Elle a le cœur dans les chaussettes Miran, depuis qu’il est parti. Elle ne le dira pas forcément, ne le montrera pas forcément et puis elle sourira comme si de rien n’était. Mais cette nuit, comme les autres nuits depuis plusieurs jours, elle n’arrive pas à trouver le sommeil. C’est trop bête de s’empêcher de dormir parce que son cœur fait un peu mal. Elle hésite à l’appeler et puis elle se rétracte. Elle ne veut pas le déranger, c’est encore plus bête de s’accrocher dans le vide. Elle se dit qu’il est peut-être temps de passer à autre chose parce que les amours ça va et ça vient, et qu’en dépit de ce qu’elle pensait, Jungmin n’était tout simplement pas celui qui était fait pour elle. Il est parti et puis c’est tout.

Alors elle squatte silencieusement le canapé du salon. Les jambes croisées sous la couverture, elle tient un livre dans ses mains mais elle a arrêté de le lire depuis dix bonnes minutes. Les yeux perdus dans le vague, un millier de pensées se bousculent et sa gorge se noue. Ce n’est pas contre son meilleur ami mais elle n’a pas envie de sortir ce soir, elle ne se sent pas en état de faire la fête à vrai dire. C’est une peine de cœur bien triste, les lèvres tremblantes et les doigts resserrés autour des pages de son bouquin. Mais elle ne craquera pas, c’est trop bête, c’est vraiment bête.

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Je regarde l'heure, surprise par l'avancement de l'horloge, me précipitant alors sur mon sac et sur mes clés pour me rendre jusqu'au dortoir de ma fraternité. Je n'y suis pas souvent, voir même presque jamais, mais il m'arrive d'y aller. Auparavant j'y allais plus souvent à cause de Won Ho, mais pour cette nouvelle année scolaire il a décidé d'intégrer la vie active, s'éloignant ainsi des études tandis que moi, j'ai préféré les poursuivre. Je ne me sens pas encore en capacité de reprendre ma vie active, pas actuellement, alors que c'est encore la tornade, le flou, dans ma vie. Et puis, les études me permettent souvent de m'écarter de mon quotidien, mais surtout, de mes maux. Mes pensées sont tellement focalisées sur mes devoirs et ma réussite, que je parviens à oublier, pendant un temps, ma situation actuelle. Enfin bref, le temps n'est pas à ce type de problèmes. Je dois prendre mes vêtements laissés au dortoir, espérant pouvoir éviter mon très cher, et détestable, colocataire.
Lorsque j'arrive enfin au dortoir, il n'y a personne, du moins à première vue, puisqu'en avançant plus, je vois une silhouette, que je reconnais assez vite. « Mi Ran ? » dis-je doucement, surprise de la voir ainsi. Je m'approche doucement, la fixant avec de grands yeux. « Qu'est-ce qu'il se passe Mi Ran, tu n'as pas l'air d'avoir bonne mine, absolument pas. Il t'est arrivé quelque chose ? ». Je ne sais pas si elle veut en parler ou même si je suis la personne idéale pour ça mais je préfère quand même m'assurer que ce n'est rien de grave car elle a vraiment un petit visage aujourd'hui.

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Elle entend ou elle n’entend pas les clés à la porte du dortoir mais elle ne peut ignorer la voix de Seol qu’elle reconnaît lorsqu’elle s’approche à sa hauteur. Ses yeux la fixent longuement, en silence et pourtant elle n’a guère plus d’expression. Ses joues rebondies n’ont plus la jolie forme de ses sourires. Elle doit être si pâle du manque de sommeil. Elle ne dit rien pendant un moment et lorsqu’enfin elle trouve quelque chose à dire, elle choisit de ne pas l’embêter avec ses histoires. « Ce n’est rien. J’ai un peu de mal à dormir en ce moment et je pensais qu’un livre m’aiderait. » Elle force un sourire absent, les choses dites ainsi lui rappelant cette nuit de première année où, connaissant à peine le garçon, elle l’avait trouvé endormi avec un bouquin d’histoire sur le nez. Elle avait reproduit au stylo noir sur son bras le dessin exact d’une boussole très ancienne marqué par l’une des pages de cet amas de bouquins qui traînait sur la table basse. Ce souvenir lui crève le cœur. De trop longues secondes se sont écoulées malgré lesquelles elle réfléchit à voix haute, cherchant indirectement à être rassurée. « C’est bien pour lui qu’il soit parti, n’est-ce pas ? Etudier à l’étranger c’est une opportunité fantastique et… et c’est l’occasion de rencontrer beaucoup de monde. Il va beaucoup se plaire là-bas, pas vrai ? » Elle baisse les yeux. Ils commencent à s’embuer de larmes, elle respire difficilement. « Seol, » sa voix murmure, « avant de rencontrer Won Ho, est-ce que tu as déjà eu le cœur brisé ? » Sa voix se brise un peu sur la fin.

