup trop. Tellement que ça me tuait… et dans ce regard, j’y voyais tout ce qu’elle n’osait pas me dire. Mes yeux posés sur ses lèvres « Je suis qu’un con… » Et c’était vrai. Comment j’avais pu la repousser. Elle avait besoin de moi, et sur ces mots, je l’embrassais à nouveau. Mon baiser était urgent, parce-que j’avais trop souffert de cette distance. Parce-que j’avais passé des nuits horribles à penser à elle… la culpabilité me rongeait. A tel point que contre sa bouche, je ne cessais de lui dire « Pardonne-moi. » d’être celui que je suis. De ne jamais savoir ce dont tu as besoin. De ne pas être capable de t’aimer comme tu le mériterais. Mon monde entier tournait autour d’elle... sans elle je n’étais rien. Alors pourquoi je lui faisais payer ses erreurs ? Par simple crainte de la perdre. Parce-que j’avais peur de souffrir… et c’était idiot. J’étais prêt à tout subir si c’était pour elle. La serrant contre moi, je n’avais plus envie de me détacher. Encore moins de la lâcher… j’avais trop besoin de sa chaleur, de la sentir là. Je me demandais même comment j’avais fait pour vivre sans elle durant toutes ces journées… j’étais fou. Submerger par le manque, je la soulevais, l’obligeant à s’accrocher à moi. J’avais trop besoin de ça… je me sentais si seul sans elle. Je ne savais plus vraiment ce que nous étions ces derniers jours… j’avançais lentement vers ma chambre, avant de lui dire « Faut qu’on arrête ça… » Se déchirer. Se haïr, ou s’en vouloir. Putain, on n’avait pas besoin de ça. On avait déjà trop de choses à résoudre entre nous. Et j’avais finis par gagner ma chambre, me mordillant la lèvre, avant de la poser sur le lit… Attrapant son visage délicatement « Je peux pas vivre sans toi… » avec cette même crainte, cette même ferveur pour elle, qui me poussait à l’aimer autant. A sentir ces sentiments se décuplés un peu plus. C’était beaucoup trop pour moi, j’avais du mal à contenir tout ce que je ressentais. Je ne pouvais que lui faire comprendre à travers un nouveau baiser. Plus amoureux, plus passionné encore. Le surplombant pour l’allonger, je me détâchais juste assez pour venir la regarder. Comme un besoin, parce-que c’était ça que je voulais. L’avoir avec moi… qu’importe comment. Qu’elle ait des problèmes, qu’elle soit fragile, forte… je m’en foutais putain. Tout ce que voulais c’est qu’elle soit avec moi. Retirant mon haut, je le jetais plus loin, avant de venir passer mes mains sous le tissu de son t-shirt. Ce contact aussi me manquait… cette obsession à vouloir la toucher. Sentir sa peau contre la mienne… et quand j’étais là, à encore l’embrasser, me pressé contre elle. Je me demandais encore comment elle pouvait douter. S’imaginer qu’une autre me conviendrait. Que je pourrais ne serait-ce qu’un instant m’imaginer avec une autre femme… malgré nos erreurs, nos maladresses, nous étions fait pour être tous les deux… c’était une évidence entre nous… dès le premier regard. Et sur toutes ces pensées, je restais au-dessus d’elle, stoppant notre baiser pour venir caresser son visage. J’avais ces craintes au fond de moi, mais je ne pouvais pas lui faire subir. Lui imposer à longueur de temps. Et j’en prenais conscience, lentement… que ces peurs je devais passer au-dessus. Pour elle… pour l’aider…

Il n’y avait que dans ses bras, qu’elle arrivait à tout oublier. Il n’y avait qu’avec Il Kyang à ses côtés, qu’elle arriverait à dépasser ses peurs. Qu’importe le temps que ça pourrait prendre. Qu’importe ces nouvelles épreuves qu’il faudrait endurer. C’était lui, ou personne d’autre. C’était lui, seulement lui. Depuis le premier jour, depuis ce premier regard. Lui, ce musicien à la vie diamétralement opposée à la sienne. Lui, cet amour qui ne se vivait qu’une seule fois dans une vie, si on avait la chance de le trouver. Personne ne pourrait jamais lui apporter ce que lui était capable de lui donner. Malgré toutes ces disputes. Malgré ces moments de doutes, tous ces déchirements. Et elle n’avait eu qu’à plonger son regard dans le