hanbok + Je ne laisserais pas cet homme qui semble tout simplement insupportable me voler la femme qui va devenir mienne. Si tous les efforts qu’elle a faits pour se rapprocher de moi sont sincères, comme tous ceux que j’ai faits pour être digne d’être son roi sont sincères, je ne peux pas laisser n’importe qui arriver et prétendre être son véritable fiancé. Si je dois me battre, je le ferais. On ne vole pas ma Reine impunément et si je dois aller à l’encontre des ordres de mon père pour elle, je le ferais sans aucune hésitation. Nos épées se croisent et je le défie du regard, espérant qu’il n’est pas assez stupide pour réellement m’affronter. Alors qu’il lève son épée pour commencer le combat, nous sommes interrompus par l’arrivée de mon père suivi de mes jeunes frères et de bon nombre de gardes royales. Je baisse immédiatement mon épée et fais face au Roi, comprenant d’un coup que tout n’était que mensonges et que mon père n’a jamais accepté qu’Ella me soit enlevée.

-Excusez-moi pour cette agitation mais cet homme a tenté d’enlever la future Reine et je ne pouvais décemment pas le laisser faire.

J’explique la situation en ayant repris mon sang froid puisqu’il semble que rien de tout ce que j’ai entendu ne soit vrai. Je me tourne alors vers la Princesse et lui souris doucement alors que je constate qu’elle n’a rien. Elle est saine et sauve, je suis arrivé à temps et j’en suis soulagé… Jusqu’à ce que je sente une douleur brûlant mon torse. Je baisse les yeux et vois mon torse se tâcher d’une tâche pourpre alors qu’une épée traverse mon corps.

-Si je ne peux pas avoir Ella, personne ne l’aura !

La voix que j’entends derrière moi est suivie d’un rire presque malsain et je tombe à genoux alors qu’il retire l’épée qu’il avait osé planter dans mon dos. Des blessures, j’en ai toujours connues beaucoup, parfois graves, parfois minimes. Mais celle-ci fait davantage souffrir que les précédentes, je lève mon regard vers Ella. Est-ce parce que j’ai quelque chose à perdre maintenant ? Est-ce pour ça que j’ai peur de mourir soudainement ? Je ne parviens plus à réfléchir, je n’ai pas envie de mourir, pas d’un coup dans le dos… C’est trop bête…

Dress + Alors que je continuais à regarder Kwang Min, j'eus un mauvais pressentiment. D'anciennes paroles de mon père me reviennent alors en mémoire.

Quelqu’un meurt, et c’est comme des pas qui s’arrêtent. Mais si c’était un départ pour un nouveau voyage ? Quelqu’un meurt, et c’est comme un arbre qui tombe. Mais si c’était une graine germant dans une terre nouvelle ? Quelqu’un meurt, et c’est comme une porte qui claque. Mais si c’était un passage s’ouvrant sur d’autres paysages ? Quelqu’un meurt, et c’est comme un silence qui hurle. Mais s’il nous aidait à entendre la fragile musique de la vie ?

Pourquoi de telles paroles me reviennent maintenant ? Quelle est la raison ? Je vis alors Kwang Min me chercher du regard et m'adresser un faible sourire. Je retiens mon souffle et je le regarde comme si le monde s'était arrêté. Comme le vent qui passe, même s'il ne me voit pas, mon coeur et moi lui appartenons. Ça fait mal de l'aimer. Je ne peux pas le vider de mes pensés et c'est si triste. Si soudain. Si fort. Ses yeux. Ils me regardent comme s'ils connaissaient mon coeur. Même si j'essaie de m'enfuir, je suis attachée par nos souvenirs. Bien que nous ne soyons pas encore mariés. Ce n'est pas grave s'il est arrivé un peu en retard. Si c'est le destin. Je fis, alors, un pas dans sa direction comme pour chercher son réconfort mais la plus effroyable des actions m'en empêcha.

Je sursaute en entendant des cris autour de moi et fixe, tremblante, le torse de mon futur mari se trouvant devant moi. Je le vis se tâcher de sang et je n'ose, tout simplement, ne pas y croire. Je me précipite, donc, jusqu'à lui mais certains de ses frères ont été plus rapides. C'est alors qu'une main ferme et douloureuse m'attrapa par le bras et me força à m'éloigner de la famille royale.

