Cela faisait dix jours maintenant que Na Eun était retournée vivre avec ses grands-parents, comme avant. Elle se souvenait encore de ce fameux soir où elle était arrivée en pleurant à chaudes larmes avant d’avouer à ses parents l’agression qu’elle avait subi il y a quelques temps pendant une livraison. Elle ne voulait pas leur raconter qu’un garçon venait de briser son coeur et elle savait que ses parents ne discuteraient pas. Et en effet, après l’avoir longuement serré dans leurs bras, sa mère avait appelé ses parents pour voir s’ils pouvaient récupérer Na Eun demain, à la gare. Elle n’avait pas dormi de la nuit et avait pris le train à la première heure, accompagnée par sa famille avant de quitter la ville. Elle avait envoyé des messages à Jun Wan, Lucas et Jia, avait eu Jia au téléphone malgré elle, avait pleuré de nouveau et était arrivée dans sa campagne natale. Elle avait sauté au cou de ses grands-parents avant de retrouver, non sans nostalgie, la vieille ferme de son enfance. Cela lui avait manqué. Ses grands-parents l’avaient laissé tranquille, le temps qu’elle s’installe, mais d’elle-même Na Eun avait commencé à s’occuper. Elle reprenait ses habitudes auprès des animaux, auprès des cultures. Il y avait toujours quelque chose à faire. Au moins, elle était au plus près pour protéger la ferme des promoteurs véreux. Na Eun était dehors du matin jusqu’au soir, s’occupant pour ne pas penser, surtout à lui. C’était dur et souvent elle finissait par pleurer pendant quelques minutes, cachée dans l’étable. Mais elle essayait de réparer son coeur cassé, de faire au mieux. Et ses grands-parents ne posaient pas de question indiscrète, s’occupant d’elle comme quand elle était petite. Alors qu'elle était dans l'étable à s'occuper des vaches, elle entendit le bruit d'une voiture se garant. Ses grands-parents étaient dans la maison, ils s'en occuperont. Au pire, elle viendrait à la rescousse si besoin.

10 jours. Cela faisait 10 jours qu’il n’avait pas vu Na Eun et qu’il errait comme un zombie. 10 jours qu’elle était partie avec son cœur. 10 jours qu’il ne mangeait presque pas. 10 jours à se retourner le cerveau à comment faire. Comment faire pour la reconquérir, pour la ramener. Comment faire pour se faire pardonner. Il avait fait le con. Vraiment le con. Il avait été égoïste et idiot. Et Jun Wan ne s’était pas privé pour le lui dire. Yeong Bin l’avait d’ailleurs supplié de lui donner l’adresse de la ferme. Il s’était même mis à genoux devant lui, parce qu’il voulait vraiment la retrouver et se faire pardonner. Il voulait réellement réparer ses erreurs, réparer son cœur. Et si elle ne voulait pas de lui, si elle ne voulait plus de lui, ce n’était pas grave. Au moins, il aurait essayé. Il voulait la retrouver et pouvoir la serrer de nouveau contre lui, mais seulement si elle le voulait aussi. Il ne voulait en rien la forcer et si elle lui disait que c’était terminé, qu’il ne pouvait plus rien faire, il l’accepterait. Il accepterait qu’elle soit heureuse sans lui. Le garçon soupira, regardant par la fenêtre du taxi. Il appréhendait, il avait peur. Il n’avait jamais eu aussi mal au ventre, et au cœur. L’étudiant en droit regarda la ferme qui s’offrait à ses yeux. Il se pinça les lèvres, hésitant. Il avait peur qu’elle n’accepte même pas de lui parler, qu’elle ne lui laisse même pas le temps de s’excuser, de s’expliquer, de lui dire à quel point elle lui avait manqué et à quel point elle lui manquait. Le sango se décida enfin, ouvrant la portière. Il paya généreusement le taxi et le regarda partir. Il se tourna vers la ferme, inspira profondément et s’avança jusqu’à l’entrée. Yeong Bin hésita devant la sonnette, se mordit la lèvre, avant de prendre son courage à deux mains pour la femme qu’il aimait. Il sonna. Il patienta. La porte s’ouvrit mais pas sur Na Eun. « Euh… Bonjour. Excusez-moi de vous déranger mais est-ce que Na Eun est là ? » Demanda-t-il en regardant l’halmeoni.

