C’est bien uniquement parce que Théo est son frère, qu’elle l’écoute ou même qu’elle le laisse parler. Tout autre personne ayant l’envie de la reprendre sur ses idées ou ayant l’envie de débattre avec elle se fait bien souvent couper la parole. Avant même qu’il n’ait pu réellement exposer ses options. Il faut dire que Lily a du mal à voir une autre vérité que la sienne, et si seul un raisonnement logique peut la faire changer d’avis, elle laisse rarement le temps aux autres de le faire. Mais elle doit bien avouer que son frère sait comment lui parler et qu’en plus, il a raison sur certains aspects. « Tu m’agaces quand tu fais preuve de trop d’intelligence. » répond-t-elle en posant ses mains sur ses hanches d’un air contrarié. Théo a sûrement raison, elle devrait se concentrer sur ses études pour être capable de lui clouer le bec comme il vient de le faire. Mais pour autant, il n’est pas question pour la cadette de toucher aux pieds poisseux de son grand frère. Alors Lily tente de négocier, bien tant que mal. La menace de son frère ne l’effraie pas vraiment. « Non, ça ira merci. Deux heures avec ses idiots, c’était déjà trop. Je suis fatiguée. ». Alors elle accélère le pas pour rentrer au dortoir et s’éloigner un peu plus vite du poste de police dans son dos. Et peut-être prendre une douche aussi, ce n’est pas totalement faux. Elle lève ses mains dégoutantes vers son frère pour le menacer de lui coller sous le nez. « Ça doit être le fumier que j’ai entassé sur la voiture de flic. » remarque-t-elle en tirant la langue à son frère. Puis elle reprend sa route vers le dortoir, avant de finalement arriver à leur nouveau domicile. Un rire lui échappe quand son frère lui demande un thé, très certainement pour détendre ses vieux muscles de papi boiteux. « Je vais plutôt te faire une tisane du sommeil, c’est plus une heure pour les vieux croutons dans ton genre. » hurle-t-elle à son tour quand elle disparait dans la cuisine du dortoir. Elle attrape de suite une grande tasse pour lui et une autre pour elle. La bouilloire allumée, elle prépare avec attention les thés en vrac dans ses filtres, puis elle revient dans la salle commune avec ses deux tasses pleines. Une grimace de dégout se dessine sur son visage alors qu’elle pose les tisanes sur la petite table. « L’environnement parfait pour les mycoses. Même si le développement fongique des pieds est hyper intéressant, je préfère tout de même te prévenir qu’il faut entre 2 mois et 1 an pour se débarrasser d’une mycose. » explique-t-elle en incitant son frère à s’installer sur le petit fauteuil de la salle commune. Puis elle pose ses fesses sur la petite table en face de son frère, un petit sourire aux lèvres. « Je serais toi, je changerai de chaussettes tous les jours. Conseil de scientifique. » conclut-elle avant d’attraper sa tasse brulante et d’en boire une gorgée. La tasse reposée sur la table, Lily se lève et relève ses manches. Elle se place derrière son frère et elle lâche violement les mains sur les épaules de Théo. « Bon, alors ces épaules ? Je fais les deux en même temps ou une à une ? » elle demande alors qu’elle sert déjà sans délicatesse ses doigts sur les muscles de son aîné. De toute façon, elle n’a ni la patience ni le talent nécessaire pour faire un massage potable. Théo n’a aucune peur à lui laisser libre accès à ses épaules ainsi, à ses risques et périls. « Et si tu tiens tant à un petit soin des palmes qui te servent de pieds, je te propose un bain eau tiède et bicarbonate de soude et absolument… rien d’autre. » sourit-elle en commençant à masser les épaules du plus vieux en faisant absolument aucun efforts.

