Nabi laissa Wonhee s'asseoir sur son lit sans broncher (ce n'était pas elle qui se plaindrait que les autres aillent sur son espace personnel, bien au contraire) et se contenta de manger son cookie bien trop sucré. Et puis, la question finit par sortir car c'était comme ça avec elle, elle disait toujours tout, peu importe si c'était des questions qui ne se posaient pas. Apparemment, Wonhee n'avait pas la réponse non plus. Le temps qu'il prit pour répondre était un poil trop long alors que la jeune femme continua à le fixer.
Jusqu'à ce qu'il lui réponde.
J'ai envie de rester avec toi.
Il avait dit autre chose, avant. Il avait dit qu'il avait eu vraiment peur pour elle. Il avait dit qu'il ne savait pas vraiment.
Mais ce fut tout ce qu'elle retint.
Qu'il avait envie de rester avec elle.
Une sensation douce s'empara de son cœur et ce fut à cet instant qu'elle en fut persuadée.
Elle était tombée amoureuse de Wonhee.
Depuis quand ? A quel moment ça s'était passé ? Pourquoi envers lui ? Elle n'avait pas les réponses à ces questions. Elle ne les obtiendra probablement jamais. Mais elle se souviendra simplement du jour où elle avait compris, réalisé.
Ce fut un sourire amer qui figura sur son visage.
Elle avait beau être tombée amoureuse de lui, ça voulait dire qu'ils ne pourraient pas rester amis. Que soit ils évoluaient vers quelque chose de plus intense, soit ils allaient devoir s'éloigner l'un de l'autre. Nabi ne voulait pas la dernière option.
Alors elle allait devoir ajouter en intensité les nuances de leur relation, pour ne pas qu'ils se séparent. Ajouter son rouge au jaune qu'il était. Faire en sorte que leur couleur devienne un mélange fort orange, plutôt que deux couleurs séparées, fades et ternes.
« Je vois... »
Elle sourit.
« Moi aussi, j'ai envie de rester avec toi. »
Elle le fixa du regard, ne montrant pas une once d'embarras ou d'intimidation. Elle était comme ça Nabi, elle assumait pleinement ses sentiments. Elle lui aurait même dit qu'elle l'aimait, si seulement elle avait eu la certitude que ses sentiments étaient réciproques. Mais elle ne l'avait pas. Elle ne l'avait pas, et c'était pour ça qu'elle allait faire en sorte qu'ils le deviennent.
Elle ne brisa pas le contact visuel, croqua dans son cookie.
Le rouge venait de s'ajouter au jaune.

Malgré la pression que son regard sur moi me fait ressentir, je prends mon temps pour réfléchir à mes mots. Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis là, pourquoi j’ai tant envie de rester à ses côtés. Mais j’ai l’impression que c’est ma place, celle où je veux être aujourd’hui et celle où je veux être demain. J’ai envie de rester à ses côtés, j’ai besoin de rester à ses côtés. Je ne comprends pas pourquoi je ressens tout ça, pourquoi j’ai besoin de la savoir en sécurité pour être calme, pourquoi j’ai envie de tant la protéger, de la garder à mes côtés pour m’assurer qu’elle va bien et qu’elle ne va pas disparaître. J’essaie de trouver les mots justes et suffisants qui feront comprendre à Nabi que je suis moi-même un peu perdu mais que je suis sûr d’une chose ; j’ai envie d’être avec elle. Fixant mes doigts qui jouent entre deux lors que je prononce ses mots, je ne vois pas le sourire un peu joyeux qui se dessine sur les lèvres de Nabi et je ne fais face qu’au silence qui s’installe dans la pièce. Puis la voix de la jeune femme me fait tourner la tête vers elle. Mon regard se perd quelques instants sur ses lèvres avant de plonger dans ses yeux. La sango me sourit avant de reprendre mes mots. Je ne le quitte pas des yeux et malgré moi, une vague de chaleur me traverse le corps. Je sens mes joues rougir, bien que je ne comprenne pas où elle veut en venir avec ses mots. Ressent-elle les mêmes envie incompréhensibles que moi ? Ressent-elle le même besoin de se savoir à mes côtés en toutes circonstances ? Je prie pour qu’elle soit un peu plus claire avec moi, qu’elle m’explique pourquoi elle éprouve ces sentiments communs pour que je puisse les comprendre. Au fond, j’ai peur de savoir ce que cela signifie… Mais comment être sûr que c’est la bonne traduction de mes émotions ou des siennes quand je n’ai rien avec lesquels les comparer. Les yeux plantés dans les siens, j’avale difficilement ma salive avant de finir par répondre. « Alors… Reste avec moi, s’il te plait. ». Le temps que je comprenne toutes ses sentiments qui m’envahissent. Le temps que tu m’expliques pourquoi je connais tous ces changements. Que tu m’apprennes à reconnaître ces sentiments que seuls toi est capable de provoquer. J’ai besoin de toi pour ça. J’ai juste besoin de toi.

