J'arque un sourcil, et pose mes mains sur mes hanches, l'air d'être quelque peu surprise par sa remarque. « Comment ça ? Tu insinues que je suis bien équipée pour faire pare-choc ? », en même temps il n'a pas tort. Et je dois avouer que c'est autant une qualité qu'un défaut. En tant que coréenne, c'est difficile d'assumer un corps comme le mien, même si j'en suis quand même fière et que je ne regrette aucun de mes gênes. « Au moins moi je suis équipée », dis-je en regardant en bas rapidement, me retenant de rire, et faisant mine ensuite de penser à autre chose. Yong Sun me propose alors de voyager avec lui, le jour où il aura de l'argent, c'est à dire jamais, pour s'en aller jusqu'à l'île de l'épouvante, parait-il. Je hausse des épaules, faisant celle qui n'a pas l'air intéressé, sur le moment, alors qu'en vérité, je n'ai qu'une envie, c'est de prendre de suite un billet d'avion et de m'en aller jusqu'à cette fameuse île. Étant attirée par les films d'horreur, je dois avouer que j'aimerai beaucoup me rendre et voir si cela est vraiment époustouflant et si cela fait réellement peur. Parfois les personnes ont tendance à exagérer lorsque cela concerne la peur. Par exemple, j'ai entendu dernièrement que le film Annabelle avait eu le don d'en faire mourir, réellement, quelques uns et qu'il était terrifiant. Je suis encore en vie et malgré quelques angoisses, j'ai déjà vu pire comme film d'horreur. J'ai même eu une petite déception en le regardant, « mais d'accord si tu économises beaucoup et si tu deviens riches, on s'en va vers cette fameuse île », je lui tends ma main prête à faire ce serment avec lui. J'espère qu'un jour, cela va se faire. Il propose alors une idée assez mystérieuse, que je ne comprends pas de suite. « Oui enfin . . . une princesse, peut-être, mais j'ai surtout envie d'avoir un prince moi », faut dire qu'avec mon style vestimentaire, mon idiote désespérante et ma folie incroyable, je doute pouvoir avoir un jour l'allure d'une princesse, même pas un soupçon de possibilité. Yong Sun finit par me dire son idée, quand même, et je suis tellement excitée que je lui donne quelques tapes contre le dos, pour évacuer cette soudaine adrénaline qui m'envahit, « let's go Skyblu ».

Tout se fait comme dans un film et j'ai de plus en plus l'adrénaline qui monte jusqu'à mon cerveau, surtout lors de l'acte finale, lorsque tous les deux, on tente de s'infiltrer dans le couloir qui mène aux coulisses pour prendre les costumes de parade. Le plan est ingénieux et parfait. Tout semble très bien fonctionner, jusqu'à ce que l'on soit devant la porte . . . A peine sommes nous prêts à entrer que l'on se fait repérer par des agents, retournant dans la loge. Un m'attrape par le col tandis que l'autre attrape celui de Yong Sun. « Yah ! YAH ! Mais lâchez-moi, je n'ai rien fait ! Je cherche juste les toilettes », mais oui bien sûr, à cette allure on va me croire, c'est certain. Alors, par instinct de survie, je mords violemment le bras de celui qui me retient, me libérant ainsi de son emprise et par la même occasion je donne un coup dans les parties intimes de celui qui retient Yong Sun, ce qui lui permet de se libérer aussi, « maintenant . . . ON COURT ! », et sans même attendre mon reste, je me mets à courir rapidement, sans regarder derrière moi, ni même savoir si Yong Sun me suit ou pas. L'instinct de survie est plus fort que tout. C'est la première fois que je cours aussi vite, moi qui me croyais non sportive, je découvre certaines capacités cachées. J'essaie de feinter mon poursuiveur, à plusieurs reprises et à un certain moment je parviens à l'écarter de moi, d'assez loin. En tout cas, assez pour que je puisse me cacher dans . . . les poubelles.

