Je rigole en entendant la réflexion de Yong Sun. Il est loin de savoir à quel point je suis une femme particulièrement gourmande. C'est vrai qu'il ne m'a jamais, encore, vu à l’œuvre, en tout cas pas en tant que mangeuse professionnelle dévalisant parfois les restaurants et étant virée des restaurants pour cause de ne penser qu'à soi-même et de tout manger, sans laisser la chance aux autres. Le point positif est que je paie rarement dans ce genre de situation. « Ahah, tu es loin de savoir à quel point mon estomac est aussi grand qu'un éléphant ». Je lui fais un clin d'oeil et remarque qu'il observe mon corps, se demandant sûrement où est-ce que je mets ma nourriture. « Ne crois pas que mes seins sont faites que de graisses! C'est pas du tout ça », oui j'ose en parler parce que ce n'est pas un sujet tabou pour moi. J'ai une paire de seins, j'ai une paire de seins, c'est tout. Je ne peux pas changer grand chose à cette situation et puis, cela me convient. Je pense que c'est un atout indispensable qui permet presque de cacher mon style vestimentaire qui laisse souvent à désirer. Bref. Nous nous en allons donc pour prendre nos crêpes, toute heureuse de pouvoir en manger une. Je ne peux pas me rendre dans un parc d'attractions sans goûter une seule crêpe, bonne ou mauvaise. De toute manière, tout ce qui rentre dans ma bouche est d'ordinaire bon. Je fronce des sourcils, lui lançant un regard mauvais alors que nous sommes assis sur le banc, à déguster. « Oui j'en ai conscience. Mais tu ne l'aurais pas fait » dis-je simplement en haussant des épaules. Il est vrai que Yong Sun peut ne penser qu'à lui, dans certaines situations, mais il ne m'aurait pas laissé toute seule, à être prise au piège par la sécurité, sans venir à mon aide. Certes je ne connais pas réellement Yong Sun, mais de ce que je sais de lui, cela me conforte dans l'idée qu'il serait sûrement revenu. « De toute manière tu sais que je t'aurai tué si tu m'avais laissé » et ça, je suis certaine qu'il en a conscience. Yong Sun propose d'aller au grand hall où il y a quelques attractions et  d'autres boutiques, où l'on pourra sûrement se balader en toute tranquillité. « Adjugé vendu ! On va éviter quand même de se mettre toute la sécurité du parc contre nous, on risque réellement de se faire prendre là », et c'est peu dire. Et alors que je continue à manger ma crêpe il vient prendre un peu de chantilly et m'en mettre sur le nez. « Yaaaahhh ! Tu oses m'en mettre ! Tu as osé m'en mettre ». Je prends un air choqué et lui en mets aussi, sans scrupule. « Oppa . . . tu as de moins en moins de respect ça ne va plus » dis-je en tirant la langue.
Après avoir fini notre goûtés, on se rend au grand hall où je l'entraîne dans un premier magasin pour essayer des serre-têtes ridicules. « Tiens, ce serre-tête en démon te va parfaitement bien ! ». Je rigole et le prends rapidement en photo, tandis que moi j'essaye quelque chose de plus mignon. Et là, au loin, je vois une énorme peluche de Totorro, attirant immédiatement mon attention. « OUAHAHAH l'énooorme peelluuccchhhe. Ohlalala je la veux !!! ». Je suis éblouie par tant de beauté, «  on pourra revenir à la fin, je veux l'acheter ». Moi une gamine ? Pas du tout. J'ai juste envie de l'acheter mais je sais que ce n'est pas le moment car ça risque d'être encombrant si on continue les manèges. Et alors que je l'entraîne vers la sortie je remarque de suite la sécurité du début, poussant un petit cri et me mettant soudainement accroupie, tirant sur Yong Sun pour qu'il en fasse de même. « Merde, y'a les gorilles du début. Comment on fait ? ». Je regarde autour de nous essayant de trouver une solution. Je vois au loin le carrousel et me dis qu'il faudrait l'atteindre pour pouvoir s'y cacher. « Go au carrousel. Ils vont pas nous repérer ». Je sais même pas s'ils se souviennent de nos visages mais autant pas prendre le risque.

Action réussie : Traversée qui se passe sans encombre.
Action échouée : Une bande de gamins nous frappe de plein foûet.

