Insolence, insouciance dans nos gestes… nos rires, troublent le silence du hall, s’intensifient alors que je l’observe. Incapable de réaliser, que tout ce que j’ai est ici… face à moi. Mon regard se perd, sans l’ombre d’une nostalgie sur elle, avant que je ne viens rire un peu plus fort de notre jeu enfantin. Je la pousse, amusé, gravis les marches et la dépasse. Mais dans les escaliers, je ralenti mon rythme, peut-être déjà en manque d’elle et lui jette un regard malicieux avant de me saisir de sa main pour l’attirer jusqu’à moi. Attrapant son visage, je l’embrasse amoureusement, sans me préoccuper du reste. De l’endroit, de qui pourrait nous voir. Je m’en fous ! Je profite de l’instant, approfondie ce baiser, en la serrant contre moi… « On va dans ma chambre ? Young Min est pas là. » Trois jours qu’on est rentré de Busan. Trois journées où je n’ai cessé de penser à elle, à la voir et à vivre ce que nous partageons ce soir. Je n’en ai parlé à personne… pour être franc j’ai joué à l’égoïste, je le sais. Je ne veux pas reproduire les mêmes erreurs que par le passé, mais je voulais garder ça pour moi juste encore un peu. Pour nous. Pouvoir réaliser, doucement et laisser le quotidien reprendre ses droits lentement. Je ne voulais rien précipiter et je ne pensais pas que garder ça encore, ferait de mal à qui que ce soit. Je pensais d’abord à nous. Au fait que nous devions nous adapter à ce nouveau rythme, à ces soirées qu’on passait tous les deux. Ce soir nous étions sortis, balade, restau… ce genre de choses simples qui me rendaient différent. Plus calme aussi surement. Sortir de nouveau avec Ye Won, c’était presque irréel, et pourtant chaque instant passé avec elle me faisait me rendre compte de ce qui se passait. Le retour à notre vie, n’avait pas changé grand-chose, à part peut-être le manque d’intimité… mais c’était le genre de problème que tous les nouveaux couples devaient gérer. Alors oui, ce soir en sachant que Young Min n’était pas là, je n’avais qu’une envie, partagé ma nuit avec elle. Je n’avais pas envie de la quitter encore une fois, de devoir simplement lui dire bonne nuit et devoir rester seul. C’est donc avec plein de malice et d’envie que je l’invite à me suivre. Sourire accroché à mes lèvres, je garde sa main dans la mienne, précipite mes pas jusqu’à l’étage des garçons. Arrivé à la porte, je ris presque impatient à l’idée de nous retrouver seul. Et une fois ouverte, je ne tarde pas à l’attirer dedans, claque presque la porte derrière elle, avant de me presser sur elle et la plaquer contre celle-ci. « J’en peux plus, j’ai trop envie de toi. » et je m’emballe, me jette sur ses lèvres dans un baiser plus passionné et langoureux. Dire que je n’avais pas pensé à ce moment avant la soirée serait un mensonge, j’avais besoin de la retrouver complètement. De la toucher, de la posséder… nous n’avions pas vraiment eut l’occasion depuis de notre retour, alors oui, j’étais presque en manque d’elle. Et sur ces pensées, je souris, espiègle, le regard lubrique tandis que je me détache pour retirer mes chaussures et ma veste. Juste des secondes, mais elles me paraissent déjà de trop, alors que je me rue à nouveau vers elle pour venir l’attraper par la taille et l’attirer contre moi. « J’ai pas arrêté d’y penser… tu m’en veux pas ? » mon regard se perd sur sa bouche, que je rêve déjà de dévorer. La mienne garde son sourire presque insolent, tandis que je l’emmène au lit avec moi. Mes jambes finissent par cogner le bord du meuble, je me laisse tomber dessus, l’entraine pour qu’elle puisse rejoindre. Je perds une main dans ses cheveux, sur elle, le souffle court… je la trouve tellement belle, tellement parfaite… cette fille est à moi. Et le simple fait de m’en souvenir, me rend encore plus impatient. Cette même attraction, dans ce baiser, dans mes gestes… « Tu m’as manqué. » de cette façon, de cette folie qui m’envahie. Et je suis coupable de vouloir la garder, de vouloir encore être à l’abri des autres… d’être égoïste avec elle.