- Faites la monter et partons, dépêchez-vous. Vous, là ! Retenez les potentiels vengeurs de ce mourant !

J'entendis, alors, ma dame de vie les implorer et m'appeler mais je sentis que l'on m'emmenait de force. Je continuais de regarder Kwang Min, étendu au sol, soutenu par deux de ses frères.

- Non.... Non !

Je n'eus le temps de rien crier d'autre avant que l'on ne me force la main. Je suis donc en chemin pour l'effroyable enfer qui m'attend. J'entendis des épées claquer et je compris qu'une bataille éclata derrière moi. Les larmes aux yeux, remplie de haine et de mépris pour l'homme qui venait de me kidnapper, je le regardai.

- Vous êtes encore plus belle que dans mes souvenirs, princesse Ella ! dit-il avant de caresser mon visage.

Je détourne la tête violemment pour le forcer à arrêter. Je suis écoeurée et apeurée. Mon amour. Kwang Min... Pourquoi ? Je n'oublierai pas. Mon amour sans fin. Nous nous rencontrerons de nouveau. Dans une autre vie, s'il le faut. C'est difficile de l'oublier. C'est un rêve triste qui me fait pleurer. Un jour, autant que je le veux, j'espère que je pourrai t'aimer à nouveau. Je ferme les yeux alors que je sentis mon assaillant se rapprocher de moi. Des larmes coulent sur mes joues. Adieu, mon Prince...

hanbok + Ma vue se brouille, mes frères viennent me rattraper dans ma chute et j’ai l’impression de sentir la vie m’échapper doucement. Est-ce ça l’amour ? C’est douloureux et en même temps très doux. Comme si sous mes genoux apparaissait soudainement un nuage et je n’ai plus la force de me battre. Je cligne plusieurs fois des yeux, Ella… Je veux la voir une fois encore, je veux la voir avant de mourir. La douleur au niveau de mon ventre me force a à nouveau fermer les yeux mais je perçois la voix de ce traitre alors qu’il ordonne de la faire monter pour partir. Non… Il ne peut pas l’emmener avec lui, elle est à moi, c’est ma future femme. Des bruits de combats m’entourent mais tout est flou et je n’entends pas bien. Mes pensées ne sont tournées que vers Ella, je regarde mon ventre, il n’a pas visé au niveau du cœur et des poumons, quel idiot. Je me redresse alors, les jambes tremblantes et le teint encore plus pâle que d’habitude. Je ne peux pas la laisser avec cet homme et si je meurs, je veux au moins qu’elle soit en sécurité dans mon pays.

C’est pour ça je parviens à me hisser avec difficulté sur l’un des chevaux ennemis. Mes frères me regardent sans comprendre mais ils ne savent pas ce que c’est. L’amour est certainement le plus fort des soins. Je ne peux pas du tout la laisser aux mains de ce pauvre type. Je lance le cheval au galop en grimaçant alors que ma blessure ne me fait pas de cadeaux mais tant qu’elle n’est en lieux sûrs, je ne laisserais pas la mort m’emporter. Je trouve rapidement le cortège, il n’y a pas de gardes, évidemment, ils sont restés au palais pour le combat. Je n’aurais pas trop à combattre. J’arrive aux côtés du carrosse et en ouvre la porte. Ella est de mon côté et je lui tends la main alors que j’essaye tant bien que mal de rester à côté du véhicule. Je me sens mieux pendant quelques secondes, je me sens mieux maintenant que je la vois et que je peux la sortir de là.

-Ella !!! Viens avec moi, vite !!

Dress + Vivre sans principes, c'est mourir à petit feu. Attachée à mes principes, je les défendrais, tout de même, jusqu'à la mort. Qu'importe le résultat final. J'étais prête, à cet instant, à m'ôter la vie pour ne pas subir davantage. Mais c'était sans compter l'intervention inespérée de l'homme que je pensais déjà mort. Je le vis apparaître devant moi afin de me sortir de ce mauvais pas. La main qu'il me tendit me réchauffa le coeur et me donna presque assez d'espoir pour y croire encore.