Na Eun voyait bien que ses grands-parents étaient inquiets, mais ils n’osaient rien dire, la laissant travailler car ils se doutaient qu’elle avait besoin de ne plus penser. Yeong Bin n’arrêtait pas d’envahir ses pensées et elle se retrouvait à pleurer comme une idiote en pleine nuit ou en plein travail. Elle avait promis à Jia de prendre du temps pour elle, de se remettre et de l’oublier, mais elle n’y arrivait pas. Elle ne s’était toujours pas remise de leur dernière discussion qui avait tourné au drame. Elle avait été dure, l’avait sans doute blessé aussi, mais elle ne gardait la trace que du morcellement de son propre coeur dont elle n’avait toujours pas commencé à recoller les morceaux. Elle se doutait qu’elle inquiétait tout le monde à Séoul, ayant éteint son téléphone et ne prenant aucun appel à la ferme, hormis Jia. Elle n’avait pas eu le courage d’avouer à Jun Wan que Yeong Bin lui avait brisé le coeur. Elle ne voulait pas créer de discordes entre eux. Alors qu’elle travaillait dans l’étable, elle entendit une voiture se garer. N’y prêtant pas plus d’attention, elle continua à nourrir les vaches avant d’entendre la voix de sa grand-mère qui l’appelait. Fronçant les sourcils, elle sortit de l’étable, fourche en main, les cheveux pleins de pailles et les bottes pleines de boue. La paysanne typique. De loin, elle vit un homme très grand, bien habillé et se demanda si c’était un de ces promoteurs immobiliers qui harcelaient ses grands-parents pour qu’ils vendent la ferme. “Tu as besoin d’aide, halmeoni ?” s’exclama-t-elle en s’avançant rapidement avant de soudainement le reconnaître, les yeux écarquillés par la surprise. Yeong Bin. Qu’est-ce qu’il faisait ici ? Elle s’arrêta net alors qu’il s’avançait vers elle, tandis que sa grand-mère les regardait, porte toujours ouverte. “C’est bon halmeoni, tu peux rentrer, je le connais.” la rassura-t-elle afin qu’elle puisse retourner à ses occupations. “Qui t’as dit que j’étais ici ?” demanda-t-elle, la voix blanche. Elle sentait ce qui lui restait de coeur se serrer. Il lui avait manqué.

Yeong Bin ne savait pas à quoi s’attendre en allant à la ferme des grands-parents de Na Eun. Il savait juste qu’il voulait s’excuser et s’expliquer avec elle, lui dire à quel point elle lui manquait, à quel point il tenait à elle, et à quel point il avait été con. Mais il ne savait pas comment elle réagirait. Accepterait-elle, même, de le voir ? C’était une possibilité et le garçon espérait ne pas y faire face. Il regardait par la fenêtre du taxi, une boule au ventre, le cœur serré. Il tentait sa chance. Le véhicule s’arrêta enfin et l’étudiant mit plusieurs longues secondes avant de se décider à sortir. Il inspira profondément, regardant les alentours. C’était vraiment paumé et il n’avait clairement pas l’habitude d’évoluer dans ce genre de milieu. Il paya grassement le conducteur et regarda le taxi repartir vers la capitale. Il espérait y rentrer avec l’étudiante, et non tout seul. Yeong Bin fit face à la ferme et s’avança jusqu’à l’entrée. Il hésita un instant, se demandant s’il faisait bien les choses. Il avait tellement merdé qu’il se posait énormément de questions maintenant. L’étudiant en droit sonna et attendit. Il fit face à une grand-mère. Il s’excusa de la déranger avant de demander si Na Eun était là. La vieille dame l’appela et le regarda de la tête aux pieds, sans rien dire de plus. Yeong Bin était extrêmement gêné et resta silencieux. Son cœur loupa un battement quand la voix de Na Eun parvint jusqu’à ses oreilles. Elle était là. Il réprima un sourire et se tourna vers la sango. Il remercia la grand-mère de l’étudiante et s’avança jusqu’à la jeune femme d’un pas hésitant. Qu’est-ce qu’elle lui avait manqué… Il la détailla, retenant ses doigts de retirer la paille dans ses cheveux, n’ayant pas très envie qu’elle lui pique les fesses avec sa fourche. Il se pinça les lèvres face au ton de sa voix. Il baissa les yeux, regardant un instant ses pieds avant de relever la tête, ancrant son regard au sien. « C’est Jun Wan. » Répondit-il doucement. « Ne lui en veux pas. Je l’ai supplié. » Avoua-t-il, lui cachant quand même qu’il s’était mis à genoux devant lui pour obtenir l’adresse. Yeong Bin ne savait pas par où commencer, quoi lui dire, alors il la regardait, et son cœur battait la chamade. Il était si content de la retrouver.

