« Ils sont vrais ! C’est pas parce que toi t’es convaincu du contraire que je ne t’aime pas ! Et crois moi dans mes rêves, tu m’as autant repoussé que tu le fais maintenant. Donc non, je ne vis pas dans une fantaisie ou une illusion ! » Eunae ne cesserait jamais de clamer que les sentiments si forts qu’elle ressent pour Sangjun étaient bien présents. Elle était amoureuse de lui, depuis des années et ce n’était pas quelque chose qu’elle pouvait faire disparaître en un claquement de doigts. Elle avait pourtant tenté de le faire. Plus de fois qu’il ne pourrait imaginer. Mais c’était lui et lui seul. Cependant, dans l’esprit de la jeune femme, il voulait Queen. Elle lui fit donc part de ses pensées, parce que si lui pouvait s’énerver qu’elle mentionne beaucoup King, elle pouvait aussi le faire avec Queen. Eunae ne portait pas la jeune femme dans son coeur. Elle était persuadée que Jun l’aimait de la façon dont elle, elle aimait le plus vieux. Cependant, quand il appuya sur le fait qu’il ne voulait pas coucher avec la flic parce qu’elle était sa petite sœur, le cœur de Eunae fit un bond dans sa poitrine. Ça voulait dire qu’elle avait encore ses chances. Enfin, s’il la laissait faire.
Et ce fut ce qu’elle crut alors qu’il l’embrassait, sa main dans sa nuque et l’autre dans la chute de ses reins. Eunae gémit un peu plus contre ses lèvres tandis qu’il la collait encore plus à lui. Elle n’avait jamais imaginé qu’il lui rendrait son baiser et elle se laissait fondre dans cet échange. Il était si doux et à la fois si amer. Il ne l’aimait pas, mais il l’embrassait comme s’il la désirait, comme s’il la voulait. Elle se faisait aspirer dans cette douce torture ne voulant que ça ne s’arrête jamais. Pourtant, ce fut le cas. Le baiser prit fin aussi abruptement qu’il avait commencé et Eunae n’eut même pas le temps de s’en réjouir, de goûter un peu plus à ce qu’il avait laissé sur ses lèvres et à cette sensation qui fleurissait dans son bas ventre. Sangjun détruisit tout en quelques mots et cette fois-ci, elle laissa de côté la femme forte et indépendante qu’elle tentait de montrer depuis le début. Elle se mit à pleurer et le gifla de toutes ses forces. Elle se foutait bien de lui avoir fait mal. Son cœur saignait. Il n’avait le droit de l’embrasser ainsi et encore moins de la rejeter comme une merde. « Alors pourquoi tu dis que je vais mourir ? Si j’avais peur, je serai pas là devant toi. J’aurais pris la fuite depuis longtemps. Je sais ce que ça implique. Je sait ce que TU fais. » Elle n’avait jamais eu peur de Sangjun bizarrement. C’était de son frère dont elle avait le plus peur.
Vidée de toute énergie, Eunae se laissa faire comme une poupée de chiffon. Elle n’avait plus la force de rien et encore moins de se battre contre lui. Il se montra patient et adorable avec elle et elle pleura encore plus. Il ne se rendait pas compte que c’était ce genre de comportement qui la faisait tomber un peu plus amoureuse de lui à chaque seconde. C’était lui le seul et unique. « Je veux être ta princesse… » murmura-t-elle en le regardant, tentant de discerner son visage entre ses larmes. « C’est toi qui comprend pas Sangjun. » Elle attrapa la main du plus vieux et la posa sur sa poitrine, au niveau de son coeur. Elle souhaitait qu’il sente que son coeur ne battait que pour lui. « J’ai essayé Jun. Je te promets. Mais c’est toi le bon… » Elle ne voyait que lui depuis des années. « Quand je parle de mon avenir avec un homme c’est de toi que je parle. Je me fous bien que tu sois plus vieux ! Je me fous bien que tu veuilles d’un mariage ou non… Je veux juste que tu m’aimes. » Elle mordit dans sa lèvre et finit par lâcher le poignet de Sangjun. « Si c’était si facile de passer à autre chose, je serai pas en train de pleurer comme une idiote pour un mec qui me veut pas… » Eunae secoua la tête et essuya rageusement ses larmes tout en plantant ses yeux dans les siens. Elle se pencha vers lui, ses lèvres à quelques centimètres des siennes. « Et à défaut de m’aimer… Désire moi… » dit-elle avant de l’embrasser à nouveau. Elle était folle de s’infliger ça, mais elle l’aimait.

