Apeurée, tétanisée même, elle observait de longues secondes ce sachet entre ses mains. Cette poudre qui avait fini par mettre un terme à leur histoire, celle qui leur avait valu bien des déboires. Ses yeux embués, elle voyait trouble, se refusait encore de croire qu’il aurait pu en prendre, plus encore en sachant qu’ils étaient ensemble. Et si c’était elle, qui l’avait poussé à consommer ? Et si elle était la seule fautive de tout ça ? Elle ne pouvait, et ne voulait pas y croire. Impensable. Le voyant se relever, elle faisait de même, le suivait. Elle peinait à avancer, de ses jambes tremblantes par ces informations qui parvenaient au compte goutte à son esprit. Des larmes, de plus en plus nombreuses, perlaient sur ses joues. Elle ne faisait qu’observer ses réactions, tandis que sa poitrine se serrait. Et cette porte qui claquait devant elle eu l’effet d’un couteau qu’on lui enfonçait d’un seul coup en plein coeur. Un sanglot, qu’elle n’avait su retenir. Quelques images floues de cette soirée qui continuaient à parvenir à elle, au fur et à mesure des mots qu’elle croyait entendre à travers le mur. « J’ai bu... » elle vacillait, donnait déjà un premier coup dans la porte. Dis pas ça, aurait-elle voulu répondre, sans en être capable. Mais sa gorge se nouait, alors qu’elle se revoyait à cette table, avec lui. Des verres partout devant eux. Il n’y avait aucune certitude dans ce dont elle pensait se souvenir, mais le résultat était là, devant ses yeux. Frappant de nouveau contre le bois, elle l’interpellait, suppliante. « Putain Ye Won… j’en ai prit... » des mots qui lui arrachaient un cri du coeur, tentant d’ouvrir la porte de toutes ses forces. Sans pouvoir y arriver, elle sentait qu’il faisait bloc pour ne pas qu’elle le voit. « Il Kyang, ouvre moi ! » peinait-elle à articuler de cette voix cassée. Des peurs et des pleurs, des craintes qui se confirmaient devant elle. C’était tout son monde qui s’écroulait devant ses yeux. Ses pires angoisses qui prenaient forme. Et si tout ça était de sa faute ? Elle n’était pas certaine de pouvoir s’en remettre. Pas après tout ce qu’il avait traversé, pas après tout ce qu’il avait fait pour s’en sortir. Jamais elle ne se pardonnerait d’être celle qui le ferait replonger. Et elle continuait de crier, le supplier, de lui ouvrir. Des sanglots qui secouaient son corps tandis qu’elle s’énervait sur cette poignée qui n’avait pourtant rien demandé. « Je t’en supplie Il Kyang... » pleurait-elle, déjà à bout de force. Sa joue contre le bois froid, elle se sentait démunie. Horriblement coupable de ce qui était en train de se passer. Et cette idée, qui se faufilait dans son esprit, qui commençait déjà à prendre toute la place. Si elle n’était pas allée à cette soirée, rien de tout ça ne se serait passé. C’était elle la fautive, qu’importe ce qui avait bien pu se passer. C’était uniquement de sa faute à elle, s’ils en étaient désormais là tous les deux. Se laissant retomber sur le sol, elle restait malgré tout collée à cette porte, seule barrière qui le séparait d’elle. « Je suis désolée... » avait-elle commencé, tremblante. Et elle le répétait, plusieurs fois. Déjà à bout de souffle, ce n’était qu’un torrent de larmes qui s’abattait sur son visage, le poing serré. « Tout est ma faute... » soufflait-elle, sous le choc. Elle était désespérée, sans savoir quoi faire. Terriblement envahie par ce sentiment de culpabilité. « Tout est ma faute putain ! » répétait-elle plus fort, donnant un coup plus fort, faisant trembler la porte. Peut-être se rendait-elle compte de ce qu’elle était en train de faire. Détruire des mois d’effort, des semaines entières à tenter de remonter la pente. Tout ça pour quoi ? Quelques pilules, un secret qu’elle n’avait pas réussi à lui avouer, ni à s’avouer elle-même. Si au départ, elle avait sombré après sa disparition, cette fois, c’était elle qui commençait déjà à l’entraîner vers le fond. Celui duquel elle n’arrivait plus à s’extirper, depuis trop longtemps. « Il Kyang, s’il te plait... » pardonne-moi. D’autres mots qui restaient coincés dans sa gorge. Déjà prise d’une certaine panique, de savoir quelle serait la suite.

