Dans ses bras, elle voulait s’oublier, totalement. Mettre de côté ses doutes et ses peines. Et elle y arrivait mieux qu’elle n’y croyait, quand enfin, elle se retrouvait dans ses bras. Même l’alcool et la drogue ne pouvaient lui faire ressentir ça aussi parfaitement. Elle le comprenait, finalement. Commençait doucement à se rendre compte que, peut-être, elle n’avait pas besoin de tout ça pour avancer, petit à petit. Qu’il y avait autre chose, de bien plus fort, qui pourrait l’aider à faire un nouveau pas en avant. Il fallait qu’elle garde ça à l’esprit, qu’elle se concentre uniquement là dessus. Elle se renfermait dans sa bulle, avec lui. Savourait cet instant qui semblait lui donner un peu de force pour affronter les jours d’après. Ses pensées continuaient malgré tout de se bousculer, parce qu’au fond d’elle, elle voulait réellement changer les choses. Ne plus lui faire de mal, prendre les bonnes décisions, pour eux, pour qu’ils puissent enfin retrouver ce bonheur qui les avait caractérisé pendant si longtemps. Le silence qui les enveloppait était salvateur, pendant ces quelques minutes, l’aidait à s’apaiser, autant que possible. Puis, ils avaient pris le temps de se laver, se changer. Elle ne manquait pas de lui emprunter un tee-shirt, tandis qu’il attrapait sa main pour la guider vers l’une des pièces de l’appartement. Le studio qu’il avait fini d’aménager. Elle laissait son regard vagabonder dans la pièce, remarquait la place qu’il avait attribué à son matériel, ses instruments de musique. Elle reconnaissait rapidement cette guitare qu’elle lui avait offert, en souriait légèrement. S’attardant sur les murs, elle remarquait ces photos, ces souvenirs d’eux. Le simple fait de les voir embuait ses yeux, sans qu’elle ne le remarque. « C’est super... » avait-elle tout juste réussi à murmurer, alors qu’une nouvelle émotion la gagnait lentement. Elle s’avançait dans la pièce, touchait du bout des doigts le bureau, puis l’une des photos posées dessus. Un vieux cliché d’eux, qui remontait à l’adolescence. Elle ne pouvait cacher sa surprise, touchée par cette attention. « Je m’attendais pas vraiment à voir ces photos dans ton studio… » avouait-elle d’une voix faible. Se rapprochant d’Il Kyang, elle enroulait ses bras autour de ses hanches, nichait sa tête contre son épaule. Encore fragile, un rien pouvait la faire craquer. Mais cette fois, c’était bien plus positif. Elle retenait une larme de couler sur sa joue, le serrait contre elle. « Ca me touche... » soufflait-elle, sans parvenir à dire quelque chose de plus. Emue, elle se perdait dans cette étreinte quelques secondes de plus, avant d’oser relever son visage vers lui, déposant un bref baiser sur ses lèvres. Se frottant les yeux, elle pinçait ses lèvres. « Tu m’aides pas. » Elle tentait un rire, avant de poser à nouveau sa tête sur son épaule. « Tu t’y sens bien ? » demandait-elle enfin. Parce que c’était le plus important, finalement. Qu’il puisse se sentir assez à l’aise dans cette pièce pour laisser sa créativité parler. Qu’il puisse être assez confortable pour composer. Malgré cette attention qu’elle n’avait pas manqué de remarquer, elle restait attentive à lui. Toujours autant persuadée du fait que s’il parvenait à être heureux, elle le serait aussi.