Devant ses airs contrariés, le jeune homme esquisse un léger sourire. Il apprécie ce compliment même s'il n'a pas la prétention de se penser plus intelligent qu'un autre. Il est juste curieux du monde qu'il l'entoure et sa petite soeur n'a rien à lui envier. S'il est mécontent de son passage dans les cellules du commissariat, il est admiratif de la voir aussi combative. Se battre pour ses idées n'est pas donné à tous. Il espère juste que son avis lui permettra de garder un certain équilibre pour ses manifestations futures. Il ne veut pas qu'elle se mette en danger, inutilement. Bien sûr, il faut préserver cette planète, pas au péril de son avenir. Enfin, si Lily entendait de telles pensées, elle lui opposera un argument : je n'aurais pas d'avenir si la planète finit par exploser, ou truc du genre. " L'intelligence coule dans les veines des Ryeo. " Il lui lance un clin d'oeil avant de secouer sa tête. Qu'est-ce qu'il peut devenir cringe par moment ! Une manière de lui pardonner pour le programme de cette soirée, enfin partiellement. Théo réserve d'autres projets pour sa cadette adorée.

Désormais aux hauteurs du dortoir, la demoiselle agite ses mains devant lui. " Je réitère. Tu me feras le plaisir de te laver les mains en rentrant. Jamais, tu me touches avec ça. " Il prend une mine dégoûtée sans trop se forcer. Il a beau apprécier la nature, il y a clairement des limites à tout. Lui réclamant ensuite un thé, l'étudiante ne lui laisse aucun répit. " Continue de me provoquer et tes frasques d'aujourd'hui seront répétées à temps voulu et aux bonnes personnes. " Une menace plane et il ajoute d'une voix suffisamment forte pour que Lily l'entende, y compris depuis la cuisine du dortoir. " Gamine. " Et pourtant, ce n'est pas mieux de son côté. Parfois, c'est à se demander s'ils ont grandi tous les deux ou s'ils sont toujours bloqués à leur adolescence. Il la remercie pour la tasse de thé et se joue d'elle. " Tu m'agaces quand tu fais preuve de trop d'intelligence. " S'enfonçant dans le siège, il retient un sursaut quand ses mains se posent sur ses épaules sans aucun ménagement. " Une à une.. " Si la jeune femme use de la force, il pourra toujours faire fonctionner l'autre épaule. " Sois pas sauvage, je vais renverser mon thé sinon. " Il ferme tout de même ses yeux. " J'imagine que ton mélange permet d'enlever une mycose le jour J, n'est-ce pas ? " Il meurt d'envie de la provoquer.. " Je crois que j'avais utilisé ça pour laver l'aquarium avant que ton poisson se décide à crever le lendemain. " Il tourne sa tête vers elle. " Ne m'en veux pas... Maman m'avait confié une mission mais j'avais oublié de changer l'eau.. Tu comprends, les copains jouaient au foot dans la rue... "

Un sourire en coin s’étend sur son visage lorsque son grand frère évoque la grande faculté d’esprit de leur famille – Lily n’a jamais été modeste sur ce point. « Famille beaucoup trop parfaite. » répliqua-t-elle sans ravaler ce sourire – souvent agaçant – qui décore ses lèvres, et parce qu’elle aime avoir le dernier mot pour absolument tout – ce qui est tout le temps agaçant. Arrivés au dortoir dans leur fraternité commune, le plus vieux se plaint ouvertement de l’odeur persistante que la jeune femme porte sur ses mains – oops. Son frère ne se répète et qu’elle abdique en bougonnant. « Princesse. » râle-t-elle en déposant ses affaires avant de s’éloigner vers la cuisine. Avant de s’attaquer à la boisson chaude, la joue contre l’encadrement de la porte, Lily ne peut s’empêcher de taquiner une nouvelle fois son frère. La réponse de celui-ci ne tarde pas et la cadette roule des yeux dramatiquement. « C’est du chantage… Et t’es sûre que maman ne sera pas aussi fâchée contre toi que contre moi, Surtout si je lui dis que tu ne m’as pas surveillé correctement. » réenchérit-t-elle, même si elle