(tenue) Sept jours… une semaine… purée ?! Le temps passe beaucoup trop vite. Je devrais oublier mon beau voisin, non ? Nous ne sommes pas croisés depuis cette soirée où son toy boy avait foutu la merde en balançant des paroles qui avaient ruiné notre moment. Je commençais à me dire que nous ne devions pas nous revoir finalement. Nos chemins se séparaient maintenant ? Ce constat me colle des pincements au cœur mais je dois faire avec… Je me plonge dans mon boulot en espérant oublier Nam Kyu. Bordel ?! Il m’obsède ! Comment le sortir de ma tête ? Son silence devrait me donner une piste. Les choses sont compliquées. Nous devons prendre conscience que nous avons rien en commun malgré des goûts similaires sur des choses de geek. Il paraissait avoir besoin d’un harem pour flatter son ego alors que j’avais juste besoin d’une personne pour laquelle je comptais. Ce soir les choses changeaient… Mes collègues avaient appris mes mésaventures amoureuses. Ils avaient décidé alors de me coller des rendez-vous pour que je puisse trouver chaussure à mon pied. Je passais souvent pour le mec timide mais quand quelques verres alcoolisés avaient délié ma langue, je parlais constamment de Nam Kyu. Ils abandonnaient alors la partie avant de venir chez moi. Abandonné encore une fois, un de mes collègues avait eu la gentillesse de me tenir compagnie le reste de la soirée. Jay est un type amusant qui ne se prend pas la tête. Les fous rires que l’on avait eus !!! J’en pleurais encore pendant que l’on se dirigeait vers mon immeuble. Il allait passer la nuit chez moi car il avait loupé le dernier train. Il ne cessait pas de me remercier pour l’hébergement. Il est trop sympa. J’aimais beaucoup discuter avec lui car il était toujours détendu. Il se moquait des clients pénibles, et nous on oubliait les séances stressantes que l’on avait eues avec eux. Honteusement je me rendais compte que mon beau voisin avait quitté mes pensées pendant que nous étions ensemble. Est-ce que la page « pikachu » était définitivement tournée ? Possible…

Lorsque nous sommes devant ma porte, mes yeux s’égarent dans la direction de son appartement. Mon cœur se serre puis ma raison me souffle que ce soit mieux ainsi. « Il en vaut pas la peine… » Je levais les yeux vers Jay sans comprendre comment il avait pu lire en moi comme ça. Il se marre alors que j’ouvrais ma porte, il me prend dans ses bras. Son attitude me déconcerte mais il me murmure « Laisse-toi faire ». Est-ce que Jay espérait un truc ? Il me semblait pas avoir envoyé des signaux dans ce sens… enfin non ?? Bordel ! Je vais faire quoi ? C’est mon collègue. Je ne peux pas avoir de relation avec lui. Ce serait beaucoup trop bizarre. Je serrai sa veste, appréciant cette étreinte. Comme j’aimerai que Nam Kyu soit là et que ce soit lui qui me prenne dans ses bras. Impossible de le faire quitter mes pensées !

Kyu avait arrêté de compter les jours, depuis cette dernière soirée avec son voisin. Une part de lui s’en voulait encore, de ce qu’il s’était passé. Mais il avait compris une chose, retenu une information qui le faisait encore frissonner malgré lui : Ye Jun lui plaisait. Il n’avait rien à voir avec toutes ces personnes avec qui il avait l’habitude de traîner. Irrémédiablement différent, trop attirant à son goût, ce voisin n’avait fait qu’accaparer ses pensées. Il avait bien tenté d’en discuter avec Sawan, aurait voulu être capable de suivre ses conseils plus tôt, mais le temps lui avait manqué. Entre ses cours, ses deals pour récupérer de l’argent et rembourser son matériel informatique, il s’était trouvé plusieurs excuses, sur les heures tardives, ou trop matinales pour aller voir Ye Jun, et lui parler. Mais même avec tout ça, il ne faisait que penser à son cher voisin, à ce qu’ils avaient su créer en un rien de temps. Son coeur palpitait parfois, lorsqu’il observait les photos que Sawan avait déniché sur internet. Et cette simple idée le rendait fou. Comment une simple personne avait-elle réussi à l’obnubiler de la sorte ? Il avait beau retourner la question dans tous les sens, aucune réponse ne lui était encore parvenue.
