Je suis parti devant, le cœur souffrant de ce qui vient de me séparer –définitivement ?- d’Ella. Je ne comprends pas comment tout a pu prendre ce chemin alors que nous pouvions nous embrasser sans problème dans les toilettes des filles. C’est un endroit où je n’aurais jamais pensé avoir mes meilleurs souvenirs avec une femme et pourtant… Je revois ces images, mon corps contre le sien, ces moments où nos lèvres se rencontraient sans aucun tabou, sans aucune retenue. Est-ce perdu à jamais ? C’est ce que tout semble me montrer. Je n’ai jamais autant été contre ce putain de contrat et la colère brûle mon cœur. J’en veux à tout le monde, j’en veux à l’agence, j’en veux au producteur, j’en veux même aux autres membres de Zeus et j’en veux à Ella. Elle que je croyais être devenue mienne, celle à qui j’aurais donné mon cœur sans hésiter si elle me l’avait demandé. Tout est fini maintenant et je reviens comme si de rien n’était. Je reprends le script, le parcours à nouveau et lis longuement tout ce qui va se passer. Si Ella rentre dans la pièce, je ne la remarque même pas, je ne veux même pas la voir. Je le lui ai dit, je ne pourrais pas supporter d’être près d’elle sans vouloir l’embrasser, l’enlacer, l’aimer comme nous l’avons fait il y a quelques minutes. Le producteur revient, je le regarde impassiblement, me rappelant pourtant chaque mot qui a contribué à briser cet amour naissant entre elle et moi. Il nous annonce que le tournage aura lieu dans les locaux de l’agence dans deux jours pour que nous ayons le temps de préparer le script. Nous hochons tous la tête avec un sérieux qui est de mise puisque nous devons tous être très appliqué pour ce boulot. Nous ne le faisons pas sur le tas, pas d’improvisation, le producteur compte sur nous pour connaître notre MV et commettre le moins d’erreur possible. Je me lève une fois qu’il nous libère et sors de la salle sans même jeter un coup d’œil à celle qui retenait toute mon attention auparavant.

Deux jours plus tard

Je n’avais pas envie que ça arrive, chaque minute s’écoulant me rapprochant du moment où je devrais la revoir, pire, lui parler, la toucher, la regarder même avec amour comme le demande le MV. Je l’ai lu, je l’ai relu, j’ai passé mes soirées à l’étudier, j’ai même rêvé que ce ne soit pas un jeu d’acteur mais une réelle situation où elle et moi nous pouvons nous enlacer de cette façon. Je me fais encore des idées, je le sais parce que tout est fini de toute façon et je ne devrais même pas y repenser mais c’est plus fort que moi… Je l’aime encore. Je rentre dans la salle avec les autres membres, nous allons être séparés par duo dans un premier temps donc ce sera Ella et moi. Elle n’est pas encore là, les filles n’ont pas été amenées dans la salle, nous sommes d’abord devant notre producteur. Il nous explique le déroulement de la journée et je me concentre malgré mon manque d’enthousiasme flagrant pour ce tournage. Je sors de la salle. Nous avons chacun droit à un endroit différent où aller pour le début du tournage. Je quitte mon frère à regret, s’il savait à quel point je n’ai pas envie de le faire mais il ne le sait pas, il ne sait rien encore sur ce qui est arrivé. Je m’en vais seul de mon côté et trouve la salle où les premières scènes seront tournées. Ella est devant la porte, je comprends que tout n’est pas encore prêt et je soupire avant de m’appuyer sur le mur à l’opposé d’Ella. Je ne la regarde même pas, fixant un point lointain dans le couloir, je sais que je me comporte comme un gros con mais honnêtement, je ne sais pas comment réagir autrement.

Deux jours plus tard.

