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La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana))

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La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Jeu 1 Oct - 19:08
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Son travail était fini et Mingwei était devant la porte réservée au personnel, dehors. Il jeta un coup d’œil à sa montre, se demandant s’il n’irait pas passer quelques heures dans l’appartement où logeait sa mère et grand-mère avant de retourner au dortoir, pour s’assurer que les deux femmes de sa vie ne manquaient de rien. Beaucoup parmi son entourage lui répétaient qu’il en faisait trop et qu’il devrait les laisser se débrouiller, seulement cela faisait déjà de nombreuses années que sa mère avait du se débrouiller seule, depuis le divorce, et il n’était pas question qu’elle se sente seule à nouveau. Il s’était promis qu’il serait là pour elle et sa propre mère jusqu’à jamais. A défaut de n’avoir aucune ambition dans sa vie, il pouvait bien s’occuper ainsi et il le voulait, très fort. Finalement, il n’y avait même pas lieu à la discussion et le cuisinier se emprunta un chemin qu’il connaissait par cœur. L’appartement n’était pas tout près comme la famille ne pouvait se permettre de vivre dans les grands quartiers de la capitale sud-coréenne, mais ce n’était pas gênant pour Mingwei qui pourrait retourner terre et ciel pour sa mère.

Passant par les quartiers sud de la mini-ville de son université, il ignora les personnes de sortie pour la soirée et qui, au vu de leurs pas chancelants devaient boire depuis quelques heures déjà. Cependant, l’ignorance n’empêcha pas son attention d’être attiré par un couple. Ou plutôt un homme d’une quarantaine d’années qui semblait insister sur une jeune femme d’une vingtaine d’année pour que celle-ci le suive. Mingwei n’avait pas besoin de savoir où et, simplement à l’expression significative sur le visage de la demoiselle, il pouvait clairement deviner qu’elle ne voulait pas le suivre. Il continua sa course de quelques pas avant de s’arrêter, hésitant. Ce n’était pas son genre de laisser quelqu’un en détresse ainsi et en un simple coup d’œil, on pouvait remarquer que personne d’autre ne semblait volontaire pour l’aider. Se mordant la lèvre il prit la décision de faire demi-tour s’excusant silencieusement auprès de sa mère. Il arriva rapidement à hauteur du couple et se positionna entre les deux personnes. Il tenta d’abord d’intimider l’homme mais les paroles ne semblaient pas fonctionner alors il se tourna vers la demoiselle pour lui dire de partir. C’était sans compter sur l’homme qui agrippa son épaule et le força à utiliser ses réflexes. Comme pris de rage, comme un homme en manque cruel, Mingwei vit rouge et se lança dans un combat physique auquel il n’était pas préparé. Le fait qu’il ne s’était pas battu depuis quelques années se voyait et il se fit mettre à terre rapidement par l’inconnu, qui cachait bien ses muscles sous son costume. Seulement, c’était comme le vélo et une fois ses repères repris, le sino-coréen se releva et entra entièrement dans une frénésie qui, s’il pouvait se voir, l’effrayerait. Le combat se finit rapidement par la fuite de l’homme pendant que Mingwei respirait respirait bien trop fort pour aller bien. Il devait se calmer rapidement, il essayait mais en vain.

Lorsqu’il reprit ses esprits il aperçut au loin une jeune femme, quelques peu familière mais sans plus. « Passez votre chemin, il n’y a rien à voir ici. » Lâcha-t-il toujours haletant avant de tomber en arrière sur son postérieur, épuisé.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Dim 4 Oct - 20:00
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outfits. + Les mains enfoncées dans la poche kangourou de son hoodie, Dana avançait dans les rues de son quartier, la nuque un peu raide et, surtout, les yeux fatigués. Elle avait toujours su que les études en médecine seraient difficiles, elle n’avait pas imaginé, par contre, à quel point elles seraient éreintantes. Le rythme entre les cours et les gardes à l’hôpital était très exigeant, elle s’y pliait, il fallait bien en passer par là, mais parfois son corps se rappelait à elle. Dans ces moments-là, la sino-coréenne réalisait qu’elle avait sauté un à plusieurs repas ou que son quota de sommeil était loin du compte pour qu’un humain puisse fonctionner normalement. Elle devinait sans mal que son manque d’énergie venait du fait qu’une barre énergétique, mangée aux alentours de onze heures du matin, ne permettait pas de tenir toute une journée comme Dana s’y était entêtée. Alors qu’elle rentrait de sa garde pour retourner aux dortoirs sur le campus, un arrêt par le combini pour manger, à minima, un rouleau de kimbap était plus que nécessaire. Après tout, elle n’avait pas terminé sa journée. Depuis son emménagement dans sa nouvelle chambre duo, elle n’avait pas avancé sur son chapitre en cours. Elle avait certes de l’avance entre ce qu’elle publiait et là où elle en était réellement dans son histoire, mais si elle continuait ainsi, elle allait perdre cette avance. Et ce n’était pas du genre de @lotus_soup de faire attendre ses lecteurs, comme s’ils pouvaient savoir ce qui était réellement son genre ou non...  