Une légèreté certaine, un bonheur qui se lit sur ses lèvres. Depuis quelques jours à peine, Ye Won change, se métamorphose. Elle regoûte à ces sentiments enfouis au fond d’elle, les laisse prendre toute la place. Elle se laisse porter par l’instant, sans réfléchir, sans penser au reste. Profitant simplement de ces rires, de ces sourires. Ils lui ont tant manqué, au point qu’elle pensait ne jamais les retrouver. Elle pensait qu’ils ne resteraient qu’un lointain souvenir qu’un jour elle finirait par oublier. Et aujourd’hui, tout est bien réel. Ces contacts, cet amusement certain dans la voix. Tout est grisant, euphorisant. Tout reprend forme autour d’elle depuis ce retour de Busan. Et elle s’y perd avec une facilité déconcertante, renoue avec tout ce qu’elle a toujours désiré au fond d’elle. Qu’importe, que les autres puissent voir à quel point elle l’aime. Qu’importe, que cette fois, tout soit exposé au grand jour. Tout ce qui compte, c’est de pouvoir être avec lui, un peu plus longtemps encore. Alors elle rit, monte les escaliers rapidement pour combler la distance qui les sépare encore. Elle attrape sa main, et le suit sans un mot de plus, ce sourire qui illumine toujours son visage. Tout semble plus simple depuis trois jours. Tout semble plus serein. C’est ce qu’elle se dit encore, alors qu’elle finit par entrer dans sa chambre, répond à ce baiser dans une fougue qui n’appartient qu’à eux. « Moi aussi… » soupire contre ses lèvres, folie omniprésente mais qui continue de la rendre si vivante. Elle copie ses gestes, jette ses chaussures un peu plus loin avant de retirer sa veste, l’attirer à nouveau contre elle. Ses jambes chancellent lorsqu’il la guide vers le lit, et elle en rit, retombe sur lui. A chaque instant, elle ne rêve que de le retrouver, être sienne un peu plus longtemps. A chaque jour qui passe, elle a le sentiment que son amour pour lui prend davantage encore de place - si seulement cela semblait possible. Son regard se veut malicieux, enivré, alors qu’elle capture sa bouche dans un autre baiser amoureux, plus langoureux. Elle lui retire déjà son haut, se délecte de pouvoir sentir sa peau contre la sienne. Douce euphorie qui la porte à cet instant. Douce sensation d’être la seule a pouvoir profiter de cette attraction qui les lie. Ses mains parcourent déjà son torse, son corps se presse contre le sien alors qu’elle assimile un peu plus cette proximité qui les lie à nouveau. Quelques instants, à profiter de la chaleur de sa peau, avant de se retourner, l’inviter à la surplomber. Ses yeux qui se ferment, d’autres baisers, des barrières qui tombent une à une, pourtant, une évidence certaine vient la frapper en plein coeur lorsqu’elle ouvre à nouveau les yeux. Lorsque sa lucidité vient à lui rappeler la dernière fois qu’elle a osé entrer dans cette chambre. Et cette vision revient à elle, celle de celui qu’elle aime, dans ce même lit, offert à une autre. L’un de ces démons peut-être encore trop présent, alors qu’elle se stoppe dans ses mouvements, une certaine stupeur dans le regard. « Il Kyang attend… » arrive-t-elle tout juste à murmurer, l’observant. Ye Won a beau savoir qu’en cet instant, c’est elle qui est dans ses bras, elle a ces images qui lui reviennent à l’esprit, et qui l’effraient bien plus qu’elle ne l’aurait cru. Tirant le drap vers elle, comme pour se cacher, elle tourne la tête, une panique certaine qui s’empare d’elle. « Je suis désolée… » souffle-t-elle, comme perdue. Comme une enfant qui se rendrait compte qu’elle n’a peut-être pas sa place ici. « Je … Je peux pas … Pas ici… » bredouille-t-elle, alors que ses yeux s’embuent lentement. Elle savait pourtant, qu’il faudrait faire face à ces souvenirs douloureux qu’elle occulte depuis ce week end. Qu’elle devrait tirer un trait définitif sur ce passé, pourtant pas si lointain. Mais à cet instant, c’est plus fort qu’elle. Elle n’a en tête que cette vision d’Il Kyang dans les bras de Sawan. Et cette peur bien ancrée en elle, d’y faire face une fois de plus. De croire qu’un jour, tout ça pourrait recommencer. Qu’il puisse à nouveau se perdre dans ce qu’une autre a su lui offrir alors qu’il l’avait évincée de sa vie. Que ce qu’il ressent pour cette fille-là soit finalement plus important que ce qu’ils ont décidé de vivre, ensemble.

La première barrière tombe, trouve le sol rapidement alors qu’un sourire étire mes lèvres. L’attirant contre moi, soupirant contre sa bouche. Je n’ai plus que ce besoin d’être à elle, qui m’obsède. Sa peau me manque, la mienne réclame la sienne. Je râle, la touche, ferme les yeux dans nos baisers. Perdant la raison, je veux tout abandonner encore une fois à ses côtés. Et je roule, reprends cette place pour la surplomber et la regarder. Me délectant de ces sensations, de cette vue, de ces habitudes que nous reprenons. Je veux simplement me perdre, oublier qui je suis dans ses bras… d’un geste, je lui retire son vêtement, laisse mon souffle s’écraser dans son cou. J’ai envie d’elle, de la retrouver… et je perds un peu plus la tête, sous ses caresses, au son de nos gémissements… je frissonne, prêt à tout lui offrir ce soir. Mais alors que je vais pour l’embrasser, je la sens se raidir… me stoppant dans ma fougue, je l’observe les lèvres rougies par nos baisers. Déjà haletant, j’ai du mal à comprendre ce qui lui arrive. Pourquoi s’arrête-t-elle ? Est-ce que j’ai fait quelque chose qu’il ne fallait pas ? Je fronce les sourcils, me redresse un peu pour croiser son regard. Je déglutis en la voyant subitement tirer le draps, alors qu’une angoisse me monte à la gorge. Elle ne peut pas… pas ici ? J’ai du mal à saisir, encore l’esprit embué par notre échange et l’envie présente. Je ne sais pas de quoi elle parle, ni même ce qui lui prend tout à coup. Je pensais qu’elle le voulait aussi… « Ye Won… désolé… » C’est la seule chose que je trouve à dire, alors que je reste planté au-dessus d’elle sans savoir comment réagir. Je suis un peu perdu, perturbé aussi, et il me faut quelque seconde avant de me rendre compte que je dois surement la gêné. Me redressant complètement, je m’assois sur le lit encore troublé. « Est-ce que… j’ai fait un truc qui fallait pas ? » je ne sais pas. Je ne suis pas certain de comprendre ce qui lui traverse l’esprit. Mais elle a l’air si perturbée. Me passant une main dans les cheveux, j’inspire doucement pour reprendre mon souffle. Je me sens idiot soudainement. Comme si je n’avais rien comprit à ce qu’elle voulait ou ce qui se passait dans sa tête. Je croyais que nous voulions la même chose… Relevant les yeux vers elle « Tu veux dire quoi par,  tu peux pas ? » je dois avoir l’air stupide. Je passe à côté de quelque chose c’est évident. Est-ce que c’est moi ? Ou elle ? Un truc qui la perturbe ? Nous avions déjà recouché ensembles à Busan. Je ne pensais pas que ça serait un problème après ce que nous avions partagé. Est-ce que c’était le fait d’être revenu qui changeait tout ? Et si elle avait du mal finalement avec ce quotidien ou je ne sais quoi d’autres ? « Pas ici ? Comment ça pas ici ? » Je ne veux pas avoir l’air contrarié, ni même de lui faire un reproche. Je veux juste comprendre, car j’ai peur de mal interpréter ses propos. Dans un coin de ma tête, j’ai la subite impression qu’elle n’est peut-être plus apte à assumer. Et je sais que c’est idiot, nous avons passé un week-end sublime, quelques jours ensembles à ne rien se reprocher. Pourquoi ce soir ça serait différent ?