Il était temps de nous retrouver et j'étais partagée entre plusieurs émotions. Plusieurs sentiments. Je n'arrive pas à savoir si je suis heureuse ou si je suis inquiète. Et lui, dans quel état émotionnel se trouve-t-il ? Je soupirai, lisant le script que l'on m'avait laissé. Cela faisait deux jours que je le lisais. Deux jours que j'appréhendais le tournage. J'ai pourtant fait pire, dans ma vie. Mais l'idée de jouer un couple heureux alors que l'on nous a séparé va être très compliqué. Comment puis-je faire semblant alors que le simple fait d'être dans ses bras et de sentir son contact va me donner envie de succomber une nouvelle fois ? Je vais avoir, à nouveau, envie de l'embrasser. Et ce, devant tout le monde. Mais je ne dois surtout pas craquer. S'il arrive à se tenir, je peux y arriver également. Tout ne dépendra que de lui, après tout. Si nous sommes deux à craquer, il est évident qu'il sera compliqué pour nous de tourner cette scène et je risque d'être renvoyée du projet. Mais je ne veux pas partir. L'idée même qu'une autre femme puisse être à ma place m'est insupportable. Alors que je laissais ma jalousie prendre possession de mes pensées, je le vis arriver. Enfin. Mais, non sans m'étonner, il ne me regarda pas. Il m'évita. Clairement. Et, avec cette douloureuse souffrance supplémentaire, je garde le silence à mon tour. Je ne veux pas aller contre sa volonté. Je ne dois plus rien lui imposer. Malgré mes mains tremblantes, j'essaie de rester concentrée sur le script mais ma vue se brouille. Je dois me calmer. Je ferme, alors, les yeux et travaille sur ma respiration.

Le silence est pesant, même Ella reste dans son coin et ne dit rien. Je ne veux pas la regarder mais mon regard glisse vers elle comme un automatisme. Est-elle consciente de ce qu’elle a fait de mes pensées, de mon cœur ? Tout est tourné vers elle, elle n’aurait qu’un mot à dire, un geste à faire et je lui promettrais toute ma vie à ses côtés. Si je pouvais choisir, je serais toujours blotti dans ses bras mais le sort en a décidé autrement. Je lui en veux, je ne comprends pas comment elle a pu privilégier sa carrière à nous deux… Mais son choix a été fait, je ne peux pas la forcer d’être avec moi. Je me redresse, cessant de m’appuyer sur le mur et remarque qu’elle a fermé les yeux. Se sent-elle mal ? Je secoue un peu la tête, je dois arrêter de m’inquiéter, ça ne va faire que m’attacher à elle davantage. Je passe une main sur mon visage, c’est difficile d’être seul face à elle sans la prendre dans mes bras quand je la vois souffrir.

-Ella.

Je prononce son nom clairement, je veux attirer son regard sur moi, je veux qu’elle ancre ses yeux bleus dans les miens quand je lui parle. Je fais mine de m’approcher mais je me retiens finalement, non, la distance est ce qui est le plus sécurisant entre nous. Je m’apprête à parler mais la porte s’ouvre et on nous invite à rentrer dans la pièce. Je laisse Ella passer la première et je la suis ensuite, de loin. J’entre dans ce qui ressemble à une chambre et je me souviens des scènes que nous allons jouer, ces scènes où nous allons être si proches. Je sais que je devrais tomber avec elle dans ce lit, qu’elle devra être sur moi, que je devrais être au-dessus d’elle et mon cœur me dit déjà que je ne suis pas prêt à jouer ces scènes sans craquer. Je prends les vêtements qu’on me donne, un simple pantalon et une chemise blanche large et je me change rapidement avant de rejoindre l’équipe. Nous devons en grande partie improviser, simplement suivre les grandes lignes qui sont : jouer le couple parfait qui joue ensemble dans le lit.

