Nabi sourit à la réponse de Wonhee. Elle secoua la tête, ne voulant pas vraiment de ces remerciements. « Non, c'est rien. Je n'ai juste jamais pensé à te le dire, ce n'est pas quelque chose qu'on dit comme ça, au détour d'une conversation. Désolée, j'aurais dû te le dire avant. » Elle esquissa un petit sourire désolé qui se transforma en sourire plus doux quand elle sentit ses mains se poser sur ses épaules. Désormais, ça lui semblait un peu plus évident maintenant qu'elle avait la tête plus claire : quelque chose n'allait définitivement pas avec son cœur et la raison, elle la connaissait très bien. Elle n'était pas du type à faire l'aveugle face à ce genre de choses. Ceci dit, elle avait bien peur que ce ne soit pas réciproque et elle n'était pas le type de personne à vouloir s'attacher à quelqu'un qui ne l'aimait pas aussi. Ou sinon... elle devait le faire l'aimer.
Elle regarda ses genoux qu'elle remonta quand elle se mit accroupie, plutôt qu'à genoux, comme elle était tombée. Effectivement, elle s'était égratignée mais rien de très grave. Un pansement et ça ira. « On dirait que je saigne un peu, mais c'est pas très grave. » Elle grimaça quand elle tenta de se lever toute seule. C'était peut-être trop en demander pour son corps là, tout de suite. Elle releva alors le regard sur Wonhee. « Par contre, je... j'ai besoin de toi pour me relever. » Elle s'appuya sur l'épaule du garçon pour se relever, les jambes encore faibles. Ils étaient tous les deux très proches l'un de l'autre, et Nabi n'avait qu'une envie, c'était juste de se relâcher contre Wonhee. Mais le garçon n'était pas à l'aise avec les contacts physiques, alors elle évita. « Tu sais dans combien de temps arrive le prochain bus ? Si on se dépêche, peut-être qu'on sera pas tant que ça en retard à nos cours. » Oui, Nabi comptait quand même aller à son premier cours de la journée.

Souriant pour lui indiquer ce que je ne lui en veux pas de ne m’avoir rien dit, je secoue même la tête pour lui indiquer qu’elle n’a pas à s’excuser pour cela. Effectivement, ce n’est pas le genre de chose que l’on dit facilement, je peux le comprendre. Et maintenant, je le sais, c’est l’essentiel. Je descends donc mes mains jusqu’à ses épaules, espérant pouvoir l’aider à se relever très bientôt. Me voulant pas le brusquer alors qu’elle vient d’avoir une crise, je lui laisse le temps de suivre mes mouvements en lui souriant calmement, lui demandant si elle peut se relever maintenant que son cœur s’est calmé. Je me rappelle aussi l’avoir vu tomber sans délicatesse au sol et je m’inquiète des dégâts que cela a pu causer. Mais elle me rassure, me disant que ce n’est pas grand-chose. « Hm. On désinfectera. Ça ne devrait pas laisser de cicatrice. » je réponds alors que mon regard glisse des ses yeux à ses genoux, légèrement amochés. Je le sens alors qui essaie de se relever sans très succès alors elle s’appuie sur mon épaule alors que je l’aide moi-même en la tirant doucement par les épaules. Soulagée de la voir tenir sur ses jambes, je relâche un peu la pression sur ses bras avant de lui sourire, fière qu’elle est réussie à se relever. Mais je perds bien vite mon sourire quand je l’attends me parler du prochain bus. Je ne réfléchis pas une seconde de plus. « Il est hors de question que tu ailles en cours. » je dis plus fermement que je n’aurais voulu. C’est peut-être audacieux de ma part de vouloir lui interdire d’aller en cours, car je ne suis ni médecin, ni un membre de sa famille. Mais je ne me sentirais pas rassuré de la savoir en cours après ce qui vient de se passer sous mes yeux. « Pardon, mais non. » je dis plus doucement. « On va rentrer au dortoir et tu iras te reposer, d’accord ? » proposition qui n’en est pas une, pas de discussion possible sur ce point. Elle va aller s’allonger au dortoir, on n’est pas très loin et en plus, se reposer lui fera le plus grand bien.