J’entendais sa voix s’élever derrière la porte, trop lâche pour lui ouvrir ou répondre à ses suppliques. Je ne pouvais pas. J’avais trop honte de moi, de mon état et des conséquences. Comment avais-je pu fauter ? Après tout ce temps. Tous ces mois sans rien prendre. J’avais céder, aussi facilement ? Juste à cette soirée. Je n’y croyais pas, mais mon corps ne cessait de me le rappeler. Comme un signal d’alarme, un mal-être constant qui me consumait. Je soupirais, mordait mes lèvres pour éviter de penser à tout ça. Et j’étais triste, si désespéré tout à coup. Je savais que c’était aussi dût à la drogue, pas seulement à la situation. Mais je n’arrivais plus à rien maitriser. J’avais envie de pleurer, même de me foutre en l’air par crainte. Ce malaise qui me rendait fébrile alors que Ye Won se trouvait toujours derrière la porte. Je déglutissais, inconscient du mal qu’on avait dut se faire. Je ne savais pas… plus rien ne tournait rond. Qu’avions-nous fait à cette soirée ? Je ne me souvenais pas. Que des images, quelques brides qui me parvenaient. Une table, une foule, la piste de danse… ces lumières qui m’aveuglaient. Et je me rendais compte que j’avais mal aux lèvres, encore plus quand je la touchais. Une bagarre ? Une simple chute ? Je n’en savais rien non plus. J’étais dans un état pitoyable et surement que Ye Won aussi. Et ses mots qui me parvenaient, me faisaient trembler, les larmes aux yeux. Le regard embué j’observais la porte, lâche… incapable de lui dire d’entrer. Pourtant j’en mourrais d’envie. Ses paroles me frappaient, me blessaient aussi alors qu’elle se sentait coupable. Non ! Ce n’était pas sa faute. Surement de la mienne. Je… je ne savais pas ce que j’avais fait. Ni ce qui était arrivé mais la savoir mal derrière cette porte me rendait fragile. Encore plus, comme si c’était possible. Je sursautais en entendant les coups, retenais un soupir, une supplique presque pour lui demander de partir. Mais mon cœur saignait… autant que le sien je crois. Alors sans réfléchir, je finissais par me lever, la main tremblante sur la poignée avant d’ouvrir et l’apercevoir assise au sol. Cette vision me fendait le cœur, alors que je tentais encore de retenir un sanglot. Putain Ye Won… regarde nous. Qu’est-ce qu’on a fait ? Et ce regard que je lui lançais avait l’air de durer une éternité. Mal à l’aise presque, oppressant… pourtant, j’étais incapable de rester loin d’elle. Me baissant à sa hauteur, je m’empressais de passer mes bras autour d’elle « C’est pas ta faute. » j’y croyais encore sans savoir ce qu’on avait fait. Mais ça me paraissait pire que la dernière fois. Celle à cet hôtel, avec ce tatouage… cette fois je me sentais au plus bas. Totalement désemparé… mais je refusais de lui dire. Me détachant doucement, je passais une main sur son visage, pour tenter d’essuyer ses larmes. Mais c’était vains… tout comme les miennes qui menaçaient de s’échapper… « Je… je sais pas ce qu’on a fait. Mais c’est pas ta faute. » C’était surement moi. J’avais dut lancer le mouvement. Et je me souvenais avoir eu ce besoin d’être avec elle. D’avoir autant insister pour la voir… « Je voulais juste te voir… » Et j’étais incapable de poser mon regard. J’étais inquiet, pour elle, plus que pour moi finalement. Car si j’étais aussi mal, alors dans quel état était-elle ? A quoi pouvait-elle penser ? Et cet esprit torturé, que se passait-il ? Je craignais qu’elle se croie responsable. Qu’elle pense être la coupable. Elle n’avait pas à porter toutes cette culpabilité. Moi aussi j’avais fauté. J’étais venu la voir et… j’avais dût céder. La gorge sèche, j’essuyais vulgairement une larme sur ma joue, avant de m’assoir et la caler entre mes jambes. L’approchant de moi, j’attrapais sa main, serrait un peu plus fort pour cacher mes tremblements… « On a dut être prit… par l’ambiance. » j’avais le regard baisser comme un gosse qui se cherchait des excuses. « C’est qu’une soirée… c’est pas grave… » Et ces mots me frappaient tout à coup. « C’est pas grave… » Comme un vague souvenir de cette pensée. De cette conviction que tout ce qu’on faisait n’avait aucune importance. C’était la même chose que je lui avais dîtes hier soir. A ce souvenir, mon souffle se coupait. Impossible pour moi de la regarder, j’étais persuadé qu’elle saurait lire en moi. « Je vais bien t’en fais pas. C’est rien. » Est-ce qu’on pourrait y croire. Je ne savais pas pourquoi je mentais. Pour sauver la face, pour ne pas l’inquiéter. Encore moins la rendre responsable… ce n’était qu’une nuit pas vrai. Et je tentais de m’en persuader de me dire que tout ça ce n’était rien. J’étais prêt à prendre ça comme quelque chose d’inutile. Une simple pagaille dans notre vie. Comme une vielle page qui s’était cornée. Il suffisait juste de la lisser à nouveau et l’oublier entre deux autres feuilles… je voulais juste ça. Pour l’empêcher de sombrer. Plus que tout je pensais à elle, à son bien-être. Et je savais que trop bien ce qu’elle ressentait. Ces doutes qui l’assaillaient. Ce mal-être constant… inutile de la rendre encore plus fragile…