sait que c’est dangereux de le faire, sa mère pourrait bien lui arracher la tête des épaules et elle en frisonne d’avance. « Vieux aigri. » conclut-t-elle en réponse aux gamineries de son frère – celui qui est censé être le plus mature des deux, mon œil. Rapidement, les tasses de thé fumantes sont déposées sur une petite table, l’une des deux finit dans les mains de Théo alors qu’elle lui détale sa science sur les mycoses. Sa langue claque contre son palais lorsque son frère lui retourne sa phrase contre elle. Ni une ni deux, Lily attrape sans ménagement les épaules du plus grand pour les prémices de ce que l’on pourrait appeler un massage. « Je vais faire de mon mieux pour ne pas vous faire renverser votre thé, monsieur. ». Pourtant, elle n’a aucune intention d’être délicate… Mais si son grand frère insiste, elle peut bien faire des efforts pour lui – ou pas. Alors ses mains se regroupent sur son épaule droite, et elle exerce dans toute sa mauvaise foi des petites pressions que son aîné ne sent probablement même pas. Délicatesse, non ? Lily roule une nouvelle fois des yeux. « Mais bien sûr, ce sont mes potions de sorcière, c’est bien connu… ». Ce n’est que du bicarbonate et elle pourrait lui faire un cours de trente minutes sur la matière et ses applications particulièrement utiles dans la vie de tous les jours, mais Théo ne lui laisse pas le temps. « Mon poisson ? J’ai eu un poisson ? » repéte-t-elle comme pour lui montrer que cela ne l’atteint pas du tout. Bien sûr qu’elle se souvient avoir eu un poisson, un poisson rouge même, seul compagnon lorsqu’elle était scolarisée à domicile. « Je me suis toujours doutée que t’étais un meurtrier au fond. J’espère que le fantôme de Bubulle continue de hanter tes nuits. » parce que oui, elle se souvient même du nom de la pauvre bête. Mais elle est certaine que Théo n’est absolument pas responsable de son décès, ou alors bien moins de la taille de son bocal où il a du devenir fou. « Ça va là ? Ce n’est pas trop fort ? » demande-t-elle après quelques instants, avec une douceur questionnable aussi questionnable que ses micros pressions sur l’épaule de son frère. Même pas sûr que celui-ci ait senti qu’elle ait commencé son massage – dommage.

Famille beaucoup trop parfaite. C’est une belle façon de décrire leur foyer et ce n’est pas pour déplaire au jeune homme. Pour être tout à fait honnête, chacun d’entre eux possède leurs défauts mais la différence avec les autres, c’est qu’ils l’acceptent et qu’ils se comprennent. Même si Lily a tendance à lui faire peur avec ses envies de rébellion, il continue de se sentir proche d’elle. Il peut lui faire confiance et l’inverse est tout aussi vrai. Malgré leur joute verbale à cet instant, c’était le téléphone de son frère qui avait sonné ce soir, pas un autre. Bien sûr, il aurait préféré rester dans son lit mais il ne pouvait rien lui refuser. Ou presque. Un air faussement indigné s’empare de son visage quand la jeune femme évoque une éventuelle colère de sa mère à son égard. La surveiller ? “ Dans ce cas, je n’aurais pas d’autres choix que de lui rappeler que mon double-cursus ne me permet pas de devenir agent pénitentiaire. “ Ni garde du corps par ailleurs. Comment fera t-elle sans lui quand il devra réaliser son service militaire ? Leur mère a conscience que Lily est assez grande pour se gérer toute seule. Mais maintenant, Théo ressent comme un certain doute. Il n’est pas vraiment à l’aise de se faire enguirlander par sa mère. Cela lui rappelle étrangement des mauvais souvenirs. D’ailleurs, il utilise l’un d’entre eux pour provoquer sa petite sœur comme il se doit. “ Oui. Papa n’a pas voulu en acheter un second après ce cuisant échec. C’était sûrement mieux ainsi de toute façon. Vu notre mode de vie. ” Le jeune homme voudrait bien tourner la tête quand elle finit par