La jeune femme hocha de la tête aux mots de Wonhee. Non pas qu'elle soit habituée à avoir des cicatrices, mais ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait et elle savait comment s'y prendre. Quand elle arrivera à l'université, elle ira à l'infirmerie pour désinfecter et puis elle se rendra ensuite en cours, comme d'habitude. Sauf que Wonhee sembla complètement contre l'idée, ce qui surprit un peu Nabi. Le fait qu'il soit aussi ferme n'était pas courant et d'ailleurs, lui-même sembla le remarquer quand il s'excusa. C'était un peu étrange de le savoir aussi protecteur envers elle. Enfin. Peut-être pas qu'envers elle. Peut-être qu'il était ainsi avec toutes les personnes qu'il appréciait. Elle ne devrait pas se faire des idées. Pensant plutôt à sa « proposition », Nabi n'était pas vraiment d'accord pour louper un cours mais bon, au fond, il y avait bien un de ses amis qui pourra lui passer les cours qu'elle avait manqués, ce n'était pas très grave. Elle ratera la matinée et reviendra l'après-midi en forme. De plus, ce n'était pas comme si elle séchait, elle avait une bonne raison. Mais pas Wonhee. « Ok, je vais rentrer au dortoir, » finit-elle par céder. « Mais va en cours, toi. Je peux rentrer seule. Le dortoir n'est pas loin, il est juste à quelques pas. » Elle lui disait donc qu'elle n'allait pas mourir si elle rentrait seule et qu'il pouvait la laisser y aller tranquille. Qu'il n'y avait pas besoin de la raccompagner.

Mon ton plus ferme de la normale semble surprendre Nabi autant qu’il me surprend. L’un comme l’autre nous somme peu habitués à m’entendre parler de façon aussi autoritaire. Faut dire que cela m’arrive peu, voire absolument jamais. Un peu mal à l’aise d’avoir eu un tel ton vers elle, je m’empresse de m’excuser avant de reprendre mes paroles plus gentiment. Ce n’est pas que je veux l’empêcher d’aller à l’université mais je suis trop inquiet à l’idée de savoir qu’elle pourra faire une autre crise dans la journée. Sans parler du fait, qu’elle pourrait être seule à ce moment-là. Non, absolument hors de question que cela arrive. Alors je lui demande, sans vraiment lui laisser le choix, de rentrer se poser au dortoir. À mon plus grand étonnement, elle accepte sans débattre d’une façon ou d’une autre. Je ne vais pas m’en plaindre, je n’avais pas spécialement envie de partir dans des grands débats sur l’importance de la scolarité ou l’importance de la santé. Je souris donc à sa réponse, contente qu’elle fasse un choix raisonnable. La suite me plait un peu moins par contre, bien sûr j’avais prévu de rester avec elle pour la surveiller. En aucun cas, je n’ai pensé à aller en cours depuis que je l’ai vu s’écrouler sous mes yeux. « Non, je viens avec toi. » le vérité c’est que je ne suis pas à un ou dix d’heures d’absence et tant que mes parents payeront l’université, il n’y a aucune chance que je me fasse virer. « Et tu ne discutes pas. Garde ton énergie pour marcher. » j’ajoute avant qu’elle n’ait le temps d’ouvrir la bouche. Puis je lâche une de ses bras pour ramasser nos affaires au sol et les mettre sur mon dos. Je me place à côté d’elle, le bras autour de ses épaules pour l’aider à avancer. « Si ça ne va pas, tu me le dis tout de suite, ok ? ». Direction le dortoir.

Nabi ne comptait pas laisser Wonhee venir avec elle, ça n'aurait pas de sens. Bon certes, ce n'était pas le roi de l'assiduité mais ce serait mieux qu'il aille en cours quand même. Il n'avait pas besoin de sécher un cours pour elle. Malgré tout, le garçon ne sembla absolument pas d'accord pour la laisser partir seule et son ton lui indiqua qu'il valait mieux pas en discuter. De toute façon, Nabi était trop fatiguée pour en débattre et elle n'avait pas envie de lui tenir tête. Elle se contenta alors d'un soupir, ne répondant même pas un « ok ». S'appuyant sur lui quand son bras vint se loger autour de ses épaules pour l'aider à avancer, elle continua à marcher, prenant sur elle pour au moins tenir jusqu'au dortoir, dans sa chambre. Si ça n'allait vraiment pas, au pire elle lui dira... mais ça ne devrait pas arriver.

