elle ne lui en voulait pas. il n’avait pas remarqué c’était normal, elle ne l’avait jamais laissé paraître. elle voulait seulement le soulager, lui ôter cette rage en lui et qu’importe le moyen … la journée ils s’adonnaient à la souffrance, aux faux semblant et la nuit … appartenaient. ils trouvaient ainsi leur parfait équilibre et quand bien même rien ne l’était aux yeux des autres, cela leur était suffisant. elle se blottit contre lui craignant d’exposer ce qu’elle ressentait vraiment, car se mettre à nue comportait toujours des risques, mais pas avec lui. elle n’avait pas peur de sa réaction, mais craignait peut-être que quelque chose ? Elle n’était même pas certaine de comprendre elle même pourquoi elle faisait ça, pourquoi elle avait besoin de ça … déglutissant elle relève son visage vers lui, le laisse observer, le laisse apprivoiser ces traces sur son bras qu’elle s’était infligée et sa question la déroute, mais surtout la grise, comme une enfant fière de pouvoir partager son secret. elle ressentait une certaine euphorie, une excitation, peut-être même une pointe de fierté timide à lui dire ce qu’elle ressentait. “C’est comme …” elle pince ses lèvres tenant à trouver les mots les plus pertinemment, les images les plus efficaces pour qu’il comprenne … Elle glisse une main sur le ventre du garçon et murmure en remontant doucement le long de son torse “ C’est comme si je manquais d’air, un poids à l’intérieure de moi qui monte … qui monte ... “ elle enroule ses doigts délicatement autour de sa gorge et souffle en serrant doucement “Et j’ai beau crier rien n’y fait … rien ne change … je m’épuise mais l’air me manque, constamment … et quand j'ai mal … quand je me fais mal … quand tu (tu) me fais mal, c’est comme si je retrouvais ma respiration brusquement. un soulagement douloureux, qui te brûle, mais si … si délectable …” et elle ne remarquait pas la lueur dans ses yeux brillants, cette lueur qui appuyait son exaltation. ce plaisir qu’elle avait d’être capable d’apprivoiser la douleur pour la libérer. “Ca me libère … libère de ce que je ressens … de ce que je suis …” une survivante. vivante.

Il l’écoute, subitement subjuguer par cette révélation. Un conte, aux allures d’une gosse déjà trop abîmée par la vie. Il se laisse faire, suivrais ses gestes pour mieux comprendre. Apprivoiser cette souffrance. Mais il saisit le sens. Sent cette émotion, monter en lui, s’immiscer pour se faire un chemin jusqu’à cette exaltation qu’elle partage avec lui. Ils ne sont pas fous, juste sur la même longueur d’onde. Et il a ce sourire, celui presque tendre. Elle est si belle, dans cette douleur enivrante. Si nouvelle à cette lueur de la lune… se rend-t-elle compte, qu’elle s’ouvre un peu plus ? Junho lui donnait beaucoup, Mok aussi, mais elle était sur la réserve. Exprimait moins ses sentiments. Elle était là, avec lui, pour lui… sans cesse. Mais c’était à son tour, de la comprendre. De lui offrir ce dont elle avait besoin. Il jalousa cette sensation… celle qu’elle s’imposait et s’était faite. Dans un geste délicat, il attrapa son poignet. Relevant les yeux vers elle. Il serrait sa poigne, sans jamais aller trop loin. Juste attention, mesurée pour combler cette marque déjà trop abîmée. Il croisait son regard… la jeune femme lui apparaissait différente. Nouvelle à ses yeux. Alors qu’il se perdait dans cette contemplation. Tu me donnes trop… beaucoup trop. Ces journées, ces instants volés. Ces souffrances qu’elle savait prendre de lui. Elle le libérait à chaque fois… alors d’une supplique presque lubrique il vint lui souffler « Mok… laisse-moi te faire mal… » Il laissait son regard ancré au sien. Il aurait pu être gêné, mais jamais il n’avait été aussi sûr de lui. Cette quémande bien qu’étrange reflétait ce qu’il désirait. Pouvoir être là pour elle la soulager… parce-que mieux que quiconque il la comprenait. Dans ces ébats il était égoïste, mais il pouvait lui donner… parce qu’elle lui donnait bien plus que ça. Si elle était capable de pouvoir renfermer ses peines, alors il pouvait en faire autant. Il avait conscience quelque part qu’ils e livraient à l’autre. Au dessus des nuits, pour ces journées… un nouveau pas qu’ils s’apprêtait à franchir. Mais Junho n’avait peur de rien… Mok était son guide. Celle qui éclairait son chemin, si sombre.

