UN VOYAGE INATTENDU / FT. NA RI
Andrew s’était assit sur le rebord d’une fontaine regardant les gens faire leurs courses. Quelques uns courraient et semblaient si pressés alors que d’autres s’arrêtaient devant chaque vitrine. Andrew n’avait jamais vraiment prit le temps d’observer ce qui l’entourait, mais son emménagement ici le changeait petit à petit. Quelques personnes le dévisageaient, peut être parce qu’il n’avait pas sa place ici. Ils devaient le prendre pour un touriste qui les regardait comme des poissons dans un aquarium. Pourtant Andrew voulait simplement sentir la présence de quelqu’un. Il continuait à manger sa crème glacée et se disait qu’il pourrait passer des heures ici. Il se sentait anxieux de ne connaitre personne. < Et si la tarterie ne fonctionne pas… ? Et si je ne me plais pas ici ? > Il ne pouvait pas s’empêcher de douter. Il s’était perdu dans ses pensées depuis presque une heure. Il était temps de rentré à l’hôtel. Il se leva et décida de faire un dernier tour du centre commercial avant de se diriger vers la sortie.
Parait-il que si tu jettes une pièce dans la fontaine, un vœu te sera accordé. Tout les jours Na Ri se répétait cette même phrase. Une pièce, un vœu. Elle avait du en jeter des milliers, dans cette fichue fontaine, et elle espérait qu'avec tout les sous qu'elle avait jeté, ils auraient de quoi en construire une nouvelle, qui fonctionnerait cette fois ! Elle râlait, pestait, mais espérait toujours et encore. Un jour, elle aurait son vœu. Un petit génie apparaîtrait pour exaucer son souhait, et après, ça sera à son tour d'exaucer ceux des autres. Na Ri est pleine d'espoirs, Na Ri est pleine d'envies, et Na Ri n'abandonne jamais. Elle s'éloigna du cliquetis de la fontaine, et se dirigea tranquillement vers le centre commercial, cherchant à se changer les idées en faisant quelques emplettes. Elle traversa les allées, entra dans quelques magasins pour en ressortir avec très peu de sachets. Et, alors qu'elle allait entrer à nouveau dans un magasin (de jouet, oh qu'elle les aimait !) elle repéra une présence qui semblait luire. Elle s'arrêta net dans l'allée, et observa ce grand étranger à l'air tristounet. Il luisait violet, c'était drôle, et elle ne put s'empêcher de sourire. Elle s'approcha de lui. Il le lui fallait. Elle était sûre, c'était une de ces divinités. Il fallait qu'elle aille le voir. ‹ salut › ses mots s'étaient formés dans un anglais cassé, à peine compréhensible à cause de son accent coréen bien trop marqué. Elle, qui d'habitude est si bavarde, perd ses mots face à l'étranger. ‹ ça n'a pas l'air d'aller › continue-t-elle. Il fallait l'amadouer pour mieux l'obtenir, il fallait réussir à le faire flancher, à le charmer. C'était une divinité, elle ne serait pas facile à berner, mais ce n'était sûrement pas la première que belle Na Ri rencontrait.
Andrew était encore perdu dans ses pensées lorsqu’une jeune femme le salua. Il ne la connaissait pas. Il fut surprit qu’elle vienne l’aborder, peut être avait-elle besoin d’aide.
< Hey > dit-il pensant qu’elle lui demanderait l’heure.Néanmoins il n’en était rien. Elle le laissa sans voix. Il ne savait pas vraiment quoi lui répondre. D’habitude il savait bien cacher ses sentiments mais là, il ne pensait pas que quelqu’un le remarquerait. Et pourtant cette jeune femme l’avait comme cerné en coup d’œil. L’instant d’une seconde il pensa qu’elle pouvait lire dans les pensées, mais c’était trop absurde pour qu’il y croie. Il hésita un instant à se défouler mais il n’allait pas se confier à une inconnue. Il trouvait cette idée bien trop gênante et bizarre. Il se demandait tout de même pourquoi elle s’intéressait à lui. Il était intrigué. Elle semblait être tout droit sorti d’un drama, avec ses cheveux blonds, sa petite taille – enfin pour lui tout le monde est petit- et son air innocent, presque naïf. Il se sentait mit à nu. Elle l’avait démasqué. Il lui mentirait mais elle risquait malgré tout d’insister. Après quelques secondes de silence, il lui répondit en souriant < C’est gentil de t’inquiété mais ça va, merci >. Que pouvait-il dire de plus ?