J’avais mis plusieurs jours à tout installer. En réalité, le reste de mon appartement m’intéressait un peu moins. Je n’étais pas bon pour la déco en plus. La seule chose que j’avais vraiment à arranger, c’était tous ces vinyles que j’avais récupéré. J’avais profité d’un instant où mes parents n’étaient pas là pour aller les chercher. Mais ils trônaient tous dans un énormes cartons. Peut-être manquais-je aussi d’organisation. Je n’avais pas eu la tête à prendre mes repères ici. Faire de cet endroit un vrai chez moi. Mais cette pièce… me ressemblait je crois. Du moins, elle était mon nouveau moi. Je suivais Ye Won des yeux, presque attendrit alors qu’elle remarquait les photos. Ce n’était qu’un détail, mais en réalité ça signifiait énormément pour moi. Peut-être aussi parce-que cette pièce c’était l’endroit où je passerais le plus de temps. A écrire, composer, arranger… tout ce que je pouvais avoir de plus personnel se trouvait là. La regardant s’approcher, j’avais ce sourire sur les lèvres plus tranquille. Je me sentais mieux, malgré tout ce qui pesait sur nous. Dans son étreinte, je laissais mes mains caresser ses cheveux. Elle était à fleur de peau… si sensible au moindre geste, attention. La voir ainsi me rendait plus émotif alors que je lui murmurais « J’ai plus peur… » Une confession sur ce que je ressentais. Le simple fait d’avoir accrocher cette veille photo, c’était une façon de montrer qu’elle avait toujours été là. Malgré mon silence, ma distance… j’avais gardé ce souvenir de nous. Je souriais à sa remarque, j’aurais peut-être dût attendre un peu avant de lui montrer ça. En caressant sa joue, je lui répondais « Je m’y sens chez moi. » et sur cette phrase je lui volais un baiser avant de sourire et lui reprendre la main. Elle aurait tout le temps de revenir ici, vu qu’elle restait… quelques jours. L’idée me plaisait vraiment. J’avais réellement manqué d’elle ces derniers temps. Même si nous avions l’habitude de nous quitter, de dormir chacun de notre côté à la frat… c’était différent. Là on avait le choix. On pouvait décider de se voir plus ou non… plus aucune contrainte, ni d’interdit. L’emmenant avec moi dans la chambre, je tirais les rideaux avant de fermer la porte. Me laissant tomber sur le lit, je lâchais un soupir d’aise avant de l’inviter à se blottir contre moi. Tirant les draps sur nous, je calais ma tête sur l’oreiller avant d’embrasser ses cheveux. « Tu te sens… mieux ? » osais-je lui demander. Sans savoir si je parlais de ce qui s’était passé, ou du simple fait qu’elle soit avec moi. J’avais envie de lui apporter ce réconfort. Ce petit cocon, rien qu’à nous. Où elle pouvait se sentir à l’abri… Attrapant une mèche, je venais jouer avec, la lissant entre mes doigts. J’étais pensif tout à coup. Mais n’avait rien de nocif. Au contraire, je repensais juste à cette nuit. A ces choses qu’on s’était dite. J’essayais de faire le point, de voir tout plus positivement. Puis amusé, j’avais lâché « Tu vois c’est pas si terrible d’être ici. » dans cette ville, dans cet appart. Je préférais lui dire ça, sur ce ton léger. Même si j’avais conscience que c’était un vrai problème. Mais petit  à petit, peut-être se referait-elle à l’idée, que c’était ici, qu’on allait vraiment se construire un avenir.