Comme le besoin de manger, Dana ressentait le besoin de dessiner ce soir-là, des envies et des ressentis qu’elle se devait de coucher sur papier à défaut de pouvoir les exprimer. C’était un moyen pour elle de prendre soin de son équilibre mental, aussi équilibré puisse-t-elle être pensa-t-elle amèrement. Alors qu’elle se rapprochait de son point de chute, elle avisa un échange entre passants qui semblait être houleux. Elle grimaça légèrement, l’échange était, en fait, bien plus qu’houleux puisque deux hommes en vinrent aux mains alors qu’une jeune femme sur le côté prit la fuite non sans regarder autour d’elle pour voir s’il y avait des témoins. Il y en avait quelques un, mais peu qui semblaient vouloir s’interposer, l’étudiante en médecine elle-même n’était pas certaine de ce qu’elle devait faire. Intervenir ? Appeler la police ? Continuer son chemin ? Les situations de conflits n’étaient pas son fort, il suffisait de voir la vitesse à laquelle son cœur battait avec cette simple dispute, probablement entre hommes qui avaient trop bu.  

La violence du combat avait escaladé aussi vite qu’elle n’était retombée après la fuite d’un des deux hommes. Dana s’était avancée lors de celui-ci, intriguée par l’une des silhouettes masculine. Lorsque ce dernier s’adressa à elle avant de se laisser tomber au sol, elle repéra sur son visage une lèvre fendue mais surtout le sang dégoulinant de son arcade sourcilière. Elle doutait qu’il ait besoin de points de suture, mais de soins très certainement. Fronçant les sourcils au son de la voix du jeune homme (il n’avait pas l’air ivre), elle s’approcha davantage et vint s’accroupir à une distance raisonnable de lui. Inclinant légèrement la tête, elle était certaine de le connaître à présent, mais le souvenir qu’elle avait et l’homme qu’elle avait en face d’elle ne faisaient aucun sens. « Tu saignes beaucoup. » Dit-elle simplement, et lui ne devait pas le sentir encore prit par l’adrénaline. « Ils auront de quoi nettoyer et soigner tout ça. » Dit-elle en pointant le combini à quelques dizaines de mètres de là. « Tu pourras te lever tout seul... Ming Wei ? » Tenta-t-elle d'une voix incertaine après s'être redressée en première, et après l'avoir regarder, les sourcils froncés dans une mine à la fois soucieuse et circonspecte.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Mar 6 Oct - 0:45
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C’était comme un retour dans le passé. Ces sensations qui venaient envahir son cerveau alors que son corps bougeait grâce aux réflexes qu’il avait perfectionnés lors de ses nombreux entraînements depuis des années. Cinq art martiaux avec lesquels il avait grandit depuis ses cinq ans. Cinq arts martiaux qu’il avait arrêtés de pratiquer en même temps qu’il avait arrêté les combats illégaux, mais qui ne lui avait laissé pas moins de seize ans pour se perfectionner dans ces arts du combat. Il en avait même rajouté un sixième à son arrivé en Corée, le taekwondo, mais qui n’était pas au même niveau que les autres à cause des six années de retard. Or, par le passé, un combat était contrôlé, le sino-coréen pouvait encore décider de ses prochains mouvements et de la stratégie à utiliser afin de bloquer son adversaire le plus tôt possible. Là, ce n’était que rage et frénésie. Il avait été hors de contrôle, ne reprenant conscience des choses que lorsqu’il ne voyait plus que la silhouette de l’attaqué au loin. Il ne savait pas depuis combien de temps il s’était retenu d’exploser, il n’avait rien vu venir, et pourtant. Pourtant, sa mère lui avait dit qu’il aurait dû reprendre le sport, au moins pour continuer à pouvoir se défouler. Mais avec le sport, il aurait reprit ce qui était devenu une drogue pour lui et il était hors de question de retourner dans ce monde déchu. Il avait fait une promesse à sa mère et il comptait la tenir.

Son regard scanna rapidement la rue où peu de gens se trouvaient. Certains avaient sorti leur téléphone portable pour filmer la scène mais personne pour l’arrêter, heureusement. Ses yeux se figèrent sur la silhouette d’une femme qu’il semblait ressortir d’un passé lointain dont il n’avait plus beaucoup de souvenirs et donc il ne prendrait pas le risque de la reconnaître car tout ce qui concernait le vie de Mingwei en Chine était devenu un sujet sensible. D’abord entre sa mère et lui, puis en général.
Il s’écroula, déjà épuisé et non sans avoir tenté d’arrêter les gens de le prendre pour une bête de foire en leur demandant gentiment de partir. Cependant, cette femme qui l’observait s’approcha doucement. Il eut comme un rictus, un rire forcé, lorsqu’il la vit garder une certaine distance de sécurité. Pouvait-il lui en vouloir ? C’était lui qui venait de passer pour un monstre incontrôlable aux yeux de la population car il n’était pas encore sorti de ses addictions. Il se sentait tellement faible dans ces moments de rechute, il aurait presque voulu appeler sa moitié à l’aide si ce n’était pour le sentiment de honte et de dégoût qui le rongeaient. « Tu connais mon nom. » Ce n’était pas une question mais plus une affirmation qu’il avait dit en Chinois pour confirmer ses doutes. « J’ai l’habitude, ne t’inquiète pas. » Il avait reprit son sourire béat habituel, son passé le hantait mais cette demoiselle n'y était certainement pour rien. Elle ne méritait pas qu'il se montre dur.

