L’homme écoute les plaintes d’un amant qui a eu le cœur brisé, et il essaye de comprendre son point de vue avant de s’occuper de ses propres impressions. Et il voit bien que son protégé a grandi et que toutes ses paroles reflètent une vérité que lei a toujours redouté. Il sait pertinemment qu’il n’aurait jamais dû le trainer dehors sous la pluie pour l’y laisser seul. Sangjae n’aimait pas quand le chinois le laissait seul non. et il a envie, il a envie de lui dire qu’il est désolé, qu’il l’aime et qu’il a fait la plus grande erreur de sa vie mais qu’il est encore plus navré car jamais rien ne sera comme avant. il n’y aurait pourtant qu’une chose à faire pour l’asiatique : divorcer et laisser tout son monde tomber. Mais c’est trop bête, ou lui-même est-il bien trop lâche ? la voiture se stoppe alors que lei ressent une incontrôlable envie de serrer cet enfant fort contre lui, mais il ne pourra pas craquer, et de toute façon jae le repousserai. Pourtant le chinois ne peut s’empêcher de se dire qu’il a déjà tout perdu dans un sens, il a choisi ses obligations à son bonheur. Il s’est condamné lui-même en abandonnant cet être qui lui avait fait passer les meilleures années de sa vie. Lei se sent déjà défaillir. Sangjae se lève sans qu’il ne lui réponde rien et va rejoindre sa gouvernante. Sa seconde maman. Et la seule amie encore fiable du chinois. Elle, avait compris pourquoi le bourreau s’était séparé de sa brebis, mais elle persistait à dire qu’il avait fait une erreur. Elle avait raison. Elle avait toujours eu raison. Dès que le petit jae à peine majeur était rentré dans la demeure il y a des années, elle avait deviné rien qu’avec le regard que lei lui lançait, que ce dernier n’allait pas le lâcher de sitôt. Lei descend de la voiture et fixe le spectacle à la fois beau et déroutant qui se dresse pitoyablement devant lui. il aurait aimé être à la place de cette vieille femme aimante. Le regard sévère trahi, il s’avance vers le duo en s’allumant une cigarette avant de soupirer et de finalement s’avouer vaincu, le regard assombri par la haine envers lui-même et la tristesse qui le ronge depuis tant d’années. Le monstre lâche un « - je suis tellement désolé. » étouffé par une fierté qui se cassait littéralement la figure. On pouvait tant sentir dans sa voix qu’il avait du mal à ne pas craquer que ça en devenait presque ridicule. Feng lei s’excusant auprès d’un garçon qui, de toute façon ne reviendra pas ? idiot en effet, mais l’amour est idiot de toute manière. Les oreilles et les joues de l’homme d’affaire virèrent au rouge en pensant au moment où il entrerait dans la maison. En effet, à l’intérieur, tout était disposé comme si sangjae était attendu depuis 5 ans. Ses vêtements sentaient la lessive, et étaient correctement rangés dans le placard de la chambre du coréen, son pyjama était plié sur son lit, les tenues plus communes et intimes se trouvaient dans la chambre de lei, placées à côté de ses affaires. L’étage de sangjae était fermé à clé, la chambre secrète aussi. A table il y avait toujours deux couverts disposés. Lei finit par quitter le dos de jae qu’il n’osait à peine toucher, et ouvrit la porte sans la refermer pour indiquer en silence qu’il fallait rentrer, ou plutôt, qu’il voulait qu’il entre. pardonne moi mon amour.