Avoir été loin l’un de l’autre pendant si longtemps, à prendre de la distance, chacun leur tour, avait été horrible pour elle. Elle se demandait comment tout ça pouvait être si compliqué, alors que dans le fond, ils s’aimaient véritablement. Ca n’avait pas de sens pour elle, plus encore quand elle observait ces photos orner le studio. De ce vieux cliché, à ceux qu’ils avaient pris au Japon, c’était évident. Ils étaient faits pour être ensemble, et pas pour se déchirer comme ils le faisaient. Elle ne supportait plus, chacune de ces disputes. Parce qu’elles faisaient ressortir le pire d’eux-même. Mais peut-être que c’était ça aussi, d’aimer aussi intensément. Le suivant jusqu’à la chambre, elle n’avait pas mis bien longtemps avant de se glisser dans les bras, se blottir contre lui. Cette place qu’elle aimait tant, qu’elle ne voudrait jamais perdre. « Je crois oui… » répondait-elle, bien qu’elle soit encore secouée par cette crise. Jamais elle n’aurait cru en arriver là, une fois de plus. Même si pendant des années, elle avait imaginé le faire, pour se défaire de l’emprise de ses parents. Jamais elle n’aurait pensé qu’elle puisse réellement vouloir le faire. Ce n’était qu’une idée qui n’avait jamais totalement germé dans son esprit. Juste une folie qu’elle appréciait parfois imaginer. Elle était peut-être prête à le faire ce soir, du moins elle y croyait, mais se rendait compte que ce n’était pas la solution à tout, bien au contraire. Un soupire qu’elle laissait échapper à sa remarque, elle était encore déboussolée, sans savoir exactement quoi penser. Être ici, dans cet appartement, avec lui, c’était loin d’être terrible, mais le monde dehors la terrifiait davantage encore. Apeurée par ce futur, et ce qu’il pourrait lui donner à vivre. Elle voulait croire qu’il serait là, jusqu’à la fin. Mais elle doutait tant d’elle-même. Pensive, elle jouait avec ses cheveux, gardait son regard posé sur son visage. Une image qui la soulageait, pour laquelle elle aimait à croire qu’elle était prédestinée. De longues minutes, à rester ainsi. A se perdre dans toutes ces pensées. Dans cette bulle qui se créait si facilement lorsqu’ils se retrouvaient que tous les deux. Au bout d’un moment, elle avait fini par baisser la tête. Hésitante, tremblante encore par moments. Elle réfléchissait aux mots qu’elle allait prononcer, quelques secondes de plus. « Je crois… Il faut que j’arrête... » soupirait-elle, peu confiante. « J’aurais du le faire il y a longtemps, mais… Je veux pas aller en centre... » avouait-elle si fébrilement. C’était certainement la décision qu’elle aurait du prendre dès le départ. Ils n’en seraient pas là ce soir. Mais elle avait besoin d’ouvrir les yeux, sur bon nombre de choses. A croire qu’il faille encore tomber bien bas, pour savoir exactement ce qui n’allait pas. Même si la réponse était sous ses yeux depuis si longtemps. Elle ne pouvait décemment pas lui faire vivre ce qu’elle, avait vécu pendant près d’un an. Encore une situation inconcevable à ses yeux. « J’ai besoin d’aide... » murmurait-elle, elle qui n’avait jamais osé prononcer ces mots, à qui que ce soit. Elle lui faisait pourtant bien assez confiance pour qu’il en comprenne le sens exact. Pour qu’il sache, qu’elle était prête à tout pour lui, pour les sauver. C’était tout ce qui comptait à ses yeux, depuis le début. Et il était temps pour elle de montrer qu’elle pouvait réellement le faire.

Perdu dans mes pensées, j’avais envie de croire à tout ce que j’avais imaginé pour nous. C’était peut-être bête. Mais j’avais besoin de me projeter, de nous voir plus tard. Je voulais qu’on puisse vivre nos rêves. Qu’on construise un avenir qui tenait la route. Que tout ça ne soit pas vain. M’accrocher à ces idées, ça m’aidait à me dire qu’elle serait encore là… malgré ces nuits de débauches. Je ne voulais pas craindre qu’elle puisse disparaitre. Qu’un soir ça soit celui de trop. A cette idée, je me sentais démuni, si triste… alors j’essayais de me souvenir qu’elle était là. Juste à côté de moi… Un jour on s’en sortirait. Nous