Elle sourit et soupire entre ses bras. Elle mentirait si elle disait qu’elle n’est pas heureuse de le revoir. Elle ne sait juste pas ce qu’ils vont devenir tous les deux. Parce qu’elle sait que Kan et elle ne sauront jamais que de simples amis mais ils ne seront jamais plus. Il y a aura toujours ce flottement entre eux et c’est bien ce qui lui pique le cœur. Parfois elle se dit que si Shin n’était jamais revenu ça aurait été avec Kan qu’elle aurait fait sa vie. puis parfois elle se dit que ce n’est que l’interdit qui rend sa relation avec Kan si … attirante. Puis encore une autre fois elle se dit qu’elle est bien folle de penser ça parce qu’elle a Shin. Et qu’elle aime Shin, il n’y a pas l’ombre d’un  doute sur ça. Mais elle sait aussi que sa relation avec Kan sera toujours là, quelque part. Autant que celle qu’elle a avec Min Kyung. Comme deux entités trop importantes à sa vie pour qu’elle s’en débarrasse.  Elle relève son visage vers lui et pouffe de rire à sa blague « T’es vrai trop con. » bis. Elle se répète, encore mais c’est sa façon à elle de lui faire un compliment. Elle soupire en mordillant «  Le Kurss faisait vide sans toi. T’as manqué aux habitués. » Et a moi aussi mais elle n’a pas besoin de le dire et quand bien même ça lui plairait d’entendre la jolie blonde le dire, elle n’a pas envie de lui faire ce plaisir. Juste pour le provoquer à sa façon. L’un des chiens de Kan se rapproche rapidement et vient s’asseoir aux pieds de Bae, toujours au sol. Elle sourit en le flattant et se redresse quittant légèrement les bras de Kan pour venir câliner le chien. La jeune fille sourit à l’animal qui s’excite légèrement sous les caresses lui arrachant un petit rire. Elle lui dit alors, comme incapable de le dire à Kan, « J’ai eu peur sans toi pour me protéger mon tout beau tu sais ? Tellement peur que j’habite plus au Kurss maintenant. » Elle n’ose plus tourner son visage vers Kan et passe une main sous la gueule du chien avant de le voir repartir à l’autre bout du bar sans trop de raisons apparentes, ou un qui échappe à la jeune femme. 

Elle grimace à sa remarque et se détourne, pas certaine de pouvoir supporter l’idée qu’il ait souffert aussi sévèrement entre ces 4 murs. Elle renifle et passe une main dans ses cheveux nerveusement. Elle gratte sa nuque doucement et fixe sa tasse en tentant de ne pas se laisser submerger par son imagination débordante et fertile, surtout au mal. Elle soupire et après de longues secondes de silence elle finit par se tourner vers lui pour le fixer de ses yeux noisette. « Tu peux faire ce que tu veux. » ouais, c’est la seule chose qu’elle arrive à sortir Bae.  Ce n’est pas ce qu’elle devrait lui dire.  Ni même l’attitude qu’elle devrait avoir, mais la réalité c’est qu’elle est énervée Bae, contre elle, contre sa jalousie, contre son envie de retrouver Kan autant qu’elle veut lui en vouloir d’être partie. Elle se rend compte de ce qu’a dû endurer Nam Kyung à son départ, puis à son retour. L’amour, la colère, la haine. C’est tellement trop mélangé dans sa tête qu’elle ne sait plus avec laquelle de ces émotions elle doit parler. Elle voudrait tellement simplement être heureuse de le revoir, mais putain, elle a encore tellement de choses à lui balancer, tellement de choses qu’elle n’a pas le droit de lui dire. Ça serait tellement égoïste de sa part de lui reproché d’être partie pour survivre. Pour vivre. Mais c’est sûrement ça qui lui fait le plus mal à Bae parce qu’elle n’aurait jamais été capable de le faire. Se laisser crever et laisser crever leur relation c’est tout ce qu’elle aurait été à même de faire … parce que partir, elle a décidé de ne plus le faire. Fuir ça fait trop mal pour au final toujours revenir au même point … Mais quand elle le voit aujourd’hui, elle ne peut être que fière de lui.  Fière de ce qu’il devient et des montagnes qu’il a déplacé pour réussir à revenir avec ces morceaux de lui collés-recollés maladroitement. Elle déglutit et secoue la tête pour faire le tour du bar. Elle coupe le film. Elle coupe l’ambiance tamisée. Ses gestes sont nerveux et saccadés. Elle aimerait pouvoir s’excuser mais elle est en incapable. Elle aimerait pouvoir tellement de choses Bae qu’elle en devient bien lâche de ne rien faire. Elle soupire à nouveau, c’est bien là la seule façon qu’elle a d’exprimer son malaise. Elle ramasse le cendrier et le jette sur le bar pour le faire glisser. Elle se tourne alors vers Kan et souffle comme si elle venait de prendre son courage à demain pour lui dire « Laisse-moi juste du temps pour accepter Kan, parce que je suis trop en colère, je suis trop en manque de toi et je suis trop bouleversé pour réfléchir correctement. » elle a le souffle court. Elle humidifie ses lèvres de sa langue et murmure tout bas sans être certaine qu’il entende « Je n’ai pas envie de me dire qu’on a tout gâché… » Sans trop comprendre le sens de ces paroles. 

Elle serre les dents, une excuse ? Surement. Elle se détourne, elle préfère ne pas le voir.  Elle s’allonge sur le bord du bar et pose sa joue sur son bras en regardant le reflet de Kan se diriger vers les escaliers. Elle reste silencieuse, que pourrait-elle lui dire de toute façon ? Elle a besoin de temps pour assumer ce torrent d’émotion en elle. Elle ne peut pas juste ... Le retrouver comme ça. Pas en crevant de son retour, de son absence, de sa présence, de sa distance. Elle se serre un verre qu’elle boit cul sec et secoue la tête. De toute façon … de toute façon leurs vies vont continuer leur cours. Qu’il soit là ou pas, ça ne devrait pas changer la donne qu’elle tente de se convaincre. Elle renifle doucement et s’avance vers  les escaliers. Comment peut-elle avoir déjà fait le tri dans ses émotions ? La vérité c’est que la seule émotion à laquelle elle cède c’est le manque. De lui. D’eux. Elle monte la première marche et grimace. Elle griffe le mur et secoue la tête. Elle se détourne et s’adosse au mur. Je te déteste tellement de t’aimer autant. Elle déglutit et redescend. Elle prend les dossiers qu’elle était en train de remplir avant son retour et va s’enfermer dans sa chambre. C’est mieux ainsi.