Il ne parlait pas. Pourquoi est ce qu'il ne parlait pas ? Elle le regardait avec attention, essayant de comprendre son silence tout en ne forçant pas pour le combler. Elle n'aimait pas trop, tout ce calme. Elle entendait presque trop les rouages de son esprit. Elle tapota son pied contre le sol, pencha une fois sa tête à droite en le regardant, puis changea pour la pencher vers la gauche, mais aucune réponse ne vint. Oh. Elle s'impatientait maintenant. Elle avait vraiment envie de savoir, en plus, elle avait posé une question, elle voulait la réponse. Elle se balança d'avant en arrière, puis se décida, sans qu'il ne lui donne l'autorisation, de s'asseoir à côté de lui. Elle croisa ses jambes, glissa son sac à dos plus haut sur ses épaules, et attendit, encore, cette fichue réponse. Et enfin elle vint. ‹ d'accord › se contenta-t-elle alors de répondre. Il allait bien, elle n'avait plus vraiment à s'inquiéter pour lui. Mais il restait qu'il l'intriguait fort, et que cette divinité, elle avait bien envie d'apprendre à le connaître. Elle lui fit un grand sourire, elle n'allait pas le lâcher. Elle posa une de ses mains sur la jambe de l'inconnu, se faisant plus charmeuse et séduisante. ‹ d'où est ce que tu viens ? qu'est ce que tu viens faire ici ? ça fait longtemps que tu es en corée ? tu es coréen peut être ? ça fait longtemps que t'es assis ici ? tu t'ennuies pas trop ? › curieuse, elle lui posa cette suite de question sans même reprendre son souffle. Après, elle le séduirait, et lui volerait tout son potentiel.
Il n’avait même pas remarqué qu’elle s’était assise à côté de lui. Ca ne lui ressemblait pas de se perdre ainsi dans ses pensées. ~ Aller, ressaisis-toi mon vieux ! ~. La réponse de la jeune fille fut simple. Que cherchait-elle réellement si ce n’était pas à savoir ce qui n’allait pas ? Elle voulait quelque chose de lui, il le voyait dans ses yeux. Elle sourit mais son air innocent l’avait quitté. Il s’inquiéta presque. Et soudain il eut un léger réflexe de recul. Il ne connaissait pas beaucoup les coutumes coréennes mais il était quasi certain que mettre sa main sur la jambe d’un étranger n’était pas ordinaire. Il ne put empêcher une grimace de surprise. Elle lui posa, en un souffle, plusieurs questions d’affilé. Son accent coréen était assez marqué et il avait un peu de mal à la comprendre. Les deux premières questions qu’elle avait posées étaient les seules dont il se souvenait. Il la regarda dans les yeux et lui répondit < Je viens d’une petite ville des Etats Unis. Je suis arrivé récemment >. Il n’osait pas lui dire qu’il n’avait pas comprit les autres questions donc il continua < Je viens d’ouvrir une tarterie près du magasin Kidz Planet. > Il marqua une petite pause et reprit < C’était quoi les autres questions ? Je dois te dire que je ne m’en souviens plus > avoua –t-il fermant les yeux pour rire de lui-même. Elle voulait donc le draguer ? Elle semblait si jeune et ne voyait probablement qu’en Andrew une expérience exotique. Mais elle était adorable et même s’ils ne se reverraient plus jamais, il voulait être amical. Il tendit sa main : < Ah et je m’appelle Andrew >.