Papillons dans le ventre, excités par le regard de Wonhee, ses joues rouges, sa voix douce, ses mots tendres. Elle soutint son regard, ne fit aucun effort pour cacher son bonheur tandis qu’elle esquissa un petit sourire sur ses lèvres, quand bien même elle se sentait fatiguée. « Bien sûr. Je ne te quitterai pas. » Soudain, elle n’était plus sûre. De quoi parlaient-ils, au juste ? De leur situation actuelle ? De elle qui se sentait fatiguée, qui ne le quittera pas, qui ne s’endormira pas pour lui tenir compagnie ? Ou de elle qui ne le quittera pas pour les jours, les mois, les années à venir ? Qui restera toujours à ses côtés, peu importe les obstacles qu’ils devront surmonter ? Ou même, elle qui ne le quittera pas avant lui, elle qui se jurait de rester en vie le plus longtemps possible ? Les choses n’étaient pas claires et ça n’avait jamais été quelque chose que Nabi aimait. Elle aimait quand les choses étaient posées, claires, concises, précises. Mais parfois, elle pouvait laisser aller quelques malentendus. Quand justement, les choses étaient posées quand elles n’étaient pas claires. Après tout, il n’y avait pas vraiment de réponse à cette question. Pour elle, ils parlaient de tout ça. Ils parlaient de maintenant. Dans quelques jours. Quelques années. Jusqu’à la fin.
Elle rit légèrement. Rire sincère, mais non pas parce qu’elle trouvait quelque chose drôle. Rire de j o i e. Le rire après qu’elle se soit aperçue qu’elle aimait quelqu’un. Qu’elle l’aimait lui. « Dis… Tu as dit que tu n’étais jamais tombé amoureux, n’est-ce pas ? » Elle marqua une pause. « Est-ce que c’est encore le cas, aujourd’hui ? » Et elle le fixa, la flamme brûlant dans ses yeux. L’air de dire : vas-y, ose dire que tu n’es pas encore tombé amoureux. Ose dire que tu n’es pas encore tombé amoureux de moi.