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Je fronce des sourcils peu assurée des propos tenus par la jeune femme. Je doute que cela ne soit que ça. Il y a quelque chose d'autre derrière ce regard si attristé et cette posture affaissée qu'elle a. Pour avoir eu de nombreux temps de peine je sais qu'il y a quelque chose de profond derrière tout ça. « Tu n'as pas à te forcer à faire la forte Mi Ran. Nous avons tous des faiblesses alors . . . tu as le droit d'être triste, que cela soit pour quelque chose de petit ou d'important ». Je caresse doucement ses cheveux et alors que je le fais, elle finit par avouer la véritable source du problème. Je vois. C'est une peine de cœur. Mon cœur se serre légèrement à la voir dans un tel instant car je me mets à sa place et cela ravive quelques douloureux souvenirs. Perdre un être cher que l'on aimait bien plus qu'on ne l'aurait dû est une chose particulièrement difficile. Parce qu'il faut faire son deuil. Et ça,c'est parfois insurmontable. Je viens m'asseoir à ses côtés, prenant ses mains entre les miennes, pour essayer de la consoler. « Oui j'ai déjà eu le cœur brisé Mi Ran et de nombreuses fois . . . alors je ne peux que te comprendre. Ce n'est pas facile de laisser un être cher s'en aller surtout si on tenait à lui ». J'inspire profondément, ayant l'impression de ressentir sa douleur. « Mais tu sais parfois c'est essentiel de quitter l'autre . . . de laisser cette personne partir loin de nous. Au début, on est forcément très attristé et c'est normal, il le faut. Et puis après le temps passe, et même si on garde en souvenir cette douleur elle s'apaise pour disparaître ensuite. Elle est inscrite dans notre vie mais tu vas oublier . . . ça sera peut-être long mais tu y arriveras ! ».

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Peut-être qu’elle a raison et qu’elle ne devrait pas essayer de prétendre que tout va bien. Si elle laissait à ses émotions tout le loisir de s’exprimer, elle se sentirait peut-être mieux. Et en même temps, elle se demande si ce ne serait pas se condamner d’une certaine manière, s’emmurer dans la tristesse et donner peine à voir. « C’est trop bête de pleurer pour ça mais j’arrive pas à m’en empêcher. » La gorgée nouée, elle l’écoute parler de ses propres expériences et s’oriente légèrement vers elle lorsqu’elle prend place sur le canapé. Elle hoche la tête pour souligner comme elle est d’accord avec elle. Elle aimait Jungmin. Elle l’aimait beaucoup et elle se sentait bien avec lui. Elle tenait vraiment à lui. Au point de le laisser partir sans l’accabler d’un choix que ni lui ni elle n’avaient prévu au final. Une première larme roule sur sa joue, puis une deuxième. Elle reste silencieuse, elle boit les paroles de Seol avec beaucoup d’humilité et de sagesse. Elle les réfléchit aussi et elle se dit qu’elle a raison. Quand on est proche de quelqu’un c’est dur de le laisser partir. Mais lorsque c’est la seule chose à faire, alors il n’y a pas le choix. Elle ressent la douleur dans son petit cœur. Elle a l’impression que plus jamais elle ne tiendra de cette façon à quelqu’un, autant qu’elle tenait à lui. Mais elle est rassurée d’entendre qu’avec le temps, la douleur cesse. « Alors… tu ne me trouves pas stupide ? De pleurer pour un garçon et de dire que, peut-être, j’ai le cœur brisé ? » Elle se sent désarmée, d’habitude c’est elle qui réconforte les autres et pas l’inverse ! Mais elle est contente que Seol soit là pour jouer un rôle protecteur qu’elle ne peut pas jouer envers elle-même. « Si tu as réussi à oublier toutes tes peines de cœur, je devrais pouvoir le faire aussi. » Elle baisse les yeux et sourit timidement. Ce n’est pas un sourire joyeux quoi qu’il n’est pas non plus forcé. Simplement un sourire reconnaissant envers son aînée. « Et puis, tu as Wonho-sunbae maintenant, pas vrai ? Lui, il ne te brisera jamais le cœur. » Elle s’autorise un sourire un peu plus sincère entre ses larmes qu’elle essuie d’un revers de sa manche de pyjama.