citer le prénom du fameux poisson. L’étudiante est une belle menteuse, ce qui lui provoque un rire. “ Pour quelqu’un qui avait soi-disant oublié son poisson, tu te souviens étrangement de son prénom ! “ Il ne devrait pas être fier de lui. Son jeune âge avait provoqué une telle insouciance. Au moins, il se souvient encore de cette erreur de parcours et de ce manque de connaissances pour les animaux dits domestiques. Il savoure son thé, à défaut de pouvoir profiter pleinement du massage faussement appliqué par sa petite sœur adorée. Il prend une voix nonchalante pour lui répondre. “ Hm... J’espère que tu y mettras plus de cœur avec ton amoureux. “ Il boit une nouvelle gorgée de son thé brûlant, à tort ou à raison. La jeune femme pourrait lui faire payer cet affront à tout moment. “ Tu raconteras tout à ton grand frère, j’espère ? Je veux m’assurer qu'il soit assez maso pour pouvoir te supporter au quotidien... Sinon, tu vas encore finir derrière les barreaux. “  

Forcément si la menace des parents fonctionne sur Lily, elle fonctionne aussi sur son grand frère. Les deux sont loin d'être des brutes, au contraire, mais leur mère peut être intimidante quand elle s'y met et aucun des enfants de la famille n'aime l'entendre l'agacement et la déception dans sa voix. « C’est dommage, je suis sûre que t’avais de l’avenir dans le domaine ! » charrie-t-elle en donnant son thé à son aîné. Puis elle se rappelle qu'il vient quand même de la récupérer au commissariat, pas si bon que ça l'agent pénitentiaire. « Quoique, quelques lacunes encore à priori. ». Lily cache un rire derrière sa main, les yeux plissés sous l'amusement de sa propre bêtise. Sans plus tarder, elle s'installe derrière son grand frère pour lui procurer le massage tant attendu. Les deux Ryeo ne manquent pas de continuer de se charrier comme ils l'ont toujours fait. Bien que Lily feint l'indifférence quand Théo évoque le pauvre poisson décédé, elle n'en pense pas moins. Et ce n’était peut-être pas plus mal que leur père ait refusé de remplacer Bubulle vu le destin tragique de ce dernier. « Il était trop adorable aussi ! Avec ses petites tâches rouges sur le dos. ». La jeune fille a toujours un pincement au cœur quand l’image du petit poisson lui traversait l’esprit, elle s’en souvient comme d’hier et certains de ses vieux carnets de dessins étaient remplis de croquis de la pauvre bête. Ah, partager du temps avec un animal domestique lui manque. Lily profite de la fin de cette conversation pour demander l'avis de son aîné sur son massage, Théo n'a pas l'air convaincu de ses talents. Si triste. « Drôle de façon d’aborder le sujet… Tu sais si tu voulais savoir où en était ma vie amoureuse, il suffisait de demander, tout simplement. » ricane-t-elle en appuyant un peu plus fortement sur les muscles de son frère, commençant peut-être ce qui ressemble à un vrai massage, mais pas pour longtemps. « Mais assure-toi, aucun prétendant en vue et je n’ai pas spécialement envie que cela change. Alors j’ai touuuuut mon temps pour mon grand frère adoré. ». Un grand sourire s'affiche sur le visage de la cadette alors qu'elle penche la tête vers Théo pour lui montrer qu'elle est bien là et qu'il n'est pas prête de se débarrasser d'elle. Ou en tout cas, pas avec une relation amoureuse avec laquelle Lily n'a clairement pas de temps à perdre. Avec toutes ses activités universitaires et non-universitaires, elle n'a pas une seconde à accorder à un potentiel copain. Et question sociale, elle a de quoi faire avec son petit groupe d'amis. « Ce serait dommage que ce soit quelqu’un d’autre qui soit chargé de venir me chercher au poste, ça te manquerait. » insiste-t-elle tout en insistant brutalement sur les épaules du plus grand au passage, peut-être qu'il brûlera en enfer avec son thé bouillant qui lui tombera sur les cuisses.