Pour une fois, Kyu était rentré tôt chez lui. Il n’était pas passé au dortoir, avait préféré retrouver directement son appartement. Cette semaine l’avait épuisé, bien plus qu’il ne l’aurait cru. Les soirées n’avaient pas du tout la même saveur qu’à l’accoutumée. Certains soirs, il s’était même surpris à vouloir le voir traîner dans l’un de ces endroits ou il venait travailler. Mais il savait que ça n’arriverait pas. Allongé dans son lit, ses écouteurs dans les oreilles, Kyu continuait de ruminer. Il repensait à ce que Sawan lui avait dit. Avisant l’heure, il s’était décidé, se relevant rapidement de son lit pour sortir de son appartement, et aller le voir. Retirant un de ses écouteurs, il soupirait, avant d’ouvrir la porte. Un moyen de se donner un peu de courage, finalement. Sauf qu’en passant le pas de son studio, une voix inconnue l’interpellait déjà. Quelques mots qui le faisaient frissonner, alors qu’il tournait la tête vers l’appartement de son cher voisin. La scène qu’il voyait le surpris, alors qu’une certaine vague de jalousie s’emparait déjà de lui. Vraiment ? Ye Jun ramenait déjà quelqu’un d’autre chez lui ? Il fulminait intérieurement, alors que son regard trahissait l’énervement certain qui pointait le bout de son nez. « Ah bah d’accord. » n’avait-il su retenir, alors qu’il toisait sans ménagement celui qui tenait son voisin dans ses bras. « Faut croire que j’étais qu’une distraction moi aussi, non ? » sa voix se faisait plus grave, teinté d’une douleur au coeur qu’il n’avait su retenir. Son muscle de vie se serrait dans sa poitrine, alors qu’il observait son voisin, attendant une réponse. Etait-il en droit de le demander, après ce qu’il avait fait ? Bien sûr que non, mais ça ne l’empêchait pas de rester là, observant ce spectacle, qui finalement lui fendait le coeur.

La compagnie de mon collègue est plaisante parce que Jay est un jeune homme sympa, amusant et détendu. Il ne se prend jamais le chou. Il déconne beaucoup au travail, a toujours le don pour nous faire rire quand on a eu des clients ultra chiants. Il est agréable de passer du temps avec lui. Il sauve même ma soirée foirée car mon rendez-vous est un gros lourd qui me donne juste envie de partir en courant. Nous passons un bon moment ensemble, et quand nous quittons l’endroit avec le reste de la bande, l’heure du dernier train est passé. Comme je ne vis pas trop loin de la gare, je lui propose de dormir chez moi. Mes intentions sont pures, et innocentes. Je ne crois pas qu’il pense autrement de son côté. Jay est un sacré dragueur mais il parle toujours de femmes alors pas la peine de s’imaginer des choses dans un tel contexte. Je suis en pleine confiance avec lui ! Nous continuons de discuter joyeusement en se rendant à mon appartement. Il me prend dans ses bras pendant que j’ouvrais ma porte après avoir jeté un coup d’œil vers l’appartement de Nam Kyu. Son comportement me déstabilise fortement. Avais-je loupé quelque chose ? Avais-je envoyé des signaux contradictoires à Jay ? Je ne souhaitais pas coucher avec lui. Mon cœur est toujours prisonnier de mon voisin. Ce dernier est encore aux abonnés absents mais cela ne veut pas dire que son emprise ait disparu. Elle est même encore vivace. Je voudrais faire bonne figure mais impossible… Pikachu est celui qui me fait vibrer de la tête aux pieds. Je voudrais juste avoir encore une occasion de discuter avec lui pour savoir ce qui se passe entre nous. Son absence me donne seulement la sensation d’avoir été une distraction dont il avait perdu le contrôle donc tout intérêt. Je sursaute en entendant le son de sa voix. Jay me serre toujours fort contre lui, et je ne peux pas remarquer le sourire qui se dessine sur ses lèvres pendant qu’il observe Nam Kyu. Je repousse mon collègue de toutes mes forces parce que ses paroles sonnaient comme la fin de tout. Manquant carrément de force, je me fais trainer dans mon appartement par Jay. Je me débats mais il me plaque contre la porte en tenant mes poignets. « Laisse-toi faire… je suis mieux que lui… » Quoi ? Lorsque mes yeux rencontrent les siens, je ne comprends pas ce qui se passe. Avais-je loupé un épisode ? Jay est intéressé par les hommes ? Non je ne crois pas. Il se serait vanté au boulot. Il est incapable de passer sous silence ses performances. Il me lâche subitement puis se dirige vers mon espace salon. « Tu devrais le rejoindre sinon tu le regretteras. » Je le regarde, les joues rouges, le cœur tambourinant comme un fou dans ma cage thoracique. Je hoche de la tête puis sors de mon appartement pour faire face à Nam Kyu. Je suis partagé entre l’envie de lui sauter au cou et frapper son torse. « Tu n’as pas… le droit… » Purée ! Je suis essoufflé – encore sous le choc de ce qui venait de se passer avec Jay. Je fais une pause avant de reprendre avec plus d’aplomb. « Tu peux rien me reprocher ?! Celui qui ne vient jamais me voir, c’est toi… pourquoi je devrais faire le premier par alors que c’est toi qui as ramené ce type chez toi ? » Les muscles de ma mâchoire se crispent. « J’en ai assez de guetter le moindre bruit provenant de chez toi, en espérant que tu viennes frapper à ma porte. » Je ne pensais pas me montrer agressif mais il y avait des choses que je gardais en moi qui devaient sortir. « Je suis fatigué d’attendre un geste de ta part… alors celui qui a été une distraction pour l’autre, c’est moi… » Je m’emporte tout seul. Au secours ! Appuyer sur le bouton mute. « T’as pas le droit de faire un cinéma car je ramène quelqu’un chez moi… T’avais plein d’occasions de m’approcher après cet incident… et t’as rien fais ! T’étais où ? » Je passe une main dans mes cheveux un peu plus long et plus clair. « Le pire ? C’est que tu me plais tellement que je suis incapable de profiter de la situation avec ce mec… parce que je pense qu’à toi. »