Sang Jae, gamin fiévreux qui manque d’appétit, reste accroché à cette vieille femme quand il sent Lei venir se blottir contre lui. Quel étrange spectacle qu’ils offrent tous les trois, ainsi enlacés. Jae se tend et se crispe en fermant les yeux douloureusement à l’entente de ces mots. Un désolé qu’il a attendu tellement d’année qu’il ne sait même plus comment réagir ce soir. Il mord sa langue pour ne pas craquer et se redresse un peu plus quand Lei s’en va. Il veut lui montrer qu’il n’est plus un gamin qui fléchit … LA main de la vieille femme se resserre sur sa joue attirant son attention, quand Sang Jae laisse son regard fixé sur le dos de Lei qui s’engouffre  dans la maison. « Pourquoi il fait ça ? » murmure-t-il complètement désemparé comme si on l’obligeait à jouer à un jeu dont il n’avait connaissance des règles. Elle le tire doucement vers l’intérieure en lui soufflant c’est à lui de demander … Elle a raison et Sang Jae le sait, mais les mots sont tellement compliqué et difficile à prononcer. Jae ne veut pas lui pardonner si facilement, à vrai dire il ne veut pas lui pardonner tout court.  Il finit par fouler le sol de cette maison de laquelle on l’a viré depuis tant d’années. Rien ne semble avoir changé et c’est surement ça qui lui fait le plus mal. Il passe une main dans ses cheveux et retire son manteau qu’il accroche comme d’habitude sur le prote manteau qu’il avait l’habitude d’utiliser. Vide, comme il s’en serait douté, comme si personne n’avait eu le droit de l’utiliser depuis. Il s’avance dans l’entrée et regarde autour de lui. Les mêmes vieux tableaux, les mêmes vases luxueux qui ornent l’entrée comme pour annoncer la couleur. Sang  Jae entre totalement dans la pièce principale et avise les escaliers qui montent à sa chambre. La vieille dame lui a donné son trousseau de clé. Elle doit y faire le ménage toutes les semaines comme si Jae allait revenir. Elle a donc toujours les clés sur elle et les a donné à l’enfant qui tremble de revenir dans ces lieux qui l’ont tellement hanté. La maison lui parait soudain plus grande que dans ses souvenirs. Lui qui s’était habitué à son petit 20m² et qui s’en contentait maigrement. Il fixe Lei un instant avant de détourner le regard et de gravir les escaliers lentement avant de finalement arriver devant la porte de sa chambre. Il finit par se poster devant la porte sans oser l’ouvrir les premières secondes. Puis doucement il glisse la clé dans la serrure et ouvre la porte. Elle grince, comme dans un bon vieux film d’horreur. Il déglutit. Il tremble. Ca fait bien longtemps qu’il ne s’était pas senti comme ça. Cette chambre a vu passer tellement d’heure de souffrance, de bonheur et d’amour, qu’il se prend de plein fouet tous les souvenirs. Ça fait mal. Un peu trop pour ce gamin criant famine d’amour. Il finit par entrer doucement dans cette chambre immense dans laquelle il se réfugiait. Il frôle les murs de ses doigts et foule le sol de cette chambre qu’il aimait autant qu’il détestait. Sur les murs des photos de lui et Lei. Il était jeune. Il était con. Il était amoureux. Prostré devant le lit il se laisse submerger par les souvenirs. Il déglutit au bruissement de tissu derrière et demande d’une voix basse, en sachant pertinemment que ça ne pouvait être que Lei. « Pourquoi tu reviens maintenant Lei ? Pourquoi après tout ce temps c’est maintenant que tu choisis de revenir ? Et je ne veux pas de fausses réponses … dit moi la vérité … » Il reste face au lit, dos à cet homme qu’il a tellement aimé qu’il en a la nausée aujourd’hui.

