Les lumières pâles fondaient sur séoul comme par les temps de grand soleil. La ville était éclairée de mille feux alors que l’on se trouvait en plein milieu de la nuit. Deux ombres pourtant, s’avançaient, quittant l’agitation d’un centre-ville qui ce soir était plus arrosé que jamais, pour un endroit un peu plus reculé. Un rire léger se fit soudainement retentir ; hojoo avait gardé une expression digne et calme tout le long de la soirée, mais au fil des mots et des mets, elle se sentait plus détendue et plus apte à laisser son naturel déroutant et séduisant prendre le dessus. Cela allait faire moins d’une semaine qu’elle avait recroisé le chemin de noma devant l’université, et trois jours plus tard les deux jeunes gens s’étaient retrouvés sur le lieu de travail de la danseuse pour échanger des complaintes salées et quelque peu envoûtantes. La demoiselle n’avait pas pris le temps de mettre un nom sur la relation, certainement bien moins simple à déterminer que d’habitude, qu’entretenaient les deux adultes, tout simplement parce que lorsque l’homme était en sa compagnie, elle profitait discrètement de chaque rencontre. Ils étaient devenus plus agréables l’un envers l’autre et pourtant continuaient à se défier et à jouer sur chaque sujet qui portait leur intention. C’était comme ça que hojoo aimait le voir : tentant de paraitre conquérant alors que l’acrobate quêtait la même chose. Ils arrivaient à être courtois l’un envers l’autre tout en entretenant une certaine intimité sans perversité. Non pas que noma n’intéressait nullement la demoiselle sur un plan un peu plus personnelle, mais il y avait ce quelque chose entre eux, qui faisait que l’on n’avait pas toujours besoin de mettre des étiquettes sur tout. C’était le naturel, le « feeling ». habillée d’une robe élégante, comme elle lui avait promis, les cheveux attachés dans un chignon épais et légèrement détruit avec le temps, la coréenne faisait claquer sa paire de talons contre le pavé. Le diner avait été digne de ce que noma pouvait offrir et plus encore, et au fond d’elle, elle regrettait déjà de voir ce repas terminé. « - merci pour cette soirée. Je n’ai pas été déçue. » des plats, et de l’ambiance encore moins. Elle était ravie d’être là et avait pour simple volonté actuelle, que la nuit se prolonge, et que les voix s’élèvent encore sur quelques confessions nocturnes banales ou plus intimes.

D’un geste simple et discret, ses doigts font glisser la carte métallisée à la couleur de l’or sur la table. Rien d’extravagant dans son attitude, même en finançant un repas à quatre chiffres vêtu d’un costard qui réunit le salaire sur une année entière du plongeur de ce restaurant. Au fur et à mesure des mets Noma s’est laissé envouter par la présence de la belle, abandonnant partiellement ce jeu de force où chacun tente des percées vers l’autre. Il demeure dans la maîtrise, son sourire se faisant cependant plus facile et son regard bienveillant. Ce soir Ho Joo lui a apporté la confirmation de sa bonne intuition : elle est bien plus que la danseuse de mauvais goût et de l’élève discrète qu’elle laisse paraître. Sa voix est douce, son sourire adorable et sa silhouette divine ; tant de critères qui la rendent attractive. Pourtant ce que Noma préfère c’est sa personnalité. Complexe à souhait. Une délectation, des surprises à n’en plus finir et un casse-tête de compréhension. Il n’a pas manqué de la complimenter sur sa robe qui lui sied à merveille, trouvant qu’elle est là bien plus le reflet de sa propre valeur que lorsqu’elle se glisse dans ses tenues légères. Une main délicatement posée au bas de son dos, il la guide vers les pavés de la rue. L’humeur est légère et agréable, comme lorsque deux personnes se retrouvent sur la même longueur d’onde. Il ne s’en rend pas compte mais son visage sourit. Ses traits sont décontractés, ses commissures légèrement relevées et ses prunelles brillantes. « Merci pour cette soirée. Je n’ai pas été déçue. – Ne me dis pas que tu envisageais cette possibilité. » la tonalité posée, il sourit discrètement dans son semblant d’indignation. Ses bras glissent sur ses épaules pour la rapprocher un peu plus de lui. L’enjeux y est double : la pauvre doit être frigorifiée. « Je te raccompagne. » C’est à la fois une information et un ordre, elle n’a pas le droit de protester jusqu’à ce qu’ils aient atteint le taxi dans lequel il la regardera partir. Un savoir-être. Seulement, cette idée seule le dérange : pourquoi s’arrêter là ? « Ou bien si tu n’as pas trop froid on peut marcher jusqu’à chez moi. Je t’offrirai de quoi te réchauffer. » Il réalise à quel point sa phrase est tendancieuse à peine après l’avoir prononcée. Tant pis, après ce dîner Ho Joo doit être dans la mesure de le cerner un peu mieux ; assez pour effacer cette image négative qu’elle possédait à son égard. Une image qui, finalement, est la même pour beaucoup de ces demoiselles.

