Sori avait eu une grosse journée de travail et ça ne semblait pas réellement s'arrêter. Et quand elle finit avec un client, son téléphone s'alluma sur une photo dont elle ne pensait plus vraiment voir. Changmin. Elle avait froncé les sourcils et avait répondu, encore plus surprise par sa demande inattendu. Certes, ils s'étaient revus à la sortie avec Lyvan, avait plus ou moins posé les armes. Mais ce n'était pas pour autant que leur relation avait retrouvé le chemin qu'ils avaient.
Sori avait toujours pris particulièrement soin de son petit frère. Parce qu'il était comme elle. Ils étaient si similaires et pourtant si différents. Chang Mn lui avait demandé si il pouvait passé. Alors elle avait dit oui, bien évidemment qu'elle accepterait de le voir bien qu'elle ne voyait pas pourquoi il venait. Par chance, son prochain client venait d'annuler suite à un problème survenu. Alors elle l'attendait à son salon comme elle lui avait dit de venir. Mais en aucun cas elle n'aurait pu imaginé le voir arriver ainsi. Quand elle avait vu la porte s'ouvrir suivit de la silhouette de son petit frère. Son sourire présent bien qu'un tantinet perplexe se transforma directement en un choc lisible. Et avant qu'elle ne puisse réagir, ses pas se dirigèrent directement vers lui alors que sa main attrapa son visage. "C'est lui?" dit-elle plus comme une affirmation qu'une question. Cet homme qui les avait élevé avec la main leste. Cet homme que Sori ne pourrait plus jamais apprécié. Elle lui attrapa la main et l'amena rapidement dans sa salle de travail, le faisant se coucher sur le lit alors qu'elle cherchait sa trousse de soin. Elle posa le tout à côté avant de commencer à le soigner. "Pour quelles raisons il a justifié son acte cette fois-ci?" demanda-t-elle en étant la plus douce possible. Elle le regarda finalement avant d'embrasser son front. "Comment ça va petit frère?'

Un simple message demandant à sa grande sœur s’il pouvait venir la voir. Il n’avait pas envie de rester seul et encore moins chez lui. Il venait de prendre une raclée par son paternel. Dès qu’il s’était lassé de frapper son fils, Changmin avait quitté la maison aussi vite que possible et maintenant il était en marche vers son lieu de travail. Elle était tatoueuse et même si elle avait des clients, il savait qu’elle ne refuserait jamais qu’il vienne la voir. Il pressa le pas en cas que son géniteur ait la merveilleuse idée de le suivre pour finir ce qu’il avait commencé. C’était rare et pourtant une fois ou deux il l’avait ramené à la maison pour continuer. Alors Chang ne voulait pas prendre de risque là. Il marchait vite et fut rapidement en vue du Kurss.
Il entra et aussitôt, il remarqua le changement d’expression de Sori. Il grimaça quand elle attrapa son visage. « Tu veux que ce soit qui. » grommela-t-il tandis qu’il soupira de soulagement quand elle lâcha ses joues. Il avait mal à la mâchoire et sa grande sœur avait appuyer sans le savoir dessus. Changmin la laissa le mener ailleurs et fut, pour une fois docile, en se mettant sur le lit comme elle le voulait. Il l’observa du coin de l’œil et grimaça une nouvelle fois quand elle commença à le soigner. « J’ai revu Yeosang…. Il l’a apprit. » Il ne savait comment il l’avait appris d’ailleurs. Sori connaissait le jeune homme parce qu’un soir, lorsqu’il était encore lycéen, après que son père ait levé la main sur lui, il avait demandé à Sori ce qu’il y avait de mal à aimer un homme alors qu’on était un homme. Elle savait donc, sans avoir tous les détails, qui était Yeosang pour son petit frère. Un soupir de bien être s’échappa de ses lèvres tandis qu’il ferma les yeux sous le baiser frontal qu’elle venait de lui donner. Il les rouvrit en entendant ses mots. « A ton avis ? » Il n’avait pas voulu être méchant ou même ironique avec elle, mais ça se voyait qu’il n’allait pas bien. Autant physiquement que mentalement. Il s’était quand même fait battre par son père et en prime, le garçon dont il était amoureux l’avait rejeté.