Rester calme. Se détendre. Respirer. Se concentrer. Voilà ce qui allait m'aider mais c'était sans compter l'intervention de celui qui faisait battre mon coeur depuis plusieurs semaines. Il m'appela. J'ouvre, alors, les yeux et relève la tête pour le regarder. Nos regards se croisent et je plonge le mien dans le sien. J'espérais qu'il prenne la parole, qu'il vienne jusqu'à moi pour me faire changer d'avis et me rendre moins obéissante mais il n'eut le temps de ne rien faire. De ne rien dire. On nous convie à l'intérieur de la pièce et lorsque je vis le lit, mon visage se décomposa. Il n'y a donc pas d'erreurs. Nous sommes condamnés à jouer un couple qui joue et se câline dans un lit. On me sort de mes pensées en me proposant une tenue. Celle que je dois enfiler pour la scène mais cela me met mal à l'aise. Un simple débardeur blanc avec un mini short noir. Jamais je ne me serais montrée aussi peu dévêtue devant lui. Pourquoi est-ce que cela me faisait rougir ?

- Est-ce qu'il y a possibilité de changer de débardeur ? Un blanc.. c'est.. transparent, quand même !

On m'autorise alors à garder mon soutien-gorge en dessous et je remercie, rassurée. Je vais donc me changer avant de revenir. Vraiment très gênée. Pourtant il n'y a pas de raison de l'être. Mais je sais que Kwang Min sera amené à me toucher. Et j'ai peur de la réaction que pourrait avoir mon corps. Déjà que je suis dans tous mes états quand il me tient simplement la main alors s'il vient à caresser mes cuisses ou je ne sais quoi, mon coeur risque de ne pas le supporter. Et moi non plus. Décidément, ce tournage risque d'être le plus éprouvant que j'ai eu à faire, depuis mes débuts.

Nous nous changeons et je regarde Ella discrètement, elle porte un débardeur blanc et un short noir, c’est une tenue très dénudée et je ne m’attarde pas trop longtemps sur ses formes, sachant que ce serait déplacer, encore plus au vu de la relation qui nous lie maintenant. Je sais que ma chemise ne restera pas longtemps sur mes épaules, que dès les premières secondes, je la retirerais et me retrouverais torse nu face à la jeune femme. Je ne suis pas à l’aise et si je ne me trompe pas, elle non plus mais je n’en sais pas vraiment plus puisque je ne lui adresse pas la parole. Je reste loin d’elle, je reste là où il faut que je sois pour ne pas être trop tenté. C’est idiot. Dans quelques minutes, nous serons dans ce lit où nous devrons nous caresser, nous sourire, nous aimer. En suis-je capable ? Je sais que oui, le problème se trouve dans le fait que je vais probablement confondre le jeu d’acteur et la réalité.

Ils annoncent le début, je regarde Ella, nous devons nous mettre en place. Je me mets en face d’elle, il faut que ce soit naturel, que ce soit réussi et pourtant, il y a une tension entre nous, une tension qui met de la distance entre nous. Je ne sais pas si j’arriverais à résister à la tentation de l’embrasser, de l’aimer avec sincérité. Ce n’est qu’un rôle, ça n’a rien de réel et pourtant, j’ai envie que ça le soit. Ils allument les caméras, lancent le tournage et nous devons commencer. Je m’approche d’elle tout en retirant ma chemise. Je suis torse nu, déjà et j’essaye de me contrôler pour ne pas rougir. Je laisse tomber la chemise sur le sol mais ce n’est pas ce qui retient mon attention. Non. Je n’ai d’yeux que pour elle dans cette tenue que je peux enfin apprécier, que je peux regarder puisque c’est ce qui m’est demandé de faire. J’attrape la jeune femme par la taille et la fais basculer dans le lit pour me retrouver au-dessus d’elle. J’ancre mon regard dans le sien, je plonge tête baissée dans l’océan de ses yeux pour m’y perdre avec une délectation passionnée. Mes doigts glissent sur son visage pour remettre ses mèches en place et je les fais ensuite longer sa joue. S’ils veulent de l’amour brut, de la passion entre deux êtres, je pense qu’ils n’ont pas pu trouver mieux comme duo.