Alors c’était donc ça ? Cette douleur dans la poitrine que pouvait provoquer la jalousie. Ca devait donc se passer comme ça ? Kyu n’en croyait pas ses yeux, et ce même s’il était dans la situation inverse une semaine auparavant. Il n’avait aucune excuse, aucune raison valable de se montrer aussi jaloux, de se sentir aussi possessif avec son voisin. Peut-être qu’à cet instant, il aurait préféré que sa carapace reste intact, qu’il puisse rester de marbre face à cette scène. Mais son voisin avait malgré tout réussi à se faufiler à travers elle, en si peu de temps, et sans qu’il ne puisse rien y faire. A les voir ainsi, entrer dans l’appartement, Kyu rageait. S’il avait du mal à penser correctement, son corps lui, le faisait à sa place, alors qu’il donnait un coup de poing dans le mur. Parfois impulsif, il ne savait contrôler correctement ces excès d’émotion, et il fallait croire que c’était bien pire dès que ça touchait à son voisin. Il fallait croire qu’il avait raison de penser que cette dernière étreinte qu’il lui avait offert sonnait la fin, autant de ce jeu, que de ces moments qu’ils pourraient passer ensemble. Excédé par cette vision, Kyu avait rapidement récupéré un manteau, au hasard dans son entrée, ainsi que ses clés. Il fallait qu’il parte de là, n’était pas certain d’être capable d’endurer toute une soirée à l’entendre batifoler avec un autre. Fermant la porte derrière lui, prêt à partir, la voix de son voisin retînt son attention, alors qu’il lui faisait finalement face. Ses yeux s’écarquillaient lentement, alors qu’il l’écoutait simplement. Dans le fond, il savait que Ye Jun avait raison, qu’il était le premier à avoir ramené un autre mec chez lui. Mais jamais il n’aurait cru vivre la situation inverse, encore moins avoir tous ces sentiments négatifs s’éveillant ainsi en lui. C’était donc ça, qu’il avait fait ressentir à quelques uns de ses petits-amis ? Etrangement, Kyu se sentait mal, mordait ses lèvres à cette pensée. Mais ça n’enlevait pas cette jalousie mal placée, cet énervement certain dont il faisait preuve. « J’ai merdé, ok. Mais t’as pas le droit de ramener un pauvre type comme lui chez toi ! » Est-ce que ça paraissait censé ? Loin de là, mais les mots s’échappaient de ses lèvres sans même qu’il n’ai le temps d’y réfléchir. « J’ai pas envie de te voir, de te savoir, de t’entendre avec un autre mec ! » Incapable de mesurer ses propos, il continuait sur sa lancée. Et qu’importe finalement si tout ça ne prouvaient qu’une possessivité maladive, seules ses pensées s’exprimaient à cet instant. « J’t’ai déjà dit que t’étais pas une distraction ! Et quand j’ai enfin du temps pour venir te parler, voilà que toi tu te permets d’ramener ce mec … dégueulasse qui en a que pour ton cul ! » Ironique ? Très certainement, alors qu’à leur première rencontre, il avait eu cette idée en tête. Idée qui avait germé alors que Ye Jun avait réussi — sans qu’il ne sache comment — à passer entre les mailles du filet, à l’atteindre autrement, au point qu’il en venait à réclamer plus qu’une simple nuit avec lui. Et si son voisin assurait qu’il n’avait pas le droit de faire une scène face à ce qu’il voyait, il se le permettait malgré tout. « J’ai passé toute ma semaine à bosser, tu voulais quoi ? Que j’vienne te réveiller à quatre heures du mat quand je rentrais ? » A ses propres mots, Kyu se surprenait, relevait la tête. Il avait envie de croire que rien n’était totalement terminé entre eux, mais en doutait de plus en plus. Leur dispute ressemblait plus à une histoire de couple qu’une altercation stupide entre deux personnes venant de se rencontrer, et ça le perturbait, quelque part. Jamais, il n’avait vécu une telle chose, jamais il n’aurait cru le vivre même. Son corps entier bouillonnait encore, alors qu’il l’observait, son regard ancré dans le sien. « Si j’te plait tant que ça, alors viens. Lâche-le et viens boire un verre avec moi. Maintenant. » Sa voix était un peu plus posée, alors qu’il enfouissait ses mains dans ses poches, attendant déjà la réponse. Sawan lui mettrait une bonne claque en voyant cette façon qu’il avait de vouloir l’inviter à prendre un verre. Il se défendrait en disant qu’au moins, il suivait ses conseils. Mais dans le fond, tout ce qu’il voulait à cet instant, c’était l’éloigner de ce mec qui traînait dans son appartement.

