@Jung Ae Ra
C'était toujours avec plaisir que tu accueillais Ae Ra chez toi. Toujours avec plaisir que tu la faisais entrer et que tu lui proposais de rester un peu plus longtemps que nécessaire. Ambiance bon enfant, tu te sentais toujours à l'aise en sa compagnie. Elle pouvait te comprendre sans que tu ne parles. Pas besoin d'articuler les mots pour être compris, t'avais besoin de les souffler dans des respirations lentes pour qu'elle comprenne. Des taquineries venaient s'y mêler et c'était ce qui rendait votre lien si particulier et si unique. Qui pourrait croire qu'elle était ta patronne si l'on vous voyait ainsi ? Il n'y avait que de la bonne entente et de la bonne humeur entre vous. Il n'y avait que l'air léger et apaisant. Et elle pouvait presque – presque – te faire oublier que t'étais en ville. Mais quand tu détournais le regard vers ta fenêtre, tout te retombait dessus. Et la ville pesait. Elle était lourde, et étouffante, et elle manquait de couleurs. Le visage faiblement penché, tu tentais de comprendre l'utilité de tout ça. Sans doute cela l'aidait-elle à garder un rythme de sommeil précis ? Et régulier ? « C'est utile ? », demandas-tu, les sourcils froncés, perplexe face à l'idée. « C'est mon talent, c'est pour ça que tu m'as embauché », si seulement. Tu ris discrètement, la frimousse contentée et amusée alors que tu l'observais. Tu bougeas bêtement les épaules, l'innocence jusqu'à l'étincelle de tes prunelles. « Je cache pas de corps dans mes placards », que tu plaisantas, un peu fier de ta blague. En soit tu n'avais pas vraiment de secrets, elle connaissait déjà tout. « Je vais te laisser découvrir ça toute seule, ce n'est pas drôle si je t'avoue tout », susurras-tu, le sourire mutin et les pommettes relevées. Laisser planer le doute, c'était pas mal non ? Même s'il n'y en avait aucun. « Les autres n'ont pas le droit de prendre de douche, t'emprunter mes serviettes ou même de dormir dans mon lit », fis-tu la liste, avant de rire. Bon, si quelqu'un venait en disant avoir besoin d'une douche, t'allais pas dire non. Mais le plus souvent on ne venait pas pour ça et on ne restait pas aussi longtemps. On ne restait pas dormir non plus. Tu vins lui pincer la joue avec délicatesse, un son amusé dans la gorge. Vraiment, tu donnais pas l'impression d'être face à ta patronne. « Espérons que tu n'aies pas besoin de crier », avouas-tu dans un rire, plus pour sa santé que pour le reste. Tout se passerait bien de toute façon, il n'y avait rien de dangereux par là. Normalement. Tu la laissas prendre son temps, allant préparer le repas, le sourire fin aux lèvres. Tu redressas le visage quelques fois, entendant du bruit, t'assurant que tout allait bien, avant de reprendre ta préparation. Elle ne criait pas donc ça devait aller, non ? « Ca va bien ? », demandas-tu tout de même, prêt de la porte de la salle de bain, tendant l'oreille. Puis tu retournas en cuisine. « Je vais l'aménager juste pour toi », articulas-tu. La vilaine salle de bain, comment avait-elle osé ne pas être pratique ?? « J'espère que ce sera tout aussi bon. Tu peux t'installer », tu mis la table, et terminas ta petite préparation avant de vous servir et de t'installer pour partager ce bon repas. C'était agréable, de ne pas manger seul. Ca changeait. Ca changeait de parler en mangeant, de rire, d'imaginer, de se changer les idées. Ca changeait.