Lily ne baisse pas les yeux quand le policier lui indique méchamment qu’il a appelé sa famille. Bien sûr, la jeune fille sait que ce sera son frère qui sera obligé de se déplacer vu que ses parents sont à l’autre bout du pays. Elle recevra sûrement un appel de sa mère dans la soirée ou demain matin pour lui passer un savon, mais celui qui se déplacera pour venir la récupérer au commissariat, c’est Théo. Quelque part, elle s’en veut le faire se déplacer pour si peu, parce qu’elle s'est faite arrêter pour une raison si grotesque que celle-ci. Lily considère qu’elle n’a rien fait de mal et qu’elle n’a aucune raison d’être gardée dans cette cellule. Les manifestations civiles sont un droit, les manifestations civiles concernant l’environnement devraient être un devoir. Peu importe que la police pense que ce soit un délit de s’allonger au milieu d’une rue, avec une centaine d’autres personnes, recouverte de peinture rouge à hurler que le gouvernement est un assassin, l’étudiante ne se pense pas en tort. Et elle n’a pas fini de le vocaliser. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a été embarquée il y a quelques heures, la plus revendicatrice des manifestants, puis fermée dans cette cellule dont la propreté laisse très clairement à désirer. Puis c’est aussi pour cela qu’ils ont choisi de la sortir de sa cellule à peine une heure plus tard pour appeler sa famille. Lily était pourtant convaincue qu’elle allait passer la nuit sur ce banc froid avec ces toilettes de fortune, à croire que sa voix douce d’enchanteresse n’a pas plu aux inspecteurs. Tellement dommage. Raison de plus pour continuer de défendre bec et ongles son point de vue. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Lily reste calme depuis le début, elle n’a pas peur des répercussions, que feront-ils à une jeune étudiante qui ne fait que parler non-stop pour leur prouver par a+b qu’ils ont tort alors qu’elle, elle a raison ? Rien, ce n’est pas une criminelle après tout. Puis entre nous, elle a toujours raison quand on parle d’environnement, les autres ne sont que des idiots, point final. Assise sur cette chaise inconfortable, elle ne tient pas en place et elle continue de confronter le policier qui ne fait pourtant que son travail. « Et donc, vous préférez protéger des politiques qui assassinent l’environnement plutôt que des citoyens qui agissent pour le bien commun ? Je ne fais que vouloir sauver l'humanité et vous, vous choisissez d’aider ceux qui veulent la détruire ? Bravo la police. D’ailleurs, où est la police de l’environnement ? C’est à eux que je veux parler, avec un peu de chance, ils comprendront, eux. ». L’homme soupire une énième fois en la regardant d’un air désintéressé, c’est le même discours depuis qu’ils l’ont mis dans la voiture, il ne semble même plus être atteint par ses propos. Pourtant, Lily continue ainsi de longues minutes juste pour agacer le policier jusqu’à ce qu’elle aperçoive une silhouette familière qui s’approche d’eux. Son frère, enfin. Elle aurait presque commencé à s’ennuyer. « Ah Théo ! Te voilà enfin. Dis-leur toi qu’ils ont tort ! Ils ne comprennent rien. » elle râle légèrement, mais au fond, elle est soulagée de voir son frère débarquer, elle dormira quand même mieux au dortoir qu’en cellule.