Alors il était américain ! Oh, c’était chouette ! C’était drôle ! Elle aimait bien les américains, Na Ri, ils avaient un petit quelque chose que les coréens n’avaient pas, une sorte d’assurance, ou peut-être était-ce seulement le charme de l’étranger. Elle le regarda avec des paillettes dans les yeux, fascinée par les histoires qu’il pourrait lui raconter. Il était arrivé il n’y a pas longtemps, elle en déduisit qu’il ne parlait pas coréen, et qu’elle devrait continuer à faire l’effort de parler dans son anglais cassé… mais cela ne l’arrêtera jamais pour parler. Elle fut intriguée par l’idée d’une tarterie, et soudainement, tous les autres sujets semblaient vains. Elle avait déjà oublié les autres questions qu’elle avait voulu lui poser (de toute façon, elle se demandait si inconsciemment il n’y avait pas déjà répondu) et commençait déjà à penser aux autres qu’elle pourrait lui poser. D’abord, elle tenta de prononcer son nom avec beaucoup de maladresse, louchant pour observer la façon dont ses lèvres se tordaient lorsqu’elle parlait. « anderou » Elle se mit à sourire, fière d’elle, avant de continuer à parler. « une tarterie ? c’est intéressant ! je crois que j’ai jamais mangé de tarte, tu crois que c’est possible ? je crois que oui, mon père il sait pas cuisiner, et du coup, il a jamais dû en faire.. mais, tu me ferais goûter, je suis sûre qu’elles sont bonnes ! » sans même s’en rendre compte, elle avait, au milieu de sa phrase, commencé à parler coréen. Après quelques secondes de silence, elle remarqua sa faute, et, lentement, tout en réfléchissant à ses mots elle demanda « tu me ferais goûter une tarte ? » elle lui offrit son plus beau sourire, laissant sa main appuyée sur sa jambe alors qu’elle s’approchait encore plus de lui, ses grands yeux tentateurs essayant de le faire craquer pour lui faire goûter ses délices.
Quelle étrange demoiselle. Il ne comprenait pas son comportement. Il avait l’impression d’avoir en face de lui une enfant dans un corps de femme, cela l’amusait et le visage d’Andrew s’illumina d’un large sourire. Il n’avait jamais rencontré quelqu’un comme elle. Il la trouvait excentrique et se demandait si elle avait l’habitude de se présenter ainsi à des étrangers. Elle était comme une bouffée d’air frais. Ce fut à ce moment qu’il se rendit compte qu’il avait oublié ses soucis. Son anxiété l’avait quitté, et rien que pour ça il remerciait intérieurement la jeune femme. Lorsqu’elle tenta de prononcer son prénom avec difficulté il se dit qu’il devait penser à prendre des cours de coréen, et rapidement. Il chercherait en rentrant quelqu’un qui pourrait l’aider en lui donnant des cours particuliers. Sa façon de prononcer son nom n’était pas banale mais ça ne le dérangeait pas. Il savait que ce devait c’était difficile pour elle et ne voulait pas faire de remarque. ~ De toute façon ~ se disait-il ~ de quel droit je lui dirais quelque chose alors qu’elle fait un effort pour moi ! ~. Puis, elle lui annonça qu’elle n’avait jamais mangé de tartes. Pour le pâtissier, c’était hors de question de laisser passer ça. Les tartes avaient bien trop d’importance pour lui. Elles étaient le seul lien qui lui restait avec sa mère et lui inspiraient un sentiment d’amour et de sécurité. C’était pourquoi il s’était spécialisé dans les tartes, il voulait transmettre aux autres ce sentiment. Elle finit sa phrase en coréen et comme à chaque fois qu’il ne comprenait pas quelque chose, il pencha la tête d’un côté puis de l’autre. Elle avait dépassé la distance socialement acceptée et ça le dérangeait donc il se leva d’un coup. < Suis moi, je vais te faire un tarte >, il tendit sa main pour l’aider à se lever.
Elle attrapa sa main sans une once d’hésitation, oubliant tout ce qu’on avait pu lui dire auparavant sur le fait qu’il ne fallait pas suivre des inconnus dans la rue. Ils n’étaient pas dans la rue, ils étaient dans un centre commercial, et puis, même si l’homme était grand, elle était persuadée que ses pouvoirs le surpasseraient. Une fois sur ses deux pieds, elle commença à danser légèrement autour de lui pour le suivre jusqu’à la pâtisserie, comme un chiot qui avait bien trop hâte pour réussir à se contenir. Elle espérait que ce n’était pas trop loin, et elle espérait aussi que tout ceci n’était pas un piège. Elle sautilla finalement à ses côtés, et enfin ils furent arrivés à la pâtisserie. Elle lui tourna autour, observant la façade du petit commerce avec des étoiles dans les yeux. « the pie hoe ? » Elle se tourna vers le grand homme, vers Anderou avec des yeux pleins de questions. « ça veut dire quoi, the pie hoe ? » Elle comprenait le mot pie (bah oui, ils en avaient parlé juste quelques minutes avant) mais le mot hoe était un mystère à ses yeux. Elle voulait entrer, elle voulait goûter à ces nouveaux mets. « c’est sucré, ou salé ? » Qu’importe la réponse, elle ne savait même pas ce qu’elle préférait.