sien, pour s’en rappeler. Pour se souvenir de ces trois années loin de lui. Celles qui l’avaient inévitablement poussée vers le fond. Pour se souvenir que sans lui, elle n’était rien de plus qu’une âme en peine, vouée à errer. Alors ce baiser, aussi douloureux soit-il, la soulageait. Un poids qu’on ôtait de ses épaules, tandis qu’elle se pressait déjà contre lui. Son amour pour lui était si fort, qu’après ce qu’ils avaient vécu, elle pouvait bien tout pardonner. Tout ce qu’elle lui demandait finalement, c’était de rester là, à ses côtés. Qu’importe leurs maladresses. Qu’importe les disputes. Ils étaient faits pour être ensemble, l’avaient compris. Et même si le bonheur devait tarder à arriver, ils devaient s’accrocher, à deux. Ses bras qu’elle enroulait autour de son cou, quelques larmes terminaient leur route sur sa peau. Elle lui rendait ce nouveau baiser, avec la même ferveur, le même besoin de combler cette distance qui ne leur ressemblait pas. Et à chaque excuse qu’elle entendait, elle répondait d’un simple « je t’aime », resserrait un peu plus son étreinte. Accrochant ses jambes autour de ses hanches, elle se laissait porter jusqu’à la chambre, enfouissait sa tête dans son cou pour retrouver l’odeur de sa peau. Enfin, toutes ces barrières tombaient de nouveau. Enfin, elle le retrouvait, pouvait de nouveau savourer son contact. Et ça n’avait pas de prix, en fin de compte. Rien ne valait la sensation qui l’enveloppait quand elle se retrouvait dans ses bras. Rien n’avait d’égal. Se laissant tomber sur le lit, elle se raccrochait encore à lui, comme si en défaisant son étreinte, il pourrait s’enfuir, s’envoler trop loin pour elle. « Je peux pas vivre sans toi non plus… » avait-elle simplement répondu, avant de se perdre dans cet autre baiser. Il n’y avait que dans ces instants, aussi brutes que sincères, que ses doutes s’effaçaient entièrement. Qu’elle pouvait ressentir leur amour les envelopper dans une bulle qui n’appartenait qu’à eux. « Je t’aime tellement Il Kyang… » à tel point qu’aucun mot ne serait assez fort pour l’exprimer. Un frisson la parcourait à sentir ses mains sur elle. A pouvoir de nouveau se bercer de ses caresses. Nichée dans ses bras, elle ne voulait plus penser à rien. Laisser son esprit divaguer pour retrouver l’essence même de ce qu’ils étaient. Ses lèvres parcourant les siennes, c’était comme si elle pouvait à nouveau respirer correctement. Son regard plongé dans le sien, on pouvait aisément y lire tout ce qu’elle ressentait, tout ce qu’elle avait toujours éprouvé pour lui. Et elle s’en foutait bien, que l’amour puisse l’anéantir. Il lui avait peut-être offert les plus belles et les plus douloureuses années de sa vie, jamais, elle ne pourrait le laisser derrière elle. Jamais, elle ne pourrait se séparer de lui. Et bien que cette peur de l’abandon soit encore présente, elle ne voulait plus y songer. Préférant garder à l’esprit que cette évidence même entre eux, les aiderait à surmonter le reste. Laissant ses mains parcourir son dos, l’incitant à se coller davantage à elle, elle ancrait à nouveau son regard dans le sien. Et même si les mots restaient coincés en elle, elle savait qu’il saurait les déchiffrer. Qu’il la comprenait sans même qu’elle n’ai besoin de parler. Reste avec moi. Aide-moi à nous donner cette chance de retrouver le bonheur. Aime-moi comme je t’aime, et on y arrivera. Puis, ses lèvres se scellaient à nouveau aux siennes. Avec plus de passion, d’envie. Avec ce besoin d’être sienne, uniquement sienne. Quoi qu’il fasse, il la possédait entièrement, à chaque seconde qui passait, toujours. Tout comme elle aimait sentir qu’il l’appartenait. Qu’il était à elle, seulement à elle. Un baiser de plus dans lequel elle perdait la notion du temps, de l’espace. Puissant par la force de leurs sentiments qu’elle pouvait ressentir tout au fond d’elle. Une preuve de plus que qu’importe les disputes, qu’importe à quel point ils étaient capable de se déchirer, jamais, ils ne pourraient se lâcher.