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Night under control.. or not #HaRa ♡♡♡

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Re: Night under control.. or not #HaRa ♡♡♡ | Mer 25 Juil - 19:41
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Night under control... or not
Free yourself cutie
Perfect HaRa ❤️

« Is something stimulating what I really want?
Don’t stop on instinct,
An improvised line is for the best, so
come on, shout it out! »
Délicate empreinte qui s’éffilait sans ne jamais disparaître, me voilà déjà languissant de cette chaleur dans laquelle tu m’avais enveloppé. A nul instant je ne me résoudrai à l’admettre, mais j’aurais su apprécier un réveil plus en douceur à tes côtés. Moins brutal... Te sentir enfermée dans mon étreinte amourachée, plonger le bout de mon nez à la naissance de ta nuque, m’enivrer de ta fragrance aveuglante et replonger l’espace d’un instant dans ces songes m’ayant accompagné sous les rayons argentés de la Lune. J’en rêvais. Sous couvert de censure puisqu’inconscient. J’en avais alors rêvé, sans posséder nul recours pour m’en souvenir. Sans ressentir nulle envie de m’en souvenir. Jusqu’à présent, déjà, ton nom et ta silhouette ne s’étaient que trop immiscés dans un jardin jusqu’alors inexploré par nulle autre. Omniprésente, Reine de mes escapades nocturnes incontrôlées, en cela seul tu incarnais une étrangeté intrigante. Que penserais-je alors si souvenirs se gravaient d’une vie en parfaite harmonie en ta compagnie? Fusse là, la clé me permettant d’accéder au courage nécessaire pour te fuir? Devais-je alors comprendre que je n’y avais accès? Privé de celle-ci. Punis. Je n’étais bien différent d’un animal pris au piège par des braconniers. Apeuré, coincé, désireux de s’enfuir sans en avoir le pouvoir et résigné d’une certaine façon... Quant aux miens? Ils portaient le soyeux qualificatif de Destin, notion à la fois si abstraite et pourtant si commune. Jusqu’à mon arrivée dans ce pays porteur de mes origines, jamais je n’avais remis en cause les choix de cette force régissant nos vies, c’était même avec volontariat que j’avais fait le choix de m’en remettre à ses soins. Nulle question, nulle doute, nulle peur. Advienne ce qu’il adviendra. Et si ce fut face à la mort que celle-ci avait ressenti l’envie de me projeter, alors je n’aurais eu pour regret que mon rêve inachevé. Mais que devais-je penser lorsque cette même force braconnière décidait de jouer avec mon quotidien? Jours après jours, semaines après semaines semblaient devenir accumulation d’inédits improbables. Inimaginables. Inenvisageables. De ma routine quotidienne, ne restait que souvenirs flottants allègrement dans ma mémoire, rappelant un calme lointain. Etait-ce là, le résultat de mon insertion en fraternité? Une première expérience que je ne saurais oublier. Une aventure pour laquelle mon affection je ne pouvais nier. J’aimais ces jours emprunt de nouveautés et les rencontres qu’ils amenaient avec eux. De toutes, tu incarnais la plus mémorable.

Femme flirtant avec la divinité, imprévisible volcan dont l'éruption ne prévenait avant de gronder, tes foudres s’abattaient brusquement. Dans ta tempête, tu balayais d’un geste brusque cette couverture couvrant une partie de ton corps. A mes yeux, il s’offrait, couvert du même fin tissu qui l’avait habillé la veille. Celui que j’eus caressé de mes doigts endormi. Celui qui s’était légèrement froissé dans ton sommeil. Oh je ne détaillais avec attention cette robe te couvrant, à ta seule syllabe précédemment émise, je ne savais que trop déjà combien mon sursis s'avérait bref. Je ne tenais à le voir fondre sous mes yeux comme neige au soleil. Alors non, ce n’était sur les courbes de ton corps pourtant si attrayantes que mes iris se fixaient mais sur les traits de ton minois, cherchant tes prunelles chocolats pour m’en saisir. Parviendrais-je à te convaincre? Toi qui n’avait pour opinion de ma personne qu’un goujat, un pervers prêt à toutes bassesses pour obtenir ce qu’il convoitait? Tu n’y croirais… Et tu n’y croyais. Mon nez pour témoin, de ce polochon reçu avec férocité, il me signifiait avec certitude que tu n’y croyais. Tu ne voulais y penser tout simplement. Têtue et bornée, tu semblais te complaire dans la perspective que j’argumentais sous seule peur de tes représailles. Et tu n’avais foncièrement tort, je ne voulais m’attirer ta colère. Ce n’était pourtant pas la seule inspiration me poussant à argumenter dans ce sens. Je voulais qu’un oeil nouveau tu porte, que tu me crois et vois comme j’étais honnête avec toi. Je n’inventais, je ne déformais, mais tu ne savais. Du tissu rembourré gisant sur le sol je me saisissais, loin de moi l’idée d’entamer une bataille que je savais porteuse du qualificatif suicide derrière… Non plutôt, j’optais pour lui trouver place sur mes cuisses, collé à mon ventre et cajolé par mes bras. « C’est pas des excuses... » soupirais-je en levant mon regard pour espérer rencontrer le tien. Je ne sus à cet instant ce que tu pourrais y lire. La tristesse de n’être cru? L’expression boudeuse d’un enfant quémandant après un réveil plus doux? L’injustice que je ressentais en m'apercevant que ma plaidoirie s’avérait inutile? Je ne savais. Mais rien ne semblait changer et ma langue tu faisais claquer à tes formulations maladroites. Tu ne voulais le dire, tu n’avais à le dire. Tu n’avais à l’imaginer non plus. « Je t’ai dit qu’il s’était rien passé! » Affirmation à la dernière syllabe allongée par l’exaspération. Dernière tentative de t’en convaincre alors que tu semblais honteuse à cette idée. Tu le devais… Je le devais également. Nous ne pouvions.. Et tu ne le voulais. « Alors arrêtes d’y penser. » Tu n’avais à te torturer à cette idée de nous deux puisqu’elle n’existait et n’avait lieu d’être. Bien qu’à sa place, celle de cet homme sur lequel je n’arrivais à repeindre une quelconque silhouette, je ne supporterais une telle proximité avec un autre homme. Tu étais sienne alors soit le. Ne t’égare pas, ne joue pas avec un autre, même si cela signifiait que plus jamais je ne pourrais espérer me rapprocher de toi.

Quand avais-je commencé à émettre un tel souhait? Quand avais-je désiré faire un pas vers toi exactement? Non que je souhaitais m’ouvrir mais semblerait-il qu’un désir de voir la distance nous séparant s'amenuiser existait bel et bien. Enfoui jusqu’à présent, face à cette muraille que tes fiançailles dressaient, je ne parvenais à l’ignorer davantage. Celle-ci se présentait à moi sans nom, s’immisçait brusquement dans mon organisme, noyait mes poumons sans préventions, brouillait mes pensées et alourdissait un coeur à la dérive. Comme un sort qui m’était jeté, dans ma faiblesse matinale, je ne trouvais catalyseur suffisamment puissant pour l’annihiler. Et si main basse j’avais fait sur celui-ci, assurément il aurait vu la parfaite opportunité de s’échapper au moment où ton coup se fit sentir contre mon épaule. Plutôt que de m’ignorer en quittant la pièce, semblait-il que tu préférais marquer ton ascendant sur moi de la sorte. Étions-nous des coqs pour ainsi avoir à nous dominer l’un l’autre? Nulle plainte ou exclamation ne passait mes lèvres à ton geste, un seul soupir qui témoignait de ma fatigue latente. De mon moral en berne. Cette situation était si stupide...

Dans les draps, une truffe faisait son apparition puis une petite patte griffue et encore une autre. Peu à peu, sous mes iris foncées faisait son apparition notre battant encore faible, probablement en quête de nourriture. Quittant le pied du lit, posant l’oreiller au sol, j’effectuais quelques pas afin de me munir du nécessaire pour répondre à ses besoins. De ton côté, tu m’informais devoir partir pour un cours de toute évidence important, rapidement suivi par une liste de chose à faire. Le petit doigt occupé à nourrir Mingyun d’un mélange lactose-croquette, je levais les yeux vers toi le temps de quelques secondes. « Je sais ce que je dois faire. » Me prenais-tu donc pour un enfant à ainsi me dire quoi faire? Croyais-tu que le vétérinaire ne me connaissait? Si la dernière fois qu’une mésaventure avait pointé le bout de son nez je n’avais emmené le canidé chez lui sous la panique, ce n’était pour autant que je n’y avais été déjà. Un nouveau fin soupir et j’offrais mon attention à notre survivant léchant de sa petite langue le bout de mon doigt. Celui-ci je lui retirais une seconde afin de lui offrir à nouveau de quoi se nourrir, ce sur quoi il ne crachait évidemment pas. Bien qu’il ne semblait ainsi, je tâchais de calculer approximativement la quantité qu’il ingérait pour en informer le praticien dans les dizaines de minutes à suivre. « Je le ferais. Contente toi de désaouler avec un bon Congee1, un bukeoguk2 ou du Dawn 8083 pour soulager ton mal de crâne et vas en cours. » Une nouvelle fois, j’opérais pour nourrir notre chaton et, une fois mon doigt à sa disposition, mon attention je t’accordais une fois de plus. Si tu posais ton regard sur moi, alors tu verrais ma tête se mouvoir à la négative, un geste auquel j’associais une expression résignée. « Et pas la peine de prendre un médicament… ça marchera pas. » L’un des premiers réflexes était bien celui-ci, prendre un médicament afin de soulager cette boîte crânienne qui te donnait l’impression d’être prise dans un étau en permanence. Le pire devait bien être ce moment où tu bougeais la tête plus ou moins violemment selon ton degré d’alcoolémie de la veille. Mais les médicaments ne marchaient pour soulager ce mal, rien ne le pouvait efficacement. Néanmoins, cela valait toujours le coup d’essayer ces repas que je t’avais conseillé, dans mon cas cela s’avérait parfois efficace… parfois moins. Alors j’espérais que tu y serais réceptive afin de ne regretter l’intégralité de cette sortie que je t’avais offerte la veille...

❀❀


Rien… Après avoir secoué, agité, retourné, fouillé… Pas la moindre trace de cet anneau maudit que tu avais égaré. De mes doigts précédemment si déterminés s’échappait le tissu de la housse totalement ravagée par mes recherches afin de rejoindre le sol. Dans la pièce, las, mon regard s’aventurait dans l’espoir de trouver une parcelle de celle-ci n’ayant été soumise à inspection de notre part. Mon bureau ferait parfait coupable si je n’avais passé les dernières heures à celui-ci et donc exclut toute possibilité de le voir s’y trouver… Pourquoi s’y trouverait-il même? Tu ne l’avais retiré plein gré mais perdue, elle ne pouvait s’y trouver. Un soupir franchissant la frontière de mes lèvres et mes doigts s’élevaient vers ma chevelure, glissant dans celle-ci, effectuant une halte pour quelques instants. Je ne savais si je cherchais à les arracher sous la hargne de retrouver cette chose ou si vainement c’était d’un réconfort que je m’enquérissais. Car assurément, tu ne m’aidais à relativiser - probablement car tu ne le pouvais non plus dans une telle situation -, pire encore, tu semblais porter quelques reproches à mon égard? Mes iris s’orientaient à ta personne, t’interrogeaient silencieusement avant que le silence ne soit rompu par ma langue claquant légèrement contre mon palet. Je n’étais responsable de la chute de ton alliance après tout.. Quelqu’en fut la raison. Je n’avais pour dessein de te la retirer bien que je n’approuvais votre union, c’était votre histoire, je n’en faisais parti. Je n’avais à m’en mêler, alors non: je n’avais de responsabilité dans la perte de cet anneau pourtant si précieux. Ton mal de tête pouvait m’être reproché, ton rhume si tu venais à en avoir un, tes nausées si l’alcool rencontrait des soucis de digestion au petit matin, des photos de toi buvant de l’alcool dans un bar, tout cela pouvait l’être et je l’assumais. J’en porterais la responsabilité puisque j’étais celui à blâmer pour de telles choses, mais cette alliance perdue je me refusais d’en porter le blâme. « J’ai encore rien dit! » clamais-je avec fermeté à ton ordre de me taire avant de rouler des yeux. Te concentrer? Essayais-tu d’avoir une illumination à l’instar d’un médium pour ainsi nécessité du silence pour le faire? A moins que ta migraine ne soit encore passée? Ce n’était impossible… cela ne m’étonnerait qu’à moitié même. Tu ne devais m’avoir fait confiance une fois de plus quant à ces possibles remèdes pour traiter ton mal. « Cette fille me donne trop d’ordres en ce moment… En plus de piquer mes verres, salir mes fringues et m’apporter des problèmes... » Et ce n’était comme si tu pouvais être qualifié des plus agréables pour couronner le tout… Pourquoi étais-je si embêté que tu puisse être fiancée alors que, de toute évidence, tu ne semblais m’apporter que des ennuis? Tu me détestais qui plus est… Etais-je devenu masochiste?! Ou l’étais-je déjà bien avant probablement…

Te laissant à tes réflexions comme tu me l’avais si gentiment demandé, je me dirigeais vers le bureau afin de me saisir d’une bouteille à moitié pleine. Malgré la situation désastreuse je n’arrivais à la voir à moitié vide. Optimisme incurable d’un homme idiot… mais je ne trouvais satisfaction à cette situation dans laquelle nous étions. Il serait mieux pour toi de rompre s’il te faisait si peur, il serait mieux pour toi de ralentir votre cadence, mais pouvais-tu dire quelque chose? Je n’avais eu preuve de son tempérament, était-il violent? Etait-il compréhensif? Te torturait-il mentalement au point que tu culpabilisais sur des choses totalement futiles? Allait-il te rassurer si tu lui expliquais vaguement la situation? Je ne savais comment j’aurais pu réagir à sa place… Mal en sachant que tu avais dormi avec un homme - surtout un homme doté d’une telle réputation -, probablement mal également en sachant que tu avais trop bu avec ce même type. Tu étais fragile à ces substances, n’importe qui aurait pu profiter de toi hier soir. Moi le premier. A sa place je serais fou. Mais à sa place, tout aurait été différent également… À commencer par cette alliance que je ne t’aurais offert si jeune. Alors comment pouvais-je juger ou comprendre? Je ne comprenais déjà pas votre union, alors son contenu… Tant que tu étais heureuse. Enième souffle glissant entre mes lèvres et me voilà à porter finalement la boisson à celles-ci pour m’en abreuver. Le silence régnait dans la pièce, chacun de nous perdus dans nos propres pensées à l’atmosphère pourtant si proches en apparence. Jusqu’à ça. Ce « Oh » que tu laissa échappé et qui captait mon attention par la même occasion. « Il t’a fait mal? » Qui étais-je pour m’en inquiéter. Pourtant le problème ne résidait dans une éventuelle blessure à première vue ni un quelconque problème: ton regard s’animait d’espoir à nouveau. Tu avais une idée, un souvenir. Je ne savais mais quelque chose semblait te mettre sur la voie. A la fois rassurant et assommant. Je ne parvenais à partager ton espoir sur le moment ni même cette joie lorsque tu ouvrit le tiroir de la table de chevet. Quelque peu surpris par cette trouvaille, le cheminement vers la vérité se dessinait pourtant bien vite. Idiote ivre que tu étais...

Idiot que j’étais. Mon regard ne quittait ton visage, s’amourachant malgré moi de cette expression. Tu brillais tant. Tes lèvres merveilleusement étirées en un sourire comme il n’en était donné d’en voir plusieurs dans une vie, tes pupilles brillantes à en faire rougir le plus resplendissant des diamants, tes pommettes relevées qui ne semblaient vouloir rendre la liberté à ce sourire ravageur. Tu étais si heureuse à cet instant, ton bonheur irradiait au point de toucher Mingyun à en croire ce miaulement qu’il laissait échapper en accompagnement. Pourtant je ne parvenais à le partager. Comme coupé de cet instant, plongé dans un univers alternatif à l’ambiance plus morose, loin de tout ceci. Loin de cette euphorie non partagée. Loin de ces larmes de bonheur perlant à tes yeux. Heureuse tu devais l’être, je voulais que tu le sois; mais loin de moi. Ne me montre pas ce bonheur que tu vis avec lui, je ne veux pas le voir. Il me répugne. Je voulais balayer cette expression de ton visage, que tu cesse d’être si rayonnante à cause de ça! Mais je savais également que c’était bien là, le seul jour où tu m’offrirais un tel visage... Rapidement tu redeviendrais toi-même et plus jamais il ne me serait donné de t’apercevoir si heureuse. Alors ce moment, devais-je le chérir ou le détester? A la fois béni d’avoir la chance de graver dans mes souvenirs une telle expression de ta part et maudit que ce fut pour un autre que ton bonheur s’orientait. Mais après tout, ce n’était comme si je pouvais t’apporter ce qu’il t’apportait.. Je ne le pouvais, je ne le voulais, tu ne le voulais. Alors pourquoi l’air semblait si lourd brusquement? Ma poitrine semblait ressentir quelques difficultés à se mouvoir pour seulement inspirer, en son sein un poids que je peinais à supporter et nommer. Non, plutôt je ne voulais le nommer. L’ignorer. N’était-ce pas là le mieux à faire? Je pouvais aisément le mettre de côté, pas vrai? Je pouvais encore contrôlé ce qui se passait dans mon corps, j’en étais certain. J’y arriverais… A la seule condition que tu ne rajoutait une difficulté à l’épreuve… Sous mon nez apparaissait un parfum que malheureusement je ne connaissais déjà que trop. Contre mon torse naissait une chaleur qui m’avait tant manqué depuis ce matin. Tu étais si cruelle… Tu n’avais le droit de me faire ça. Qu’étions-nous pour une telle étreinte? Nous n’étions rien. Et sans doute était-ce là, la raison me faisant hésiter un instant? N’étais-je pas doué dès lors qu’il fallait trouver des explications logiques? Alors celle-ci serait la parfaite déduction expliquant le court temps de réaction à ton étreinte ainsi que l’incompréhension qui grandissait et sévissait dans mon esprit. Le long de ta taille, mes bras se glissaient le plus naturellement possible malgré les hésitations, et au milieu de ton dos se déposaient mes mains. Je n’osais effectuer un quelconque rapprochement, celui-ci me troublait déjà amplement trop pour que je ne puisse me permettre une telle fantaisie.

Tu me secouais, me retournais sans qu’un seul instant tu ne te doute de ce que tu faisais naître. Et je me sentais trembler intérieurement, je te convoitais de plus en plus sans avoir le courage de me retourner pour voir ce que tu ferais éclore dans les temps à venir.