L'arrivée de son petit frère changea le tout du tout. Si au début, elle s'était demandée pourquoi il avait voulu la voir, elle avait fini par comprendre en voyant son état. Terrible. Horrible. Et évidemment, son corps avait réagi au quart de tour en le voyant. Ses mains s'étaient posées sur son visage délicatesse mais probablement pas assez au vu des nombreuses blessures. Elle soupira, contrôlant la colère qui commençait à gronder en elle rien qu'à l'idée de la scène. "Evidemment, c'est toujours ce porc". Et ça ne pourrait jamais être personne d'autre. Que des lâches au niveau de ses parents.
Elle l'amena rapidement dans la pièce d'à côté pour le soigner, c'était important de le faire en espérant qu'il n'aurait pas de cicatrice ou autre par la suite. Elle pourrait aisément lui camoufler mais tout de même.
La jeune femme osa finalement de lui demander la raison de son geste. Elle arqua un sourcil en entendant le prénom. "Putain d'homophobe à la con" jura-t-elle. Sori secoua la tête pour se calmer et ne pas blesser inutilement Chang Min par la suite. "Tu as revu Yeosang? Le Yeosang..?" Elle ne se souvenait pas qu'il était proche de ce gosse du moins, leur relation ne sous-entendait pas ceci. Oui, elle savait qu'il l'aimait du moins qu'il avait été attiré par lui. Mais ça faisait très longtemps qu'elle n'avait pas entendu ce prénom sortir de sa bouche. "Et quelle est la nature de votre relation?" Aucun jugement, juste de la curiosité et l'envie d'en savoir un peu plus sur la vie de son petit frère. Et si en plus, elle savait que quelqu'un pouvait prendre soin de lui, elle en serait extrêmement heureuse.
Sori lui donna ce baiser dont il avait souvent le droit, très souvent même et sourit tristement. "Tu pourrais être heureux de voir ta grande soeur sale gosse' souffla-t-elle pour détendre l'atmosphère. Elle continua de le soigner avant de se lever pour prendre une poche de glace. "Mets ça contre ta joue, tu as pas mal gonflé tout de même" Elle soupira avant de le regarder. "Et notre génitrice, elle a fait quoi? Elle a regardé? Elle est partie comme toujours?" Espérait-elle que sa mère ouvre les yeux? Oui. Mais elle savait aussi que c'était une cause perdue.

Changmin se demandait pourquoi Sori prenait le temps de lui demander qui l’avait mis dans un état pareil. Il n’y avait qu’une seule et même personne qui le faisait, leur père. Le jeune homme n’avait jamais compris ce qu’il avait fait de mal pour mériter ça. Il n’était pas le meilleur élève du monde et se rebellait souvent face à ses parents, mais était-ce une raison pour le frapper ? Est-ce que son comportement de petit adolescent con valait tous les coups qu’il prenait depuis des années ? Il n’en était pas sûr et même s’il s’était convaincu avec les années qu’il méritait parfois, aucun de ses comportements ne justifiaient les branlées qu’il se prenait presque quotidiennement. Il ne releva donc pas quand Sori traita leur géniteur de porc. Il n’y avait pas de meilleur mot pour le décrire. Chang se laissa guider dans une autre pièce pour le soigner.
Elle commença alors l’interrogatoire et le jeune homme ne put cacher le fait qu’il avait revu Yeosang. Un rire jaune s’échappa de ses lèvres quand sa grande sœur réagit. Elle n’avait pas tort. Il était un homophobe et c’était pour cette raison que la plupart des coups pleuvaient sur le corps du plus jeune de la famille Nan. Sori posa alors des questions sur Yeosang et il poussa un soupir. Changmin savait qu’en mentionnant son prénom, elle le ferait. Cependant, il râlait plus pour la forme que pour le fond. Il avait besoin d’en parler, d’avoir un avis. « Oui le fameux Yeosang… Le même dont j’étais amoureux au lycée. » Parce qu’il lui avait parlé de cette relation là, mais pas de la suite. La plus vieille n’était pas au courant, qu’il avait martyrisé le pauvre garçon et qu’en plus de ça, il avait cessé d’être son ami à cause de leur paternel. « Je me suis excusé pour mon comportement au lycée et je lui ai dit que j’étais amoureux de lui, au lycée, mais également maintenant… » Il grimaça en repensant à sa réaction quand il lui avait dit. « Il m’a friendzoné. » Ça faisait mal de parler de ça, parce qu’il avait ouvert son cœur pour une fois, et il s’était fait rembarré.
Sori continua son rôle de grande sœur et un rire passa la barrière de ses lèvres à nouveau. « Je serai content le jour où je viendrai pas te voir parce qu’il m’a cassé la gueule. » Ce n’était pas totalement faux. Quand ils se voyaient, c’était bien souvent pour cette raison malheureusement. Changmin la laissa continuer de panser ses plaies avant d’accueillir avec soulagement la poche de glace qu’il mit directement sur sa joue enflée, espérant réduire l’élancement qu’il ressentait. « Merci Noona. » C’était rare qu’il utilise ce genre d’appellation, mais quand il le faisait, c’était qu’il était vraiment sincère. La question de Sori le fit soupirer en écho à celui de sa sœur. « Comment te dite qu’elle a pas attendu le premier coup pour s’isoler dans la buanderie parce qu’elle avait du linge à mettre dans la machine. » Une grimace s’empara de son visage alors qu’il posa son regard sur sa sœur. « Ça t’étonne ? »

