Il se concentrait comme il pouvait, essayant de coordonner ses mouvements, mettre un pied devant l’autre, rester debout. Seulement tout ça était beaucoup trop compliqué lorsque tout ses réflexes étaient ralentis par l’alcool. Dos au sol, il avait même réussi à entraîner la jeune femme dans sa chute. Contrairement à celle-ci, il n’était aucunement gêné (comme à son habitude), car il était parti trop loin dans son monde pour prendre en compte les passants autour d’eux.
Une fois tous les deux sur leur deux pieds, ils essayèrent d’arrêter un taxi, ce qui leur prirent un certain temps à cause de l’heure qu’il était et l’endroit où ils se trouvaient. Mingwei continuait sans scrupule de taquiner la demoiselle. Pour lui, il était évident qu’il ne se voyait pas dormir avec la demoiselle au sens de partager des plaisirs charnels, mais ce n’était pas forcément évident pour tout le monde. Finalement, ils s’assirent dans une de ces voitures oranges et le sino-coréen fut sauvé par Dana alors qu’il n’arrivait pas à donner clairement l’adresse où il souhaitait se rendre.

Le silence n’était pas le fort du cuisinier, surtout lorsque celui-ci était dans un état d’ivresse plus ou moins avancée. Alors, repensant à ce que disait la jeune femme avant qu’ils ne montent dans le taxi, il n’avait pas pu s’empêcher de faire une remarque au chauffeur. Néanmoins, tout le monde n’était pas Qin Tian et tout le monde ne le suivait pas dans son humour special, qui ne montrait même pas une once de honte. Alors il sursauta, avant de poser sa main contre son bras maintenant endoloris. « Wang Dana !! » Sa voix avait pris quelques octaves au dessus alors qu’il était choqué du geste de l’étudiante. « Ça fait mal. » Finit-il par marmonner en faisant la moue. « Puis c’est pas grave, il nous reverra jamais monsieur le chauffeur ! » Mingwei n’avait simplement plus conscience que, alors qu’il était sorti de son monde de paillettes qui l’enchaînait, ce n’était pas le cas de Dana qui vivait encore avec des règles strictes.

Il était ivre, mais laissa rapidement tomber le sujet alors qu’il le changea pour parler de son colocataire. Ce n’était pas qu’il ne l’aimait pas mais ce Chae Jaehwan n’arrêtait de se montrer froid envers le sino-coréen pour aucune raison. Enfin, il y avait bien une raison et cette dernière était que Mingwei passait trop de temps au téléphone avec sa chère mère. L’étudiant fit la moue et se laissa glisser sur le siège de la voiture alors qu’il rencontrait un refus. « Tant pis pour toi, en plus je ne bouge jamais en dormant. » Dit-il comme si c’était là sa plus grande fierté. C’était pourtant vrai, il bougeait beaucoup le temps de trouver la bonne position puis, dès qu’il s’endormait, il ressemblait plus à un corps sans vie qu’un homme paisiblement endormi. « Mais j’habite avec Tiantian, mais Tian tian est dans le dortoir des sango. » Il ne se doutait pas un seul instant qu’il pouvait perdre son interlocutrice en parlant de choses dont seul lui-même en détenait toutes les clefs. Puis, il eut un déclic, comme un instant de lucidité. Il se redressa brusquement. « Ah ! Tiantian c’est le bébé que j’ai adopté avec Qin Tian. C’est un requin ! » Il avait un grand sourire sur les lèvres et sortit son téléphone avant de le ranger, ne voulant pas reproduire la catastrophe plus tôt. A la place il prit le téléphone de la jeune femme et y entra son numéro qu’il connaissait (étrangement) par cœur. « Il ne peut rien m’arriver, je suis trop fort pour ce monde. »  Il était en train de s’endormir déjà et ça s’entendait dans sa voix.

Finalement, il rouvrit les yeux, ils étaient devant son dortoir. Il se fit aider pour sortir du taxi jusqu’à la porte d’entrée. « Merci à toi, belle demoiselle. » Il s’appuya sur la porte afin de s’assurer de ne pas tomber alors qu’il tendit la main pour attraper le sac qu’elle lui confiait. « Oui madame la docteure. » Il tira la langue mi-amusé, mi-fatigué. « Je ne me bats plus, ce soir était une erreur. » Son ton était étrangement et soudainement sérieux. Il lança un dernier regard à la demoiselle, lui fit signe de la main pour lui dire au revoir. Il manqua de se prendre le sac plastique sur le crâne avant de disparaître à l’intérieur, direction son lit.