en voyant le numéro qui s'affiche sur l'écran de mon téléphone, je m'étonne moi-même. depuis que lily murmure à l'oreille des arbres, ses passages au commissariat sont hebdomadaires. pour autant, je n'ai pas encore pris la peine d'enregistrer les téléphones de chaque poste de police dans mes contacts. elle a de la chance que son grand-frère ne filtre pas les appels inconnus ou en privé. je ne serais pas contre de la sanctionner, de lui offrir une petite punition mais si je ne déboule pas dans la demi-heure qui suit, je suis convaincu qu'elle finira en garde à vue pour les jours qui suivent. mes parents m'en voudront et même s'ils sont loin de nous ces derniers mois, je n'ose pas provoquer le volcan qu'est ma mère. majestueuse de près comme de loin, elle bouillonne dés qu'on l'énerve. moi qui tends à apprendre à jouer d'un instrument, mes tympans souffrent déjà. je vais donc éviter d'en rajouter une couche. ainsi, je finis par récupérer une veste chaude avant de quitter la chambre du dortoir. durant le trajet, je me pose une multitude de questions et soupire. je ne sais pas si nos origines françaises font de nous de véritables révolutionnaires. d'un côté, je suis plutôt fier de la voir avec un tel tempérament. d'un autre côté, je m'inquiète. lily serait-elle capable de se mettre dans des situations encore plus compliquées ? si elle trouble l'ordre public avec gentillesse, j'imagine qu'à force de récidiver, les policiers la traîneront en justice ou que sais-je. de toute façon, je ne suis pas certain d'être le mieux placé en terme de conseils. je pointe trop souvent les problèmes de la société et quelques personnes n'apprécient guère mon point de vue. j'imagine que ça pourrait finir par déraper un jour. les gens sont stupides, fous et cons. je voudrais juste éviter que lily croise la route de ces personnes précédemment citées. mais elle est tellement têtue comme une bourrique ! comment pourrais-je me faire entendre ? si à l'époque, je parvenais à lui faire du chantage, j'ai plus les mêmes armes ce jour. quand nous étions petits, j'arrivais à satisfaire mes attentes contre une partie de poupées avec elle. un secret que la sango a intérêt de garder si elle ne souhaite pas finir écrabouillée comme ses amis les arbres. un sourire amusé prend possession de mes lèvres tandis que je franchis la porte d'entrée du commissariat. il ne me faut pas bien longtemps pour entendre la voix de ma petite soeur adorée. je lève les yeux au ciel avant que ça soit à son tour de me remarquer. je l'ignore dans un premier temps pour saluer les policiers qui affichent une bonne tête de blasée. je m'approche de celui derrière le comptoir et récupère le stylo pour signer. je me tourne ensuite vers lily : " oui. bah tu me raconteras ça sur le chemin, tu veux bien ? " je me dirige vers elle, avec un sourire moqueur. puis, je pose ma main sur le haut de son crâne, histoire de l'agacer à mon tour. " je te jure. je ne compte même plus le nombre d'autographes que j'ai pu leur faire avec tes bêtises. " je lui fais signe de déguerpir tout en prenant le chemin de la sortie. " tu as fait quoi cette fois-ci ? "

Ce n’est pas qu’elle a toujours raison, mais de tout de même, cela arrive bien souvent. Et combien même, Lily a tort, il est hors de question pour elle de s’avouer vaincu si vite. Puis, elle refuse de se plier à une règle ou même à une loi qui n’a aucune justification. En participant à cette manifestation, elle n’a rien fait de mal, Lily n’a blessé personne et elle n’a rien dégradé. Pourtant lorsqu’on l’arrête, on lui rabâche un trouble à l’ordre publique. Il n’y a aucune logique et Lily a besoin d’une logique. Elle acceptera d’avoir été interpelée le moment où on lui expliquera clairement et avec un raisonnement implacable, pourquoi elle mérite cette arrestation. Ce n’est pas la première fois qu’elle atterrie au commissariat, elle sait qu’ils ne la garderont pas éternellement pour un motif aussi futile alors elle en profite pour pousser les policiers dans leurs retranchements dans l’espoir de leur faire avouer qu’ils sont en tort dans cette histoire et non l’inverse. À force de les agacer, peut-être finiront-t-ils par s’avouer perdants. Ou par le traîner en justice, mais ça, elle ne préfère pas y penser, se disant qu’ils n’oseront pas faire cela à une jeune étudiante à peine majeure qui ne