Ce coup d’éclat, lei l’attendait, mais il fut surpris de constater que sangjae avait réellement été atteint de cette séparation qui n’était simplement le fruit d’une simple rupture ou d’une jalousie trop excessive. Jae avait réellement vécu à travers le chinois. Il avait fait le choix de ne plus jurer que par lui et ça, on ne pouvait pas dire que l’homme l’avait ignoré, enfin, il n’avait pas mesuré l’impact qu’il avait pu avoir sur son protégé. Il baissa les yeux, pas vraiment fier de faire à nouveau pleurer son aimé mais il ne pouvait pas s’en empêcher ; tant que lei ne le reprenait pas, jae souffrirait. C’était pour cette raison qu’il fallait qu’il lui dise au revoir, et que le blond coupe les ponts pour avancer. Peut-être cette solution était-elle douloureuse ? peut-être elle se montrerait bénéfique dans le futur. Un mal pour un bien comme on dit ; conneries. Il reprit une gorgée de vin alors que son esprit embrumé ne pouvait s’empêcher de lui remontrer ses images à la fois belles, cruelles, et poétiques des jours qu’ils avaient passé ensemble au début. Certainement que lei était tombé amoureux de sangjae dès le moment où il avait posé les yeux sur lui. son cœur se serra ; il allait exploser. Et, dans son chagrin et sa colère, l’homme se leva aussitôt, attrapant l’enfant par le bras pour le faire se redresser à son tour, bloquant son corps recourbé entre le mur de la salle à manger et lui. son visage se fit alors plus menaçant, mais aussi bien plus marqué par la tristesse. « - écoute-moi bien. » il reprenait son semblant d’autorité pour se donner le courage d’ouvrir enfin son cœur « - je n’ai jamais, jamais couché avec une autre personne pendant que tu étais près de moi, parce que je me sentais de te trahir à chaque fois que je m’approchais de ces gens. Ils ne m’intéressaient pas. c’était toi. Rien que toi c’est clair ? » il serra sa mâchoire et ses joues entre ses doigts avant de souffler douloureusement « - je n’avais pas prévu. Je n’avais pas prévu de tomber amoureux de toi d’accord ? je n’avais pas prévu de te désirer et de vouloir t’emmener loin de ces prédateurs. ». lei écrasa son front tendrement contre celui de jae « - qu’est-ce que tu crois que je suis sans toi ? » petit con. il le lâcha soudainement et retourna à sa place, posant une main sur son front fatigué « - tes insultes ne remplaceront jamais la douleur que j’ai pu éprouver, et la tienne non plus d’ailleurs. » un déglutit passa dans sa gorge alors qu’il recula légèrement son siège, comme pour lui demander de venir s’installer sur ses genoux : il était trop loin de lui, il n’en pouvait plus. It’s too late for apologize.

Cette équation que représentait leur amour n’était pas faite pour être équilibrée. Trop de facteurs qui entraient en ligne de compte et qui faussaient les résultats. Sang Jae ne pouvait pas être qu’un pion dans la vie de Lei, il voulait être son roi, sa reine, son fou. Il pouvait être ce que le plus vieux désirait, si, finalement, un pion lui allait aussi tant qu’il était de la partie. Il aurait tout prit. Tout. Tant qu’il restait sur l’échiquier. Bien sûr qu’il crevait de voir la jalousie dans le regard de son amant, qu’il aimait le voir hésitant à l’envoyer récupérer de gros contrat. Ce qu’il aimait par-dessus tout c’était sa tendresse quand il rentrait et qu’il s’allongé épuisé, le corps abimé d’une baise trop intense, contre Lei qui le prenait alors dans ses bras comme si le reste du monde n’existait pas. Lei a déjà tué pour lui. Jae le sait. Lei aurait pu donner n’importe quoi pour Jae s’il n’avait pas eu peur de perdre son empire. Sang Jae, gamin et faible môme endormi entre ses bras savait pertinemment que c’était le travail de toute une vie. Que Lei avait sacrifié bien plus qu’il ne le montrait pour en arriver là où il en est aujourd’hui. Alors l’amour … Sang Jae grimace à ses mots : qui n’aurait peut-être pas duré. Comment peut-il en douter une seule seconde ? Lui qui l’aime encore après 5 ans de pure haine. Sang Jae ne sait plus s’il veut le repousser ou lui interdire de partir, alors il se laisse faire, comme toujours. Il déglutit et tente de cacher ses larmes. Il en a honte d’être si faible. Il souffle et secoue la tête en murmurant après qu’il se soit éloigné et rassis … « Ce que t’es sans moi ? » Pas grand-chose à en croire le regard que lui lançait le plus vieux, pourtant Sang Jae a les mots acides et le cœur lourd. « T’es ce que t’as fait de toi, de ta vie. » C’est vrai … c’est presque une consolation de le voir souffrir. Il le mérite pense amèrement Sang Jae qui pourtant, au fond de lui, aimerait juste que Lei soit heureux. « Si j’avais eu envie de t’insulter crois moi que je  n’aurais pas été aussi sage dans le choix de mes mots » connard. Sang Jae se détourne et colle son front au mur pour ne plus voir l’invitation silencieuse de Lei à venir sur ses genoux. Il griffe le mur en sentant son cœur se décoller de sa  poitrine et devenir douloureux. « Alors juste c’est fini ? » murmure Jae qui s’attendait à bien d’autres choses après 5 ans. Il n’a même plus la force de le détester.