Ils n’étaient pas fait l’un pour l’autre sans que la vie ne les brise de la même façon. plus encore, ils pouvaient se relever et se comprendre dans leur douleur. ils avaient chacun une liberté, une sensation de pouvoir et de faiblesse qui s’entremêlaient avec une force et une intensité que personne ne pouvait réellement saisir, et encore moins contrôler. elle passa une main sur le torse de Junho comme pour sentir si son coeur s'emballait comme le sien. encore une fois, à l’unisson, ils se comprenaient, s’apprivoisaient et s’aimaient dans la pire des folies. ce fil rouge les unissait plus que par ce conte et cette légende qu’elle lui avait raconté. c’était … au delà de leur réalité. dans un espace temps qui n’appartiendrait qu’à eux. elle ne lui réclamerait rien de plus, tout ce qu’elle désirait c’était de le savoir apaiser, son coeur moins lourd et sa tristesse moins pesante. elle avait conscience de ne pouvoir changer sa vie totalement et ne pas pouvoir lui retirer tout ce qui l’accablait, mais à ses côtés elle aurait la force de le faire tenir debout. Lui jouait ce même rôle et savait, des plus belles façons, la faire s’accrocher à la vie quand elle avait abandonné l’idée depuis bien longtemps. elle passa une main dans ses cheveux timidement, parce que cette révélation la troublait plus qu’elle n’osait réellement l’avouer. mais ses mots … cette supplique, le monde s’arrêta de tourner pendant une seconde. figé, suspendu entre deux mondes, elle le fixait, surprise, ébahis, saisie. laisse moi te faire du mal. Jamais plus belles paroles ne lui avaient alors été prononcées. aucun je t’aime n’aurait pu égaler la force de ces mots. parce qu’au delà de cette affliction dont il la soulageait, elle savait que Junho le faisait pour elle. Comme une preuve d’amour, un sacrifice auquel il s’adonnait avec plaisir si c’était pour la voir s’épanouir. car il était prêt à blesser ce qu’il chérissait le plus pour la contenter. il ne fuyait aucunement face à sa folie (ça elle l’aurait parié) mais plus encore, il lui offrait un moyen de se libérer de sa rage, celle qu’elle contenait comme un lion en cage. tout était étroit dans sa poitrine et pourtant, soudain, parce qu’il lui donnait l’espoir d’être soulagée, tout éclata. Portée par son exaltation et cette impétuosité, elle se jeta sur sa bouche pour l’embrasser. pas d’un baiser rempli d’amour, mais un baiser rempli d’une reconnaissance sans borne, faille. Puis soudain la question la frappa, comme une enfant qui osait à peine croire que son rêve puisse devenir réalité elle se recule légèrement et souffle troublée, le minois craquant et irrésistible “Comment ?” comment tu veux me faire du mal ?

Il y avait ce baiser, quand les mots leurs manquaient. Eux qui se comprenaient si bien… d’un regard, ou d’un simple geste. Parfois ils leur arrivaient, d’être à court. De ne plus pouvoir supporter ce trop plein d’émotions. Nombreuses étaient les fois où Junho se voyait céder, mais une voix lui interdisait. Peut-être parce qu’ils n’étaient pas bon pour ça… pourtant dans cet échange il se sentait encore plus aimé. Exister. Conscient d’être quelqu’un à part entière. Important dans une vie, la sienne. Et c’était finalement là la plus belle des choses qu’il avait. Sunan n’était pas si généreuse avec lui. Jamais il n’avait eu la sensation de compter. Enfin plus depuis qu’ils étaient ados. Mais Mok… cette chaleur, tout ce qu’elle lui offrait. C’était rendre son existence plus vraie. Comme si finalement il avait le droit d’être là… il serait incapable de lui dire ce qu’il ressentait. Mais dans ses yeux, il aurait aimé qu’elle comprenne. Qu’elle sache que quelque chose de plus fort le submergeait. Comment lui demandait-elle… il ne savait pas. Mais il apprendrait… il prendrait ce temps pour elle. Pour la libérer. Triste jour qu’il redouterait quand elle s’envolerait de ses propres ailes. Parce qu’il y croyait lui. A cet avenir pour elle. Il n’avait pas besoin de penser à lui. L’avenir devait se dessiner pour elle. Et ça lui irait, même si dans quelques années il était encore ce monstre. Même si il n’avait plus la force, si elle le devançait il se contenterait de la regarder s’éloigner. Grandir loin de lui. Devenir quelqu’un. Oui c’était la seule chose à laquelle il croyait vraiment. La seule pour qui il pouvait autant se projeter. Le monde sera plus beau demain Mok… il lui promettait. De cette caresse sur sa joue, de ce trop plein d’émotions. « Tu me montreras… » Il prendra le temps. Il ne pensera plus à lui. Ils peuvent laisser tomber cette barrière. Se satisfaire. Aller encore plus loin dans ce qu’ils partageaient. Il n’y avait pas de tabou entre eux. Aucune raison de se juger. Ils étaient sur la même longueur d’onde. Pouvait-elle entendre ce cœur qui battait si fort ? Elle qui aimait en suivre le rythme. Ce soir elle en serait incapable… et il se surprenait à la serrer un peu plus contre lui. Caler son corps contre le sien… il y avait ces instants, où il souhaitait que tout s’arrête. Pour peut-être la garder… tout contre lui. Profiter de cette chaleur que personne d’autres ne savait lui offrir. Qu’il devenait égoïste le gosse, à vouloir se l’accaparer. Mais il lui avait promis ses nuits… et c’était ce qu’il faisait. Jamais elle ne pourrait le laisser… il en était certains. 