Il passa sa main sur le haut de sa tête pour constater les dégâts mais s’arrêta lorsque la douleur se fit enfin sentir. Il se releva doucement afin d’éviter de voir la ville autour de lui tourner mais ne bougea pas, comme pour garder ses distances. « Je vais bien, juste un peu d’eau devrait suffire. » Il avança en direction du Seven Eleven. « Si tu veux je t’offre une boisson, pour m’excuser pour le spectacle. » Il tendit la main comme pour l’inviter à le suivre mais la retira bien vite lorsqu’il y vit le sang des restes du combat. Gêné, le rouge lui monta aux joues et il la frotta contre son pantalon avant d’avancer dans le commerce. Il ne pouvait éviter les regards, et encore de l'homme derrière la caisse qui semblait vouloir lui demander de partir pour ne pas causer de problèmes mais n’osait pas. Rapidement, il ressortit de là avec un café en canette, une bouteille d'eau et du lait à la banane qu’il posa sur la table devant. « Ma tournée. » Puis il se laissa tomber sur la chaise en plastique avant de déposer brutalement sa tête sur la table.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Mar 6 Oct - 19:03
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outfits. + La jeune femme était troublée face à cet inconnu qui n’en était pas un. Elle connaissait son nom, c’était une chose, mais elle ne le reconnaissait pas pour autant. Lorsqu’elle se souvenait du Ming Wei du passé, ce n’était pas un jeune homme avachi au sol avec du sang sur le visage et ce sourire presque déformé aux lèvres. À l’époque, c’était un adolescent, un jeune homme propre sur lui, bien sous tous rapports, d’une rigidité et d’une obéissance presque effrayantes. Un enfant qu’on exposait comme un accessoire ou une pièce de collection, en montrant à quel point il était beau, forgé et sculpté comme on le désirait. Dana projetait probablement ses propres frustrations liées à son enfance et son éducation, ainsi que sa propre amertume sur les souvenirs qu’elle avec du sino-coréen. Elle en était presque complètement coite, comme dénuée de parole, accroupie en face de lui à essayer de recoller celui qu’elle avait en mémoire et celui qu’elle avait devant elle. Elle ne saurait même pas dire depuis combien de temps ils ne s’étaient pas vus, ni comment elle avait fait pour ne pas l’oublier.  

Finalement, son instinct de future médecin prit le dessus, Ming Wei avait clairement besoin de soins, au moins pour éviter toute infection ou tout hématome superflus. La nécessité de porter assistance à personne dans le besoin fût l’élément qui remit la jeune femme en action, bien que le sino-coréen ne sembla pas avoir conscience de son état. Avoir l’habitude de prendre des coups était une chose, être inconscient des conséquences en était une autre. Dana se voyait mal le lui dire de cette façon, craignant le pousser une nouvelle fois dans cet état de rage dans lequel elle l’avait trouvé. « De l’eau ne suffira pas. » Dit-elle simplement en chinois, avant de se mettre à le suivre en direction du Seven Eleven sans porter davantage attention à sa main tendue, la vue du sang était loin de lui faire peur. Elle observait son pas et la façon qu’il avait de se tenir avec attention, cherchant à déceler le moindre vertige ou signes de dommages neurologiques après de tels coups.  

Dans un premier temps, elle l’attendit en dehors du commerce, pensant qu’il allait acheter de quoi prendre soin de ses blessures. Elle se demandait si elle devait prévenir quelqu’un, il fallait qu’elle le lui demande. Elle se demandait aussi ce qui lui était arrivé, pourquoi avait-il autant changé ? La question à se poser était, pourquoi avait-il disparu des radars, mais dans l’immédiat, cela ne venait pas à l’esprit de la jeune femme. Elle se doutait que, comme elle, il avait ses propres aspirations et propres désirs, peut-être avait-il eu le courage de suivre ce qu’il voulait vraiment. Lorsqu’elle le vit revenir à la table à laquelle elle avait pris place, elle regarda les bouteilles et cannettes les yeux légèrement plissés. Alors qu’il laissait tomber sa tête sur la table, Dana poussa un petit soupir et se releva pour entrer à son tour dans le commerce. Elle y prit du désinfectant, du coton, des pansements ainsi qu’un paquet de mandu surgelés. Elle ressortit très rapidement de l’établissement et trouva Ming Wei toujours dans la même position ce qui inquiéta légèrement l'étudiante en médecine.