Sans réfléchir, je me redresse assez brusquement et vais saisir cette main que je désirais revoir. Cependant, tout ne se passa pas aussi bien que je l'aurais espéré. Être assez rapide pour prendre de vitesse mon assaillant ne pouvait se passer que lors de mes rêves les plus fous. Il était, tout bonnement, impossible que cela se passe également dans la vraie vie. Il eut alors le temps de se redresser, à son tour. Il vint jusqu'à moi, alors que ma main était posée sur celle de mon promis. Il m'enlaça en passant un bras autour de mes hanches et ce contact me fit froid dans le dos. Comment ose-t-il se comporter ainsi ? Mais je ne pus rien dire car ce qu'il murmura à mon oreille, juste après, me glaça de l'intérieur.

- Vous osez me trahir, princesse. Vous le paierez au centuple !

Impossible que Kwang Min ait pu entendre ces mots froids et terrifiants. Je me mis, alors, à trembler. Je sentis, par la suite, la main de mon ennemi me pousser. Dans un cri, je ferme fort les yeux mais, fort heureusement, la main que je serrais me sauva et je me suis, ainsi, retrouvée derrière mon héros du jour. Je me permis d'ouvrir les yeux que lorsque je compris être contre le dos du Prince héritier. Est-ce que toute cette histoire n'était qu'un mauvais rêve ? Je l'espérais.

Mais lorsque nous eûmes rejoint la famille royale et que l'on vint m'aider à descendre du cheval, je vis, au plus près, la blessure très importante et très profonde du Prince Kwang Min. La terreur prit de nouveau place en moi et prit possession de mon coeur. J'étais effrayée à l'idée de le perdre. Car, bien entendu, tout était de ma faute. Je ne me le pardonnerais jamais si ce royaume venait à perdre son futur Roi par ma simple présence. Ma simple faute. Je voulais crier et ainsi demander de l'aide au plus vite. Mais ce fut le cri d'une autre femme qui résonna aux oreilles de tous.

- Princesse !!!!

Je reconnus automatiquement la voix de ma dame de vie et compris, instantanément, de quoi il s'agissait. J'aurais, pourtant, préféré qu'elle ne le fasse pas remarquer. La famille royale se devait de réagir et de s'occuper exclusivement de l'héritier blessé. Mais au lieu de ça, je fus, à nouveau, le centre de toutes les attentions. J'entendis, alors, d'autres cris et compris que ma blessure était grave. Pitié. Taisez-vous. Je ne veux pas que Kwang Min l'apprenne mais je vis ses yeux se poser sur moi. Il est donc au courant. De quoi ais-je l'air ? Certainement que mon teint est devenu très blafard. Les larmes aux yeux, je voulus lui adresser quelques mots mais au lieu de ça, je sentis un liquide chaud couler de mes lèvres. Je me remets à trembler et sentis mon corps lâcher prise.

La princesse Ella fut poignardée dans le dos avant que son ennemi ne la pousse sur le cheval du Prince. Du poison coule désormais en elle. Pourra-t-elle s'en sortir ?

hanbok + Cet imbécile retient Ella alors qu’elle s’apprêtait à me rejoindre et je pose la main sur mon épée en pensant que je devrais encore en découdre avec lui. Pourtant, il la pousse et je la rattrape de justesse pour la faire monter derrière moi, sur mon cheval. Je fais immédiatement demi-tour une fois qu’elle est contre mon dos et je m’éloigne du cortège pour retourner au palais le plus vite possible. Ma blessure me fait souffrir mais je ne peux pas faiblir tant qu’elle n’est pas en sécurité, chez nous. Je ne peux pas me le permettre et je regarde souvent derrière moi pour vérifier qu’elle est là. Nous arrivons enfin dans la cour et je descends immédiatement de mon cheval en me tenant le ventre dans un grognement discret. Je me mords la lèvre et, alors que je me tourne vers Ella pour l’aider à descendre, une femme hurle son titre et mon regard s’agrandit alors.