Elle savait du moins, se doutait que généralement quand il venait, c'était parce qu'il était blessé, que leur père avait fait de nouveau des siennes et qu'elle ne pouvait rien y faire. Sauf aller se battre contre leur père mais ça ne servait strictement à rien. Alors à la place, elle prenait soin de son petit frère. Il en avait besoin et il était hors de question qu'il reste blessé. Pire, avec une trace que cette ordure aurait fait. C'était tout simplement un gros non. Non non et non.
Puis Chang Min commença à lui parler. Et un prénom l'interpella. Yeosang. Elle ne pensait pas le réentendre un jour mais apparemment, il était beaucoup plus présent que prévu. Et ça la fit doucement sourire de l'entendre se plaindre par principe. Comme toujours en réalité. Mais sa soeur était curieuse. Et elle sentait bien qu'en réalité le gosse avait besoin d'en parlait. Et elle sourit en comprenant qu'elle serait l'heureuse élue de cette discussion. Il lui confirma que c'était le gamin dont il était amoureux au lycée. La suite la rendit néanmoins perplexe. Il s'était excusé? Excusé de quoi donc? "Oh mon coeur" souffla-t-elle en entendant la friendzone. Elle serra doucement sa main, compatissante. "Tu t'es excusé? De quoi? Et je sais ce que c'est.." Autant dire que sa relation avec Su Nah avait été des plus compliqués avant qu'elles ne se retrouvent toutes les deux pour ne plus se lâcher du tout. "L'amour, c'est compliqué, je sais ce que c'est..." Elle embrassa son front pour le consoler et le rassurer. Elle savait combien c'était difficile d'avouer ses sentiments à quelqu'un. Et les voir être retourné ainsi été douloureux. Très douloureux. Elle lui sourit tendrement. "On ne sait de quoi le futur est fait...N'abandonne si tu l'aimes Chang Min. Réellement". N'était-elle pas la mieux placer pour le dire?
Elle fit la moue. "Pas de ma faute si tu viens que pour ça". Elle se plaignit de son côté. Evidemment, elle ne lui en voulait pas de venir quand il était blessé, bien au contraire, ça la rassurait énormément. Mais en même temps, elle aimerait bien voir son petit frère débarquer juste parce qu'il avait envie de voir sa grande soeur. Elle lui donna la poche de glace et lui sourit tendrement à son noona avant de soupirer avec la confirmation de sa mère. "J'ai arrêté d'espérer avec elle en réalité. J'ai eu beau tout lui balancer dans la figure, elle a toujours pris sa défense." Elle en avait d'ailleurs failli en venir au main avec sa mère. Mais cette dernière se renfermait tellement sur elle même qu'elle n'avait pas agi. Bien trop énervée et déçue par leur mère. "Non, ça ne m'étonne pas. C'est plus que ça me désole. Elle a déjà raté avec moi. Je pensais qu'elle allait essayait avec vous. Au moins vous, une fille en moins suffisait. Pas trois enfants d'un coup. " San était un cas à part, le seul enfant qui valait le coup chez les Nan. "Tu veux boire quelque chose? Ou manger quelque chose?" Demanda-t-elle avec douceur. Il pouvait avoir ce qu'il voulait avec elle. Comme toujours.