Un ricanement s’échappe de ses lèvres, et ce, entre deux grimaces. La cadette de la famille lui donne du fil à retordre entre ses détours au commissariat et ses massages générateurs de douleur au lieu de bien-être. Pourquoi a-t-il espéré une once de douceur de sa part ? Sa naïveté le perdra un jour au même titre que sa générosité. “ Tout ton temps ? Tu m’appelles toujours quand tu as besoin de moi. “ dit-il d’un air boudeur alors qu’il deviendrait fou si Lily traînait toujours dans ses pattes, comme quand ils étaient encore gamins. Mais, ça l’amuse un peu trop fort de faire preuve de mauvaise foi. On ne dirait pas mais Théo adore être cajolé et vu l’amour qu’il porte à ses petites sœurs, c’est loin d’être une surprise d’entendre un tel discours venant de sa part. Il se met une nouvelle fois à rire. “ C’est surtout tes massages qui me manqueront. D’ailleurs, je crois que j’ai eu ma dose pour aujourd’hui. “ Monsieur souhaite finalement profiter de son thé en tranquillité. C’est qu’il manque de le renverser sur lui à plusieurs repris. Il la soupçonne de faire exprès mais la demoiselle a été à l’origine de nombreux dégâts aujourd’hui. Est-ce qu’elle n’est pas en mesure de s’arrêter à un moment donné ? Une vraie petite délinquante. “ A moins que tu veuilles que je te rende la pareille ? “ Un sourire amusé prend possession de ses lèvres et revient sur le sujet de ses amours inexistants. “ J’ai bien peur que tu finisses par rencontrer ton âme sœur en prison à ce rythme... “ Puis, il l’invite Lily à s’asseoir à ses côtés et tire légèrement sur son bras pour pouvoir ébouriffer ses cheveux. “ Tu sais que je t’aimerais toujours ma petite sœur adorée. “ Puis, il retire sa main à une vitesse déconcertante. “ Tu ne devais pas aller te doucher, toi ? “ Théo est une pauvre victime. Un air dépité s’affiche sur son visage et lâche un profond soupir.  

Sur le coup, Lily trouve l'aîné de la lignée bien dramatique. Elle fait bien plus que ne l'appeler quand elle a besoin de lui, sinon elle n'aurait pas traîné à yonsei et au dortoir sango avant même d'être admise officiellement. Bon, peut-être qu'elle est toujours vache avec lui mais qui aime bien châtie bien, non ? « Moh, boude pas comme ça ! Tu veux un gros câlin pour me faire pardonner ? » propose-t-elle en s'efforçant de s'appliquer un peu plus avec son massage. Mais vraiment, même avec toute la volonté du monde, Lily n'est pas masseuse et ne le sera visiblement jamais. De toute façon, Théo l'aime bien au-delà de ses massages et elle le sait bien, peu importe ce que le vieux insinue. La preuve, le jeune homme la stoppe bien vite – alors qu'elle considère qu'elle ait loin d'avoir fini. Ce sont sûrement les gouttes de thé brûlantes sur son jean qui l'ont décidé. Lily secoue la tête énergiquement face au sourire espiègle de son frère. « Aaaaah quelle gentillesse de proposer. Mais non merci, ça ira ! » sourit-elle à son tour avant de retirer ses mains des épaules de son aîné. Elle s'éloigne même un peu, prenant à son tour son thé – trop infusé à présent – entre ses paumes pour en profiter. Elle ricane quand son frère revient sur ses histoires de coeur – inexistantes. « T’imagines la tête des parents si je ramenais un ancien détenu au prochain repas de famille ? » dit-elle avant qu'un éclat de rire se lève dans les airs. Sa tasse dans la main, elle s'installe aux côtés de Théo en sirotant le liquide chaud. Même si elle est la petite dernière, la prunelle des yeux de toute la famille, Lily n'en est pas moins sûre que ce serait la goutte de trop. Elle profite du geste tendre du plus vieux, fermant les yeux un instant, le laissant frotter ses cheveux sans rechigner. Puis Théo s'écarte, retire sa main en la questionnant puis elle s'éclate de nouveau de rire. Lily joue des sourcils quelques secondes, l'air joueur sur le visage. « Hm. Je devais pas te faire un câlin avant ? » demande-t-elle en s'approchant volontaire de son frère se doutant qu'il va finir par reculer voire se lever du canapé. Pour autant, Théo n'a pas tord ; elle a besoin d'une bonne douche. Histoire de se débarrasser de cette légère odeur – de laver ses péchés de la journée lui diraient ses amies. Alors elle se lève rapidement du côté. « J’y vais ! Je t’aime aussi mon grand frère d’amour ! ». Elle coule un index contre la joue du plus grand pour l'enfoncer légèrement, avant de se diriger vers la sortie pour rejoindre sa chambre et bientôt la docuhe tant attendue. Avant de filer officiellement, elle tourne la tête vers Théo une dernière fois. « Et quand je reviens on parle de tes amours ! ». Puis elle disparaît au coin du couloir.