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Je souris doucement, la trouvant mignonne à réagir de la sorte et d'avoir le sentiment que c'est stupide de pleurer pour ça. Pourtant, combien de filles pleurent pour l'homme qu'elles aimaient. Ce n'est ni la première ni la dernière et ce n'est sûrement pas la dernière peine de cœur qu'elle va avoir. Elle risque d'en avoir encore par la suite, parce que c'est le cycle de la vie, parce que des peines de cœur peuvent arriver à tout moment, à tout endroit, même lorsqu'on s'y attend le moins. C'est ainsi. Mais je comprends son sentiment d'être un peu sotte à pleurer pour une telle chose alors qu'il y a sûrement des choses bien plus attristantes dans la vie. Malheureusement nous ne pouvons pas aller à l'encontre de notre cœur, qui est sensible malgré notre désir de se montrer forte. Il est possible de pleurer pour des choses paraissant stupides tout autant que des choses graves. Je tapote doucement sa main, pour la rassurer, « tu n'es pas stupide de pleurer pour un garçon, bien au contraire. Je pense que tu as raison de le faire, ça permet à ton cœur de se soulager et sache que c'est bien pire de contenir ses émotions que de les exprimer. J'en sais quelque chose ». A force de conserver certaines peines, notre cœur devient plus noir, plus attristé, la situation peut rapidement s'envenimer et la dépression peut rapidement frapper. J'inspire profondément lorsqu'elle me dit que j'ai sûrement oublié toutes mes peines de cœur. « Je ne les ai pas oublié, mais j'ai perdu mes sentiments pour eux, alors j'ai remonté progressivement la pente. On ne peut pas oublier ce genre de choses, ça reste en nous, mais on oublie juste l'amour qu'on leur a porté et on revoit la lumière du jour ». Je lui tends alors un mouchoir pour qu'elle puisse sécher sa peine, du moins pour ce soir. Je grimace rapidement, mon cœur se serrant lorsqu'elle évoque la présence de Won Ho qui est censé m'aider. Si elle savait . . . si seulement elle savait, mais malheureusement je ne peux pas le dire à tout le monde. Il n'y a pas grand monde qui sait que notre couple est faussé, que ce n'est qu'une parfaite illusion. Je ne l'aime pas et il ne m'aime. Alors, il est forcément, indirectement, l'homme qui me fait le plus de peine, mais ce n'est pas de sa faute, c'est la situation qui m'amène à être ainsi. « Pour le moment . . . » dis-je simplement le regard ailleurs. Je tape alors brusquement dans mes mains, retrouvant un peu de vigueur. « Est-ce que ça te dit qu'on se fasse une petite tournée ? », parce que tout comme elle, j'ai besoin de boire.

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Elle pensait qu’en se réfugiant dans le salon à une heure si tardive elle ne croiserait personne. Qu’elle pourrait se ressasser leurs plus beaux souvenirs jusqu’à s’en crever le cœur. Miran n’a rien contre exprimer ses sentiments mais elle n’a pas envie d’ennuyer ses amis et ses proches avec ces petits soucis que tout le monde rencontre un jour ou l’autre. Elle ne veut pas être un poids pour quiconque et pourtant, lorsque Seol la réconforte, elle se sent plus légère. « Je… je ne sais pas si je pourrais l’oublier. Le plus dur, c’est qu’on n’a pas vraiment eu le cœur à rompre parce que… parce que si j’avais pu, je l’aurais gardé avec moi. » Peu importe le crédit qu’on y donne, les relations à distance ne marchent pas. Elles dégradent les sentiments, elles les malmènent et les laissent dépérir dans le silence. Miran ne veut pas oublier cet amour et elle ne veut pas que Jungmin l’oublie. Elle veut lui rester un bon souvenir. Un souvenir intense. Un souvenir intact en émotions.