« Parce que tu n’as pas pris la peine de me dire au revoir. Mais on a plus besoin de se dire au revoir. Qui se dit au revoir après 5 ans ? » Sang Jae ne cherche pas à être mauvais, il se contente simplement de dire ce qu’il ressent. C’est trop tard pour les aux revoir maintenant ? Et puis ça lui ferait trop de mal, beaucoup trop de mal. Tourner la page maintenant et décider de tout arrêter ? Ça serait lui enfoncer un couteau dans le cœur. Sang Jae est malheureux, mais il préfère être malheureux sans rien savoir ce Lei, parce que la fatalité de la fin de leur union lui déchire le cœur. Il n’est pas prêt, pauvre enfant, à renier cet homme qui a été si longtemps son père, son amant, son homme. Il l’a aimé à en crever et aujourd’hui il préfère se contenter d’être à moitié vivant plutôt que de s’achever inutilement. Mais ça Lei est-ce qu’il pourrait le comprendre ? Jamais il n’a vu son tuteur aussi franc, aussi à même d’étaler ses sentiments alors qu’il a toujours pris soin de les cacher. Jamais de je t’aime, jamais de mots trop tendres, trop doux, qui pourraient faire croire au plus jeune que leur vie pourrait se résumé à eux deux. Lei a fait Sang Jae à son image. Seul son regard est criant, seuls ses gestes comptent. Mais qui saurait décrypter leur détresse et leur besoin pressant de se retrouver. Sang Jae reste dans sa réserve naturelle qu’il a fini par développer. Il penche la tête sur le côté pour mieux sentir le contact de la main de Lei se glisser sur sa joue si pâle. Il déglutit et ferme les yeux en retenant un soupire douloureux. « T’as choisi ton empire. Lei, t’as choisi ton empire à moi. » Ce n’est pas un reproche, ou peut être que si, mais à cet instant ce n’est qu’une explication. Il pourrait laisser croire qu’il comprend et qu’il accepte, mais c’est bien là tout l’inverse. « Je peux comprendre mais … ça fait beaucoup trop mal. » Parce que Sang Jae n’est pas immature, il n’est pas idiot non plus. Il sait tous les sacrifices que Lei a du faire pour bâtir son empire, il n’aurait simplement jamais cru qu’il en ferait. On est naïf à 19 ans. Quand on est amoureux on croit qu’on peut tout surmonter, qu’on peut garder notre place de privilégié. Ouais quand on a 19 ans et qu’on est amoureux du seul être qui a su prendre soin de nous depuis qu’on est en vie, on pense qu’il nous met sur le même piédestal. On se pense plus important que n’importe quoi d’autre, jusqu’à réaliser que brasser de l’argent et se faire un nom dans le milieu. Sang Jae rouvre doucement les yeux et fini par se détourner en fermant son gilet jusqu’à cacher le bas de sa bouche, cachant peut être ainsi la faiblesse de Lei. Il agite une main dans ses cheveux comme pour tenter de dompter ses cheveux. Il sort son téléphone et se rend compte qu’il s’apprête à envoyer un sms à Bago pour annuler leur rendez-vous de ce soir. Mais depuis quand prend-t-il la peine d’annuler et de prévenir ? Il préfère éteindre son téléphone. Bago comprendra de lui-même. Sang Jae fuit son ex-amant et ouvre sa penderie. Toutes ses fringues sont là et il serait prêt à parier que personne n’y a touché. Et il espère, bêtement, qu’aucun garçon n’ait pu vivre dans cette chambre pendant son absence …

Lei regarde son petit homme qui a bien grandi et sous ses mots douloureux, il ne peut s’empêcher d’être fier de lui. en effet, il ne cède pas le terrain, il le conquiert. Et puis, autant chercher le réconfort là où jae ne lâchera pas. le chinois était exactement comme lui à son âge impétueux et épris d’un espoir qu’il semblait avoir jeté dans le caniveau. L’homme d’affaire l’écoute attentivement sans répondre, hochant simplement la tête comme simple signe d’accord. Il s’avance vers lui et entend sa complainte, comme un loup, un soir de pleine lune qui chante sa douleur. Le plus vieux le fixe de ses yeux sérieux et retire soudainement sa main avant de relever le visage sur le côté « - je sais. Mais j’ai fait mon choix. un mauvais choix peut-être. » sûrement même. Cependant, lei ne peut pas