Son regard se rétrécit, retrouvant une nouvelle chose à lui redire. "Ah oui? Ne m'as tu pas dit il y a quelques secondes que dans tes rêves, je ne te repoussais pas et je te comprenais? Il va falloir choisir quelle version tu veux me faire croire pour rester cohérente !" Il ne savait si elle se mélangeait dans ses mots ou dans ses mensonges. Mais la finalité était là : elle ne devait pas continuer sur ce chemin, sur ce fil conducteur qui ne l'amènerait qu'à la destruction, Sang Jun ne pouvait le permettre tout simplement. Cette route était à sens unique pour la gamine et surtout rempli de danger. Être à côté de lui était déjà très dangereux. Trop même.
Et pourtant, ses pensées semblaient s'être envolé puisqu'il animait lui-même le baiser, le rendant plus farouche. Il ne savait pourquoi il faisait, pourquoi le ferait-il? Et pourtant, il pressa ce petit corps contre lui, y répondant avidement. Même si Eunae lui demandait, Jun serait bien incapable de lui dire : pourquoi. Pourquoi l'avait-il fait? Pourquoi devait-il le faire même? En ressentait il le besoin? Lui qui n'en ressentait jamais le besoin ni même l'envie.
Et pourtant, il l'avait fait. De toute son âme avant de la rejeter comme si elle n'était qu'une vulgaire chaussette. Un moyen de reprendre ses esprits, de la chasser une bonne fois pour toute. Il pourrait ainsi trier dans son esprit ce qui venait se passer et comprendre.  
Il ne pipa mot à la gifle. Elle l'avait probablement réveillé et fait comprendre son geste dans un certain sens. Il n'avait jamais voulu la blesser ni la voir pleurer. Il n'avait voulu que son bien, tout ce temps malgré ses paroles dures et ses actions plus  que contre nature, il n'avait vu que son bien-être et sa protection. Mais le voilà la faire pleurer à chaudes larmes sans pouvoir piper un mot. C'était sa faute et il en assumait la responsabilité. "Savoir, le voir et le vivre est une chose différente Eunae...Ce n'est pas pareil quand un proche le fait." Elle devait comprendre, comprendre au vu de sa famille.
Jun essaya de lui expliquer ce qu'elle devait avoir, ce qu'elle devait vivre. C'était ça qui la rendrait heureuse. Pas lui. Sa phrase le fit légèrement réagir, si il avait été sensible, on aurait presque pu entendre son coeur se briser. "Non Eunae, tu ne peux pas être ma princesse et tu le sais..." Il la laissa faire, sentant son coeur  battre. Mais ça ne changeait rien. Il secoua doucement sa tête avant de retirer sa main quand elle lâcha son poignet. "Eunae, on ne va pas repartir sur cette discussion, tu connais parfaitement mes convictions et elles ne changeront pas. Tout autant que les tiennes." Il la laissa se rapprocher. Quand elle l'embrassa, il la repoussa doucement, avec une douceur déconcertante. "Eunae, tu as déjà assez subi pour aujourd'hui." Il embrassa son front pour alléger le tout. "Rentre, je vais te ramener." Il ne pouvait la laisser rentrer seule dans cet état. "Tu vas te reposer et tout ira mieux." Du moins, il l'espérait sincèrement. Surtout qu'il se retrouvait à bien vouloir goûter de nouveau ses lèvres.