Il s’amusait de la voir s’enthousiasmer comme ça. Ivy lui avait déjà fait remarquer qu’il agissait bizarrement quelques fois. C’est vrai, qui proposerait à une inconnue d’aller manger une tarte dans une pâtisserie même pas encore ouverte. Mais il était comme ça. Impulsif, et il aimait ça. Après tout pourquoi pas ? Sur le chemin il pensait à quelle tarte il lui préparerait en premier. Elle n’en avait jamais mangé, il ne devait donc pas se tromper, elle devait être parfaite. Une tarte au citron meringuée, simple, classique mais délicieusement irrésistible. Il était sur le point de demander à la jeune femme si elle aimait le citron lorsqu’ils arrivèrent à la tarterie. Il fut un peu gêné de devoir lui expliquer ce que hoe voulait dire. Il ne pensait jamais devoir justifier le choix du nom de…Il avait juré à un ami que s’il ouvrait sa pâtisserie il l’appellerait ainsi (ils étaient un bourrés, mais Andrew n’a qu’une parole même à des milliers de kilomètres). Il se racla la gorge et presque chuchotant tellement il était gêné, il dit < Ca veut dire…Hum… Salope… >. Il se sentait obligé de se justifier < Je trouvais ça marrant : la pute à tarte… Bref aller viens ! >. Il la fit entrer par la porte de derrière pour accéder directement à la cuisine. < Ta tarte va inaugurer la cuisine > en effet l’ouverture officielle n’était prévue que dans trois jours. Avec assurance il alluma les lumières, et prit son tablier. Il se dirigea vers les placards pour sortir les ingrédients pour la pâte, puis il se dirigea vers le frigo. Il ne la regardait pas, trop concentrer à ne pas la décevoir. < Je ne sais même pas comment tu t’appelles > lui lança-t-il plongeant son regard dans le sien.
Elle explosa de rire en entendant la signification du mot hoe, tout en se moquant aussi de l’expression du visage du bel étranger. Elle trouvait ça étrange d’appeler un commerce la tarte salope, surtout qu’elle ne voyait pas en quoi une tarte pouvait être une salope (couchait-elle avec beaucoup… d’autres tartes peut être ?) avant qu’il ne lui explique un peu mieux pour qu’elle comprenne que cela voulait dire la pute à tarte. Et enfin elle comprit. Elle lâcha un grand « aah ! » de réalisation, la bouche grande ouverte et les yeux plein de compréhension. D’accord. « c’est amusant comme nom ! » le complimenta-t-elle, sincèrement. C’était bien trouvé, elle l’admettait, même si elle avait mis du temps à comprendre. « Ta tarte va inaugurer la cuisine » Elle entra dans le lieu, observant tout ce qu’il y avait autour avec une grande curiosité, le suivant jusqu’à la cuisine comme un petit toutou, intriguée par ce qu’il allait lui présenter. Elle avait hâte de voir. Elle le voyait s’affairer, et cela avait l’air drôle à faire. Elle eut envie de tester, mais elle était sûrement bien plus douée dans les laboratoires que dans les cuisines. Pendant qu’il pâtissait, elle s’amusa à faire le tour des lieux, ouvrant chaque placard pour regarder ce qu’il y avait à l’intérieur, les laissant ouvert pour créer un joyeux bordel. « je m’appelle aisling » répondit-elle alors, avec un petit train de retard. Elle finit son petit tour, et alla s’asseoir sur le plan de travail à côté de lui, faisant attention à ne pas mettre de farine sur sa belle tenue colorée. « donc, explique moi, c’est quoi une tarte ? » demanda-t-elle, ses doigts tentateurs glissant sur ses propres jambes qu’elle avait croisées quand elle s’était assise, elle les fit ensuite tapoter sur la surface froide du plan de travail, jetant ses cheveux en arrière pour dévoiler sa nuque.