Ye Won défaillit, elle a beau être la plus heureuse de l’avoir retrouver, ce soir elle se rend compte que rien ne sera évident. Qu’il y a de ces démons dont elle doit encore se débarrasser. Qu’il y a certains souvenirs qu’elle n’arrivera pas à effacer si facilement. Ils se sont acharnés à se détruire, avant de pouvoir renouer. Pourtant à cet instant, elle a le sentiment qu’ils sont peut-être allés trop loin, à trop se haïr, à trop blesser l’autre. Et elle se rend compte, qu’à réagir de cette manière, elle doit le dérouter, même si ce n’est pas ce qu’elle voulait. Elle s’en veut déjà, pourtant elle n’a pas réussi à contrôler ces émotions qui la gagne. Ces images qu’elle aurait tant voulu pouvoir effacer. Encore haletante, elle sent pourtant ses yeux s’humidifier, et une certaine panique l’envahir peu à peu. Elle qui refusait l’idée de pouvoir recommencer, faire de nouvelles erreurs, a l’impression qu’elle fout tout en l’air, bien malgré elle. Et ses excuses lui tordent le coeur alors qu’elle sait, qu’elle est l’unique fautive face à ce qu’elle lui impose. Sa main passe sur son visage alors qu’il se redresse, qu’elle finit par se relever et s’adosser à la tête de lit. Elle qui n’a pourtant jamais caché son corps devant lui, tire un peu plus le drap sur elle. Elle se sent presque honteuse, détourne encore le regard, de ses lèvres encore rougies qu’elle pince nerveusement. « C’est pas toi… » qu’elle murmure, comme anxieuse. Son regard est rempli de doutes, de peur. Une sorte de stress qui la prend et qu’elle ne saurait gérer correctement. « C’est juste que… » Elle hésite, bredouille. Ne saurait comment formuler ce qui se passe dans son esprit à cet instant. Comment lui dire, que la seule image qu’elle a à l’esprit, est celle de lui en train de faire l’amour à une autre ? Elle déglutit, ne se sent ni à l’aise, ni à sa place dans cette chambre. Elle sait pourtant, à quel point ça parait stupide. Après ce week end qu’ils ont passé, après ce qu’ils ont osé s’avouer. Mais c’est plus fort qu’elle. « La dernière fois … » Elle tente encore de trouver ses mots, une façon appropriée d’exprimer ses pensées sans avoir à le blesser. Dans un geste qu’elle ne maîtrise pas, elle se recroqueville un peu plus sur elle-même, serre ce drap dans ses mains. Mordillant ses lèvres, elle ose à peine relever son regard vers lui. Elle appréhende sa réaction, quelque part, et se déteste déjà de ces mots qu’elle arrive finalement à prononcer. « La dernière fois que je suis venue ici, je t’ai trouvé avec … elle. » Celle qui reste à ses yeux celle qui a le plus détruit leur relation, ou du moins, ce qu’il en restait. Celle qui avait fait voler en éclats le peu d’espoir qu’il lui restait, qui avait finit par avoir tout ce dont elle rêvait, Il Kyang à ses côtés. Sans pouvoir réellement lui cacher, Ye Won reste fragile, peut-être instable d’une certaine manière. Elle cache finalement son visage dans ce drap, enroule ses bras autour de ses jambes. « Je suis désolée… » qu’elle murmure une fois de plus, fébrile. Elle se déteste tellement à cet instant précis, de repenser à ça, alors que c’est elle qu’il a choisit. Mais une part d’elle reste craintive, apeurée à l’idée qu’il puisse disparaitre une fois de plus, qui plus est avec Sawan. Ils semblent avoir tant partagé, au point de laisser de côté ce que eux, ont vécu pendant près de trois ans. Peut-être qu’au fond d’elle, elle ne se sent plus à la hauteur de ce qu’il attend d’elle.