Reposant le serre-tête de diable dans les rayons après avoir pris la pose pour la photo, je fredonne à mi-voix :
« Oui, c’est moi Belzébuth, je suis un bouc, je suis en rut. »
Puis, je m’interromps au son de la voix de Olympe s’enthousiasmant bruyamment. Je me retourne et la vois en amour devant une énorme peluche Totorro, dont elle ne se cache pas de l’envie d’acquisition. Je reconnus alors en elle un mélange de Chaemi et de Soonae. La première pour être émerveillée devant une peluche géante. La seconde pour réclamer d’obtenir tout ce qui lui fait envie. Quoique… À la différence Soonae aurait dit : « Je veux, achète-la moi ! ». Bien que les peluches ne l’intéresse pas, mais si elle avait surpris les petits yeux pétillants de Chaemi  qui n’aurait rien oser demander, Soonae aurait assurément voulu l’obtenir juste pour la prendre sous le nez de ma cadette. Ah la famille… Est-ce vraiment si surprenant que je puisse vouloir les fuir dès que possible ? N’essayez même pas d’imaginer la famille Yu réunie au complet, vous ne pourriez pas. Et puis, hein, entre Olympe et moi, il y a déjà de quoi s’occuper l’esprit !

Enfant dans sa tête mais dotée de raison, mon amie préfère attendre que nous prenions le chemin du retour pour l’acheter. C’est vrai que c’est encombrant c’est bestiole là, mais nous aurions été trois… J’ai quand même grave l’envie qu’on emmène Totorro faire des attractions avec nous. Je ne vois déjà comme deux fous à promener notre énorme peluche. Rien que pour le délire, je suis prêt à la lui offrir sur l’instant. Mais toujours aussi vive, Olympe ne m’en laisse pas le temps et quitte la boutique. Vraisemblablement, l’univers entier semble contre mon idée puisque les gorilles de l’entrée refont leur apparition à ce moment-là. Pas moyen d’être tranquille dans ce parc ! Nous devons fuir. C’est certain que décamper en gueulant, c’est le meilleur moyen de ne pas se faire remarquer. Je sens qu’on va devoir sortir la cartouche de la déficience mentale à un moment ou à un autre si on se fait prendre ! Peut-être qu’on devrait tirer à la courte paille qui prétendrait être le plus atteint de nous deux ? Niveau crédibilité, je pense que nous sommes aussi forts l’un que l’autre ! En parlant de rôle… Voilà que dans notre énième fuite, nous percutons un groupe de gamins. D’humeur espiègle – enfin, comme d’hab’ quoi –, je fronce les sourcils et les darde du regard – on ne se demandera pas de qui je m’inspire au sein de ma fraternité pour trouver l’inspiration :
« Yah ! Vous ne pouvez pas regarder devant vous ! Les mioches, ça ne respect plus rien, bordel ! »
Bon, okay, je personnalise un peu avec ma perception le personnage, mais bref, je joue au méchant pas content quoi !
« Vous excusez pas surtout ! »
Je me tourne vers Olympe, l’air inquiet. Enfin, que j’essaye parce que je peine à réfréner mon sourire tant j’ai envie d’éclater de rire.
« Tu ne t’es pas cogner nulle part ? »
Je l’attrape par le poignet.
« Allons-y ! »
Je me retourne une dernière fois vers les gamins en jetant par la même occasion un coup d’oeil sur les agents de sécurité qui ont tourné dans une autre direction entre temps :
« Vous avez de la chance qu’on se ne plaigne pas à la sécurité. »
J’emmène Olympe un peu plus loin, lâche sa main avant d’éclater de rire. C’est drôle de jouer au méchant aussi par moment. Je ne devrais pas en être fier, mais voir la tronche des gamins en mode : mais quel connard celui-là ! m’a bien amusé ! Passons plutôt à la suite du programme !
Un regard vers le carrousel, j’esquisse une moue un peu septique :
« Tu veux vraiment en faire un tour ? »
Il y a de l’attente, et puis ce n’est pas si différent de l’attraction pour enfants dans laquelle nous nous sommes retrouvés précédemment par inadvertance.
« Oh ! Tu préfères pas tester le Flume Ride ! »
Une journée au parc d’attractions n’en serait pas une non plus, sans se prendre un peu de flotte dans la tronche !