Elle chasse du flanc de son index les larmes qu’elle n’a plus envie de voir couler et sourit malgré elle à la proposition de son aînée. « Tu penses que c’est une bonne idée ? Tu as raison… peut-être qu’un verre me fera du bien. » Son souffle s’interrompt par la faute de quelques sanglots étouffés. Elle sent qu’elle se calme, la présence de Seol l’apaise et lui fait un peu de bien. « Il y a une bouteille de soju au frais sinon… je crois avoir vu une bouteille de vin dans le garde-manger. Dis-moi ce que tu préfères. Je n’ai pas le cœur à faire les bons choix en ce moment, je te suivrais quoi que tu choisisses. » Parce que parfois, elle se demande si elle n’aurait pas dû sommer le garçon de rester. Réaction typiquement égoïste. Ou bien, penser elle aussi à son transfert, lui qui songeait l’emmener en Ecosse un de ces jours. Réaction typiquement adolescente. Mais elle a beau chercher, elle ne trouve pas la bonne réponse.

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Elle est mignonne Mi Ran et je ressens sa profonde affection pour ce jeune garçon pourtant disparu. Elle semble l'avoir beaucoup investi mais malheureusement, elle ne peut plus, parce qu'il est parti loin d'elle et de ce fait, leur relation a pris fin, et elle est douloureuse. Ça se comprend. J'inspire profondément lorsqu'elle dit ne pas pouvoir l'oublier, du moins, elle doute pouvoir le faire et elle a raison. Elle ne pourra sûrement pas car les relations finissant de cette manière marquent souvent nos esprits. Les relations les plus douloureuses sont celles qui restent le plus dans nos mémoires, contrairement à celles qui finissent bien. « Mais personne ne te demande de l'oublier Mi Ran. Tu fais juste avec en avançant, mais en gardant ça comme souvenir. Du moment que ça reste un souvenir, même douloureux, c'en est un. Et peut-être que vous auriez mieux fait de rompre officiellement, pour que tu puisses réellement couper tout lien avec lui. Enfin, c'est à toi maintenant de faire de cette expérience un souvenir. Courage ! Tu vas y arriver j'en suis certaine, ça prendra le temps qu'il faut. ». Elle ne doit pas se hâter d'oublier pour remonter au plus vite, elle doit suivre le rythme qu'elle souhaite. Je souris légèrement lorsqu'elle me demande si ma proposition de boire est une bonne idée, « ce n'est jamais une mauvaise idée », surtout pas dans ce type de contexte. Je ne dis pas qu'il faut se saouler, mais juste boire quelques verres, pour extérioriser tout ça. Et puis, ça va lui permettre d'oublier quelques temps. Je fronce des sourcils et lui fais un grand sourire malicieux, « et bien moi je dis que dans la vie parfois il faut savoir saisir tout ce qu'on a, alors, prenons les deux bouteilles, quitte à ne pas boire les deux, au moins on pourra alterner ». Je suis folle je sais, mais nous n'avons qu'une vie et puis je bois tellement rarement que ça va me faire du bien aussi. « Et puis tu sais, quel que soit le choix qu'on prend on regrettera toujours celui que nous n'avons pas pris. C'est normal ». Je me lève et m'en vais prendre les deux bouteilles. Plongeons nos douleurs dans ces liquides et profitons tant qu'il en est encore temps.