S’il y avait bien quelque chose qu’il détestait plus que tout, c’était la pitié des gens. Ce regard rempli de compassion qu’on posait sur lui et encore plus quand on comprenait que quelqu’un de sa famille le frappait même s’il n’en parlait pas. C’était vraiment quelque chose qui horripilait Changmin parce qu’il n’avait pas besoin de voir ce sentiment dans les yeux des personnes qu’il rencontrait ou côtoyait depuis des années. Cependant, même s’il n’aimait pas ça, il ne dit rien quand Sori le plaignit, serrant sa main de compassion. Il grimaça simplement avant de soupirer quand elle lui posa des questions, pour avoir plus de questions. C’était normal et humain, mais il n’aimait pas vraiment parce qu’il allait devoir lui faire part de chose qu’il avait refoulé et dont il n’avait pratiquement jamais parlé à qui que ce soit. « Disons que j’ai pas été très cool avec lui au lycée quand notre cher père s’est douté que j’étais amoureux… » Il ne mentionna pas le fait qu’il l’avait enfermé dans une cave, dans le noir tout seul. Pas plus qu’il ne parla de tous les coups que les Majors lui avaient fait parce qu’il était une cible facile et une bonne poire.
Chang grogna aux mots de Sori et la laissa une nouvelle fois embrasser son front, seule personne à qui il ne disait rien quand quelque chose comme ça se passait. Sori avait pratiquement tous les droits et ce même si le plus jeune de la famille n’aimait pas vraiment ce qu’elle lui faisait. Il râlait pour la forme alors qu’il avait besoin de sa grande sœur plus que n’importe qui. L’étudiant en journalisme soupira en l’entendant reprendre la parole et haussa les épaules. « Je sais pas si ça en vaut la peine en vrai… C’est pas comme s’il allait me pardonner de tout ce que j’avais fait. » Et encore, il n’était pas au courant de la moitié des trucs. Yeosang le prendrait sûrement très mal que Changmin ait fait en sorte que les Majors laisser Jiaxin tranquille alors qu’ils emmerdaient Yeo et ce serait totalement normal. Donc, il se doutait qu’il le vivrait mal et Chang ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même.
La suite de la conversation le fit hausser les épaules. Il était vrai qu’il ne venait voir Sori que lorsqu’il avait quelque chose parce que sinon, il ne voulait pas l’embêter. Elle n’avait pas besoin de son frère mal en point dans les parages. Il ne fit néanmoins pas de commentaires et accueillit la poche de glace pour sa pommette avec un soupir d’aise. Il la plaça directement dessus et soupira quand ils mentionnèrent leur mère. Elle n’avait jamais rien fait pour stopper son mari lorsqu’il frappait ses enfants. Sori en avait fait les frais en premier et ensuite ça avait été au tour de Changmin. Le jeune homme fronça les sourcils quand elle parla de trois enfants. A sa connaissance, ni San ni Lyvan, les enfants prodiges n’avaient reçu de mauvais traitements de la part de leur géniteur. « Trois ? Il s’est passé quoi avec Lyvan ? » C’était sa jumelle, mais il ne savait pas vraiment ce qui se passait dans sa vie, s’étant éloigné de tout le monde et ce depuis des années. « Puis tu crois vraiment qu’elle aurait bougé son cul. Si c’est nous, c’est pas elle. C’est comme ça qu’elle doit penser. » Chang en était persuadé. Sa mère avait ce genre de raisonnement. « Je sais pas. J’ai pas réellement faim et soif non plus… J’en ai juste marre de tout ça. Je veux des parents normaux. » Comme tous ceux qu’il voyait autour de lui.

Elle savait que Chang Min n'aimait pas parler, expliquer des choses dont il n'avait pas envie. Elle le savait mais So Ri avait envie de comprendre, envie de savoir ce qui se passait dans la petite tête de son frère, ce qui se passait tout simplement dans sa vie. Elle le retrouvait pleinement, du moins, elle l'espérait. Elle voulait être là pour et l'épauler dans quelle n'importe quelle situation. Les plus heureuses comme les plus tristes. Elle haussa un sourcil à sa phrase. Elle voulait à la fois tout et rien dire. "Mais encore? Tu comptes me faire devenir toute la situation ou pas petit frère? Parce que ça va prendre du temps ça aussi. Après, notre père, il lui suffit d'un truc de travers pour nous faire souffrir." Cet homme sans foi ni loi qui décidait de lui-même les règles de la vie sans prendre en compte la réalité.