fait qu’ouvrir un peu trop sa grande bouche. Enfin, elle espère très sincèrement qu’ils n’oseront pas. Elle espère, qu’à défaut d’avoir une conscience écologique, ils ont tout de même un peu de jugeote. Poussant toujours plus à bout le policier en face d’elle, Lily commence à fatiguer de faire la conversation toute seule. Un débat est toujours plus intéressant à deux, et l’homme semble avoir abandonné l’idée de défendre son point de vue contre elle. Heureusement, le policier se retrouve sauvé de ce monologue sans fin alors que Théo pointe le bout de son nez dans le commissariat. La jeune femme l’interpelle, contente de le voir, mais insatisfaite de devoir en rester là, elle lui demande son soutien. Très certainement qu’elle ne l’aura pas, son frère ne voudra pas se mêler à cela. Lily grimace quand il l’ignore pour saluer les policiers, à croire qu’elle a fait quelque chose de mal. Elle le suit des yeux, le regardant signer puis s’approcher d’elle. À la réponse de Théo, ses sourcils se froncent avant qu’une petite moue se dessine sur ses lèvres alors que la main de son frère se pose sur son crâne. « Mais ce n’est pas ma faute ! J’agis pour le bien commun mais pas ma faute s’ils sont trop idiots pour le comprendre. » elle répond d’une voix calme, comme si elle ne venait pas d’insulter ouvertement les policiers non loin d’elle. Puis Lily se décide d’obéir à son frère se dirigeant vers la sortie, avant qu’un des policiers lui tombent sur le dos à la suite de ses mots tranchants. Un dernier regard hautain vers eux, elle se file dehors. Elle marche quelques mètres avant de se tourner vers Théo. « Je n’ai rien fait, rien. Il y avait une manifestation pour le climat, on s’est juste allongé par terre. » elle dit en roulant les yeux.  « D’où s’allonger par terre devant la préfecture c’est un crime ? Ils ont peur de quoi ? Qu’on empêche leurs voitures polluantes de passer ? »< Lily bougonne. C’est quelque chose qui l’agace plus que de raison, cette censure de l’option publique la met hors d’elle et elle ne trouve pas de bonne raison d’accepter cette censure sans un mot.

dans notre famille, nous avons tendance à l'ouvrir sur les problèmes de la société. nous défendons les droits des opprimés, l'humanité et nous condamnons un maximum l'injustice. nous formons presque une famille de super héros. cependant, lily et moi sommes différents sur un point : notre méthodologie. je ne peux pas en vouloir à ma petite soeur de vouloir lutter contre des causes qui me paraissent nobles. si personne s'en inquiète, nous serons certainement perdus d'ici quelques années mais je ne voudrais pas non plus qu'elle se mette en danger. ainsi, je suis partagé entre mon admiration et l'agacement. moi-même, je sème le trouble sur internet avec des vidéos qui révèlent la vérité sur certains aspects de la société. elles dérangent, je le sais au nombre de commentaires haineux que je prenais bêtement la peine de lire lors de la création de ma chaîne. je peux comprendre la dévotion de lily pour ses mœurs et ses croyances, mais elle reste une récidiviste. bien sûr, elle n'a tué personne mais dans ce pays, combien d'affaires minimes ont été condamnés à grande échelle ? bien sûr, c'est étrange pour moi de tenir un tel discours quand on aperçoit à quel point mon optimisme est sans limite. c'est juste que je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur pour elle et le pire, c'est qu'elle continue à être désinvolte quand je suis là. le policier ne se fait pas prier pour réagir à sa remarque. de mon côté, je m'approche de ma cadette et pose mes mains sur ses épaules pour l'inviter à quitter le commissariat une bonne fois pour toutes. une fois dehors, je lui demande ce qu'elle a bien pu faire. je me retiens de lever les yeux au ciel, une nouvelle fois. " je sais bien que tu fais ton maximum pour que les choses changent. je n'en doute pas une seule seconde. " mais de là à l'encourager ? je ne savais pas trop comment rebondir. " j'imagine que bloquer une grande avenue constitue un trouble à l'ordre public... elle était légale votre manifestation ? " je n'avais pas envie de prendre le parti des policiers. " et il n'y a rien eu d'autres ? tu me dis tout ? parce que je ne suis pas certain qu'ils aient arrêté tous tes comparses... " j'imagine que lily est assez douée pour fuir quand il le faut... ou pas.