Mon collègue se montrait sous un nouveau jour, et cela me dérangeait car il me donnait la sensation d’avoir été trompé sur la marchandise. Je ne savais pas comment Jay pouvait imaginer une seconde que je succomberai entre ses bras. Il est amusant et mignon mais mes pensées sont accaparées par le plus beau spécimen mâle que j’ai pu rencontrer. Il avait fait son nid dans ma tête tout comme mon cœur sans aucun effort. Cela m’effrayait ! Je devais bien avouer que les choses prennent un tournant flippant. Je ne possède aucune carte me permettant de prendre le contrôle. Je dois absolument me laisser embarquer pour Nam Kyu. Est-ce que je pourrais lui faire confiance ? Je ne sais pas comment faire actuellement mais une bonne discussion devrait arranger les choses ? Encore faudrait-il que mon voisin soit dans les parages… et comme le destin aime être cruel avec moi, il me colle mon beau Pikachu dans les pattes. Jay choisit de m’isoler pendant quelques minutes mais je ne comprends pas bien son manège. Il espère quelque chose ou pas ? Il veut me donner un coup de main ? Les choses se passent tellement vite que je ne réalise pas comment je me retrouve dehors. Cependant je me rappelle bien pourquoi je me dispute avec Nam Kyu ! Il ose me renvoyer dans la tronche mes paroles ? Je me défoule sur lui, une première fois… Mes souvenirs occultent le faites que mon voisin a du répondant. Ne vous inquiétez pas, il me rafraichit la mémoire rapidement. PARDON ? Je crois que mes oreilles sont bouchées, car il me semble entendre une grosse bêtise. Mes yeux s’écarquillent devant ce délire. « SERIEUX ? Je ramène qui je veux chez moi… et pourquoi je ne pourrais pas ramener un type comme lui ? Il est drôle, gentil. Il est bosseur. Je ne vois pas en quoi cela te regarde. » Il avoue de ne pas avoir envie de m’entendre, me voir et me savoir avec un autre. Un aveu qui réconforte mon ego. En moi ? C’est soirée disco ! Mon cœur se sent plus devant cet aveu. Il danse, sautille, fait des arrêts sur image puis repart dans son délire. De telles paroles me radoucissent presque tout de suite. Je suis sensible aux hommes capables de dire ce qui les dérangent et qui avouent avoir des faiblesses. Je ronronnerai bien mais nous sommes dehors, toujours dans un contexte « dispute de couple » alors que nous ne sommes pas ensemble. « Est-ce que tu t’entends ? T’es sérieux ? Tu t’es cogné avant de rentrer chez toi ? Tu me rappelles tes intentions envers moi lorsque nous nous sommes rencontrés ? T’avais bien envie de me mettre dans ton lit, toi aussi. Ne juge pas les autres quand tu es comme eux. » Mes paroles sont amères parce qu’elles viennent d’éteindre les lumières sur la joie apportée par son aveu. Je ne devais pas oublier que Nam Kyu attendait juste de me mettre dans son lit aussi. Je résistais, une chose dont il ne devait pas avoir l’habitude alors son intérêt est plus grand… sinon il aurait vite tourné la page. Croyez-moi… Oh… Il bosse ?! Je me rends compte que je ne connais rien de lui. Je baisse les yeux parce que ses paroles font mouche. Evidemment qu’il est stupide de croire que Pikachu viendra me réveiller pour avoir une discussion avec moi. Il devait être au bout de sa vie quand ses journées se finissaient aussi tardivement. Je jouais nerveusement avec mes doigts. « tu aurais pu… j’aurai rien dit pour toi… » Ma voix est toute basse, toute douce. Les mots vont plus vite que mes pensées. Ils franchissent mes lippes sans que je me rende compte de leurs portées. Après est-ce une catastrophe si Nam Kyu entend que je suis faible devant lui ? Peut-être que cela nous permettra de mettre les choses à plat, et de reprendre la route ensemble. Mes yeux se noient dans la noirceur des siens. Il est captivant, fascinant. Je voudrais y rester pour toujours. Chose impossible bien sûr ! Un pas dans sa direction, un second alors que je me stoppe sous son nez. « Pas franchement la meilleure façon de proposer un rendez-vous. » Je tends la main pour caresser sa joue. « Tu me kidnappes pour la nuit aussi ? » Mes yeux pétillent de malice. « Mon collègue dort chez moi car il a loupé le dernier train. » Je passe mes bras autour de sa taille. « On pourrait dormir ensemble sans faire quoique ce soit… » Je lève les yeux vers lui. « Tu sais que t’es mignon quand t’es jaloux ! »