Ce n’est pas moi… vraiment ? Alors pourquoi est-ce qu’elle semble si gênée… pourquoi a-t-elle l’air de vouloir se cacher ? Je me sens mal à l’aise tout à coup. Presque honteux d’être là assit à avoir espérer quelque chose qui visiblement la dérangeait. Je détourne les yeux, le cœur battant. La voir aussi embarrassée me perturbe. Je ne l’ai jamais vu ainsi, et je ne sais pas vraiment si elle me fuit, ou si elle… a honte. Seulement, je ne vois aucune raison au fait qu’elle pourrait ressentir ça. Et elle a beau dire que ce n’est pas ma faute, je crains d’avoir eu un geste, quelque chose qui la fait douter. Et c’est pire lorsqu’elle parle de cette dernière fois… j’ai un tas de pensées qui viennent m’envahir l’esprit. La dernière fois, de laquelle parle-t-elle ? De Busan ? D’encore plus loin peut-être ? Et j’ai peur… en la regardant, j’ai cette lueur dans les yeux. Je suis effrayé à l’idée que cet équilibre fragile s’écroule tout à coup. Comme si elle pouvait réaliser que nous faisons une connerie depuis quelques jours. Et si finalement elle regrettait ? Si elle me disait « La dernière fois c’était une erreur. » oh bon sang, j’ai mal au cœur. J’ai la nausée et je n’ose plus vraiment la regarder. Je baisse à nouveau les yeux, bougent les mains nerveusement. Je suis prêt à lui dire de se taire, de ne pas dire ça. Je… je pourrais arranger les choses peut-être ? Lui prouver que ce n’était pas une bêtise. Oh je t’en supplie Ye Won… ne me dis pas ça. Et je la sens bouger sous les draps, me mordille la lèvre, alors qu’elle semble me fuir. Je pensais que nous étions d’accord… que cette soirée c’était bien passée. Et après tout ce que nous avons vécu. Je doute… je ne suis plus sûr de rien. Je me rends compte qu’un détail pourrait tout faire s’écrouler. Je me sens perdu, le souffle coupé quand elle ose me dire ce qu’elle a sur le cœur… et je suis… dérouté. Les yeux rivés sur elle, je suis subitement partagé entre le fait d’être soulagé mais à la fois... si fautif. Sawan… elle repense à elle… à cette fois où elle nous a surpris tous les deux. Et si j’avais tenté de mettre cette soirée de côté, tout me revient en pleine figure. Ce que nous avons fait, les cris de Ye Won, son regard… cette lueur dans ses yeux. Jamais je ne pourrais l’oublier, et j’avais beau être ivre, je m’en souviens encore. Tout comme de cette culpabilité qui m’assaille, me transperce à nouveau… Je… je ne m’attendais pas à ce qu’elle y repense. Pas maintenant… pas après tout ça. Est-ce que j’ai été naïf ? De croire qu’on pourrait passer à autre chose ? Je sais, oh combien pour elle le sujet Sawan semble insurmontable. Nous ne sommes ensembles que depuis quelques jours, et j’avais déjà essayé de lui en parler. Mais il y avait ce blocage, surement le même que maintenant. De cette nuit dont elle se souvient… de ces images qui doivent la hanter. Ses excuses me fendent le cœur, alors que je reste interdit, incapable de bouger. Qu’est-ce que je dois faire ? Je ne sais pas vraiment… « Non… c’est pas ta faute. » je reste encore assit, sans savoir si je peux m’approcher. Est-ce qu’au fond d’elle, Ye Won m’en veut ? Je déglutis, inspire doucement pour calmer mes tremblements. J’ai si peur… que ça gâche tout entre nous. Et si Sawan restait un obstacle à « nous ». Et si elle n’arrivait jamais à l’oublier ? Je suis nerveux, crispant mes doigts sur le drap « Je suis désolé Ye Won. Je n’y ai même pas pensé. » Et je suis coupable d’avoir trouvé ça normal d’être là. Surement parce-que sans le savoir nous avions déjà fait l’amour dans ce lit, alors que j’avais déjà partagé des nuits avec Sawan. Et je prends conscience de ma stupidité. De cet égoïsme dont j’ai fait preuve. Putain ! C’est évident, qu’elle ne peut pas passer au-dessus. Qu’elle y pense… Sawan a gâché beaucoup de choses entre nous. Je le sais, je l’ai compris et malgré le fait que je lui impose il y a… toutes ces images qui lui restent. M’avançant soudainement vers elle, je tente d’attraper sa main « Je suis idiot. Pardonne-moi, j’aurais dût y penser. » J’aurais dût le savoir non ? Un type prévenant et amoureux l’aurait fait. Mais moi… je reste l’éternel imbécile qui ne fait pas attention. Je grimace, ne sais pas comment lui faire comprendre que je suis désolé. M’empressant d’aller près d’elle, je cherche son regard, essaye de lui faire relever le visage vers moi « S’il te plait. N’y pense pas. C’est… c’était idiot. Je ne veux pas que ça te blesse. » Et je me sens si coupable, si angoissé. Tellement que je préfère ajouter « Viens, s’il te plait on oublie. On peut aller ailleurs. Dans ta chambre tu veux ? » Est-ce que je suis stupide ? Je ne sais pas à quoi je joue. J’ai peur qu’elle me repousse. Peur qu’elle y pense trop… tout comme je crains qu’elle veuille s’en aller. Et je ne suis pas prêt à ça, encore moins de reparler d’elle. Sawan reste… ailleurs, dans un coin de ma vie. Je ne veux pas qu’elle gâche tout ce soir. Alors peut-être ais-je la mauvaise réaction, celle de vouloir passer trop vite à autre chose. Mais je ne suis pas apte à parler de ça… je m’empresse de la toucher, d’avoir un geste pour la rassurer « Tu sais que je t’aime hein ? C’est le plus important. » non ? Je ne suis plus sûr tout à coup. Et j’ai peur d’être en train de me cacher derrière ça. Est-ce qu’elle m’en voudra, d’oser utiliser cet argument pour me sortir de cette situation.