Voilà, c'est le début. Il vient face à moi et mon cœur se serre. Je suis encore plus mal à l'aise que tout à l'heure. Pourtant, ce n'est pas ce qui est demandé. Mais une tension réelle existe entre nous. Je le regarde, timidement, avant de croiser son regard. Il m'est impossible de jouer la comédie. Je suis même prête à tout arrêter mais il retire sa chemise. Je la regarde tomber au sol et instinctivement, je viens poser mes mains sur lui. Je plonge, de nouveau, mon regard dans le sien et me perds à l'intérieur. Dans leurs profondeurs. J'oublie mes craintes et mes inquiétudes et me laisser porter par son jeu d'acteur. S'il y arrive, je peux y arriver à mon tour. Je fus, tout de même, surprise lorsqu'il prit ma taille et sans avoir le temps de comprendre ce qui est arrivé, je me retrouve allongée sur le lit, sous lui. Nos regards ne se quittent pas. Bien au contraire. Ils sont complices comme jamais. J'en oublie, presque, le tournage. J'en viens à nous imaginer, seuls, dans une chambre, sur ce lit. Mon cœur bat plus fort lorsque je sens ses doigts parcourir mon visage et je ferme les yeux. Je laisse échapper un petit soupir avant d'ouvrir lentement mes paupières pour regarder de nouveau ses deux beaux yeux qui me font face. Je me perds au fur et à mesure que les secondes défilent. J'aimerais l'embrasser et pose mes mains sur sa nuque. Je passe une jambe contre la sienne et me redresse pour venir chercher ses lèvres. Mais avant même de les toucher, je me rappelle, subitement, que nous sommes en plein tournage. Paniquée, je le fais alors tomber sur le côté et inverse nos rôles. Je finis à califourchon sur lui. Cette position me fait, de nouveau, oublier la véritable raison de notre présence ici et je lui souris. Enfin. Un vrai sourire rempli de tendresse et de bonheur. Je lui exprime, ainsi, la joie que je possède d'être ainsi. Avec lui.

À peine suis-je torse nu qu’elle vient poser ses mains sur mon corps. J’essaye de ne pas paraître surpris par ce geste mais je le suis et c’est agréable. Lorsque nous sommes si proches l’un de l’autre, nous ne sommes plus que nous deux, nous nous retrouvons dans une bulle et j’aurais envie d’oublier le tournage. Ses doigts passent sur mon visage, mes doigts glissent sur son débardeur, descendant sur sa hanche avec une douceur et une envie qui pourrait sembler fausse mais qui ne l’est pas du tout. Sa jambe glisse contre le mienne, je soupire légèrement et je me mordille la lèvre inférieure alors qu’elle se redresse un peu. J’ai envie qu’elle m’embrasse mais elle se rappelle que nous ne sommes pas ici parce que nous nous aimons mais parce que nous devons faire comme si c’était le cas. Pourquoi n’y a-t-il pas de baiser dans cette scène, nous exploserions tous les meilleurs jeux d’acteur par l’amour qu’il y a entre nous et cette fois, ce serait permis. Elle change la position, elle se retrouve au-dessus de moi et je la dévore du regard. Mes mains glissent sur ses genoux puis remontent sur ses cuisses. Avec une facilité déconcertante, je me redresse pour être à mon tour assis. Mes mains caressent ses cuisses et mon visage se lève vers elle puisque sa position au-dessus de la mienne fait en sorte qu’elle soit plus grande que moi. Alors que je souris, je lui souris à elle et dans ce sourire, je lui offre le sourire qu’elle ne veut pas posséder pour sa carrière. Ella aussi sourit et malgré ma gêne d’être aussi dénudé d’être avec elle, je veux profiter d’être contre elle. Je blottis mon front contre le sien, nos souffles se mêlent mais je dois tenter de ne pas céder, je ne peux pas et je la regarde avec une passion qui grandit encore et encore en moi et qui ne cessera jamais… Je glisse mon visage contre le sien et mes lèvres esquivent de justice les siennes pour venir contre son oreille. Je lui glisse quelques mots qui n’apparaîtront jamais dans le MV mais que je veux lui offrir en sachant que tout le monde n’entendra qu’un murmure inaudible.