Je pense qu'un jour je vais écrire un livre qui s'intitulera ''Les mésaventures de Olympe'', je suis sûre qu'il peut faire un carton et se vendre comme des petits pains. Les personnes risquent d'être rassurées de savoir qu'il y a une personne sur terre qui vit des événements bien pires que les leurs, semblant avoir la malchance sur ses épaules, malgré le fait qu'elle ait un porte-bonheur. Quoique j'avoue qu'aujourd'hui je doute de la qualité de mon soi-disant porte bonheur. Il est vrai que pour le moment on ne s'est pas fait prendre et il n'est pas arrivé quelque chose de grave, mais ça a manqué d'arriver à maintes reprises. Comme maintenant. Tout en fuyant on se fait avoir par une bande de gamins, tous excités les uns des autres, nous envahissant dans notre espace. Les enfants c'est adorable mais dans une certaine limite. C'est bruyant et souvent irrespectueux, mais il ne faut jamais leur parler sur un ton comme celui-ci, ils risquent de ne pas adhérer à cette autorité qui leur est inconnue, en plus de ça. « Tu crois sincèrement que tu vas leur faire peur ! T'as aucune crédibilité auprès des enfants. Et je sens que plus tard, tu vas avoir du mal avec les enfants », quoique, il se peut que cela devienne le parfait contraire. En plus, je pense qu'avec ses enfants, on est plus tolérant. Enfin qu'importe, je suis quand même tombée à cause de ces enfants et même si j'aime les enfants, j'avoue que sur le moment je ne suis pas très contente d'avoir trébuché. De toute manière, ça ne peut arriver qu'à moi ce genre de situation, jamais aux autres ! Je crois que j'ai vraiment tout le malheur du monde sur mes épaules, ahah. « T'inquiète, je suis invincible, enfin pour le moment » dis-je en l'attrapant pour me relever. Avec toutes les chutes que j'ai pu faire je me demande encore comment je fais pour tenir sur les deux jambes. Ça tient du miracle ! Je m’esclaffe légèrement lorsqu'il parle de dénoncer les enfants à la sécurité. « Je crois que c'est plus nous qui craignons la sécurité aujourd'hui qu'eux » dis-je doucement pour essayer de ne pas le décrédibiliser auprès des enfants. « Ce soir les enfants vont rentrer chez eux en expliquant qu'ils ont rencontré un méchant monsieur qui a voulu les gronder. Tu vas devenir le méchant monsieur du parc », mais je pense qu'il s'en contrefiche.
Yong Sun n'a pas l'air très enjoué à l'idée d'aller dans le carrousel et propose plutôt le flume ride. Je regarde ma tenue actuelle, « j'ai pas prévu de vêtement de rechange, mais pourquoi pas. Si je tombe malade ça sera de ta faute », parce que concrètement, l'eau risque d'être un peu froide. Mais bon ça risque d'être marrant. C'est vrai qu'on a pas encore essayé ce type d'attraction alors que c'est totalement le genre d'attraction que j'aime beaucoup, qu'il fasse froid ou chaud, que je tombe malade ou non. On a de la chance parce que pour cette attraction il n'y a pas grand monde, en tout cas, pas à l'heure à laquelle on y va, ce qui nous permet d'atteindre rapidement l'attraction. J'inspire profondément et m'accroche presque au bras de Yong Sun, « t'es prêt pour être mouilléééééeee. Je vais te mouiller de toute manière ! ». Je fais un grand sourire, l'air tout innocent. Vient notre tour pour entrer dans la petite bûche. « A deux je sens que ça va être bancale ! ». J'espère juste qu'on va pas tomber dans l'eau quand même mais normalement c'est fait pour que ça n'arrive pas. Mais alors que nous nous retrouvons en haut de l'attraction, prêts à démarrer la chute brutale dans l'eau, l'attraction s'arrête, un souci technique . . . Super ! On est coincés en haut.

Le monstre terrifiant les enfants ? Moi ? Nooooon, ce n’était pas du tout mon intention ! Je ne suis franchement pas méchant de nature, je  me qualifierai pas non plus de gentil, j’agis plutôt sans réfléchir ne faisant passer que le plaisir et l’amusement en priorité. Faire genre de gronder des enfants m’avait inspiré pour le moment. Qu’ils y croient ou non n’avait aucune importance ! Mais si je deviens à l’avenir, dans leurs souvenirs de cette journée le « vieux con ronchon » dont ils riront, alors je serais presque content. La vie est faite pour s’amuser et en apprécier chaque instant. Pour cette raison que, bon, le carrousel m’enchantant que modérément, je préfère proposer une autre alternative. Elle aurait insisté, j’aurai cédé. Cependant, mon idée n’est-elle pas hautement plus génial ? Pas modeste ? À défaut d’atre humble, je ne suis pas imbu de moi-même non plus. Qui n’est pas un peu fier de soi de temps en temps ? Et pour une fois, je ne me targue même pas d’une connerie ! Enfin, disons, qu’il ne s’agit que d’une idée modérément con. Certes, finir tout mouillé est pas forcément le top du top, mais s’il n’y avait vraiment personne pour le faire, eh bah, ils fermeraient l’attraction et puis c’est tout ! Or, ce n’est pas cas, donc : Let’s Go !