Ses mots dépassaient l’entendement. Kyu ne prenait pas vraiment conscience de ce qu’il osait bien dire, avant de l’entendre de son vis-à-vis. Comme si ses pensées s’exprimaient sans qu’il ne puisse l’empêcher, ou bien le contrôler — ce qui, en soit, n’avait rien d’étonnant venant de lui. Et il ne s’en rendait compte que lorsque son voisin osait répliquer. Mordillant ses lèvres, son énervement n’en était que plus profond. Autant contre lui-même, que celui qui se trouvait dans l’appartement de Ye Jun à cet instant précis. « Bah super ! Autant me dire que j’ai aucune chance face à un mec comme lui, ça revient au même ! » Ca le mettait hors de lui, même s’il tentait encore de garder contenance. Kyu avait beau savoir, qu’au départ, en croisant son regard, il avait pu avoir de mauvaises intentions. Mais celles-ci avaient changées au fur et à mesure de ce jeu qu’ils avaient entrepris. Ye Jun avait réussi, sans qu’il ne sache comment, à se faufiler dans ses pensées. A percer cette carapace formée autour de son coeur. A l’attirer sur un autre chemin, bien rapidement. Il s’était surpris à observer plusieurs fois les photos que Sawan avait déniché. A vouloir le voir sans forcément entrer davantage dans ce jeu. Il voulait en apprendre plus encore sur son voisin. S’étonnait même à vouloir voir son travail, découvrir ce qui faisait son quotidien. Et c’était perturbant. Jamais, il ne s’était intéressé de la sorte à quelqu’un. Jamais, il ne s’était montré aussi curieux envers une personne. Et il ne voulait pas le faire en crackant des informations sur internet. Il voulait l’entendre de son vis-à-vis. Lui poser des questions stupides, voir de lui-même les réactions qu’il pouvait avoir. Des gestes qui pourraient continuer de l’attendrir, aussi. « J’suis pas comme eux ! » lançait-il vivement. « J’y ai p’t’être pensé au début mais c’est pas c’que j’veux ! » Et à cet instant précis, il était réellement sincère. Sans pour autant être capable de poser des mots exacts sur ce qu’il voulait. Parce qu’il n’avait jamais connu ça auparavant. Parce qu’il ne savait pas comment s’y prendre. Il n’avait eu besoin que d’un souffle, de quelques mots, pour le calmer un tant soit peu. Pour le faire se reconnecter à la réalité. Ses yeux s’écarquillaient une nouvelle fois. Mais il ne savait pas quoi répondre, restait simplement planté là, à le regarder. Aurait-il du oser aller le réveiller un soir aussi tard ? Ce n’était pas vraiment dans ses habitudes, sauf si une urgence se présentait. Son regard plongé dans le sien, il n’osait plus bouger. Son coeur s’emballait à le voir se rapprocher, à sentir sa main caresser sa joue. Il était simplement captivé par celui qui lui faisait face. Et pendant un cours instant, il en oubliait même cette scène qu’il avait vue quelques minutes plus tôt. « Si ça tenait qu’à moi, j’te séquestrerais même. » Un léger sourire avait fini par s’étirer sur ses lèvres, quelque peu taquin. Sans pour autant vouloir jouer, ou même reprendre là ou ils s’étaient arrêtés. Finalement, Kyu se dévoilait peu à peu. Lentement mais sûrement. Avec une franchise certaine. La simple idée qu’ils puissent dormir l’un contre l’autre provoquait une vague de frissons en lui, alors qu’il capturait son voisin de ses bras d’un geste presque brusque. Ses yeux qu’il fermait un instant, il resserrait déjà son étreinte, profitait de ce contact. « Tout c’que tu veux. » Tant qu’il pouvait profiter de sa présence ce soir, il s’en contenterait largement. « J’suis pas jaloux. » grommelait-il, croisant son regard. Possessif, surtout. Il voulait qu’il soit pour lui, rien que lui, personne d’autre. C’était surtout la peur de le voir l’abandonner pour un autre qui le faisait parler. Sa poitrine continuait de gonfler, alors qu’il n’était pas encore prêt à le lâcher, préférait le coller davantage à lui. Nichant sa tête dans son cou, il restait ainsi, de longues secondes, se délectant simplement de ce que ce contact provoquait en lui. « Ce soir, tu restes avec moi… » soufflait-il simplement, avant de se redresser. Il avait du mal à le quitter du regard, lui offrait un réel sourire. « Mais pour le moment, j’ai faim, et tu m’accompagnes bouffer. » ajoutait-il, une pointe de malice dans la voix. Il était hors de question de le laisser retourner chez lui. Le savoir avec un autre, même s’il s’agissait d’un simple collègue. Il ferait ce qu’il pourrait, pour qu’il reste avec lui, quoi qu’il en coûte, et ça commençait ce soir, finalement.