Son teint est blanc, elle est pâle. Ses yeux sont larmoyants. Ses lèvres se teintent d’un rouge sang. Alors qu’elle vacille, je vois enfin la marque d’un poignard planté dans son dos.

Je la rattrape alors qu’elle tombe du cheval mais la douleur au creux de mon ventre m’empêche de tenir debout et je mets genoux à terre. Je la serre dans mes bras et la regarde, paniqué alors que j’oublie même ma blessure. Elle est blanche, un coup de poignard n’aurait pas un tel effet. Je lève les yeux mais un vertige me prend et je baisse immédiatement la tête en serrant un peu plus Ella contre moi.

-Appelez-les médecins. Les meilleurs… Il faut la soigner.

Je déclare ces mots d’une voix faible mais toujours autoritaire et les gens autour s’affairent immédiatement pour appeler l’équipe médicinale. Je ne lâche pas Ella du regard, ma main tremblante dégage les mèches qui collent à son visage et je prends sa main dans la mienne, la serrant fort.

-Ella, accrochez-vous. Vous ne pouvez pas mourir. Pas maintenant.

Quoi qu’on en dise, personne ne croit vraiment à sa propre mort. On sait que l’on va mourir comme on sait ce qu’est un milliard. C’est un chiffre que je peux écrire, manipuler, comparer… Et pourtant, je ne suis pas capable de saisir vraiment ce que c’est. De vraiment sentir la différence entre un milliard et cent millions. La mort c’est pareil : on comprend le concept, on peut le manipuler mais jamais réellement le saisir. Le problème c’est que la conscience de sa mort est une boussole indispensable sans laquelle on se perd très vite.

La mort n’est pas un risque : c’est une certitude. On dirait une nuance mais ça ne l’est pas. La mort est une certitude absolue. Le vrai risque c’est de mourir sans avoir vécu ce que l’on voulait vivre. On vit comme si on allait jamais mourir et puis on meurt comme si on avait jamais vécu. C’est un risque qui a emporté une grande partie de nos prédécesseurs. Le nombre de gens qui meurent après avoir répété pendant quarante ans qu’un jour ils feraient ci ou ça est astronomique. Et c’est ça qui devrait nous faire vraiment peur. On ne peut strictement rien faire au fait que l’on va mourir. Par contre, on a des cartes en mains pour vivre une vie que l’on veut vivre. Pour ne pas passer à travers de sa vie. Le vrai risque c’est de mourir en vivant la vie de quelqu’un d’autre.

La mort est la seule chose que l’on peut tenir pour certaine. C’est pour ça qu’elle devrait être la boussole qui oriente toutes nos valeurs et toutes nos décisions. C’est la bonne réponse à toutes les questions que l’on devrait se poser mais qu’on ne se pose pas.

C'est pourquoi je trouve, au fond de mon être, la force nécessaire pour revenir à moi bien plus rapidement que prévu. Je le compris aux airs ébahis des médecins se trouvant à mon chevet. Ais-je dormi plusieurs heures ? Plusieurs jours ? Plusieurs mois ? Plusieurs années ? Cette dernière possibilité me fit mal au coeur et tente de me redresser. Triste erreur.

- Princesse, vous devez vous reposer !

Cette voix. Elle me rassure. Elle me soulage, en quelque sorte. Je vis alors ma dame de vie et tends mes mains, qu'elle s'empresse de saisir.

- Combien de temps ? lui demandais-je.

- Plusieurs jours...

- Où se trouve le Prince ? Il doit être très inquiet ! Aide-moi à me relever, je dois le rejoindre et le rassurer !

- Princesse.... dit-elle, les larmes aux yeux.

- Vous devriez écouter les conseils de votre dame de compagnie, princesse. Votre santé est à la limite de la rupture définitive.

Je compris alors que j'étais mourante. Le temps est donc venu, pour moi. Je prends sur moi pour ne montrer aucune émotion et fixe le médecin qui vient de m'adresser ces quelques mots.

- Et donc ? Je dois arrêter de vivre ? Je dois arrêter de prendre soin de mon futur époux ? C'est cela que vous me demandez ? Cherchez donc un moyen de me sauver et laissez-moi m'occuper de mes devoirs !