Cela fait des années que Lily lutte pour la cause environnementale, mais ses actions dites actives se sont intensifiées depuis qu’elle est entrée à l’université. Il y a deux raisons à cela. La première c’est qu’il est tout de même bien plus simple de s’engager activement et de manifester lorsqu’on est dans la capitale du pays. La seconde c’est que Lily est enfin majeure depuis quelques mois maintenant donc la liberté qu’elle peut avoir sur ses actes à doubler voire tripler. Quelque temps auparavant, elle aurait sans doute écouté ses parents et son frère s’ils lui demandaient de cesser ces débordements divers pour sa propre sécurité. Aujourd’hui, elle est responsable pour elle-même alors plus rien ne la retient, si ce n’est de temps en temps la culpabilité d’inquiéter sa famille, et surtout Théo qui ramasse se retrouve à devoir la sortir de situations de plus en plus embêtantes. C’est bien la seule chose qui l’inquiète à l’heure actuelle, Lily ne pense pas à la police et à ses courts séjours avec les policiers, ni même à un possible casier judiciaire qu’elle pourrait construire à force. Non, elle pense juste à combien elle peut inquiéter et embêter son frère. La cadette lui dirait bien de ne pas s’occuper d’elle, de ne pas s’en faire pour elle mais elle sait que cela ne servirait à rien. L’étudiante ne voit pas d’autre option que de continuer de défendre ses valeurs et ses idées, tout en rassurant son aîné. Celui-ci la pousse d’ailleurs doucement à l’extérieur du commissariat avant qu’elle envenime encore plus son cas. Elle s’attend à des remontrances de la part de son frère, mais comme d’habitude, elles ne viennent pas. Théo se contente de lui demander plus de détails sur la situation, et elle le remercie intérieurement pour cela, Lily se fera suffisamment crier dessus par leur mère. « Oui, c'est tout ! Pour qui tu me prends ? » elle retorque automatiquement en souriant, avant de donner un léger coup de coude à son grand frère. Puis elle réfléchit réellement à ce qu’elle a fait durant la manifestation, à comment celle-ci s’est déroulée. La jeune femme fronce les sourcils, signe qu’elle y pense sincèrement. « Bon, je crois que le groupe en tête de la manif a insulté les policiers… Mais prooooomis, je n’en faisais pas partie ! » elle dit prudemment en levant des yeux de chien battu vers le plus vieux. De toute façon, elle n’est pas assez folle pour faire cela devant des hommes armés, même s’ils ne sont armés que de bombes lacrymos. Lily est audacieuse, pas idiote, ni même suicidaire. « Franchement le pire que j'ai fait, c'est m'allonger par terre. » elle confirme d’une voix sûre avant de réaliser que c’est qu’une demi-vérité. « Et renverser du fumier sur une voiture de flic… » elle continue dans un murmure, le visage complètement détourné de celui de Théo. Puis elle reprend son sourire et son air espiègle. « Mais t’imagines bien, que j’ai fait en sorte de faire ça dans l’angle mort des caméras. » elle ricane dans un dernier regard vers son frère, avant de se mettre en route pour le dortoir d’un pas léger.

