Tirée par quatre épingles, chevelure de soie, garde-robe impeccable. Les gouvernantes d'ongles vernis roussissant et de jupons finement taillés s'affairaient en plein centre de cette vie de famille éprouvante, perdurant leur foi de paraître parfaits, s'ils ne l'étaient pas déjà... La fratrie se trouvait nombreuse car trois enfants élevés au peigne fin, les débordements se trouvaient dès lors sanctionnés par le divers personnel s'affolant au sein de l'imposante demeure. Une lignée prisée, l'héritage de leurs faits personnels se trouvait confectionnée par le biais d'un grand soin. Tous n'étaient que des habitués de ces célébrations mondaines où grossièreté n'avait guère sa place. Leurs rituels imposés, des codes que d'autres posséderaient du mal à décrypter. Ces enfants jugés « modèles », à qui le monde, les richesses enviées par lot, le pouvoir et les connaissances semblaient appartenir, eux qui pouvaient régner en maîtres une fois la maturité atteinte. Et pourtant. Chacun d'entre eux se devait d'agir d'une sorte machinée, leurs gestes maniérés avec précision, on leur apprenait par ailleurs à préserver le menton haut, comme pour piétiner les jugements d'autrui à leur égard. Avec le temps, l'une de leurs fillettes bien aimées s'affirmait. Hasa de ses traits aériens, à la peau de velours, la voix fluette, la rétine parsemée de poussière d'étoiles. Véritable princesse des quartiers modernes et urbains d'aujourd'hui, celle-ci paraissait posséder une place toute particulière en ce milieu frôlant la perfection. Manipulée telle le pantin que sa propre personne ainsi que ses congénères représentaient, leur insouciance foudroyée par les vertus qui leur étaient subtilement imposés. Il n'y avait point de place pour les tyrans.

De sa finesse, en ressortait une vocation déjà toute tracée. Elle les admirait, eux, ces mannequins d'exception, dont le frêle être se trouvait enrobait d'une sensualité inouïe et s'évanouissant sous les tissus princiers, confectionnés par le gré des tendances nouvelles. Les pupilles foudroyées d'un désir malsain de se propulser un jour, elle aussi, sur les podiums... Afin que sa candeur se retrouve déchirée par les feux éblouissants des projecteurs. Bien que tout cela eu pour effet papillon ; son envie pulpeuse touchant du bout de ses doigts diablotins, ses rêveries incessantes, tourbillonnant en son esprit devenu sauvage. La protégée se trouvait à présent en plein cœur d'un tourment incandescent, ruinant la beauté de ses nombreux projets, envoyant valser sa naïveté probablement trop grandissante encore.

Et pourtant. Voilà qu'elle se relevait, la belle poupée, afin que ses exploits ne soient pas vain.