Quelques secondes. Je ne pouvais supporter plus avant de déposer mes mains sur tes flancs pour t’amener à reculer en douceur. Je n’étais un remplaçant de ton fiancé pour ainsi être étreint. Un joli mensonge de plus dans la liste des excuses. Se dessinait sur mes lèvres un sourire rassuré, un faux semblant parfait pour toi qui ne me connaissait. « Tout est bien qui finit bien. » concluais-je finalement après tant de recherches de notre part. Ma chambre sans dessus-dessous, à l’image d’un organe que je passais en sourdine, mon lit totalement défait pour le plus grand bonheur de notre félin, mais j’avais échappé au pire… nous avions échappé au pire. Tu m’aurais offert une virée en Enfer si ton couple s’était brisé à cause de cela, n’est-ce pas? Je ne voulais causer la fin de vos fiançailles… Ma main s’élevait dans les airs afin de reposer sur le haut de ton crâne, à l’instar d’un chiot que l’on féliciterait pour son obéissance - bien que tu ne pourrais être qualifié de tel. « Ta tête va bien? Pas trop mal après les cours? » Idiot… Je n’étais qu’un idiot pour ainsi m’inquiéter de celle qui n’allait tarder à m’envoyer ses foudres. J’ignorais encore la raison de leur venue, mais je te connaissais assez pour savoir qu’elles ne tarderaient d’un instant à l’autre. Ou allais-tu simplement m’ordonner de ranger tout ce vacarme?

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1 Soupe de goberge séchée ( Bukeoguk ) est l'un des plus populaires pour une gueule de bois. Ses ingrédients légers de pollack (poisson coréen séché), d'anchois, de tofu doux et d'œuf mélangé à un bouillon apaisant devraient libérer le corps de toutes les toxines et réduire les maux de tête. (il en existe plusieurs variantes comme le kongnamulgak qui est une option végétarienne de cette soupe)
2 Une soupe chinoise qui permet de réhydraté le corps et d'apaiser la muqueuse de l'estomac irrité. Il prend de nombreuses variantes à travers le pays. Vous pouvez ajouter presque n'importe quoi à votre congee, tels que des oeufs de canard salés, de la laitue et de diverses viandes - juste pas tout à la fois.
3 Une boisson au goût amer et médicinal qui permettrait de guérir des gueules de bois.

(c) DΛNDELION
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Re: Night under control.. or not #HaRa ♡♡♡ | Mer 25 Juil - 19:41
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Night under control... or not
Worst Mistake
Perfect HaRa ❤️

« I’m running out of breath so I stood still
But the wind beckons me and rushes me to you »
Situation sans précédent qui m’amenait à fuir. Cette lâcheté que d’ordinaire je me refusais, momentanément, je ne lui entrevoyais aucune alternative. Elle m’appelait et j’accourais. J’avais envie d’accourir. De trouver refuge dans les bras de la fuite qui me promettaient de m’extirper de ce mauvais pas. Comment t’affronter ? Comment affronter mes pensées après m’être réveillée ainsi à tes côtés ? J’avais besoin de m’éloigner. M’isoler pour tenter de me calmer, de tempérer la tempête qui sévissait dans ma tête. Essayer de comprendre. Et de savoir. Interroger mon corps sur ses souvenirs à l’instar de l’empreinte de ta main sur mon sein qui me provoquait des frissons. Comment pouvais-je te croire après un tel réveil pris en flagrant délit ? Comment me fier à ta probable perception de il ne s’est rien passé ? Rien à des yeux insouciants et qui ne prêtaient d’importance à quoi que ce soit, et encore moins au relation amoureuse. Comment pouvais-tu dire cela alors que ta main reposait sur ma poitrine ? À mes yeux, ce n’était pas rien. Le seul fait d’avoir dormi ensemble n’était que trop. Et tu n’avais pas à me toucher, en aucune façon. Déjà lorsque nous nous provoquions et que tes doigts se glissaient sur ma chevelure comme parfois, ce geste là, tu n’en avais le droit. Néanmoins, dans ces moments là, j’étais en état de conscience et je contre-attaquais. Tu savais ce que j’en pensais. Mais tandis que je dormais, que mon esprit était totalement annihilé par l’alcoolémie ne comprenais-tu pas que même ces gestes là, ils n’avaient plus lieu d’être ? Et comment savoir si tes mains ne s’étaient égarés ailleurs sur mon corps pendant cette nuit d’un sommeil que trop profond ? C’était atroce. C’était ignorance se parait du voile de la torture et attisait le brasier de l’imagination. Mon corps et mon esprit refusait de rester plus longuement ici…

Cependant, mon coeur lui y fut retenu. Par cette discrète apparition, ce petit bout de museau me rappelant vaguement pourquoi j’avais atterri dans cette pièce à notre retour, avec qui je m’étais véritablement endormi de mon su dans ce lit : Mingyun. Parmi tous mes souvenirs de la veille effacé, l’un persistait : le nom que nous avions attribué à notre petit protégé. Un miracle ? Peut-être. Le destin ? À croire qu’il portait bien son nom alors. Le chaton avait réussi la première épreuve : celle de passer la nuit ; mais nous étions loin d’être assurés quant à sa survie. De nombreuses conséquences pouvaient encore se manifester. Même nos bonnes intentions pourraient soudainement se retourner contre nous si nous commettions la moindre erreur dans son alimentation. Il était encore si fragile. Une simple diarrhée pourrait suffire à mettre sa vie en péril. Quant à savoir s’il n’avait pas contracté toutes sortes de maux et maladies, seul un vétérinaire saura nous le renseigner. Mon organe en berne, tandis que je vous observais tous les deux, toi qui prenait si soin de ce petit être, j’oubliais quelques instants ma hâte à quitter ce lieu. Tout au contraire, je me surpris à lutter contre mon envie de rester. D’être avec lui, de veiller sur lui tout comme toi, et vous accompagner chez le vétérinaire moi aussi. Mais je ne le pouvais, n’est-ce pas ? Mon cours de ce matin s’avérait vraiment important, je n’avais menti à ce sujet. Et surtout, rester tous les trois s’avéreraient la pire des idées, n’est-ce pas ? Comment oublier ? Comment évincer et faire comme si de rien n’était tant que nous serions dans le sillage l’un de l’autre ? Combien de moments gênants nous accompagneraient dans cette croisade jusqu’au cabinet du vétérinaire quand bien même nos pensées seraient essentiellement tournées vers notre protégé ? Les doutes et les questions sur cette soirée que ma mémoire avait effacé n’auraient de cesse de se ressasser dans ma tête, je le savais. Le choix s’imposait. Mon premier instinct était le bon : partir.

Puisque que tu savais ce que tu devais faire, alors, je pouvais partir sereine. N’est-ce pas ? Rien qu’à te voir agir avec le chaton, il n’était difficile de savoir prédire ô combien tu ferais de ton mieux pour lui. Que tu n’étais pas toujours si insouciant et irresponsable. En présence d’un animal, si tu tendais à jouer comme un enfant – mais qui ne le faisait – tu savais te montrer fiable et dévoué. Sans doute parce que tu les aimais. Pour eux, tu avais incontestablement plus de respect que pour les femmes. En tant que patronne qui te payait pour veiller sur son chien, j’avais à m’en satisfaire. En tant que Présidente de ta fraternité, j’avais à te surveiller pour m’assurer que tu ne transgresses tout droit à la pudeur et l’intimité de tes paires féminines. En tant que Hera, puisque tu avais toi-même fait un jour cette distinction, je… le déplorais ? J’aimais ce visage que tu dévoilais en compagnie des animaux. Cette scène que momentanément tu offrais à mes yeux, avais-tu seulement conscience, en plus d’être belle, à quel point elle s’avérait touchante et attendrissante. Charmante. Un charme par lequel, l’espace d’un instant, je me laisserais presque envouté si ta voix n’était pas venue le rompre. Si rien qu’à l’entendre, je ne m’étais rappelée le mufle indélicat, profiteur et obsédé que tu étais dès lors qu’il s’agissait de femmes et non plus de chaton ou de chien. Pourtant, cette voix si agréablement à l’oreille, masculine et suave à l’oreille, des mots qu’elle prononça, ne me contredit-elle pas ? Je tiquais légèrement. Un sourcil arqué, je demeurais encore un temps à l’entrebâillement de la porte sur le départ, sans partir pour autant. Pourquoi te souciais-tu de ma gueule de bois ? Un vague sentiment flotta en moi, en fus-je touché ?

Adolescente en crise qui refusait la bienveillance d’autrui à travers laquelle, elle se sentait rabaissé à ton énième conseil, je préférais l’option de me braquer plutôt que de me laisser toucher finalement. Que tu ne puisses m’atteindre par-delà la palissade que je dressais en guise de protection des maux causés par l’homme. Celle que tu ébranlais si souvent. Celle qui n’avait le droit de te céder car indéniablement, je n’y aurais rien à gagner et tout à perdre. Comme si mon inconscient pressentait que tu incarnais un mal dans les griffes duquel, d’une façon ou d’une autre, je pourrais bien tomber. Que je devrais dorénavant éviter. D’autant que possible ! Alors, tout bon sentiment je rejetais et renvoyais d’un revers avant de le mettre hors jeux. Tes conseils, tu pouvais te les garder. Une main sur la porte, dos au couloir sur lequel celle-ci s’ouvrait, mes traits se durcirent et d’un voile froid mon regard dans ta direction se nappa : « Je sais ce que je dois faire, » rétorquais-je en reprenant tes mots précédents et sur le même ton. Si tu n’avais pas besoin de mes dires, alors moi non plus ! Encore moins pour m’apprendre comment me remettre d’un excès d’ivresse ! Quand bien même, tu n’avais tort quant à mon inexpérience en la matière, mais en théorie, je me pensais dotée du savoir suffisant pour y remédier. Et surtout, je n’avais nulle envie d’éprouver la moindre once de reconnaissance à ton égard. Tout ce qui c’était passé hier, s’avérait comme tu le disais si bien au fond, n’être rien. J’avais oublié, ne m’en souviendrais jamais et ne souhaitais pas m’en souvenir ! Du moins, j’oeuvrais à m’en persuader…


❀❀


De son éclat entre mes doigts, elle irradiait à mes yeux telle la lumière libératrice au fond du tunnel. Probablement n’existait-il de mot pour décrire ce que j’éprouvais à l’instant présent. Un si profond soulagement, un pincement au coeur pourtant persistant, une envie de pleurer difficile à réprimer. Délivrance ou malédiction ? Je ne la voyais alors que comme la perle de mon avenir. La lueur à suivre dans la nuit, celle qui brillait encore plus de jour. Si seulement j’avais vu. Pour cette bague et son diamant, je n’avais d’yeux. Je les couvais avec tant d’amour. Inconsciente que le vrai diamant brut se trouvait à mes côtés. Que j’errais encore dans la nuit et que tu étais ma véritable lumière. Mais bateau aveugle et trompé par les flots, je tombais dans le piège des naufrageurs. Je me trompais de phare. Je l’ignorais et ne le comprendrais peut-être que trop tard. Pour l’heure, l’objet de tous mes égards se révélait être le symbole de mes fiançailles. Celles que j’avais appréhendé caduques suite à cette perte. Notre amour était-il si fragile pour se résumer à un seul objet ? Aussi puissante puisse être sa symbolique, l’humain ne devait-il pas rester le plus important ? Mais comment auraient-ils compris les circonstances m’ayant amenés à l’égarer ? Aurais-je dû lui mentir ? M’arranger avec la vérité ? Je détestais cette idée. Cependant, la sincérité ne m’avait-elle pas coûter que trop cher précédemment ? Faisais-je fausse route à penser qu’un couple ne devait rien se cacher ? Et si les secrets étaient la clé de sa pérennité… Moi qui cherchait en l’homme partageant ma vie un compagnon auprès duquel être pleinement moi-même, serais-je condamnée à me taire pour partie ?

Mais cette peine, je ne la laissais m’envahir pour le moment. Comment le pourrais-je ? Comment pourrait-elle avoir la moindre chance de s’immiscer dans mon esprit alors qu’une bourrasque de soulagement y soufflait si fort ? Je l’aimais cette bague. Je la chérissais et je semblais en prendre d’autant plus conscience momentanément. Parce que je n’étais pas prête à perdre ce qu’elle représentait. Je ne voulais, ne pouvais imaginer renoncer à cette belle histoire que nous nous étions promis au printemps passé. Même si à présent l’hiver sévissait, les fleurs s’épanouiront de nouveau à la prochaine saison. N’est-ce pas ? En tout cas, je restais portée part cette foi. Je m’y accrochais à l’instar de mes bras se nouant autour de ton cou. Parce que Mingyun s’avérait trop fragile pour subir l’assaut de mes sentiments, tu fus le pilier sur lequel instinctivement, je me reportais. Oubliant la part de responsabilité que je t’incombais, je te remerciais. Parce qu’il fallait bien que je m’adresse à quelqu’un et que tu étais le seul ici présent. Parce qu’en rien d’étreindre de mes bras avait quelque chose d’agréable. De rassurant et apaisant. Tu aurais été peluche que le geste aurait été le même… Je m’en persuaderais lorsqu’à cette étreinte je repenserais.

À la différence qu’une peluche n’y aurait répondu. Quoique la sensation de tes mains se déposant sur mes hanches ne traduisit pas vraiment la volonté d’y répondre. À ce touché, je sentis une vague chaleur parcourir mon épiderme. Ma conscience m’alerta d’un éveil des sens qui n’avait pas lieu d’être, alors la douceur de ton impulsion m’incitant à me reculer, plus que l’accompagner, je l’anticipais. Fuyant presque ce contact, cette proximité que j’avais établi sans réfléchir, je tâchais néanmoins de ne rien laisser paraitre. Que tu n’ailles te méprendre sur le fond de ma pensée. Je ne cachais quelque honte indésirable quant à mes idées, juste je prenais conscience que je n’avais nulle raison de t’enlacer. Pas plus que de te remercier d’ailleurs. La question demeurait néanmoins de savoir pourquoi toi, tu avais voulu me repousser ? Ma proximité t’incommodait-elle à ce point ? Pourtant ce matin… Prise d’un virulent frisson, je secouais soudainement, brièvement et nerveusement la tête pour chasser tout souvenir de ce réveil menaçant de revenir me hanter. Plutôt que tergiverser sur le sujet, j’en concluais que tu n’avais pas été exempt d’ivresse toi non plus et que sans alcool, je… Je te dégoutais presque ? S’en était vexant ! Et mes traits se raffermirent instantanément avec dureté. Pour qui te prenais-tu à juger que je ne te convenais ? Tu étais beau oui, mais ta présomption dépassait largement le stade que tu pouvais te permettre à ne pas me considérer comme assez bien pour toi ! N’avais-je pas eu d’autres idées sottes que de t’enlacer quelques instants auparavant ?

Sans doute aussi sottes que le sourire que tu osais m’afficher présentement. À quoi pensais-tu pour sourire ainsi ? Mes yeux auraient beau demeurer plonger dans les tiens, tes pensées me paraissaient impossible à sonder. Peut-être parce que tu ne pensais ? Étais-tu vil ou idiot ? Je ne parvenais à trancher. Néanmoins, tes mots suivants eux firent légèrement pencher la balance pour la deuxième possibilité. Te croyais-tu dans un conte de fée ? Tout est bien qui finit bien ? Si tu étais honnête, tu me dirais qu’à présent, je pouvais partir. Eh bien soit ! Tu ne tarderais à être exaucé mais pas pour ton bon plaisir ! Non, je ne souhaitais pas non plus rester une minute de plus dans cette chambre !


Pourtant, mon intention de me lever tu avortas d’un geste de la main. Celle-ci venue se poser sur mes cheveux dans une caresse qui me troubla. Inerte face à mon étonnement et mon incrédulité, sur le moment, je ne te repoussais. Je ne comprenais. Cherchais-tu à te moquer et me traitant comme un gentil toutou ? Ta tendresse se parait-elle de tendresse ? Pourquoi… Pourquoi ton comportement me semblait toujours si contradictoire et impossible à décrypter ? Te connaissant, j’opterais cette fois instinctivement pour un geste visant à m’énerver en me rabaissant. Ce fut sans compter sur les mots qui l’accompagnèrent… Tu semblais vraiment sincère et soucieux de ma migraine qui inexorablement avait sévi une bonne partie de la journée, et qui, tu te ne trompais, me causait encore du tort. Seule une véritable bonne nuit de sommeil pourrait m’aider à l’enrayer, d’autant plus après avoir tant forcé à enregistrer toutes les informations dispensées au cours de mes longues heures de cours. Ma panique quant à la perte de ma bague de fiançailles m’avait fait oublier, surmonter la douleur qui martelait dans mon crâne. Alors, tu devinais bien juste en l’évoquant tandis qu’à présent le soulagement passé, la fourbe revenait à la charge de plus belle.

Ta main au touché si tendre apparut alors comme la responsable de cette douleur ravivée, et la douceur de tes caresses je ne pouvais plus ressentir comme telle. Comme si chaque effleurement aussi infime fut-il me pesait soudainement que beaucoup trop. Parce que je voulais que tu cesses ? Que tu t’éloignes et plus jamais tu ne te permettes de me toucher. Parce que tes gestes étaient trop doux. La chaleur qui en émanait se faisait présage d’une drogue trop dangereuse pour se permettre d’y goûter. Je me surprenais à les apprécier. Je ne le devais. Pas plus que continuer à te regarder dans les yeux. À y voir une lueur que peut-être je ne souhaiterais trouver. Que j’aurais peur de trouver. Mais elle n’existait, n’est-ce pas ? Attendrie par une caresse dont je manquais de la part de mon aimé, affaiblie par cette trop courte et éprouvante nuit, chamboulée par les différents évènements, ce léger papillonnement de mon coeur n’en était que la conséquence, n’est-ce pas ? Il le fallait. Tout comme la distance devait être restaurée alors, ta main je chassais de la mienne, d’un geste assez ferme mais sans doute pas autant que ma voix : « Qu’est-ce que ça peut te faire ? » rétorquais-je froidement en guise de réponse. La question me paraissait légitime, pourquoi te préoccuperais-tu de ma personne ? « De la culpabilité peut-être ? » Parce que tu étais celui m’ayant entrainée dans ce bar hier soir. Celui avec qui j’ai tant bu causant ainsi mon mal et sans parler du réveil lourd de conséquence ne m’ayant que d’autant plus accablé. Oui, maintenant que j’avais retrouvé ma bague, c’était le contre-coup d’un trop plein d’émotion qui s’abattait. Son poids m’accablait à présent aussi physiquement que moralement. « Je vais bien, alors tu peux reprendre ta vie tranquille sans te soucier de rien, » te mentis-je pourtant. Parce que je ne voulais pas de ta fausse bonté, de ta pitié pour la pauvre petite chose qui avait pris une cuite bien trop rude pour elle la veille.