D’où elle sous-entend que je pourrais manquer d’équipements ? Jamais aucune femme ne s’en est plainte. Et puis, c’est de sa faute à elle, si elle a jamais pu juger à la source ! Moi je suis pas contre. Entre amis, on peut toujours se rendre menu service une fois. Bon, okay, maintenant je le ferai plus vis à vis de Tamaki… Quoique, si je pratique le terrain, je pourrais lui en révéler les secrets pour qu’il fasse une véritable performance dès le premier essai ! Chaque femme à ses zones de prédilections ! Mais pas sûr que le véto sache apprécier ma dévotion à sa juste valeur…

Enfin, loin de nous l’heure de faire des galipettes, nous nous engageons d’abord sur la voie des prouesses. On aurait pu réussir une performance très certainement inédite. On aurait pu graver nos noms dans la pierre. On aurait pu… Il ne nous a manqué qu’un seul petit, infime détail : la chance ! Oui, cette connasse, elle adore faire genre de remuer son popotin sous nos yeux, histoire de nous faire lever la queue, pour se carapater après en mode : « non, j’crois pas ! » SAL*PE ! Cette fois encore, elle nous l’a mis bien profond ! On y a cru. On était à deux doigts, mais c’est elle qui nous les as mis dans le c*l. Si je suis un peu énervé de voir mon plan si génial retombé à plat de la sorte ? Ouais, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie. Folie qui sembla emporter Redfoo à se débattre comme un diable, plaidant son innocence à l’aide d’arguments… Déconcertants. À tel point que les deux vigiles qui nous tenaient par le col et moi-même, eurent un moment de flottements. Je pense que les gars ne savent pas s’ils doivent en rire ou en pleurer. En tout cas, ils ont pas tardé à pleurer mais pour une autre raison : Olympe mord l’un et assène d’un coup en traitre le second lâchant sa prise : c’est à dire moi ! Nous pouvons ainsi prendre la fuite. Est-ce vraiment utile de prendre nos jambes à nos cous ? Peut-être… Je sais pas, je réfléchis pas trop non plus. Je me retourne néanmoins vite fait, juste pour lancer au vigile un :
« Toutes mes condoléances, mecs ! »
Bah quoi, en tant que mec, je compatis un peu à sa douleur quand même ! Puis, je regarde à nouveau droit devant moi et accélère la cadence. Je remarque au bout de quelques instants que j’ai perdu de vu ma partenaire. Peut-elle bien être passée ?
« Réfléchis, pense Redfoo ! »
J’essaye de me mettre dans sa tête et soudain, la révélation s’impose devant mes yeux. Nos pourchassants n’ont pas suivi la distance. Je pense même que l’un des deux doit toujours être cloués au même endroit. Je crois…

Je m’approche alors des poubelles. Tout doucement, en essayant de faire le moins de bruit possible pour ensuite soulever le couvercle brusquement :
« TROUVÉ ! »
J’espère l’avoir fait sursauter ne serait-ce qu’un peu.
« Tu nous joues un remake de Cendrillon des temps modernes ? Navré, mais j’ai jamais été doué pour interprété le rôle du prince… »
Je lui tends la main pour l’aider à sortir de là, lorsqu’un éclat de voix me fait tressaillir. Je bondis dans la poubelle pour venir m’y cacher à ses côtés. Fausse alerte… Ce n’est qu’un membre du personnel qui hèle son collègue à la bourre pour la parade. Merci pour le coup de sang ! Le gars lui répond qu’il arrive, qu’il pisse juste un coup… Oh ! L’idée de génie ! J’échange un regard avec ma partenaire pour voir si elle pense à ce à quoi je pense. Si on veut pouvoir circuler un peu plus sereinement, il nous faut un badge. Et si on veut un badge on doit en délester son propriétaire. Je lui fais signe de compter jusqu’à trois avant que l’on bondisse hors de la poubelle pour sauter sur l’employé. Mais va-t-on vraiment ligoter et bâillonner un type pour arriver à nos fins ? Personnellement, l’idée me plait bien même si ça peut sembler complètement abusé… Donc c’est un plan parfait !

À l’assaut !