aussi on aurait le droit à nos moments de bonheur. Un peu ailleurs, j’avais été surpris d’entendre les paroles de Ye Won. Me bougeant, j’essayais de la regarder, le cœur battant… elle voulait reparler de « ça ». De ce problème de drogue qu’elle avait. Etonné de l’entendre me dire qu’elle voulait arrêter… vraiment ? J’avais peur d’y croire en fait. Peur de me perdre dans trop d’espoir. Je savais trop bien ce que les phrases j’arrête demain signifie. Une petite moue sur les lèvres, je ne savais plus quoi penser. Bien sûr au fond de moi j’étais heureux… mais je ne voulais pas me bercer d’illusion. Peut-être en était-elle là ce soir. Mais demain ? Et si elle recommençait ? Tout comme je l’avais fait moi. Déglutissant, ses mots me touchaient. Avouer qu’on avait besoin d’aide c’était le premier pas vers la guérison. Enfin c’était ce que mon psy me disait toujours. Que devais-je lui dire ? Que j’avais peur ? Bien sûr que non. Alors avec mon bras, je la serrais un peu plus contre moi « C’est toi qui décide… » je n’avais rien envie de lui imposer. Je ne savais pas si c’était les bons mots. Peut-être pas. Peut-être avais-je l’air de prendre ça à la légère. Mais ce n’était pas le cas. J’étais juste touché… ému par ce qu’elle me racontait. Parce-que j’avais déjà toutes ces craintes, ces doutes… Cherchant son regard, je préférais lui dire « Si c’est ce que tu veux… alors je serais là pour toi Ye Won. » même si je pouvais redouter ces moments. Mais j’étais encore loin d’y penser. Malgré moi j’avais les larmes aux yeux. Parce-que je misais beaucoup sur ce qu’elle venait de me dire. Notre avenir en dépendait qu’on le veuille ou non. Notre relation aussi… et je me rendais compte de tout l’impact que ça pouvait avoir sur nos vies. « Je te soutiendrais quoiqu’il arrive. Tu le sais hein ? » Malgré que je jouais au con parfois. Que j’avais ces mauvaises décisions. Je pouvais l’aider j’en étais persuadé. Moi aussi j’étais passé par là. Par la volonté de m’en sortir… par l’envie parfois, la tentation… si elle décidait de vraiment changer. Je ne pouvais que l’encourager. En sachant que tout serait plus difficile… « Je te fais confiance… » Assez pour croire en ses mots. Pour me dire que tout était possible si elle le voulait et si j’étais là pour l’accompagner. Embrassant son front, je lui souriais tendrement « Si tu veux vraiment t’en sortir alors… je t’aiderais. Je t’abandonnerais jamais. » parce-que peut-être que pour elle tout ça c’était vague. Mais moi je savais… les nuits affreuses qu’on passait. Les cauchemars qu’on pouvait faire. Ces moments de troubles, où le corps réclamait juste une dose. Pour se souvenir… mes mots étaient un peu forts. Mais je savais ce que ça représentait… alors oui, je n’allais pas l’abandonner. Jamais ! Même quand tout irait mal, même quand elle aurait envie de céder. Je serais là pour elle… « Je t’aime tellement. » lui disais-je encore une fois avant de l’étreindre. Et j’avais tellement peur qu’elle souffre en fait… qu’elle vive tout ça… elle n’aurait jamais dut à avoir à le faire. J’aurais tellement aimé que tout ça n’arrive jamais. Mais j’étais en parti responsable… et tout ce que je voulais c’était pouvoir lui offrir un meilleur avenir.

Demander de l’aide… Chose qu’elle n’avait jamais osé faire, auparavant. On lui avait souvent forcé la main pour ça. Quelques personnes qui se montraient présentes, lorsqu’elles savaient pas quoi elle passait. Mais jamais, elle n’avait admis d’elle-même, que oui, elle avait besoin d’aide. Et elle ne l’aurait pas fait avec n’importe qui. N’avait pas même été capable de le faire auprès des quelques membres de sa famille qui en valaient encore la peine. Alors, le lui demander, ça valait beaucoup à ses yeux. Bien plus qu’il n’aurait pu l’imaginer. Ca prouvait quelque part toute la confiance qu’elle lui accordait, sans même qu’il le sache. « C’est nécessaire... » soufflait-elle, se blottissant un peu plus contre lui. Malgré ces souvenirs qu’il avait fait renaître, elle repensait aussi, à cette année là. Celle ou elle