Tout mon corps se réchauffe quand je prononce ces mots. C’est à la fois comme un nouveau souffle, délivré d’un poids inconnu sur le coeur. J'esquisse un sourire quand Nabi semble rayonner à ma réponse, comme si elle n’attendait que ça, que cet aveu qui pourtant n’en est pas vraiment un. Des mots qui veulent tout et rien dire à la fois mais qui suffisent à la rendre heureuse et à me rendre heureux par la même occasion. Mon sourire s’agrandit encore plus quand elle me promet (parce que c’est une promesse, n’est-ce pas ?) qu’elle ne me quittera pas, je me sens soulagée, trop heureux pour que ce soit vrai. L’entendre rire me rappelle que j’ai bien les deux pieds sur terre même si j’ai l’impression d’avoir la tête dans les nuages. Et sa question m’arrache définitivement de mon étoile là-haut. Plein de doutes, je perds mon sourire et j’ai de plus en plus de mal à soutenir son regard de braise. Peu importe ce que je ressens à cet instant, je ne sais pas si je peux dire qu’il s’agit d’amour. Comment puis-je le savoir ? Alors je détache difficilement mon regard du sien, je ne sais pas ce qu’elle attend de moi. J’ai peur de la blesser, qu’elle puisse attendre plus que je ne peux lui donner, plus de réponses que j’en ai, mais je n’ai pas envie de lui mentir, le faire espérer pour quelque chose dont je ne suis moi-même pas sûr, absolument pas sûr. « Nabi… » je souffle avant de me mordre la lèvre, désespéré d’être aussi incapable de lui donner une réponse claire. « Je… Je ne peux pas répondre à cette question. » je murmure en passant ma main dans mes cheveux, la tête baissée. « Ce n’est pas... que je ne veux pas, hein… Mais je ne peux pas… Parce que je ne sais pas. » je bégaie sentant la nervosité prendre le dessus. Alors pourquoi j’ai l’impression de me mentir à moi-même en disant ça ? Pourquoi est-ce que prononcer ces simples mots provoquent une vague d’anxiété qui me faire bégayer comme l’enfant timide que j’étais il y a encore quelques années ? Pourquoi est-ce que j’ai tant envie qu’elle transforme mes incertitudes en vérités universelles ? Qu’elle me force à avouer combien je suis attaché à elle comme je ne l’ai jamais été à personne. Qu’elle me montre ce que c’est d’être amoureux. Qu’elle me fasse tomber amoureux d’elle, amoureux pour la première fois.

Ce n’était pas du style de Nabi, de s’avouer vaincue au premier « non ». Bien au contraire. Elle était du style à forcer son chemin, à foncer jusqu’à ce qu’elle obtienne ce qu’elle voulait. Encore plus lorsque la réponse qu’elle se recevait n’était même pas un « non ». C’était un « je ne sais pas ». Cela l’amusait. La réconfortait. Nabi sourit légèrement. « C’est un bon début, » dit-elle, après un petit silence où elle avait passé les secondes à admirer le lui hésitant. « De ne pas savoir. Ça veut dire que ce n’est pas un non. » Optimiste dans l’âme, peut-être un peu trop, c’était dans ses habitudes. Voir le côté plein plutôt que le vide. Voir la nervosité de Wonhee comme un signe de l’embarras de l’amour, plutôt qu’un signe de gêne inconfortable. « Je peux t’aider à savoir, si tu veux. A savoir si tu es tombé amoureux, ou pas. » Les yeux brûlant de passion plantés dans les siens, elle se montrait convaincante. Elle n’était pas clairement en train de lui dire qu’elle allait l’aider à réaliser ses sentiments pour elle, mais c’était totalement implicite. De toute façon, rien dans ses phrases ne mentionnait qu’elle était en train de parler d’eux. En fait, ce n’était pas tellement dans son style de jouer sur ce qui n’était pas dit, mais elle ne se voyait pas non plus avouer tout à coup au garçon qu’elle l’aimait. Ça risquait de lui mettre une pression sur les épaules qu’elle ne voudrait pas lui infliger. Du moins, pas maintenant. Pas quand il n’était pas sûr de ses sentiments. Nabi n’était pas une personne très patiente, mais elle attendra. Non, elle l’aidera. Elle lui fera réaliser ce qu’il ressentait, elle lui fera découvrir l’amour. Et elle comptait bien à ce que ce soit elle, la personne que son cœur ait choisie.