L'instinct de survie est parfois plus forte que tout autre instinct et c'est bien pour cette raison que sans même réfléchir, j'agis. Peut-être trop précipitamment, mais assez pour rendre nos poursuiveurs sidérés, laissant le temps à chacun de fuir. Mais pas dans le même sens. En même temps, on a pas vraiment eu le temps de se concerter pour savoir dans quel sens on devait prendre la fuite. Ce n'est pas grave, on va finir par se retrouver, j'en suis certaine. Je me précipite donc vers les poubelles, seul endroit où je sais que je ne vais pas être repérée par nos assaillants. Il faut dire que personne n'a la stupide idée de se cacher dans un tel lieu, si nauséabonde, mais cela ne me dérange pas. Non pas que j'y suis habituée, ou même que l'idée d'y entrer me plaît, mais je sais que c'est mon seul moyen de survie et puis, j'ai déjà eu cette expérience. Alors autant dire que mon corps et mes narines s'en souviennent, grandement. J'inspire profondément avant d'y rentrer, retenant plusieurs secondes ma respiration et essayant d'entendre de probables pas venant dans ma direction. C'est alors que la poubelle s'ouvre soudainement, me faisant presque une crise cardiaque, mon cœur cognant fortement contre ma poitrine, ma main plaquée contre ma bouche, la peur d'être prise sur le fait m'envahissant . . . mais fort heureusement, ce n'est que Yong Sun qui a sûrement voulu me faire une mauvaise blague. « Yah ! Tu crois que c'est marrant toi de te cacher dans les poubelles ? J'aurai préféré éviter, mais malheureusement, ce n'est pas le cas ». Je lui tire la langue et alors que je m'apprête à sortir de cette foutue poubelle, avec son aide, le voilà qui saute à l'intérieur, aussi en ayant entendu un bruit suspect. De nouveau mon cœur bat rapidement la chamade, craignant de me faire prendre avec Yong Sun, même si là je ne suis plus seule. Je reste sur le qui-vif, attendant que les personnes passent, mais fort heureusement ce n'est pas la sécurité qui vient nous chercher. Je me sens déjà mieux. Enfin un mieux qui s'en va rapidement lorsque je constate que l'un vient pisser près de notre endroit. Charmante situation, merci ! C'est alors que je croise le regard de Yong Sun et je comprends immédiatement son idée. Je hoche positivement de la tête, prête à me lancer dans cette aventure de nouveau très risquée.

En quelques secondes on se retrouve tous les deux sur la personne, moi lui donnant un coup de tête pour l'assumer, récupérant le badge qui pend à son cou. « Faut qu'on trouve de quoi le ligoter », je regarde autour de moi et vois, par miracle, une corde, qui devrait servir pour quelques minutes, mais qui risque de ne pas résister très longtemps. Ça fera sûrement l'affaire. Je laisse Yong Sun s'en occuper tandis que je fais le guet  pour lui, au cas où une personne viendrait. Yong Sun revient avec le badge, et on s'en va. « Je propose qu'on se prenne des déguisements pour passer incognito dans le parc, on s'amuse un peu dans la parade ou pas loin en tout cas, et on file après, ça te va ? On peut pas rester plus longtemps sinon on risque d'être mis en prison », et c'est peu dire, parce qu'avec tout ce qu'on vient de faire, il y a de quoi nous mettre en garde à vue pendant un bon moment. On parvient alors à atteindre la pièce où se trouvent encore quelques costumes qu'il nous est possible de porter. « OHALALA YA SIIIDD », dès que je vois le costume je le prends de suite, prête à le porter. Non je ne suis pas fan de l'âge de glace, pas du tout ! Et puis avec ce costume je suis certaine de passer inaperçue. J'attends pas plus et pars me changer, pour revenir toute fière, « alors comment tu me trouves ? Je suis pas sexy en Sid ». Je commence à remuer Je remue mon popotin au rythme de la musique qui résonne doucement dans la pièce. « Tu es prêt pour faire la parade qu'on rêve tant ? ». Moi en tout cas, je suis prête et ça doit se voir.

Pas un pour rattraper l’autre nous caractérise sans doute parfaitement Olympe et moi. Quand j’ai une idée à la con, invraisemblable qui me passe par la tête, même si parfois je suscite en elle dégoût ou brève hésitation, jamais encore elle ne m’a véritablement raisonné. Et réciproquement. Après, est-ce seulement possible de faire entendre raison à l’un de nous deux ? Quand nous avons une idée « brillante », nous sommes souvent parfaitement conscient qu’elle est avant tout parfaitement stupide et dénuée de sens. Auquel cas, à mes yeux, cette idée ne peut qu’être géniale ! Là, je dois avouer que j’y crois pas beaucoup. Disons qu’on s’apprête à appliquer un plan digne d’une série télévisée. En même temps, il y a sans doute pas beaucoup de personne dans la vie « normale » de tous les jours, qui ni ne parvienne jusqu’au backstage d’un parc d’attraction, ni ne se cache dans des poubelles. C’est pas le genre d’expérience qu’on oublie, mais d’une certaine façon, je préfère largement le contexte actuel que celui de mon tout premier plongeon parmi les déchets, contre mon gré. Lointaine époque de mon enfance qui semblait certainement très difficile à concevoir lorsqu’on connaissait le Yong du temps présent.