Preuve que mon idée est presque bonne, la file d’attente s’avère très courte. Ou peut-être est-ce signe qu’encore une fois, il y aurait mieux à faire ? Mais depuis quand Olympe et moi nous plions nous aux convenances et mouvements de masse ? Si la foule va dans un sens pour nous, il n’y a que deux possibilités : foncer en tête de cortège ou partir à contre-sens. Pour ma part, j’opte plus souvent pour la deuxième option. Juste avant que ce soit à notre tour d’embarquer, Olympe s’accroche à mon bras, toute émoustillée. Elle veut me mouiller ? La perche est trop belle pour que je ne la saisisse pas :
« Ahaha, fais attention, si tu continues à te coller à moi comme ça, c’est ta culotte qui va finir toute mouillée ! »
J’esquisse un sourire fallacieux. Il n’y a pas de ça entre nous, mais qui puis-je si je ne peux changer ma nature et retenir ma langue de formulée quelques allusions salaces ? Je retiens son bras pour l’empêcher de lâcher le mien et l’entraine jusqu’aux grilles d’accès automatiques à l’embarquement dans les bûches de l’attraction. Gentleman – riez, je suis tout de même host de métier – je la laisse s’installer à l’avant. Non, ce n’est pas dans l’idée qu’elle se fasse plus trempée que moi. De toute façon, dans ce genre d’attraction, il est difficile de prévoir qui en prendra le plus plein la tronche. Le rapport de poids joue en partie, or, à deux… bah, on a autant de chance de finir arrosé l’un que l’autre. Pire, je ne connais pas l’attraction et je sais que quelques circuits comme celui-ci peuvent réserver la surprise de passer par une plate-forme tournante et d’un coup, l’arrière devient l’avant et vice-versa. Comme ça, on est bien mouillé en pleine face et dans le dos. Non vraiment, une bonne douche froide aurait été un manque à cette journée pleine de rebondissement.

À ce propos… La nacelle s’arrêta au sommet de la montée juste avant la fameuse cascade tant attendu. On attend quelques secondes, une minute, puis deux.
« Ok, il y a toujours un moment de suspense avant la descente, mais là, ça devient long ? » me penche-je légèrement en avant pour m’adresser à mon acolyte.
Je jette un coup d’oeil autour de nous. C’est toute l’attraction qui semble figée. J’ose alors me mettre debout dans la bûche afin que mon regard porte encore plus loin et puis me rassoies :
« Bon, Olympe, je crois qu’il est temps que je t’avoue un truc… »
Je prends un air sérieux tandis qu’elle s’est retournée pour me regarder :
« Ton gourou là, ou je ne sais plus quoi, c’est un charlatan… »
Puis, l’éclat revient soudainement sur mon visage et dégaine mon téléphone portable.
« Je suis bien plus qu’un porte-bonheur ! »
Je viens me pencher à côté d’elle pour prendre un seflie de nous :
« C’est l’occasion d’immortaliser un moment inédit ! »
Je prend la photo, puis l’incite à sortir son propre portable.
« Vas-y ! Filme-moi ! »
Avec mon smartphone, je lance la musique et me mets à imiter la chorégraphie d’un certain acteur fort populaire dans son costume de prince hériter sur le rythme de Bombastic.