-C’est fou comme je t’aime Ella…

La réalité et la fiction se mélangeaient dans ma tête. Je ne savais plus ce qui était vrai. Et ce qui ne l'était pas. Nous étions là. L'un contre l'autre. À nous enlacer, à nous sourire, à vouloir nous embrasser. Et il y avait toute une équipe qui observait scrupuleusement la scène depuis le tout début. Cela devrait être interdit. Ils devraient sortir de cette pièce et nous laisser profiter de ce merveilleux moment de complicité. Rien que nous deux. Rien que lui et moi. Mais la réalité est toute autre. Bien différente. Et c'est ce qui me faisait mal. Car rien de tout ça n'était réel. Nos caresses et nos émotions ne nous appartenaient pas. Elles ne nous appartenaient plus. Car nous les partagions avec des personnes qui ne nous connaissent même pas. Pour la première fois, je trouve un tournage malsain. Peut-être est-ce seulement parce que ce tournage nous concerne lui et moi. Celui qui m'a volé toute mon attention. Toute mon âme. Alors que son visage s'approche du mien, j'espère enfin recevoir la récompense défendue mais alors que je tendis, presque, mes lèvres, il laissa les siennes couler jusqu'à mon oreille. Je lâche, alors, un petit soupir de regret. De mécontentement. Presque de colère. Mais tout s'arrêta, en une seule seconde, lorsque j'entendis les mots qu'il me destinait. Mon cœur cessa de battre le temps de quelques secondes. Mon cerveau cessa de fonctionner. Je cessais, également, de respirer. Venait-il de se déclarer, ouvertement, à moi ? De m'ouvrir son cœur ? Était-ce réel ou était-ce, encore, pour les caméras ? Je voulus croire que ces mots m'étaient, seulement, destinés et j'eus la folle envie de me déclarer, à mon tour.

- Moi...

Mais à peine eus-je prononcé le premier mot que l'on me coupa la parole. Les caméras se sont arrêtées. L'équipe nous félicite et nous demande, maintenant, de nous mettre côte à côte. Ils veulent que nous tournions une scène où nous dansons ensemble. Toujours sur ce même lit. Mon rêve vient de se briser en mille morceaux. Ils venaient, une fois de plus, de tout gâcher. Était-ce leur métier, finalement ? J'avais du mal à revenir. Je devais enchaîner et oublier ce qu'il venait de me dire mais je n'y arrivais pas. Je restai sur lui et continuai de le regarder, fixement. J'étais en pause. Comme si le temps s'était arrêté. Comme si le monde avait fini de tourner. J'avais besoin qu'il m'aide. Qu'il me rassure et qu'il me permette de me reprendre. Car j'étais totalement déboussolée.