Les talons noirs vernis de la jeune femme claquaient contre le pavé légèrement humide. Le soir se refroidissait à vue d’œil en ce moment, et la brume qui se posait sur les voitures traduisait ainsi ce gel futur. A l’aise dans ses escarpins, hojoo était loin de calculer dans sa tête les endroits où elle pouvait poser son pied pour ne pas glisser. Mais tout était bon pour se rapprocher du jeune homme qui avait accompagné son diner : un personnage bien éduqué qui semblait en réalité, savoir se comporter parfaitement avec les femmes. Elle ne broncha pas quand il la rapprocha d’elle, un peu comme si quelque chose s’était décoincé entre les deux. Elle glissa une main dans la poche du long manteau du garçon, se tenant par la même occasion à son bras en toute simplicité. Et dans son esprit empli de bonnes ondes, elle espérait discrètement que la soirée ne faisait que commencer et que ce délicieux repas n’avait été qu’en réalité seulement l’entrée. Pourtant à l’arrivée du taxi, la danseuse finit par se faire une raison : il l’avait invité à partager un diner gastronomique en sa compagnie, il ne fallait pas avancer et presser davantage les choses. Elle se glissa face à lui, ne quittant cependant pas la poche de noma. Elle le gratifia d’un sourire avant de baisser la tête : un au-revoir un peu compliqué après cet agréable moment. elle allait le saluer alors qu’il interrompit tout mouvement. – chez lui. allons-y, plutôt deux fois qu’une – avait-elle envie de s’enjouer. Mais, de sa classe et de son naturel calme, hojoo coula un regard conquis sur le côté avant de reprendre son bras en guise d’accord « - avec plaisir. » ajouta l’étudiante sans trop d’importance puisque son visage en disait long sur son plaisir de rester : peu importait où finalement. Et elle se mit à marcher, en silence, pensive : à quoi pouvait bien ressembler son logement ? aux premiers abords elle pensait à une chambre partagée dans une des fraternités comme c’était le cas pour hojoo. Mais au vue de l’allure véritable que dégageait noma, elle ne pouvait s’empêcher de voir un grand loft, mêlant modernité et parquets, moulures distingués. Elle sortit finalement sa main de sa poche, et dans un réflexe presque trop pensée, elle glissa ses doigts dans ceux du coréen, serrant sa paume : elle préférait largement le contact de ses phalanges anguleuses que celui du tissu de son superbe manteau. La belle n’esquissa aucun rictus, comme si, ce qu’elle venait de faire était naturel. « - tu vis dans quel coin ? » ne put s’empêcher de demander l’acrobate.