Quand ils furent arrivés devant sa chambre, Nabi reprit la parole d'une voix certes faible, mais qui n'était plus un murmure. « Tu peux me passer mes clés ? » Il comprendra peut-être l'absence de politesse, elle n'avait pas la tête à ça. Une fois qu'elle eut ses clés en mains, elle déverrouilla la porte de sa chambre. Sans surprise, il n'y avait personne à l'intérieur, les autres étaient parties en cours. Avec l'aide de Wonhee, elle s'allongea alors sur son lit, soupirant un bon coup. Puis elle sourit au garçon. « Merci. Tu peux y aller, maintenant. C'est déjà très gentil de ta part de m'avoir accompagné. »

Satisfait de ne pas l’entendre discuter une nouvelle fois, je souris en l’aidant à marcher jusqu’au dortoir, bras autour de ses épaules pour la soutenir. Ce serait dommage qu’elle tombe et se fasse mal maintenant. Je suis agréablement surpris de constater que Nabi peut être coopérative voire docile de temps en temps. Grâce à mon aide et la jeune femme qui retrouvent peu à peu des forces dans ses jambes, le chemin jusqu’au dortoir est moins pénible que je ne l’aurais imaginé. Tout se passe sans encombre et nous rejoignons sa chambre sans problème. Un peu étonné quand elle me demande ses clés de chambre, j’exécute tout de même. Elle ferme donc sa porte de chambre à clés, je ne ferme jamais la mienne à clés, pire je ne me souviens même pas avoir eu une clé pour ma chambre. Ou alors je l’ai perdu il y a bien longtemps. Trouvant ses clés dans son sac, je lui tends la laissant ouvrir la porte. Bien qu’un peu gêné de rentrer dans sa chambre sans permission, je me dis que c’est un cas d’urgence et je l’aide à s’allonger sur son lit. Je lui souris quand elle me remercie. « Pas de soucis. » mais j’ignore le reste comme si elle n’avait absolument pas prononcé ses mots. Je ne compte pas la laisser toute seule ici, peu importe ce qu’elle en pense. Alors je dépose nos affaires au pied de son lit avant de la regarder de nouveau. « Tu veux quelque chose à boire ? Je pense que ça te ferait du bien de boire un peu… Thé, café, chocolat chaud ? Ou un truc à manger ? » je lui demande, réfléchissant à ce qu’on peut bien avoir d’intéressant à manger dans les placards de la cuisine.

L'habitude de fermer sa porte à clé, c'était juste parce qu'elle avait d'autres colocataires. Bon, pas certaine que Yeseo ou Hahee soient tant à cheval sur la question, mais on ne savait jamais, en cas d'attaque c'était quand même mieux d'avoir sa porte fermée comme ça personne ne pouvait saboter dans leurs affaires (même si ce n'était pas une porte à clé qui arrêtait quiconque, mais au moins ça avait l'intérêt de les ralentir).
Quoi qu'il en soit, après s'être allongée sur son lit, Nabi était bien prête à laisser Wonhee repartir en cours et elle, à dormir pour se reposer toute la matinée avant d'y aller l'après-midi. En entendant la réponse du garçon, elle s'attendait à ce qu'il quitte la chambre mais ce fut le contraire qui se passa. Il déposa leurs deux sacs au pied du lit, signe qu'il n'allait pas partir. Elle lui lança un regard exaspéré mais n'eut pas le cœur à débattre (pour une fois). Elle regarda alors en face d'elle, pensant à ce qu'elle voudrait. « Je veux bien un café. Et... des cookies ? Ou des biscuits. Un truc à manger, quoi. » Elle avait besoin de reprendre des forces. Et puis, elle ferma les yeux. Elle ne comprenait pas pourquoi il restait, mais elle lui posera la question quand il sera de retour avec sa nourriture.

Refusant totalement de l’abandonner toute seule au dortoir, je reste aux côtés de Nabi, et ce pour le reste de la matinée. Au moins. De toute façon, ce n’est pas comme si quelqu’un m’attendait à l’université. Je suppose qu’après quatre ans d’absentéisme, mes professeurs ont arrêté d’espérer que je vienne de façon régulière en cours. Je me pointe déjà aux projets de groupe histoire de ne pas handicaper les autres, c’est déjà pas mal. Non, vraiment, si je rate la matinée, je ne vais manquer à personne. Et ces cours ennuyeux à mourir ne vont pas non plus me manquer. Donc je peux bien rester ici à prendre soin de Nabi. Ainsi après l’avoir installé dans son lit, je lui propose quelque chose à boire et à manger ignorant le regard exaspéré qu’elle porte sur moi. La jeune femme me répond tout de même et je pars à la conquête d’un café et de cookies. Je sais plus ou moins utiliser la machine à café et pour les cookies… Je trouverais bien un truc dans les placards. Je disparais de sa chambre pour retrouver où je sors un mug avant de préparer la machine à café. Je la laisse le temps que je parte à la recherche de biscuits. Après deux ou trois placards fouillés, je finis par tomber sur un paquet complet de cookie deux chocolats. Un peu dubitatif, je me demande si ça conviendra à Nabi qui comme moi est plutôt bouffe salé que sucré. Bon, de toute façon, je n’ai pas mieux. Paquet de cookie et tasse de café à la main, je retourne aux côtés de la sango. « Tiens, un café et des cookies… deux chocolats, à priori. » je lui dis en lui déposant le mug de café entre les mains. J’ouvre ensuite le paquet de cookie pour lui en tendre un, je grimace la vue du biscuit, je ne veux même pas connaître la tonne de sucre là-dedans. « En fait, ça va ? Tu te sens mieux ? » je demande, ayant un instant oublié la raison pour laquelle nous sommes retournés au dortoir.