Elle sourit amusé en l'entendant grogner, c'était bien lui de faire ça mais se fit pardonner par un bisou sur le front. Elle haussa par la suite des épaules, seul lui pouvait décider de la suite. Elle ne lui imposerait rien, ne lui dirait pas ce qui était bien ou mal à faire. Sori avait confiance en Chang Min. Elle savait qu'il prendrait la décision qui lui semblerait la meilleure. "Tu fais comme tu le sens. Si tu penses que ce n'est pas nécessaire, autant ne pas continuer." La vie était simple, faites de choix différents qui amenaient à des situations différentes. Et elle préférait que Min prenne le chemin qui lui plaisait plus qu'autre chose.
La conversation continua son chemin tranquillement, parler de famille était compliqué quand on voyait la leur, rien n'allait. Personne n'avait sa place et les enfants se serraient les coudes pour pouvoir survivre ou vivre simplement leur vie.
Elle releva le regard vers lui quand il posa la question pour les trois. Il était vrai qu'il n'était pas forcément au courant de tout. La tatoueuse passa une main dans ses cheveux, soupirant doucement. "C'était compliqué. Si elle était la jeune fille parfaite, elle n'est simplement devenue qu'une enfant à cacher, honte de la famille qui ne fait que mentir. J'en suis venue encore une fois aux mains avec les parents pour la sortir de là." Mais elle ne rentrerait pas dans les détails, ce n'était pas à elle à le faire. Mais les jumeaux devaient se retrouver à leur façon. "Elle est emprisonnée dans son monde. Si elle se complait dedans, c'est pas notre boulot." Des paroles dures mais réelles face à une mère fantôme. Sa phrase lui déchira le coeur, elle prit son petit frère dans les bras. "Je sais. Je sais...mais on est là...je suis là Min." Même si ça ne changerait pour rien au monde l'absence d'amour parental. "On va s'en sortir comme on l'a toujours fait. On a pas besoin d'eux pour vivre. Et ils se retrouveront seuls. Tous seuls et sans personne. Et c'est à ce moment-là qu'ils viendront en rampant." Leur mère du moins, elle était certaine que dans le futur, sa mère plaiderait coupable, voulant les retrouver. "Un jour, je sais que ça arrivera. Et ce jour-là, tu pourras décider si oui ou non, tu veux une mère."

Il avait pensé pouvoir se sortir de cette situation sans révéler trop d’information à Sori. Seulement, c’était sans compter sur la ténacité de sa grande sœur. Elle voulait plus de détails, elle souhaitait connaitre ce qui se cachait dans la tête de son frère. Mais Changmin n’était pas le genre à se dévoiler comme ça. Il l’avait fait avec Yeosang et ça s’était soldé d’une friendzone et avec Jiaxin et elle s’en était voulu de ne pas avoir été là pour lui. Alors, maintenant, il préférait se taire. Cependant, ce n’était pas n’importe qui qu’il avait devant lui, mais bien sa grande sœur. Il devait donc lui parler, essayer de lui expliquer et potentiellement arriver à ne plus s’en vouloir pour ce qu’il avait fait subir à Yeo quand ils étaient au lycée. Le jeune homme prit une grande inspiration et répondit à sa grande sœur, déviant son regard pour ne pas lire ce qu’elle pensait de lui. « Tu te souviens de Miree et de ma bande de potes du collège/lycée ? Bah avec eux on martyrisait des gamins de l’école. Yeosang en a fait parti. » Il poussa un soupir avant de continuer. « Vu que notre connard de père s’acharnait sur moi parce qu’il avait compris mes sentiments pour Yeo, je m’acharnais sur lui parce qu’il était la cause de tous mes problèmes à ce moment-là. » Ce n’était pas vrai et ça ne l’avait jamais été, mais Changmin n’avait à cet époque-là, pas le recul nécessaire pour le comprendre, comme il le faisait maintenant.

Les deux enfants Nan continuèrent de parler de Yeosang et de ce qui s’était passé récemment avec lui et Changmin n’était pas sûr que d’attendre après lui soit une bonne idée. Il l’avait quand même foutu dans la friendzone et même s’il semblait lui avoir pardonné, est-ce que ça avait été réellement le cas ? Et surtout, est-ce que leurs personnalités seraient compatibles ? « Je sais pas. Je verrai avec le temps. Pour le moment, c’est oui. Mais je sais pas si sur le long terme, j’ai envie de me prendre la tête à lui courir après pour qu’il recommence à me voir comme le Chang qu’il a connu. » Parce que c’était ce qu’il lui avait reproché, de ne plus être ce garçon du lycée. Mais il ne l’était plus depuis des années, depuis qu’il avait sombré un peu plus dans ses travers.