Couper court à cette soirée aurait été d’une stupidité adolescente. Le genre de bourde que fait un gosse de quinze ans lorsqu’il n’est pas assez attentif à son partenaire de jeu ou bien qu’il n’ose pas aller plus dans ce dernier. Noma et Ho Joo ne sont plus des gamins, l’un comme l’autre s’étant rendu compte de l’atmosphère particulier qu’il pouvait régner entre eux. Du moins, c’est ce qu’il pense avoir déduit avec très grande facilité. Alors qu’il avait prévu de la mettre dans un taxi comme l’aurait fait un débutant, Noma effectua sa pirouette. L’idée de rentrer chacun chez soi l'ennuyait d'avance. Elle reprend possession de son bras et il la laisse faire, elle qui est dorénavant prête à le suivre n’importe où où il ira. La marche continue plus calmement, comme si l’hypothèse de rentrer dans une plus grande intimité préoccupait les esprits. Il s’efforce de chasser les images qui lui viennent à l’esprit, l’issue de la soirée n’étant pas encore bouclé il ne sert à rien de s’emballer. Noma n’est pas un goujat, il tente de faire les choses en respectant au minimum l’éducation qu’on lui a inculqué, aussi contestée soit-elle. Il notifie sans plus d’attention que ça la main de la belle sortant de sa poche, loin de prédire qu’elle allait la glisser dans la sienne. Il est surpris par le geste; c’est que les fois où on ose le toucher son rares. S’il y avait eu une quelconque expression de plénitude sur son visage, il aurait conclu qu’Ho Joo n’était qu’une romantique à la recherche cruelle d’un prince charmant. Cependant son bref coup d’œil lui montre une personne sereine, comme s’il n’y avait aucune ambiguïté à la situation. Peut-être n’allait-elle pas plus loin que l’anticipation de cette fin de soirée. Il n’arrive pas à savoir s’ils sont sur la même longueur d’onde ou non, Ho Joo est beaucoup trop mystérieuse pour ça. Elle est sensible sans l'être, audacieuse mais pas complètement, dévergondée seulement pour le show. C'est une énigme, une contradiction qui part dans tous les sens et dont il n'arrive pas à choper le bout pour remonter le long de la corde et comprendre. Il referme doucement ses phalanges sur ses longs doigts dans un mécanisme dont il force un peu les rouages. « J’habite sur Gangnam dans l’appartement familial. » Un appartement de deux étages au loyer mirobolant. La luxure de la capitale représentée par la décoration de célèbres architectes qui se sont occupés des lieux, comme si la famille Park avait besoin d'un aspect encore plus impersonnel pour la représenter. « Mais tu te doutes bien qu’on ne va pas rentrer à pieds jusqu’à Gangnam. Mon père a acheté un appartement pas très loin du dortoir des Pyo. » Un investissement pour l’avenir avait-il dit, un échappatoire pour Noma qui malgré tout préférait rentrer à Gangnam dès qu’il en avait l’occasion. Les lieux étaient rarement occupé mais la décoration était encore une fois digne d'un magasine de meubles. Tout était nettoyé quotidiennement malgré le manque de passage. « On devrait y être dans un quart d'heures. Tu vas tenir jusque là ? » Il lui adresse un regard bienveillant face à la congélation qui la guette.

Il avait refermé sa main sr la sienne, comme si tout était normal et naturel. Ils n’avaient pas l’air d’un couple, du moins pour hojoo ; simplement deux adultes qui avaient partagé un agréable moment qui allait se poursuivre encore. Elle l’écoutait parler, ou plutôt répondre à ses interrogations, et à vrai dire, ces révélations étaient à la hauteur de ce que montrait noma dans son attitude : il ne détaillait pas le quartier, il n’en avait pas besoin. La danseuse savait très bien quelle belle jeunesse dorée vivait dans ce coin, et pour dire vrai elle ne fut presque pas étonnée de savoir que l’homme possédait un appartement rien qu’à lui. elle releva le menton en entrouvrant les lèvres comme pour répondre un – oh d’accord- alors qu’elle continua de marcher, enfouie dans une simple veste habillée regrettant de ne pas avoir réfléchi plus tôt et d’avoir filé sans prendre de manteau. L’air avait été plutôt charitable au cours de la journée, mais dès que le semblant de soleil était tombé en désuétude et que la brune avait commencé à couvrir les véhicules, les degrés s’étaient écroulés ne laissant plus qu’un faible 4 s’afficher en dessous de la croix lumineuse de la pharmacie devant laquelle ils passèrent. Hojoo souffla