Les caméras nous fixent alors que nous sommes blottis l’un contre l’autre, nous avons nos lèvres si proches, nos regards embrasés par l’envie d’être l’un avec l’autre et peu importe ce qu’il se passe autour de nous. Pourquoi ne sommes-nous pas en privé ? Pourquoi ne pouvons-nous pas être dans ce lit mais sans ces lentilles qui nous fixent impassiblement ? Personne ne peut entendre ces mots que je lui souffle et cet amour que je lui confesse au creux de son oreille. Nous sommes blottis l’un contre l’autre et tous autour jureraient qu’il n’y a rien de réel et pourtant ça ne l’a jamais été autant à mes yeux. Je lui ai dit que je l’aimais, à quel point je l’aimais et même que j’en suis fou. Je sais qu’elle ne répondra sûrement pas et je ne dois pas me faire des espoirs, plus maintenant. Elle pensera sûrement que c’était pour le clip mais peu importe, je ne pourrais pas regretter de ne jamais lui avoir dit ces mots doux, j’avais besoin de les lui dire. Maintenant, elle sait, elle peut se dire que c’est faux, se dire que c’est vrai, elle en fait ce qu’elle veut et moi je l’aime tout simplement. Je garde mon visage contre son oreille, je ne sais pas si j’ai le courage de croiser son regard après lui avoir dit ces mots qui ne seront pas réciproques. C’est ce que je pensais jusqu’à ce qu’elle commence une phrase mais elle n’a pas l’occasion de la finir. Tout s’arrête, la bulle construite en une seconde éclate et nous nous retrouvons entourer de l’équipe du staff. Je m’éloigne un peu pour ancrer mon regard dans le sien. Elle me fixe et je ne comprends pas ce qui se lit dans les yeux bleu de la jeune femme. Ma main vient frôler sa joue et je pince mes lèvres, me sentant mal alors que j’ai l’impression qu’elle est déboussolée. J’aurais peut-être dû me taire mais ça a été plus fort que moi.

-Ella… Est-ce que ça va ?

Je me mords la lèvre et prends doucement ses hanches entre mes mains pour l’aider à quitter mes genoux. Je sais que nous allons devoir continuer mais je fais un signe à l’équipe du staff pour qu’elle attende quelques secondes avant de continuer le tournage. Je fais face à Ella dans le lit après avoir obtenu une courte pause. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas vraiment ce qu’elle attend que je dise alors je reste un premier temps silencieux. Je me rappelle que je suis torse-nu, ça me gêne un peu puisque nous avons été sorti de cette ambiance où ça ne nous dérangeait pas. Je n’ai pas contrôlé mes sentiments, je n’ai pas contrôlé mes mains, elle était proche, mes pensées se sont embrouillées et j’ai voulu lui dire ce que mon cœur hurle en sa présence.

-Écoute je suis désolé j’aurais pas dû te dire ça maintenant ce n’était pas le moment. On pourra en parler plus tard si tu veux mais on doit continuer le tournage, t’es d’accord ?

Son aveu résonne en moi. Je ne pense à rien d'autre. Il s'excuse mais je n'en ai que faire. Il ne comprendra, sans doute, jamais à quel point il vient de bouleverser mon univers entier. Ma vie entière. Ces mots si forts qu'il m'a offert m'ont percutés de plein fouet. Je serais changée, à vie, suite à ce moment. S'il s'était imaginé la réaction que j'allais avoir, peut-être qu'il n'aurait jamais déclaré ses sentiments. J'essaie de me reprendre mais c'est impossible. Dès que j'essaie de penser à autre chose, son aveu me revient en mémoire et me replonge dans le brouillard.

- As-tu seulement conscience de l'importance et du poids de tes mots ?

Je le regarde, un instant. Avant que mon regard se perde à nouveau dans le vide. L'oubli. L'incompréhension totale. Je n'entendais pas les questions de l'équipe de tournage. Je ne faisais pas attention à eux. Tout simplement. Pourtant, l'ambiance change au vu de mon comportement. Mais je ne peux rien y faire. Je suis comme déconnectée. Dans un autre monde. Perdue dans le vide le plus total. Je ne fixais rien, en particulier. Je me contentais juste de regarder ce qui se trouvait devant moi. C'est à dire, rien. Étrange comme sensation. J'ignore totalement si je suis heureuse ou dévastée.

- Que lui arrive-t-il ? A-t-elle besoin d'un verre d'eau ?

- Mademoiselle Moe, est-ce que tout va bien ?

- Devons-nous faire appel à une autre femme pour le tournage ?

- Si elle ne réagit pas, nous n'aurons pas le choix. Le tournage doit être fini, aujourd'hui!