Il agite son doigt pour répondre par la négative. Il n’est jamais contre un câlin mais il préfère lui laisser une seconde chance pour appliquer soigneusement ce massage. Son vieux frère commence à fatiguer et il ne peut plus veiller aussi tard la nuit. Elle devrait le prendre en pitié au lieu de s’efforcer à le brutaliser. Parfois, on se demande qui est la douceur dans cette famille. Si ce n’est pas Lily, et encore moins Jade, Théo est peut-être le sauveur. Toutefois, ce n’est pas pour autant que la demoiselle accepte son massage. Est-elle si méfiante d’habitude ? Sans vouloir la vexer, ce n’est pas sa première qualité dans l’esprit de l’aîné. Il retient un rire amusé quand ils s’imaginent Lily au bras d’un ancien détenu. “ Ça dépend pourquoi il a été inculpé. Et puis, je suis convaincu que maman a vu des trucs pas très nets avec son travail. “ Non pas qu’elle soit proche avec des personnes peu fréquentables mais son milieu est assez particulier. “ Et t’as jamais vu les looks des français dans les années 1970... C’est carrément un crime contre l’humanité. “ Avec tous ces éléments, on pourrait presque croire qu’il l’incite à s’engager dans cette voie. Il décide alors de faire fuir toutes ces pensées de sa petite tête en lui ébouriffant les cheveux. Etrangement docile, la sensation n’est pas des plus agréables. Elle provoque une mine dégoutée à l’étudiant. " Non toujours pas. “ Il recule d’un mètre puis de deux jusqu’à ce que le danger s’éloigne. “ Oui, cours. Gamine. “ Théo lâche un soupir, faussement exténué avant de s’enfoncer dans le canapé. Même si Lily est une vraie plaie, il est quand même content de pouvoir veiller sur elle. S’il ne veut pas non plus la suivre dans tous ses projets, savoir qu’ils sont dans la même fraternité a tendance à le rassurer. Il a conscience qu’elle est assez grande pour prendre ses décisions mais... Cette morpionne serait capable de lui manquer. Alors, il compte bien profiter de cet instant, tandis que les autres membres de la fraternité doivent dormir. Toutefois, l’excitation risque de retomber, le temps que mademoiselle se lave. Il manque de racler sa gorge quand il l’aperçoit dans la salle. “ Tu fais bien d’utiliser le pluriel. “ Le youtuber affiche un sourire en coin. Il ne ressemble en rien à un playboy. Ces histoires ne sont ni éphémères, ni bien longues. Il passe un bon moment et garde un bon contact avec ses ex. Il ne risque pas de satisfaire les attentes de Lily. De toute façon, il a autre chose en tête. En effet, après s’être assuré que la petite profite des bienfaits d’une bonne douche, le jeune homme se dirige vers les sous-sols de la bâtisse, coupant le robinet d’eau chaude avec un guilty pleasure évident. L’amour fraternel dans toute sa splendeur. “ Ça, c’est pour ton massage foireux. ”   

Une grimace se dessine sur son visage en y pensant, c’est vrai que sa mère a dû voir un certain nombre de trucs hors du commun durant ses années d’activités. Ce serait qu’à peine étonnant qu’elle est croisée des taulards bien avant Lily et ses passages exprès au commissariat. La moue dégoutée se transforme en un éclat de rire quand le plus vieux mentionne le style français des seventies. La cadette a presque envie de le contredire en lui disant que ce n’était pas si terrible et que cela revient à la mode. Mais elle est elle-même convaincue que c’est la pire période question french fashion qui soit. Alors que son frère lui indique qu’il est tant qu’elle file à la douche, Lily se permet de toute de même proposé un câlin. Refusé mais elle ne perd pas son sourire. Et elle commence à s’éloigner après une déclaration de fraternité des plus émotionnelles et un petit geste d’affection. Mais ce n’est pas tout, elle promet également que la