Travers que ses parents avaient commencé à mettre en place dès le plus jeune âge. Entre une mère qui vivait sa vie avec des œillère pour ne pas voir que ses enfants étaient malheureux et un père alcoolique et violent, Changmin n’avait pas réellement de chance de bien finir. Pourtant, il essayait de se maintenir à flots, tentait de sortir la tête de l’eau parce que c’était plus compliqué qu’il n’y paraissait. Encore plus quand il comprit que Lyvan était également dans la même situation que lui. Il aurait du et pu le savoir s’il ne s’était pas autant éloigné de sa jumelle et il grimaça en se rendant compte qu’il avait encore une fois joué au con. « Je vois… C’est triste pour elle. » Il n’avait rien à dire et ne poserait pas de question. Ce n’était pas à Sori de lui expliquer ce qui c’était passé avec la jeune femme. C’était elle qui devait lui dire. Peut-être qu’un jour, les jumeaux Nan arriveraient à se parler et à s’expliquer ce qui se passait. La suite de la conversation passa sur leur mère et une nouvelle grimace s’afficha sur le visage de Chang. Il secoua la tête. « On s’en sortira comme d’hab. C’est pas San qui nous aidera ou les parents. Et le jour où elle revient en rampant, parce que lui le fera jamais, je la regarderai de haut et la laisserait dans sa merde. C’est plus toi ma mère, qu’elle. » Parce que Changmin allait réussir dans sa vie. Il deviendrait le journaliste qu’il a toujours voulu être et mettrait en lumière les histoires dont personne ne voulait parler. De plus, Sori avait eu plus un comportement de maman envers eux que leur propre mère. « Tu feras quoi toi ? » Il était curieux de savoir si elle voudrait à nouveau d’elle.

Elle sourit, sachant parfaitement qu'elle l'embêtait à insister sur la chose. Elle voulait savoir. Mais elle ne savait pas si elle arriverait à lui faire cracher le morceau. Elle sourit doucement en l'entendant expliquer finalement. Mais elle fut surprise de la réalité. Elle ne lui montra cependant aucune émotion sur le visage comme toujours. Mais en soit, elle pouvait comprendre cette réaction. Ce n'était qu'un gosse, il devait évacuer ses sentiments mais n'avait jamais su comment le dire. Sori n'acceptait pas pour autant mais comprenait. "Je vois." Elle cherchait comment tourner les choses mais Sori était d'une honnêteté brute. "Je ne vais pas te faire de remontrance car je sais que tu es au courant de l'horreur des choses. Donc je ne vais pas te plaindre petit frère, tes actes en sont la simple conséquence des choses actuellement." Elle caressa néanmoins sa joue pour lui montrer qu'elle le soutenait tout de même. "Fais comme tu le sens, comme tu veux. Si tu n'as pas envie de le suivre en courant, par peur des reproches constants ne le fait pas." Elle le regarda simplement, son petit frère, son petit bébé. "Fais juste en fonction de ne pas avoir de regrets, c'est la pire chose au monde à avoir. N'aie pas de regret peu importe ta réponse à la situation."

Si la relation entre leurs parents étaient compliqués, elle savait aussi que la relation entre jumeaux étaient compliqués. La deux paires de jumeaux avaient des problèmes entre eux, enfants séparés par la méchanceté des parents. Sori savait aussi que Chang Min et Lyvan n'y avaient pas échappé. Mais ce n'était pas à elle de régler leur problème. Et elle ne le ferait pas tant qu'aucun des deux n'auraient fait le premier pas. Elle hocha doucement de la tête à sa phrase, souriant devant la maturité de son petit frère. Il savait que ce n'était pas à elle de lui expliquer et ne laissa pas sa curiosité ou son inquiétude pour elle. Vraiment. Elle était fière de ce petit homme.
La mère revint sur le tapis et Sori l'écouta sans l'interrompre. Elle se doutait de cette réaction, elle avait déjà fait son deuil sur le fait de ne pas avoir de mère. Et elle sourit doucement en entendant qu'elle était plus une mère. En soit, ça lui faisait plaisir mais c'était triste. "Moi?" Elle passa une main dans ses cheveux, réfléchissant doucement. "J'aimerais dire avec véracité que je la laisserais là ou elle est, qu'elle n'a que ce qu'elle mérite et ce qu'elle a toujours cherché." Mais elle n'en était absolument pas certaine, elle ne savait pas. Et c'était effrayant en soit. "Elle est une victime de cet homme tout de même. Même si elle n'a pas choisi de se battre contre. Alors je te l'avoue, je ne sais pas si je la laisserais ou essaierai de l'aider." Bien trop bonne, Sori ne savait pas laisser les gens en difficulté. Sauf son père. Lui, il pouvait crever.