Jouant à la fois avec ma lèvre et avec mes doigts, je ne fais rien pour cacher ma nervosité qui s’empare de moi quand je dois lui expliquer que je ne sais pas ce que je ressens. Le visage légèrement fixé sous la pression, sous la peur de la décevoir en prononçant mes mots, je ne vois pas le sourire tout de suite qui fleurit sur le visage de Nabi. C’est sa phrase suivante qui me fait relever les yeux vers elle et j’hausse un sourcil, surpris qu’elle trouve que ce soit une bonne nouvelle. Quelque part je comprends son point de vu, mais j’imagine que ce n’est pas ce que j’aurais voulu entendre à sa place. Mon regard dans le sien, je me laisse convaincre par sa passion enflammée qui me réchauffe le coeur et l’amine dangereusement. Je souris doucement quand je réalise que les yeux de Nabi sont magnifiques, que Nabi est magnifique. “Je ne sais pas si je suis amoureux d’elle mais je suis sûre d’une chose… C’est qu’elle est magnifique, surtout quand elle me regarde comme ça.” quand elle semble n'avoir d’yeux que pour moi. Je souffle en souriant faiblement, mes joues sont très certainement roses à oser avouer une telle chose, j’en oublierai presque sa proposition tellement je suis perdu dans son regard. Encore une fois, mes propos ne sont pas explicites mais je pense que Nabi et moi savons très bien de qui nous parlons à cet instant. Je ne suis simplement pas assez courageux pour le dire à voix haute, pourtant je ne risque pas grand chose. Il me semble suffisamment clair que Nabi parle de m’aider à savoir si je suis tombé amoureux d’elle, certainement parce qu’elle a elle-même réalisé qu’elle avait peut-être aussi des sentiments pour moi. Quoi qu’elle ne l’a jamais dit. Mais je ne veux pas la forcer à me le dire si elle ne se sent pas prête à le faire, même si cela fait un peu grandir mes doutes. Alors j’avale difficilement ma salive en essayant de conserver mon sourire. “Oui, Nabi. Je veux que tu m’aides à savoir si je suis tombé amoureux” je demande en me forçant à ne pas la quitter des yeux. “Amoureux de toi.” j’ajoute. Fini les sous-entendus.

« Ah oui ? » Petit sourire qui se dessina sur les lèvres de Nabi en entendant ces compliments qui réchauffèrent directement son cœur. C’était déjà une petite victoire, si Wonhee pensait qu’elle était magnifique. De toute manière, Nabi ne doutait pas que Wonhee l’aimait en retour. Et même si, dans le pire des cas, ce n’était pas le cas, eh bien ça le deviendra. Nabi était douée pour que ses envies deviennent réalité et ce sera pareil avec Wonhee. Dans tous les cas, pour elle, c’était déjà la réalité.
Et le petit sourire s’élargit en un grand quand elle entendit les mots clairs.
Amoureux de toi.
L’ambiguïté partie, il n’y avait plus que la réalité des choses entre eux. La réalité où Nabi allait essayer de lui faire comprendre qu’il l’aimait, qu’il l’aimait déjà. Elle en était convaincue. Elle avait compris à l’instant qu’elle aimait Wonhee, mais peut-être que ça pouvait être aussi rapide pour lui aussi. Elle n’avait qu’à déclencher l’alarme et le garçon réalisera enfin ses sentiments.
Se redressant légèrement, venant poser sa tête contre sa main, elle s’approchait ainsi de lui, de son corps, ses lèvres. Délibérément, elle vint traîner son regard dans ses yeux, puis ses lèvres, louchant sans gêne sur celles-ci, avant de revenir à ses yeux. « Est-ce qu’il n’y aurait pas un moyen assez évident de le savoir ? » Question rhétorique car elle savait parfaitement la réponse. Et à imaginer Wonhee comprendre tout le sens de cette question la faisait rire, ce qui expliquait le petit sourire narquois qui remontait petit à petit les coins de ses lèvres.
Si je t’embrasse et que tu aimes ça, ça veut dire que tu m’aimes, n’est-ce pas ?