Elle se déteste intérieurement, d’avoir ces images qui lui reviennent en tête. Ces pires souvenirs, ces horribles déchirures. Le savoir était une chose, le voir de ses propres yeux en avait été une autre. Une image dont elle n’arrive toujours pas à se détacher. Peut-être parce qu’elle l’aime trop pour ça. Qu’elle a pu voir comment il l’oubliait par elle-même. Et que finalement, même en se retrouvant, rien n’est gagné, au contraire. Il y a tant de démons qu’elle va devoir combattre, parfois insoupçonnés. Se réveillant quand bon leur semble. Elle s’en veut, de réagir ainsi, mais elle n’est pas capable de lui donner plus dans ce lit, dans cette chambre. Cette pièce désormais, n’est plus que le théâtre de son histoire avec Sawan, elle n’y a aucune place, aucune raison d’y être. Même s’ils se sont déjà retrouvés, bien avant ça, ici aussi. Mais désormais même ces souvenirs là n’ont plus la même saveur. Et ça parait si stupide, quelque part, de voir les choses ainsi. Pourtant, elle ne pourra jamais effacer de son esprit ce lien qui les unis eux. Qui a fait qu’il s’est éloigné si longtemps. Elle arrive encore à croire qu’il aurait pu ne jamais revenir, à cause de cette fille. Une larme finit par perler sur sa joue, alors qu’elle garde la tête tournée vers cette porte. Elle se souvient encore, de la douleur que ces images ont provoqué en elle, alors qu’ils n’étaient même pas ensemble. Et se demande si ça serait pire si ça venait à se reproduire maintenant. Dans une seconde de folie incomprise, elle ose imaginer la situation inverse, comme s’il jouait à un double jeu. Comme si cette fois, c’était elle qui devenait la maîtresse. Elle déglutit, arrive à se sortir de cette torpeur par les mots qu’il ose prononcer. Elle se raccroche à sa voix, et tente vainement de se dire que tout ça n’est qu’un mauvais cauchemar. Elle le laisse attraper sa main, mais n’arrive pas encore à trouver le courage de le regarder. Pinçant ses lèvres, elle secoue la tête nerveusement. « C’est pas toi… » Elle ne lui en veut pas, elle s’en veut à elle-même. D’avoir ces démons encore trop présents en elle. D’en être réduite à repenser à tout ça. Sous les gestes d’Il Kyang, elle finit par relever la tête vers lui, ses yeux toujours embués. Elle aimerait pouvoir l’oublier, pourtant cette peur reste là, sans qu’elle ne l’ai demandé. « J’ai pas envie de rester là… » qu’elle murmure, si peu sûre d’elle. Elle veut quitter cette chambre, comme si ça pourrait l’aider à effacer ces images de son esprit, au moins pour ce soir. Elle voudrait pouvoir partir du dortoir, pour être certaine de ne pas repenser au reste. Elle serre un peu plus sa main dans la sienne, apeurée par ces idées qui trottent dans sa tête. « Je sais… » Je sais que tu m’aimes, et je te demande pardon, mais j’arrive pas encore à passer outre ces images là. Elle secoue une nouvelle fois la tête, tente d’effacer toute trace de ses yeux humides. Elle essaie de reprendre contenance, mais elle a le sentiment d’être bloquée dans ces souvenirs trop douloureux pour elle, encore trop frais. « J’ai pas envie de rester au dortoir… » qu’elle ose finalement lancer à son égard, détournant son regard. Une part d’elle a peur de le faire fuir, à réagir ainsi. Mais elle a trop besoin de lui, de sentir encore sa présence. Qu’il arrive à la rassurer de ses bras, de ses mots. Mais ça, elle ne pourrait pas le demander, pas alors qu’elle vient de le repousser pour des images qui tournent encore dans son esprit.

