deux ans, c’est la période depuis laquelle tu as une petite sœur. deux ans qu’elle est entrée dans ta vie et deux ans que tu n’es plus seul. tu ne l’aimes pas. elle pleure trop, elle ne fait rien d’autre que manger et dormir. et maintenant qu’elle est plus grande elle te casse tes jouets et elle te suit partout comme ton ombre. ça te saoule, mais genre vraiment. un samedi, t’as attendu qu’elle se soit endormie dans l’après-midi et t’as demandé à tes parents de s’asseoir sur le canapé pendant que tu parlais. « dites, est-ce qu’on peut la rendre au magasin ? » tes parents t’ont regardé comme si tu ne parlais pas coréen. à croire qu’ils ne comprenaient pas que tu parlais de ta petite sœur. « je parle de so hyun. on peut pas aller l’échanger, elle fait trop de bêtises. » ce que tu ne dis pas, c’est que la plupart des bêtises viennent de toi. mais tu blâmes ta sœur, parce que c’est plus facile de le faire. ta mère te regarde tendrement alors que ton père éclate de rire. « mon cœur, ta sœur n’est pas un objet. on ne peut pas la rendre. » tu les regardes déçu par la réponse de ta mère. tu ne veux plus de so hyun dans ta vie. tu ne veux plus de cette gamine. elle fait trop de bruit, prend trop de place et toi tu te retrouves avec un truc qui te suit comme ton ombre. « mais tu sais, ta petite sœur, elle t’aime de tout son cœur. elle veut simplement que tu l’aimes aussi en retour. »  « j’ai jamais dit que je l’aimais pas… c’est juste que… » tu te stoppes. toi aussi tu l’aimes cette petite crevette. mais t’étais bien aussi tout seul. « tu sais, so hyun sera très triste si tu ne lui montres pas plus ton amour pour elle. » et tu comprends pas forcément ce que ça implique. tu sais juste que ta petite sœur est importante pour tes parents et qu’elle devrait le devenir pour toi. alors, tu hoches la tête avant d’ajouter. « je l’aimerai de tout mon cœur jusqu’à la fin de ma vie alors. » tu places même ta main sur ton cœur comme si tu faisais un serment. so hyun allait devenir la personne la plus importante de ta vie.

ta sœur a disparu. ça fait maintenant sept mois que vous la cherchez sans résultat. la police n’arrête pas de vous rassurer en vous promettant qu’ils font tout pour la retrouver, mais toi t’es pas dupe. t’as bien compris qu’ils avaient abandonné l’idée de retrouver so hyun un jour, et encore moins vivante. tes parents commencent un peu à perdre espoir. toi non, t’y crois toujours. tu peux pas abandonner, tu ne dois pas abandonner. alors, comme tous les soirs, tu te rhabilles une fois que tes parents sont endormis et tu quittes ta chambre par la fenêtre. tu sautes dans le jardin, atterrissant lourdement sur ta cheville. et merde, tu vas devoir faire genre que tu t’es blessé au taekwondo. t’as débuté y a pas longtemps parce que tu te sens responsable de l’enlèvement de ta petite sœur. si tu avais été avec elle, si tu avais été plus fort, jamais, elle n’aurait été kidnappée. si tu y réfléchis, c’est débile mais c’est comme ça que tu penses en ce moment. alors ce sport que tous les petits coréens commencent dès leur plus jeune âge, est celui que tu as choisi pour te rendre plus fort. t’aurais jamais pensé que tu apprécierais ce sport, jamais. t’es même plutôt doué, pas le plus doué, mais tu te débrouilles. tu te mets en marche, essayant de ne pas grimacer à chaque pas à cause de ta cheville qui te fait mal. tu passes la moitié de la nuit à tenter de trouver des indices sur le lieu où se trouve so hyun. cependant, comme tous les soirs, tu rentres bredouille. t’as à peine mis le pied dans ta chambre que la lumière s’allume sur ton père, bras croisés et regard sévère. il ne doit pas apprécier que tu fasses le mur et que tu rentres au milieu de la nuit. « qu’est-ce que tu fais à cette heure-ci dehors ? » te demande-t-il sur un ton qui ne laisse place à aucun argumentaire. « je cherche so hyun. » réponds-tu simplement ne laissant toi non plus aucune place à des arguments. tu l’entends soupirer alors qu’il décroise ses bras. toi tu ne fais pas attention à lui, déposant tes affaires sur ton lit. « la police s’occupe de ça, tu devrais laisser faire les adultes hyuk jae. » et t’entends ce que tu détestes entendre. « laisser faire les adultes… mais qu’est-ce qu’ils foutent les adultes hein ? ils ont tous laissé tomber. » tu te retournes pour lui faire face et tu le confrontes. avant, t’étais impressionné par ton père, maintenant, il ne te fait même pas ciller. « et toi aussi t’as laissé tomber, tout comme maman. vous abandonnez so hyun. hors de question que je baisse les bras. c’est ma sœur et je la retrouverai à n’importe quel prix. » tu t’énerves, tu hausses la voix. tu ne supportes pas de ne pas savoir où elle se trouve. t’as besoin d’elle, tu veux qu’elle revienne dans ta vie. tes cris ont alerté ta mère qui entre dans ta chambre et te prend dans ses bras alors que tu éclates en sanglots. elle te manque cette petite crevette.