À la réflexion, nous aurions sans doute pu tourner un micro-film à diffuser sur le web avec nos mésaventures de la journée. Je regrette franchement de ne pas avoir penser à prendre ma Go Pro en venant ici. J’ai grave chiotté pour le coup ! Surtout l’épisode où nous sautons sur le gars pour l’assommer et le ligoter… Les potes de la Dream Team ne voudront jamais me croire quand je le leur raconterai ! En tout, j’aviserai Tamaki de ne pas trop fâché Olympe… Elle a le coup de tête efficace ! Je réfléchirai peut-être à deux fois, la prochaine fois avant de m’enfuir pour la laisser assumer mes conneries à ma place – bien que je soutienne qu’elle avait qu’à sortir de l’attraction plus vite ! – ou du moins, je garderai mes distances lorsqu’elle semblera en colère. Les femmes ont peut-être souvent moins de force physique que les hommes, mais elles n’ont pas de doute ! Et surtout, elles n’y vont pas de main morte face à un homme, alors vaut mieux ne jamais trop les prendre à la légère quand même. Une fois ma mission ligotage effectuée – d’habitude, je prends un tout autre plaisir à attacher une femme dans de toutes autres circonstances –, je rejoins le guet Redfoo.
« Pour ma part, la prison, c’est presque un rite initiatique familial alors c’est pas ce qui va le plus me déranger, mais bon… Si tu préfères la carte de la prudence ne nous attarderons pas trop. »
J’ai quand même bien envie d’une course poursuite en costumes. Assurément, il y aurait des visiteurs pour nous filmer et je serais bien curieux de savoir combien de vues une telle escapade pourrait susciter.
En possession du badge, nous nous faufilons à pas de renard et trempette de requin – doutez pas de notre discrétion s’il vous plait – dans le local des costumes. Olympe se jette sur Syd, tandis que mes yeux sont happés par… Dory ! (Bah quoi ? C’est bleu !) Okay, dans le genre costume hyper encombrant et absolument pas discret j’aurai sans doute pas pu faire mieux. D’autant plus que les trous pour les yeux sont franchement mal foutu et j’y vois à moitié après l’avoir enfilé. D’ailleurs, je tourne un peu à droite, un peu à gauche avant de réussir à percevoir Olympe dans son entier dans son costume. Je lui adresse alors un signe de main pouce relevée :
« T’es bandante ! J’en ai les nageoires qui s’émoustillent ! »
Et je gesticule pour agiter ma queue – celle du costume bien sûr.

Là-dessus, formant le duo le plus insolite qui puisse être certainement, nous remettons l’allée retournant vers le parc comme des vainqueurs. La meilleure façon de passer inaperçue est de s’exhiber sans le moindre doute ! Ce que nous faisons. La parade est partie quelques minutes avant nous. Nous entamons alors de nous promener l’air de rien en essayant d’aller rattraper le troupeau de personnages. Profitons-en le plus possible avant que quelqu’un ne se doute de quelque chose…