laisser l'opportunité à lily de s'exprimer ne fait pas partie de mes meilleures idées. la jeune femme serait peut-être capable de me mentir pour alléger sa future punition. je suis seulement son grand-frère mais en attendant, je passe mon temps à aller au commissariat pour éviter qu'elle passe toute sa nuit en cellule. la demoiselle a intérêt d'être honnête si elle ne souhaite pas que je lui tourne le dos. certes, ce n'est pas dans mes objectifs. après tout, si je ne suis pas celui qui la sort de ce pétrin, d'autres personnes le feront et j'ai bien peur de découvrir leurs identités. ma soeur n'est pas naïve mais je me demande si elle s'impose des limites concernant ses manifestations. ainsi, quand la jeune femme semble me narguer avec sa réponse, je lâche un soupir de frustration. je doute sincèrement que les policiers l'auraient interpellé pour si peu. je ne sais pas si je devrais être déçu vis-à-vis de son comportement ou ce jeu d'actrice aussi naze. je me contente de la juger du regard quand lily réfléchit à la tournure des événements. je n'approuve pas vraiment l'idée d'insulter des policiers, pas certain que ça change l'ordre des choses. " oui et promis, tu n'en feras jamais partie non plus ? " un sourire en coin se dessine sur mes lèvres pour la taquiner tandis qu'elle continue de raconter sa manifestation. rien de nouveau sous les tropiques jusqu'au moment où elle décide de passer aux aveus. l'image me dégoute sérieusement. " lily.... " la sango se met en route vers le dortoir. je lève les yeux au ciel. elle m'agace.. elle est tellement fière d'elle. une part de moi meurt d'envie de rigoler, l'autre un peu moins. j'ai envie qu'elle redescende un peu sur terre, cette petite rebelle. " maman sera ravie d'apprendre que tu n'as pas peur de mettre les mains dans la merde. " puis, j'accélère le pas pour la rejoindre, espérant que mes mots la fassent trembler bien que j'en doute sérieusement. " je suis quand même surpris de voir que tu as autant de force dans les bras..  tu comptes participer à une autre manifestation prochainement ? "

L’idée de faire une promesse en l’air ne lui plait pas réellement. Même si elle aimerait pouvoir le faire, rien que pour pouvoir faire plaisir à son frère, malheureusement ce serait lui mentir. Et ce n’est pas dans son caractère de le faire. Lily sait pertinemment que ces agissements ne font pas le bonheur de son frère, ni même du reste de la famille, qui ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour elle. Mais l’étudiante sait aussi que c’est dans ses gênes d’essayer d’améliorer le monde et de se bouger pour le faire, elle n’a juste pas les mêmes méthodes que ses deux aînés. Théo préfère utiliser les médias pour faire passer ses messages alors que Lily est une femme de terrain, prête à descendre dans les rues pour hurler ses idées. Et bien plus encore. L’unique raison pour laquelle elle ne se dévoue pas corps et âme de façon encore plus importante est l’inquiétude de sa famille. Et elle a une façon bien à elle de les rassurer, en particulier son frère. Celui-ci n’a pas l’air plus ravie que cela d’entendre qu’elle n’a pas fait pire que quelques signes de protestation, et peut-être de dégradations légères. Pourtant, elle fait abstraction de l’agacement apparent de son grand frère pour se remettre en route vers le dortoir sango, où elle squatte beaucoup ces derniers temps. La seule chose qui la fait grincer des dents quelques secondes et stoppe ses pas est la mention de leur mère, qui risque très fortement de lui mettre un coup de pied au cul si elle apprend ce à quoi Lily passe ses samedi matins. « Pas Maman… S’il te plait, Théooooooooooo. » elle râle avant de se pincer les lèvres dans une grimace. Elle doute très sincèrement que son frère lui fasse un coup pareil, après tout c’est lui qui est censé veiller sur elle, il risquerait de se faire autant gronder que Lily au final. Ainsi la peur de se faire réprimander par sa mère la quitte bien vite, et elle reprend sa route. Théo la rejoint avant de la questionner sur ses plans futurs de défenseuse de l’environnement. La jeune étudiante ne retient pas un rire. « Oula, non. Je fais une pause. Ils m’ont épuisé les autres idiots au poste. Faudrait que je prépare mieux ma défense pour la prochaine fois. Ils ne comprennent rien. » elle roule des yeux, avant de s’étirer tel un chat, comme si cette petite heure au commissariat l’avait physiquement fatiguée, ou bien est-ce le fait de parler toute seule et d’argumenter dans le vide ? « Tu ne voudrais pas m’aider ? La vulgarisation, rendre un message simple encore plus simple, tu ne sais pas faire ça toi ? » elle demande en tournant la tête vers son frère avec des yeux brillants. Ce n’est pas qu’elle pense que sa façon de communiquer est trop difficile pour des idiots pareils, mais quand même un peu. Compliqué de penser autrement quand elle a eu l’impression de parler à des murs pendant une bonne heure, sans un seul signe de compassion ou même de compréhension de la part des policiers.