passer son temps à s’avouer vaincu devant son ancien amant. Ce n’est pas de cette manière qu’il l’a connu, pas aussi impuissant devant la tristesse. Le chinois n’allait certainement pas passé tout le reste de sa vie à s’excuser. Il se recule donc, laissant sangjae renouer avec une partie de sa vie qu’il doit accepter de toute façon. Oui, car quand le coréen parle, l’homme a l’impression qu’il n’assume pas d’avoir vécu à ses côtés, qu’il espère quelque chose qui l’a fondé en partie. Ça semble tant le dégoûter. Et lei sait pertinemment que c’est pour cette raison que jae n’arrive pas à passer à autre chose. Il s’avance vers lui à nouveau avant d’entendre son téléphone de service sonner. Le chinois baisse les yeux, tentant de résister à l’envie de répondre alors qu’il est en compagnie de son être aimé. Il clôt ses paupières un moment, comme si c’était une épreuve pour lui, et, toujours aussi soumis à son boulot, il finit par saisir son portable et répondre, quittant soudainement la pièce pour ne pas avoir à affronter le regard de sangjae qui constatera certainement qu’il n’a pas changé en cinq ans. mais lei n’a jamais dit qu’il avait évolué. Il était simplement hanté par ce garçon, mais sûrement jamais autant que lui ne le fut. l’entrepreneur répond, discute un bon et long quart d’heure, ressentant tout de même cette envie de raccrocher rapidement pour rejoindre jae. Il finit sa conversation en fixant un rendez-vous et revient dans la chambre : et, au moment de pousser la porte, il est soudainement effrayé de voir le plus jeune disparaitre aussitôt, comme s’il avait toujours été qu’une illusion, un rêve trop beau pour être dressé. « - excuse-moi. le boulot. Comme toujours. » il revient à côté de lui et souffle comme s’il s’agissait d’un secret : « - si tu cherches le reste de tes affaires, elles sont dans ma chambre. J’ai vraiment tenu à mettre celles que tu portais le plus souvent, ou celles que tu sortais pour moi dans mon armoire. » lei releva le menton avant de continuer sur sa lancée « - j’ai un rendez-vous très important ce soir. Mais tu restes diner ? » il espérait que jae accepte, qu’il lui dise oui, et s’il devait ne pas le faire pour lui, alors qu’il le fasse au moins pour la gouvernante. Après tout, lei ne méritait certainement pas la compassion de sangjae.

Le reste de ses affaires dans sa chambre ? Jae n’arrivait même pas à trouver ca mignon ou touchant. Il trouvait ca pathétique et risible. La colère du jeune garçon était palpable mais il se contentait de fixer Lei froidement. Il n’allait pas lui donner ce plaisir de céder à sa colère. Ce coup de fil le dérange. Finalement rien n’a changé et rien ne changera jamais. Ce constat le rend amer. Triste aussi. Comme toujours Lei été resté le même et c’était aussi réconfortant que blessant. Au moins Sang Jae savait qu’il n’avait rien perdu, mais son cœur d’enfant amoureux avait espéré pouvoir le récupérer, à sa manière. Mais il n’en serait rien. Sang Jae se tourne vers son armoire et effleure ses anciens vêtements du bout des doigts avant de souffler « Tu devrais les jeter ça ne sert à rien de garder tout ça. » Ses mots sont lourds et douloureux, il n’y croit pas mais il préfère affirmer cette vérité. Il s’éloigne et ne réponds à sa question que par un mouvement d’épaule vague qui laisse sous-entendre qu’il reste mais qu’il ne reste pas pour lui. Il se détourne totalement pour aller dans le couloir et s’éloigner de Lei. Rester dans cette chambre c’est trop difficile pour lui. Il a mis tellement de temps à enfermer ses souvenirs dans un coin de sa tête que c’était presque trop ironique qu’il se retrouve ici. Comme si un drogué pouvait résister à une salle remplie de came même après plus de 5 ans de sevrage. Parce qu’il y a une chose pour laquelle Sang Jae est sûre, c’est qu’il ne sera jamais sevré de cet endroit et que sa colère et son insolence n’est qu’une démonstration de ce qu’il ressent. Une façon de se protéger. Il rejoint les cuisines où se trouve la vieille