Dire qu'elle n'avait pas peur de ne plus jamais le revoir quand il partait en mission était un mensonge. Chaque fois qu'elle savait qu'il était parti, Eunae s'endormait effrayée à l'idée qu'il revienne blessé ou pire qu'il y passe. Alors, quand il parlait ainsi, ça lui faisait mal. Il ne se rendait pas compte qu'il y avait des gens pour qui il comptait. Des gens qui l'aimaient et qui l'attendaient. Sans parler forcément d'elle, Yunseok était sûrement une personne qui serait plus que triste à l'idée de le perdre. « Fais juste attention à toi... » demanda-t-elle sachant très bien qu'il n'en ferait qu'à sa tête.
Elle sourit amusée à ses mots. « Je sais, je suis un disque rayé... Mais c'est vrai. » Il ne comprenait pas et il lui montrait encore une fois en ne sachant pas pourquoi elle l'appréciait. Elle serra les dents. C'était vraiment si abstrait pour lui que quelqu'un l'apprécie, ou même l'aime ? Pourquoi ? Il restait un être humain et tout être humain et vivant méritait de l'amour et de la considération. Elle soupira quand il reprit la parole avant de sentir la colère s'emparer d'elle une nouvelle fois. Les larmes s'accumulèrent presque à ses yeux et elle se leva furieuse. Eunae frappa même l'arrière de son crâne. « Vraiment t'es un abruti ! Putain mais tu comprends vraiment rien. » Elle tenta de se calmer, respirant longuement. « C'est si compliqué pour toi de voir que y a des gens qui tiennent à toi ? Des gens qui ont peur pour toi ? Des gens qui attendent ton retour ? Des gens qui t'aiment ? » Sa voix était partie dans les aiguës et elle s'était même élevée. « Comment tu peux parler aussi tranquillement de ne plus être sur Terre alors que... Je... » t'aime. Eunae s'était arrêtée avant serrant les poings et grognant de frustration à cause de lui.

"Je fais déjà attention." Plus ou moins. Il faisait attention sinon il serait probablement déjà mort depuis des lustres. Et sincèrement, il pensait à beaucoup de situation qui l'avait mis dans un sale état. Et dont de nombreuses qui auraient pu lui coûter la vie. Et pourtant, par un miracle étrange, il était toujours là. Toujours présent et bien vivant.
Il hôcha simplement de la tête à sa phrase. Oui elle était un disque rayé. Un bon disque rayé même. Elle répétait souvent les mêmes choses pour sa plus grande incompréhension. Il fallait le dire. Une fois dit, c'était fini et c'était tout. Mais pas avec elle. Etrangement. Puis il avait du dire une chose qu'il ne fallait pas. Il vit la jeune femme s'embraser dans une colère soudaine, le rendant perplexe. Il la regardait s'enflammer toute seule, fronçant simplement des sourcils pour montrer qu'il écoutait un minimum. "Alors que tu quoi Eunae?" Il s'était levé à son tour, la surplombant de sa taille. Il la fixait tout simplement avant de reprendre. "C'est la vérité Eunae. Comme tout le monde. Un jour, tout le monde partira de sur Terre. Et moi aussi." Probablement plus tôt que tout le monde, il n'en savait rien. Son métier était à risques, frôlant la mort tous les jours. "Oui pour moi, c'est inimaginable que les gens m'apprécient, tiennent à moi." Evidemment, il savait que les Im était à part. Pour beaucoup de choses dans ce genre. "Mais je ne comprends pas pourquoi tu t'envenimes soudainement Eunae." Il n'en avait aucun doute en réalité, bien loin des années lumières au courant des pensées de la jeune femme sous ses yeux. Pour lui, il n'était rien à ses yeux, juste un petite amusement, une petite passe qui s'envolerait à la prochaine belle gueule croisée. Rien de plus, rien de moins. "Si tu as fini Eunae, tu peux rentrer." Il se détourna d'elle, concluant la fin du moment lui tout seul.