Elle prit de nouveau place en face de lui, elle ouvrit la bouteille d’eau qu’elle lui tendit. « Bois ça. » Et elle ouvrit la cannette de café pour elle-même. Elle en bu une gorgée avant d’ouvrir son sachet et d’en sortir son matériel. Elle se rapprocha du jeune homme, prenant ensuite un coton qu’elle imbiba de désinfectant. « Wang Dana. » Dit-elle avant de, sans prévenir, passer le coton sur sa plaie au niveau de son arcade sourcilière. Aux regards qu’il lui lançait, elle n'était pas certaine que Ming Wei se souvienne vraiment d’elle ou alors il ne l’avait pas reconnu. Elle ne pensait pas avoir changé tant que ça pourtant. Mais il était vrai que l’aura de Dana était plus proche de la transparence qu’autre chose, elle ne s’attendait pas à marquer les esprits, c’était ce qu’on attendait d’elle, non ? « Tu n’as pas besoin de points de suture. » Elle s’en doutait mais il était bon de pouvoir le confirmer. Elle changea de coton, en prenant un autre sur lequel elle versa de nouveau du désinfectant pour continuer la tâche qu’elle avait commencé. Avant de reprendre, elle lui tendit le sachet de mandu. « Tu peux mettre ça sur ton œil aussi, pour éviter qu’il n’enfle encore plus. » Il était bon pour avoir un coquard pendant quelques jours ceci dit...
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Jeu 8 Oct - 1:06
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Quelle frustration était-ce d’avoir un visage familier dont il était impossible de replacer dans ses souvenirs. Les yeux de Mingwei ne pouvaient s’empêcher d’observer la demoiselle, cherchant et cherchant toujours plus loin dans sa mémoire (il raya la partie entre sa naissance et ses six ans pour des raisons évidentes) mais en vain. Au moins, il avait des indices et la demoiselle confirmait ses suspicions lorsqu’elle lui répondit en chinois. Donc elle faisait bien partie de la vie passée du sino-coréen, cette vie où il n’était qu’un Meng qui n’avait même pas réussi à garder son rôle d’héritier. Meng Mingwei, ce nom sonnait comme celui d’un antagoniste dont on avait essayé de se débarrasser. Il ne pouvait réellement se plaindre se sa vie en Chine, pas lorsqu’il avait tout le luxe des Meng à sa disposition. Seulement, c’était dans cette prison dorée qu’on l’avait forcé à se plier aux trois milles règles de la famille. C’était dans ce confort qu’on lui avait fait de nombreuses promesses pour toutes les détruire les unes après les autres. Il avait été un intrus, avait eu l’impression d’être un voyeur, envahissant leur intimité. Tout était derrière lui maintenant. Meng Mingwei était mort à la frontière entre les deux pays et Choi Mingwei n’en restait que plus vivant, plus épanoui.

Cependant, il n’arrivait toujours pas remettre un nom sur ce visage. C’était frustrant, une si belle femme, il s’en souviendrait. Mais il n’était plus le même. Il se laissa donc approcher, puis l’invita pour un verre alors qu’il attendait sagement que ses saignements se calmassent. Entrant et sortant du petit commerce de rue, des bouteilles et canettes dans les mains il se posa sur une table. Il s’y écroula. Il était épuisé, blessé mais surtout épuisé. Mingwei cligna des yeux, observa la demoiselle bouger avant de les fermer complètement. Il ne savait pas pendant combien de temps il était resté ainsi, à la merci de tous, la tête sur cette table mais lorsqu’il rouvrit ses paupières la jeune femme était de retour.
Secouant la tête comme pour se réveiller, il se redressa. Et regretta aussitôt son geste car il n’eut pour effet que de raviver ses douleurs. « Oui madame. » Répondit-il comme un enfant réprimandé par son professeur. Seulement, il ouvrit la bouteille pour se verser l’eau sur le visage. Tant pis s’il mouillait son t-shirt, ce n’était pas important et le tissus portait déjà des taches de sang.
A peine entendit-il le prénom être rapidement annoncé qu’une forte douleur le pris au visage. Dans un réflexe non violent il se recula, manquant de tomber de sa chaise. « Oh. Ça fait mal. » Il faisait les gros yeux, pensant être menaçant alors qu’il ne ressemblait qu’à un chiot mouillé et apeuré. « Un peu de délicatesse, Wang Dana. » Sa main avait attrapé celle de la jeune femme toujours avec délicatesse. Le but n’était pas de la blesser, Mingwei avait juste été surpris. Il continua pourtant de se laisser faire, soupirant lorsqu’il comprit qu’il n’aurait pas à rentrer plus amoché que prévu (au moins, il rentrait au dortoir, sa mère ne le verrait pas dans cet état). Son visage s’approchait alors qu’il ferma les yeux, ses sourcils bougeant à chaque picotement qu’il ressentait.

« Je mettrais plus ça dans un panier vapeur, ça aurait pu de goûts, je suis sûr. » Il lança un clin d’œil à Dana mais lui obéit et posa le sachet sur son visage. « Je ne vais pas avoir une belle tête pendant un temps, uh ? » Marmonna-t-il, comptant déjà dans sa tête les jours où il pourrait éviter Qin Tian afin de ne pas l’inquiéter.
Le sino-coréen attrapa la dernière boisson qui n’avait pas été touchée. Il planta la paille dans le couvercle, non s’en s’y être repris à plusieurs fois, et sirota le lait à la banane comme un enfant. « Donc, Wang Dana, je te connais. » Il reprit une gorgée. « J’ai raison, non ? » Il ne put empêcher un sourire espiègle. « Je suis médium, je sais. » Il retira le sachet de mandu de son visage, espérant qu’il n’était pas trop passé pour un idiot. « Mais quelle surprise de te revoir ici. » Mingwei n’avait toujours aucune idée d’où il avait croisé la jeune infirmière et jouait la comédie avant de craquer dans sa blague et de se cacher le visage, honteux. « Je suis désolé. Je ne me souviens pas de toi... »
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Jeu 8 Oct - 17:24
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outfits. + Peut-être prenait-elle la situation trop au sérieux, mais des plaies à la tête ou au visage n’étaient jamais à prendre à la légère. Il suffisait d’un coup mal placé pour se retrouver à l’hôpital. Elle était bien placée pour le savoir, elle étudiait ce qu’il se passait dans une boîte crânienne presque tous les jours. Alors l’état de fatigue de Ming Wei pouvait avoir deux raisons, l’étudiante en médecine comptait bien garder un œil sur lui le temps qu’ils seraient au combini. Elle n’avait jamais vraiment aspiré à devenir médecin, mais à croire qu’elle avait le réflexe de venir en aide à ceux qui en avaient besoin. Le fait d’avoir reconnu le sino-coréen n’était, au final, pas la raison pour laquelle elle s’était approchée pour porter secours, ni la raison pour laquelle elle l’avait suivie jusqu’à la superette. Peut-être qu’au fond, elle pourrait faire un bon médecin.

