Le paysage défilait, sous ses yeux, caché sous cette capuche, le garçon était seul. Pourtant un doux sourire étirait ses lèvres, alors qu’il sortait à la dernière station. Ses pas le menait à ce hangar, celui qu’il connaissait par cœur. A peine franchissait-il la porte, qu’il apercevait cette silhouette isolée. Sourire qu’il ravalait brusquement… surprit de sentir son estomac se tordre. Peut-être parce qu’il repensait à la matinée, à ces ébats étranges qu’il avait vécu. Il n’était pas sûr de s’être accroché à Sunan aujourd’hui. Et il y avait cette atmosphère étrange entre eux. Pourtant ça ne l’empêcha pas de venir s’assoir à côté d’elle. Retirer sa capuche et lui lancer un regard. Pour autant il restait de son côté, croisant les mains comme pour s’occuper. « Ça va ? » lançait-il bêtement. Comme une entrée en matière. Il devait lui parler, de quelque chose à quoi il avait pensé. Il pouvait faire semblant, mais avec Mok il n’y parvenait pas. Il n’avait eu de cesse de repenser à ce qui était arrivé. Ces images lui revenaient en tête. Ces sensations aussi grisantes que déroutantes. Dans ces nuits sombres, Junho se sentait fragile… comme un gosse qui détestait le plaisir de la chaire. Tout était enclin à la douleur, lui qui cherchait tant de douceur dans ce monde si cruel… « ça ne marche pas… » Avait-il dit. Relevant les yeux vers elle, il resta silencieux. Un peu dur dans son ton, mais il ne voulait pas être difficile. Il ne parlait pas d’eux… juste de cette quémande. « Je… je ne peux pas me concentrer sur toi et… » Elle… mais il ne parvenait pas à lui dire. Pas de cette façon. Il se sentit embêté. Puis il préférait ajouter « Les deux ça ne peut pas se faire. » il se sentait bête. C’était la premoère fois qu’ils parlaient à voix haute de ce qu’ils faisaient le jour. Mais ça ne l’aidait pas au contraire, il était plus vulnérable.

Passant une main sur son poignet qui jaunissait légèrement à cette blessure qui s'effaçait de sa peau, elle se demanda ce qu’il pourrait lui dire. craignant qu’il ne soit … fâché après elle. Mok espérait qu’il ne prenne pas peur. Parce qu’il n’y avait qu’à lui qu’elle pouvait demander ça. qui serait capable de lui offrir ce qu’elle voulait tout en étant pleinement en confiance …? Elle mordilla sa lèvre alors qu’elle entendit ses bruits de pas. il est surpris de la voir, elle peut voir sa silhouette se tendre. il n’a pas envie qu’elle soit là. plus encore … était-il venu ici ce soir pour l’éviter ? Ne pas la voir ? Elle se faisait tout un tas de suppositions qui la blessait. elle ne le comprenait pas. pensait-il ne pas venir la voir ? il lui avait pourtant dit à ce soir comme une promesse qu’on ne peut rompre. elle détourna les yeux tristement en le laissant venir s’asseoir à côté d’elle. comme toujours Junho se drape de cette froideur et impose une distance qu’elle déteste. pourtant elle sait comment il fonctionne, sait qu’elle doit se montrer patiente et faire le premier pas vers lui. encore et encore … Elle aurait pu se fatiguer de tant d’efforts, mais rien ne pouvait l’épuiser si cela concernait Junho. elle l’écoute, son coeur se serre. elle retient un soupire et sait qu’elle devra choisir les bons mots pour le rassurer. était-elle égoiste de vouloir continuer ? De vouloir le convaincre ? Ou bien était-ce parce qu’elle était ainsi qu’elle arrivait à lui faire repousser ses limites ? Car sans Mok Junho restait ce gosse un peu perdu dans un enfer qu’il ne maîtrisait pas. Mais depuis qu’elle était revenu dans sa vie, ou qu’il était revenu bouleversé la sienne, le garçon changeait, s’ouvrait, évoluait … c’était parfois subtile, parfois trop discret pour qu’on le remarque, mais Jun Ho grandissait. se détachait de ses démons quand bien même il les combattait toujours. Mok, la main dans la sienne, se tenait droite à ses côtés pour le soutenir quoiqu’il advienne. Junho savait que Mok lui faisait découvrir un monde nouveau, et que ce soit pour cette requête qu’elle quémandait, ou pour ce quotidien qu’elle lui offrait. ses dessins, son talent, son caractère, le garçon se nuançait aux couleurs de la jeune femme. Ils en devenaient beau mais parfois il fallait plus de temps pour que certaine chose puisse fonctionner ou être efficace … Elle tourna son visage vers lui. elle était là la différence entre eux. Junho abandonnait facilement, se calfeutrant derrière ce qu’il connaissait le plus, Mok, elle, ne pouvait se contenter d’un seul essai pour s’en convaincre. attrapant ses mains qu’il noue, elle les soulève juste assez pour pouvoir se blottir contre lui. se glissant sous ses bras elle vint s’imposer dans son intimité pour être certaine d’avoir son attention. leur proximité n’avait rien de gênante mais Mok se doutait qu’il peinerait à la regarder dans les yeux. “Chéri …” murmure-t-elle en chinois, un de ces petits surnoms qu’elle aimait à lui donner. “Tu n’as pas besoin de te concentrer sur moi … tout ce que tu as à faire c’est de la punir elle … sans retenu … n’ai pas peur de me faire mal … je n’ai pas besoin que tu me vois pour me faire mal … j’ai juste besoin de sentir … ta colère …” elle rougit consciente de ses mots et ajoute “ Et c’est de ta colère que je veux te débarrasser … donne la moi … punis la elle, avec moi.” sa voix traîne légèrement comme si elle voulait l’envoûter, le charmer, avec son innocence, sa douceur. Juste … sa colère. 