Cette dispute me donnait des frissons le long de ma colonne vertébrale parce que je me demandais si elle aboutirait par un « adieu » ou « poursuivons ». Je ne me sentais pas encore prêt pour dire « au revoir » au beau voisin. Je souhaitais que nous puissions continuer notre petit jeu, si cela le motivait aussi. Il aurait été stupide de tourner la page juste pour cette histoire. Evidemment qu’elle m’a blessé parce que je me sentais unique quand il posait ses yeux sombres sur moi. Il me donnait la sensation de ne voir que moi. Ce sale type avait sous-entendu que Nam Kyu se servait de moi pour passer du bon temps. Des paroles qui avaient alimenté des angoisses passées. Je voulais passer au-dessus mais c’est difficile quand vous n’avez personne autour de vous pour vous secouer et ouvrir vos yeux. D’ailleurs il semblerait qu’il ne supporte pas la comparaison le petit Pikachu. Je lui adresse un grand sourire parce que cela me plait de le savoir jaloux comme un pou. Je voudrais bien en rajouter une tartine mais ce serait poussé le bouchon un peu trop loin Maurice. Il risque de ne pas supporter ça. Restons dans une zone de confort ! Les mots que nous échangeons ne sont pas prononcés dans le but de blesser l’autre mais plus pour nous faire bouger. Il est temps que nous ayons une réelle conversation. Nous devons mettre les choses sur la table pour savoir ce que nous faisons : soit nous poursuivons, soit on dit stop puis on tourne les talons. La dernière solution ne m’enchante pas parce que je ne souhaite pas le voir avec un/une autre. Je désire que ses yeux se posent toujours sur moi. Il marque des points en avouant avoir eu comme objectif de me mettre dans son lit au début mais que sa vision avait changé. Cette faiblesse est adorable. Il devient plus humain. Le dieu descend de son trône, et se met enfin à la hauteur du pauvre mortel que je suis. Je lui assure qu’il peut venir me déranger sans problème, même la nuit parce que je serai heureux de passer du temps avec lui. Il devrait être même content car nous pouvons passer la nuit ensemble. Mon collègue va dormir chez moi, et si Nam Kyu est plus rassuré de me savoir proche de lui, cela me dérange pas. Ce sera une occasion de faire connaissance puis de dormir dans le même lit ou pas. Cette idée parait le séduire aussi. Je suis heureux de le voir réagir de la sorte parce que cela indique que monsieur se soucie de moi. Les yeux pétillent tandis qu’il me serre dans ses bras. Je m’y sens bien !! Je me marre quand il refuse de dire qu’il est jaloux. C’est adorable. Je pose ma joue contre son torse, savourant cette complicité retrouvée. « Je ne comptais pas aller ailleurs surtout si tu étais dans les parages. » Je le regarde en souriant. Ma colère avait fondu comme neige au soleil. « Je t’accompagne mais seulement si on ne se dispute pas pour un japchae. » Je me marrais en faisant référence à notre rencontre. « Tu veux aller manger où ? » C’est pas une invitation en bonne et due forme mais peu importe. « Je devrais passer dire à mon collègue que je ne dors pas chez moi ce soir, non ? » Je fais mine de me diriger vers mon appartement puis je m’adosse contre la porte. « Tu as peut-être des arguments pour que je rentre pas ici quelques instants ? » Je lui offre un sourire provocateur. « Il faudra que l’on y passe en revenant parce que je n’ai pas de pyjama chez toi. »

Quelque part, Kyu se sentait soulagé, alors qu’il refermait ses bras autour de son voisin. Ca ne pouvait pas être la fin, ainsi ? Il espérait que non. Ce n’était pas tant une question de jeu, mais Ye Jun avait réussi à percer sa carapace, attiser sa curiosité. Et même malgré ce qu’il s’était passé lors de leur dernière rencontre, il ne pouvait pas s’imaginer que ça puisse en rester là. Rassuré par les mots de son vis-à-vis, son sourire se faisait plus franc sur ses lèvres. Kyu n'était clairement pas doué pour ce genre de choses, n’était pas prêt pour apprendre, mais il se laissait faire. Inviter quelqu’un n’était clairement pas dans ses habitudes, pourtant, il le faisait, à sa façon. « Je t’en paierais autant que tu veux. » répondait-il, ce rire dans la voix, à repenser à cette rencontre, peu banale lorsqu’il y repensait. Mais il était heureux, que ce soit arrivé. Même si tout semblait arriver trop vite pour lui, s’il ne comprenait pas tout à fait ce qui se passait en lui. Haussant légèrement ses épaules, il ne le quittait pas du regard, savourait le simple fait de pouvoir l’observer. « J’sais pas, on verra bien. » Il était toujours comme ça Kyu, assez spontané. Peut-être trop parfois. Alors qu’il le voyait s’éloigner, il fronçait ses sourcils, se demandait ce que son voisin avait en tête. Voulait-il le rendre plus jaloux qu’il ne l’était déjà ? La question pouvait bien se poser, mais Kyu n’avait pas les idées assez claires pour le comprendre. S’avançant à son tour vers l’appartement de son voisin, il l’attirait à nouveau contre lui, le capturait de ses bras de sorte à ce qu’il ne puisse pas bouger. « T’as pas besoin d’entrer. » qu’il soufflait, avant de se détacher, prendre les devants en ouvrant la porte du studio. « Hé toi là ! » Quelques secondes, avant de capter le regard de ce fameux collègue. Son regard se voulait perçant, alors qu’il le toisait une nouvelle fois. « Pas la peine d’attendre Ye Jun, il rentrera pas ce soir. T’as qu’à aller t’faire un p’tit plaisir solitaire si vraiment t’es en manque. » lançait-il, presque froidement, avant de refermer la porte. Le simple fait de le voir le faisait frissonner de jalousie. Pour autant, il se contenait autant qu’il le pouvait, pour garder la face, surtout. Attrapant la main de son voisin, il l’attirait déjà plus loin, comme si de rien n’était. « J’te passerais un truc pour dormir. » Comme si c’était normal, finalement. Mais une façon de montrer qu’il ne voulait pas le voir approcher cet intrus, sans qu’il ne s’en rende réellement compte. Entrelaçant leurs doigts, il avait glissé leurs mains liées dans la poche de son manteau, le dirigeant déjà vers la sortie de l’immeuble. « Tu veux manger un truc ? » demandait-il, comme si rien ne s’était passé. Au fond de lui, pourtant, Kyu savait qu’à un moment donné, ils devraient discuter. Poser des mots sur ce qu’il se passait, ce qu’ils voudraient. Il redoutait un peu ce moment, parce qu’il ne savait pas ce qu’il allait bien pouvoir dire. Ni même ce que sa franchise habituelle pourrait bien provoquer. Alors en attendant de se poser quelque part, que cet instant arrive, il laissait redescendre cette pression qu’il avait pu ressentir. L’air frais de l’extérieur claquant sur son visage lui faisait un bien fou. Resserrant un peu plus sa main dans la sienne, il l’entraînait déjà dans la rue, sans même savoir ou ils allaient bien pouvoir aller. Mais il n’y pensait pas vraiment, jetait simplement quelques coups d’oeil vers ce voisin qui le rendait bien plus fou qu’il ne l’aurait cru. Et il se contentait seulement de ces quelques sourires qu’il pouvait voir sur le visage de Ye Jun. A cet instant, ça lui suffisait amplement.