La vie à la ferme lui avait manqué, elle aimait bien son petit bout de campagne, le calme ambiant malgré tout ce qu’il y avait à faire. Elle savait que si elle devait retrouver une certaine paisibilité, cela serait ici. Na Eun entendit une voiture se garer au loin, puis repartir. Puis elle entendit la voix de sa grand-mère l’appeler. Abandonnant son travail, elle espérait qu’un promoteur n’était pas venu les embêter aujourd’hui, sinon il aurait affaire à elle et sa fourche. De loin, elle crut en voir un et pressa le pas, prêt à défendre sa famille et leur ferme, mais elle s’arrêta soudainement en reconnaissant Yeong Bin. Que faisait-il ici ? Comment avait-il su qu’elle était ici ? Qui l’avait balancé ? Na Eun rassura sa grand-mère afin qu’elle puisse retourner à ses occupations et observa, méfiante, le garçon. Elle voulut directement savoir comment il avait su où la trouver. Elle ne lui avait jamais dit où était située la ferme de ses grands-parents, et n’était même pas sûre de lui en avoir parlé un jour. Elle maudit son meilleur ami, lui envoyant de mauvaises ondes de là où elle était avant de reporter son attention sur le sango. Elle fut un peu surprise d’apprendre qu’il avait dû supplier Jun Wan pour obtenir l’adresse. “Ah oui ? Et pourquoi tu l’as supplié ?” demanda-t-elle, confuse. “Je ne comprend pas, qu’est-ce que tu viens faire là ?” ajouta-t-elle, alors que la blessure de son coeur saignait de nouveau. Pourtant elle avait juste envie de lui sauter dans les bras, de se serrer contre lui, de retrouver la chaleur de ses lèvres et de son corps. Elle baissa les yeux, étant incapable de le regarder sans souffrir. Elle ne comprenait vraiment pas, il avait été clair la dernière fois, non ?

Yeong Bin souffla longuement une fois devant la ferme. Il avait supplié Jun Wan pour avoir l’adresse et aller parler à Na Eun. Il n’allait pas se défiler mais il avait peur. Peur de ne pas réussir à réparer les choses. Peur qu’elle refuse de lui parler. Peur que tout soit réellement fini… C’était avec la boule au ventre que l’étudiant s’avança jusqu’à la porte. Avec la boule au ventre et le cœur serré, qu’il sonna. Son regard se posa sur la grand-mère qui lui ouvrit. Il lui adressa un bref sourire, tentant d’être le plus amical possible. Le sango la salua, s’excusa de déranger et demanda si la jeune femme était là. Il avait peur qu’elle lui dise que non, pour protéger sa petite-fille. Ce qui, en soit, était totalement compréhensible mais Yeong Bin avait vraiment besoin de lui parler, de recoller les morceaux. Elle lui manquait, terriblement. Le garçon attendit et la voix de Na Eun lui parvint. Un sourire voulut s’emparer de ses lèvres mais il s’en empêcha. Même s’il était content de l’entendre, de la retrouver, de l’entendre, ce n’était pas du tout décent de sourire. Le géant se tourna et la regarda. Il inspira un bon coup, discrètement, et s’avança jusqu’à elle. bien évidemment, la première question qu’elle lui posa était qui lui avait donné l’adresse. Yeong Bin avait tout fait pour l’obtenir auprès de Jun Wan, tout, jusqu'à se mettre à genoux devant son meilleur ami. Parce qu’il voulait vraiment se faire pardonner. « Parce qu'il ne voulait pas me donner l'adresse alors que je voulais vraiment te voir. » Répondit-il, honnête. Il comprenait bien l’incompréhension de la sango. Il l’avait blessé et il se permettait d’être là, devant elle. « Je suis venu pour me faire pardonner, Na Eun. » Déclara-t-il. « J’ai fait le con. Vraiment. Et j’en suis désolé. » Commença-t-il, le regard ancré à celui de la jeune femme. Il était plus que sincère. Il avait vécu 10 jours épouvantables. Dix jours à ne quasiment plus s’alimenter. Dix jours à rester sur son lit, à ne rien faire. Dix jours à réfléchir à comment faire, à quoi dire. Dix jours où son cœur n’avait fait que saigner.