Gêné, triste, il ne savait comment lui avouer ce qui le torturait. Il était perturbé, embarrassé de devoir évoquer ces choses-là. De devoir s’avouer à eux-mêmes qu’ils faisaient… ce jeu malsain. Il ne savait pas pourquoi, mais il se braquait. Se sentait en danger tout à coup. Et pourtant Mok restait douce, compréhensible aussi. Alors qu’elle venait s’immiscer dans ses bras. Il n’avait pas le courage de la regarder, mais cette proximité lui faisait du bien. Il aurait soupiré d’aise s’il le pouvait. Mais il resta tendu, en l’écoutant parler… passer sa colère sur elle. Sur Sunan… comme si c’était aussi facile que ça. Il y avait bien pensé, mais il se concentrait davantage sur Mok. Sur le fait de la guérir elle avant lui… et c’était ça le problème. Je veux te faire passer avant… pensait-il, sans oser lui dire. Détournant les yeux, il se redressa, la repoussant doucement sans pour autant le maitriser. Ça n’avait rien de méchant, il était juste inconscient. « C’est pas aussi facile que ça. » lui confiait-il sans la regarder. Soupirant, il passait une main dans ses cheveux. Se rappelant que trop bien, ce cafouillis dans sa tête. Mok… il y avait autre chose… pas que ça. Pas que cette douleur. Il aurait pu s’en accommoder. Faire semblant mais… Wei avait tout gâché. Elle avait tout gâché. Mais ça non plus il ne pouvait lui dire. « Je sais pas si j’y arriverais… » Il ne voulait pas lui donner de faux espoirs. Ni même lui avouer qu’il parlait de tout le reste l’avait achevé. Cette colère soudaine, cette rage qu’il avait eue contre… Mok. C’était elle… qu’il avait haït. A croire qu’il renouait avec ses mauvais travers. J’ai détesté t’entendre dire Wei… mais en relevant les yeux, il n’avait aucun courage pour lui dire. A quoi bon ? Elle-même ne comprendrait pas. Et pour la première fois, il balaya une vérité. Lui qui avait pour habitude de tout dire, sans réfléchir. Il ne pouvait pas décemment afficher ce qu’il ressentait. « J’ai besoin d’un peu de temps… » Pour s’en remettre. Pour se sortir cette idée de la tête. Qu’il me maudissait ce chinois ridicule. Mais il regarda Mok, lui souriant comme si de rien n’était « Tu veux bien… faire ça pour moi ? » il en demandait toujours plus Junho. Lui demander du temps, de trouver son rythme. De savoir comment la satisfaire, lui-même s’adapter. Mais surtout accepter… l’idée qu’elle pense à Wei. Qu’elle crie son nom alors qu’il était avec elle… Junho égoïste, lui qui n’avait aucune honte à susurrer le nom de sa sœur... il n’était finalement pas prêt à en faire autant pour elle… pauvre gosse ridicule qu’il est.