Etre un grand frère a son lot de responsabilités. Avec le temps, Théo pense pouvoir être libéré des serments de leur mère. Certes, il reste une figure d'autorité mais Lily est désormais majeure. Elle suit ses propres choix, ses propres moeurs, ce qui crée une situation aussi délicate, ce soir. A l'entendre des plaintes de sa soeur, il a l'impression de vivre une expérience passée, des années plus tôt, quand ils étaient encore enfants. Et comme à l'époque, le jeune homme rebondit sur ses propos avec un sourire en coin. " Je n'ai pas entendu. Répète ? " C'est sa façon pour lui de détendre l'atmosphère. Au pire, elle va bien et c'est le principal, non ? En espérant que cela continue ainsi et que la roue ne va pas tourner au détriment de la santé de sa soeur. Si une manifestation se dégrade au fil des heures, qui sera la pour protéger l'une de ses cadettes ? Il se doute qu'elle a conscience de ces actes et comment lui en vouloir au fond ? Le français se trouve bien contradictoire, perdu entre fierté et angoisse. Théo lui demande quels sont ses projets, histoire de se préparer mentalement à la suite. A tous les coups, ce n'est pas la dernière fois qu'on le réveillera en plein milieu de la nuit. " Hm, et je suis censé traduire quel message ? Tu pourrais aussi faire le joli coeur, je suis sûr qu'il serait sensible à tes charmes. " Malheureusement pour elle, Lily doit être désormais connue des services. Son petit numéro ne passera jamais. Et puis, quel grand frère donne t-il de tels conseils ? Il se retient de rire. " Je n'ai pas suivi des cours de droit. Je suis déjà en double cursus, c'est déjà assez crevant comme ça. " Entre sociologie et arts du spectacle, il ne sait plus où donner de la tête. " Mais pour le moment, tu prends une pause. Donc on en reparlera plus tard, tu veux ? J'ai bien envie de me faire masser les pieds en revenant... C'est ce que cette marche nocturne fait mal à mes articulations, tu comprends. " Abuse t-il ? Fortement.  

Utiliser la menace de leur mère, c'est la menace suprême et c'est terriblement bas de la part de Théo. « Tsssssss. » elle marmotte, croisant les bras sur sa poitrine, comme une enfant à qui on vient de refuser un chocolat. Lily continue de marcher vers le dortoir, l’air boudeur, se disant que si leur mère met le nez dans cette histoire, elle ne s’en sortira pas si facilement. Mais elle doute aussi du fait que Théo ose la dénoncer ainsi, alors elle ne peut s’empêcher d’enfoncer un peu plus le clou encore demandant à son frère de devenir en quelque sorte son interprète. « Hmmm. De un, qu’on fait faire des manifestations pour le bien commun. De deux, que ce n’est pas en défendant des politiques véreuses qu’on va sauver la planète. Et de trois, que si on ne se dépêche pas d’agir, on va tous mourir ? Ou un truc dans le genre. » elle dit, comptant au fur et à mesure sur ses doigts. Lily se dit que s’ils bossaient ensemble, ils feraient probablement un bon duo. Mais elle suppose que ce sera pour une autre fois, vu le manque d’engouement de Théo. Elle suppose aussi que c’est le moment de se calmer sur l’investissement pour l’avenir de la planète, elle en a peut-être trop fait à peine alors qu’elle est à l’université que depuis quelques semaines. « Hm. Ok. Mais c’est uniquement parce que je dois me concentrer sur mes cours, la rentrée est plus intense que je ne pensais. » et dieu sait pourtant qu’elle a mis des mois à préparer son entrée à yonsei et qu’elle a pris beaucoup d’avance sur le programme. Malheureusement, un de ses professeurs a décidé de lui mener la vie dure en lui demandant du travail supplémentaire, à elle et à uniquement à elle. Pour tirer le meilleur de vous qu’il a dit, il peut toujours mitonner comme ça, Lily a bien compris que c’était parce qu’elle l’ennuie avec toutes les questions qu’elle pose pendant les cours. Elle lance un regard en coin à Théo, une grimace sur les lèvres. « Il est hors de question que je te masse les pieds. » elle répond sur un ton ferme. « J’accepte uniquement de te masser les épaules, c’est déjà pas mal. Et c’est bien parce qu’ils t’ont fait sortir pour rien. ». Parce que non, il n’y a rien à faire, ce n’est toujours pas sa faute mais celle des policiers. Personne ne la referra changer d’avis. Elle accélère le pas pour rentrer au dortoir, laissant son frère quelques mètres derrière elle. « Papi Théo, c’est pas en marchant à cette vitesse que tu vas avoir ton massage. » elle reprend quelques instants plus tard, d’une voix chantante et taquine, sans cesser d’accélérer sa marche.