Je ne sais pas comment je trouve une telle énergie mais en tout cas, elle est présente, malgré les péripéties que l'on vient de vivre. Je pousse un long soupire et me pince discrètement la joue pour vérifier que je suis vivante et que ce n'est pas un rêve ou un cauchemar que je suis en train de faire. Mais rien de tout cela. A croire que l'aventure, je connais bien trop. Il faudra bien qu'un jour je calme mes ardeurs. Un peu de stabilité dans la vie ça ne fait sûrement pas de mal. J'arque un sourcil et regarde de haut en bas Yong Sun, « c'est pas parce que Monsieur est un délinquant habitué à la prison que je me dois d'en faire partie. Désolée, mais moi, je ne me fais jamais prendre et j'espère ne jamais me faire prendre. Non pas que je craigne la prison, mais ça serait une atteinte à mon ego », de me dire que je ne suis pas parvenue à fuir les filets. Je lui fais un clin d’œil et on s'en va en direction des loges pour pouvoir enfiler notre fameux costume, tant attendu. Bien sûr je ne peux résister à l'envie de sauter sur le personnage de Sid le trouvant particulièrement laid mais amusant. Dommage qu'il n'y ait pas Scrat c'est mon personnage préféré. Faut dire que c'est toujours lui qui induit les pires catastrophes, tout comme moi. Mais même temps Sid n'est pas non plus très doué de ses pattes, juste un peu paresseux et peureux. Je rigole en voyant Yong Sun avec le costume de Dory, « franchement avec cette allure tu aurais pu être sango », je rigole et sors mon téléphone pour nous prendre en selfie, « dis kimchi Madame Dory ! ». Oui, je veux conserver cette scène à jamais. Au moins si je suis un jour triste, je risque de reprendre cette photo et de me mettre à rire. Quoique, des photos marrantes j'en ai quelques uns, de quoi en faire plusieurs albums. Je suis rapidement Yong Sun pour s'en aller jusqu'à la parade, prête à tout donner pour faire bonne figure, enfin, surtout pour m'amuser. On parvient alors, sans trop de difficultés, à se faufiler dans la parade, s'agitant dans tous les sens. Pour le moment personne ne nous repère et moi, je m'amuse, comme une véritable gamine. J'ai l'impression de voir un rêve qui se réalise. J'ai toujours voulu participer, réellement, à une parade mais je n'en ai jamais eu l'occasion alors que là, si. Ils commencent tous alors à faire une danse que je ne comprends, forcément pas. J'ai beau essayé de suivre, rien ne vient. Je vois alors deux personnes qui s'approchent de moi discrètement pour sûrement me dire de partir car je gâche un peu la danse. Je cherche rapidement du regard Yong Sun que j'ai forcément perdu de vue. Je me faufile alors entre les rangs de personnes criant « Dory !! DORRRYYY !!!! Tu es où ? ». Je commence à paniquer. Faut qu'on sorte d'ici, le plus vite possible.

Réussie : Oly parvient à retrouver sa Dory et s'en fuit avec elle (enfin lui!).
Échec : En étant affolée, elle fait tomber une personne, qui en cogne une autre, qui . . . effet domino ! Oups !

À défaut de pouvoir nous éterniser indéfiniment dans les backstages, une petite photo souvenir de notre folie, et puis s’en font. S’en font rattraper la parade, se frayer une petite place discretos au milieu des autres personnages sorties tout droit de l’univers imaginaires des dessins animés. C’est l’éclate ! D’une certaine façon, je m’en fous un peu d’incarner un personnage Disney pour parader en faisant coucou devant une ribambelle de centaines de gamins. Pour ma part, c’est plus l’adrénaline, le fait d’avoir réussi à s’incruster, de commettre quelque chose d’interdit au grand jour, exhibé joyeusement aux yeux de tous, qui me grisait. De l’appréhension ? Quel est ce mot ? Savourez l’instant suivant sans se poser de questions sur celui d’après est le meilleur des credo ! Alors, je l’applique, consciencieusement. Dans l’ambiance du moment, trop occupé à gesticuler pour faire rire et sourire des enfants sur le bord de la parade – bon d’accord, j’aime trop voir leurs bouilles rayonnantes de joie mais faut pas le dire –, je ne fais pas attention que Oly et moi nous nous séparons. Tout se passe bien. Tout se passe sans encombre jusqu’à ce que… le rythme de la musique change. Et tous les personnages de la parade se mette à effectuer une même chorégraphie. Ok, je crois que je suis dans la mouise parce que forcément, c’est pas Gangnam Style, quoi. J’improvise quand même. Ça passe ou ça casse, y a pas trop le choix de toute façon ! J’ai l’illusion que ça passe crème lorsque tout d’un coup, j’entends la voix de Redfoo qui crie mon nom. Ou plutôt celui du célèbre poisson bleu à mémoire de poisson rouge. Alors, je tournoie sur moi-même, la cherchant du regard lorsqu’elle m’apparait, fondant sur moi tel un goéland sur un pauvre petit poisson clown. Mais surtout, je vois qu’elle n’est pas seule. Forcément, des agents de sécurité ont fini par nous repérer. Quand elle arrive à ma hauteur, je la chope par la main et on se tire rapidos de la parade. Encore une course folle à travers le parc ! C’était mieux que les montagnes russes cette aventure !