Il continuait de regarder droit devant lui, ce maitre, ce gourou qui refusait de baisser les yeux en s’avouant finalement vaincu par un amour qu’il n’arrivera jamais à sortir de sa tête. Pourtant lei n’avait que ce qu’il méritait. Il aurait pu être en train de balader ou de faire l’amour intensément à son protégé depuis cinq ans s’il avait sacrifié une partie de sa vie pour en consacrer une autre : une bien plus lumineuse et belle aux côtés du seul être qu’il a aimé d’un amour sincère mais cependant si malsain. Car c’était comme ça que leur relation avait débuté, un service, une soumission et bientôt deux cœurs qui s’enflamment alors que deux corps viennent se trouver. Qu’il était bon ce passé où rien ne pouvait bien se passer, il suffisait alors que sangjae se trouve là, dans la maison à lire ou à jouer à la console pour que le chinois retrouve ce simple rictus. Le gosse avait raison ; lei avait choisi son destin rempli de force mais dépourvu d’amour. Il n’était pas vraiment prêt à affronter cet être, mais il le fallait après tout. Alors oui. Tout était fini c’était juste. Mais c’était tellement douloureux à admettre que le regard du plus vieux flancha sous une douleur effroyable à la poitrine. Leur jeu était terminé, leur histoire d’amour anéantie, leur seconde chance brisée, et ce qui était d’autant plus insupportable pour lei était de savoir que tout ceci était entièrement de sa faute, que ses choix professionnels avaient simplement détruit deux hommes. Il s’empara alors de son verre d’alcool et en engloutit soudainement l’intégralité du contenu avant de le claquer si violemment sur la table qu’il en brisa l’objet de la seule force de sa poigne. Il souffla « - je suis désolé. » comme toute réponse positive avant de finalement se lever pour sortir son téléphone de sa poche et notifier rapidement les appels qu’il avait ratés. Lei se posta ensuite derrière une des grandes fenêtres de sa villa et scruta l’extérieure grisâtre avant de conclure enfin « - met ton manteau, Kwang va te ramener à la fac. » même pas il n’allait l’accompagner. Même pas il n’oserait lui dire au revoir dans son éternel lâcheté. Il allait simplement le regarder s’en aller de sa mine fatiguée sans bouger le petit doigt. Il l’aime. Mais il a considéré que ses démons étaient bien plus puissants que cette volonté de le garder auprès de lui.

Jae le fixe. Pour la dernière fois il a l’impression. Alors ca valait le coup de faire ça ? De revenir le chercher à la fac, de le baiser de force, et de le laisser. Encore. Après 5 ans. Quel était le sens de tout ça ? Jae le fixe. Il a si mal. Il le déteste tellement. Quelque chose vient de se briser en lui à cet instant. Pas son cœur, lui il est déjà en poussière depuis une éternité. Il le fixe. Regarde-moi a-t-il envie de lui crier. Mais Lei le fuit, comme toujours, de sa lâcheté dont a hérité Jae. Ils se sont tout dits. Il lui a tout dis. Lei ne se battra plus pour lui. Il n’acceptera pas que Jae reste dans son ombre, et c’était surement ça le plus douloureux ; Jae n’attendait rien de plus que de pouvoir rester à ces côtés. Parce que c’était comme ça qu’il l’aimait. Inconditionnellement. Il ne voulait rien de plus que ses bras, que son amour caché. Jae avait envie de tomber à genoux et de lui gémir qu’il avait compris la leçon. Qu’il ne demandera plus de s’afficher avec lui en public. Qu’il acceptait de rester dans l’ombre, ô dieu qu’il l’aimait au point qu’il aimerait crever entre ses bras. Et soudain Sang Jae comprend. Ce qu’il vient de se briser en lui c’est sa vie. C’est son envie de vivre. Il vient de perdre la seule chose qui le retenait en vie. Et il s’en veut, de laisser Bago. De Laisser Soon Young. De laisser son meilleur ami … Dieu qu’il s’en veut de ne pas avoir le courage de s’accrocher à la vie pour eux. Eux qui l’aiment pourtant tellement … Sang Jae a tellement placé sa vie entre les mains de Lei qu’il vient de tout détruire. Tout. Sang Jae se lève lentement. Livide. Le jeune homme fougueux qu’il était avant aurait sûrement balancé un tas d’insultes, avant de le supplier, avant de se mettre à genoux devant lui … C’est peut-être pour ça qu’il fait endurer autant de souffrance à Bago. C’est pour le voir se battre pour lui. Comme Lei ne l’a jamais fait. Parce que Sang Jae c’est ce trou béant, ce vide que Lei a creusé avec les années. Sang Jae l’a tellement aimé, tellement, mais tellement aimé qu’il se sent désormais vide. « Très bien … » souffle-t-il résigné. Il se lève, marche sans vaciller, en tenant debout sans trop savoir comment. Il se détourne sans regarder Lei une dernière fois. Il se souvient, il a promis à Bago de passer chez lui. Il le fera alors. Ce n’est pas ce soir qu’il se laissera mourir mais ce dont il était sûr, c’est qu’il ne verrait pas le prochain été. Lei lui avait donné la vie, l’amour, il lui a tout reprit. C’est marrant Jae n’est pas des plus romantiques pourtant il s’était promis d’aimer Lei jusqu’à son dernier souffle. Il était maintenant près à le rendre. Quitter cette vie serait si salvateur mais si douloureux ...