Je donne un brusque coup aux fesses de Yong Sun, lui faisant une terrible grimace. « J'aurai dû me douter que tu allais interpréter à ta manière mes propos. Je sentais la chose venir après avoir dit de telles paroles. Espèce de pervers ». Mais ça ne m'étonne pas de lui et en vérité, je ne suis pas choquée de l'entendre dire de telles choses. A force d'être avec lui, j'ai fini par le connaître et savoir comment il fonctionne. Je sais qu'avec moi, ce n'est que pour rire mais avec d'autres filles, ça aurait été sûrement très différent. Il a une libido très développée, mais ça, c'est son problème, pas le mien. Il m'entraîne ensuite dans le tronc, ou je ne sais pas comment je peux appeler ça, pour débuter l'attraction, me laissant aller devant. Je souris sarcastiquement sans rien dire parce qu'en vérité c'est ceux de derrière qui, en général, reçoivent le plus d'eau, mais tout dépend de la vitesse à laquelle nous allons être. J'espère juste qu'il va recevoir presque toute l'eau histoire de lui faire comprendre certaines choses à cet homme qui se fait croire gentleman mais qui ne l'est absolument pas. Enfin qu'importe, je le laisse croire qu'il a peut-être raison de me mettre devant. Le wagon monte de plus en plus, l'excitation me prenant soudainement, mes mains tapant contre le devant tellement je suis pressée de faire la descente. On arrive au bout et je prépare mes deux mains pour sentir encore plus les sensations de la descente, mais alors que je le fais et que nous arrivons tout en haut, il n'y a rien. Mes mains restent en suspend et je réalise deux secondes après que nous sommes totalement immobilisés. Manquait plus que ça ! Je regarde autour de nous, essayant de comprendre la situation. « T'as raison, c'est vraiment louche le temps d'arrêt quand même ». Sauf s'ils veulent nous prendre par surprise mais là, c'est un peu trop long pour être normal. Je regarde si nous ne sommes pas coincés mais non, ça semble être un problème technique. Au moins on a une super vue en face de nous en attendant que ça démarre de nouveau. Je fronce des sourcils lorsque Yong Sun m'annonce qu'il a quelque chose à me dire. « J'ai peur » dis-je simplement en le regardant droit dans les yeux, attendant la suite. Je ne sais pas s'il va encore me sortir une connerie ou s'il est très sérieux. Personnellement j’opterai plus pour la première option au vu du contexte. Je grimace lorsqu'il déballe finalement ce qu'il avait à me dire éclatant de rire par la suite. « Aigo ! T'es vraiment idiot parfois ! » dis-je en lui donnant une petite tape sur l'épaule, tout en prenant la pose alors qu'il nous prend en photo. Je passe une main désespérée dans mes cheveux, « fais attention par contre parce que l'attraction peut démarrer à tout moment ou alors tu peux chuter », mais bon il est assez grand pour savoir être prudent. Je rigole en le voyant danser comme un débile et me dis que je vais même la poster sur mon GNS pour que tout le monde puisse voir sa stupidité. Je sais très bien qu'il va en rire, tout autant que moi. Et alors qu'il continue à danser, j'entends un bruit qui annonce rien de bon. « Attends . . . assis-toi ! Je crois que . . . », je n'ai pas le temps de finir ma phrase que l'attraction se remet en route, prenant alors la descente. Je n'étais pas préparée !!!! Et donc forcément, je crie.

Évidemment, il y a un fort risque se mettre debout dans une attraction à l’arrêt. Parait-il qu’on ne sait jamais quand le système va se remettre en marche. J’en ai conscience, mais bon, si on s’interdit tout ce que la prudence préconise, la vie ne serait-elle pas ennuyante ? Au pire, la vidéo de ma chorégraphie ne sera que d’autant plus célèbre au sein de ma fraternité, voire même du campus – je sais que j’ai de bons copains sur lesquels compter pour favoriser la diffusion – si je finis à l’hôpital. Quelques fractures ne me font pas peur. Bon, certes, ça sera chiant pendant un moment à ne pas pouvoir faire beaucoup de conneries, mais en compensation, je pourrais réclamer de me faire bichonner par mon infirmière privée : l’Infirmière Gwak ! Faut savoir saisir le bon côté de chaque chose, même les plus fâcheuses. Bon, d’accord, je la ramène, je la ramène mais quand un bruissement se fait entendre et que Olympe s’écrit en m’ordonnant de m’asseoir, je flippe un bon coup. Mon coeur fait un bond dans ma poitrine assez royalement comparable à mon plongeon dans la bûche à moitié déséquilibré du fait de la panique et du manège qui se remettait en marche. Si on m’avait dit un jour que je m’adonnerai à une partie de jambes en l’air avec Olympe… Je n’aurais certainement pas imaginé que ce serait mes jambes qui battraient l’air dans une attraction alors que j’ai la tête en bas à ne rien voir de la descente. Ouais, j’ai un peu bien raté mon atterrissage dans la nacelle et je ne comprends que la pente touche à sa fin que lorsque je me prends une bonne rasade d’eau non pas en pleine face, mais en pleines fesses oui !