Elle est belle notre échappée ! Jusqu’à ce que soudainement, on se retrouve encerclé par…une horde de gamins tout foufou à la vue de Dory et Syd qui ne promènent dans le parc. C’est trop chou ! Sauf que ça nous fout surtout royalement dans la parade là. Quelques coucous, un petit déhanché et… :
« OH ! Y A MICKEY LÀ-BAS ! »
Et tous les marmots qui tombent dans le panneau, tournant la tête près à se précipiter dans la direction indiquée. J’attrape derechef Sydfoo par le bras et c’est reparti pour un nouveau sprint ! On fonce jusqu’à une planque où nous pouvons prestement dévêtir nos costumes. C’est un peu un crève-coeur d’abandonner là, les peaux de Dory et Syd, agonisant sur un banc caché dans l’ombre… Ils seront retrouvés. Ils seront bien traités mais nous les garderons assurément dans nos mémoires, fidèles compagnons d’une folle et brève escapade. Pour le moment, nous devons déjà nous préoccuper de notre propre sort, alors que nous rasons les murs, je me tourne vers ma partenaire :
« Toi qui préfères jouer la carte de la prudence… »
D’accord, m’adressant à Olympe c’était une prudence tout à fait relative. Disons que selon certains standards plus imprudent que celui de la majorité des gens.
« … tu crois qu’on peut tenter de profiter encore un peu de la visite du parc ou il vaut mieux qu’on se dirige progressivement vers la sortie ? »
Je sais qu’elle a pas vraiment envie de se faire chopper et honnêtement, il y a de grandes choses pour que nous allions été repéré à un moment ou à un autre par au moins une caméra de surveillance. Je la laisse alors choisir jusqu’à quel point elle a envie de jouer avec le feu.

J'ai l'impression que depuis notre entrée dans ce foutu parc, qui est pourtant fort agréable, on ne cesse, Yong Sun et moi, de fuir le monde des vivants. Enfin, d'échapper surtout à la sécurité. Je sais pertinemment que si on se fait attraper, c'est la fin des haricots pour nous et encore, c'est peu de le dire. Encore une fois, alors que je m'amusais tant, on se doit de s'en aller, au plus vite, pour fuir la sécurité, qui nous a déjà repéré, et se doute, ou pas, qui se trouve derrière ces costumes. Après autant de péripéties, la sécurité va sûrement devenir une experte dans l'art et la manière de nous dénicher, quel que soit l'endroit. Fort heureusement on parvient à s'échapper, encore une fois, des griffes des vigiles, se retrouvant néanmoins rapidement pris au piège par des enfants, tous surexcités. Autant parfois j'aime les enfants, autant parfois je ne les supporte absolument pas. « On se calme les enfants . . . on n'est pas là pour . . . », mais je ne finis pas ma phrase que Yong Sun parvient à faire diversion en parlant de Mickey, petite souris que les enfants affectionnent énormément et moi aussi, d'où mon sursaut, « il est où Mickey, je veux le voir aussi ! ». Pas le temps de le chercher que je m'écarte du petit troupeau en compagnie de skyblu, comprenant alors le piège. Ah ! C'était donc faux! Pas de Mickey ! Quelle déception. Je fais une petite moue attristée quand on se doit d'abandonner nos costumes, versant une petite larme au coin de l'oeil, « goodbye, mon précieux ami ! Tu as été merveilleux », je me penche en avant pour saluer mon costume, faisant une dernière révérence. Yong Sun me pose une question quelque peu surprenante. Je fais mine de réfléchir quelques secondes, faisant celle qui ne sait pas, alors que je sais pertinemment ma réponse, dès la première seconde où j'ai entendu sa question. « C'est vrai que nous sommes quand même face à une situation délicate et qu'on ne cesse de se faire prendre », je prends une grande inspiration, « mais . . . je trouve qu'on en a pas asse profité, alors continuons encore un peu ». Je lui fais un clin d’œil et réalise soudainement. « Oh mais attends, je viens d'y penser, on s'est pas encore pris de goûter, c'est l'heure du goûter », et sans même attendre son approbation je m'en vais vers un marchand ambulant installé près de nous, sautillant, toute joyeuse. « Alors pour moi ça sera une crêpe au nutella, mais mettez en plein s'il vous plaît, soyez pas trop radin ajusshi ! Et aussi. . . hum un milkshake menthe-chocolat ». Moi gourmande ? Absolument pas. « Et c'est le gentil Monsieur là qui va payer »,dis-je en m'écartant rapidement et en levant les yeux au ciel, faisant mine de regarder autre part. Quand notre commande est fin prête, je m’assois sur un banc et regarde le plan du parc que j'ai pris sur le comptoir du marchand. « Bon on se fait quoi après ? Je t'avoue que là je n'en ai aucune idée ».