et laissa dégager une fumée de sa gorge alors qu’elle se mit à rire « - je tiendrai. Surtout si j’ai le droit à quelque chose de chaud en arrivant. » elle n’avait pas vraiment réfléchi à ce qu’il allait lui proposer : elle pensait à un alcool fort, à quelques plaids déposés de part et d’autre de ses épaules ou une boisson qui brûlerait son œsophage. Et si la soirée tournait autrement ? si derrière ces formules de politesse, ces galanteries se cachait simplement un désir grandissant ? hojoo ne savait pas, elle avait déjà eu cette envie de capturer les lèvres du bellâtre mais elle semblait avoir trop de réserve ou trop de respect envers lui pour s’enticher de cette manière, et pourtant. Ils étaient deux grandes personnes qui avaient appris à se connaitre : l’issu était-elle déjà tracée ? n’allaient-ils se contenter que de baises-mains et de compliments pourtant si sincères ? l’acrobate ne voulait pas mettre la charrue avant les bœufs mais il semblait qu’elle avait du mal à se cacher de son envie ne serait-ce que de l’embrasser. Elle verrait bien. Mais rien ne pourrait gâcher ce moment partagé, peu importait en fait, que noma la repousserai ou au contraire, l’encouragerai à le séduire de manière un peu plus intime. Ce ne serait qu’un échec supplémentaire mais il était tout bonnement hors de question qu’ils arrêtent de se fréquenter pour une raison, pour l’instant, qui apparaissait comme futile. Le quart d’heure passa dans une certaine et agréable lenteur alors que l’étudiante s’était laissée transporter dans des pensées certes malvenues pour certaines, mais toujours positives. Elle s’arrêta soudainement devant un bel immeuble, et reconnu le quartier où le dortoir des pyobeom se trouvait. Hojoo s’impatientait de découvrir l’intérieur de l’appartement de noma, la décoration, l’ambiance et l’odeur qui s’en dégageraient et surtout, la suite des évènements.

Coupable d’offrir un rhume sur un plateau d’argent à Ho Joo, Noma démêla ses doigts des siens pour venir l’héberger sous son long manteau. Son bras enveloppant sa cage thoracique pour lui faire profiter de la chaleur, il la rapprocha en même temps de lui pour mieux ajuster ses pas aux siens. La discussion était légère, comme la flânerie à laquelle il s’adonnait. Rapidement au pied de son immeuble, il continua en direction de la porte froide de verre comme le sont ces nouvelles architectures poussant dans la capitale comme des champignons. La froideur du modernisme mélangé à sa sophistication. Il entra, saluant brièvement le réceptionniste qui faisait aussi office de veilleur de nuit, et appuya sur le vingt-sixième étage. Ce n’était pas haut comparé aux immenses tours environnantes mais ça suffisait pour avoir une vue sympathique. Il n’y avait rien de comparable à l’appartement familiale des Park où toute la ville s’offrait à leurs pieds au travers d’une immense baie vitrée, mais ça avait son luxe. La décoration n’avait rien de personnelle, tout était beaucoup trop propre et rangé pour qu’on puisse en deviner son propriétaire au premier coup d’oeil. Quelques effets personnels s’étaient glissés dans le paysage comme un coussin tissé rapporté de Mongolie, une peluche de pingouin déposée à côté de l’immense télévision, des bâtonnets destinés à parfumer la pièce imposés par sa mère. Il ouvre la marche à la belle, la laissant entrer en première. « Je suis désolé de t’avoir fait marcher autant. Mets-toi à l’aise. » Elle pouvait enlever son manteau, retirer ses chaussures et même aller prendre une douche si ça lui chantait, Noma n’était pas vexant. « Tu veux quelque chose à boire ? Un thé, café, chocolat ? » Il s’improvisait serveur, se trouvant tout à coup beaucoup plus bavard par la diversité de ses propositions. On était loin du romantisme partagé autour d’un verre de vin mais il s’en voulait de l’avoir senti se frigorifier contre lui. S’éclipsant un instant, il s’empara du plaid traînant sur le canapé ; encore un détail apporté par sa mère qui plaisait généralement à ses convives féminines. Le passant sur ses épaules, derrière elle, il glissa près de son oreille comme il lui était déjà arrivé de le faire. « Ca va mieux comme ça ? » Il la serre en même temps doucement dans ses bras comme pour positionner le plaid correctement, ne pouvant qu’humer le parfum qu’elle porte ce soir ainsi que la fraîcheur encore dégagée par ses cheveux.