« C’était pour boire... » Dit-elle platement en regardant l’eau dégouliner sur la tête, le visage et le t-shirt de Ming Wei. Elle grimaça légèrement à l’inconfort qu’il dût ressentir à cause du tissu qui collait à sa peau. Résignée, elle s’attela à sa tâche. Elle avait beau essayé d’être douce pour ne pas trop faire mal au jeune homme, le désinfectant devait forcément brûler sur la plaie. Elle lui lança un regard désolé son poignet coincé par la main du sino-coréen, mais elle avait commencé, elle comptait bien terminer, qu’il fût d’accord ou non. Il sembla se résigner à l’idée, et elle continua de passer le coton, nettoyant les bords de la plaie avec attention, ce n’était pas très beau mais il ne devrait pas garder de trace. « Les plaies au visage sont toujours impressionnantes, elles saignent plus qu’elles ne sont graves. » Heureusement dans leur cas.

« Une fois décongelés, ils sont toujours bons à manger. Ma tournée. » Dit-elle en souriant légèrement, mimant par-là ce qu’il lui avait dit un peu plus tôt. Elle prit un coton pour sécher le contour de la plaie, prenant garde qu’aucun débris ne s’y dépose avant de lui poser un pansement. Cela attirait l’attention sur l’arcade du sino-coréen mais au moins c’était propre et nettoyé. Haussant les épaules, elle reprit un coton pour s’occuper de la lèvre de Ming Wei. « Le côté bad boy ça plait parfois, alors une belle tête ou pas... » Tout était subjectif après tout. Se concentrant de nouveau sur sa tâche, elle nettoya simplement la lèvre du jeune homme, il n’aurait besoin de rien de plus. L’avantage de la bouche, c’était qu’elle cicatrisait plutôt vite. « On se connait en effet. » Reposant ensuite son coton pour prendre sa boisson caféinée, elle fut presque chagrinée de constater qu’elle n'était ni remarquable ni inoubliable, mais après tout c’était ce que l’on voulait d’elle. Il fallait qu’elle brille par sa réussite et son rang, pas par sa présence. « Ne t’excuse pas. Je ne suis pas de celles dont on se souvient et ce n’est pas plus mal comme ça. » Elle s’appuya au fond de son siège, croisant ses chevilles, elle balança doucement ses jambes comme le ferait une enfant. « Tu te souviens bien de où tu te trouves ? Quel jour on est ? Le nom du président ? » Elle doutait que le fait qu’il ne se souvint pas d’elle vienne d’un quelconque souci neurologique, mais une petite vérification ne pouvait pas faire de mal. Elle détailla le sino-coréen, remontant le sac de mandu lorsqu’elle remarqua qu’il le tînt trop bas. « J’ai presque eu du mal à te reconnaître aussi ceci dit. » Elle inclina doucement la tête. « Tu es loin d’être le même que dans les quelques souvenirs que j’ai. » Elle réfléchit un instant. « Je crois que la dernière fois qu’on s’est vu c’était à un mariage ou un évènement du genre. » Dana ne se posait plus vraiment de questions sur où on l'emmenait dans ces cas-là, elle n’avait que rarement le choix de décider de sa présence à tel ou tel évènement. « Tu as changé, Meng Ming Wei. » C’était dit sans venin, un simple constat, il devait le savoir aussi. Et elle reporta son attention sur son café.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Ven 9 Oct - 12:24
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Les gouttes restantes dégoulinant sur son visage lui faisaient du bien. Des picotements se faisaient ressentir mais ceux-ci restaient relativement légers. Habitué à voir sa peau virer vers des couleurs inquiétantes, que la chaire se déchirât sous les coups où à cause du contact avec une surface plus dure que prévue, Mingwei était devenu plus résistant aux douleurs. Entre les très nombreux entraînements dans divers arts martiaux ainsi que les combats auxquels il participait, les blessures superficielles étaient vite oubliées, et il était moins sensible face à des coups puissants. Pourtant, cela ne l’empêchait pas de surréagir lorsque l’envie se présentait. Après tout, Mingwei restait joueur avec un côté enfantin qui ne le quittait pas, preuve qu’il avait réellement laissé derrière lui toutes les règles interminables des Meng. Il s’était aspergé le visage d’eau au lieu de la boire (au moins, il s’était rafraîchi le visage) et avait feint une douleur insupportable lorsque le produit était entré en contact avec sa peau abîmée. Une petite diva avec son expression de chiot battu alors qu’au final il se laissait faire docilement. Le but n’avait pas été non plus de tout refuser. Au contraire, il était secrètement heureux qu’une personne ne soit pas trop effrayée par son comportement violent et s’était portée volontaire pour s’occuper de lui, inconnue ou non. Il pouvait comprendre cependant que personne n’avait osé l’approcher, après ce qu’il venait de faire vivre à l’autre homme. Il pouvait facilement devenir un monstre lorsqu’il entrait dans ces frénésies incontrôlables. « Est-ce que tu es en train de dire que mes blessures de guerre ne valent rien, Wang Dana ? Je suis choqué ! » Il secouait la tête, preuve de son faux mécontentement.