La voyant s’approcher un peu plus de moi, son grand sourire aux lèvres, ma première réaction est de rentrer légèrement la tête dans les épaules, alors que mes joues commencent à virer au rouge écarlate. Elle ne se retient pas de fixer mon visage, enfin surtout mes lèvres, et je n’ai aucun mal à imaginer ce qu’elle a en tête, ce qui me fait un peu plus rougir encore. En temps normal, je n’aurais même pas hésité une demi-seconde et j’aurais embrassé sans arrière-pensées la jeune femme en face de moi. Mais quand il s’agit de Nabi, tout prend un sens nouveau et c’est bien plus compliqué de me jeter dans le vide. J’ai presque peur de ce que je vais ressentir, de la décevoir, de me décevoir. Et si ce geste ne nous apporte pas la réponse que l’on cherche ? Et s'il ne réveillait pas en moi le sentiment que l’on attend tous les deux ? Ce n’est pourtant pas l’envie qui me manque. J’avale difficilement ma salive alors que c’est à mon tour de laisser traîner mes pupilles involontairement sur ses lèvres, son sourire en coin ne gâche en rien le spectacle. Pour la première fois de ma vie, j’ai envie de prendre mon courage à deux mains, pour faire quelque chose sans penser aux conséquences. Mes paupières papillonnent un peu avant que je relève les yeux pour les replonger dans les prunelles brillantes de Nabi. Le sang tambourine dans mes tempes, alors que mes joues me brûlent toujours plus quand j’ose approcher mon visage du sien, jusqu’à ce que mon nez frôle le sien. Je sens alors son souffle se mélanger au mien. « Nabi… Est-ce que j’ai le droit de t’embrasser ? » je chuchote contre ses lèvres. Tout m’indique que j’ai me droit ou mieux encore, que Nabi en a aussi envie que moi. Mais je ressens le besoin qu’elle me confirme que je ne me fais pas de film, qu’elle m’autorise réellement à la toucher comme j’ai réellement envie de le faire à cet instant.

Le sourire s’agrandit alors qu’elle remarqua les joues du garçon rougir encore plus. Adorable. C’était encore plus satisfaisant de remarquer que non seulement elle lui faisait de l’effet mais qu’en plus de ça, lui aussi était attiré par elle. Elle en était convaincue ; il l’aimait aussi et elle en avait la preuve formelle dans la façon dont il la regardait. Ce regard, ce n’était pas le regard qu’un ami lancerait à une amie. Wonhee semblait parfaitement au courant puisqu’il rapprocha doucement son visage de celui de Nabi. La jeune femme ferma alors les yeux, s’attendant déjà à ce que le contact soit fait, qu’il brise enfin cette barrière d’amis, qu’ils passent à un niveau supérieur. Mais avant ça, Wonhee demanda l’autorisation. Cela arracha un sourire à la jeune femme qui ouvrit doucement les yeux, juste un peu, comme lorsqu’on se réveillait le matin d’un rêve et qu’on ne voulait pas se réveiller, qu’on voulait se rendormir. « Bien sûr, » murmura t-elle en retour. Et elle referma les yeux pour repartir dans ses songes, pour faire le premier pas car l’impatience la gagnait, elle ne pouvait pas rester plus longtemps à cette proximité avec les lèvres de Wonhee sans faire quelque chose.
Ce fut donc elle qui s’approcha alors de lui, qui coupa court à la distance entre eux et qui réunit enfin leurs lèvres ensemble. Nabi n’avait pas eu besoin de ce baiser pour confirmer ses sentiments ; mais là, elle était forcée de constater que oui, elle était totalement amoureuse du garçon. Qu’elle l’aimait, tellement plus fortement que la plupart de ses exs. Que ce qu’elle ressentait là, c’était bien de l’amour, du vrai amour, l’amour avec un grand A. Nabi n’y avait jamais vraiment cru. Nabi ne croyait pas aux contes de fées. Et pourtant, la voilà en train d’en vivre un, de nager en pleine romance. D’aimer Wonhee, de sentir son cœur exploser, de se sentir vivre alors qu’elle se sentait mourir quelques instants plus tôt. Wonhee lui redonnait la vie, Wonhee lui donnait la force de vivre. Son cœur était revigoré, la flamme venait de s’amplifier. Elle l’aimait plus que la seconde d’avant, elle continuait de l’aimer de plus en plus au fur et à mesure qu’elle l’embrassait. Et elle espérait que tous ses sentiments soient parfaitement transmis à Wonhee. Qu’il se rende compte à quel point elle l’aimait, qu’elle l’aimait tant qu’elle était prête à patienter pour lui d’être prêt. Qu’il se rende aussi compte avec cet amour qu’il l’aimait aussi. Enfin au final, peu importe s’il ne se rendait pas compte maintenant. Car Nabi, elle était convaincue avec ce baiser que Wonhee l’aimait en retour. Alors peu importe le temps qu’il mettra pour réaliser. La conclusion sera toujours qu’il l’aimait et qu’elle aussi, l’aimait.