Des haut le coeur, des sanglots qu’elle ne pouvait contenir. Son corps se secouait au rythme des spasmes qui s’emparaient d’elle, alors qu’il se décidait à ouvrir cette porte. Mais ce sentiment de culpabilité était déjà là, prenait toute la place. Au point qu’elle ne trouvait pas le courage de relever son regard vers lui. Qu’il voit à quel point elle se sentait coupable, à cet instant précis. Et même ces bras enroulés autour d’elle ne la rassuraient pas, bien au contraire. Son corps se pressant contre le sien, elle laissait simplement un autre spasme la parcourir, tandis que ses larmes continuaient inlassablement de se déverser sur ses joues. « Je suis désolée. » qu’elle répétait en boucle. Parce qu’elle savait, au fond d’elle, que sans cette décision stupide de rejoindre ces soit-disant amis, il n’aurait pas flanché. Ils ne seraient pas là à se maintenir l’un à l’autre dans un état si déplorable. Et ce, même si elle n’était pas certaine de ce qui s’était passé. Tout ce qu’elle voyait, tout ce qu’elle comprenait, c’était qu’il avait pris de cette drogue. Qu’elle l’avait mis en danger, même s’il était venu la retrouver. Alors il pourrait lui répéter que rien de tout ça n’était de sa faute, elle n’y croyait pas. « Je voulais juste te voir... » ces mots lui transperçaient le coeur, violemment. Un autre sanglot, elle se raccrochait à ses épaules, se redressait face à lui. « T’aurais pas du venir me retrouver ! » lançait-elle, sans être certaine de ses propres paroles. Elle était incapable de réfléchir convenablement, ne voyait que sa propre culpabilité, ses remords qui prenaient déjà tant de place en elle. Mais la redescente ne l’aidait en rien, à cet instant. Ni même ces gestes qu’il pouvait avoir à son égard. Rien ne pouvait la soulager un tant soit peu, lui faire changer d’idée. Et ce qu’elle voyait dans ses yeux la butait. La rendait plus faible encore qu’elle ne l’était. Ne mesurant plus ses gestes, elle se défaisait de son emprise, et avec le peu de force qu’il lui restait, elle se faisait glisser plus loin, contre un autre mur. « Comment tu peux dire que c’est pas grave ?! » sa voix se cassait plus encore par ces émotions qui la prenaient. Elle ne pouvait pas prendre tout ça à la légère, pas comme ça. Pas alors qu’elle était la seule fautive. « Regarde ce que je t’ai fait ! » ajoutait-elle, toujours aussi tremblante. « Comment tu peux encore vouloir t’approcher de moi après ça ? Regarde dans quoi je t’embarque ! » elle criait, plus fort qu’elle ne l’aurait imaginé. Un profond sentiment de dégoût envers elle-même. Pouvait-il imaginer à quel point elle se détestait à cet instant précis ? A quel point elle aurait voulu disparaître, être n’importe où, sauf ici. Se pressant un peu plus contre le mur, elle se recroquevillait sur elle-même, entourait ses jambes de ses bras, enfouissant sa tête contre ses genoux. « Je suis désolée, j’voulais pas ça... » murmurait-elle, plusieurs fois. Elle se sentait mal, si mal qu’elle en avait envie de vomir. Devenir invisible, effacer cette nuit. Elle aurait aimé avoir un retourneur de temps, pour revenir à la veille, prendre de meilleures décisions. Ne pas aller à cette soirée, l’empêcher de sombrer avec elle. Comment allait-elle pouvoir s’observer dans un miroir après ça ? « J’aurais pas du... » continuait-elle, inlassablement. Jamais, elle ne s’était sentie aussi désemparée. Une erreur qu’elle ne pourrait pas réparer, et qui pouvait avoir de lourdes conséquences. Qu’elle refusait encore d’imaginer, même s’il allait bien falloir. En quelques heures, elle avait l’impression qu’elle avait tout détruit. En quelques jours, elle venait de balayer tous les efforts qu’ils avaient mis en oeuvre pour se retrouver. A lui cacher une vérité aussi importante, à l’entraîner avec elle dans ces vices dont elle tentait pourtant de se défaire. Comme si elle revenait à la case départ. Avec l’impossibilité, cette fois, de réparer ses tords.

« Je suis désolée… » Elle ne cessait de le répéter, sans que je sache vraiment ce qu’elle se reprochait. Cette soirée ? Ou ce mensonge Ye Won ? Celui qui avait tout fait basculer. Et je me rendais compte que j’avais ces pensées, obscures, tristes… parce-que j’étais perdu. A la merci de mes doutes, de mes craintes. Pourtant je ne lui reprochais rien, j’étais juste exténuer. Trop fragile mentalement pour réfléchir convenablement. Je tentais de garder l’esprit clair. De prendre ça avec légèreté. Ce n’était pas grave non… demain serait un autre jour. On avait vu pire. C’est ça que je pensais, alors que je l’observais. Je voulais la rassurer, mais c’était pire. Sans pouvoir la retenir elle s’éloignait, criait plus fort dévastée. J’avais mal de la voir dans cet état. Se sentir aussi coupable… tout venait à nouveau de basculer. A croire qu’on aimait ça. Se détruire autant… putain on avait tout pour être heureux. Mais il fallait qu’on bousille tout encore une fois. J’étais lassé, mais surtout incapable de la laisser tomber. J’étais prêt à assumer. Je détestais cette façon qu’elle avait de me repousser, physiquement ou verbalement. « Arrête ! » ouais, je voulais qu’elle arrête ça. De se reprocher cette nuit. A quoi ça servait ? Elle était déjà au plus bas. Je ne voulais pas ça. Qu’elle s’enfonce encore… trop loin. « J’ai merdé aussi ! » c’est pas toi qui m’as forcé Ye Won. Même si je suis incapable de tout me souvenir. Je ne sais pas… j’ai joué. Avec le feu je le sais. J’en ai la conviction… « C’est pas toi ! C’est moi. C’est moi qui voulais être…comme toi. » Et c’était sorti plus vite que je le ne pensais. Sans que je puisse le maitriser. Mais c’était vrai… je le savais. Je l’avais pensé avant cette soirée, j’étais prêt à l’accepter. Tu te souviens Ye Won, je te l’ai dit… que je t’aimais trop pour te laisser tomber. Si c’était ça la vie que tu voulais… alors je te suivais. Ça paraissait simple pensé ainsi. Mais la réalité était plus brute. Si abjecte alors que j’avais la nausée… je ne savais plus ce qui m’écœurait, la veille, les souvenirs ou mon attitude. Quel genre de type j’étais pour faire ça ? Par amour ? C’était des conneries ! Voilà ce que c’était. Une fausse excuse pour sombrer à nouveau qui sait. Je n’avais plus les idées claires. Je craignais presque de l’approcher, de peur qu’elle me repousse encore. « On s’en fout putain. C’était qu’une soirée. » Parce-que j’y croyais encore. Parce-que la