Parler de ce qu’il avait fait subir à Yeosang lui pinçait le cœur à chaque fois. Il n’avait été qu’une victime parmi tant d’autres de ses agissements avec les Majors parce qu’il avait été con à l’époque et qu’il s’en voulait maintenant de lui avoir fait subir tout ça. Cependant, même s’il s’était rendu compte que ça n’avait pas été la bonne chose à faire, il ne pouvait pas nier le fait que s’il n’était pas tombé amoureux d’un garçon, son père ne l’aurait jamais frappé parce que c’était le cas. Alors, oui, il s’en voulait d’avoir pris pour cible son aîné, mais il le tenait aussi un peu responsable de son malheur, même s’il n’était pas dupe, son père le frappait bien avant tout ça. Changmin haussa les épaules en entendant les mots de sa grande sœur. Effectivement, son comportement envers Yeo n’avait été que le résultat de ce qu’il subissait par son père et même si elle comprenait et le soutenait, elle ne devait pas admettre qu’il ait agit comme un con avec le plus vieux. Il ne répondit pas parce que ça ne ferait que l’enfoncer encore plus et soupira en écoutant la suite. « Je ne sais pas si j’aurai des regrets si je ne le chasse pas en courant. Mais je sais très bien qu’un jour ou l’autre, si j’arrive à l’avoir, les reproches arriveront à un moment donné. Qu’il le fasse intentionnellement ou non. Il faudra que ça sorte à un donné. Et je ne suis plus celui qu’il a connu. » Non le Changmin qu’il connaissait ne se droguait pas, n’avait pas eu de pensées noires à la mort de sa meilleure amie, n’avait pas été un connard fini. Cette époque était révolue et Yeosang lui avait bien fait comprendre qu’il voulait retrouver ce lycée qu’il n’était plus. Chang n’avait pas envie de se prendre la tête à redevenir celui qu’il n’était plus. Alors, peut-être qu’il lâcherait l’affaire avec Yeo. Ce serait plus simple.

Les parents revinrent une nouvelle fois sur le tapis et Changmin était ferme quant à ce qui se passerait si sa génitrice revenait vers ses enfants. Après tout, elle avait toujours fermé les yeux devant les sévices que leur paternel leur faisait subir et il n’allait pas l’accueillir à bras ouverts. Il serait plus du genre à la regarder de haut et à lui rire au nez en lui disant que quand lui avait eu besoin de sa mère, elle n’avait pas été là pour lui. Ce ne serait que le triste retour du bâton. Certes, elle n’avait pas chercher à se battre contre lui, mais laisser ses enfants prendre, n’était-ce pas pire ? Changmin lui en voulait tellement. Elle avait été plus d’une fois la spectatrice des coups qu’il recevait. Plus d’une fois elle aurait pu faire quelque chose pour arrêter ce massacre et aider son fils. A la place, elle détournait les yeux, le laissant aux poings de cet homme qui se faisait appeler père. Jamais il ne pourrait lui pardonner et même si dans un sens, il comprenait les mots de Sori, il ne les approuvait pas. « T’es trop gentille. Tu vas te faire bouffer. Elle va revenir la queue entre les jambes alors qu’elle a eu des tonnes d’opportunité de dire ce qui se passait à la maison. » Chang parlait notamment de toutes les fois où il s’était retrouvé dans le bureau de la direction au lycée à cause de ses bleus et qu’elle n’avait jamais ouvert sa bouche. Il avait donc écopé d’une réputation qui n’avait pas réellement été la sienne. Il s’était déjà battu, plus d’une fois, mais jamais autant qu’on lui avait fait porter le chapeau. Leur mère aurait pu dire quelque chose et se faire aider. A la place, encore une fois, elle avait laissé ses enfants dans la merde. « Les deux peuvent crever ! Je pisserai sur leurs tombes. » termina-t-il haineux, crachant son venin sans se soucier des sentiments de sa sœur.