La Princesse continua de discuter avec les médecins quelques temps. Le futur Roi ainsi que tout le Royaume étaient, bien entendu, au courant de son état de santé déclinant. Bon nombre de dons et de prières lui ont été adressés et ce soutien du Peuple la toucha au plus haut point. Mais elle décida, tout de même, de s'habiller. Il était temps pour elle de rejoindre son Prince et de reprendre sa vie là où elle s'était arrêtée, il y a quelques jours. Elle fera tout pour combattre ce mal qui la consume. Car elle ne souhaite qu'une chose. Vivre.

Dress + - Vous êtes très belle, Princesse !

- Il est vrai que ce présent me permet de me retrouver un peu ! dis-je, en souriant doucement. Merci de t'occuper de moi.

Elle me sourit et m'aide à rejoindre Kwang Min. Lors du trajet, je croise pas mal de personnes étonnées de me voir debout, heureuses de me voir debout, inquiètes de me voir debout. Je ne fais attention à aucune d'entre elles et ne pense qu'à mon objectif final. J'arrive enfin près de lui. Je souris et vais jusqu'à lui. Il est de dos. Il discute avec deux de ses frères et je leur fais signe de ne rien dire. Une fois, que je suis assez proche, je m'éclaircis la voix et m'annonce.

- C'est une belle journée, vous ne trouvez pas ?

hanbok + Plusieurs jours depuis le drame, plusieurs jours depuis ces blessures qu’Ella et moi avons reçues mais il n’y a plus qu’une différence entre elle et moi. Moi, je suis debout et elle est toujours évanouie. Je ne peux pas m’empêcher de penser constamment à elle et à son état très préoccupant. Les médecins disent qu’elle a plus pour longtemps, qu’elle est condamnée mais je refuse d’y croire. Je ne peux pas la laisser mourir mais je ne peux rien faire non plus et je ne peux pas nier le fait que sa santé soit ma seule préoccupation pour le moment. Je ne suis resté évanoui que pendant quelques heures alors qu’elle l’est depuis quelques jours et son absence se fait ressentir. Je m’étais fait à l’idée d’être marié à elle, je m’étais habitué à ces moments que l’on s’offrait tous les deux et je les attendais même avec une sorte d’impatience.

Mes journées sont tellement longues, comme sans objectif. Je vais voir Ella tous les soirs, veillant à son sommeil et je peux rester là-bas pendant des heures. Je ne pouvais pas imaginer à quel point une femme pouvait être belle même dans son sommeil et ce même en sachant qu’elle est peut-être condamnée. Je préférerais que ce soit moi. Je suis en ce moment avec mes frères cadets et ils semblent passionnés par les nouvelles barbantes des pays voisins… Je participe très vaguement à la conversation jusqu’à ce qu’une voix intervienne derrière moi et je me retourne immédiatement pour découvrir Ella, sur pieds, dans une robe tout simplement resplendissante. Je reste quelques secondes muet devant cette surprise. Quand je reprends mes esprits, je fais signe à mes deux frères de s’en aller alors que je n’arrive pas à la quitter des yeux. Ils prennent congé et je perds ma posture froide et distante, me détendant pour même sourire un peu.

-Ella… Vous vous êtes enfin réveillée…

Je souffle ces mots avant de m’approcher pour la prendre tendrement dans mes bras. Pas très longtemps pour que ça ne soit pas indécent mais cette étreinte est agréable. Je m’éloigne et la regarde de la tête aux pieds avant de froncer légèrement les sourcils.

-Vous êtes magnifique, princesse, mais que faites-vous debout ? Vous devez être encore faible…

Dress + Alors que certaines peurs sont connues et assumées de façon totale, la peur de mourir est quelque chose dont l’on ne parle encore que très peu. Pourtant, cette angoisse touche un grand nombre de personnes et il n’est pas rare de voir des gens se questionner à ce sujet. Bien entendu, la peur de mourir est quelque chose de très présent car il s’agit d’une peur « humaine » et compréhensible. Toutefois, pour certains individus, cela peut se transformer en une véritable obsession. Tandis que pour d'autres, elle s'avère être honteuse. C'est à n'y rien comprendre.

