Aimer ou encore désirer une personne qu'il n'est pas possible d'avoir c'est particulièrement frustrant, blessant, cela entaille la vie, l'âme, faisant perdre toute source de vie. J'aime Micha, comme un fou, mais je sais pertinemment que ce n'est pas bien, ce n'est pas bon. Cet amour ne peut être conçu, ne peut se développer, il doit rester en nous, cacher, sans jamais voir le jour. Même si aujourd'hui, en cet instant précis, je profite de sa chair, même si je me laisse aller au vice, à l'amour que je porte pour lui, ça ne peut pas toujours l'être, ça ne pourra jamais l'être. Je sais que lui souhaite rester avec moi, partageant cet amour secret, en le faisant devenir notre secret, ce secret si lourd à porter, mais je ne peux pas, parce que je dois le protéger de cet amour si dangereux, si malsain. Je me rends compte, et encore plus aujourd'hui, que notre amour est un poison, un poison qui fait autant de mal que de bien. Malgré toutes ces pensées, je me laisse aller, juste une fois, je me laisse jouir en lui, jouir pour lui, jouir pour nous. C'est l'apocalypse, la destruction, mais c'est aussi l'explosion, la joie, l'apogée. Je ne peux expliquer avec des mots, ni des gestes, tout ce que je viens de ressentir, tout ce qui vient de se dérouler sous mes yeux, dans mon corps. C'est un trop plein d'émotions, de sentiments. Je suis bercé par tout cela, mais aussi détruis. Je me sens effrayé par rapport à demain, même si je me sens heureux, apaisé, soulagé, la crainte reste au creux de mon ventre. J'ai peur que tout cela ne soit qu'un rêve, quelque chose d'éphémère, et que je dois me réveiller difficilement de ce rêve. Je respire fortement après toute cette agitation, tout ce sport. On l'a quand même fait deux fois, en une soirée, c'est tant et si peu. Je me blottis contre lui, ne voulant pas quitter encore sa chair, ne voulant pas m'éloigner totalement de lui. Je ferme les yeux, quelques secondes, pour m'imprégner de tout ça.

Je couine de douleur quand Micha me demande de ne pas m'éloigner de lui, de rester à ses côtés et je sais qu'il ne parle pas que pour ce soir, mais pour plus tard, pour notre avenir. Je regarde son visage quelques secondes, embrasse les larmes qui perlent son visage, tout en frôlant ses lèvres. Si seulement c'était facile . . . Je ne veux pas le rejeter, aujourd'hui je ne l'ai pas fait, mais il sait tout comme moi que notre amour est impossible, inconcevable, quoique l'on fasse. J'ai le cœur qui se serre, ses mots me rendant si faibles, me rendant désireux d'être à ses côtés, même secrètement. Mais je sais très bien qu'elle en sera la suite si j'accepte d'être à ses côtés, si j'accepte d'être pour lui, d'être son petit ami, qu'il soit mon amour, l'amour de ma vie, même s'il l'est déjà. C'est bien beau de vouloir garder tout ça secret mais à force, cela va peser, peser sur nos vies. Ce n'est pas simple de tout garder secret, il y aura forcément un moment où tout va être dévoilé et quand ce moment arrivera, ça sera la fin. Je ne veux pas en entendre plus, je ne veux pas reprendre ce type de conversation, je n'en ai pas la force, ni le courage. Je pose un doigt sur ses lèvres pour qu'il se taise. « N'en dis pas plus Micha, pas ce soir, s'il te plaît ». J'embrasse délicatement ses lèvres et l'allonge sur le lit, pour le serrer contre moi. « Oublions tout ça, juste pour ce soir. Je ne veux pas en parler, je veux juste oublier, juste une fois ». Je ne veux pas que ce moment prenne fin, je ne veux pas non plus le gâcher. « Reste comme ça, juste pour ce soir, ne pense à rien d'autres, juste à moi, à nous ». J'embrasse son front, le serrant encore plus contre moi.