Eunae leva les yeux au ciel en l'entendant. « Mais t’es con ou tu le fais exprès. Oui tu me repousses dans mes rêves, mais tu finis par comprendre et me laisser entrer dans ton coeur. » Avait-elle une vision erronée du plus vieux ? Certainement. Mais au moins, même si elle souffrait dans ses rêves, une fois qu’il comprenait que ses sentiments étaient réels, il la laissait faire. Ce n’était pas le cas de la réalité et ça lui faisait plus mal qu’elle ne l’aurait cru. Encore plus quand il lui rendit son baiser. Ce baiser, elle en avait rêvé de nombreuses fois. Il était toujours donné sous le coup de la colère et n’était jamais réellement sincère. Pourtant, là, elle avait l’impression que ça l’était. Se faisait-elle des films ? Sûrement. Mais Sangjun l’embrassait, comment ne pouvait-elle pas s’en faire ? Eunae était perdue et n’apprécia même pas vraiment ce qu’il lui offrit, parce qu’elle se fit jeter comme une merde juste après. Il n’avait pas le droit de lui faire ça, pas après qu’elle lui ait avoué ses sentiments. Alors sa main partie sans même qu’elle ne s’en rende compte, sifflant près de son oreille pour gifler sa joue. La jeune femme n’avait pas vraiment beaucoup de force, mais elle y mit tout ce qu’elle pouvait, sa force, sa déception, sa colère mais également son amour. À cet instant, Eunae aimait autant Jun qu’elle le détestait et avait envie de l’étrangler.
« Mais arrête de choisir pour moi ce qui est bon ou non ! Je suis plus une gamine. Je sais ce que je veux. Et je te veux. » lança-t-elle alors qu’elle laissa les larmes couler sur son visage. Elle baissa les bras, se laissant doucement couler dans la tristesse. Elle n’était plus qu’une poupée de chiffon dans les mains de Sangjun. Il aurait pu en faire ce qu’il voulait. « C’est parce que tu me laisses pas faire… Je pourrai l’être. » Elle ne changea pas son discours. C’était Jun qu’elle voulait et elle le faisait savoir. Même si elle pleurait, même si elle souffrait, c’était le plus vieux que Eunae aimait et qu’elle aimerait toute sa vie. Elle lui montra même en attrapa sa main pour la poser sur sa poitrine à l’endroit de son cœur. Ce cœur qui ne battait que pour Sangjun depuis des années maintenant. Elle mordilla dans sa lèvre quand il reprit la parole. Elle avait compris, il ne voulait pas d’elle et ne voudrait jamais d’elle. Mais peut-être que s’il ne voulait pas tomber amoureux, il pouvait au moins la désirer, faire d’elle une femme ? Alors, elle se pencha pour l’embrasser et cette fois-ci, il la repoussa, n’acceptant pas ses lèvres. Elle le regarda les yeux vides et quand il embrassa son front, ce fut trop pour elle.
Eunae se leva et cette fois-ci fut celle qui repoussa l’autre. « Oui j’ai déjà assez subi ! Mais tu ne fais que rendre les choses plus compliqué. » Elle le fusilla du regard, essuyant ses larmes rageusement. « Tu dis que tu me veux pas mais tu te montres doux avec moi ! Tu fous du sel sur la plaie que TU as créé dans mon coeur. Si tu t’en fous de moi… Fais le jusqu’au bout. Arrête d'être doux ! Arrête de me faire penser que je compte. Arrête tout simplement... » Eunae le repoussa encore et chercha du regard son sac qu’elle récupéra. « J’ai pas besoin que tu me ramènes ! J’ai pas besoin de toi… » La fin de sa phrase se brisa. Elle mentait. Elle avait terriblement besoin de Jun, plus que de n’importe qui. Eunae sentit les larmes couler sur ses joues et elle se retourna pour qu’il ne les voit pas. « Je sais où est la sortie… » Et avant qu’il ne puisse dire quelque chose ou même la rattraper, elle sortit en trombe de son bureau et de son café. En courant, elle enleva ses talons pour éviter de se fouler une cheville et courut pieds nus le plus loin possible, de lui, de tout ça. Elle n’aurait jamais du lui dire. Elle avait été idiote et elle le regrettait maintenant.