À l’appel de sa grand-mère, Na Eun s’était empressée de la rejoindre, surtout quand elle vit de loin un homme bien habillé. Celui qu’elle avait pris pour un de ses vautours était Yeong Bin, la dernière personne qu’elle s’attendait à voir ici. La demoiselle rassura sa grand-mère afin qu’elle retourne à l’intérieur de la maison, avant que son regard ne se pose sur le garçon. Que ça lui faisait mal de le voir là, alors que son coeur était en miettes. Ses paroles tournaient en boucle dans sa tête chaque nuit et à chaque moment où elle ne faisait rien. Elle vint lui demander qui l’avait vendu et apprit que Jun Wan avait donné l’adresse. Ce traître, il aurait de ses nouvelles. Si elle était allée aussi loin, c’était pour ne plus avoir à le croiser, pour ne plus souffrir. Pourquoi avait-il supplié leur meilleur ami pour obtenir l’adresse ? Elle ne comprenait pas. Le visage inexpressif, elle le regarda alors qu’il s’expliquait. “Me voir ? Pour me dire quoi ? Qu’on s’est rien promis ? J’ai compris le message.” lâcha-t-elle, douloureuse, alors qu’elle pensait que son coeur ne pouvait pas plus se briser, elle le sentit se serrer dans sa poitrine. Il voulait se faire pardonner, s’excusant d’avoir été con et en croisant son regard, elle n’avait qu’une envie, le croire et sauter dans ses bras. Mais … “J’aimerais bien te croire, mais qu’est-ce qui va changer ?” demanda-t-elle. Ils recommenceraient juste à se voir pour coucher ensemble, travailler et se chamailler ? Elle ne voulait plus de ça. Elle voulait autre chose, beaucoup plus. Croisant les bras, elle fit un pas en arrière, le regard fuyant. “Est-ce que tu as compris, au moins, ce qui me fait souffrir ?” murmura-t-elle, sans attendre finalement de réponses. Elle avait été déçue et avait peur de l’être de nouveau.

Yeong Bin se mordit discrètement la lèvre inférieure en regardant Na Eun. Il ne savait pas vraiment comment elle allait prendre sa visite mais au vu de son étonnement, elle ne s’attendait vraiment pas à le voir. Le garçon s’avança jusqu’à elle, bien décidé à s’excuser et tout réparer entre eux. Du moins, il espérait vraiment ça possible. L’étudiant en droit lui révéla avoir eu l’adresse par Jun Wan. Il ne fallait pas lui en vouloir, le géant avait été très insistant pour l’avoir. Il avait vraiment merdé auprès de la sango et voulait se rattraper, sauver le début de leur histoire. Le sango n’hésita pas à lui dire pourquoi, qu’il voulait vraiment la voir. Mais elle lui rappela ce qu’il lui avait dit. Son cœur se serra, il déglutit et baissa les yeux. « Non, pas pour ça. » Répliqua-t-il en la regardant. Cette phrase l’avait vraiment marqué, bien plus qu’il ne le pensait, alors qu’il n’avait fait qu’énoncer la vérité. Mais, justement, cette vérité, c’est ça qui la blessait. Et qui le blessait aussi. Ils ne s’étaient rien promis et il était bien là le problème. Il voulait se faire pardonner, s’excuser d’avoir été con, et lui dire enfin ce qu’il avait réellement sur le cœur. « Na Eun, c’est compliqué. » Commença-t-il mais elle recula, le regard fuyant. Yeong Bin ne s’avança pas pour autant. Il ne voulait pas qu’elle le fuit définitivement. Sa question lui serra le cœur, douloureusement. Oui, il avait compris. Du moins, il pensait avoir compris ? Il était incertain maintenant face à elle. « Je n’ai pas été honnête avec toi. » Déclara-t-il. « Et… pas qu’au sujet de Bo Yong. » Souffla-t-il. Non, il n’avait pas été honnête sur ses sentiments, sur la véritable raison de sa venue la dernière fois. « Je sais que j’aurais dû te le dire mais elle n’est rien pour moi, c’est pour ça que je n’ai rien dit. Ça n’avait pas d’importance pour moi mais j’ai bien compris que ça en avait pour toi. » Continua-t-il en cherchant son regard. « Na Eun… Tu n’as jamais été un passe-temps ou un jouet pour moi. Jamais. » Ajouta-t-il, faisant un petit pas vers elle.