Machinalement, mon agacement je soulageais en triturant la bague de retour à mon annulaire. C’était une manie que j’avais prise inconsciemment. La toucher me rassurait généralement dès lors que je doutais, stressais, appréhendais…en toute situation un peu tendue en somme. C’était d’ailleurs aussi ainsi que je m’étais rendue compte de sa disparition au cours de la journée. Lorsque j’avais fait appel à son pouvoir pour me calmer quant à ma migraine, quant à mon angoisse de que dire à propos de ce qui s’était passé la veille… Et si seulement je le savais moi-même à l’exception du réveil… Un soupir, étrangement, je demeurais encore assise là sur ton lit au lieu de partir sans plus attendre. Étrangement, depuis quelques temps, ma bague semblait avoir perdu de sa magie. La sentir ainsi sous mes doigts ne faisaient presque que me torturer davantage qu’effacer tous mes doutes. Alors, ma nervosité croissante malgré la réussite de notre quête, accrue par le poids de mon éreintement, encore une fois, je m’en retournais vers toi, non sans une certaine agressivité : « Ne t’avise surtout pas de lui raconter un jour ! » te lançais-je soudainement. Tu ne le connaissais mais tu t’avérais tellement omniprésent dans mon sillage qu’une rencontre entre vous deux n’aurait rien d’improbable. Je t’imaginais déjà claironné l’anecdote de cette maudite soirée et de ses conséquences désastreuses au lendemain. « Je ne lui cacherais pas être sortie hier, avec un membre de ma fraternité, et d’avoir trop bu non plus ! » précisais-je, un peu plus doucement mais pas moins fermement. Et je ne voulais pas que tu me catalogues comme une fiancée mentant à son homme, lui dissimulant un comportement qu’elle n’aurait pas dû se permettre. « Ce sera déjà bien assez pour le contrarier… » soupirais-je dans un dépit sincère en baissant les yeux vers ma bague sur laquelle mes doigts avaient fini par arrêter de s’acharner. Il désapprouverait déjà ce comportement, lui en dire plus n’aimerait rien ni de bon, ni d’utile. « Alors, il n’a pas besoin de savoir ni pour la bague, ni qu’on ait dormi ensemble. » Je n’aimais vraiment pas cette idée, cependant, j’avais retenu la leçon de la dernière fois. Je ne souhaitais pas réitérer une dispute pareille. Mon coeur ne se remettrait de le voir me tourner une seconde fois le dos en m’abandonnant derrière. « Ce n’est pas comme s’il s’était passé quelque chose ou si ça signifiait quoique ce soit. J’étais ivre et je me suis endormie n’importe où, c’est tout. » Plus qu’à toi, au fond, c’était envers moi-même que je cherchais à me justifier, me convaincre et me rassurer…

Néanmoins, mes yeux se levèrent dans ta direction. À la rencontre des tiens, ils les imploraient d’être sincères, de leur affirmer que tu n’avais menti ou déformé la vérité. Qu’il ne s’était bien rien passé. « S’il apprend que j’ai dormi avec toi, il… »  Non, il ne me quitterait probablement pas. Cela requérait un acte sortant du chemin tout tracer devant lui. Une telle décision ne lui ressemblait pas. Il n’était pas homme à agir ainsi, car il n’était pas homme à agir tout court. Sans doute était-ce pire. Le coeur lourd, j’en émis un soupir. Une poignée de secondes, mes paupières s’abaissèrent sur mes iris avant de se relever, mais ces derniers ne te regardaient plus. Ils cherchaient dans le vague un point d’ancrage, quelque part sur les murs ou ailleurs. « N’y a-t-il rien de pire qu’un couple résigné qui se punit à rester uni alors que l’amour s’est éteint ? » Non pas que nous en prenions le chemin mais… S’il restait toujours ainsi ? À ne rien dire, à ne pas agir ou juste pour me rejeter sans vraiment aller jusqu’au bout comme la dernière fois ? À renforcer l’image de notre union, comme l’officialisation de nos fiançailles, pour être certain que rien ne dérogerait au dessein établi ? Un court laps de temps je me perdais dans mes pensées avant de me rappeler à qui je m’adressais.  « Pourquoi je te demande ça à toi… » Tu étais bien l’une des dernières personnes à pouvoir avoir un avis sur la fidélité, la loyauté d’un couple. Et surtout, tu devais bien t’en contreficher de tout ceci.

(c) DΛNDELION
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Re: Night under control.. or not #HaRa ♡♡♡ | Mer 25 Juil - 19:43
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Night under control... or not
Free yourself cutie
Perfect HaRa ❤️

« Is something stimulating what I really want?
Don’t stop on instinct,
An improvised line is for the best, so
come on, shout it out! »
Déjà? Fut la pensée brusque qui traversa ma conscience en voyant le peu que notre survivant avait mangé avant de décréter qu’il n’en voudrait davantage. Il était vrai que les chatons n’avaient une grande capacité stomacale, mais assurément, je ne m’étais attendu à si peu de sa part. Etait-ce dû à son sous-poids? Je ne savais… Nombreux étaient les chats recueilli par ma mère au fil des années, mais de ceux-ci elle s’occupait le plus clair de son temps. Sans oublier que la plupart n’étaient des chatons si jeunes. Dans une province aussi froide, il n’était difficile d’imaginer leur destin s’ils étaient amenés à passer tant de temps à l’extérieur… Alors je m’en étonnais partiellement. Notre compagnon semblait se plaire à trouver refuge dans les draps maintenant que son estomac fut rassasié. De mon côté, j’optais pour un mouchoir afin de nettoyer ce doigt qui lui eût servi de plat repas. Seulement alors, mon attention te fut de nouveau offerte, à toi qui semblait prête à partir sans ne jamais le faire encore. Au moment où notre chaton finissait son repas, j’avais entendu ta réponse. Ces mots calqués sur les miens tantôt formulés. Avais-tu mal pris cette phrase qui, pourtant, était bien plus vraie que celle que tu formulais? Tu savais… Vraiment? Voyais-tu à mon regard comme je ne croyais à ces mots? Sentais-tu à mon sourire comme ta fierté parvenait à m’amuser malgré tout? « Vraiment? C’est quoi ton secret alors? Les miens marchent pas toujours... » Je ne mentais en prononçant ces mots. En cas de sévère gueule de bois, je peinais à en voir le bout. Et surtout la fin la journée: un supplice. Ceci expliquait sans doute mon goût devenu plus prononcé pour les soirées fortement alcoolisées les jours de week-end ou de vacances et non plus les jours de semaines comme cela avait pu m’arriver par moment. De mes erreurs j’avais appris, des tiennes il faudra tirer leçon également. La première, très certainement, étant de ne pas essayer de faire croire à un type bien plus expérimenté que toi que tu savais gérer ce type de situation. Ce n’était le cas, assurément.

Néanmoins, j’attendais après ta réponse avec une certaine impatience. Curieux de savoir comment tu sortirais de ce piège dans lequel tu t’étais enfermée seule... Pendant ce temps, j’optais pour une vérification de l’heure qu’il était afin de joindre au plus vite le vétérinaire. Encore une dizaine de minutes avant qu’il n’ouvre… Ce serait là les dix minutes les plus longues de toute mon existence probablement. Portable toujours en main, j’ouvrais une page bloc note afin d’y renseigner les informations concernant notre rescapé. Du lieu où nous l’avions trouvé à celui dans lequel il avait passé la nuit, sans omettre la présence de ses défunts frères et les informations que j’eus obtenu de notre observation. « T’as des examens aujourd’hui?  » Quelques lignes d’espace j’effectuais sur ce bloc note afin d’ajouter une ligne particulière: « Hera > » De cet accumulation de pixel je levais enfin le nez, t’offrant mon attention avec sérieux. Sans doute cette question te paraîtrait soudaine et étonnante, mais, à mes yeux, elle semblait plutôt obligatoire. « Que j’évite d’envoyer un sms quand t’es en plein oral... » Je n’étais aveugle après tout, ni même stupide. Du moins, pas à ce point... Tu aimais les animaux tout autant que moi. Alors si un message tu venais à recevoir en plein examen, que tu savais qu’il s’agissait de nouvelles concernant Mingyun, cela ne te dérangeait-il pas? Ne risquais-tu pas d’abréger ce que tu serais en train de faire afin de t’enquérir de ses nouvelles au plus vite? A ta place, c’était bien là un risque possible. La vie de ce petit être valait bien plus qu’une note sur un sujet universitaire à mon sens. Ce n’était probablement une étudiante en médecine qui pourrait penser l’inverse...

❀❀

Décembre. Douzième mois de l’année, le dernier également d’un ensemble à la fois si long et si court. Trente et un jours qui pour certains revêtaient l’épais manteau nacré d’une année qui se terminait, accompagné du poids d’un bilan à faire, celui des temps écoulés depuis le tout premier. Pour d’autres, bien plus optimistes, cette période représentait un nouveau départ imminent, la promesse de nouveautés à venir et de plus beaux jours en perspective. Car nous le savions tous: des journées d’hiver s’en suivaient inévitablement celles du printemps. Depuis les temps les plus anciens et, ce, jusqu’à nos jours, jamais cette boucle naturelle ne fut bouleversée. Oh elle pouvait bien entendu se voir influencée, atténuée ou, tout au contraire, accentuée selon les différentes parties du globe où nous nous trouvions, mais que ce soit à Séoul ou à Harbin, elle ne changeait. La douceur de l’automne accompagnée de sa brise soufflant les feuilles orangées des arbres au sol précédait l’hiver et sa couverture nuageuse désireuse de rencontrer le béton frais des trottoirs afin de fouler les hommes qui les traversaient. Si par hasard ceux-ci venaient à rencontrer les flocons fraîchement égarés et s’en retournaient, alors sans doute, pourraient-ils apercevoir ce chemin visible qu’ils avaient créés. D’un tracé si net, en remonter jusqu’à l’origine ne serait une difficile épreuve, mais le souhaitaient-ils seulement? En auraient-ils rien que le courage?

Aujourd’hui, je l’avais trouvé. Alors, j’avais effectué une halte dans mon itinéraire afin de retracer ce chemin déjà parcouru avec une certaine timidité. Avec une appréhension saisissante également. Chaque pas effectué semblait me rapprocher un peu plus de la vérité, cette vérité que je ne voulais rencontrer. Cette vérité qui m’effrayait depuis sa formulation tantôt dans la journée. Alors j’avais tremblé, j’avais hésité à poursuivre tout en me convaincant que le résultat n’y serait. Ces mots, cette idée, ça n’existait. Elle n’avait lieu d’exister, n’est-ce pas, cette hypothèse totalement inventée? Après tout, depuis ce jour, la porte s’était refermée, barricadée avec la certitude que les clous dépassant serviraient à faire fuir quiconque s’en approchait. Jamais plus personne ne frapperait à la porte de mon coeur à en faire écho dans celui-ci, plus personne ne le ferait vibrer afin d’en jouer. Pourtant je doutais. J’avais douté. C’était cette incertitude qui m’avait poussé à m’y plonger, à m’y intéresser de plus près car si je savais, je parviendrais à tout stopper à temps. L’amour n’était bien différent d’une hémorragie: traitée rapidement, elle ne mettait en danger. Si celle-ci existait bien entendu, et j’en doutais. Une part de moi reconnaissait ce mal qui m’avait rongé depuis ton départ de la chambre ce matin-même, elle le criait à mes oreilles sourdes, elle l’écrivait devant mes yeux aveugles. Mais ce que je ne désirais voir n’existait tout bonnement. Alors je devais l’avouer: sur ce chemins que j’eus reconstruit, mes propres pas je n’avais finis par suivre. Ainsi, l’effrayante vérité ne me serait dévoilée...

Car sans doute, l’avais-je déjà trop compris: combien je t’aimais.

Je t’aimais. Je t’aimais malgré ta froideur hivernale. Je t’aimais malgré la distance que tu imposais. Je t’aimais malgré la haine que tu me vouais. Je t’aimais malgré le jugement que tu me portais. Mais surtout, je t’aimais malgré ton coeur battant pour un autre. Enfin, je t’aimais sans qu’un seul instant je ne veuille l’admettre. A quoi bon le reconnaître de toute manière? Il n’y avait place dans ta vie pour un homme tel que moi, le trône que ce coeur pourrait convoiter n’était vacant. Un autre y siégeait déjà depuis bien plus longtemps. Un homme qui, assurément, t’apporterait bien plus que jamais je ne pourrais le faire… Alors à quoi bon? La partie était finie avant même que son existence ne me soit susurrée, vouloir la rejoindre dès à présent n’était gage que de souffrance. Une douleur que je n’étais prêt à supporter. Le poids de l’ignorance et de l’incompréhension me seyait bien mieux. Dans ceux-ci je parvenais à me complaire au quotidien, alliés de longues dates que je rendais plus harmonieux en y ajoutant une pointe d’insouciance caractéristique. Une insouciance volontaire. Après tout, je ne faisais partie de ces irresponsables nés, je l’avais choisis. Je n’étais insensible par nature, je tendais à vouloir l’être. Ma nature je me plaisais à opprimer, la rayer de mon existence car trop difficile à supporter. Une vie sans lendemain était si agréable. Un quotidien sans responsabilités était si reposant. Un coeur où personne ne se trouvait était si inoffensif. Je ne voulais ressentir à nouveau, tout en ignorant que le choix ne m’était donné. Il ne l’était jamais. C’était ainsi que l’amour, le véritable, le sincère, fonctionnait. Une embuscade. Une attaque surprise. Un poids qui s’abattait sur vos épaules avant que vous ne vous en rendiez compte. Un poison qui s'insinuait dans vos veines jusqu’à contaminer votre coeur tout entier. Après tout, ce n’était tant ton regard qui me meurtrissait. Ce n’était la façon dont tu repoussais ma main qui comprimait ma poitrine. Ce n’était tes mots qui annihilaient toutes pensées pour permettre à ce malaise de flotter dans mon esprit. Rien de ceci n’aurait d’importance, rien de ceci n’aurait été douloureux si seulement ce fourbe n’avait déjà atteint un organe vital. Tu n’étais la responsable de ces sentiments qui traversaient mon organisme à cet instant, ce n’était toi, c’était moi. Moi, l’idiot qui avait succombé à tes charmes. Moi qui n’arrivait pourtant à admettre l’évidence. Un lâche qui se cachait dans la conviction qu’il ne pouvait s’éprendre de quelqu’un. Ce même froussard qui ne trouvait réponse à ta question. Pourquoi m’enquérais-je de ton état? Tu te le demandais… je me le demandais également. Fusse la culpabilité dont tu formulais l’hypothèse qui s’en trouvait être la cause? J’en doutais. Ce n’était même probable, un tel sentiment n’avait vu jour jusqu’à présent. Mais maintenant? Maintenant que tu formulais cette possibilité, devais-je me sentir coupable? Après tout, n’étais-je celui qui eut l’idée du bar la veille? N’avais-je également été celui qui avait commandé tant de boissons? A un shooter et un cocktail près qui furent offert par d’autres. Ces verres qui avaient été acceptés par ta personne sans hésitation aucune. En avais-tu souvenirs? Les avais-tu oublié?

Dans ton ivresse de la veille, je m’interrogeais alors des souvenirs restants. Quand exactement avais-tu été victime du si commun blackout? Allongé à tes côtés, j’avais formulé le souhait que tu oublie tout de cette soirée, que nul souvenir ne te reste, mais à présent face au fait accompli, n’était-ce cruel? Je ne désirais tant que tu t’en souvienne par pur égocentrisme. Nous n’avions partagé sur des sujets qui sauraient susciter chez toi une curiosité ou un intérêt quelconque, j’en étais convaincu. C’était même une évidence. Néanmoins, si ces moments tu te souvenais, alors enfin, j’aurais compris la raison de ta haine à mon égard. J’accepterais cette distance que tu imposais en me reprochant un comportement qui n’était habituel chez moi. Ce baiser initié aurait constitué le meilleur des justificatifs à ton comportement. Pourtant tu ne t’en souvenais. Tu ne semblais même t’en douter, sinon ne me l’aurais-tu reprocher? Assurément, tu n’aurais été gênée de clarifier une situation qui ne l’était déjà que trop; à l’instar de ces propos où tu semblais porter jugement sur la vie que je menais. Une vie tranquille à ne me soucier de rien… C’était bien là, la vie que j’aspirais à vivre. Une existence synonyme de liberté, d’évasion, d’aventure et de nouveautés. J’en rêvais. Chaque jour était guidé dans l’aspiration de voir mon quotidien se parer des couleurs de la liberté dans sa forme la plus pure qu’il soit. Aujourd’hui n’avait fait exception et pourtant… de mon habituelle insouciance je m’étais séparé sans parvenir à la retrouver, mes pensées se voyaient parasitées sans qu’un sujet précis ne puisse en ressortir. Qu’était-il arrivé à cet esprit vagabond pour apparaître enchaîné?

Quittant ton minois, ce fut sur la bouteille de soda retenue entre mes doigts que mes iris trouvaient nouveau point d’ancrage. Bien moins troublant que tu ne l’étais, il n’était cependant garant de paix pour mes pensées. Aussi étrange que cela puisse paraître, porter mon regard sur toi parvenait à les adoucir. Les bruits parasites n’étaient plus. Mais notre distance, elle, ne se faisait que plus marquante. De la pointe de l’index, sur le bouchon, un mouvement régulier, lent. Emprunt des idées qui s’agitaient dans mon conscient, et probablement plus encore dans mon inconscient. « C’était juste une question.. » Une question comme tant d’autres. Une interrogation qu’il m’aurait été donné de poser à quiconque aurait été à ta place. Tu n’avais à tant prendre mouche face à cette inquiétude mais probablement me voyais-tu comme un être dans l’incapacité de compartir pour autrui. Nombreux étaient les matins où j’eus rencontré cette sensation. Parfois, j’eus même été contraint d’affronter le lycée dans cet état migraineux. Alors je savais, je connaissais, et je compatissais. Néanmoins, tu ne parvenais à apaiser mes doutes à la façon dont tu affirmais aller bien. Certainement, car tu te fichais de les soulager. A mon inquiétude sur ton état, tu semblais préférer l’ignorance. Celle-ci que j’étais bien incapable de t’offrir malgré tout. Oh je n’étais idiot, j’avais compris que jamais la réciprocité ne s’opérerait. Quoi que puisse être l’état dans lequel je pouvais me trouver face à toi, ne te contenterais-tu de m’offrir une leçon avant de me laisser  l’abandon? Si je savais seulement. Pourtant à cet instant, l’image de ta personne munie de casseroles et autre ustensiles de cuisine naissait dans mon esprit, gumiho désireuse de donner une leçon à un renardeau dans le mal. Tu ne m’apparaissait comme possiblement dotée d’une once de compassion à mon égard. Me trompais-je tout autant que tu te trompais sur moi? Nous ne nous connaissions… Nous ne nous connaîtrons. C’était ainsi que les choses étaient tracées.