femme et met de la distance entre Lei et lui. Qu’il n’essaye même pas de lui demander de venir ce soir, ou de jouer les esclaves sexuels. Jae serait capable de le frapper. Si fort qu’il s’en casserait les mains. Il s’assoit sur ce tabouret et pose sa tête sur son bras, affalé sur le plan de travail, comme si les années n’avaient pas marqué son visage. La vieille femme semble radieuse et émue de le retrouver, comme un fils, Sang Jae avait été son petit trésor qu’elle avait protégé et aimé quand Lei lui faisait défauts. Les premiers temps après qu’il ait été expulsé, la vieille dame lui apportait à manger mais avait fini par laisser Sang Jae qui ne cessait de la repousser. Il n’arrivait plus à vivre sa vie en gardant ce lien avec son passé … il avait fini par rester seul. Ses yeux orages observaient la vieille femme qui s’afférait à la cuisine pour lui préparer un repas digne de ce nom. Il était pourtant encore tôt mais elle voulait que tout soit parfait. Sang Jae baisse son regard tristement, tripotant les ustensiles à sa portée et murmure tout bas sans savoir si Lei l’avait suivi jusque dans la cuisine ou s’il était resté bosser en haut. « Ajhumma … c’est normal de l’aimer encore ? Je veux dire … de l’aimer autant que je le déteste ? » Il laisse un soupire triste s’écraser contre le marbre du petit bar américain sur lequel il était et ajoute « J’ai envie de le frapper autant que de l’embrasser. J’aime pas ça … »

Lei disparut un instant après que son protégé eut quitté la pièce. Il ne répondait ni aux appels de son ancien amant qui lui quémandaient d’oublier, ni à ses regards ou à ses gestes pleins de lassitude et de regrets. Jae lui avait toujours appartenu et il en sera toujours ainsi au fond, et ça, le chinois, malgré son air grave le savait. Ce gamin n’avait pas grandi comme il supposait le croire, il essayait seulement de s’aveugler d’une vérité qui confortait lei autant qu’elle lui déplaisait de le voir se battre ainsi pour la faire disparaitre. L’homme entra dans son bureau, notant les informations suite à son appel important. Plus important que le garçon lui-même ? il semblerait en effet. Lei était devenu bien trop dépendant à l’argent mais il se sentit légèrement dépassé par les anciennes caresses du petit. Il s’assit à son bureau un instant et gratta sur le papier quelques réformes à venir pour son entreprise sans s’arrêter de penser : sangjae allait diner à la maison ce soir.

La vielle femme s’afférait à la cuisine depuis une bonne partie de l’après-midi. Elle semblait à la fois réjouie de voir jae mais aussi inquiète de le savoir encore aussi fragile derrière sa férocité qu’elle avait appris à apprécier quand l’enfant n’allait pas bien. Nul ne savait ce que pensait cette dame, et pourtant son regard et ses mots traduisaient sa noblesse d’esprit et son amour qu’elle portait à l’étudiant qu’elle considérait comme son fils. Un vrai appui, une vraie protection. Pas comme lei semblerait-il. Elle le regarda alors, murmurer des plaintes et des peurs qui devaient venir de loin. Sangjae comprenait la complexité de son propre cœur, de ses propres sentiments, mais il était encore loin d’imaginer qu’il était bien plus perdu que cela. La femme posa son saladier rempli de mets, et plaça une main sur le bras du garçon en soupirant, toujours un sourire apaisant sur les lèvres. « - il y a des choses que malheureusement il nous est impossible de contrôler, même avec tous les efforts et la meilleure volonté du monde mon petit. Et on a beaucoup de mal à s’accoutumer à elles. » elle s’arrêta un instant, sans donner davantage son avis. Sangjae n’avait pas besoin de se faire sermonner par elle, et elle ne se trouverait pas à sa place en faisant ça. « - laissez passer ce diner et suivez davantage votre esprit que votre cœur. Il est un peu plus fiable. » elle reprit alors son travail, mélangeant tout un tas d’aliments dans une patte épaisse. « - vous m’avez manqué. » ajouta-t-elle le plus simplement et le plus sincèrement du monde.