fuite était plus simple que d’assumer. Mais je n’y pouvais rien. Ni elle ni moi ne savions ce que nous avions fait. On avait merdé c’était sur… mais qui était responsable. Elle ou moi ? Je retenais un sanglot, séchait mes larmes sans pouvoir me maitriser. J’étais à bout déjà, si triste de la voir ainsi. « Je sais que je n’aurais pas dut. C’était con ! Mais putain, c’est pas grave ! Je te le jure, ça me fait rien. » non je mentais. Mais il le fallait. j’étais incapable de lui dire que j’étais au plus mal. Que tout tournait dans ma tête, que j’avais cette gorge sèche, ces mains qui tremblaient et cette peur au ventre. Celle de sombrer à nouveau. Tout ce qui comptait c’était elle. « Je t’ai pas suivis putain. J’en crevais d’envie. C’est tout ! Je te mens depuis des mois. J’en voulais !! Et ça sera toujours comme ça. » Je ne sais pas ce qui me passait par la tête. Je criais plus fort, pour me faire entendre. Pour lui marteler cette idée. Tout n’était que des mensonges, des leurres pour qu’elle me haïsse moi, plutôt qu’elle. Je ne voulais pas la voir s’effondrer… je savais que jamais elle ne se le pardonnerait. Alors je préférais ça… qu’elle me déteste. Qu’elle m’en veuille pour lui avoir menti. « Je suis un putain de toxico Ye Won. Et ça changera jamais. T’as rien à voir là-dedans. » S’il te plait… crois-moi. Ecoute moi… ce n’est pas ta faute. C’est pas toi qui nous détruis. C’est moi… toi tu vas mal, et je ne t’aide pas. Au contraire, je ne fais que t’enfoncer. Et je m’en veux si tu savais… J’aimerais pouvoir te convenir, savoir quoi faire face à ta détresse. Mais je n’y arrive pas… j’ai tout fait foirer. 

Elle se le reprochait encore, ce mensonge. Celui qui les avait éloignés. Elle se reprochait cette soirée, les tentations qu’elle avait pu lui mettre sous les yeux. Tout et rien à la fois. Elle s’excusait, pour tout. Pour cette histoire qui ne faisait que recommencer. Cette facilité avec laquelle elle détruisait tout, encore. Et il aurait pu lui dire tout ce qu’il voulait, elle en restait persuadé. Cette fois, c’était elle, et elle seule qui mettait à mal tout ce qu’ils tentaient de construire. C’était elle qui saccageait tout sur son passage. Son coeur se brisait davantage encore, comme s’il ne l’avait pas assez été. Elle se mettait elle-même des bâtons dans les roues. A croire que cacher cette part d’elle aurait pu les protéger. Ca n’avait eu que l’effet inverse, à les voir aujourd’hui. C’est moi qui voulais être… comme toi. Une simple phrase pour la faire s’effondrer un peu plus encore. Comment avait-elle pu laisser passer ça ? Comment avait-elle pu le laisser céder ainsi ? Elle se détestait, un peu plus à chaque seconde. Comment avait-elle pu laisser l’homme qu’elle aimait plus que sa propre vie se détruire ainsi, une énième fois ? Elle ne pouvait pas le supporter, n’osait même plus lui adresser un regard. L’impression d’être ce démon, cette femme abject qui entraînait les autres à leur perte. Qui les faisait sombrer aussi bas qu’elle. Et dieu qu’elle détestait cette idée là. « On peut pas s’en foutre comme ça ! » répliquait-elle, à bout de force. « Je refuse de te voir retomber la dedans ! » criait-elle un peu plus fort. Parce que c’était ça, le fond du problème. C’était ça, qui l’avait tout autant poussée à ne rien dire, sur ses propres vices. La peur au ventre qu’il puisse rechuter, uniquement à cause d’elle. Et finalement, elle comprenait, que le mensonge était pire que tout. Que sans ça, ils n’en seraient certainement pas là. Qu’elle aurait dû trouver la force et le courage de lui avouer qu’elle peinait à s’en sortir, se tirer de ce cercle vicieux. Toutes ses craintes qui prenaient place devant elle, elle ne savait plus comment le gérer. « Dis pas n’importe quoi ! » répondait-elle dans un nouveau sanglot, plus puissant encore. « Tout est ma faute ! » répétait-elle encore. Peut-être qu’une part d’elle avait envie de croire qu’il tentait de la protéger, à son tour. Mais elle n’arrivait pas à croire ce qu’il pouvait bien dire. « Sans moi tu serais pas venu hier soir ! » Et c’était le plus douloureux à admettre, qu’importe la force de son amour pour lui. « Sans moi et mes conneries t’aurais pas eu envie d’y retoucher ! » ajoutait-elle. Et dans ses pleurs, elle semblait si sûre d’elle, au point qu’il était impossible de lui enlever cette idée de la tête. Tremblante de tout son être, elle se raccrochait au mur pour se relever. Ses yeux s’étaient posés un instant sur sa silhouette assise en face d’elle. Une image qui lui fendait le coeur, qui ne faisait que lui rappeler qu’elle avait lamentablement échoué. « Tu peux pas prendre le risque de rester avec moi ! Pas alors que j’te fais replonger ! Je peux pas ! » Ses larmes redoublaient, une vérité qu’elle refusait d’affronter mais qui se dessinait devant elle. Elle lui faisait plus de mal que de bien. Et après tout ce qu’ils avaient traversé ensemble, elle ne pouvait pas prendre plus de risques. Elle refusait d’imaginer qu’elle le mènerait à sa perte, même s’il était peut-être trop tard pour ça. Elle tenait difficilement sur ses jambes, tentait tant bien que mal de se diriger vers le salon, pour récupérer ses vêtements. Et si son coeur lui criait de rester avec lui, son esprit lui, certainement plus lucide, lui intimait qu’il fallait qu’elle s’éloigne. Pour son bien-être à lui. Pour imaginer qu’il puisse réellement s’en sortir. Dévier de ce chemin qu’elle était en train de lui faire prendre. Qu’importe la douleur qu’elle pouvait ressentir à cet instant. Qu’importe le fait que ça la détruirait totalement, de devoir le laisser faire sa propre vie, de ne plus l’avoir à ses côtés. Elle était néfaste pour lui, et rien ne pouvait lui faire changer d’avis.