Imperturbable fil du destin que rien n’ébranlait, je n’avais encore conscience de combien nos vies se verraient chambouler dans les mois à venir.

Tournant dos un instant au lit où tu siégeais, je me dirigeais vers le bureau afin d’y déposer à nouveau la bouteille saisie tantôt. Sur l’écran m'apparaissaient alors les commentaires toujours présents de ceux qui poursuivaient leur discussion une fois le live achevé. Semblerait que ta présence dans ma chambre ait déjà été balayée par un tout autre sujet: Layer of Fear. Il s’agissait là d’un jeu sur lequel j’effectuais un Let’s play depuis plusieurs semaines déjà, une vidéo hebdomadaire qui semblaient en intéresser certains outre mesure. Sur mes lèvres, l’esquisse d’un sourire prenait forme. Faible et fin sourire qui n’arrivait à apaiser les tourments agitant mon coeur. Ceux-ci même que tu secouais une nouvelle fois de tes accusations. Alors je m’en retournais vers toi, indéniablement surpris. Ta spontanéité et ton impulsivité semblaient celles d’un proie qui jamais ne saurait se laisser dévorer sans un combat préalable. Étais-je ce prédateur qui t’effrayais? Sourcil arqué pour l’un, pupilles interrogatives sondant ton expression, je n’arrivais à assimiler le cheminement qui t'avais conduit à cette possibilité. Celle qui t’effrayais certainement: que je puisse lui parler. « Qu’est-ce que.. » laissais-je échapper de mes lèvres dans un souffle à peine perceptible. Probablement pas assez pour que tu l’entende, mais suffisant pour me soulager de l’incompréhension. Par lui, entendais-tu cet homme qui n’avait représentation dans mon esprit? Celui qui partageait ta vie sans qu’un nom ne m’est simplement été confié? Cet homme qui t’avait plongé dans une telle panique hier soir… Ainsi, tu désirais lui épargner la peine de prendre connaissance de cette soirée en ma compagnie? Quelque chose n’allait dans votre relation. La veille déjà, j’étais parvenu à le ressentir mais à cet instant, cette impression se faisait omniprésente. Néanmoins, je ne parvenais à mettre le doigt sur ce qui ne tournait rond.

Serais-tu en réalité une femme à cacher la vérité à son partenaire, qu’il soit arrivé quelque chose ou non avec cette troisième personne? Une menteuse professionnelle qu’il n’était parvenu à démasquer jusqu’à présent car elle ne mentait, mais omettait de lui parler. Ainsi, c’était plus simple pour toi et plus dur à deviner pour lui; si ce n’était en tombant sur la preuve du crime en action. T’otais-tu de toute responsabilité ainsi? Tu n’avais menti sur ton emploi du temps après tout… Etait-ce là un cliché si gros pour que j’en vienne à le retrouver à des centaines de kilomètres de l’endroit où, quelques années plus tôt, le même manège s’était profilé à mon encontre? Ce n’était ainsi… La scène se dessinait dans mon esprit, croisée entre réalité et imaginaire, alors je parvenais à distinguer la différence cruciale. T’avais-je approché que tu brandissais la promesse de te fiançailles en bouclier, là où elle n’aurait eu scrupule à se laisser faire. - Après tout, elle n’avait été celle l’ayant voulu, pas vrai? - La présence d’un homme dans ta vie j’avais fini par apprendre, là où elle préférait laisser un doute sur toute relation. - D’un doute naissait la certitude que rien n’existait alors - Tu ne t’étais joué de lui, tu l’aimais. Tu étais drastiquement différente. Nous ne nous connaissons, nous ne nous connaîtrons davantage mais je le croyais. Je le savais. Ton mensonge revêtait quelque chose de différent. Finalement… aurais-tu effectivement peur de lui? Mes doutes de la veille s’avéraient-ils vrais? Si tel était le cas, si cet homme ne savait garder son sang-froid, alors il était effectivement préférable qu’il n’en sache rien. Jamais. Que cette nuit soit tue à tout jamais et gardée en seuls souvenirs par nous deux. Qu’à jamais, elle disparaisse dans les méandres de nos souvenirs pour n’en jamais revenir.

Chose que tu ne semblais vouloir finalement. Alors plus que ma réflexion, je me laissais porter par ta voix tout en silence. Avouerais-je chercher à comprendre que ce ne serait un mensonge. Je n’arrivais à envisager cacher quelque chose à ma compagne quelle qu’en soit la raison et quelle que puisse en être la nature. Elle méritait de savoir. Elle le devait. Ne serait-elle ma partenaire? Celle qui m’accompagnerait et m’aiderait quoi qu’il puisse advenir? La femme sur laquelle m’appuyer en cas de besoin et celle qui me connaissait mieux que quiconque sur cette Terre? L’un comme l’autre, nous ne devrions avoir de secrets. Et si le jardin secret de chacun portait un tel nom pour une bonne raison, j’aimais à admettre qu’il fallait parfois l’ouvrir à l’autre afin de s’épanouir pleinement. Alors pourquoi ne pas lui dire la vérité? Pourquoi avoir à omettre des détails? J’espérais apprendre, comprendre, rien qu’un peu tous ceux pensant de la sorte. Qu’elle était la raison te poussant à te cacher lorsque tu devrais t’ouvrir à lui? La peur de le contrarier… Ainsi, je n’avais foncièrement tort en admettant que cet homme serait capable de s’emporter pour cette escapade. Quelle était la limite qu’il s’imposait? La connaissais-tu seulement? Ton soupir trahissait-il la tristesse de lui faire du mal ou la lassitude d’un comportement que tu ne vivais que trop déjà? A mon tour, l’un d’entre eux passait mes lèvres. Par mimétisme, mon regard s’abaissait également. Nulle bague sur laquelle poser les yeux, seul le sol en guise de point d’ancrage cette fois. « Qui suis-je pour m’immiscer dans votre couple... » Promesse soufflée d’un secret que je garderais une fois de plus pour toi. Seulement alors, mes iris se relevaient à la recherche de tes traits que j’espérais soulagés d’une telle conclusion de ma part. Je ne dirais mot. Je ne sous-entendrais le moindre fait. Non par complicité dans une aventure qui n’aurait lieu d’être, mais bien par soucis de ta sécurité. Que serait-il capable de te faire s’il venait à apprendre pour la bague égarée et nous ayant dormi ensemble? Je n’arrivais à comprendre les raisons te poussant à épouser un tel homme. A l’instar d’Ae Cha, ne pouvais-tu rêver après un prince charmant aimant et doux avec toi? Un homme digne de confiance qui saurait te protéger, était-ce trop difficile à trouver de nos jours? Trop pour que tu n’accepte d’épouser ce type de toute évidence…

Seulement alors, nos regard se croisaient. Je ne sus que lire dans le tien à cet instant, était-ce là de la tristesse? Celle d’avoir à mentir à l’être aimé malgré ton envie de lui avouer la vérité. Etait-ce une demande silencieuse destinée à appuyer la précédente? Je ne savais qu’y lire. Mais j’étais certain que les miens, à cet instant, te couvraient tant avec tendresse qu’avec tristesse. Cette situation, tu n’aurais dû la vivre. Je n’aurais dû dormir à tes côtés. Et si cette situation n’allait assurément se réitérée, la certitude qui m’habitait à ce propos n’empêchait mon instinct de me demander de prévoir. Et si les choses se passaient mal avec lui un soir? Aurais-tu un endroit à l’abri où tu réfugier? Personne hormis moi n’habitait cette chambre, je n’étais connu par mes comparses renards pour amener des femmes dans celle-ci contrairement au bruit qui pourrait courir à travers l’université. Mes voisins le savaient parfaitement, certains même un peu trop par ailleurs. Alors dans cette chambre tu pourrais bien venir si besoin se présentait, jamais tu n’en trouverais la porte fermée. « Exactement. Je lui en parlerais pas... » Aussi idiot irresponsable que je t’apparaissais, pourrais-tu croire en ces mots? Ces mots garants de mon silence. Qui pourtant ne semblaient suffire à combler ta peur. Alors la tête je venais à doucement secouer, un doux mouvement à la négative qui ne savait amener avec lui les effets de l’alcool ingéré la veille. Mon organisme s’y était habitué, il avait besoin de plus pour en souffrir. « Je dirais rien, vraiment. T’inquiètes pas. » Car j’étais celui gardant ton secret, tu n’avais à t’en soucier outre mesure. Sur tout autre chose tu pouvais orienter tes pensées, que ce fut vers ta soirée à venir, ta rencontre avec ton fiancé, l’aveu de ta soirée en compagnie d’un comparse gumiho. Quelque furent tes préoccupations, tu pouvais y plonger à présent, tes arrières étaient couvertes.

Doucement, mon corps se remettait en mouvement. Vers un coin de la pièce mes pas me dirigeaient afin que je puisse me saisir d’une bouteille d’eau à contenance cinquante centilitres. Celle-ci en main, j’effectuais un demi-tour afin de revenir à toi. Après avoir tant fouillé, ne méritais-tu à boire également? Hydrater ton corps s’avérait également important après avoir tant bu hier, au moins, je m’assurerais que tu avais à disposition ce qu’il te fallait. Néanmoins, je me stoppais à mi-chemin, interloqué par les propos que tu tenais. Encore une fois, cette pensée naissait dans mon esprit. Quelque chose n’allait entre vous. Mais cette fois, je comprenais la source de tes préoccupations. Je la comprenais, l’entendais et elle me peinait. Alors après toute cette peur hier, après celle qui t’avait habitée aujourd’hui, voilà que tu déclarais n’avoir de sentiments pour cet homme? Ou plus précisément, n’avoir plus de sentiments pour lui. A tes mains mes pupilles se déposaient, cherchant après cet anneau tant désiré. Cherchant une réponse à cette question qui se suspendait dans mon esprit… et qui passait, inévitablement mes lèvres au même instant. « Pourquoi tu reste avec lui alors? » De ta main droite je me saisissais afin d’y déposer la bouteille précédemment récupérée. Nulle violence dans mes gestes, peut-être me montrais-je un brin ferme si besoin se faisait, mais c’était de délicatesse que je préférais me parer. Et puis n’étais-tu droitière? Les gauchers s’avéraient rares, alors mettre la bouteille dans cette main me paraissait statistiquement le plus logique. Sans oublier que la gauche se parait d’un bijou qui ne m’avait que trop maudit déjà.

Enfin, un pas j’effectuais en arrière, les traits redessinés à la concentration par ton interrogation qui n’avait d’origine évidente à mes yeux. « Je ne sais pas trop si c’est le pire. » te confiais-je alors en me dirigeant vers le bureau. A celui-ci je m’appuyais dès le rebord rencontré et les yeux je posais sur toi, les pupilles reflétant le sérieux de ma réponse. N’en avais-tu besoin? Bien que je n’étais le plus à même de répondre et tu le savais parfaitement. « Tu peux continuer à être heureuse avec lui même sans aimer à mon avis... » N’était-ce là le cas de beaucoup de vieux couples? Les années passantes, l’amour s’était atténué irrémédiablement. Mais la présence de l’autre, la routine installée, certains savaient s’en contenter sans jamais chercher à rallumer cette flamme consumant le coeur. Mais ce n’était votre cas, à moins que tu n’aies épousé un homme beaucoup plus âgé? Je ne le concevais, je n’y parvenais… Hier, n’avais-je supprimé cette possibilité de ma tête en même temps que ton doigt j’abaissais dans notre jeu? « Mais à t’entendre dire que c’est une punition, j’imagine que ça devient tout de suite plus compliqué à admettre. » Ne venais-tu d’avouer comme ta relation ne te satisfaisait? Pire, elle t’enfermait. Contrainte de rester avec cet homme sans que je ne sache pourquoi, contrainte d’épouser un homme que tu n’aimais plus à un si jeune âge.. Nombreuses étaient les années qu’il te restaient avant de ne pouvoir rencontrer un homme correct, ne pouvais-tu annuler ces fiançailles?

« Mais dans la série des pires en terme de relation amoureuse, je pense qu’il y en a d’autres pas mal. Je pense notamment au moment où tu apprends que ton partenaire mène une deuxième vie que t’ignorais totalement après des années de mariage avec lui. T’as aussi ces personnes à qui tu vas confier ta vie toute entière alors que finalement, elle s’en foute totalement et ne font que jouer avec toi. Ce qui aboutit à une personne totalement brisée derrière. » Sans doute était-ce un de ces hommes à tes yeux? Un joueur, une ordure de première. Pourtant, c’était bien là ceux que je méprisais le plus…  « Ah! Et la dernière à laquelle je pense c’est la distance avec celui que t’aime. L’incapacité de le voir et de le prendre dans ses bras, devoir lui parler par sms ou, dans le meilleur des cas, par téléphone. ça peut ronger de l’intérieur aussi..  » Je ne le savais que trop bien pour voir comme ma mère patientait pour le retour de mon père. Une triste situation qu’il semblait ignorer, lui qui n’avait à l’esprit que son travail. Trop préoccupé pour prendre conscience des années et des événements importants dans sa famille qu’il avait manqué…

Un instant, mon regard s’était dérogé de ta personne, perdu en réflexion. Ne pouvais-je trouver d’autres exemples? Je n’escomptais aborder le sujet des femmes battues par leur conjoint. Après tout, si de celles-ci tu faisais partie d’une façon ou d’une autre, ne prendrais-tu peur à l’idée que quelqu’un l’apprenne? Seulement alors, mes iris se reposaient sur toi. A cet instant seulement, mes lèvres s’étiraient dans un sourire à la fois sincère et tendre. « Cherche après ce qui te rend heureuse. » A ces mots, mes épaules s’haussaient un bref instant. Juste assez pour te faire comprendre que c’était là, la chose la plus importante finalement. Néanmoins, mon index gauche s’élevait dans les airs, annonciateur d’une remarque. « Je te dis pas d’abandonner tout ce que t’as fait, rompre avec ton fiancé, abandonner tes études pour faire un tour du monde en solitaire ou quoi que ce soit. » Seulement alors mon index s’abaissait à nouveau pour reposer ma paume sur le rebord du meuble. Je gardais un fin appui sur celui-ci, seulement assez pour n’avoir à me sentir idiot les bras ballants à vrai dire.  « Mais poses toi les bonnes questions. Qu’est-ce qui te rend heureuse? Qu’est-ce que tu veux faire dans la vie? Comment? Avec qui en l'occurrence dans ton cas.. » Peut-être tout ceci te semblerait puéril. Futile? Je ne savais. C’était là, ce qui me semblait la méthode la plus aisée de gérer sa vie. Faire ce qu’on aimait pour ne regretter plus tard. Le faire à notre façon pour n’avoir le poids d’un autre sur les épaules. Vivre sa vie entouré de ceux qui comptait pour nous et pour qui nous comptions afin de partager ce bonheur. N’était-ce pas là, la meilleure vie à laquelle nous pouvions aspirer en tant qu’être humain? Pourquoi attendre d’être vieux et croupi pour profiter de la vie lorsque nous pouvions le faire au quotidien de bien des façons?

Conscient que, très certainement, tu n’approuverais, j’en venais à trouver un soudain intérêt à ce qui se trouvait à mon bureau. Mon dos je te tournais alors, attrapant ma caméra pour la ranger, comme je l’aurais fait bien avant si tu n’avais nécessiter mon aide. « Après je te dis tout ça, mais t’en fais c’que tu veux. Ta vie me regarde pas... » Percevrais-tu à ma voix combien je ne faisais qu’éviter tes foudres? Celles que je ne connaissais que trop bien pour m’y être frotté trop souvent déjà. Pourtant je ne savais reculer, toujours plus téméraire, toujours plus idiot.

Ton bonheur me semblait être la chose la plus précieuse depuis quelques temps déjà..
(c) DΛNDELION

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Re: Night under control.. or not #HaRa ♡♡♡ | Mer 25 Juil - 19:45
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Night under control... or not
Worst Mistake
Perfect HaRa ❤️

« I’m running out of breath so I stood still
But the wind beckons me and rushes me to you »
Te maintenir à distance. Inconsciemment, bien que tel n’était le sujet, je savais parfaitement ce que je devais faire en effet. Je devais nous maintenir éloigner. Te garder à distance, dresser tes palissades infranchissables, une forteresse dont je ne t’abaisserais jamais le pont-levis car je ne te savais preux chevalier ou ennemi mortel. À moins que tu ne sois, tel Lancelot du Lac, chevalier qui me mènerait à ma perte. Et assurément était-ce bien ce que je redoutais le plus. Si j’eus été croyante, sans doute te considérerais-je comme une épreuve à surmonter sur mon chemin. Celle mettant à mal la foi de mon amour, celle vouée à tester sa solidité. La tentation. Bien que je la réprimais, que sur elle, les yeux je fermais, impossible d’ignorer tous les signes. Nous ne nous retrouvions que trop souvent. Dans des situations que toi seul avait vécu. Des facettes de ma personnalité, et de mon corps aussi qu’à tes seuls yeux avaient été dévoilées. Malgré moi. Mais seulement pour toi. Par la force du destin, inexorablement, tu représentais désormais quelqu’un de particulier. J’aurais beau continuer à te rejeter rien n’y changerait. Pourquoi avait-il fallu que tu débarques soudainement dans ma vie telle une bourrasque provenant d’une contrée si lointaine ? Depuis quand le vent de Harbin s’avérait-il si chaud et si doux à la fois ? Un peu trop séduisant quand ici, des ravages d’une tempête polaire je tentais encore de me relever. Que la neige de l’hiver ne saurait être aussi froide que le pic planté dans mon coeur, transpercé par la vue de son dos retourné lorsque je lui demandais de m’aider. Une main tendue dans le vide que toi, tu semblais être toujours présent pour la saisir.