Il la repousse, inconsciemment. elle repose ses fesses sur le canapé sans le vouloir. elle pince ses lèvres et déglutit en l’écoutant. son geste la brûle. reste comme une obsession qu’elle ne pourrait ignorer. elle le revoit la repousser doucement alors qu’elle aurait parié qu’il se sentait mieux avec elle entre les bras. tout comme elle se sentait mieux contre lui. elle ne savait comment réagir, se contenta de serrer ses jambes contre elle en l’écoutant. Qu’il puisse douter de lui était une chose, et dans le fond du temps elle était prête à lui en accorder pour cette requête si spéciale … Mais il y avait quelque chose d’autre. elle n’aurait sû dire quoi, mais Junho lui cachait quelques choses. n’avait-il plus envie de faire ce qu’ils faisaient ? Est-ce qu’elle le dégoûtait, elle et ses travers ? Etait-ce trop pour lui, était-elle trop pour lui ? Cette idée lui faisait mal au coeur, comme une pointe douloureuse dans la poitrine, son souffle se coupa. Elle déglutit difficilement, se contenta de le regarder du coin de l’oeil alors qu’il affichait un sourire qui se voulait léger. mais ne savait-il pas encore qu’elle le voyait quand il mentait ? Quand il se parait derrière ces faux semblants. avait-il réellement l’audace de lui cacher quelques choses ? Elle n’était pas certaine qu’il mentait à proprement parlé, mais il y avait bien un point qu’il ne voulait aborder avec elle et déjà l’enfant s’imaginait le pire. Avait-elle tout gâchée en étant elle ? Aujourd’hui il avait jouit pour elle et cette distance qu’il mettait soudainement entre eux était comme un coup qu’il lui portait. elle se sentait soudainement sale et stupide. elle n’avait jamais été à la hauteur de Sunan et quand bien même elle était sa flamme jumelle, il n’en restait pas moins que Junho en désirait une autre et que leur jeu malsain avait peut être entaché leur relation. C’était dur pour Mok de réaliser que tout ça c’était de sa faute. parce que sans ce besoin pressant elle n’aurait jamais demandé à Junho de coucher avec elle, elle ne l’aurait pas invité à des jeux tordus et elle ne l’aurait pas poussé là où il n’était pas à l’aise. finalement elle qui se voyait comme un équilibre dans sa vie à le libérer de cette pression, elle n’était au final qu’une gosse qui ne faisait que rajouter plus encore de malaise à la vie de Junho. elle le regarde tristement, tu sais que je sais que tu me caches quelques choses, pas vrai ? Elle se redresse et pince ses lèvres en quittant le canapé. oui c’est vrai il lui en demandait beaucoup trop, mais elle lui demandait l’impossible. “prends le temps qu’il te faudra …” souffle-t-elle sans oser le regarder. elle attrape rapidement un masque pour la protéger des gaz des bombes de peinture et le glisse sur son visage pour masquer sa tristesse. mais son regard lui, reste à découvert, voilé d’une tristesse qu’elle n’a pas envie de refouler. elle attrape son sac remplie de bombe de peinture et rabat sa capuche sur sa tête « mais si tu veux me mentir Junho … ait la décence de bien le faire » murmure t elle même si elle savait, si lui aussi savait, qu’ils étaient incapable de ne pas voir les mensonges de l’autre … elle lui lance un dernier regard à la fois désolé et contri avant de s’éloigner … elle n’a pas envie de continuer cette discussion, elle quis e montrait toujours encourageante avec lui, s’était subitement refermée sur elle, comme la Mok qu’il avait retrouvé à la fraternité en début d’année. elle grimpe dans un wagon abandonné et s’assoit en tailleurs devant un bout de mur vierge. qu’était-elle devenue pour adorer arborer ces traces autour de son cou qu’elle avait pourtant soigneusement caché ce soir. un monstre de perversité. 

Il lui mentait… ce sourire factice sur les lèvres. Pardonne-moi Mok… pensait-il égoïste comme il était. Triste aussi, il le vit, cette lueur dans ces yeux, cette détresse qu’elle lui renvoyait. Son propre reflet soudain, alors qu’il se sentait misérable. Ses mots le touchaient, lui qui pinçait ses lèvres en la voyant s’éloigner. Elle était seule l’enfant, seule alors que lui était son seul espoir… son remède certain à cette vie maladive et déprimante. Je ne peux pas Mok… je n’y arrive pas… à te dire… ce qu’il ressent. Parce-que lui-même est perdu. Déboussolé, il serre le point, observe sa silhouette s’éloignée. S’isolée dans ce wagon… terrible effroi qui lui parcours l’échine. Il a froid soudainement… en manque d’elle. De sa douceur de sa chaleur… reviens s’il te plait. Mais rien ne sort d’entre ses lèvres. Il fixe le wagon, se sent perdu, si fragile… il pourrait partir. S’en aller. Attendre que les minutes les répares… mais il sait. Que le temps est cruel. Et s’il ne courait jamais après d’habitude, il se rend compte que sans ses secondes auprès d’elle il n’est rien… qu’un monstre qui se meurt de désespoir. Il se lève subitement, le cœur battant alors qu’il avance d’un pas lourd. Incertain jusqu’à ce wagon. Il a peur de briser sa quiétude, cet isolement qui parfois leur fait du bien. Mais il est incapable de rester loin. Alors il reste là, devant cette porte cassée. Trop loin d’elle… le cœur affolé. « Je ne veux pas que tu penses à un autre que moi. » et il est essoufflé quand il dit ça. Ses mains tremblent terriblement. Les larmes aux yeux le garçon est déboussolé. Aide moi Mok… je ne sais pas pourquoi j’ai ressenti ça. Ça me fait peur… « Je… j’avais peur de te le dire… » et il se tord les doigts, nerveux. Inconscient d’être ce gamin incapable… « Mais j’ai encore plus la trouille que tu me laisses… » perle salée qui vient souiller sa joue. Il l’observe, la respiration bruyante… je t’en prie Mok… pardonne-moi.