J’étais perdu, désemparé. Je n’avais que ça comme solution, pour tenter de la convaincre. Lui ouvrir les yeux sur ces addictions. J’avais beau faire le fier, croire que je m’en sortais. Peut-être qu’au fond je me mentais encore. Peut-être qu’en réalité, je n’étais pas aussi fort que je le pensais. Si je l’étais pourquoi avais-je sombré à nouveau ? Une rechute, encore une… et le même schéma qui ne cessait de se répéter. Avec ou sans elle, au final c’était pareil. Durant ces années loin d’elle, je n’avais fait qu’en prendre à petite dose. Me convainquant que j’avais réussi. Mais c’était stupide ! J’avais finis par le comprendre. Alors pourquoi pas maintenant ? Pourquoi serait-elle la seule responsable ? Je ne savais plus quoi faire. Ni quoi dire. Qu’importe ce que je voulais. Elle était convaincue d’être la coupable. Elle n’osait même plus me regarder et ça me faisait si mal… j’avais peur tout à coup alors qu’elle se levait. L’observant, le souffle coupé… ses mots me rendaient fragiles, me faisaient mal au cœur aussi. Peut-être étaient-ils vrai, mais je m’en fichais. Et cette phrase qu’elle lançait me brisa… abasourdi, je la regardais s’éloigner avant de brusquement me lever pour suivre ce qu’elle faisait. Elle récupérait ses affaires, elle voulait partir… comme ça. Juste pour ça ? « Ye Won qu’est-ce que tu fous ? » mon ton était anxieux. Bien plus qu’en colère. Les doutes s’immisçaient en moi, la crainte qu’elle s’en aille. Mais elle restait dans son idée… alors d’un geste j’attrapais son poignet pour la forcer à arrêter. « Tu fais quoi hein ? » cette fois mon ton était brut. Parce-que j’avais peur bordel. Peur qu’elle me laisse… « Tu veux partir c’est ça ? » tu peux pas Ye Won. Tu peux pas me faire ça. Pas après tout ce qu’on a vécu. « Tu crois que c’est la solution ? » parce-que moi non. Si tu pars, c’est pire. Si tu me laisses, je crève… et j’avais ce regard dur, parce-que je crois que je voulais me protéger. Arrêter de souffrir, mais l’agacement ne changeait rien. J’étais trop amoureux d’elle pour imaginer ma vie sans elle. Et qu’importe que ça soit des minutes, des jours ou des secondes. Je ne pouvais pas vivre loin d’elle. « Tu… tu veux tout arrêter ? » et ma voix se cassait, alors que cette lueur triste apparaissait dans mes yeux. J’avais osé poser la question à mon tour. Mais je craignais tellement sa réponse. Et si je tremblais déjà, c’était pire. Un spasme me prenait, alors que l’angoisse montait dans ma gorge. La lâchant, je passais une main nerveuse dans mes cheveux « Tu… tu peux pas me faire ça. » non c’est impossible Ye Won. On ne se bat pas depuis des mois pour en arriver là. « C’est pas toi qui décide ! » et je criais plus fort. Menaçant même. Parce-que je parlais avec mes tripes. J’avais trop peur qu’elle s’en aille. Qu’elle franchisse cette porte pour la dernière fois. « Putain Ye Won ! Tu peux pas dire ça. Je… je m’en fous merde. C’est qu’une soirée. Ça changera rien… je te le promets. » Mais c’était des promesses en l’air. On le savait tous les deux. Je mentais, je voulais juste me raccrocher à quelque chose. Un peu d’espoir alors qu’on se faisait trop de mal. Mais je ne pouvais pas admettre qu’elle avait raison. Que tant qu’elle n’aurait pas régler ce problème être ensemble serait compliqué… mais quoi ? Alors je devais attendre ? Jamais ! Je ne pouvais pas. Je l’avais déjà trop fait. Alors je me précipitais pour attraper ses mains, suppliant « S’il te plait me fait pas ça. Je peux pas… je m’en fiche de prendre des risques. Je… veux être avec toi. » et j’étais prêt à n’importe quoi pour elle. Mais pas la laisser partir… pas comme ça. J’avais les larmes aux yeux tout à coup. Je m’en fichais d’être un moins que rien, de ne plus avoir aucune fierté. J’étais prêt à ramper, pour qu’elle reste avec moi. Parce-que j’étais arrivé à ce point, où plus rien n’avait de sens si elle n’était pas là. J’avais décidé de vivre notre relation sans barrière… je m’étais laissé beaucoup trop allé. Et désormais aucun retour en arrière n’était possible. « On trouvera une solution… j’en sais rien… mais putain… » et je chialais, comme un gosse. La peur me rendait si fébrile et je savais que la drogue ne m’aidait pas. Je n’avais qu’une chose en tête, me foutre en l’air si elle partait… des effets secondaires à cette nuit de débauche. Mais ça me paraissait presque censé. Des pensées noires, qui résonnaient à ce cœur meurtri. Apeuré… « Ye Won… arrête de me fuir… » et sur ces mots, je n’avais plus la force de rester debout. Je m’écroulais contre le mur, me laissant tomber jusqu’au sol. Cachant mon visage dans mes mains, je pleurais encore. Perdu, réellement déprimé par toutes ces émotions