Une distance que j’étais incapable d’établir…

Ainsi toujours plantée sous le cadre de la porte ouverte, sur le départ, je restais néanmoins. Mon corps refusait de partir sous un bien beau et innocent prétexte : Mingyun. Exemple de l’instant présent, mais plus largement, chaque fois que je te repoussais, nous nous rencontrions à nouveau. Nous devenions chaque fois un peu plus proches, un peu plus liés. Cycle infernal dans lequel nous avions été fait prisonnier dès le premier instant où nos chemins s’étaient croisés.  Ma vie qui me paraissait devenue enfin un peu plus paisible, tu étais venu bouleversé. Tu étais venu me rappeler comme j’avais aussi envie de la croquer. À l’instar d’une modeste soirée, sans arrière-pensée, à partager juste pour s’amuser. Notre sortie d’hier se présentait ainsi, non ? Je ne m’en souvenais et ne gardais guère pour seul gage de souvenir que ce mal de crâne atroce. Celui pour lequel je t’assurais savoir exactement comment y remédier. Je mentais. Tu t’en doutais. Mais dans ton piège je ne tomberais. Pas même une vague hésitation, un semblant de perte d’équilibre, je rétorquais froidement : « Donne-moi une bonne raison de te le dire ? » Évidemment que j’esquivais, mais sans vaciller ou balbutier. Une répartie trop aisée pour être manquée. « Non, épargne toi cette peine, il n’en existe aucune. Si tu souffres de tes excès alors, tu n’as que ce que tu mérites. » Cette punition s’appliquait à moi-même en l’occurence. Et je reportais une part de la responsabilité sur toi, je ne prétendrais pas pour autant être exempt de toute faute. Cette migraine, ô combien je la méritais. Peut-être même ne s’avérait-elle pas assez intense pour qu’une fois passée, je la juge suffisante en guise peine purgée. Je la méritais au point de ne probablement pas chercher à l’apaiser avec ou sans tes bons conseils sur lesquels j’ironisais jusqu’en pensée.

Renonçais-tu à la joute, dont, malgré mes neurones atrophiées, je ne te laisserais en aucune façon la victoire ? L’ivresse m’avait rabaissé. Sur le sol tu m’avais ramassé, dans ton lit je m’étais lovée mais nos places respectives étaient à rétablir. Alors, je te toisais tandis que tes yeux se posaient sur l’écran de ton téléphone. Tu pianotais, le nez baissé en vaincu abattu ? Si j’aurais attendu après réplique de ta part ? Certainement pas, j’avais au contraire, tout à me satisfaire que pour une fois tu te résignes à ne pas batailler dans le vide. Que tu ne t’obstines à me chercher querelle. Aucun de nous deux n’acceptant guère jamais de céder avant l’autre. Jusqu’à le déstabiliser. Et les mots, et les gestes dérapaient. Un clivage bien plus orageux s’implantait nous amenant secrètement à regretter des excès impensés. Ou que nous n’aurions voulu pensé. Du moins était-ce mon cas, un peu trop souvent face à toi. À ce constant, dans un soupir, mes yeux s’abaissaient. Bref effleurement du sol avant que le son de ta voix ne les rappellent à toi. Des examens ? Préparée à une nouvelle provocation de ta part, il me fallut ta précision suivante pour comprendre. Étonnée, des cils je battais quelques instants. Toi, savais-tu donc te montrer aussi prévoyant ? Comment faisais-tu pour te doter d’une personnalité si contrastée ? Si opposée ? Par moment, tu me semblais être une toute autre personne, si différente. Peut-être étais-tu plus complexe que tu n’en avais l’air… « Non, ce ne sont que des cours magistraux mais leur contenu est primordial pour comprendre le reste de l’année, » répondis-je d’une voix si détachée, si éloignée de ce que mon coeur ressentait. Cette chaleur qui l’enveloppait, ce trouble qui rythmait ses battements, le sort de notre chaton en était la seule raison, n’est-ce pas ? Que mes yeux se posaient en ce moment davantage sur toi que sur lui, ne signifiait rien, n’est-ce pas ?

D’un vif et infime ébrouement de tête, je me ressaisissais. « Mon portable sera en silencieux alors, tu peux m’envoyer un message dès que tu auras du nouveau. » Un message dont l’apparition sur l’écran me tiendrait en haleine tout au long de la matinée jusqu’à sa réception. La prévision que l’affichage de ton nom ferait bondir mon coeur. Une association dérangeante à laquelle, je ne pourrais cependant échapper. « J’attendrais. » Alors ce message, tu devrais me l’envoyer, car je l’attendrais avec impatience. « Je jetterais un oeil à mon téléphone aussi souvent que je le pourrais. » Car de toute évidence, le point d’interrogation quant au verdict du vétérinaire ne quitterait mon esprit avant d’avoir obtenu réponse. Ce serait dans une impatience nerveuse que j’écouterais et noterais tant bien que mal ce cours aussi important. Mon regard se détacha enfin de toi pour glisser jusqu’à lui. Je priais, et je lui souhaitais une vie bien plus longue et bien plus belle. Une vie que, s’il nous l’était permis, nous lui offrirons. De mes pensées je fus arrachée par les bruits de tes comparses dans le dortoir qui s’éveillait. Je ne devais être vu sortant de ta chambre, ainsi habillée, au levé du jour. Mon départ devenait inévitable. Instantané. Après un coup d’oeil, m’assurant que personne n’arpentait encore l’allée, je prenais congé. « Je dois y aller ! À plus tard… Mingyun… » Un départ à regret, un au revoir si lourd, parce que je ne voulais partir. Parce qu’à toi, je ne parvenais à te formuler si anodins et pourtant prometteurs de retrouvailles – que je reviendrais te voir –, parce qu’à lui je prenais brusquement conscience qu’il pourrait s’agir d’un adieu. Nous étions confiants, mais si l’amour nous avait aveuglé ?


❀❀


Poids d’une nuit que trop courte sur mes épaules, poids d’une ivresse qui n’avait pu être soignée, poids d’une journée où mon coeur avait été soumis à tellement de stress, entre ascension et soulagement que ces montagnes russes lui laissaient à présent une sensation nauséeuse. Puisque le verdict du vétérinaire était tombé, que pour notre protégé nous avions le droit d’espérer ; puisque ma bague de fiançailles avait été retrouvé, que pour mon couple je pouvais croire et persévérer, le son de cloche annonçant la fin de cette interminable journée semblait avoir sonné. Je n’avais guère plus que pour seule envie celle de m’écrouler. M’allonger, enfin me reposer, m’abandonner dans les bras de Morphée… Et non les tiens. Alors, je luttais autant que je pouvais contre l’appel de ton oreiller. Il me serait aisé de m’étendre seulement quelques minutes, me délester brièvement du poids de ma tête et de mon corps. Cependant, n’était-ce pas exactement là l’erreur que j’eus commise la veille ? Penser qu’un si simple moment de faiblesse resterait sans conséquence. Ton oreiller, tes draps et ton matelas, je ne devais plus convoiter, même à un seul dessein égoïste. Tout comme les errances de mon coeur, ses doutes et ses peurs, je n’avais à te prendre pour témoin. Tu n’avais rien d’un confident. Ma langue trop impulsive je corrigeais. Sur ses propres dires, je la faisais revenir car je n’avais nulle raison d’attendre après ta réponse à ma question. Jamais je n’aurais dû te la poser. À l’instar de ce matin, à présent mon anneau revenu à mon doigt, je devrais m’en aller. Partir sans attendre car il n’y avait rien à attendre en ce lieu. Cette chambre qui était tienne où je ne devrais plus revenir. Mais à l’instar de ce matin, quelque chose me retenait. Quelque chose m’y ramènerait aussi, inexorablement : le Destin.

Ce petit chaton si mignon à notre vision déjà déformée par l’affection, inévitablement, pour lui, je reviendrais. Encore faudrait-il que je parvienne à le quitter. Puisque tu l’avais eu toute la journée, puisque tu étais celui qui l’avait emmené chez le vétérinaire dans la matinée, moi aussi, je réclamais à passer un peu de temps à le choyer. Le caresser, rien que l’observer, le voir évoluer… Et puis moi aussi, j’aimerais pouvoir représenter pour lui la main nourricière. Cette nuit encore, mon coeur souhaiterait veiller sur son sommeil, plus consciemment que la nuit dernière. Mais, aussi capricieuse que je pouvais être, je n’en étais pas pour autant irresponsable lorsqu’il s’agissait d’une vie animale. Le bon sens me rappelait que je ne pouvais l’emmener dans ma chambre pour la nuit. Sa condition physique s’avérait que trop précaire pour le soumettre au stress d’une rencontre avec Aki. Dormir dans la même pièce que la chienne de ma colocataire risquait d’impliquer quelques désagréments. Il me faudrait patienter pour les présenter. Renonçant à spontanément à cette idée, je dus me raisonner en revanche pour ne céder à celle d’occuper un des lits vacants de ta chambre. Mon intention ne serait que de partager ma nuit avec ce petit chat, mais dans les représentations, nous dormirions une fois encore ensemble. Si je lui demandais l’autorisation, je devinais déjà sa réponse. Et cela ne ferait que jeter un nouveau froid sur notre relation. Des non-dits, une tension, jusqu’à la manifestation de mon exaspération, et une nouvelle dispute… Alors, plutôt que de jouer d’un excès d’insouciance, je me résignais…

L’amour invincible. Malgré toute la foi que je portais en ce sentiment, celui après nous courrions tous, prétendant le contraire ou non. Malgré ma naïveté exacerbée en sa beauté, je ne croyais en son invulnérabilité. Le nôtre en tout cas ne l’était. Je l’avais compris ce soir là. Peut-être n’avait-il fait que tourner le dos quelques instants, mais si je n’avais accouru pour le rattraper. Si je ne l’avais retenu, de mes bras, de mes larmes, de mes suppliques aussi, jusqu’où serait-il parti ? Combien de temps se serait-il éloigné ? Si je vacillais, si je trébuchais, il ne me rattrapait. Il attendait, m’abandonnait le temps que je me relève pour lui revenir. La ballerine n’avait le droit au moindre faux pas. Être elle-même, mais sans l’être. Être celle qu’il voudrait que je sois. Alors m’aimait-il vraiment ? Pour combien de temps ? Quand se lasserait-il, désintéressé de l’oiseau en cage dont il ne parvenait à faire renoncer à ses envies de liberté ? Depuis ce jour, j’avais peur. Peur que son amour se fane. Qu’il ne puisse aimer en tant que femme celle que je suis. Que la belle, riche mais un peu sauvage, n’avait de charme que pour une courte histoire. Qu’elle ne corresponde au portrait qu’il eut dressé de la femme parfaite à épouser. Car jamais je ne serais cette image de l’épouse modèle à la sud-coréenne. Car j’étais étrangère et portée autant par une culture qui m’était propre que les convictions d’un tempérament un peu trop affirmé. Nous traversions une période difficile. La perdition d’hier soir pourrait porter un coup fatal à un couple à la dérive. Un moment de fragilité que je me convainquais comme rituel et inévitable de tout couple engagé, qui se projetait dans un avenir conjugué à deux. Un inconnu quelque peu effrayant, une forêt de doute qu’il n’était aisé de partager avec l’être aimé de peur de l’inquiéter, de le blesser. Je n’étais pas encore prête à renoncer à lui. Je ne l’envisageais.

Alors, cette question que tu proférais cingla à mes oreilles, telle une balle l’effleurant, saignant mes tympans. Pourquoi restais-je avec lui ? Parce que je l’aimais ! Existait-il plus forte et folle évidence que celle-ci ? Parce que… Parce qu’où étais le bonheur du printemps dernier ? Mais malgré la neige si froide, j’espérais après des bourgeons renaissants lorsque l’hiver céderait place à la plus belle des quatre saisons : celle de la vie et de l’amour. J’avais été si heureuse. En ce mois de décembre, ne célébrions-nous l’anniversaire de notre premier baiser ? Mais tu ne pouvais comprendre. Tu ne connaissais rien de ces choses là et je le comprenais à tes propos du quotidien : tu ne souhaitais les connaitre. Alors qui étais-tu pour le demander ? Qui étais-tu pour juger ? Peut-être nous cataloguais-tu comme tous ces couples d’enfants riches, unis par la force des choses ? De fiançailles en mariage, impulsés par la seule décision des parents tandis que les concernés ne faisaient qu’obtempérer, dociles et résignés. Oui, notre relation pouvait y ressembler, mais il n’en était rien en vérité. Nous nous aimions et j’étais prête à le revendiquer avec hargne s’il le fallait pour te convaincre. Mais, qui étais-tu pour que j’ai tant à coeur de te prouver que tu te trompais ? Instinctivement, mes doigts se serrèrent sur la bouteille que tu y avais glissé. Je n’en comprenais la raison d’ailleurs. Pressentais-tu mon agacement grimpant et croissant à tes propos à venir, me munissant ainsi d’une prise sur laquelle passer mes nerfs ? Ou avais-tu la bonté d’âme de me fournir projectile à te jeter au visage ? C’était fort bienveillant de ta part. D’autant que tu cherchais vraisemblablement à t’attirer mes foudres en énonçant pareille interrogation. Serais-tu masochiste ? Cela expliquerait beaucoup de situations, à l’instar de ta persévérance à te tenir dans mon sillage alors que je te repoussais, inévitablement.

Pourtant, à l’exception de ce pas en arrière, bien que trop lent, ton corps ne témoignait d’aucun signe de préparation à recevoir une attaque intempestive de ma part. Au contraire, à cette question que je t’avais pourtant sommé d’ignorer, tu réfléchissais. À croire que ton obéissance n’avait guère d’égal que la mienne. Pourquoi tant de sérieux soudain de ta part ? Pourquoi creuser un sujet qui en rien ne te concernait ? Perplexe, je t’écoutais. Être heureux sans aimer… Y croyais-tu ? Sans doute était-ce vrai. Certains pouvaient. Je n’étais de ceux-là. Parce que l’amour, j’en rêvais. Jamais je n’y renonçais. Sur lui je ne pouvais tirer un trait. C’était un fait. Malgré les blessures, j’y croyais. Je persévérais et espérais toujours après. Mon père était d’une certaine façon du même bois. Avec sa première épouse, devenue son amie au bout de quelques années de mariage, pour leur fille, ils auraient pu se résigner. Rester unis dans un bonheur factice parce que malgré tout, ils étaient trop jeunes être privé de l’intensité de ce sentiment. Si à cette vie d’amitié, ils s’étaient cantonnés, jamais ils n’auraient divorcé. Jamais mon père et ma mère n’auraient pu se marier ensuite. En conséquence, jamais je ne serais née. Alors oui, à mes yeux restés un couple uni par un engagement ayant perdu la profondeur des sentiments s’apparentait plus à une punition qu’à un bonheur, au mieux illusoire. Parce que vivre marier à quelqu’un que l’on n’aimait, revenait à passer à côté de sa vie. Un bonheur moindre paraissait peut-être à ces personnes plus rassurant que le chemin sinueux et plein de déboire faire un chemin où le soleil brillait avec plus d’intensité. Parfois trop, parfois à s’y brûlait, mais qu’importait puisque c’était ainsi qu’on vivait. Qu’on pouvait se sentir vivant. La vie et l’amour tout du moins, pour ma part, je les considérais ainsi. Je ne voulais les vivre à demi.

Et alors toi, l’allergique à toutes relations amoureuses, à toute sincérité engagée, celui à qui j’avais dit se taire, car assurément, tu n’avais de mots à dire sur le sujet, tu te lançais pourtant dans de longues tirades. Combien de scénario avais-tu établi dans ta tête pour te donner toutes les raisons de fuir l’amour ? D’où te provenait ce rejet ? À travers ces pires, dans une lecture entre les lignes se trouvait-il une histoire plus personnelle ? Celle de tes parents peut-être ? En l’occurence, d’une certaine façon, j’y reconnus encore plus ou moins les miens, ma mère tout du moins. Une double vie, ma génitrice en avait en quelques sortes menée un temps. Prisonnière d’un engagement que son mari refusait de rompre, éloignée de ses enfants sous le prétexte d’un parent mal en point. Il n’en était rien. Elle voulait tout d’abord recouvrer sa liberté. S’éloigner de cet époux qu’elle avait un temps sincèrement aimé et choisi, contre tout avis. Puis, dans son exil à l’autre bout du monde par rapport à ce foyer qu’ensemble ils avaient fondé, un autre homme elle avait rencontré. Pour lui, elle était tombée : mon père. Et le premier esseulé dût se résigner à accepter de divorcer face à l’annonce de l’évidence : ma conception. Je n’étais alors qu’embryon mais déjà, je chamboulais ce monde, précipitant l’enterrement d’une union à laquelle se succédait presque aussitôt la célébration d’une autre. Que tout soit fait avant ma naissance pour que l’enfant déjà tant adorée ne naisse bâtarde. Alors, aux yeux de cet ex-mari qui ne m’a jamais été donné de connaitre – et je ne le souhaitais –, j’ignorais si la révélation que ma mère avait si vite trouvé nouveau foyer à fonder lui fut l’effet d’une double vie. Une trahison assurément. À ma demie-soeur ainée, son enfant, en tout cas, je savais que cela l’avait été. Qu’elle avait découvert un monde entier dont elle ignorait l’existence alors que sa mère s’y épanouissait. La blessure avait été longue à guérir, aurais-tu connu la même ?

Si j’envisageais origine et justification possible à ta première pensée, la seconde me parut bien se parer d’ironie. Sans aller jusqu’à pareil extrême, n’avais-tu jamais eu le sentiment d’être du type de ces personnes ? Je ne te concevais foncièrement méchant. Je ne pouvais l’accepter. En revanche, ta course à la liberté, ton insouciance incurable, te rendait égoïste. Inconscient par définition, si une vie entière ne t’avait été confié, trop jeune pour un tel excès – quoique ne remettais-je la mienne pour grande partie à mon fiancé désormais ? Je le devrais. Nous le devrions. –, jamais un coeur ne t’avait-il été offert ? De toutes ces filles que tu avais fait tombé, ne crois-tu qu’une moins une puisse avoir été amoureuse ? Puisse avoir rêvé de plus ? Espérer jusqu’à désespérer que jamais tu ne rappelles ? De constater qu’un jour peut-être vos chemins recroiser, son nom tu ne serais capable de te remémorer ? N’était-ce pas cruel ? N’était-ce pas finalement proche de ce pire que tu énonçais ? À mes yeux, cela l’était. Et des gens, j’en avais ignoré, méprisé, rabaissé, mais jamais d’un coeur je n’avais trouver plaisir à me jouer. Même après que le mien fut piétiner, je n’envisageais d’user de ce biais, sur coupable ou malheureux innocents pour me venger. Me soulager. La paix n’existait sur le chemin de la haine et de la destruction, malgré ma froideur impitoyable, je le savais. Et parce que je te connaissais un peu, parce qu’il suffisait de te regarder pour le deviner : des coeurs tu avais dû en briser. Peut-être, probablement même, inconsciemment, involontaire, néanmoins le mal existait. Tu jouais avec la vie, tu jouais avec les femmes aussi. Et toute femme t’ayant offert son corps possède un coeur. Je ne pouvais croire en l’idée que jamais une seule, à tes charmes, n’ait pu succomber… Parce que moi-même, je les percevais.