Il faisait attention qu'il disait. Elle n'en était absolument pas sûre après tout, elle voyait les cicatrices sur son torse et son dos et la blessure qu'elle était en train de soigner. Comment pouvait-il dire qu'il faisait attention alors qu'il revenait avec des plaies ? Elle n'y croyait pas et pourtant, elle ne pouvait rien dire de plus. A la place, elle soupira juste plus fortement, espérant plus que tout qu'il fasse réellement attention et qu'on ne lui annonce pas un jour qu'il était mort en mission. Elle savait que son grand frère serait heureux parce qu'il ne l'aimait pas, mais elle, elle serait dévastée, réellement.
Comme elle l'était actuellement alors qu'il parlait de ne plus vivre. Eunae ne savait pas comment gérer tous les sentiments qu'elle ressentait alors qu'il ne comprenait pas ce qu'elle avait en tête et dans le cœur. Sangjun ne comprenait pas qu'elle l'aimait éperdument et qu'elle ne voulait pas le perdre. Pour lui, elle ne devait être qu'une gamine, une plaie à supporter dont il rêvait de se débarrasser. Elle fulminait toute seule dans son coin et soutint son regard quand il se leva, ne répondant pas à sa question. Elle ne pouvait pas lui dire, pas ainsi. Et pourtant, tout son être voulait le faire. Il ne comprenait pas mais il ne pourrait pas comprendre si elle ne lui disait rien. Eunae serra un peu plus les dents à chaque mot qu'il prononça et quand Jun la congédia elle attrapa la première chose qui lui passa sous la main, la trousse de secours, et lui lança dessus. « T'es vraiment con ma parole ! Y a des gens qui t'aiment ! Yunseok, Queen... » Elle grimaça au prénom de la jeune femme mais continua. « Et moi ! Moi je t'aime Sangjun. » gueula-t-elle presque avec toute la rage et la frustration qu'elle ressentait à ce moment là. « Et avant que tu me dises que c'est qu'une passade et que je finirai par changer d'avis ou que je laisserai tomber si je rencontre quelqu'un d'autre... C'est pas le cas... » Elle mordit dans sa lèvre et détourna le regard. Eunae ne souhaitait pas voir son regard et y lire le rejet qu'elle sentait arriver. « J'ai essayé de t'oublier. J'ai pas réussi. » Elle soupira avant de rire de sa propre situation. « Quand je disais que même King aurait compris... C'est parce qu'il l'a fait. Il a vu mes sentiments pour toi alors que toi... T'as rien vu. »

Son regard trahissait son incompréhension. La colère était palpable mais l'incompréhension prédominait le moment. Comment pouvait-elle l'aimer? Ce n'était pas possible. Tout en lui repousser, absolument tout. Il ne pouvait pas comprendre comment elle pouvait s'attacher ne serait-ce qu'un minimum à lui. Alors des sentiments amoureux? Encore moins; Surtout à son âge. C'était impossible. Il enleva sa main, refusant la tendresse qu'elle pourrait lui donner - lui donner envie de convoiter un jour. "Je ne suis pas vivant." Son regard s'assombrit en repensant à tous ses fantômes qu'il portait sur ses épaules, à toutes ses vies dont il avait pris sans rechigner, sans même cligner des yeux. Débile et cruel.
Il secoua la tête à ses phrases. Elles montraient bien qu'il n'était pas fait pour aimer. Alors pourquoi continuait-elle à le faire Ce n'était pas cohérent. "Tu n'as fait que me montrer que tu étais une gamine pourrie gâtée." Elle avait tant supplier son père pour venir travailler ici. Comment pouvait-il avoir une autre image d'elle alors qu'elle faisait vraiment tout ce qui lui plaisait? Il ne pouvait pas. Il ne pouvait absolument pas en avoir une autre d'image.
Un léger sourire amusé étira ses lèvres mais son regard montrait bien qu'il était bien loin de l'être de la situation. "M'embrasser? Comme si tu en étais capable." Semi provocation, il ne bougea néanmoins pas. "Tu ne comprends pas la situation Eunae. Si tu es amoureuse de moi comme tu le dis, tu devrais vite t'en défaire. Tout ça n'amènera rien de bon pour nous deux." Il ne pourrait retourner ses sentiments - et même si il le faisait, il ne saurait faire. Et surtout, elle deviendrait une cible pour les ennemis et ça, il ne pourrait l'accepter. Mettre une vie en danger en plus de part sa connaissance avec lui, c'était un non catégorique. Même si Eunae pouvait être très bien protéger étant donné sa famille, ce n'était jamais assez sûr. "Donc oui Eunae, si il faut, tu travailleras ailleurs, ça t'aidera à ne plus avoir...Ses sentiments amoureux." Ses mots lui arrachaient la bouche tout simplement. "Et la situation sera réglée." Aussi simplement. Mais la encore, il se trompait. Son regard décrivit le visage de la jeune femme, lorgnant légèrement sur ses lèvres avant de se replonger dans son regard. Il était un homme avant tout.