prochaine étape de la discussion sont ses histoires de cœur. « Le pluriel des fois où tu t’es pris un râteau tu veux dire ? » parce oui, elle a toujours un truc à rajouter, c’est bien connu. Mais cette fois, Lily disparait pour te bon vers les douches où elle compte bien éliminer les restes d’odeur de fumier qui restent accrocher à sa peau, sans parler de toutes les choses non identifiées avec lesquelles elle a pu être en contact durant son court passage en cellule. Puis le bonheur d’une bonne douche chaude, il n’y a rien de mieux pour se détendre après une bonne journée de défense pro-environnement. Sauf quand quelques instants, la satisfaisant chaleur sur ses épaules se retrouvent à lui glacer les miches. Un cri strident lui échappe lorsque l’eau froide la frappe de plein fouet. Si bien elle sort rapidement de la cabine nue comme un ver, avant même de penser à couper l’eau pour arrêter le massacre. Maintenant enroulée dans une serviette, elle éteint quand même l’eau avant de gueuler assez fort pour que sa voix traverse le dortoir. « Mais Théoooooooooooo, purée mais t’es sérieux ? ». Lily n’est pas idiote, elle sait très bien que son grand frère est derrière l’arrêt soudain de l’eau chaude dans les douches. Pendant quelques secondes, elle espère qu’elle était la seule dans les douches dans les dernières minutes. La franco-coréenne tremblote dans sa serviette, si elle choppe la crève son frère en entendra parler elle se le promets. « T’abuses, on se les gèle, remets l’eau chaude ou je sors de là en serviette pour te rendre la monnaie de ta pièce ! » hurle-t-elle à nouveau en se disant que la perspective de voir sa petite sœur se promener en serviette dans le dortoir ne devrait pas lui plaire. Quoique. Cela pourrait aussi beaucoup amuser Théo de la voir déambuler tel un pingouin dans sa serviette et ses chaussons pour se venger de cet affront.

Technique vicieuse, certes, mais toujours efficace. Son cri résonne dans le couloir du dortoir, ce qui lui permet d’arriver aux oreilles du jeune homme. Comme toujours, ils vont réveiller l’ensemble de leurs petits camarades. Quand on y réfléchit, Theo n’est donc pas la seule victime de la cadette Ryeo. Non, si téléphoner à son grand frère en plein milieu de la nuit est une chose, elle est aussi capable de beaucoup pire. Il se met à ricaner dans son coin, se demandant si un étudiant serait capable de la réprimander. Il n’en est pas certain vu le tempérament de la belle. Seul Theo est assez fou pour prendre un tel risque. Alors, il la laisse cogiter pendant deux-trois minutes, se demandant si elle finirait par le rejoindre au sous-sol. Dans ce cas, il y a de grandes chances pour qu’elle puisse crever de froid. Mince, peut-être que Lily lui manquerait beaucoup trop. Il mordille sa lèvre inférieure, s’accordant un temps de réflexion supplémentaire pour évaluer tous les risques. Au fond, il avait juste envie de l’embêter, pas d’être méchant. Il relance donc l’eau chaude. “ Quoi encore ? Je n’ai rien fait !! “ Il sort ensuite de la pièce. Pas entièrement... Il observe si la demoiselle a fait le déplacement. C’est qu’il tient à ses fesses inexistantes. Il y a tellement peu de graisse qu’un petit coup pourrait le mettre ko. La voie étant normalement libre, il s’avance dans les couloirs dans une posture triomphante. Une vraie tête à claques qu’il assume pleinement en passant devant la porte de la salle de bain où doit se trouver normalement sa petite sœur. Il toque. “ Tu devrais peut-être t’habituer à l’eau froide. Je ne pense pas qu’ils aient le droit à l’eau chaude en prison. “ Pour des questions des droits de l’homme, certainement mais Theo préfère écarter ce détail. Il ajoute d’une voix faussement innocente. “ C’est revenu ? “