Si ton monologue j’écoutais attentivement, creusant sa profondeur tout en me sentant relativement éloignée, plus ou moins concernée, je sursautais à t’entendre t’exclamer qu’une dernière situation te venait à l’esprit. Et ce sursaut ne fut que préambule au saut de l’ange de mon organe lorsque ta pensée tu clarifiais : la distance. À sa description, un gouffre s’ouvrit sous mes pieds. Celle-ci, je ne la connaissais que trop. La distance ne se résumait pas toujours à la seule notion de valeur métrique. La géographie nous enseignait qu’elle se percevait aussi dans le ressenti.Et nous étions éloignés. Avec mon fiancé, nous vivions comme tu le disais, à attendre. Attendre un message, une nouvelle, un simple petit mot de sa part. Attendre de nous revoir. Attendre à en perdre espoir. Celui de le voir un jour entrer dans mon quotidien, en commençant par mettre, peut-être, un pied dans ce lieu où je vivais. Cette fraternité que je présidais désormais, et en conséquence, représentait plus qu’un simple dortoir où m’endormir la nuit sous un toit. Les Gumiho était devenu un pan entier de ma vie. Un fragment de ma fierté. Et j’enviais, les membres qui s’y aimaient. Qui, même discrètement, se retrouvaient, s’enlaçaient, voire partageaient plus d’une fois le même lit. Sans aller jusqu’à m’aventurer dans les fantasmes, j’attendais tant après une nouvelle nuit où nous nous endormirions dans les bras l’un de l’autre. Où le visage de l’autre, mal coiffé, mal réveillé, au naturel, serait la première chose à voir en ouvrant les yeux au matin. Tu parlais, mais tu ne savais. Certainement ne savais-tu, oui, ô combien pareille situation rongeait de l’intérieur. Moi, je le ressentais.

À cette triste vérité, qui un temps me convenait, temps aujourd’hui révolu, je me perdais dans mes pensées. De la bouteille d’eau, je vissais et dévissais à présent le bouchon, inconsciemment. Remplaçant par ce geste, gage d’un inconfort, celui de triturer ma bague de fiançailles. Mes yeux perdus dans le vague, ni ton regard, ni ton sourire je ne remarquais. Seule ta voix j’entendais. Et j’y réfléchissais. Ce qui me rendait vraiment heureuse. Ma première pensée fut tournée vers l’océan. Ce n’était pas le sujet et pourtant, il me manquait. Petite fille qui avait toujours tout eu sans avoir à se demander ce qu’elle désirait, depuis plus d’un an à présent, j’apprenais à vivre autrement. Je me découvrais et pourtant, il me manquait. L’Océan. Mon bel ami, qui un jour m’eut trahi lui aussi, mais ça, c’était tout lui. Imprévisible. Depuis, je n’avais osé le naviguer comme je l’aimais tant auparavant. Toi qui aimait la liberté, avais-tu déjà ressenti, été grisé par celle que nous offrait son immensité ? Par la vivacité du vent qui soufflait au large, par la puissance de la houle des vagues ? Lorsque vers cet horizon infini s’évader mon regard, que ce fut sur un bateau ou le corps dans l’eau, c’était à la rencontre de moi-même que je m’en allais. Mon for intérieur je questionnais et nombre de réponses m’apparaissait. Peut-être était-ce comparable à une forme de méditation. Et je me sentais si bien au retour de ses rencontres. En ces jours hivernaux, de ces conseils murmurés à l’oreille, je nécessitais. J’en prenais alors conscience que l’absence de cette source pour rebondir faisait terriblement défaut à ma vie actuelle. Parce que je n’avais eu encore de maux aussi profonds que… mes doutes et inquiétudes, concernant nos fiançailles, je ne l’avais ressenti aussi intensément jusqu’à aujourd’hui. Ce qui me rendait heureuse ? Ouvrir la fenêtre et inspiré cet air marin qui tant d’année m’avait bercé. Contempler la jonction du ciel et de la mer… Un retour à Singapour.

Ce que je cherchais, divergeait très certainement de ce que tu entendais. Ne parlions-nous pas de relations amoureuses précédemment ? Avec toi ? Quelle absurdité était-ce ceci ? Et pourtant, tu évoquais un tour du monde en solitaire. Dans ce que tu ne me conseillais pas forcément de faire. Pareille précision m’interloquait. Ces idées avaient effleuré tes pensées. Le souhaiterais-tu même ? Pour quelle raison ? Cela n’avait de sens. Alors, tu n’avais même à suggérer que je puisse quitter mon fiancé ! Pas un seul instant cette pensée je n’avais eu. Même lorsque précédemment tu avais demandé pourquoi je ne le quittais. Décidément, tu mentirais si tu prétendais n’avoir de problème avec cette relation. Qu’est-ce qui t’y déplaisait tant ? Que tu ne veuilles de relation sérieuse, libre à toi, tant pis pour toi. Mais tu n’avais à juger celle d’autrui. Tu n’avais à souhaiter la rupture de celle d’autrui. Alors, je ne me trompais. Lorsque je t’accusais de trouver amusement à ma précédente situation de crise, en quête désespérée de ma bague égarée. Tu prononçais des mots, mais tu en pensais le contraire, n’est-ce pas. Alors, peut-être que je me trompais. Derrière ta belle gueule, plus encore qu’un profiteur irrespectueux et égoïste, tu étais doté de méchanceté. Jusqu’à quel point je ne parvenais à te cerner ? Toi qui te parait d’évidence, toi qui semble si simple, en rien je ne te comprenais. Une chose était certaine : tu m’énervais.

Tu m’énervais car tu avais tort et raison à la fois. Parce que je ne supportais t’entendre évoquer le moindre soupçon, la plus petite remarque sur mon couple. Parce que tes mots et conseils s’avéraient néanmoins empreints de bons sens. Une sagesse que je ne te connaissais. Qui ne te sciait. Mais plus que m’aider, les eaux troubles dans lesquelles je nageais, tu ne faisais qu’agiter davantage. Ce qui me rendait heureuse, d’instinct, je n’y avais accès. D’autres sources qui rythmaient mon actuel quotidien ? Elles se tarissaient. Etais-je heureuse ? En ce moment, les petits et rares moments que je parvenais à partager avec mes amies ne me suffisaient plus éprouver véritablement du bonheur, durable. Mon couple ? Il battait de l’aile, c’était vrai. Mais encore une fois, je me persuadais d’une mauvaise passe pour enrayer laquelle j’oeuvrais. J’aspirais à triompher. Alors, ces derniers temps, je n’avais guère pour seules satisfactions que mes ambitions et les réussites qui les suivaient. Ma carrière, la présidence, mes études, j’aimais ce sentiment d’accomplissement, de défi ! Cependant là encore, lorsque je regardais en direction de l’avenir, je ne voyais que brouillard. Je ne savais pas moi-même ce que je voulais faire, où je voulais aller. Qui je voulais devenir. Je pensais juste avoir trouvé avec qui. Serais-je dans l’erreur ? Je le refusais.

Plus encore que les doutes que tu pointais, sous-entendais, attisais, le plus insupportable fut sans doute de recevoir une leçon de remise en question de ta part. Vis à vis de ta personne immature et inconsidérée, je ne tolérais de me sentir rabaisser. Non pas que tu me prenais de haut – quoique peut-être un peu à me déblatérer beau discours tandis que je t’avais dit de te taire –, je me sentais humilier qu’un tel idiot puisse avoir raison. Avoir un ascendant sur moi. Car je t’avais écouté. À tes mots, j’avais réfléchi. Tes questions j’avais suivi. Tout qui ne prend jamais rien au sérieux, je t’avais pris comme tel. C’était stupide. Ton implication dans cette conversation tout autant que la mienne. Pour finir, enfin, tu disais assurément vrai : ma vie ne te regardait. « Au moins, tu en as conscience, » appuyais-je tes propos, froidement. Que j’ai pu boire tes paroles, je te le montrerais. Je ne l’avouerais. Tu n’avais légitimité, ni à m’inviter à me confier, ni à me conseiller sur mon couple. Surtout ce dernier point ! Difficile d’en contenir un rire railleur ! Je n’en émis pourtant. Je n’en avais l’humeur. Même cette ironie ne me touchait plus guère. Probablement n’avais-tu fait que réciter ce qu’une série télévisé t’avait enseigné. Probablement que tu serais bien content, si mon fiancé je venais à quitter. Après tout, toi qui aimait tant les femmes, juste le temps d’une nuit, tu ne devais pas me considérer autrement. Pourquoi le ferais-tu ? Ton corps lui même en témoignait ce matin à notre réveil…

Souvenir d’une vision qui me provoqua un frisson. Frisson de dégoût et d’embarras. D’un bond, je me redressais soudainement de ce lit qui me rappelait tout ceci. Qui m’évoquait des images horripilantes, embarrassantes. Dégradantes. Ce rejet soudain pour ce matelas où je siégeais, je le masquais derrière une plainte : « Aish ! Tes conneries m’ont filé la migraine. » Au moins que cette excuse ne servit à couvrir le brusque élan douloureux sévissant dans mon crâne allant de paire avec la vivacité de mon geste en me redressant debout sur mes pieds. Spontanément, ma main munie de la bouteille d’eau je portais à hauteur de ma tempe. Peut-être que sa fraicheur m’aiderait à tempérer mes maux. Belle illusion, mais inefficace. À l’instar de tes mots, du moins, le prétendrais-je, bien trop fière pour accepter te montrer que puisse t’accorder du crédit. « D’où tiens-tu de si beaux discours ? » Ironie dans la voix, cette question je te la posais à la fois bien curieuse de la réponse, tout autant que convaincue de déjà la connaitre. « Tellement risible de ta part ! » Un rictus, une expiration dédaigneuse et la bouteille inutile, j’ôtais de ma tempe. Très certainement n’irais-je mieux qu’une fois loin de toi. Le sérieux ne te sciait, toi-même tu le savais. Non, tu le revendiquais ! « Un gars comme toi qui m’apprendrait ce qu’est l’amour. » Je n’avais ton expérience en matière de conquête, mais moi au moins, l’amour, je le connaissais ! Je n’avais pas ta lâcheté à le fuir. Car au fond, plus encore qu’une course à liberté, tu n’étais probablement qu’un froussard effrayé de succomber à un sentiment qui le dépassait. « Tu ne dois même pas savoir l’écrire correctement, » raillais-je moqueuse et amère. À mon tour de te juger. Après tout, pourquoi serais-je la seule idiote de nos deux ? Au contraire, tu étais celui qui passait à côté de la vérité. De la beauté que l’amour pouvait nous apporter. « J’ai assurément fréquenté beaucoup moins de monde que toi, mais moi au moins, je sais ce qu’est aimer. Et sa valeur. » Trop précieux pour le négliger. Trop rare pour l’éviter. « Toi qui ne choisit toujours que la facilité, tu ne peux rien comprendre d’une véritable relation, alors garde tes commentaires et tais-toi. » Parce que c’était ça l’amour aussi, comme une récompense pour les efforts qu’on lui témoignait. Il n’y avait de bonheur sans malheur, tout comme il n’y avait d’amour sans douleur. Des plaies et des peines que lui seul infligeait. Que lui seul guérissait.

Toi qui me tournait le dos, plus que la modestie, apparemment nous avions aussi le dédain en commun. Plus encore que ma vie qui ne te regardait, je ne méritais tes regards lorsque tu me parlais. Ne savais-tu que tourner le dos à son ennemi pouvait être fatal ? Si je ne te porterais de coup, par cette attitude, tu m’incitais à chercher conflit. Ou peut-être seulement à imposer ma présence. En quelques foulées, la pièce j’avais traversé. Juste derrière toi, je me tenais. Sans bouger, sans un bruit tout d’abord. Puis, le mouvement je reprenais d’un pas à la fois en avant et sur le côté afin de poster à demi à côté de toi. Mon bras se tendit non loin du tien pour poser ta bouteille à l’eau de laquelle je n’aurais gouté sur ton bureau. « Dès que Mingyun aura un peu plus de force nous le présenterons à Aki, afin que moi aussi, je puisse le garder de temps en temps dans ma chambre, » annonçais-je d’un ton neutre, quoiqu’un soupçon autoritaire, ne laissant place à la discussion. Ma susceptibilité vexée par ton attention précédemment détournée, que ton bureau et ton ordinateur tu aimes décidément tant pour les préférer à moi, je m’immisçais entre le meuble et toi. Je m’imposais de plus belle afin d’ancrer mon regard dans le tien. « Désormais, c’est aussi mon chaton ! » Nous l’avions peut-être trouvé tous les deux. Nous l’avions sauvé tous les deux. Certes, dans ta chambre il avait été hébergé. Tu étais celui qui l’avait emmené être soigné. Néanmoins, je l’affectionnais déjà aussi. Il ne serait ni tien, ni mien, mais le nôtre.

Sur ces mots, de mon index pointé, déposé contre la pointe de ton épaule, je te repoussais. Sans violence, sans doute mon geste suffirait-il à te faire comprendre. Je souhaitais à présent m’extraire de cette promiscuité un peu trop exacerbée entre nous. Celle-ci que j’avais initié mais par seul intention de provocation. Je préférais la rompre avant de n’en éprouver moi-même de la gêne. Que mon corps puisse commencer à ressentir. Ainsi, je m’esquivais sans hésiter. Assez prestement, je m’éloignais avec pour objectif la porte qui me mènerait à la sortie, à notre séparation. D’ailleurs à ce propos : « Ah ! Et… » Aussitôt ma main ayant tiré sur la poignée, le battant ouvert, je m’arrêtais. Volte-face, un dernier affrontement avant de partir. Une dernière précision : « Si je reste avec lui c’est parce que je l’aime ! Il est… » L’homme de ma vie des mots que pourtant, face à toi, à la croisée de nos regards, je ne parvins plus à prononcer. Une conviction envolée que je nierais, démentirais, la mettant sur le compte d’une gorge trop asséchée. Si seulement j’avais accepté de boire un peu de cette eau dont la bouteille tu avais imposé entre mes doigts, un tel heurt je n’aurais rencontré. C’était certain. Je ne réitérais l’essai cependant. Incapable de former ces mots de mes lèvres alors que de mes prunelles je te fixais. Je ne comprenais, et préférais esquivé plutôt que de chercher. Je tournais les talons, sur le départ. Ma tête se tourna néanmoins, jetant un regard par-dessus mon épaule. « Je repasserais demain matin. » De ces mots prononcés presque dans un souffle s’exprimait d’apparence presque un avertissement, pourtant, ils s’imprégnaient aussi d’une douceur mélangée à un dépit que je ne pouvais contrôler. Il semblerait que j’eus sincèrement envie de rester…

(c) DΛNDELION
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Re: Night under control.. or not #HaRa ♡♡♡ | Mer 25 Juil - 19:46
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Night under control... or not
Free yourself cutie
Perfect HaRa ❤️

« Is something stimulating what I really want?
Don’t stop on instinct,
An improvised line is for the best, so
come on, shout it out! »
Des réminiscences du passé nous ne pouvions nous échapper. Importait peu l’ardeur que nous mettions à la tâche, un jour venait où, inéluctable nature dont nous étions fait, ces souvenirs finiraient par jaillir hors de notre subconscient. N’était-ce donc de notre droit - ou cela serait-il davantage un devoir envers nous-même? - de voir naître et fleurir le désir, égoïste, de n’avoir de regrets au fil de nos vies? Que chaque souvenir fasse éclore un sourire sur nos visages, chacun à leur façon propre; que certains amènent avec eux l’éclat de bonheur d’un rire partagé; qu’avec les années passées, nous puissions nous émouvoir de ces jours heureux. Si plus jeune je n’avais réalisé combien cette vie était précieuse, combien je devais chérir ces innombrables moments passés avec mes proches mais aussi à quelle vitesse le temps pouvait défiler sous nos yeux impuissants, à présent je ne le savais que trop bien. Je ne l’avais que trop compris. Pourtant, je ne parvenais à participer à cette course contre la montre. Plus qu’un nombre effarants de souvenirs, je préférais la pureté et la sincérité de ceux-ci. La singularité qui s’en dégageait. Rien n’était plus beau qu’un coeur battant au seul souvenir, à la seule évocation, de ces aventures constituant une vie toute entière. Nul besoin d’excentricité pour cela, quand bien même je n’étais de ceux qui savaient vivre discrètement dans leur coin, un moment dans sa plus grande simplicité suffisait amplement. Un seul instant qui saurait donner naissance à un souvenir doté de sa propre empreinte dans notre existence. Rien n’était plus beau que le voile couvrant nos iris au souvenir de celle pour qui l’on vibrait. Nul besoin de complicité pour qu’un lien particulier ne se créer entre deux personnes, bien qu’à cet instant je ne réalisais combien cela pouvait être vrai, l’alchimie aussi particulière puisse-t-elle être suffisait à elle seule. Après tout, passion n’était exclusif à l’amour, celle-ci pouvait prendre tant de visage, allant de la haine à l’intérêt innocent pour un sujet particulier... Nul besoin de reconnaître ce lien pour qu’il nous devienne indispensable, un besoin qui n’avait sa place à cet instant, la nature se chargerait de l’instaurer dans nos vies quoi qu’il advienne.

Ces instants que nous partagions dès à présent, n’étaient-ils fragments de souvenir que nous chérirons dans les temps à venir? Au jour d’aujourd’hui, je ne parvenais à voir combien ces échanges n’étaient anodins. J’étais aveugle à ton désir de rester - rien qu’un peu - plus longtemps dans cette chambre, toi qui demeurait à l’entrée sans jamais la traverser. Je ne parvenais à admettre combien, nos rencontres se succédant, je réussissais à te découvrir un peu plus toi et ton univers pourtant hors d’atteinte.

A l’avenir, me rendrais-je compte de combien j’eus été idiot ce jour-là?