courait les différents clubs, pour le récupérer. Toutes ces nuits à veiller sur lui, la peur au ventre. Elle lui avait infligé la même chose, quelques jours en arrière. Pire encore, l’avait fait participer à cette folie. Elle se sentait encore coupable, n’était pas certaine de pouvoir passer outre si rapidement. Il y avait tant de choses auxquelles elle devait faire face, même s’il fallait y aller pas à pas. « J’veux pas te faire vivre ça... » lançait-elle, fébrile. Toutes ces nuits de débauche, alors qu’il ne ferait que s’inquiéter. Ces lendemains compliqués à gérer, et cet éternel recommencement. Elle ne pouvait décemment pas lui imposer cette vie là. Pire encore, elle ne pouvait pas continuer en prenant le risque qu’il sombre avec elle, comme lors de cette dernière soirée. Elle s’y était toujours refusé, avait échoué, une fois. Et au fond d’elle, elle se promettait qu’il n’y en aurait pas deux. « J’peux pas prendre ce risque... » continuait-elle, tandis qu’elle nichait sa tête dans son cou. Anxieuse, se sentant encore honteuse de ce qu’elle lui avait fait vivre ces derniers jours. Elle ne savait pas réellement à quoi s’attendre, mais elle savait surtout, qu’il fallait qu’elle le fasse. Que ça devenait nécessaire. Si elle pouvait ôter ces soirées de débauche de leur quotidien, alors ils pourraient faire un pas en avant. C’était tout ce qu’elle avait imaginé, quelques années en arrière. Peut-être tout ce qu’elle aurait voulu voir se produire aussi, au lieu de le voir disparaître. Mais jamais, elle ne pourrait faire de même. Et ses mots lui faisaient du bien, la rassurait. Ils étaient nécessaire pour qu’elle retrouve un peu de force. Juste assez, pour tirer un trait sur cette drogue si néfaste pour elle, pour eux. Relevant son visage vers lui, elle plongeait son regard dans le sien. « Je veux faire tout ce qu’il faut pour qu’on soit heureux... » murmurait-elle à son attention, cette sincérité dans les yeux. « Ca n’arrivera pas si je continue avec … tout ça. » ses lèvres qu’elle pinçait, elle espérait qu’il puisse la croire. Parce qu’elle ne doutait pas du fait que lui, serait présent pour elle. Ca n’allait pas être évident, elle s’en doutait, mais préférait pour l’heure ne pas y penser. Il y aurait certainement d’autres décisions à prendre, d’autres choix à faire, pour que leur relation devienne plus stable. Mais elle avait besoin d’y croire, autant que possible. Il fallait qu’elle se donne les moyens de parvenir à un sevrage, pour entrevoir ce qui pourrait les attendre, dans un futur proche. Ses yeux étaient encore embués, mais elle ne pouvait plus détacher son regard de lui. « Je t’aime aussi... » répondait-elle dans un souffle. « Je veux qu’on s’en sorte tous les deux. » ajoutait-elle, une certaine émotion dans la voix. C’était ce qui comptait le plus. Après toutes ces épreuves, après ces mois de torture, ils le méritaient, amplement. Et il était temps pour elle de faire ce premier pas en avant, pour eux. Pour que le soleil revienne faire réchauffer leurs coeurs de ses rayons puissants.

J’avais le cœur gonflé d’espoir, mais je voulais rester lucide. Ne pas trop y croire, pour ne pas être déçu. Pas parce-que je n’avais pas confiance mais parce-que je savais le vice que c’était. J’avais mis toutes ces années à m’en sortir… et encore aujourd’hui je n’étais pas totalement guéri de ces addictions. En réalité, c’était un combat de tous les jours. Malgré les sourires, les instants heureux où on y pensait plus. Il suffisait d’une fois pour que tout bascule. Je n’avais pas réellement conscience de sa dépendance avant tout ça. J’avais surement imaginé que ce n’était qu’un cachet de temps en temps… mais c’était en réalité ça le pire. Etre consommateur régulier. J’étais effrayé mais j’étais bien plus réaliste désormais. La gardant contre moi, j’inspirais doucement, espérant réellement que tout ça se passerait comme on le voudrait. « Je ferais tout pour toi… » Pour nous… comme elle le disait si bien. Moi aussi j’avais envie qu’on soit heureux… juste une fois au moins. C’était