Je suis un crétin, voilà ce que je suis alors que je me sens démuni face à elle. Je crois qu’une part de moi craignait que cela n’arrive. Que tout ça ne soit trop beau pour être vrai. Elle ne me fait pas de reproche, ne me balance aucune horreur à la figure et pourtant je les mériterais. Peut-être avait-on finit par épuiser toutes nos forces à se haïr et se provoquer ? Mais face à elle, je me sens stupide. J’ai beau repassé toute la scène dans ma tête, j’aurais dût faire plus attention. C’était évident, la dernière fois qu’elle avait mis les pieds ici, c’était durant cette soirée. Enfin… je crois. Je ne sais plus vraiment. J’ai l’impression que tout s’est passé il y a des années de ça et pourtant tout est encore trop frais dans son esprit. Quoi lui dire pour la rassurer ? A part que je tiens à elle… j’ai la brusque impression que ça ne suffit pas. Alors je retiens un soupir, tente de prendre sur moi en restant à ses côtés. Peu importe ce que je dirais, je crois que la pilule ne passera pas ce soir. Je baisse les yeux, incapable d’affronter à nouveau son regard. Je dois faire semblant n’est-ce pas ? Rester positif. Si je ne le fais pas, on retombera dans nos mauvais travers. Je ne peux  rien lui reprocher, je suis le seul en tort dans cette histoire. Sans réfléchir, je finis par lâcher « Ok, on a qu’à aller chez Kitae si tu veux. » et j’ai le regard remplis d’espoir. A croire que tout ça pourrait tout arranger. Si je reste accroché à cette idée « J’ai ma chambre là-bas. » enfin, un espace emménager plutôt. Un bureau à mon meilleur ami, avec un canapé lit. Il avait réarrangé la pièce pour que je puisse dormir chez lui pendant quelques temps. Finalement j’y avais presque trop souvent trouvé refuge ces derniers temps. Surement peut-être pour les mêmes raisons qu’elle… et c’est aussi pour ça que je m’en voulais. Si j’étais moi-même déranger par cette pièce, comment je pouvais lui imposer ? Inspirant doucement, je déglutis, récupère mes affaires pour venir les enfiler l’air de rien. Je ne sais pas du tout comment réagir face à tout ça. Je n’ai plus l’habitude de gérer nos crises différemment que par des cries ou des reproches. Ces mois m’ont éreinté… me levant, j’attrape son vêtements, lui tend un peu presque gêné. Je meurs d’envie de la prendre dans mes bras. De lui dire que je suis un crétin, qu’elle devra faire avec ma maladresse encore quelques temps. Qu’à force de persévérance, je deviendrais peut-être plus attentionné avec elle… mais je suis dépité. Et j’ai peine à croire que je puisse vraiment la rassurer en cet instant. Je n’imagine pas tout ce qui doit tourner dans sa tête. Ces images encore et encore… de moi et Sawan. J’en frémis, presque de dégout aujourd’hui, avant d’enfiler de nouveau mon haut. Est-ce que ma proposition pourra la convaincre ? « J’envoie un message à Kitae pour le prévenir. » je lui jette un regard, détourne aussitôt les yeux sur mon téléphone que je prends en main. Je ne sais pas comment réagir, tout est si compliqué dans ma tête. Je n’ai pas envie d’en parler, ça c’est certains. Seulement je ne suis pas sûr non plus que l’ignorer soit la solution. Me pinçant les lèvres, j’envoie « Kitae, je viens chez toi ce soir. » histoire qu’il ne soit pas surprit de me voir quand il rentrera. Et tandis que j’occupe mon esprit à enfiler mes chaussures je reçois rapidement sa réponse « Ok, je rentre vers 2h du matin. » « Pas de soucis, fais pas de bruit j’ai cours demain matin. » devais-je lui parler de Ye Won ? Hors de questions. Surtout que je ne sais pas vraiment comment s’annonce cette fin de soirée. Et finalement en relevant la tête vers elle, j’ai le cœur serré. Ça m’agace d’être là, à réfléchir encore à ce que je fais. Je vois bien qu’elle est mal à l’aise. Je ne peux pas la laisser aussi troublée. Fourrant mon téléphone dans ma poche, je m’empresse de m’avancer vers elle pour attraper sa main « Hey Yeki. C’est pas grave hein ? » Je ne suis tellement pas doué avec les mots. Je ne veux pas non plus qu’elle pense que je veux absolument passer ma nuit avec elle, qu’importe l’endroit. Je fronce les sourcils, un peu contrarié « Je veux qu’on termine la soirée d’une bonne façon. Juste être avec toi, ça me suffit ok ? » Je ne veux insister pour rien. Je veux juste qu’on passe un bon moment. Qu’elle oublie ce qui la tourmente au moins pour quelques heures. Je lui souris en essayant d’être rassurant, et récupère ma veste avant de l’enfiler. Je soupire discrètement, chasse cette pression qui me pèse sur le cœur et retourne vers elle pour l’emmener avec moi dehors. Passant mon bras autour de ses épaules, je dépose un bref baiser sur ses cheveux « Aller t’en fais pas. On laisse tout ça derrière nous. » est-ce que j’essais de me convaincre moi-même ? J’ai peur qu’elle m’en veuille d’agir comme je le fais. Mais je ne sais pas quoi lui dire d’autre. Alors je tente comme je peux de masquer mon trouble en sortant du dortoir.

Ye Won se sent mal à l’aise, par ces images qui lui viennent à l’esprit, mais aussi du fait de lui imposer ça. Le début de cette soirée était parfait. A être allés manger au restaurant ensemble, à oser se montrer dehors sans avoir peur de quoi que ce soit. Une simple balade main dans la main, sans avoir à se soucier du regard des autres. Elle l’a rêvé si longtemps, et le revit, mais voilà qu’il fallait qu’elle gâche tout. Elle se sent honteuse, plus encore qu’elle ne le montre. Elle accepte sa proposition d’un simple geste de la tête, attrape ce vêtement qu’il lui tend pour l’enfiler. Sans réellement savoir ou se mettre, comment se comporter, elle se rhabille machinalement, n’ose pas le regarder. Il y a cette gêne qui s’installe entre eux, qu’elle déteste déjà. Mais que peut-elle y faire ? Pendant un instant, elle reste assise sur le lit, se mord les lèvres nerveusement. Et si elle venait de tout gâcher entre eux, à cause de ça ? Elle n’ose pas l’imaginer, cette peur qui l’envahit déjà. Et il a beau lui dire que ce n’est pas grave, elle reste apeurée à l’idée d’avoir détruit le peu qu’ils arrivent à construire depuis quelques jours. Elle tente de lui rendre son sourire, mais celui-ci reste teinté d’appréhensions et de doutes. A croire qu’elle n’a pas encore tout surmonté, bien au contraire. Que le chemin sera encore