Le rire coupe la respiration, et la respiration est un facteur essentiel lorsqu’on doit se lancer dans une course folle pour sa survie. Okay, j’exagère un peu. Néanmoins, Olympe mit un sacré handicap à mes capacités respiratoires lorsqu’elle fut aussi bernée par ma tentative de diversion tandis que nous étions pris au piège par cette horde d’enfants. Si je ne l’avais pas attrapée, je pense qu’elle aurait couru avec eux. Cela aurait pu être une bonne façon de nous noyer dans la masse. Mais pas temps que nous portions encore ces costumes.  Seconde peau, partie de notre être, fragments de nos âmes que nous avons dû laisser sur le bas côté alors que pour survivre nous devions continuer à marcher, sans nous retourner. À jamais, nous les garderons dans nos coeurs.

Suite à ses séparations déchirantes, je remets le choix de notre destiné entre les mains de ma partenaire qui dans son infinie sagesse trancha pour : On continue !
« OKAY ! » acquiesce-je agrémenté d’un signe de la main formé par mon pouce et mon index joints.
Je me demande sur quelle nouvelle activité nous allons bien pouvoir jeter notre dévolu mais ma réflexion est rapidement coupée par Olympe qui… A faim.
« T’es un estomac sur pattes ! » me moque-je amicalement.
Je la jauge néanmoins du regard. Mais où met-elle tout ça ? Mes yeux s’arrêtent un instant sur la partie de la plus en chair de sa physionomie. Si seulement ça pouvait fonctionné ainsi, je connais une renarde que j’engraisserai à outrance. Je hausse les épaules, résigné, avant de redresser la tête. Faudrait pas qu’elle me surprenne fixer cette partie de son anatomie avec un peu trop d’insistance. Enfin, dans les premiers temps de notre rencontre, je ne me suis jamais caché qu’elle était la bienvenue dans mes draps, même si aujourd’hui, je ne pense plus ainsi. Rares et complexes sont les amitiés qui perdurent au-delà du sexe.

Et sans perdre de temps, nous nous retrouvons devant un marchand de crêpes. Cette Redfoo quand on l’a dit gourmande… c’est un euphémisme ! Alors qu’elle évoque un gentil Monsieur devant payer de sa poche, je tourne la tête, l’air de chercher où se cache cet homme mystérieux et si généreux. Puis finalement, j’obtempère. Je lui dois bien ça. Je commande et paye avant que nous nous remettons en marche vers notre prochaine aventure une fois que nous aurons fini d’engloutir ce copieux goûter.
« T’as conscience que j’aurai pu m’enfuir et te laisser encore dans panade ? » la taquine-je alors que nous asseyons sur le banc.
Non, je ne lui aurais pas fait deux coups bas dans la même journée. Quoique… Je jette ensuite un regard sur le plan et réfléchit à la suite du programme.
« Hum… On peut peut-être aller dans le grand hall couvert ? Y a pas mal d’attractions, pleins de boutiques et surtout… »
Je jette un regard furtif autour de nous.
« Ce ne sont certainement pas les mêmes agents qui y assure la sécurité. »
Histoire qu’on ne se fasse pas courser direct encore une fois. Affaire convenue, on finit d’abord d’engloutir notre goûter. On ne se retient pas pour croquer à pleines dents dans nos crêpes richement garnis. Et encore, moi je goûte du bout des babines en comparaison à mon ogre de d’amie. À la voir si gourmande, je ne peux m’empêcher de l’embêter un peu. Du bout de mon index, je viens lui chiper – rapidement afin que la mâchoire du requin affamé ne se referme pas sur mon doigt – une noisette de chantilly pour ensuite, lui étaler sur le nez. Et je me marre. Comme un phoque ! Presque autant que si je voyais un fourmilier se dresser sur ses pattes arrières pour stopper la charge d’une pachyderme à la recherche du mâle.