Les personnes qui doivent faire face à ce problème mettent en avant une angoisse très handicapante au quotidien. Pour certains, cela se traduit par la peur perpétuelle de s’endormir de crainte de ne jamais se réveiller. Bien souvent, ce type d’angoisse est accompagné de véritables crises de panique, à tel point que le quotidien devient très difficile à supporter. Alors que certaines personnes vivent très bien avec l’idée qu’elles vont mourir un jour, d’autres n’arrivent tout simplement pas à intégrer cette fatalité. Généralement, on parlera d’ « angoisse de mort » afin d’expliquer cette obsession quotidienne qui peut, à termes, engendrer de lourds problèmes. Suis-je anormale en acceptant mon destin, si tragique qu'il soit ? Tout le monde finit par quitter cette Terre. Sans doute que mon tour est proche mais cela ne me fait pas peur. Bien au contraire. Car je suis heureuse d'avoir vécu. Heureuse des souvenirs et des sentiments que j'emporterais avec moi. Est-ce acceptable ?

- Je m'excuse de vous avoir causé du souci.. Je vais mieux, désormais ! dis-je, en lui faisant un grand et beau sourire. Comme j'en avais l'habitude depuis que nous passions du temps ensemble.

Pouvoir le revoir me fait un bien fou et apaise les quelques douleurs, atroces, que je possède et que je possèderais, sans doute, jusqu'à la fin. Je dois continuer à lui sourire. Je ne dois pas flancher. Hors de question qu'il comprenne ce que je suis en train de vivre. Je refuse qu'il comprenne contre quoi je me bats depuis ces quelques jours. La mort. Mais, peut-être, est-il déjà au courant ? D'où la profonde inquiétude que je lis dans ses yeux. Non ? Je ferme les yeux un instant et profite de cette légère accolade pour poser mes mains sur ses omoplates. Un court mais intense instant. Sincère moment. Pour lui montrer toute mon affection et le bonheur que je ressens de le voir en vie. Et d'être encore en vie pour pouvoir encore profiter un peu de lui. Un peu de nous.

- Je suis venue pour notre rendez-vous ! Ne me dites pas que vous l'avez oublié ? demandai-je, en me pinçant la lèvre, comme pour exprimer ma déception.

Il est vrai que nous avions souvent rendez-vous avant ce drame. Sans doute qu'il préfère que je me repose mais je ne le peux pas. Je ne le veux pas. Comment le pourrais-je ? Alors que mon coeur peut arrêter de fonctionner à tout moment. C'est tout bonnement impossible. Je dois honorer ma promesse jusqu'à la fin.

- Et puis, nous avons un mariage à célébrer ! Je ne peux pas me permettre de me reposer !

hanbok + J’en ai longtemps rêvé, comme si elle avait disparu loin de moi et que je n’attendais que des retrouvailles. Elle est en face de moi à présent et je vis comme dans un de mes plus beaux rêves alors que je la serre un peu contre moi. C’est certain, je sais ce qu’il y a un mal en elle que je ne peux pas effacer et qui pourrait l’arracher définitivement de mon amour. J’aimerais la garder contre moi et savoir qu’elle ne s’éloignera jamais mais c’est faux…. Elle s’excuse auprès de moi mais je secoue la tête, je refuse qu’elle s’excuse et qu’elle me mente parce que je sais qu’elle ne va pas du tout bien. Mais elle est debout et pour un rendez-vous. Elle a une petite moue qui me fait fondre et je passe une main sur ma joue en penchant la tête.

-Jamais je ne pourrais oublier un rendez-vous avec vous, Princesse. Jamais.

Nos rendez-vous m’ont atrocement manqué pendant toute cette période de trouble et je lui propose mon bras pour que nous puissions nous promener un peu. Je la guide jusqu’aux grands jardins où un calme profond et apaisant nous entoure. Je ne peux pas détacher mon regard de sa beauté malgré qu’elle ne soit affaiblie et malade… Je ne cesse de craindre qu’elle s’écroule à mes côtés et ne se redresse pas.

-Vous êtes sûre de vouloir toujours organiser un mariage ? C’est épuisant, nous n’avons peut-être pas besoin de nous marier pour profiter d’être ensemble…