long avant qu’elle n’arrive définitivement à tirer un trait sur ce passé désastreux. Sur ces mois à se détruire, s’acculer de tous les maux. « D’accord. » ose-t-elle murmurer, se relevant enfin. Elle n’est pas certaine de réussir à mettre tout ça de côté aussi rapidement, mais essaie de se reprendre comme elle le peut. Son bras qu’elle glisse dans son dos, elle le suit sans un mot. Le trajet jusqu’à la maison de Kitae semblerait presque trop long, alors qu’elle fait ce qu’elle peut pour occulter de son esprit toutes ces images de lui, avec cette autre fille. Si difficile à faire pourtant. Un soupire lorsqu’ils arrivent finalement devant cette maison, elle jette un regard furtif vers Il Kyang. Tente-t-il de cacher qu’il lui en veut ? De l’obliger à venir ici, d’avoir tout envoyé en éclat pour des souvenirs qui devraient rester loin derrière eux. En arrivant dans cette pièce aménagée, elle lâche finalement Il Kyang, la tête baissée. Nerveusement, elle joue avec ses doigts, s’installant sur le canapé-lit. « Je voulais pas tout gâcher… » ose-t-elle finalement lancer à son égard, sans trouver le courage de le regarder. Quelques jours à peine, qu’ils se sont retrouvés, elle n’arrive cependant pas à se dire que c’était une mauvaise idée, parce qu’elle l’a espéré trop longtemps. Mais… Et s’ils avaient trop changés pour réussir à surmonter tout ça ? Et s’ils n’y arrivaient pas ? Si ça impactait sur les sentiments qu’il pouvait avoir à son égard ? Tant de questions qui restent là, qu’elle ne pourrait imaginer lui poser. « C’est juste que… Je crois que c’est encore trop … récent, tout ça. » Toutes ces peines qu’ils ont provoqué chez l’autre. Tout ce mal qu’ils se sont fait. A trop s’aimer, ils se sont brûlé les ailes, et même si désormais, ils veulent réussir à voler ensemble, tout sera différent. « Je regrette pas qu’on se soit remis ensemble ! » lance-t-elle, paniquée à l’idée qu’il puisse croire le contraire. « Mais … Ca fait encore mal … » Elle a peur, que ça ne recommence, en fin de compte. Qu’il l’abandonne une fois de plus peut-être. Qu’il finisse par choisir Sawan plutôt qu’elle. Et elle sait à quel point ces pensées peuvent être stupide. Parce qu’il est avec elle ce soir. Parce qu’elle est celle qu’il a choisit, après tout ce temps. Mais ça ne l’empêche pas de penser que ça aurait pu se terminer autrement, et qu’il y aura toujours une part d’elle effrayée à l’idée que ça puisse arriver de nouveau.

Le trajet me semble long, un peu pesant malgré que je tente quelques maigres sourires et tentatives pour lui faire oublier tout ça. Mais je crois que c’est peine perdu n’est-ce pas ? Ye Won est hanté par le passé. Par le mal que je lui ai fait. Et je pense que naïvement parfois je veux l’oublier. J’aimerais me dire que nos efforts suffisent. Que nous sommes plus forts désormais. Mais je suis allé trop loin. Et je savais qu’il ne serait pas aisé pour elle de passer outre. C’est le cœur lourd qu’on arrive chez Kitae. J’aimerais prendre le temps de lui montrer son appartement, de profiter d’elle comme il se doit. Mais je suis gêné. Beaucoup pour savoir comment réagir. Elle a l’air triste et moi trop idiot pour la rassurer. Déposant ma veste dans un coin de la pièce, je lâche un petit soupir discret. Tente de me redonner un peu de courage. Est-ce que je lui propose si elle veut quelque chose ? Un petit ami moins con et égoïste par exemple ? A cette réflexion pour moi, je baisse les yeux, tapote nerveusement mes doigts sur le bureau. Quand elle prend la parole, mon cœur se serre à nouveau. Je ne sais pas comment lui faire comprendre que ce n’est pas sa faute. C’est moi le problème. Si j’avais été moins ce que j’étais, peut-être que les choses auraient été différentes. Mais je ne voulais plus vivre dans le passé. Egoïstement et pour m’apprendre à aller mieux, je voulais aller de l’avant. Avec elle c’était encore mieux. Seulement, je ne peux pas tirer un trait sur tout c qui est arrivé. C’est trop facile de s’en sortir comme ça. Et elle a raison je le sais, c’est trop récent. A peine quelques jours seulement. Et le week-end dernier on s’engueulait encore. Alors oui, comment lui en vouloir de penser ça ? Peut-être que finalement nous précipitions trop les choses ? Et si je faisais la même erreur. Je voulais faire attention cette fois mais peut-être que nous étions en train de reproduire le même schéma. Moi à aller trop vite et elle… a douté. Je déglutis à cette idée, et si mon cœur s’affole ça n’a rien d’exaltant. J’ai la nausée presque. Trop apeuré à l’idée qu’on s’est déjà trompé. A croire que peut-être elle lit dans mes pensées, mais ses mots ne me rassurent pas pour autant. Elle ne regrette pas aujourd’hui… mais demain ? Est-ce qu’elle pensera encore ça quand elle repensera à Sawan et moi ? Je suis troublé, triste aussi. Mais je ne peux pas faire semblant. Je ne peux pas ignorer sa souffrance. Même si j’aimerais oublier, passer à autre chose. C’est trop présent, trop douloureux à ses yeux. Ye Won est persuadé que Sawan est plus importante qu’elle dans ma vie. Et je sais que ça sera surement un long combat avant qu’elle ne comprenne qu’elle est la seule que j’aime… mais je suis prêt à le faire. A trimer s’il le faut, tant qu’elle ne s’éloigne pas de moi. Me mordillant l’intérieur de la joue, j’ose approcher d’elle. M’asseyant à ses côtés « Je ne sais pas quoi te dire Ye Won… » Je lui avoue, je n’ai pas besoin de lui mentir. « Je pourrais m’excuser encore, mais je sais que tu n’arrives pas à oublier. » je détourne les yeux, pose mes coudes sur mes genoux, sans trop savoir quelle attitude avoir. Je ne suis pas en colère contre elle, mais plutôt contre moi. Je m’en veux tellement que tout ça soit arrivé. « Dis-moi quoi faire… qu’est-ce que tu veux que je fasse pour t’aider ? » parce-que je n’ai rien d’autres comme arme. A part mes sentiments, mais ça ne change rien. Ça ne résout pas tous les problèmes. « Parle-moi. Dis-moi ce qui te tracasse. Je vois bien que faire comme si de rien n’était, ça ne te conviens pas. » Elle est torturé. Et j’ai de la peine à l’imaginer nous revoir Sawan et moi. A la savoir là à mes côtés, mais son esprit ailleurs… à cette nuit-là. Celle que je voulais oublier. Alors oui, je veux l’aider. Qu’elle me dise comment faire. 