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Elle apprécie tous les efforts que Seol fait pour elle. « Vraiment ? Tu es sûre que ça ne te dérange pas de rester avec moi ? Parce que si tu as sommeil, je ne veux pas t’embêter. » Surtout pas si elle risque de passer le reste de sa soirée à regretter un garçon. Mais elle comprend rapidement la détermination de Seol et se décide alors à ne plus remettre en cause sa volonté de lui tenir compagnie. « Tu as besoin de boire, toi aussi ? Il y a des choses que tu veux oublier ? » Elle demande gentiment, tirant un mouchoir de la boîte sous la table basse du salon. Elle essuie délicatement ses joues rougies et le bout de son nez. Boire n’est jamais une mauvaise idée… si c’est Seol qui le dit. Elle ramène non pas une mais deux bouteilles. Et lorsqu’elle lui sert un verre, Mi Ran ne peut le refuser. On lui a toujours dit que refuser le verre que vous sert un aîné ne se fait pas. Alors elle le prend entre ses mains et la remercie avec un petit sourire qui, enfin, illumine son joli visage. « Tu as raison. » Parce qu’en y repensant, une petite part de nous reste curieuse de se demander ce qu’il serait arrivé si au lieu de prendre le premier chemin, nous avions pris le second. « Nous n’avons pas rompu parce que… ça semblait vraiment irréel. Et je pense que tous les deux, on savait ce que son départ signifiait. Même sans avoir à le dire. » Ca fait déjà quatre jours qu’il est parti. Elle sait au moins qu’il est bien arrivé, elle a même vu sa chambre et son nouveau campus par vidéoconférence. Tout comme un vrai petit couple. Mais elle n’est pas bête et elle sait qu’ils n’ont plus rien d’un vrai petit couple, pour autant. Et c’est pour ça que lorsqu’elle le réalise, dans ces moments d’inquiétude où elle n’arrive pas à dormir, elle ne peut se résoudre à l’appeler et lui demander de la réconforter. Parce qu’il ne peut pas, qu’il est trop loin, que ça entacherait sa bonne humeur et que ça rendrait les choses encore plus difficiles. « Alors, je vais laisser faire le temps. » Ca lui fait du bien d’en parler, encore plus avec Seol. Elle l’amène à réfléchir, à se confier malgré elle et elle lui dit des mots qui sans pour autant aller dans son sens et lui dire ce qu’elle veut entendre, lui font espérer que cet entre-deux émotionnel passera un jour. « Où est-ce que tu étais ce soir ? Tu rentres tard. » Elle demande puis se tourne légèrement de côté pour boire son verre en se cachant de la Sango.

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Je rigole, « mais ne t'en fais pas. De toute manière je n'ai pas sommeil et je ne comptais sûrement pas dormir de suite, alors profitons de notre soirée, tant que l'on peut ». Parce que pour le moment nous sommes toutes les deux en capacité de se saouler, mais qu'adviendra t-il dans quelques heures ? Après quelques verres ? Je grimace légèrement lorsqu'elle me demande si j'ai besoin de boire pour oublier, à mon tour, certaines choses. Je hoche simplement des épaules, le visage devenant plus peiné. « On peut dire ça comme ça. Je crois qu'on a tous des choses à oublier parfois ». Je m'éclaircis la voix et reviens juste après avec les deux bouteilles, remplissant immédiatement les verres. Je bois d'une traite, annonçant une soirée mouvementée. « C'est normal » dis-je en regardant le fond de mon verre, l'air ailleurs, « votre séparation n'est pas due à une discorde entre vous, ni même à un désir de le faire,c'est arrivé brutalement, brisant ainsi votre relation. Vous ne l'avez pas souhaité alors forcément, ça paraît d'autant plus irréel. Mais dis toi juste que ça va passer ». Je lui fais un sourire rassurant, reversant du liquide dans nos verres déjà vides, « ça me fait penser à une chanson française. Je ne sais pas si tu connais, le titre c'est cassé et certaines paroles me font penser à ta situation. Et à un moment ça dit, ça passera, ça prend du temps, pour être une autre, je laisse la place à qui voudra ». Je ne le dis pas en chantant, pour ne pas paraître ridicule. « Oh tu sais je ne vis pas vraiment dans le dortoir, enfin je n'y dors pas souvent. C'est très très rare, je venais juste récupérer certaines choses laissées dans ma chambre. Je l'utilise plus comme un garde affaire et puis mon colocataire n'est pas très agréable ». C'est surtout parce que je ne m'entends pas tellement avec lui, malheureusement.

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