Il leva la tète et plaça son menton sur ses doigts. Il trouvait ca bizarre. Il avait l’habitude de regarder les gens de haut, pas parce qu’il les méprise mais parce qu’il est grand, si grand. La tète ainsi posée, il était plus proche du visage d’Aisling et d’en bas il voyait parfaitement les expressions de son visage, ses yeux, les mouvements de ses lèvres, de ses sourcils, la petite ride sur son front et ses dents parfaitement alignées.  Elle changeait d’humeur rapidement. Elle pouvait être sérieuse un instant et d’un coup elle explosait de joie. Son destin était lancé depuis sa naissance sans qu’il ne puisse rien faire. Et malgré tout ce qu’il avait déjà vécu, il allait continuer à avoir un avenir sentimental catastrophique. « si ça se trouve, tu l’as déjà rencontré » Etait-ce une façon détournée de parler d’elle ? Il espérait que non. Plus il passait du temps avec elle et moins il l’a voyait comme pouvant attérir dans son lit. < Tu veux dire elle > il se tut net pendant une demie seconde. Elle ne pouvait pas savoir qu’il était hétéro, ils n’en avaient pas encore parlé. Il se racla la gorge, il n’avait pas pour habitude de parler de ces choses aussi directement. Oh oui, il espérait qu’elle serait une belle personne. Il en avait marre des harpies suceuses de sang. Il était encore trop blessé pour être objectif. < Non, en fait je m’inquiète parce que j’ai peur de l’avoir déjà rencontré et quitté… Mon grand amour. > Sans le réaliser, il avait secoué la tête. < De toute façon je ne compte pas me prendre la tête. Un peu d’insouciance et de lâché prise ça me fera pas de mal. > Il soupira longuement. Il ne voulait plus jouer aux cartes. Aucun jeu qui lui venait en tête ne le plaisait. Il se retourna rapidement lorsqu'il entendit un bruit inconnu provenant de la cuisine.

Elle le regardait sans comprendre, cherchant à savoir pourquoi il avait voulu apporter une précision sur le sexe de son âme-sœur. Il ne se rendait donc pas compte que dans ces cas-là il n’avait pas du tout le choix. Son âme-sœur était définie à sa naissance, peut-être même avant si on était de ceux qui croyaient en la réincarnation, et peu importait son sexe, son origine ou sa couleur de peau (quand on rêve d’une vie de château quand on vit dans l’ghetto), on le rencontrait, et on finissait par en tomber amoureux, pour toujours, c’était tout. « mmh, je ne sais pas trop, le grand amour on le sait quand on le rencontre, il n’y a pas d’hésitation à avoir. » Elle leva un peu les yeux comme pour réfléchir. Oui. Elle en était persuadée, que rencontrer son âme-sœur provoquerait chez elle des étincelles, et elle saurait tout de suite qui c’était, pour l’éternité. S’il se demandait si cela avait été son grand amour, c’est qu’elle ne l’était pas, tout simplement. Elle lui fit un petit sourire, essayant de l’encourager alors que lui-même se décidait à avoir un peu plus de lâché prise. Elle allait parler lorsqu’un bruit attira l’attention de Andrew. Il se tourna vers la cuisine mais ne fit pas mine de s’y diriger. « tu caches des fantômes dans ta cuisine ? » Elle demanda, avec un sourire. Ce n’était pas un petit fantôme qui allait lui faire peur. Elle se leva alors pour aller vérifier (peut-être était-ce un esprit vengeur, ça pourrait être drôle de s’y confronter !), et une fois qu’elle entra dans la cuisine, elle appela l’autre homme. « anderou, viens voir », puis elle se tut.

Il n’était donc pas trop tard. Il avait été amoureux une fois mais ça n’avait pas été son « grand amour ». Aucuns doutes. De toute façon croyait-il vraiment au grand amour ? Il n’était pas une cause perdue en amour. Ce tirage des cartes, vrai ou pas, le faisait réfléchir à son futur amoureux. Il n’aurait jamais prédit son arrivée en Corée il y a encore quelques mois, donc fallait pas espérer qu’il soit prévisible sur le plan affectif. Un bruit, mais il ne voyait rien d’étrange de là où il était assis. Du coin de l'oeil il vit la jeune femme se lever et la suivit du regard. Il ne s’inquiétait pas. C’était certainement le frigo ou un écureuil. < Pas que je sache > pouffa-t-il. Il la vit passer l’embrasure de la porte de la cuisine. Sans grande conviction, il décida de la suivre : Andrew n’aimait pas avoir une conversation à distance de sorte qu’il faille crier pour entendre l’autre, ca lui faisait penser aux disputes de ses parents. Aisling était silencieuse, elle n’avait pas continué ce qu’elle disait, elle l’avait simplement appelle. < Bah alors, c’est le fantôme qui t’as > Il se coupa net. Le sourire qu’il avait s’était instantanément transformé en grimace de peur. Il s’était figé. Il voulait de l’argent ? La tarterie n’avait pas ouvert donc les caisses étaient vides. Il la connaissait ? Sa respiration s’accélérait ~ c’est pas le moment de paniquer ~ < Qu’est ce que vous voulez ? Il n’y a pas d’argent ici ! > Il avait tenté tant bien que mal de parler calmement mais sa voix suave et grave laissait transparaitre des signes de peur. Le voleur l’avait –il au moins comprit ? comprenait-il l’anglais ? Le pâtissier fit un pas en avant en montrant ses mains en guise de rémission. Il ne s’était jamais battu et il était trop tard pour appeler à l’aide. Pourtant, il devait agir au plus vite. Le voleur cria quelque chose. Andrew regarda autour de lui. Il s’approcha doucement vers le plan de travail pendant que l’intrus continuait à lui crier dessus.  Ca y est, il était arrivé à coté. Il prit de sa main droite le rouleau à pâtisserie qu’il lança aussi fort que possible.

Lancé de dés :
Réussite : lance le rouleau sur le voleur
Echec : le rouleau tombe sur la tête de Nari et elle s'évanouit dans les bras de son ravisseur