Elle aurait aimé être plus forte que ça, être capable de mettre de côté, d’oublier tout ce qu’il s’est passé. Qu’ils puissent enfin vivre leur histoire maintenant qu’ils sont à nouveau ensemble. Elle n’aurait jamais cru possible que ce week end à Busan puisse autant changer la donne, et après s’être perdue dans ses bras, avoir renoué avec tout ce qu’elle a toujours désiré, Ye Won a naïvement voulu croire que ça suffirait à effacer ces images. Ça n’a duré qu’un temps, que quelques jours, avant que ces démons ne réapparaissent. Qu’ils viennent s’amuser d’elle, lui faire croire que tout ça était une erreur. Pourtant, elle est si sûre d’elle, de ses sentiments. Si certaine du simple fait qu’il est le seul, qui saura réparer son coeur. Mais peut-être qu’il est encore trop écorché, assez faible pour lui rappeler toute cette douleur qu’elle a pu ressentir, à le voir avec une autre. L’entendre lui dire qu’il l’aime aurait du être suffisant pour effacer tout ça de son esprit, mais les doutes reviennent. Encore et encore. Ils la tyrannisent un peu plus, lui prouvant que le chemin sera encore long, jusqu’au véritable bonheur. Assise sur ce lit, elle ne sait pas quoi lui répondre, elle-même incapable de savoir ce dont elle aurait besoin pour ne plus y penser. « Tu n’as pas besoin de t’excuser… » répond-t-elle fébrile. Après tout, ils n’étaient pas ensemble à ce moment là, il avait le droit de faire ce qu’il voulait. Le plus compliqué a finalement été de le voir tourner la page aussi facilement dans les bras d’une autre, alors qu’elle espérait encore, seule, pour eux deux. Qu’elle essayait encore de faire des efforts, pour accepter. « J’ai peur… » avoue-t-elle dans un souffle. De tant de choses, si tu savais… Elle joue avec ses doigts, anxieuse, sans savoir comment poser des mots sur ce qui lui passe par la tête à cet instant. « Et si … si tu te rendais compte que c’est elle que tu aimes ? » qu’elle commence, osant enfin relever le regard vers lui. « Si … Si finalement, ce n’était que l’ancienne moi que tu voulais retrouver ? » Et pas cette pauvre fille complètement paumée. Pas cette gamine capricieuse, qui ne sait pas gérer ses sentiments, trop puissants pour elle. Au point d’être capable du pire par amour. « Je t’aime Il Kyang… J'ai jamais pu aimer quelqu’un d’autre que toi… Même quand t’es parti. Mais toi, tu l’avais elle… T’as réussi à tourner la page. » Il n’y a pas de jugement dans sa voix, juste une triste réalité qu’elle tente encore d’assimiler. Une réalité qu’elle aurait sûrement voulu différente. « J’ai peur que tu te rendes compte que tu fais une erreur avec moi, que je suis pas celle qu’il te faut, que … que je pourrais pas t’apporter ce dont tu as besoin. Mais qu’elle, oui. » Que tu te rendes compte que je n’étais qu’une étape dans ta vie, alors que tu es l’univers à mes yeux. Baissant les yeux sur ses mains, elle sent une nouvelle fois ses yeux s’embuer. Finalement, ce qui l’effraie le plus, serait de le voir repartir avec Sawan, en la laissant sur le bas côté, une fois de plus. Elle ne le supporterait pas, pas après tout ce qu’ils ont enduré. « J’ai peur d’assister à ça une seconde fois… » De le retrouver, dans ses bras à elle. Continuer de donner à une autre, ce qu’elle, elle a toujours désiré avec lui. Et même en lui disant tout ça, il y a toujours ce poids sur ses épaules, cette appréhension certaine. Terrifiée à l’idée de le braquer, de faire éclater une dispute. Ce n’est pas ce qu’elle veut, loin de là. Mais elle doit l’affronter, elle le sait. Elle doit faire face à ce démon trop puissant pour elle, si elle veut réussir à avancer, avec lui. Si elle veut avoir une chance d’avoir Il Kyang à ses côtés. Mais peut-être qu’elle est réellement en train de tout gâcher, encore une fois. Que ses mots lui ouvriront les yeux, et qu’il la laissera encore une fois. Elle déglutit, son cœur qui bat à tout rompre dans sa poitrine. Elle appréhende ce qu’il pourrait dire, ou même penser à tout ça, sans pouvoir revenir en arrière.