Je suis content de voir que Junghwa est le genre de personne à tenir la porte du bus pour quelqu’un d’autre. Je ne le connais pas vraiment et c’est quelque chose que je découvre sur lui. Mais le peu de temps que j’ai passé avec lui jusqu’à maintenant me rassure. S’il me tient la porte du bus maintenant, ça veut techniquement dire qu’il ne me laissera pas mourir au milieu d’une épreuve… Si jamais je suis coincé dans une mare de boue ou dans un filet, ses actes jusqu’à présent me laissent penser qu’il viendra me chercher. Le truc qui me dérange un peu plus, c’est qu’il fait vraisemblablement exprès de me pas entendre mes plaintes. Je suis sûr qu’il a compris et qu’il a vu que je galérai comme une merde mais il n’a pas ralenti. J’espère juste qu’on ne fera pas tous les mini-jeux sur ce rythme-là… Surtout que maintenant que je suis assis dans ce fauteuil, j’ai tout sauf envie de bouger. En plus, je n’ai qu’une envie : aller me laver. Je transpire déjà et je suis sûr que je commence à puer aussi. Beurk. Vivement qu’on rentre au dortoir pour se laver et dormir. Quand je lui pose LA question, mon camarade me fait remarquer que ça ne sert à rien d’employer le passée puisqu’il n’a pas changer d’avis. Dommage… Il est super gentil et j’aime bien son sourire mais je n’ai vraiment pas la foi pour faire du sport. On ne pouvait pas apprendre à se connaitre autour d’un kfc ? Ça aurait demandé moins d’efforts. J’hausse un sourcil quand il dit que j’avais l’air cool. Là, franchement je le crois qu’à moitié. Je suis tout sauf cool, j’en suis bien conscient. Je suis coincée, trop sérieux, trop gentil et peureux. Mais ça fait plaisir de l’entendre quand même. Qui sait ? Peut-être qu’il le pense vraiment. Par contre, je suis qu’à moitié convaincu par le fait que le sport crée des liens, ou alors pas que des bons. Je me souviens bien de ma première année de lycée et le sport ça avait été que maltraitance et solitude pour moi. C’était vrai, d’ailleurs, pourquoi j’avais accepté ? Je me pose moi-même la question. Je n’aime pas le sport, je ne le connais pas et je n’aime pas traîner avec des gens que je ne connais pas parce que je suis encore plus mal à l’aise qu’avec les gens que je connais. La réponse évidente est que c’est parce que je ne sais pas dire non. Mais il me regarde toujours avec ce sourire trop mignon, alors non non je ne peux pas me résoudre à lui dire la vérité et le décevoir. Pire, le vexer. Faut que je trouve autre chose. « T’avais l’air cool aussi ?… » je tente en lui souriant pas très sûr de moi. Je suis nul pour mentir. « Puis je crois qu’on a une passion en commun… la danse… ». Mais est-ce que je fous, bon dieu ? Je m’enfonce de plus en plus, je n’ai pas dansé depuis quatre ans et je lui sors ça comme ça comme si j’en faisais quatre heures par jour. Pourquoi je suis incapable de réfléchir quand je mens ?