Na Eun se souvenait de chaque paroles de Yeong Bin, en particulier celle qui l’informait qu’ils ne s’étaient rien promis. Ça l’avait marqué en plein coeur, le brisant en mille morceaux. Elle ne pensait pas avoir besoin de promettre quoi que ce soit, leur relation semblait s’accentuer petit à petit depuis leur rencontre, ça lui semblait évident à ses yeux. “Non c’est pas compliqué ! C’était évident …” lança-t-elle, piquée au vif, les larmes lui montèrent aux yeux, avant de reculer d’un pas, croisant les bras. Elle n’était même pas sûre qu’il sache réellement ce qui la blessait le plus dans l’histoire. Il n’avait rien compris, s’amusant presque qu’elle soit jalouse. Le regard fuyant, elle se contenta de l’écouter. Yeong Bin n’avait pas été honnête en effet, mais elle ne savait pas de quoi il parlait si ça ne concernait pas que sa fiancée. Na Eun finit par relever légèrement les yeux, croisant son regard et le laissa s’approcher, sans reculer cette fois-ci. La sango finit par relever un peu plus la tête. “Tu sais pourquoi j’ai mal pris ce que m’a dit Bo Yong ? Depuis que je suis petite, je subi les moqueries sur ma famille, sur leur pauvreté, sur mes vêtements démodés. Ça ne m’affecte plus … mais la façon dont elle m’a regardé … c’était trop. Ce regard de dégoût … comme si je n’étais qu’une moins que rien. Et tu n’as rien dit. Je n’attendais pas à ce que tu agisses comme un prince charmant. Juste que tu te mettes à ma place, ne serait-ce qu’un instant. Que tu comprennes. Au lieu de me reprocher mon comportement.” souffla-t-elle avant de soupirer. “Alors j’ai été quoi, hein ?” lui demanda-t-elle en le regardant droit dans les yeux. “Qu’est-ce que j’ai été pour toi ? Qu’est-ce que je suis ?” ajouta-t-elle.

C’était évident pour elle mais pas pour lui. Même s’il avait pris conscience de ses sentiments à son égard au fur et à mesure qu’il la côtoyait, ce n’était pas simple. Ce n’était pas aussi évident que ça. Bien évidemment, il aurait dû lui dire pour sa fiancée. Mais ça ne changeait rien à la situation, qu’elle soit au courant ou non. Il était toujours pieds et poings liés. Il devra toujours se fiancer, quoi qu’elle en dise, et quoi qu’il en dise. Il n’avait pas le choix et Na Eun ne pouvait pas le comprendre. Elle ne vivait pas dans son milieu. Pourtant, il lui avait dit qu’il ne pouvait pas faire ce qu’il voulait, notamment choisir la personne qu’il épouserait. Il l’avait prévenu… Yeong Bin la regarda longuement, le cœur serré en la voyant au bord des larmes. Il lui expliqua qu’il n’avait pas été honnête, que ça ne concernait pas que sa fiancée. Il lui expliqua qu’elle n’avait jamais été un passe-temps, un jouet, pour lui. Elle était bien plus. L’étudiant fit un pas vers elle, content de voir qu’elle ne reculait pas encore, qu’elle ne le fuyait pas. Il trouva son regard et s’y accrocha. Il se mordit la lèvre face à ses révélations. Bien évidemment, il n’avait jamais connu ça. Il n’avait jamais subi de moqueries, n’avait jamais été regardé avec dégoût. Il baissa la tête, restant silencieux. « Je suis désolé… » Souffla-t-il avant de relever la tête vers elle, la regardant de nouveau droit dans les yeux. « Je… » Il s’interrompit, se pinçant les lèvres avant de soupirer. « Tu étais bien plus qu’une simple fille avec laquelle je couchais. Et… » Il souffla. Il devait se jeter à l’eau, même si elle n’éprouvait pas la même chose, même s’il se prenait un stop. Tant pis. Au moins, elle saurait. « Tu es la fille que j’aime. » Déclara-t-il, la regardant droit dans les yeux, son cœur battant la chamade. Il avait horriblement chaud, horriblement mal au ventre. Il avait peur mais il se sentait aussi soulagé de l’avoir enfin dit. Pour autant, il savait que, derrière, même si elle éprouvait la même chose, ça ne serait pas simple. Parce que sa vie n’était pas simple. Elle pouvait se permettre de sortir avec qui elle voulait mais pas lui. Leur histoire allait droit dans un mur, avant même qu’elle ait commencé. Et il ne pouvait pas lui demander d’être quand même avec lui alors qu’il allait se fiancer avec une autre.