néfastes. C’était le pire moment pour avoir cette discussion. Parce-que je voyais tout en noir. J’avais l’impression d’être à bout. Au bord d’un gouffre dans lequel je me jetais. Sans fond… et je tombais encore et encore… « C’est parce-que tu te sens coupable ? Ou parce-que je te dégoute ? » je relevais les yeux vers elle, emplies de larmes. Je n’étais plus sûr de rien finalement. « T’en as peut-être juste marre de vivre dans cette merde. » et je le comprendrais. Au final, peut-être qu’elle était lassée de moi. De mes vices… je me sentais responsable de tout. C’était forcément moi le problème pas elle. Et tous les deux on se noyait dans ce tourment. Cette boucle qui n’en finissait pas. J’avais l’impression qu’on avait plus rien… plus aucune solution finalement… 

Des idées folles qui se bousculaient dans son esprit. Des peurs, des doutes, des craintes. Elle n’était plus certaine d’être celle qui lui fallait. N’était pas sûre d’être à la hauteur pour lui. Au contraire, elle avait trop sombré pour retrouver cette force qu’elle avait pu avoir, par le passé. Elle n’était plus vraiment sûre de pouvoir l’épauler comme il le fallait. C’était douloureux de l’admettre, tellement compliqué de pouvoir prendre la bonne décision. Et peut-être qu’elle agissait simplement sur un coup de tête, ses pensées embrouillées, encore obstruées par cet état second dans lequel elle se trouvait. Mais tout lui paraissait presque censé. Qu’importe la douleur que ça pouvait provoquer en elle, elle pensait réellement ce qu’elle disait. Elle était la seule fautive. En faisant d’autres choix, jamais elle ne l’aurait mis dans une telle situation. Stoppée dans ses mouvements, elle se retournait vers Il Kyang, cette souffrance infinie dans le regard. Elle savait pourtant, qu’elle n’était pas apte à vivre sans lui. Qu’elle n’aurait pas la force nécessaire de s’éloigner, le quitter. Cette simple idée lui provoquait un autre sanglot. « C’est quoi la solution Il Kyang ? Que je reste avec toi, et que tu replonges ? Je le supporterais pas ! » Une sincérité brute dans ses mots. Si elle ne supportait pas l’idée qu’il puisse de nouveau s’enliser dans la drogue, c’était bien pire de savoir qu’elle en serait la fautive. Elle ne pourrait pas se relever de ça, pas après tout ce qu’ils avaient traversé. Les paroles qu’il pouvait avoir à son égard n’étaient pas supportables pour son coeur qui battait plus fort dans sa poitrine. L’impression qu’il allait imploser, qu’il puisse simplement s’arrêter si elle décidait de passer le pas de cette porte. Le quitter n’était en rien une solution, mais elle ne pouvait décemment pas lui faire subir cette vie qu’elle espérait tant pouvoir changer, sans y parvenir totalement. « Et si ça changeait tout ? J’ai tout fait foirer putain... » Elle s’énervait contre elle-même, plus que contre lui. Se dégoutait au point qu’elle n’arrivait plus à faire face à la situation. Encore cette envie de fuir, de ne plus être ce problème récurrent à leur relation. Celle qui les empêchait d’être heureux, en fin de compte. Ses mains dans les siennes, cette supplique, ses larmes ne faisaient que se multiplier. Son corps entier continuait de trembler, entre toutes ces émotions, mais aussi à cause de ces substances qui disparaissaient peu à peu de son organisme. Qui la laissaient plus frêle encore qu’elle ne l’était déjà. Une souffrance au delà de tout ce qu’elle avait déjà pu vivre, à le voir s’écrouler au sol ainsi. De voir cette détresse qui s’émanait d’eux, sans être capable de trouver une solution qui pourrait réellement les aider. A son tour, elle se laissait tomber face à lui, si désemparée. La tête baissée, elle restait silencieuse un instant, tandis que ses mots continuaient de lui transpercer le coeur. « Tu comprends pas… C’est moi qui m’dégoute... » finissait-elle par avouer dans un souffle. Elle ne se reconnaissait plus. Elle qui aurait voulu tout faire pour être à ses côtés. Être celle qui lui fallait, capable de l’épauler, de l’aider. De l’aimer comme il devait l’être. Voilà ce qu’elle obtenait. Plus d’épreuves à lui faire surmonter. Plus de douleurs encore, comme s’ils n’en avaient pas eu assez. « J’voulais juste te protéger de tout ça, mais j’ai foiré, encore... » ajoutait-elle dans un souffle, haletante. « Je foire tout... » continuait-elle, à bout de souffle. « Tout c’que je voulais c’était te rendre heureux, qu’on le soit ensemble… Mais même ça j’en suis pas capable... » Et dans le fond, elle savait qu’elle ne pouvait pas y arriver tant qu’elle n’irait pas mieux. Pensait avoir réussi à aller de l’avant, mais tout s’était effondré une fois de plus. Si le retrouver avait été la plus belle chose qu’il