Il attrapa le sachet de mandu, le positionnant sur son visage pour limiter les dégâts. Ça lui faisait du bien, il ne pouvait le nier. Il ne put s’empêcher de rire devant la réponse de la demoiselle, alors que sa lèvre craquée lui faisait mal. « Mais le combo ultime reste quand même une belle tête en étant bad boy. » Il ne disait pas ça pour flirter avec la demoiselle. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas eu de relation avec une femme (et la dernière s'était arrêtée à se tenir la main) et il ne pensait pas qu’il en aurait de si tôt. De plus, Mingwei était loin d’avoir le comportement de bad boy d’habitude. Il était plus du genre mignon qui faisait des aegyo sans s’en rendre compte.
La conversation pris une tournure un peu plus sérieuse alors que le sino-coréen avoua connaître la personne, bien que sa mémoire semblait lui faire défaut. « Je suis à Tokyo, on est mercredi et le président s’appelle Michael B. Jordan. » Finalement, pas si sérieux que ça, alors qu’il accompagnait le tout d’un sourire narquois. Cependant, ce sourire trembla légèrement face aux souvenirs qui continuaient d’affluer dans la tête du cuisinier. Il revoyait les soirées mondaines auxquelles il n’avait pu échapper, lui coincé dans un costume bien trop cher pour son âge à devoir faire la conversation à des adultes comme s’il était aussi mature. Il repensait à toutes les fois où il se faisait taper sur les doigts car il avait été trop rapide ou brusque dans son geste ou parce qu’il n’avait pas souri à une personne importante. Plus il y pensait, plus il ne pouvait qu’être plus heureux de s’en être sorti. « Faux ! Meng Mingwei n’existe pas. Ce n’est qu’une hallucination que le gouvernement chinois nous fait croire. » Il détestait ce nom. Il n’était pas un Meng, il ne l’avait jamais réellement été. Peut-être pendant les cinq premières années de sa vie, mais dès le départ de sa mère, il n’avait été qu’un parasite parmi eux. « Choi Mingwei, par contre existe. Et tu l’as devant toi. » Ses doigts jouaient avec le sachet de mandu laissé sur la table, il n’était pas totalement à l’aise malgré ce qu’il essayait de faire croire avec son ton léger. « Tu sais quoi ? » Il se pencha pour rapprocher ses lèvres de l’oreille de la jeune femme. « Je crois que Meng mingwei était en fait un robot. » Il se recula aussitôt, forçant un rire peu joyeux. « Et si j’allais chauffer ces mandu et on discute en mangeant ? » Sans attendre de réponse, il se leva et retourna dans le commerce pour faire ce qu’il avait annoncé. Il y rajouta des bouteilles de soju en plus par la même occasion avant de revenir à table.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Sam 10 Oct - 23:14
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outfits. + Rigidité, rigueur, discipline. Elle était certaine que Ming Wei avait grandi dans les mêmes conditions qu’elle. Elle était prête à parier son anonymat que les choses qui la restreignaient et l’étranglaient étaient les mêmes que celles qu’il avait subies. Et pourtant, le jeune homme qu’elle avait devant lui était complètement différent que celui qu’elle avait dans son souvenir. Un dos droit avait laissé place à une posture légèrement avachie, un visage stoïque avait cédé place à un sourire parfois malicieux et parfois goguenard et un regard vide semblait à présent pétiller et laisser miroiter tout ce qu’il ressentait. Dana se remettait en question, donnait-elle la même impression que celle qu’elle avait gardé de Ming Wei ? S’il s’était souvenu d’elle, aurait-il eu des souvenirs similaires ? De froideur et de rigidité... C’était ce qu’elle était lors des évènements où ses parents l’emmenaient, elle n’aurait donc pas été surprise. Avoir quitté le foyer familial pour vivre sur le campus était libérateur pour elle, pas autant qu’elle ne l’aurait souhaité, mais elle respirait déjà un peu plus.