D’un discret mais perceptible mouvement de la commissure des lèvres, esquisse d’un sourire que je ne pouvais réprimer, j’accueillais ta défense. Ou n’était-ce là une attaque de ta part? Déjà, semblerait-il que cela soit devenu une habitude entre nous: nous défendre en attaquant. Points stratégiques ou non, toute arme était bonne à utiliser dans cette bataille. Alors à ma question, tu répondis par une nouvelle; certaine de devenir maître du jeu - d’un jeu que nous ne contrôlions de toute évidence - sans sembler te douter un seul instant que jamais tu n’aurais telle place à mes yeux. Ce sourire irrépressible n’en était que trop la preuve. Soufflant l’amusement dont il était né, créant la vague illusion d’une moquerie. Tu n’étais parvenue à me dompter et tu n’y parviendrais, ne naissait qu’un doux ressenti au creux de mon coeur: la douceur croissante de ton adorable réaction. Tel un chaton feulant à mon encontre, ta voix aiguë ne parvenait à m’effrayer. Encore et encore naissait l’envie de t’entendre t’énerver dès lors que ma main j’approchais de ton crâne afin de l’en gratifier de quelques caresses. Il te faudrait bien davantage pour me convaincre de ne recommencer à l’avenir, car te voir ainsi semblait devenir une dépendance dont je ne pouvais me passer mais dont je tairais l’existence. « Oh vraiment? » Furent bien là, les seuls mots soufflés qui passèrent la barrière de mes lèvres en réponse. Emplis d’une déception feinte, si à tes oreilles ces derniers parvenaient, assurément, tu en saisirais toute l’ironie qui s’en dégageait. Avec certitude, je pouvais affirmer qu’ils déclencheraient en ta personne, une rage qui n’avait d’égale jusqu’à lors. Tout du moins, je parvenais à l’imaginer avec netteté dans mon esprit, et quelle n’était la particularité de cette scène dépeinte. De toute beauté !

Tant en affrontement direct que dans mes pensées, t’embêter semblait être source perpétuelle de bonheur dans mon quotidien. Une piqûre de félicité à l’état brute dont j’étais gratifié. Du regard que tu m’adressais lors de nos altercations à tes réactions toujours plus imprévisibles, toujours plus explosives; jamais je ne m’en lassais. Jamais je ne m’en satisfaisait également, néanmoins, ton départ se rapprochant à grand pas, une interrogation restait en suspens. Non désireux de te taquiner, je n’aimais néanmoins bouleverser un quotidien aux codes pré-établis, aux impératifs desquels un avenir pourrait dépendre. Oh je n’oubliais celui de notre chaton, notre Mingyun qui, à cet instant, se lovait dans des draps totalement dérangés en guise de protection tantôt à la lumière, tantôt à la fraîcheur potentielle de la pièce; mais à cet instant c’était du tien que je m’enquérais. D’apparence, probablement, n’apparaissais-je comme un garçon des plus studieux. Un simple geek amoureux des ordinateurs qui, une fois les cours terminés, s’en dépêchait de retourner sur son FPS préféré. Un enfant qui se refusait de grandir. Pourtant, derrière cette façade se cachait un garçon qui se plaisait à apprendre dans son domaine d’étude, qui de toujours préférait celui-ci à son travail car garant d’un bien plus bel avenir et d’un bien plus grand rêve. N’existait la seule passion de cet univers particulier et virtuel, un rêve d’adolescent en découlait, aussi improbable cela puisse paraître. Ainsi, je me surprenais à penser qu’il en fut de même pour toi, élève de médecine. N’avais-tu un rêve pour te consacrer à ce cursus qui, assurément, s’avérait l’un des plus ardu à maîtriser? Si un instant de réflexion j’aurais accorder à ce sujet, sans doute aurais-je pu apercevoir dans ton assiduité les mêmes envies intéressées que beaucoup d’autres. L’argent. Le statut. La stabilité. La notoriété. C’était bien là, des raisons suffisantes pour s’orienter vers une telle discipline dans l’esprit de bien des personnes. Mais toi qui, vraisemblablement, n’était aussi perdue dans ces nuages berçant nos rêves à nous, esprits insouciants et irresponsables, était-ce ton cas également? Voyais-tu, à ces métiers de la santé, un moyen efficace d’obtenir une situation stable quitte à délaisser la passion et l’amour d’une activité au quotidien? Bien qu’une fois encore, si du temps j’accordais à cette réflexion, il m’apparaitrait évident que tu n’en avais nullement besoin.

Alors je l’admettais, je me plaisais à penser que tu puisses désirer atteindre un objectif, réaliser un rêve, qui avait prit naissance il y a de cela, probablement, plusieurs années déjà dans ton esprit. Pourtant à ma curiosité, tu ne répondais immédiatement, comme si j’avais le devoir de préciser mes intentions avant que ta garde tu n’abaisse face à moi. Comme si j’étais un intru dont les aspirations n’étaient que trop abstraites pour obtenir confiance aussi aisément. Et j’obtempérais alors. De ma bonne foi je te faisais part dans une inquiétude qui semblas t’étonner. Qui te désarmait temporairement tant elle se parait d’une prévoyance inattendue de ma part? A moins que cette question ne t’apparaissait comme totalement stupide? Je ne savais quelle alternative choisir afin d’interpréter ta réaction à cet instant précis néanmoins, réponse tu m’apportais enfin dans les secondes suivantes et de quelques notes sur mon portable je reportais tes paroles afin de m’assurer que je ne les oublierais. Ainsi fait, je m’interrogeais sur tes horaires et les heures de pauses dont tu pourrais être dispensée au fil de la matinée. Si le contenu de ces cours s’avérait réellement important, ne devrais-je prendre la peine de t’envoyer des nouvelles de notre chaton pendant l’un de ces intercours? Bien qu’il serait invraisemblable d’imaginer que tu ne t’inquiètes outre mesure quant à sa santé durant ce laps de temps... Regard rivé quelques instants sur les informations renseignées à l’écran, tu décidais d’ajouter quelques précisions à ta réponse afin d’orienter la mienne, bien que de son existence tu ne devais avoir conscience. Ce fut donc d’un nouveau regard en ta direction que je t’informais de combien j’étais attentif à tes dires et disposé à prendre en compte tes requêtes si celles-ci s’avéraient dans mes cordes. Au fil des mots se succédant, je ne tirais pourtant qu’une conclusion: ton désir de connaître le destin de notre chaton. Importait peu quand de ses nouvelles tu recevais, ta seule préoccupation fut de t’assurer que tu en avais bel et bien. « J’ai compris. Je t’enverrais des nouvelles aussi vite que possible. » t’assurais-je accompagné d’un sourire afin que tu ne t’évertue à quémander après des nouvelles ou que, tout simplement, tu ne t’inquiètes de n’en recevoir. Tu en aurais, quand bien même, je n’étais sûr et certain de vouloir t’annoncer une mauvaise nouvelle par messages si c’était d’un tel destin auquel il était condamné… Probablement que, si cette situation se présentait, je devrais en venir à l’annoncer en personne après m’être informé sur l’amphithéâtre où tu te trouverais. Je ne désirais avoir à le faire. J’aurais préféré n’avoir à penser ainsi, mais combien de temps était-il resté avec ses défunts frères à ses côtés? Combien de temps s’était-il battu dans le froid hivernal? Nous ne pouvions savoir s’il souffrait à l’heure actuelle ou si quelques germes mortels avaient su trouver refuge dans son organisme au fil de sa courte existence. Ne pas me montrer trop enthousiaste pour ne avoir à souffrir outre mesure était là la solution pour laquelle j’optais. Bien qu’il était mentir de penser que je n’espérais après sa survie, que je ne l’attendais. Je désirais le voir vivre plus que tout autre chose au monde à cet instant.

Bloc-note fermé sur mon écran à l’inverse, cette porte tu gardais grande ouverte et de celle-ci nombreux étaient les bruits provenant des chambres voisines. Nous nous étions réveillés bien tôt en comparaison au reste du dortoir et si j’y étais habitué, cela ne restait pas moins surprenant chaque matin. Ouvrir les yeux sans entendre le moindre bruit, un silence absolu et déroutant pour moi. Après tout, ma mère était davantage le genre de femme à écouter de la musique pendant qu’elle cuisinait alors quand ce n’était la radio qui se chargeait de l’accompagner dans ses tâches quotidiennes, c’était la télévision dans la salle à manger qui occupait ce poste. Qu’elle n’avait donc été ma surprise les premiers matins lorsque, ouvrant la porte, je me rendais compte du silence religieux qui traversait ces couloirs. Déroutant pour une fraternité que j’avais appris comme étant l’une des plus vivantes de l’université et représentée par les renards, ces animaux dotés d’une énergie à toute épreuve; mais également apaisant. Je n’étais certain de parvenir à m’habituer aux cris et autres bruits aussi étranges qu’intensément fort qui pourraient provenir de mes comparses renards. Je savais alors apprécier ces matins de calme desquels suivaient, irrémédiablement, l’agitation d’une vie en communauté quasi-permanente. Seule ma chambre offrait un pseudo havre de paix une fois mon casque vissé sur les oreilles. Pseudo, car cela n’empêchait cependant pas certains de pénétrer en son sein afin de venir s’assurer que le chinois arrivé en plein milieu d’année vivait, lui aussi, sa part de chaos gumiesque. Seulement trois mois s’étaient écoulés depuis mon arrivée et quand bien même ce lieu me semblait toujours être étranger, peu à peu, je parvenais à trouver mes marques, à me familiariser avec ces couloirs et ses habitants. Peut-être un jour parviendrais-je à considérer ce lieu comme un « chez moi »?

Incertain quant à cette hypothèse, il en existait une autre qui, cette fois, s’avérait des plus évidentes. De cette pièce investie par ma personne au mois d’Octobre tu devais prendre à présent ton envol afin que ne naissent remarques et soupçons. Je ne connaissais encore l’ampleur que pouvait donner les gumiho à une telle rumeur, néanmoins, j’étais certain qu’ils ne feraient dans la dentelle. Sans même se soucier de la véracité de leur dire. Sans même s’inquiéter des répercussions possible sur ton couple. Probablement, y repenseraient-ils lorsque ta fureur s’abattrait sur eux en guise de punition? Je ne pouvais imaginer ce qu’il adviendrait de ces téméraires si une telle situation venait à se concrétiser. Je ne pouvais, non plus, imaginer la douleur qui t’habiterait si tes fiançailles se voyaient rompues pour une telle gaminerie.. Je ne pouvais que comprendre, aux bruits naissants des renards s’éveillant et au regard que tu lança vers le couloir, qu’un instant à l’autre, tu serais amener à filer rapidement vers tes quartiers. Sur le bouton marche/arrêt de mon portable j’appuyais afin d’en éteindre l’écran avant de reposer l’outil de communication sur ma table de chevet. A mon tour, je devrais me préparer pour la journée à venir bien que quelque peu chamboulée dans son programme initial par la présence de notre chaton. « Je te tiens au courant! » T’assurais-je une dernière fois avant ton départ hors de la pièce pour rejoindre, assurément, ta chambre. La porte je quittais du regard pour m’en avancer vers Mingyun, curieux de son état et ce avec quoi il pouvait s’occuper depuis tout ce temps. Du bout du doigt le drap je repoussais avec délicatesse afin de découvrir l’animal grignotant un pan replié de celui-ci. Preuve qu’il ne semblait aller si mal en fin de compte! Esquisse d’un sourire aux lèvres, caresse adressée à cette petite tête velue avant qu’à ma préparation je ne m’affaire le plus rapidement possible.

Douche prise, cheveux encore humides et serviette autour de la taille, de retour dans ma chambre j’en venais à appeler le vétérinaire à présent ouvert. S’il ne semblait disposé à un rendez-vous tôt dans la journée, les circonstances expliquées, le seul créneau libre de quinze heure devenait un doux « emmenez-le le plus vite possible à la clinique » qui ne pouvait que ravir mon coeur inquiet. Et sans aucun doute le tien également lorsque d’un message je t’aurais gratifié. Appel terminé, je revenais une nouvelle fois voir notre battant dans les draps. Je ne mentirais en disant qu’il me fallut quelques instants de fouilles et son nom appelé à plusieurs reprises pour daigner voir le bout de museau de ce cachotier. « Je m’habille et on va voir le vétérinaire, d’accord? Attends moi sagement. » Quelques mots murmurés qui ne semblaient toucher l’animal mais qui, assurément, de mon côté serraient un coeur affaibli par l’angoisse grandissante. Irait-il bien? Continuerait-il à jouer ainsi dans mes draps pour les jours à venir? A présent dans ma vie - dans nos vies - je n’arrivais à l’imaginer la quitter. Une bonnes dizaine de secondes à observer le petit animal avant de ne bondir sur mes pattes pour m’en aller à l’armoire et, ainsi, revêtir quelques vêtements chauds. L’hiver battait son plein à Séoul et si les températures s’avéraient plus agréables que dans ma ville d’origine, je ne pouvais nier y être sensible malgré tout. Quand bien même ma tignasse était et resterait humide jusqu’à ce qu’elle serait décidée à sécher à l’air libre…

Paré à affronter le froid de l’hiver, chaton bercé par l’épaisse écharpe de la veille; de mon portable je me munissais afin de te faire parvenir un message mais de mon portefeuille également afin de prendre en charge la consultation. Peut-être, t’attendrais-tu à des nouvelles du chaton et ton coeur bondirait en voyant mon message, néanmoins, n’était-ce plus simple pour toi de savoir quand je me mettais en route exactement? Ainsi, une image mentale tu pouvais te faire du temps restant avant que de véritables nouvelles quant à notre rescapé te soient communiquées. Ainsi, ton esprit se verrait apaiser pour les prochaines dizaines de minutes à venir. Alors, je ne faisais dans les détails, un simple « Je pars chez le véto :3 » en guise d’annonce avant que je ne quitte ma chambre, l’estomac encore vide. De temps pour passer à la cuisine de la fraternité je n’avais, la faim ne m’avait gagnée de toute façon.. A quoi bon perdre du temps à ingérer quelque chose qui, assurément, déclencherait une gêne dans mon estomac? Tant que nous ne saurions pour Mingyun, je n’étais certain de pouvoir avaler quelque chose…



Plusieurs dizaines de minutes s’étaient écoulées depuis le message que je t’avais envoyé. Des minutes qui, de mon côté, n’avaient semblées si longues. Ma seule préoccupation fut de garder Mingyun au chaud dans la fibre de mon vêtement afin de ne fragiliser davantage son organisme, mon inquiétude s’était chargée du reste: la vitesse de marche, la destination. Rien n’était réfléchi, tout s’avérait instinctif. Mais à présent, je ne pouvais que patienter, assis sur une chaise tandis que notre chaton se trouvait dans les mains d’un spécialiste. Ces mains qui lui affirmeraient si, oui ou non, notre bébé survivra… Coudes contre les cuisses, regard fixe sur les revues présentes sur la table basse face à moi et menton soutenu par la paume de la main, jamais je n’avais eu le sentiment que le temps s’était ralenti. Les secondes étaient insoutenables. Chaque bruits de pas attiraient mon attention outre mesure. Chaque personne amenant avec elle son animal n’amenait que fantasme et espoir quant à la survie du félin. Après plusieurs minutes passées à attendre sagement, je décidais de me lever afin d’arpenter la partie magasin de la clinique. Des cousins aux cages pour animaux, mais aussi les accessoires et les jouets. Un nombre incalculables d’articles qui, naturellement, attiraient mes yeux. Si Mingyun parvenait à s’en sortir, ne devrais-je lui acheter un coussin pour qu’il trouve place dans ma chambre? Nous aurions également besoin de jouets, une cage de transport, des croquettes et du lait bien particulier pour son estomac probablement fragile. Je ne voulais nourrir de vains espoirs, pourtant, c’était bel et bien ce que je faisais en listant un à un les articles indispensables à son quotidien…

Dans un couloir, des bruits de pas et, enfin, je m’en retournais vers le vétérinaire qui s’approchait. La distance je réduisais alors, inquiétude dans le regard, espoir et angoisse étroitement mêlées que, bien vite, l’homme remplaçait par le bonheur. Le soulagement me gagnait. Le stress s’envolait. Mingyun survivrait. Bien entendu, sa constitution s’avérait faible à avoir traversé une telle épreuve en dépit de son jeune âge et il devait apprendre à se nourrir par encore plus de fraction que d’autres chatons. Aussi, le spécialiste préférait prendre des mesures de précaution quant à la croissance du félin qu’il ne pouvait garantir comme digne de celle des autres, probablement que le survivant se verrait plus petit que les autres de son âge. Mais cela avait-il une quelconque importance? Bien sûr que non. Tant qu’il vivait, rien d’autres n’avaient d’importance. Rapidement, de mon portable je me saisissais et notre discussion j’ouvrais. « Faites lui les vaccins et tout ce qu’il faut, je vais acheter ce qu’il faut pour lui dans la boutique en attendant. » Déclarais-je avant d’être accompagné par le vétérinaire afin de choisir les bonnes marques et spécificités pour l’alimentation du chaton. Attentif, j’écoutais ses conseils et recommandations qu’à aucun instant je n’oubliais même si de notes je ne prenais. Peu importait le prix que j’aurais à débourser pour sa santé, du meilleur je me saisissais pour me diriger vers le comptoir tandis que l’homme repartait dans la salle avec le chaton afin de lui administrer les vaccins et antibiotiques nécessaires. « Mingyun va bien. Le vétérinaire lui fait les vaccins en ce moment même, j’achète ce qu’il faut pour lui et on rentre! » Message envoyé à destination de ta personne et mon mobile je rangeais dans la poche de mon jeans. Les mains libres, je pouvais à présent m’enquérir des objets ayant donnés naissance à tous ces espoirs précédents.

C’était alors avec beaucoup d’attention que je choisissais un coussin pour Mingyun, quand bien même il n’y avait à douter de son amour pour mes draps, une fois plus grand, il ne pourrait continuer à dormir tous les soirs dans ceux-ci… Ou le pouvait-il? L’image de mes nuits à venir se profilait dans mon esprit et, si je ne mentais en avouant combien dormir avec lui ne me dérangeait - et même me plaisait- , je me devais également d’être réaliste: il avait besoin d’un coussin. De l’un je me saisissais alors avant de m’orienter vers les jouets et accessoires dont il pourrait avoir besoin dans son évolution. Face à eux, j’eus un instant d’hésitation… Serait-il aussi sélectif que Jungah? Je ne pouvais omettre cette possibilité bien que, d’une certaine façon, les jouets inutilisés ne serait perdus. Nos chats à Harbin serait plus qu’heureux de pouvoir mettre la patte sur de nouveaux trésors pour lesquels se battre au quotidien! Avant de l’habituer à devenir un Prince duquel je répondrais à ses moindres désirs, je décidais d’offrir une chance à ces jouets communs et choisit par ma propre personne. Si d’intérêt il n’y portait alors ne restait que la sélection de sa royauté à effectuer. Mais après avoir survécu à toute cette misère, n’avait-il le droit d’agir comme un Roi? Je n’aimais penser qu’il eût été sauvé pour réaliser de grande choses mais si la vie lui était offerte, alors à sa façon,à son échelle, il pouvait en être Roi.