Lei descendit, de ses pas lourds, les marches pour atteindre la salle à manger et la cuisine, félicitant rapidement sa gouvernante pour la délicieuse odeur qui enivrait la grande demeure. Il se stoppa à quelques mètres de sangjae dont il dévisagea tout le dos avant de faire quelques pas vers lui. « - va t’installer. On va commencer. » lâcha l’homme toujours de ce même ton qui donnait sans cesse des ordres, courtois mais intimidant, sec mais assuré. En vérité, si lei paraissait aussi sévère, c’était simplement parce qu’à ce moment précis il ne savait pas vraiment comment réagir face à cet homme qu’il avait aimé et marqué de la manière la plus dégradante qu’il soit. « - tu as faim j’espère. » je compte bien te garder le plus longtemps possible auprès de moi. et si sangjae daignait se débattre ou jouer aux insolents, lei n’aura pas d’autres choix que de redresser un peu cet animal fougueux.

Lei savait très bien qu’il n’avait pas encore acquis son diner avec sangjae. Il savait d’ailleurs qu’en bon enfant, ce dernier allait lui rendre la vie impossible enfin pour les quelques heures qu’ils allaient passer ensemble aussi loin l’un de l’autre que possible. Le chinois n’avait ni peur du gamin, et ne ressentait aucune haine envers lui : à vrai dire, il comprenait sa colère, mais il le considérait simplement comme un être immature de rester rancunier même après cinq ans. et par cette rage du petit, le PDG lisait ce reste d’amour qu’il ressentait encore pour lui malgré ses plaintes et ses silences. Lei aussi l’aimait encore, et il n’avait pas envie de lui dire déjà au revoir. Alors il le laissa faire, jouer avec sa patience qui de jour en jour s’agrandissait avant de disparaitre totalement en la présence de jae. Mais ce dernier ne lui ferait pas ce plaisir de s’énerver, et puis ça plomberait toute l’ambiance qui était déjà assez lourde et pleines de mots silencieux. Le chinois tourna autour de la table, regarda le salon bruyant de loin avant de poser ses yeux sur le coréen : il avait envie de le dévorer, de le posséder à nouveau, pour marquer son empreinte dans son esprit car en réalité, lei ne pouvait pas le reprendre, et il ne pouvait pas non plus supporter l’idée de disparaitre dans le cœur de cet enfant qu’il chérissait cruellement au fond de lui. peu importait que sa présence incitait à la haine, à la tristesse ou au désir du plus jeune, du moment qu’elle provoquait des réactions assez fortes pour le rendre fou. C’était dur de réagir ainsi, et de jouer, sans vraiment le vouloir, avec l’humeur et le cœur de ce gosse. Mais ce gosse, lei en était fou. L’adulte fronça les sourcils quand il vit sangjae se lever brusquement vers la porte que bloqua le chinois de sa carrure. Encore une saute d’humeur. Il écouta la colère du jeune garçon, bouillonnant lui-même de l’intérieur mais restant calme. Il ne fallait pas qu’il hurle. Lei attrapa soudainement son cou, déplaçant l’enfant, de sa force, contre la porte du bureau du patron. Il plaqua l’étudiant contre, le regard menaçant, sa grosse main serrée autour de son col, le visage près du sien. « - crois-tu vraiment que je vais te laisser t’en aller maintenant ? tu n’es qu’un gamin. Un gamin qui ne sait pas même faire la part des choses. Veux-tu même partir alors que la gouvernante a mis du cœur à l’ouvrage à faire ce repas ? » lei sourit légèrement en coin avant d’attraper un de ses poignets : il n’avait qu’une envie : l’embrasser. L’embrasser pour ressentir toute la colère de l’être aimé, l’embrasser parce que de toute façon, même lui avait du mal à lui résister. Cet enfant si tendre jadis, si innocent qu’il avait bâti et sali de ses propres mains. alors oui, lei ferma les yeux et s’engagea dans un baiser plein de rage. Ses lèvres se scellèrent aux siennes dans un mouvement brusque et douloureux, le serrant de toutes ses forces pour ne pas que sangjae puisse se libérer. Des lèvres au goût amer et salé, un brin piquant. Un baiser qui signifiait bien des choses et surtout : ils étaient sous le joug l’un de l’autre. la différence n’était que le degré de soumission.