Hojoo fit enfin un pas dans le domicile de son hôte. Pour tout dire, le décor était d’une propreté et d’une teinte incroyable. Mais la jeune femme n’était pas très bien placée pour juger un appartement en bien ou en mal, elle, qui n’avait que pour abri : une chambre universitaire étroite mais agréable. Elle esquissa un sourire alors qu’elle laissa tomber sa veste sur le large canapé, se retrouvant alors avec comme seule protection les fines bretelles de sa robe de soirée. Elle observa noma un instant avant de s’approcher de la fenêtre pour profiter de la vue « - ne t’excuse pas. je préfère mille fois être ici que seule chez moi. » il fallait dire ce qui était. La danseuse aurait pu braver le vent pendant encore quelques minutes s’il avait fallu. Et puis ce moment n’avait-il pas été propice à un rapprochement ? la jeune femme abandonna ses escarpins et se balada à pas feutrés dans la grande pièce à vivre, davantage distraite par les quelques objets présents que par les propositions du garçon. C’est pourquoi elle répondit doucement : « - un alcool fort si tu as. » la belle glissa une main dans ses cheveux pour en défaire le chignon qu’elle avait tant de temps à nouer parfaitement. Elle libéra alors sa tignasse brune et épaisse alors qu’elle se décida à retrouver l’étudiant. Noma était un galant homme et il était encore davantage séduisant lorsqu’il était plongé dans son propre environnement. Il prit d’ailleurs le soin d’apporter une couverture à la danseuse qui, profitant en silence de cette attention, glissa son corps contre celui de la panthère qui faisait bien deux têtes de plus qu’elle. elle roula ses bras autour du buste de ce dernier en guise de réponse positive. Noma avait chaud lui, et il était bien plus attrayant qu’un plaid bien qu’elle apprécia l’attention. Mais il ne fallait pas trop faire fuir le damoiseau, et elle n’avait pas envie de passer pour la jeune femme insistante. Il lui offrait déjà sa fin de soirée, ce qu’il devait pourtant faire plus souvent qu’elle ne voudrait le penser. Hojoo se détacha, lentement et dans une délicatesse qui lui était propre, du garçon pour venir s’installer sur le canapé, reprenant la même posture que lors de leur dernier rendez-vous, quand elle s’était faite plus envoûtante en oubliant l’existence de alice un moment. ses jambes s’allongèrent alors, son bras se posa sur le dossier du meuble et elle laissa sa poitrine monter et descendre dans une respiration inaudible mais pressée comme essoufflée. « - ne me dit pas que tu vis seul dans cet endroit ? » en effet, il était bien trop grand pour une seule personne, si bien que la demoiselle ne pouvait s’empêcher de poser ce genre de questions, mais elle voulait savoir : noma était-il davantage un homme de la nuit ? la sirène attrapa une de ses cigarettes qu’elle alluma presque aussitôt, libérant un léger geignement lorsqu’elle laissa la fumée s’échapper. Elle avait envie que le garçon la rejoigne.