Très fort.

Cette réponse me semble essentielle avant que je fasse le dernier pas qui nous fera oublier que nous ne sommes que des simples amis pour le moment. À mes doutes, la jeune femme entre-ouvrent les yeux, mes pupilles se perdent dans les siennes. Le temps semble ralentir et, lorsqu’après ce qui me semble être une éternité, Nabi finit par murmurer son accord contre mes lèvres. Lentement, j’hoche la tête comme pour digérer l’information, puis vient le moment où il faut faire franchir la dernière barrière. Poser mes lèvres sur les siennes. Assimiler ce premier contact physique. Découvrir l’amplitude de ce que je ressens pour elle. Nabi n’en pouvant plus de me voir prendre mon temps, de me voir presque hésiter à me lancer, fait le moment qui bannit toute distance entre nous et qui nous rapprochera à tout jamais. Ce geste qui semble faire basculer toute notre relation. Lorsque les lèvres de Nabi se posent délicatement sur ses jumelles, mes paupières se ferment par automatisme et je retiens un soupire de soulagement. J’ai presque l’impression d’avoir attendu ce moment toute ma vie, comme si cela faisait des mois que je m’interrogeais sur ce que cela ferait d’embrasser Nabi. Cela n’a pas de sens pour moi mais je suis forcé de constater que cette vague de chaleur qui fait bouillonner mon corps est quelque chose de nouveau, quelque chose de puissance que je n’ai jamais connu avant. Que ces papillons qui dansent dans mon ventre depuis l’instant où nos lèvres se sont effleurées ne m’ont jamais envahi avant. Que cette envie irrésistible de continuer, de me rapprocher un peu plus d’elle encore, de recommencer encore et encore est si intense qu’elle embrouille mes pensées. Acceptant de me perdre dans ce déferlement d’émotions naissantes, j’arrête de réfléchir et je décide de simplement profiter de ce baiser et de tout ce qu’il me procure. Ma main glisse sur son avant-bras pour caresser sa peau du bout des doigts. Je me rapproche instinctivement de Nabi imposant un contact plus franc entre nos deux corps, entre nos lèvres. Pour la première fois de ma vie, j’ai envie de prendre quelqu’un dans mes bras, non pas parce que c’est la norme ou bien parce qu’on me le demande, mais simplement parce que j’en ai envie. Mon cœur bat de façon irrégulière, il se serre douloureusement de temps en temps, la température de mon corps est beaucoup trop haute pour mon confort, ma tête tourne violement. Mais je me sens bien, terriblement bien. Alors je ne brise pas le contact, jusqu’à ce que le souffle me manque et que je sois obligé de m’écarter de Nabi de quelques millimètres seulement. Les yeux fermés, je souffle difficilement avant de venir poser mon nez contre sa pommette, puis la main qui se contentait de frôler sa peau glisse dans son dos. Mes lèvres posent un baiser sur sa joue avant que je m’éloigne à nouveau. « Est-ce que je peux recommencer ? » je chuchote de peur qu’une voix trop forte brise la bulle de bonheur qui s’est construite autour de nous. Sans même attendre une réponse, je fonds de nouveau sur ses lèvres serrant ma main dans son dos pour venir la coller un peu plus à moi alors que mon autre main vient se poser avec douceur sur sa joue. Pourvu que rien ne vient interrompre ce moment si précieux.