Quand Wonhee partit de sa chambre, Nabi poussa un lourd soupir. Elle ne savait pas pourquoi ça avait dû lui arriver aujourd'hui avant d'aller en cours, pourquoi Wonhee avait dû la surprendre dans cet état... Ce n'était pas bien glorieux mais bon, tant pis. Elle attrapa son téléphone qui était rangé dans son sac au pied du lit (non sans pas un grand effort pour le faire) et alerta sa camarade de classe qui se demandait où est-ce qu'elle était, lui demandant de prendre le cours pour elle aussi. Suite à cela, elle posa son téléphone à côté d'elle et attendit sagement que le garçon revienne. La porte s'ouvrit de nouveau et le voilà de retour avec un café et un paquet de cookies. Elle n'allait pas boire allongée alors elle se redressa légèrement, en quelque sorte assise mais parfaitement affalée contre son coussin. Elle le remercia pour le café, prit une gorgée du liquide puis regarda la couleur d cookie qu'il lui tendit. Du chocolat, hein. Bon, elle fera avec. Ils disaient que le sucre était bon pour la santé, surtout quand on avait besoin d'énergie. Elle le prit, évidemment sans oublier de le remercier, avant de croquer dedans. Ugh, vraiment trop sucré. Cela se voyait à la grimace qu'elle tira mais elle n'avait pas trop le choix. « Oui, je me sens mieux. Je te dis que ça passe après quelques temps. J'y suis habituée. » Elle lui sourit, croqua un autre morceau du cookie. Reprit une gorgée de café. Le café lui brûla la langue, une question en particulière lui brûlait les lèvres. Alors quand la tasse chaude quitta ses lèvres, la question fut posée sans précaution. « Dis, pourquoi tu restes ? Tu es vraiment trop gentil, là. Enfin, je ne dis pas ça dans un reproche, c'est bien. Mais... pourquoi ? Tu vois bien que je n'en ai pas besoin, je vais mieux... » En d'autres termes : pourquoi est-ce que tu restes pour moi ? Est-ce que tu te comportes ainsi parce que tu es gentil ou parce que c'est moi ?

Comme attendu le cookie n’est pas à son goût. Cela se voit à la tête qu’elle tire quand elle croque dedans. J’aurais sûrement tiré la même grimace si j’avais eu du le manger aussi alors je ne peux pas lui en vouloir. Au contraire, je lui fais un petit sourire désolé de n’avoir que ça sous la main à lui proposer. Je suis sûre que certains sangos ont leur réserve de biscuits personnelle dans leur chambre mais je me vois moyen aller fouiller les chambres pour les trouver. Quand je me renseigne sur son état, j’obtiens la même réponse qu’il y a dix minutes. « je vais bien » « je suis habituée » mais ce n’est pas le genre de réponse qui me convient. Ce n’est pas parce qu’elle est habituée que cela réduit la gravité de ce qui s’est passé tout à l’heure ou la douleur qu’elle a pu ressentir. Je fronce les sourcils mais j’hoche simplement la tête lui indiquant que je l’ai entendu même si je ne lui réponds pas. Fatigué de rester debout, je finis par m’asseoir sur le bord de son lit me disant que si cela ne lui plait pas, elle n’hésitera pas à me le lire. Alors que je suis en train de me débarrasser de ma veste, que j’ai sur les épaules depuis ce matin, Nabi me pose une question piège. Mes mouvements s’arrêtent d’eux-mêmes alors que je réfléchis à une réponse raisonnable. Je n’ai pas la moindre idée de pourquoi je suis ici en vérité. Je sais juste que l’inquiétude qui m’envahit me donne envie de rester. « Je ne sais pas vraiment… J’ai eu vraiment peur pour toi tout à l’heure et j’ai envie de rester avec toi. » je souris en regardant mes mains nerveusement. Pourquoi exactement j’ai envie de rester, je ne le sais pas. C’est un sentiment que je ne comprends pas tout à fait. Une envie d’être sûr qu’elle ira bien maintenant, dans deux heures ou dans deux ans. Une envie d’être à ses côtés pour le meilleur, comme au japon, ou pour le pire, comme aujourd’hui.