Elle enviait presque le sino-coréen de pouvoir se comporter avec cette légèreté apparente. Elle esquissa un léger sourire qu’elle adressa au jeune homme mais ne répondit rien. Bad boy avec une belle tête ou non, ce n’était pas son genre, bad boy ou pas, ce n’était toujours pas son genre d’ailleurs, mais il n’avait pas à savoir cela. Dans tous les cas, le coup que Ming Wei avait reçu sur la tête ne semblait pas l’avoir tant secoué que ça, le bagout dont il faisait preuve en était la preuve. Il perdit néanmoins de sa superbe lorsque Dana eut le malheur d'évoquer son nom, et c’est avec les yeux ronds et un air quelque peu surpris qu’elle le regarda. Choi Ming Wei... Le nom de sa mère sans doute ? Elle savait qu’ils étaient sino-coréens tous les deux, c’était probablement ce détail qui lui avait permis d’aussi bien se souvenir de lui. Elle avait du mal à comprendre où il voulait en venir. N’ayant pas la possibilité de lui répondre, elle le regarda retourner dans le magasin, ce qui lui laissa le temps de cogiter à cet échange qu’elle estimait troublant. Lorsqu’il revint, elle débarrassa la table de ce qu’elle avait utilisé pour soigner Ming Wei, et ne put qu’apprécier la présence des bouteilles de soju. « Après un coup sur la tête, je ne recommanderais pas vraiment de boire, mais tu m’as l’air parfaitement en forme et lucide... » Dit-elle non sans ironie. Il allait bien, si ce n’étaient les quelques bleus et plaies qui finiraient par s’estomper. Dana posa son coude sur la table avant d’appuyer son menton dans le creux de sa main. De l’autre, elle prit les baguettes que lui tendit le jeune homme. « Et donc, Ming Wei le robot s’est transformé en vrai petit garçon ? » Le comparait-elle à Pinocchio ? Plus ou moins. Après tout, lorsqu’ils étaient en représentation auprès de leurs parents, ils étaient nombreux à se mentir à eux-mêmes et à mentir aux autres. « Ta marraine la Bonne-Fée continue de faire des transformations ? » Les habitudes ayant la vie dure, Dana ne s’autorisa à prendre un mandu que lorsque Ming Wei se servit en premier, et c’est avec une certaine élégance qu’elle le mangea, ne reprenant la parole qu’une fois sa bouchée avalée. « Merci pour les mandu. Et le café. » Qu’elle n’avait toujours pas fini d’ailleurs. Elle posa ses baguettes et leur servit un verre de soju, d’abord le sino-coréen puis son propre verre. Là encore, elle ne but que lorsqu’il en fît de même après avoir trinqué. « Et donc, pour rajouter à la blague, tu es à la Yonsei et c’est au hasard des rues que je te rencontre plutôt que sur le campus ? » Elle avait un sourcil légèrement haussé, amusée par la tournure étrange que pouvait parfois prendre les choses. « Tu as l’air... En forme. » Dit-elle avec diplomatie, et toujours cette pointe d’envie.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Mar 13 Oct - 22:30
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Laisser la demoiselle le soigner avait comme un effet satisfaisant. Mingwei était faible devant toute personne qui lui montrait de l’attention et même si c’était bien souvent une habitude qui lui avait apportée plus de peine que de bien, il ne pouvait s’empêcher de rester naïf. S’il s’écoutait, il prétendrait d’être blessé au bras pour qu’elle continue de le soigner. Seulement, il pouvait déjà entendre cette petite voix dans sa tête qui lui disait de rester calme. De ne pas l’effrayer. Il n’était pas intéressé de toute façon, il ne cherchait pas à flirter avec la demoiselle. Depuis sa dernière rupture il s’était donné un temps avant de se remettre sérieusement avec quelqu’un, pour se préparer à accepter de ne jamais pouvoir aimer autant ce futur partenaire comme il aimait son meilleur ami. Il partait donc sur des absurdités, proposant à lui-même de continuer la conversation avec un peu d’alcool. Sûrement qu’ils en avaient besoin tous les deux, ou c’était juste lui. Cependant, il ne pouvait dire non à une petite bouteille verte bien fraîche.

Partit pour aussi rapidement revenir, les mandu réchauffés dans une main et les bouteilles dans l’autre, il plaça le tout sur la table qui était débarrassée par la demoiselle. « L’alcool soigne non ? Du coup rien ne m’empêche de boire quand je suis blessé. » Répondit-il avec un sourire narquois. Il tendit une paire de baguette à Dana avant de séparer les siennes et d’entamer leur repas de fortune. Quelques années plus tôt, on lui aurait fait la remarque de ne pas faire de bruit en mangeant, de ne pas parler. Seulement, il n’était pas coincé dans le passé et rigolait fortement malgré la nourriture encore dans sa bouche (il avait quand même eu la décence de placer rapidement sa main devant). « Mingwei le robot ? Ah ! Je crois que tu confonds avec Pinocchio » Il était vrai que leurs histoires pouvaient, d’une certaine façon se ressembler. « T’es sûre que c’est moi qui suis blessé à la tête ? Ecoute-toi avec tous tes Disney là. » Les contes de fées n’étaient pas la réalité et le sino-coréen avait fait preuve de courage pour couper tous liens avec son ancienne famille. Il était parti seul dans un pays qu’il connaissait que des histoires que lui racontait sa mère, ne sachant même pas s’il serait accepté par cette dernière.

Il répondit à ses remerciements par un léger hochement de la tête, alors qu’il prenait de nouveau un mandu. « Hésite pas à te servir, moi j’ai fini. » Dès le départ il voulait partager, mais savait qu’il ne pourrait pas en manger beaucoup. Les mandu au micro-ondes n’avaient jamais été sa nourriture favorite et il avait déjà mangé après son service. Il prit son gobelet en carton, avec déjà le soju servi. « Au robots, qu’ils vivent en paix. » Dit-il pour trinquer avant de boire tout le contenu, non sans une grimace. Il n’attendit pas plus longtemps et resservit la jeune femme avant de se resservir. « Qui t’a dit que j’étais à Yonsei ? » Il relança son sourire moqueur. « Si ça se trouve je suis cuisinier dans un tout petit restaurant. » Il avait continué ses études simplement car il n’avait pas réussi à totalement se débarrasser de l’ombre de son père, mais si ça ne tenait qu’à lui, il serait déjà dans sa propre cuisine.
Il finit de nouveau son verre. « Mais ça n’aurait pas été drôle de se croiser sur le campus non ? » Il lança un clin d’œil. « Là au moins tu peux voir à quel point je suis en forme, je viens quand même de faire fuir un agresseur ! » Pourtant, l’expression qu’il avait sur son visage au moment où il avait parlé contredisait tout. Il ressemblait toujours à ce chiot perdu qui aurait fui la queue entre les jambes. Seulement, il se montra plus sérieux (pour une fois). « Et toi ? Toujours coincée dans ta tour ? » Il poussa le socle plastique avec la nourriture dessus. « Mange comme tu veux, t’es pas en Chine ici, tu dois impressionner personne ici. » Et il voulait dire par là qu’ils n’étaient que tous les deux sur cette table, devant un commerce, sans personne pour les juger, ni de faux-semblants.

