Je me sens dans un autre monde, éloigné de toutes les inquiétudes, à la fois vide et rempli, heureux et peiné. Je n'arrive pas à le croire, je l'ai réellement fait, j'ai cédé au vice, j'ai accepté le pacte du diable, je me suis uni à Micha, enfin, après un an emprisonné dans ma cage, résistant de jour en jour. Il a fallu d'un baiser pour effondrer cette barrière que j'avais si bien construit. Malgré tout, je me sens allégé, guéri de mes blessures. C'était tellement bon, tellement beau, un artifice de couleurs. J'en ai encore des palpitations et des nœuds au ventre. J'espère que Micha a lui aussi apprécié, que je l'ai comblé, qu'il a su en profiter, tout autant que moi. Ce fut le meilleur moment, la meilleure fois et jamais je n'oublierai cet instant, il est gravé en moi, dans mon corps et sur mon corps. Pour la première fois de ma vie, je me suis laissé emporter, et je n'ai aucun regret, même si je sais pertinemment que demain sonne un nouveau jour. Je ne veux pas que ce moment prenne fin, je veux rester dans ce lit, avec lui, être blotti contre son corps chaud, sentir ses lèvres contre les miennes, rester juste là, comme ça, lui et moi. Je frisonne quand il m'appelle par mon prénom ajoutant le possessif ''mon'' juste devant, me sentant à lui, pour lui. Je suis à toi Micha et je le serai toujours, loin ou près, je t'appartiens. Tu es mon âme sœur, celui que je souhaite voir à mes côtés pour toujours et même si notre amour est impossible, même si demain je sais que je ne vais pas être le même homme, celui que je suis actuellement, cette pensée ne changera jamais, quoiqu'il advienne. Je me blottis un peu plus contre lui quand sa tête vient se poser contre mon torse, l'attrapant par le dos pour mieux le coller à moi. Je frissonne sous ces baisers, lui caressant les cheveux d'une main, les embrassant, inhalant son odeur si enivrante. Je couine légèrement quand il glisse sa jambe entre les miennes, unissant nos deux corps, collés l'un à l'autre. J'ai tellement envie de tout reprendre, de revivre de nouveau ce moment intense. Et je ne suis pas le seul. J'esquisse un léger sourire quand Micha avoue en avoir encore envie. Je rougis légèrement devant ses propos, sentant une nouvelle excitation me prendre le corps, mais je me contiens, encore trop épuisé par ce moment. « Ce moment ne t'a pas suffi ? Je ne t'ai pas assez comblé pour que tu désires recommencer ? », je le dis sur un ton amusé, le comprenant totalement. Je ne sais pas si c'est une bonne idée de recommencer, reprendre les choses, une fois c'est déjà beaucoup. Je n'aurai pas dû et au fond de moi je le sais, mais c'était bien trop bon pour le regretter. Je frisonne quand il vient suçoter mon oreille, la gorge asséchée. Oh Micha, arrête donc cette torture, s'il te plaît.  Je m'éloigne juste un peu, préférant conserver une certaine distance. « Repose toi un peu . . . et on verra après ». Je le serre de nouveau contre moi, pose mon menton contre son tête, et tente de fermer quelques secondes les yeux.

Mais . . . je suis tellement angoissé que je n'arrive absolument pas à me reposer. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai soudainement peur des conséquences de mes actes. En agissant de la sorte je vais forcément blesser Micha si je le repousse de nouveau, il ne va pas le supporter et ma résistance va finir par s'affaiblir. Je vais sûrement devenir moins fort, moins capable de le repousser et tous les deux, nous risquons de souffrir. Mais, je le sais déjà que je suis faible, que j'ai faibli et que cela risque de se reproduire. Je réfléchis tellement qu'après avoir vérifié que Micha avait bien les yeux fermés, et que son souffle était plus lent, je finis par me lever, marchant dans la pièce. Je finis par m'asseoir contre le mur, me prenant le visage entre la tête. Merde et merde . . .  Je suis certain d'avoir fait une connerie.Je n'aurai pas dû, je le sais, mais j'ai beau me le dire, me le répéter, je n'arrive pas à regretter, je n'arrive pas à culpabiliser autant que je ne l'aurai souhaité. Je devrai partir, je le sais. Il le faut, même si j'ai envie de rester, là, encore, profiter encore, juste quelques minutes de plus, ma raison exige autre chose. Après plusieurs minutes de réflexion, à tergiverser, je finis par rassembler mes affaires, prêt à partir, le laissant seul. Mais avant que je ne fasse quoique ce soit de plus, mon regard se pose sur Micha, observant son corps nu, dans toute sa splendeur. Mon corps s'électrifie. Non je ne peux pas partir, je ne veux pas. Juste pour cette fois, juste aujourd'hui, je veux faire une exception. Je laisse tomber mes affaires et m'installe de nouveau à ses côtés, le regardant aussi apaisé, écoutant sa respiration qui semble être une berceuse pour mes oreilles. Je finis moi-même par m'endormir, quelques minutes. Oubliant tout.