Un alcool fort. Sans commentaires Noma s’en va en direction du bar, encore un élément de plus ajouté par soucis de confort alors que l’appartement n’est quasiment pas habité. Il ne sait même pas quel genre de bouteilles il va trouver. Ouvrant la porte, son regard se pose sur du soju et une bouteille de liquide ambré. Whisky. Bien qu’il trouve qu’une aussi jolie femme qu’Ho Joo apprêtée d’une robe de soirée et tenant dans sa main verre de whisky dans lequel flotte posément un glaçon possède quelque chose de très sexy. Il s’amuse intérieurement de sa réponse tandis qu’il verse le liquide dans le large verre à la forme carrée. S’il ne lui proposa que des boisons soft, elle s’aventura directement vers quelque chose qui, certes, la réchaufferai mais surtout viendrai titiller sa raison. Leur numéro semblait toujours retarder sa conclusion. Il se demandait aussi si, par subtilité, la danseuse considérait ça comme l’un de ses numéros de danse où elle se doit de charmer son client. Il l’avait mise au défi, c’était presque une porte ouverte sur sa propre chute qu’il lui offrait. Elle pouvait facilement le piéger dorénavant. Malgré tout Noma reste sur ses gardes, lui tendant sa préparation avec un demi-sourire. Par pure galanterie il avait fait le service pour deux. Ne buvant pas beaucoup, ce soir sera un soir sans ; il se contentera d’y tremper ses lèvres en souriant pour faire abstraction. Il note le changement esthétique de la jeune femme, ses cheveux relâchés lui donnent tout à coup un air beaucoup moins sage. Posant son verre, il s’attèle à réchauffer Ho Joo d’un semblant d’étreinte volontaire. Il la laisse faire, amusé de la scène et se contentant de jouer le jeu. Il l’observe s’en aller avec le plaid, récupérant son bien et se dirigeant vers la chaine hifi pour y régler un peu de musique. « Si. » Plus ou moins. « Enfin comme je te l’ai dit je ne vis pas vraiment ici. » Pressant le bouton play, s’enclenche une playlist hasardeuse. Le parallèle de cette scène avec celle du club le fit sourire tandis qu’il prit place à ses côtés. « Ca t’impressionne ? » Ses prunelles rieuses cueillent son regard. Lui ne trouve pas l’endroit fantasque. C’est trop impersonnel à son goût, il préfère de loin l’appartement familial où chaque chose possède une signification. Instinct de fumeur, la voir s’allumer une cigarette lui donna envie de faire de même, se relevant pour aller chercher son paquet. « Et le resto tu l’as trouvé comment ? » Il était beaucoup plus chic que son appart, du moins de son point de vue. Une cigarette coincée entre les lèvres, laissant traîner une odeur de tabac derrière son passage, il se posta debout devant elle. « Je me suis demandé si t’y étais déjà allé une fois avec un de tes clients. » A croire qu’il ne s’en remettait pas pour toujours revenir sur le sujet. « En tout cas je dois t’avouer que je te préfère comme ça. Les robes de soirées te vont mieux que tes tissus de danseuse. » pour ne pas dire autre chose. Il se permet la réflexion sans aucune honte avant de se retourner vers le cendrier pour y faire tomber la cendre de son tabac. S’asseyant sur le rebord du canapé les coudes sur les genoux, il tire une nouvelle taffe en plissant des yeux ; trop gourmand.

La jeune femme posa ses yeux sur le verre de whisky fraichement servi alors qu’elle prenait définitivement place sur le canapé, ramenant légèrement la couverture sur ses épaules dégarnies. Au vue de la couleur de l’ambré, ça devait être un alcool de grande maison. Elle attrapa le verre et goûta délicatement la substance avant de constater en silence qu’il était bien différent de ceux, même assez bons, qu’on servait au club. Hojoo releva le menton vers noma alors que, de sa voix étouffée par la fumée de cigarette elle répondit par un haussement d’épaules avant d’ajouter « - je suppose que non. » elle laissa balader ses pieds d’un air un peu mystérieux alors qu’elle constata sans vraiment prendre garde que l’homme s’était placé juste en face d’elle. un sourire étira ses lèvres nues « - il était très bon. Certainement le meilleur où l’on m’eut emmenée. » si quelqu’un l’avait déjà invité avant. son rictus se perdit soudainement sous les mots suivants de l’étudiant. Le voilà qui recommençait à parler de ses clients, lui qui semblait avoir si bien fait la part des choses entre hojoo et alice. La jeune femme posa son coude sur sa cuisse, levant la cigarette près de sa joue d’un mouvement de poignée féminin et léger, chiquant sa lèvre