« Et si on jouait ? » Il resservit de nouveau les verres. « On peut chacun notre tour poser des questions et on boit si on ne veut pas répondre. Je commence. » Il ne laissa même pas le temps à Dana de répondre. « Qu’est-ce que tu fais ici à part étudier ? »
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Mer 14 Oct - 17:39
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outfits. + Des têtes de mules qui refusaient de se soigner, Dana en avait vu passer lors de ses gardes. C’était souvent des personnes âgées qui n’avaient pas confiance dans le corps médical, des ivrognes qui n’avaient plus conscience de rien ou des petits malins comme Ming Wei. L’étudiante en médecine, lorsqu’elle était à l’hôpital, se battait avec ces personnes pour les soigner les convaincre qu’ils pouvaient et devaient les laisser faire, sans crainte. Mais avec le sino-coréen, elle n’avait pas envie de lutter, elle avait fini sa garde ce jour-là. Elle n’empêcherait pas Ming Wei de boire et elle ne s’empêcherait pas non plus. Elle essayait de ne pas s’appesantir trop longtemps sur la situation, elle finirait par s’en vouloir et se dire qu’elle serait un médecin médiocre.

« Ming Wei le Robot, Pinocchio, vous êtes tous les deux devenus de vrais petits garçons non ? » Elle aimait peut-être un peu trop les Disney (c’était vrai), mais la comparaison l’amusait et elle la trouvait plutôt juste. Le sino-coréen ressemblait plus à un enfant qui avait mangé trop de sucreries et était trop énervé à cause du taux de glucose dans son sang. Grignotant les mandus réchauffés, Dana essayait de comprendre ce que le jeune homme faisait là et surtout ce qui expliquait qu’il ait autant changé. « On a quasiment le même âge et la Yonsei est juste à côté. J’ai tenté. » Elle eut un léger rire. « Le Ming Wei que j’ai devant moi pourrait être n’importe quoi, je me dis que ce ne serait pas insensé. » Etudiant ou à bosser dans un petit restaurant, c’était une toute autre personne, alors elle s’attendait à tout et rien à la fois. Finissant son premier verre, elle se resservi du soju et en fît de même pour le sino-coréen, gardant ses habitudes de jeune fille bien élevée. Elle le regarda d’un œil quelque peu circonspect, « en bonne forme » n’était pas l’expression qu’elle aurait utilisée pour parler de lui. D’ailleurs, n’ajoutant rien, elle se contenta de tendre la main et appuya son index sur l’hématome sur le visage de Ming Wei. Le voyant grimacer, le regard de la jeune femme se fît moqueur avant qu’elle ne reprenne ses baguettes pour manger un autre mandu, c’était son premier repas du jour, si l’on pouvait appeler cela un repas. Avoir la bouche pleine lui permit d’esquiver la question qu’il lui posa, et pour garder encore un peu plus le silence, elle descendit son verre d’une traite.

Aussitôt, il la resservit, Dana le regarda en haussant un sourcil, pas vraiment impressionnée par le jeu qu’il proposait. Si elle avait de quoi éponger, elle pouvait passer quelques questions sans trop de dégâts. « Je travaille à l’hôpital, je sors d’une garde en fait. » Fût sa première réponse, esquivant le fait de devoir boire et de parler d’autre chose que ses études. « Comment ça se fait que tu ais l’habitude de te retrouver dans cet état ? » D’un geste du menton, elle désigna ses blessures, lui rappelant ce qu’il lui avait dit un peu plus tôt alors qu’elle avait eu à insister pour pouvoir le soigner. Si les Meng apparaissaient comme une famille stricte et rigoureuse, elle avait du mal à se dire que le jeune homme avait pris l’habitude de recevoir des coups à leurs côtés. Voyant l’expression de Ming Wei, un sourire étira les lèvres de Dana, le jeu s’annonçait intéressant, il avait eu une bonne idée. « J’ai comme l’impression qu’on va vite être à court d’alcool. » Elle se leva, s’assurant qu’elle avait bien son portefeuille avec elle. « Je reviens. » Elle lui offrait quelques minutes, elle entra de nouveau dans le petit commerce pour ressortir avec une bouteille de bière et surtout deux paquets de différents crackers pour accompagner le tout. Elle les posa sur la table avant de se rasseoir. Elle ouvrit un paquet et prit un premier biscuit tout en fixant Ming Wei. « Du coup tu bois ou tu réponds Rocky ? » Et elle mangea son biscuit, attendant la prochaine question du sino-coréen, partagée entre l’amusement du jeu et l’angoisse des réponses qu’elle ne pourrait donner. Dana se promit d’être prudente et de faire attention à ce qu’elle pouvait, ou non, révéler.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | 
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