Théo ne semble pas très investi sur le projet de sa petite soeur. Pour autant, il prend soin de l'écouter et s'interroge sur la réponse qu'il devrait lui apporter. Si le jeune homme publie des vidéos chaque semaine ou au moins tous les quinze jours, il a conscience de ne pas détenir la pure vérité. Il a beau apprécier la personnalité de Tony Stark dans les Avengers, il ne peut pas tout maîtriser. Son discours est entendu par de milliers de personnes mais sa portée reste minime vu les dégâts constatés au fil du temps sur la planète entière. Il ne considère pas Lily comme une personne impuissante et elle a clairement raison de manifester sur ces points. Mais est-ce la bonne méthode pour réveiller les gens ? La majorité des personnes présentes sur Terre, ressemble à des moutons, incapables de réfléchir par leurs propres moyens. Certains ne verront pas l'intérêt de l'écologie s'ils sont amenés à perdre de l'argent. Il hésite quelques secondes avant de reprendre la parole. Les propos de la demoiselle sonnent comme une conclusion mais finalement, il ne peut pas s'empêcher de s'exprimer. " Peut-être qu'il faudrait s'engager dans des actions plus proches des gens comme nous ? Certes, l'exécutif finira par être nécessaire mais si on parvient à faire comprendre aux gens l'intérêt, comment ils peuvent se comporter au quotidien pour réduire les dégâts, ça sera déjà une bonne étape ? " Il glisse son doigt sur son menton pour se donner des faux airs intelligents. " Les mouvements viennent du peuple, pas de ces idiots tout là-haut, de toute façon... " Il marque une pause. " Je te conseille juste de nuancer tes propos. Chacun peut être susceptible. Critiquer la manière de vivre de quelqu'un est dangereux. Les faire culpabiliser encore plus. C'est parfois même contre-productif. Nous n'avons pas tous la même histoire et en Corée, ils se sont développés bien plus tard que le reste du monde. C'est malheureusement normal d'avoir un temps de retard sur ces questions. " Il reprend sa respiration et hoche la tête. " Mais oui, concentre toi sur des études. " Theo lui fait un clin d'oeil avant de froncer subitement les sourcils. " Et qui te dit que tu as le droit de négocier ? Je vais te ramener au poste ! " Le chantage familial, c'est leur quotidien. Il croise les bras avant de voir Lily accélérer. " Ca sert à rien de courir. Je sais où tu habites. Et puis, je préfère que tu prennes une douche avant de me masser. Je ne sais pas où tu traînes. " Il continue de marcher à son rythme. S'il le voulait vraiment, il pourrait la rattraper en dix secondes. C'est que la demoiselle ressemble à une naine à côté de lui. C'est à se demander s'ils sont de la même famille. " D'ailleurs, ça sent meilleur depuis que tu as pris des distances avec moi. Euréka ! " Puis, une dizaine de minutes plus tard, la jeune femme est la première à entrer dans le dortoir. " Je veux bien que tu me fasses un thé pour ton papy aussi ! " Dit-il, en hurlant, ne s'inquiétant pas de ses camarades qui risquent de dormir. De toute façon, le bâtiment est bien isolé. A son tour, il entre dans les locaux et retire sa veste, puis ses chaussures. Il se dirige vers la salle commune. " Mince... Ca fait trois jours que je porte les mêmes chaussettes.. " Un vrai chieur.