inférieure comme si la remarque de noma avait troublé la fête. Son regard se planta alors dans celui du garçon dans un air de défi. Elle finit cependant par rouler des yeux dans son embarra et repris une bouffée de nicotine pour chasser le malaise. Elle attendit donc que son hôte se plaça sur le canapé à quelques centimètres d’elle, pour voir enfin l’acrobate agir. Elle glisse furtivement sa main libre sur la cuisse du jeune loup à sa portée, et coula des mots de velours contre le bas de son épaule « - il ne me semble pas que ce soit alice que tu aies invité ce soir. » il fallait qu’il le comprenne ; il n’aurait plus jamais à faire avec cette autre personnalité. La jeune femme se leva soudainement, laissant tomber la pelure en mousse ainsi que sa cigarette dans le cendrier. Elle s’empara de son verre et affronta à son tour noma, dans sa posture légèrement courbée. « - si je me mets à danser, qui vas-tu voir, alice ou moi ? » question fondamentale emplie de sous-entendus. Elle ne voulait plus le faire penser à cette position aussi faible comme lorsqu’il était venu la visiter. Elle engloutit une légère gorgée de whisky avant de reposer le verre, approchant de la finesse de ses pas, vers le coréen, dans des gestes légèrement relâchés comme si, oui, elle valsait avec ses hanches. Sa main se glissa alors sur la joue du seigneur de ces lieux, hojoo voulait qu’il affronte ses pupilles, qu’il affronte peut-être, à sa place, sa propre envie. Et, dans sa chaleur naturelle bien qu’enfouie, elle se pencha un peu plus vers l’avant pour apercevoir ses traits anguleux. Proche. Elle osa : « - et si je t’embrasse noma, qui verras-tu ? »

La personnalité d’Ho Joo est tellement contradictoire que ses paroles s’en imprègnent. Il la pensait sur l’émerveillement à chaque instant alors que ses mots en assuraient le contraire. Fierté mal placée ou personnage trop complexe pour son sens de déduction, il se contenta d’un faible hochement de tête à peine perceptible lorsqu’elle complimenta le restaurant.« Tu m’en vois ravi. » C’était le but que de l’impressionner à vrai dire, lui vendre un rêve plus éloigné que celui que distribue à qui veut bien donner un petit billet son cabaret qu’il juge miteux. Pendant le dîner il s’était lui-même questionné sur les habitudes de la danseuse concernant ce genre de tête à tête. Trop poli pour aborder le sujet, il ne pouvait s’empêcher de toute ramener son personnage de strip-teaseuse sur le devant de la scène. Plus que de simplement l’amuser ça le fascinait. Pas de réponse. Il titille une fois de plus sa limite, celle qu’il n’est pas en position de franchir en tant que simple connaissance de la belle. Sa politesse se mélangeait parfois avec un certain culot dont il percevait à peine l’indiscrétion tant sa soif pour l’information le guidait vers des questionnements inappropriés. Le regard d’Ho Joo le fusille et il reste de marbre, se contenter d’admirer sa prestation. C’est dans ces moments qu’il peut cerner un peu plus facilement une personnalité, lorsque seul le langage corporel s’exprime. Elle roule ses billes d’un noir profond, probablement agacée par la remarque. Il brise son jeu de séduction en quelques mots, sans compassion aucune. Prenant place sur le canapé, son souffle tire la nicotine du cylindre de tabac autant qu’il le peut tandis que le nom d’Alice est une fois encore mentionné. Ce nom provenant d’une autre dimension d’Ho Joo le dérange, il préfère même éviter le sujet pour éviter d’avoir l’impression de parler à une schizophrène. « Absolument pas. » tient-il à clarifier en cendrant. Elle se lève. Rentre de nouveau dans ce numéro de séduction dont il a déjà l’impression de connaître les rouages. Habillement elle inverse les rôles, il n’est pas stupide Noma, il comprend ce qu’elle cherche à faire. C’est un combat. Délicat combat. « Toi, probablement. » Elle boit une gorgée d’ambre pour se donner du courage, celui de se montrer séductrice sous sa propre identité. Celui de tenter les actions d’Alice sous Ho Joo. Il craint le spectacle mais elle s’avance. Elle se déhanche. Elle s’approche. Ses mots s’écrasent sur son visage et il s’empare de son poignet, soulevant cette main posée sur sa joue. Un geste qui fait trop d’échos aux derniers évenements relatifs à Yon. « C’est à toi de me le dire. » Doucement il la tire vers lui et pose ses lèvres sur les siennes en engageant le baiser, profitant de sa position de déséquilibre pour la faire basculer plus près de lui encore.