Dois-je comprendre que nous ne prenons pas le chemin des adieux en étant dans les bras l’un de l’autre ? Il y avait une lueur d’espoir pour que nous continuions ces étranges échanges entre nous ? Cette perspective me rendait le sourire. Je ne me sentais pas encore capable de le voir prendre le large. Il me fallait un max de temps pour le passer en sa compagnie. Il paraissait être un personnage plein de mystères. Je voulais savoir ce qui se cachait en-dessous de tout ce que l’on voyait. Nam Kyu devait me laisser une chance de conquérir son cœur, bien que ce ne soit pas mon intention première. Ce soir, on allait peut-être enfin avoir cette conversation dont nous avions besoin. Une certaine partie de moi craignait de l’issue de la discussion mais on ne pouvait plus jouer sans poser des bases solides. Est-ce que nous sommes prêts pour ça ? Croisons les doigts pour que la réponse soit affirmative. Je me laisse chouchouter encore un peu avant de reprendre le fil de notre échange. Sa douce chaleur corporelle fait battre mon cœur à la chamade. Je lui rappelais notre rencontre avec la dispute du japchae. On ne peut pas dire que nous avons montré alors la meilleure partie de notre personnalité. Sa générosité me touche mais je ne souhaite pas me faire payer quoique ce soit. Je me débrouille par mes propres moyens… Ouais j’ai une petite fierté aussi. Avant de nous mettre en route, je souhaitais repasser par chez moi déjà pour prévenir mon collègue que je ne dormirai pas chez moi puis prendre un pyjama ainsi que des chaussettes. Mes pieds ont froid dans leurs claquettes. Nam Kyu est pas trop emballé par cette proposition. Il approcha, me rappelant les prédateurs se dirigeant vers leurs proies. Il me captura dans ses bras, m’empêchant de bouger. Son attitude me fit rire alors que je passais mes bras comme je le pouvais autour de sa taille. Malheureusement cette étreinte fut de courte durée car il prit les devants en annonçant le programme à Jay. L’expression de mon collègue ressemblait à celle d’une biche prise dans les phares d’une voiture. Il ne comprenait pas bien ce qui se passait. Je pouffais de rire dans leurs dos parce que la scène est comique. L’attitude de Jay était ambiguë mais il m’a poussé vers mon beau voisin aussi. Je me laisse embarquer par Pikachu qui me prend la main, un geste simple et innocent sauf qu’il fout le bordel dans mes pensées. Est-ce que Nam Kyu aurait envie que nous soyons plus proches ? Plus intimes ? Je glissais mes doigts entre les siens pendant que nous quittions l’immeuble. « Même pas tu sauterais sur l’occasion de me voir nu ? » Je tire la langue avec espièglerie. « Ce serait une occasion pour voir mes tatouages. » Faisons fonctionner un peu son imagination. Il faut garder du mystère ! « Attends ! Ne marche pas trop vite ! Je n’ai pas pu changer de chaussures alors je suis en claquettes. » Je porte un jeans troué avec un t-shirt large en plus de mes chaussures confortables. Est-ce que mon voisin allait enfin mettre les pieds dans le plat ou pas ? On pouvait tourner en rond longtemps ! Je pris la décision de l’emmener au combini de notre rencontre. « Prenons des choses que l’on peut manger chez toi. » Je prends un panier puis me dirige vers le coin des plats préparés. « Oh ! Regarde ! Ils ont encore des japchae. » Je le regarde puis le bouscule du coude. « Pas besoin de nous disputer cette fois. » Il ne voulait pas prendre les choses en main ? Je devais être celui qui pose les limites ? Ma langue appuya contre l’intérieur de ma joue. Je suis ennuyé, voire agacé que Nam Kyu fasse l’autruche. Moi aussi je peux jouer ! « On en prend ? Je me tâte pour un bibimbap… mais c’est meilleur quand une personne que l’on apprécie le prépare… hmmmm… Tu en penses quoi ? » Je me tourne dans sa direction avec une bouille angélique. « Si tu préfères, on peut manger ailleurs. » Ma patience peut disparaitre telle la neige au soleil parfois. « Ecoute ! On doit bien discuter de tout ce qui se passe entre nous… ou je rentre chez moi et passe ma soirée en compagnie de mon collègue. » Pas le meilleur endroit pour que nous parlions. « Tu comptes esquiver ou pas ? »