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Chacun à notre façon, nous pouvions l’être; souverains. Nul pays auquel s'ériger maître n’était nécessaire pour cela, nulles vies humaines à commander excepté une: la notre. De celle-ci nous étions rois et reines uniques, les seuls dirigeants qu’elle n’aurait jamais, de sa création initiale à sa disparition inévitable. Et si par moment la génétique s’acharnait à la roulette du hasard, ne pouvions-nous néanmoins affirmé qu’au préambule de notre histoire, chacun disposait des mêmes dispositions naturelles? Que nous naissions dans une famille fortunée ou vivant sous le seuil de pauvreté, que nos parents soient ceux nous ayant donné vie ou ceux nous ayant recueilli pour l’accompagner, nul autre que nous ne pouvait l’effectuer: notre premier pas. Celui-ci même qui sonnait le début d’un marathon dont la durée n’était déterminée à l’avance. Nous ne savions combien de temps nous aurions à courir, nous ne savions parfois quels chemins emprunter. Par moment, nous aurions besoin d’une pause afin d’éclaircir nos pensées, par d’autres d’une main tendue pour nous relever d’une chute causée par un faux pas. Néanmoins nous étions bien les seuls à pouvoir parcourir la distance nous séparant de l’arrivée. Certains choisiraient quelques raccourcis, d’autres préféreront les détours; les plus téméraires s’approcheraient des zones sinueuses, là où les plus prudents préféreront la sécurité d’un chemin éclairé et d’apparence stable. Mais combien d’hommes prudents s’étaient vu tout perdre pour leur manque de témérité? Combien de téméraires vivaient des jours heureux et incroyablement emplis de réussite malgré leur manque de prudence? Ceux ayant préférés les raccourcis voyaient parfois leur courses se rallonger inexorablement, tandis que les plus ambitieux effleuraient la fin du circuit bien trop tôt à leur goût. N’était-ce là, la preuve qu’un destin n’existait? Si celui-ci régissait réellement nos vies, ne devrait-il, en toute logique, rallonger la course de ceux préférant les détours et raccourcir celle de ceux s’adonnant aux raccourcis? Ces indications érigées sur notre parcours ne portaient aucune signification véritable, l’accumulation de nos choix et nos actions, seuls eux, comptaient véritablement. Je ne croyais au destin préfabriqué, nous étions seuls maître de cet avenir qui nous attendait.

Plus jeune déjà, semblerait-il que j’eus compris ce principe. Seulement âgé de quatorze ans, l’adolescent que j’étais avait pris la décision de choisir la prochaine intersection du marathon de lui-même. Qu’importait l’avis de mes parents, qu’importait celui de mes enseignants, sur le chemin que je foulais actuellement je m’étais engagé et personne n’avait réussi à m’en détourner. Combien de fois avais-je entendu mon paternel me poser cette question: « Quand comptes-tu aller en médecine? » au vu de mes résultats plus que satisfaisant en science et combien de fois lui avais-je répondu: « Jamais? ». Trop de fois pour être dénombré avec certitude, probablement pas assez pour l’en détourner. Au jour d’aujourd’hui, il était certain qu’il devait se questionner quant à savoir comment il parviendrait à me faire changer d’avis, ainsi, à notre prochaine rencontre, d’un nouveau stratagème il se parerait. Préparation vaine puisqu’à chaque retrouvailles, de nouvelles preuves de ma réussite je lui apportais. De mes voyages en pays étrangers parfois tout frais payé par les compagnies aux revenus que mes lives engendraient, n’oublions les vidéos sponsorisées et les discussions avec d’éventuels sponsors prêt à tout pour faire connaître leur marque. Ne manquaient les occasions de lui afficher ma réussite dans un milieu qui représentait une perte de temps à ses yeux de quinquénaire. Dans nos discussions, je n’oubliais bien entendu de marquer combien mes heures à garder des animaux s’avéraient, elles aussi, plus que fructueuses. Pour lui qui, jusqu’ici, n’avait changé son regard sur une telle discipline - n’étant qu’un emploi à temps partiel pendant les vacances afin de permettre à un lycéen de gagner un brin d’argent de poche en plus que ce que c’est parents lui offrait - j’aspirais un jour à lui montrer combien, au fil du temps passant, l’argent que cette activité rapportait permettait des économies non-négligeables. Je ne détestais cet homme qu’était mon père, dire que je l’aimais véritablement s’avérait néanmoins compliqué au vu de son absence quasi permanente dans ma vie et c’était bien ce fait qui me poussait toujours plus à le confronter et non l’écouter docilement. De ma personne, il ne connaissait rien. D’efforts il n’avait jamais fait et d’un pas en avant pour m’aider à accepter sa présence dans des décisions importantes de ma vie, encore moins. Woo Young Jae était ce genre d’homme après tout. Absent la quasi totalité de nos vies mais, si de sa présence il nous gratifiait, nous avions le devoir de l’écouter et lui obéir; plus encore depuis que sa femme, ma mère, avait formulé l’envie de garder cette maison à Harbin. Fini les déménagements au gré de ses voyages et mutations, fini le sentiment d’être le centre de gravité de notre famille, sans doute était-ce là le plus difficile à accepter pour lui.

Mais si plus jeune, j’étais parvenu à comprendre et agir de la sorte, ce n’était par pur esprit de rébellion envers un système qui m'apparaissait comme révolu depuis des années. Probablement, voulais-je également attirer l’attention de mon paternel sur moi - sur nous - en compromettant ses plans d’avenir pour son dernier enfant; je ne pouvais nier cette envie bien qu’infime. Néanmoins, c’était une pensée plus mature qui m’avait tant amené à poursuivre dans cette direction; celle que nul ne pouvait vivre ma vie autre que moi. Nul ne devait alors décider de ce que je devrais en faire ni comment. Oh, c’était bien là une pensée puérile, digne de tous adolescents en pleine guerre contre ses parents mais jamais je n’avais été ainsi. Plus qu’une seule « envie de » revendiquée bruyamment mais stupidement, c’était d’ambition et de patience que je m’étais paré, d’une vision claire de ce qu’il adviendrait dans les années à venir. Plus précis qu’un GPS, je savais quelle était ma destination finale et le chemin à emprunter sur ce parcours tumultueux qu’était l’univers du jeu vidéo et de la programmation. Et pour parvenir à cet avenir, j’étais prêt à beaucoup. Alors, si plus jeune déjà j’étais parvenu à de telles pensées, âgée de vingt ans, ne pourrais-tu réussir à déterminer ce à quoi tu aspirais dans la vie? De ces longues phrases auxquels tu ne répondais, c’était bien l’idée que je souhaitais t’insuffler. Ne pas courir à en perdre haleine sans regarder où tu allais, mais bel et bien prendre le temps d’analyser les possibilités qui s’offraient à toi et ce que tu désirais vraiment. Sans contraintes. Sans obstacles. Sans limites. Tout était permis si tu savais t’armer de patience et d’ambition, ainsi même les rêves les plus fous pouvaient devenir réalité. Mais Hera, étais-tu disposée à penser de la sorte? Toi dont l’esprit était si terre à terre, n’apparaissais-je comme un enfant rebelle à tes yeux? Seulement un insouciant et irresponsable garçon qui ne savait de quoi il parlait…

Et j’eus raison à entendre le son de ta voix. Froide. Distante. Mes propos ne serviraient, tu n’en tirais nul souffle de liberté au parfum doux et agréable, pour toi, tout ceci n’était qu’une bourrasque passagère qui dérogeait aux prévisions météo annoncées le matin même. Telle était la réalité à laquelle je devais faire face. Et je me résignais. Une partie de ma personne se résignait, peut-être trop facilement d’ailleurs, mais j’avais conscience de combien tu ne m’appréciais. Quels que puissent être les mots passant la barrière de mes lèvres, aucuns d’eux ne parviendraient à t’effleurer alors pourquoi m’acharner vainement? Je ne trouvais même l’envie de railler après ta migraine. Je doutais très fort que mes paroles furent celles déclenchant une telle douleur, ce matin j’aurais pu l’admettre - un réveil difficile où moindre petit souffle devenait cri assourdissant - mais à présent que la journée était passée, je ne parvenais à le concevoir. Un geste trop vif devait probablement avoir provoqué cette douleur plus que tout autre chose. Mais trop fière, trop décidée à me voir source de malheurs dans ta vie, sans doute préférais-tu me blâmer. D’une part, cela s’avérait d’un risible ridicule. A me demander pourquoi, la veille même, je m’étais tant inquiété pour toi; au point de chambouler ma soirée pour t’emmener dans un bar. D’autre part, je ne niais ma part de responsabilité quant à ta sensibilité crânienne du jour. A ta consommation j’aurais probablement dû être plus attentif, plus restrictif également. Notamment sur ces shooters qui devaient avoir une part de responsabilité plutôt importante pour toi qui n’avait habitude de boire autant. Et c’était probablement là, le coeur même du problème. Je n’avais pour habitude de sortir avec des gens qui n’étaient habitué à boire. De mon groupe d’ami, j’étais probablement celui qui avait goûté à l’alcool le plus tard dans sa vie, celui qui apprenait les effets sous l’oeil attentif des autres s’assurant que je ne finisse assis au bord des toilettes à vider un estomac pour qui ces substances étaient encore trop inconnues. Alors bien évidemment, à ta sécurité j’avais veillé, à ton état également afin que tu ne finisse aux urgences, mais aux effets du lendemain je n’avais pas pensé. Que cette soirée me serve de leçon, à l’avenir je m’assurerais de te donner un aspirine avant que tu ne t’endorme…

D’une autre leçon j’étais gratifié à cet instant même: si me taire tu me disais, alors me taire je devais. Oh j’avais parfaitement conscience qu’à l’avenir, dans une situation semblable, je ne saurais le faire. Je n’étais si domptable. Si une question tu posais, n’espérais-tu après une réponse? Alors bien entendu, j’y répondrais qu’importe si tu me disais de garder ses lèvres closes, je ne parviendrais à m’exécuter. Néanmoins, là, maintenant, je regrettais d’avoir pu imaginer qu’un seul instant tu puisses trouver une piste de réflexion, rien que cela, au travers de mes propos. Tu ne tenais à les entendre et, à présent formuler, tu trouvais plaisir à déverser un venin dont je ne trouvais d’origine afin d’y répondre. A moins que le terme plus approprié soit  « te moquer » dans cette situation? Plus que de froideur, ce fut d’ironie, probablement d’une pointe de sarcasme agrémentée, que se dotait ta voix. Etait-ce si invraisemblable de ma part? Si risible que tu te plaisais à le formuler? Contrairement à toi qui ne semblait disposée à prendre en considération la moindre idée émanant de ma personne, à tes propos, tes moqueries, je réfléchissais sincèrement. Je ne désirais t’apprendre que si, cet amour qui semblait faire défaut à ma vie cruellement, je l’avais vécu un jour. Quand bien même, il n’avait souvenirs d’avoir été partagé malgré notre relation de couple affichée, j’avais aimé. Durant ces deux longues années, je l’avais vécu moi aussi. Stupidement. Naïvement. Mais il n’était aussi inexistant que tu plaisais à le penser. Pour détester l’amour, pour le fuir, ne fallait-il pas l’avoir rencontré d’une façon ou d’une autre au moins une fois dans sa vie? Pourtant cette idée ne semblait effleurer ton esprit échauffé, trop préoccupée à juger ce que tu ne connaissais. Car après tout, malgré les mois passant et les multiples fois où nous nous étions vus, nous ne nous connaissions. Sur ta vie je ne pouvais porter de jugement tout comme de ta part, je n’attendais de jugement sur la mienne - bien qu’à la différence, assurément, si un quelconque avis tu portais, sur celui-ci j’étais enclin à réfléchir -. Avais-je déroger à cette règle précédemment? De par mon désir de te voir heureuse, de te pousser à réfléchir sur ta vie puisque tu semblais peinée temporairement, avais-je jugé ta vie? Ton couple? Au travers de mes propos que je relatais dans mon esprit, je ne mettais pourtant le doigt sur une phrase ayant pu tant te froisser. Devais-je alors comprendre qu’en ce moment même, tu te plaisais à décharger une méchanceté gratuite mais nécessaire afin de retrouver une certaine paix intérieure? Ainsi, je faisais office de punching ball involontaire, étant la première personne sur qui passer tes nerfs. Probablement la seule qui, à nul instant, ne saurais t’en tenir rigueur.

Face à ce constat, je ne m’évertuais alors à trouver explication aux reproches et remarques que tu présentais sans réflexion apparente à mes sens. Il serait faux de penser qu’ils ne me peinaient d’une certaine façon car tu te plaisais là à remuer le couteau dans une plaie que je préférais ignorer que reconnaître comme toujours présente. Que tes remarques pointaient un manque évident dans ma vie que je tâchais compenser de bien des façons sans jamais réellement y parvenir. Tout comme il ne serait puéril de remarquer comme une forme de supériorité tu souhaitais imposer sur ma personne car, de nous deux, tu étais celle en couple. Ce seul fait t’autorisait-il à m’ordonner de me taire? Qu’est-ce qui était si bien dans ta relation vraisemblablement en chute libre pour que tu te dote d’un tel orgueil à son égard? Tu n’étais même pas sûre de l’aimer encore ce type… Finalement… Avais-je pressé le bouton interdit? De mes propos, avais-tu entraperçu que quelque chose ne tournait rond dans votre relation? Mais trop amoureuse, trop attachée à lui, tu préférais te murée dans l’aveuglement et le silence, l’ignorance, avec la conviction que tout allait bien. La certitude que tu étais heureuse ainsi. Peut-être, étais-tu simplement heureuse à l’idée qu’il était ton homme, lui et pas un autre, qu’entre vous il y est de l’amour ou non encore présent… Toi qui, jusqu’à présent, m’apparaissait comme une femme si terre à terre, responsable et réaliste, avais-tu également cette part de naïveté enfantine? A contrario de ma personne qui se plaisait à apparaître comme un enfant insouciant, irresponsable, que rien n’affectait mais qui savait le moment venu faire part de maturité et assumer ses responsabilités.

Rien ne m’affectait d’apparence, néanmoins, si tes pas je n’avais entendu se rapprocher, à ta soudaine apparition dans mon champ de vision, assurément mon corps n’aurait retenu un soubresaut de surprise. Quelle idée avais-tu donc eu de t’approcher aussi sournoisement? Pour répondre à cette interrogation, mon regard s’orientait brièvement vers ton joli minois avant qu’il ne soit happé par cette bouteille d’eau que je t’avais offerte plus tôt et que, visiblement, tu refusais. Qui de la marque ou de la personne t’ayant offert la bouteille était le réel souci? Lèvres pincées, du plastique j’éloignais mes iris bien que c’était ma main qui s’en approchait par la suite pour la déposer plus loin, et à nouveau mon attention je t’offrais afin d’écouter ta demande. Celle-ci s’avérait des plus légitimes, nous avions secouru ce chaton ensemble, que tu veuilles le garder certains jours ou certaines nuits s’avérait naturel. Prêt à confirmer que je comprenais ta demande, mes lèvres s’entrouvraient mais nul son ne parvenait à passer outre ses frontières. Stupéfait par la proximité étroite que tu créais soudainement, un instant, j’oubliais même que tu étais destinée à un autre. Mes iris sondaient d’eux-même ton corps si proche du mien, celui-ci même qui, en un instant, faisait naître nombres d'images inappropriées dans mon esprit. Ton chaton? A ta formulation, je relevais les yeux vers ton visage, de toute évidence surpris tant par ton entreprise que tes propos. Il n’était nécessaire pour toi de le préciser ou même le revendiquer, si Mingyun tu désirais voir ou garder, tu pouvais tout simplement venir dans la chambre pour le récupérer. Quand bien même, j’espérais que tu me préviennes afin que de peur je ne me fasses inutilement…

L’étroitesse de notre position tu rompais en poussant sur mon épaule, en quittant mon bureau pour rejoindre la porte. Ainsi, ton départ se rapprochait de nouveau.. Ta place précédente je prenais en m’appuyant sur le rebord du meuble, suivant du regard chacun de tes pas à défaut de t’accompagner poliment à la porte. Nous n’avions besoin de conventions de ce genre entre nous, n’est-ce pas? De cette bouteille qui fut précédemment tienne je me saisissais afin d’occuper mes mains, tournant l’objet encore et encore dans celles-ci pensivement. C’était à cet instant que tu décidais de faire volte-face une nouvelle fois, à croire que passer le seuil de ma porte s’avérait une décision irrévocable à chaque fois. Sourcils haussés en signe d’une curiosité grandissante quant à ces propos que tu suspendais dans les airs avant qu’enfin, tu n’ose les prononcer. Cette précision sur vous. Ce vous qui semblait si précieux à tes yeux. Ce vous que je ne comprenais. Période de doute passée, tu semblas à présent sûre de tes sentiments à son égard. Tu l’aimais… Comment avais-tu pu en douter précédemment alors? Et pourquoi cette phrase ne finissais-tu pas? Malgré la distance, de nos pupilles plantées l’une dans l’autre, j’avais le sentiment que ces mètres disparaissaient. Comme si c’était un tout nouveau centre de gravité qui me retenait sur Terre et que le reste disparaissait dans un flou incontournable. Absorbé… J’eus le sentiment de l’être. Suspendu à tes lèvres, attendant après ces mots qui ne venaient malgré tout l’amour qu’ils étaient supposés contenir, la vision de ton dos tu préférais m’offrir alors. Je ne savais pourquoi, mais face à cette scène, je ne pouvais réprimer un faible sourire. Était-il triste en sachant comme tu te plaisais dans un cocon de mensonge? Était-il heureux d’apercevoir la possibilité d’une réflexion de ta part sur ce vous? A moins, qu’il n’était en réalité amer… Amer à l’idée que tu ne prenais pas même la peine d’essayer d’expliquer tes sentiments envers lui. Je ne pouvais comprendre; n’était-ce là la pensée qui avait vu le jour dans ta dernière entreprise de me faire entendre raison? « On t’attendra. » soufflais-je pour seule et unique réponse à l’annonce de ton départ. Lançant la bouteille dans les airs afin de la réceptionner, j’en venais à faire un tour d’horizon sur ce qui était, auparavant, ma chambre; à présent, une air de jeu pour Mingyun. L’objet je reposais sur le bureau, conscient que tout ce bazar je devrais ranger avant d’aller dormir cette nuit; néanmoins de notre conversation je ne pouvais oublier le contenu. Tes doutes je ne pouvais effacer et les miens naissaient alors..

Face à l’amour,
était-il préférable de se mentir afin de vivre un bonheur factice?
Tout en priant que, jamais, cette illusion ne s’envole.
ou dans l’espoir qu’un coeur brisé le prochain ne recolle.
devrions-nous faire face qu’importait les blessures parfois destructrices?
Alors que nous attentions celui qui rimait avec toujours..

(c) DΛNDELION
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Re: Night under control.. or not #HaRa ♡♡♡ | 
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