peut-être trop demander ? Mais j’y croyais. On devait s’en sortir, ensembles. Pas chacun de notre côté, mais tous les deux. Je voulais la soutenir autant qu’il était possible de le faire. J’avais finis par lui dire que j’étais fier d’elle. De cette décision et que je serais là, encore et encore. C’était à moi de lui rendre la pareille de ce qu’elle avait fait. A moi de lui montrer qu’elle pouvait compter sur moi-même dans les moments difficiles. Je n’avais toujours prit que le bon de notre relation quand nous étions ensembles. Aujourd’hui, j’avais grandis, muris aussi… et j’avais compris qu’il n’y avait pas toujours que des bonnes choses. C’était aussi ça être en couple… en l’écoutant parler, je me décalais un peu pour venir mieux la serrer contre moi. Dans le noir, j’avais même finit par lâcher une larme. Emotif, trop sensible à tout ce qui nous arrivait. Mais je n’étais pas si triste finalement. J’étais même heureux je crois… une larme pleine d’espoir pour elle et moi. J’étais prêt à être confronter à tout ça. A devoir le revivre pour elle. Pour qu’elle s’en sorte et reparte vers quelque chose de plus sain. « Tu t’en sortiras Yeki… » Parce-que j’avais confiance. Et dans les moments où elle serait plus faible, moins déterminé je serais là pour elle. A n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Elle le savait j’espérais… que j’avais les épaules pour ça. Que j’avais assez de force pour nous deux. Je n’avais pas besoin qu’elle me protège, en réalité je pensais même que c’était à moi de le faire pour elle. Et sur toutes ces pensées, j’avais finis par trouver le sommeil, épuisé par tout ce qui nous était arrivé. Mais j’étais soulagé de la savoir là ici avec moi. Parce-que tous les deux, on était plus fort.

Elle ne savait pas ce qui allait l’attendre, mais elle devait passer par là, à son tour. Elle comprenait que ça devenait nécessaire, s’ils voulaient s’en sortir. Toutes ces substances ne les aidaient en rien. Au contraire, elles ne faisaient qu’aggraver la situation, alors qu’ils devaient simplement trouver ce nouvel équilibre. C’était tout ce qu’elle devait garder à l’esprit, désormais. Tout ce sur quoi elle devait se concentrer. Et avec un peu de chance, ça les aiderait, enfin. Ca leur permettrait de repartir sur des bases plus solides, sans avoir à être bercé d’illusions. Une fois de plus, elle ne faisait que se raccrocher à ses mots, aux gestes qu’il pouvait avoir à son égard. Epuisée, par ces semaines à continuer de se détruire, elle restait blottie contre lui. Trop émotive, encore, trop perturbée par ce qu’elle avait osé faire ce soir encore. Elle n’en pouvait plus, de voir tout ce qu’elle était capable de lui faire subir. Par simple folie, celle-là même qu’elle devait supprimer de sa vie. Un soupire, moins lourd, avait fini par s’échapper d’entre ses lèvres. Et elle se le répétait, encore et encore. Il sera là. Il la soutiendra, l’aidera. C’était le plus important. Savoir que non, elle n’était pas seule. Qu’il y avait au moins une personne, capable d’être présente pour elle. Et c’était d’autant plus rassurant, de savoir que c’était lui. « Tu t’en sortiras... » Elle l’espérait tellement, au fond d’elle. Voulait y croire bien plus que le reste. A bout de souffle, éreintée par ces derniers jours, elle avait fini par s’endormir, difficilement. Parce que tant de questions continuaient encore de la perturber. Qu’allait-il arriver demain, quel serait leur futur. Serait-elle réellement capable de s’en sortir, d’être assez forte pour qu’ils puissent avancer tous les deux. Il ne fallait voir que le positif, même si ça lui semblait encore trop compliqué. Cette nouvelle étape à franchir la terrifiait, en fin de compte. Parce qu’elle ne savait pas réellement à quoi s’attendre. Mais s’il était là, avec elle, alors tout irait pour le mieux. Du moins, elle l’espérait. Plus fort que le reste. Qu’il soit toujours là, quoi qu’il en coûte. Qu’ils restent unis malgré ces nouvelles épreuves. Qu’ils soient assez forts, ensemble, pour construire l’avenir qu’ils méritaient.