Ses yeux se levèrent d’eux-même au ciel, tandis qu’il enlevait sa main de sa joue et lui mentionnait le fait qu’il n’était pas vivant. Eunae ne se découragea pas et la posa sur son torse, là où elle pouvait sentir que son coeur battait. « Tant qu’il bat, ça veut dire que tu es vivant. Et que tu refuses toutes formes de tendresse prouve que tu sais ce que ça implique… Mais que t’es trop bête pour le voir. Tout le monde mérite l’amour. » Même les plus grands criminels. Eunae en avait l’intime conviction, Sangjun méritait quelqu’un qui l’aimait et si ce quelqu’un pouvait être elle, elle n’en serait que plus heureuse.
Elle serra les dents quand il répéta ses mots. « C’est bon, j’ai pas besoin que tu me confirmes ce que je sais déjà. Je suis qu’une gamine pourrie gâtée insignifiante à tes yeux. » Et ça lui faisait mal. Elle sentait son coeur se serrer et ses yeux s’embuer. La gamine était amoureuse de lui depuis si longtemps qu’elle avait eu le temps de se rendre compte qu’elle n’était rien pour lui, juste une nuisance, un insecte à écraser de sa vie. Elle le savait, l’avait compris depuis pas mal de temps, mais ça ne lui faisait que plus mal de s’en rendre compte encore un peu plus.
Eunae le fusilla ensuite du regard. Il ne la prenait pas au sérieux. Il ne pensait pas qu’elle pourrait l’embrasser, qu’elle en mourrait d’envie. À croire que pour lui ce qu’elle lui disait n’était rien d’autres que des mots d’enfants, des phrases qu’elle disait sans même réfléchir. Mais ce n’était pas le cas. La jeune femme avait beau se comporter comme une enfant, elle savait ce qu’elle voulait. Et ce qu’elle voulait là, c’était Sangjun. « Tu dis ça pour toi ! Mais en fait… T’as peur… Peur de te rendre compte que même toi, un criminel, un meurtrier, tu peux avoir de l’affection pour quelqu’un ! T’as peur de te rendre compte que tu peux aimer malgré tout… » Elle rit légèrement moqueuse. « Je pensais pas que tu étais si lâche… » dit-elle, le regardant droit dans les yeux. Jun reprit la parole et elle ne put s’empêcher de rire un peu plus, remarquant son regard sur ses lèvres qu’elle humidifia. « Parce que tu crois que ça part comme ça ? » Elle garda son regard droit dans le sien. « Ça fait trois putain d’années que je suis amoureuse Sangjun. Trois ans que je t’aime sans rien dire parce que j’étais mineure et que je ne voulais pas te créer de souci avec ça… Puis tu m’aurais encore moins pris au sérieux… » Elle soupira tout en continuant de le regarder. « Crois moi, si ça partait aussi vite et aussi simplement que ça… J’aurai abandonné depuis longtemps… Mais je peux pas. »
Son regard se reposa sur ses lèvres et elle lécha les siennes. « Tu pourras pas dire que je t’ai pas prévenu… » A peine avait-elle finit de parler qu’elle fondit sur les lèvres de Sangjun, l’embrassant avec envie. Il n’y répondrait sûrement pas, mais elle en avait besoin, terriblement besoin. Elle ferma les yeux pour ne pas le voir réfléchir à la meilleure façon de la repousser et couina légèrement contre ses lèvres en rapprochant son corps du sien.

Jun ne comprenait pas son envie certaine de lui faire dire qu'il était vivant. De lui montrer qu'il était une personne qui pouvait aimer - pire qui avait le droit d'être aimer. Etait-elle aveugle? Ou amoureuse de ses livres à l'eau de rose qui ne déployait aucunement la véracité de la réalité d'un criminel, d'un tueur à gages? Ses histoires, ses livres, ses films florissaient sur le marché pour faire rêver les jeunes femmes avant de leur détruire leurs innocences en découvrant la dure réalité de la vie. Sang Jun n'était pas là pour lui faire vivre son rêve d'enfant, de gamine aux espoirs de transformer le bad boy en un petit agneau. Loin de là. Il était cru dans ses paroles, il aurait pu dessiner, lui décrire des scènes qu'il avait eu sous les yeux. Mais une part de lui voulait la protéger un peu de ce monde si sombre.
"Eunae, tu as supplié ton père pour venir travailler chez moi. Alors oui, désolée mais ça ressemble à un comportement d'une gamine pourrie gâtée. Tes actions pour avoir ce que tu veux, faire ce que tu entends sans écouter les demandes des autres. Ta propre envie prime sur les autres. C'est être un enfant roi. C'est ça." On pouvait aussi lui noter sa grande patience et résistance aux ouragans que Jun pouvait faire. Au moins, elle était persévérante.
La conversation s'échaffaudait, les nerfs s'envolaient peu à peu. L'orage qu'était Sang Jun rencontrait les flammes d'Eunae. Et le brasier qui en sortait n'augurait rien de bon. "J'aime Eunae, j'aime Queen, Caspian, Granny. J'aime les gens que je peux aimer." Il se doutait que ça allait être blessant. Mais la famille Im avait réussi à entrer dans sa vie peu à peu et surtout, à ne le forcer à rien comme la gamine le faisait. Jun on l'avait à l'usure mais à la douceur, on devait lui laisser sa bulle pour qu'il accepte que quelqu'un entre.
"Lâche? Je pense que je suis très loin d'être un lâche Eunae. Sinon je ne serais plus devant toi pour t'en parler. " Son regard s'était assombri, ne disant rien de plus. Il voulut répondre à sa tirade amoureuse, digne des plus grandes tragédies  que l'on pourrait lire mais à la place, il eut ses lèvres sur les siennes. Si au début, il resta stoïque, ne sachant quoi faire de ce qui se passer, il finit par passer sa main dans sa nuque, y répondant avec un peu plus de voracité qu'elle ne donnait. C'était son corps qui réagissait pour lui, trahissant une envie cachée et méconnue de son propre hôte. Il finit par se reculer, la regardant, la respiration erratique. Il secoua la tête, reprenant ses esprits. "Oublie cet amour impossible Eunae. Tout ça n'amènera rien de bon à part te retrouver à la tête des journaux télévisés." Il se tût pour lui laisser comprendre l'information avant de l'assassiner une dernière fois.