comment pourrait-elle vivre sans lui ? avec un souprie de soulagement elle le retrouvait, luis a chaleur, sa dévotion, car on pouvait bien parler de celle de Mok, mais Junho lui était tout aussi loyal et dévoué. il avait, de toute évidence, besoin d’elle et de cette façon qu’elle avait de prendre soin de lui, mais elle n’était pas en reste. elle lui demandait beaucoup, sans en avoir l’air … Les deux se complétaient dans un équilibre parfait. ils s’aimaient de cette façon unique et déroutante. avec une sincérité troublante et c’était peut-être là leur force, car ils s’aiment sans mensonge et c’était là leur force. elle se perd dans son regard et peut y lire combien ce baiser l’a troublé, parce qu’il était remplie d’amour. elle sourit tendrement et à ses paroles elle laisse échapper un rire d’enfant heureuse, à qui il promettait la lune. et elle savait, elle savait pertinemment qu’il la décrocherait pour elle. il ferait tout pour elle. tout. elle rit et vient chercher ses lèvres, ce soir ils avaient le droit. elle l’embrasse, rien qu’un peu, rien que pour se souvenir de cette promesse qu’ils s’étaient faites. Il lui avait promis de la douleur, comme on promettait le plus beau de diamant et elle n’y voyait, elle, que la plus belle preuve de son amour … parce qu’il la suivait dans sa folie, parce qu’ensemble ils iraient au bout du monde, et qu’importe qu’un abîme les attende, ils y sauteraient sans peur, main dans la main. elle attrape un feutre dans la poche de son gros sweat et le sort comme le ferait une magicienne. un tour de magie malicieux, comme son regard. elle se penche sur lui et comme l’alter ego qu’il était lui dessine un faux pansement sur le nez, à l’image du sien. parce qu’il était son double, le seul à réellement le comprendre. concentrée sur ses traits, elle tirait la langue adorablement, louchait un peu sur son visage, et se perdait dans leur bulle. satisfaite du résultat elle sourit tendrement en murmurant. “Voilà, on est parfait dans nos imperfections. Tous les deux.” elle lui donne un petit coup de nez et se blottit alors contre lui en soupirant d’aise. dieu que ça faisait du bien. mais la nuit est courte et le jour traite. ils se séparent à nouveau, jouent la même comédie des jours durants. jusqu’à ne plus pouvoir. peut-être avaient-ils sentie que cette journée serait un enfer pour leur émotion, leur frustration, était-ce jusqu’à ce point qu’ils étaient liés ? Mais la jeune femme n’arrivait plus à supporter son quotidien. quittant les cours ce midi là avec l’envie de ravager le monde, elle avait envoyé un sms à Junho. “14h love hotel.” rien de plus, rien de moins. elle savait qu’il sècherait les cours pour elle. pour cet appel au secours. elle ne savait pas dans quel état il serait, mais sa flamme jumelle viendrait. assise sur le bord du lit elle l’attendait, nue, perdant de moins en moins de temps. les bras croisés sous sa poitrine, la perruque sur la tête, l’air revêche. elle attendait, ce besoin pressant de souffrir sous ces coups de bassin. je vais t’apprendre, te montrer Junho, n’ai pas peur.