puisse lui arriver, si leur amour semblait être d’une évidence même, ils n’étaient pas encore capable de laisser totalement le passé derrière eux. Parce qu’il les rattrapait, à chaque fois. Dès qu’ils arrivaient à goûter au bonheur, quelque chose venait tout détruire, encore et encore. Puis, dans un geste désespéré, elle s’était raccrochée aux jambes d’Il Kyang, enfouissant sa tête contre ses genoux. Ses pleurs encore importants, elle ne savait plus quoi faire pour espérer les sortir de là. « Je suis désolée Il Kyang… Je … Je voulais juste être celle qu’il te faut... » soufflait-elle, le coeur à vif. Une douleur sans pareille qui s’emparait simplement d’elle. Une détresse trop puissante pour qu’elle puisse la maîtriser. Ces spasmes continuant de la secouer alors qu’elle s’accrochait encore à lui, sans être capable de savoir ce qu’elle devait finalement faire.

Face à elle j’étais incapable de me dire que notre relation pouvait se terminer. Je n’avais aucune solution, rien qui me venait à l’esprit. Aucune remarque, ni même aucun espoir… mais j’avais juste peur. Je craignais que tout ne se termine trop vite. On ne méritait pas ça, pas après tout ce qu’on avait vécu. On s’était tellement battu. On s’était encore promis la dernière fois de tout traverser ensembles… alors je m’en foutais qu’elle se sente coupable. Qu’elle pense être celle qui m’entrainait vers le fond. Je voulais juste qu’elle reste… je n’avais la force de rien. J’essuyais mes larmes d’un revers de main, alors que je la regardais. Sans être capable de dire quoique ce soit. Ce jugement qu’elle se portait me rendait nauséeux. Je ne pouvais pas croire ça d’elle en réalité. Et je savais que j’avais beau me leurrer, je voulais encore y croire. A tout ça… à elle. Je savais que quelque part elle reviendrait. Qu’elle serait à nouveau elle. Qu’importe le temps que ça prendrait… moi j’aimais cette Ye Won, même si c’était fou à croire. J’aimais ses bons, comme ses mauvais côtés. J’avais accepté l’idée qu’elle avait changée dans tous les sens du terme. Alors… je pouvais faire quoi d’autre ? Je n’aurais pas dut entrer dans son jeu peut-être bien. Mais c’était plus fort que moi. Tu n’as pas besoin de me protéger Ye Won… c’est ce que je mourrais d’envie de lui dire mais je n’y parvenais pas. Parce-que j’avais juste la trouille de demain. Pour la première fois depuis qu’on s’était remis ensembles, j’avais peur d’avancer. Et je n’avais pas envie de ça... c’était justement ce que je voulais fuir. Je voulais me projeter, nous imaginer un avenir. Je ne voulais plus faire les mêmes erreurs qu’avant… mais j’étais conscient qu’avec ses problèmes c’était impossible. Je gardais un soupir, pinçait mes lèvres pour ne pas pleurer davantage. Je crevais face à elle, à bout de souffle alors que ses mots me brisaient. Elle était si malheureuse… et j’étais incapable de la faire sourire. De lui mentir encore en lui disant que tout ira bien. Parce-que c’était faux. On le savait… ni elle ni moi étions sur désormais. Que nous arrivera-t-il demain ? Une nouvelle chute ou un jour sans vague ? Et j’étais épuisé de devoir jouer entre ces émotions. A toujours tout vivre trop intensément. J’aurais pu être un temps normal, mais je ne pouvais pas. Pas avec elle… en la sentant s’accrocher à mes jambes, j’avais les mains tremblantes. Cette vision était si douloureuse et ses paroles aussi… « Ye Won… » Soufflais-je. Fatigué, je frissonnais en venant toucher ses cheveux. Mais aucun de mes gestes ne me paraissaient rassurant. « T’es celle qu’il me faut. » et c’était juste trop évident pour qu’elle en doute encore. Si je souffrais autant c’est justement parce-que je l’aimais trop. Lentement je venais poser ma tête contre la sienne, avant de fermer les yeux. Mes mains posées sur ses bras, j’inspirais doucement… à bout de force. J’étais triste… comme vidé. Trop assommé par ces émotions néfastes. « Je sais pas quoi faire… » Je lui avouais ma faiblesse. Je n’étais pas capable de lui offrir une solution. J’étais aussi perdu qu’elle en réalité. Et je soupirais, pour décharger cette pression sur nous. Mais je savais que ça ne suffirait pas… on était face à une impasse. Et je refusais de penser à ce que j’avais fait. A ces choses que j’avais prises. Je pensais pouvoir m’en sortir, tout seul si il le fallait. Elle ne devait pas avoir ce poids sur la conscience… ce n’était pas la première fois que je cédais. « On peut y arriver… » Il faut qu’on y croit. Parce-que je n’ai plus la force de me battre aujourd’hui. Notre relation était destructive. Je le savais qu’elle nous faisait du mal… mais ne plus être avec elle c’était pire. J’avais toutes ces questions qui tournaient. Ces incertitudes