et puis elle est revenue. t’y croyait plus. t’avais même commencé à perdre espoir. mais so hyun était revenue et t’avais pleuré toutes les larmes de ton corps. t’avais pleuré de joie parce qu’elle était de retour mais aussi parce que cette année loin de toi et de sa famille l’avait changé. elle n’était plus la même. elle ressemblait encore plus à une femme fragile qu’avant. alors, t’avais fait la promesse qu’il ne lui arriverait plus jamais rien. et tu as tenu ta promesse. t’as passé plus de temps à essayer de lui faire aimer le monde à nouveau. tu dors avec elle maintenant, parce qu’elle a besoin de toi mais t’as aussi besoin d’elle. pendant toute la période où elle n’était pas là, tu as commencé à avoir des troubles du sommeil : terreurs nocturnes et insomnies. sans elle, tu ne peux pas passer une bonne nuit. d’ailleurs, encore ce soir, elle est dans tes bras alors que tu te confies à elle. so hyun, elle, elle ne parle plus ou très peu et qu’à toi. « tu sais le fils de la nouvelle copine de papa, won hyuk jae, ce type qui s’appelle comme moi ? » demandes-tu tandis qu’elle hoche la tête. « et bien, notre compétition a encore augmenté un peu plus… depuis qu’il a commencé staps comme moi… » tu soupires parce que cette guéguerre te fatigue. mais ta fierté t’oblige à ne pas abandonner, pas alors que tu as appris que ton père sort avec la mère de jae parce que tes parents ont divorcé. tu ne veux pas être le second. tu es le seul et unique et ce même s’il a le même nom que toi. ce type tu ne l’aimes pas forcément, mais tu ne le détestes pas. t’en as juste marre qu’il essaie d’être au-dessus de toi. t’as jamais été du genre revanchard, mais avec lui c’est différent. tu ne supportes pas d’être dernier. alors tu fais tout pour le distancer, afin que ce ne soit pas toi qui te retrouve sur le banc de touche. « j’ai entendu papa parler à grand-mère. il veut se remarier… » tu soupires une nouvelle fois alors que tu embrasses inconsciemment le front de ta petite sœur. tu ne veux pas de se remariage. ça voudra dire que tu vas devoir te taper hyuk jae dans la famille et ça c’est hors de question.

mais t’as pas eu ton mot à dire dans l’histoire de ton père avec la mère de hyuk jae. il a fini par se marier et ça fait un peu plus d’un an que t’es obligé de vivre avec cette nouvelle famille. vous vivez tous ensembles et tu ne supporteras pas très longtemps cette situation. pas plus que so hyun tu penses, parce qu’être entre vos querelles ne doit pas être de tout repos pour elle./div>