Sang Jae a pris goût à la domination, à être celui qui contrôle et qui agit à sa guise. Alors se retrouver face à son ancien mentor, c’est lui rappeler qu’ici il n’est qu’une marionnette et le pantin de cet homme qu’il a aimé à en crever. A cet instant il regrette de ne pas avoir Bago face à lui. Au moins le sango lui aurait obéit. Il aurait pu assouvir sa colère et sa rage si facilement … Mais Lei en un geste, un mot, un pas, le maitrise et le plaque contre cette porte réveillant tous les sens de Jae. Il en a le bassin en feu et le cœur au supplice. Oh qu’il déteste être si faible face à son ancien amant. Il grogne, montre ses canines et ressent pour une fois – depuis bien longtemps – ce que ressent Bago quand Jae le maitrise ainsi à l’empêcher de bouger et respirer. Bon sang qu’il aime beaucoup trop ça. Mais c’est sa rage qui s’affiche sur son visage. La lueur de son regard le trahi et c’est sûrement ça qui laisse croire à Lei qu’il peut se jeter sur ses lèvres pour l’embrasser. Pour tout avouer Jae déteste ce baiser forcé, parce qu’ils ne savourent pas. Parce qu’il ne peut pas sentir la douceur de ses lèvres. Ces lèvres qu’il a longtemps désirées embrassé. Ça fait mal, leur dent qui s’entrechoque, sa poigne sur lui, son cœur au supplice qui en veut plus, tout comme son corps, mais sa rage qui le fait se débattre. Il mord la lèvre de Lei jusqu’au sang et agite sa main libre pour repousser Lei de cette force soudaine que Lei devait sous-estimer. Jae le repousse faiblement mais assez pour avoir le temps et l’espace de lui mettre un coup de poing lui éclatant la lèvre au passage. Il profite de l’instant de surprise pour jeter Lei au sol en le plaquant. Un animal que Lei ne tardera pas à maîtriser totalement, alors Sang Jae profite. Il se jette sur les lèvres de Lei et l’embrasse à nouveau, savourant ces quelques secondes de dominant. Il serre ses poings sur le col de Lei avant l’envie furieuse de lui faire mal comme il lui a fait du mal. Le traiter de gamin immature ? Voilà tout ce dont il était capable ? C’est le cœur déchiré que Sang Jae roule sur le dos, parce qu’après 5 ans c’est le poids du corps de Lei qu’il veut sentir écraser le sien. Il mord à nouveau la lèvre du plus vieux lui abîmant, lui défigurant assez pour le mettre mal à son putain de rendez-vous ce soir. Et il veut le marquer, et il veut le blesser. Et il veut le détruire. Lui faire rater son entretient, parce qu’après tout : Lei n’a que ça de précieux, son boulot. Alors Jae veut taper là où ça fait mal. Et le cœur de Lei ne bat pas assez fort pour souffrir de sa rage. Il faut qu’il perde tout, comme Jae a tout perdu. Il tire si fort sur la chemise de Lei qu’il en déchire les boutons et quand bien même son souffle n’est plus, il ne se détache pas de son mentor dont il aspire les lèvres et dont la langue caresse avec avidité. Je te détruirais connard, aussi fort que je t’ai aimé et que je t’aime encore.