alors que je rouvrais les yeux pour me redresser. « Viens dans mes bras. » là où est ta place… et je l’attirais contre moi, la calant entre mes jambes pour venir la serrer. Je m’accrochais trop à elle. Trop à ce que nous avions. J’étais peut-être fou d’y croire autant… et en cet instant, je n’étais plus sûr de rien. On était autant responsable l’un que l’autre. De toutes ces peines qu’on s’était infligées. Et je voyais les conséquences de ces abandons, de ces absences dans sa vie… comment avais-je pu croire qu’elle serait assez forte pour affronter ça ? Comment avais-je pu imaginer qu’elle tiendrait le coup ? D’une pensée qui m’effrayait, je la serrais un peu plus, embrassant ses cheveux, alors qu’une larme coulait à nouveau sur ses joues. On y arrivera… je devais y croire… 

Peut-être devaient-ils encore passer par là. Se détruire une fois de plus, de la pire des façons. Mais elle ne supportait plus tout ça. Le poids sur ses épaules était trop lourd. Ses responsabilités dans ce qu’il s’était passé trop importantes. Pour autant, elle savait qu’elle n’était plus rien sans lui. Qu’un âme de plus à errer sur cette terre. Elle était incapable de croire au bonheur s’il n’était pas là. Même si à cet instant précis, cette simple idée semblait avoir disparue de son esprit. Elle voulait encore s’y raccrocher, malgré tout. Une dualité entre son coeur et son esprit. Mais ses sentiments étaient bien trop forts pour qu’elle réussisse véritablement à laisser leur histoire derrière elle. A le laisser seul. Elle avait tant besoin de lui qu’elle ne savait plus quoi faire. Il fallait que les choses changent, qu’elle prenne les bonnes décisions. Pour autant, elle n’était pas en état de le faire, pas maintenant. Il lui faudrait avoir l’esprit plus clair pour ça. Pour tenter de trouver une solution. Pour trouver cet espoir qui lui manquait cruellement à cet instant précis. Incapable de se calmer, elle se raccrochait à ses mots, bien qu’elle puisse avoir du mal à y croire. Comment pouvait-il penser qu’elle était celle qu’il lui fallait ? C’était inconcevable à ses yeux, après cette nuit. Cette fois, c’était elle qui l’avait fait rechuter. Et tout ça pour quoi ? Pour une autre nuit à vouloir oublier ses problèmes. Si depuis longtemps, elle avait une bien mauvaise image d’elle-même, c’était pire encore aujourd’hui. Même lorsqu’il la prenait finalement dans ses bras. Elle voulait croire, le plus fort possible, que c’était là qu’était sa place, mais si compliqué de vouloir s’y raccrocher après ce qu’elle avait fait. Le poids du remord allait être bien difficile à porter, elle le comprenait. Avait-elle les épaules assez larges pour ça ? Elle en doutait, bien malgré elle. Mais elle était encore là, ses bras enroulés autour de son cou. Sans arriver à s’en défaire, sans en avoir envie non plus. « Je suis tellement désolée Il Kyang... » peinait-elle à murmurer, une fois de plus. De longues minutes, à rester collée contre lui. Une éternité à ses yeux. Une autre étreinte qu’on lui offrait alors qu’elle ne pensait pas la mériter. Mais elle s’y tenait, aussi fort que possible. En ayant perdu tout son courage, celui d’affronter ce monde, ces épreuves qui continuaient inlassablement de se glisser devant eux. Elle allait devoir le retrouver, sans savoir comment elle pourrait faire. Il n’y avait qu’à lui qu’elle pouvait se raccrocher, mais peut-être que ce n’était plus suffisant. Malgré tout l’amour qu’ils pouvaient se porter. Peut-être qu’il leur faudrait bien plus, pour surmonter cette nouvelle épreuve. Elle n’était plus sûre de rien, et restait simplement là. A tenter de calmer ses pleurs sans réellement y parvenir. A essayer de reprendre sa respiration malgré sa poitrine qui continuait de se serrer face à toutes ces pensées. Elle voulait avoir assez d’espoir pour imaginer qu’ils arriveraient à s’en sortir, encore une fois. Tentait d'imprégner ces mots dans sa tête. Mais elle était encore sous le choc, trop chamboulée pour réussir à le faire. Un soupire qu’elle laissait échapper d’entre ses lèvres, elle avait besoin de temps, pour reprendre un tant soit peu contenance. Pour retrouver un esprit un peu plus clair, qui l’aiderait à trouver une solution. Inimaginable de croire qu’elle pourrait se séparer de lui, malgré tout le mal qu’ils arrivaient encore à se faire. Parce qu’elle le savait, sa vie devait se faire avec lui. Personne d’autre. Elle ne saurait trouver le courage d’avancer s’il n’était pas à ses côtés. Et peut-être que la vérité était là dans le fond. Si l’un sombrait, l’autre suivait. Pouvait-elle décemment lui infliger ça ? Impossible alors qu’à ses yeux, il méritait simplement la plus belle des vies.