C’était rassurant, quelque part, de sentir Ye Jun si proche de lui. De simplement pouvoir tenir sa main dans la sienne. Un geste qu’il n’offrait que très rarement, pourtant avec ce voisin, il avait ressenti le besoin de le faire. Sans le contrôler, sans chercher à le comprendre. Il laissait son corps parler pour lui, ne réfléchissait pas à l’attitude qu’il pouvait bien montrer. Il voulait simplement cracher son venin contre cet intrus, et garder Ye Jun pour lui. Et même si ça semblait facile au premier abord, ça ne l’était pas tant que ça, finalement. Ye Jun avait attiré son attention très rapidement, peut-être trop. Il avait réussi à accaparer ses pensées en un rien de temps. Et la possessivité maladive de Kyu ne l’aidait en rien à faire la part des choses, à comprendre exactement ce qu’il pouvait bien se passer. C’était un exploit pour lui, d’avoir réussi à avouer à Sawan que ce voisin lui plaisait, mais il ne savait pas comment faire, comment agir. Comment faisaient les autre dans une telle situation ? Ce gamin esseulé était prêt à tomber dans un filet qu’il n’avait jamais approché, et au fond de lui, il avait peur. « J’dis pas que j’en ai pas envie. » avait-il simplement répondu, grognant même un peu à l’idée de pouvoir découvrir ces tatouages qui semblaient orner le corps de Ye Jun. Mais il avait compris quelque chose, à travers cette soirée ratée. Il allait devoir être patient, certainement plus qu’il ne l’aurait cru. Et même si ce n’était pas vraiment son fort, il allait le faire, si c’était ce que Ye Jun voulait. Kyu se surprenait lui-même d’accepter si facilement ce genre de chose. Cependant, il ne voulait pas merder une seconde fois. S’il savait qu’il n’avait que très peu de limites dans la vie, ce n’était pas le cas de tout le monde, et il allait devoir faire avec s’il voulait apprendre à mieux connaître celui qui se trouvait avec lui à cet instant. Ralentissant son rythme, il s’était laissé guider jusqu’au combini, tentant de garder le plus longtemps possible la main de son voisin accrochée à la sienne. Il suivait sans rien dire, laissait son regard vagabonder dans l’espace, même s’il connaissait ce lieu par coeur. Un simple « ok » en guise d'acquiescement s’était échappé d’entre ses lèvres, alors qu’au fond de lui, il continuait de stresser. Il déglutit, observait furtivement son voisin. « Prend c’que tu veux, j’te suis. » répondait-il simplement, comme si de rien n’était. Au fond de lui, tout se bousculait encore. Il essayait encore de savoir ce que Sawan lui aurait dit, ce qu’elle lui aurait conseillé de faire. Mais rien ne venait à son esprit. Tout semblait embué, davantage encore en sachant Ye Jun si proche de lui. Comme s’il parasitait ses pensées au point qu’il n’arrivait plus à réfléchir correctement. Et c’était si déstabilisant pour lui. Il semblait ailleurs, pourtant, il ne cherchait qu’un moyen de bien faire les choses, même si ce n’était clairement pas dans ses habitudes. Ses yeux clignaient nerveusement, alors qu’il se retournait vers Ye Jun, l’air comme effaré. Instinctivement, il avait capturé son visage de ses mains, s’était rapproché de lui pour ancrer son regard dans le sien. « J’t’ai déjà dit que j’veux pas t’savoir avec lui. » commençait-il. Son regard se faisait plus sombre, alors qu’il restait là, les empêchant presque de bouger. « J’m’en fous qu’on joue ou pas, qu’on s’envoie en l’air ou qu’on fasse que discuter. Là tout c’que j’veux… » Il marquait une autre, quelques secondes tout au plus, pinçant légèrement ses lèvres. « C’que j’veux c’est que tu restes avec moi ce soir. » lâchait-il finalement, laissant retomber ses bras le long de son corps. « Tu veux qu’on en discute maintenant ? Soit. » Il s’asseyait par terre, sans penser à l’endroit ou ils se trouvaient. D’un geste de la main, il l’invitait à faire de même, relevant la tête vers lui. « Qu’on en discute. Au moins ça sera fait. » On pouvait sentir dans sa voix, qu’il n’était pas à l’aise avec cette idée. Pour autant, s’il fallait le faire, qu’il en soit ainsi. Peut-être que ça l’aiderait à se détendre, finalement. Et a reprendre le cours de cette soirée plus sereinement, ou pas.