Je parviens à me redresser tandis que notre embarcation vogue à nouveau tranquillement le long de la suite du circuit :
« P*tain ! Là, on peut presque dire que je me suis littéralement pissé dans le froc ! »
Le tissu de mon jean est imbibé d’eau, alourdi et collant à ma peau. Que du bonheur !
« Et toi agent Redfoo ? Quels sont les dégâts à l’avant ? »
Ça ne pouvait certainement pas être pire que moi. Notre embarcation  arriva sur une plate forme tournante qui la fit pivoter à 180°C. Je m’inflige une facepalm. Okay, comme envisagé, la seconde descente se fait à l’envers. Donc, cette fois, comme je suis un peu plus grand que Olympe, je devrais faire bouclier et me prendre toute la rasade dans le dos. Bizarrement, tout un coup, ça commence à me faire un peu moins rire et tandis que la chute s’amorce, je monte les mains en signe de résignation, poussant un :« Youhouuuu… » fort nonchalant.
Et SPLASH ! toute la flotte dans le dos tandis qu’à peine quelques gouttes se frayent un chemin jusqu’à mon acolyte.
« Je crois qu’avoir un nom complet se rapporte au dragon céleste de la pluie n’a jamais été aussi ironique que aujourd’hui… »
Son gourou n’avait peut-être pas dit que des conneries finalement.

Pour la suite du parcours, une dernière cascade nous attend, histoire que quand même, je prenne un peu d’eau dans le visage et que comme ça, je sois définitivement trempé de la tête au pied. Peut-être que je l’ai un peu cherché, certes. À la descente de l’attraction, mon air bougon ne fait cependant pas long feu puisqu’une étincelle ne tarda pas à percer – malgré tant d’humidité – dans mon regard. Je fonds sur ma proie :
« Redfoo mon amour ! Fais moi un câlin ! »
De mes bras, je l’enserre pour la serrer bien contre moi, essayant de tenir face à toute forme de résistance mais néanmoins moins prêt à m’esquiver à la moindre forme de violence.
« Un requin ne doit jamais être trop mouillé, non ? »
Je la relâche et passe les portiques de sortie de l’attraction débouchant à nouveau sur le hall intermédiaire, marchant tel un cow-boy grâce à mon pantalon désagréablement trempé, collé, et irritant en prime.
« Bon ! On fait quoi pour la suite ? Un truc qui nous apporterait suffisamment d’air pour essayer de nous sécher ? »
Pas sûr que ce soit efficace, et même plutôt certain du contraire, mais bon, il vaut mieux opter pour quelque chose qui bouge et stimule notre flux sanguin qu’un manège plan-plan à nous en faire claquer des dents, non pas d’effroi mais de froid tout court.

La chute est tellement soudaine, imprévue, que mon visage se déforme à cause de la vitesse et de la crainte qui m'envahit. Ce n'est pas une peur par rapport au manège mais surtout à la situation qui est devenue quelque peu dangereuse. Les personnes qui manipulent le manège auraient quand même pu vérifier l'état des personnes restées en haut, et prévenir de la reprise du manège. Il y a forcément des hauts parleurs quelque part. Enfin, de toute manière, c'est trop tard, je me retrouve immergée d'eau, les yeux encore écarquillés, et les cheveux en arrière, comme si je venais d'être plaquée, violemment, au sol. Je pensais ne pas être autant mouillée mais au final, j'aurai dû me ramener en maillot de bain, « et bien je dirai que je suis . . . trempée ». Je rigole et me tourne vers lui pour voir son état m'esclaffant alors. « Tu aurais pu te retenir quand même, voyons, Skyblu !! ». Mais pas le temps de soupirer, le manège reprend de plus belle, cette fois-ci, à l'envers. Pour mon plus grand plaisir ou pas. Faut dire que ne pas voir ce qu'il y a devant soi, après une telle frayeur, ça fait palpiter le cœur, je dois l'avouer. Pourtant l'attraction n'est pas si impressionnante que ça et pourtant, j'ai le sentiment que c'est la pire. Heureusement, c'est Yong Sun qui se prend toute l'eau, « merci Monsieur le porte-bonheur ! ». Chacun son tour, après tout. L'attraction se termine sur une dernière cascade, moi trempée de la tête jusqu'aux pieds. D'ici 3-4 jours je vais forcément tomber malade. Je le sens comme le nez sur le visage de Pinocchio. « Yaaahh !! Espèce de malade, je suis déjà assez mouillée comme ça » dis-je en essayant de me débattre pour sortir de son étreinte, mais je finis par rire et par le coller encore plus à moi pour qu'il soit lui aussi tout aussi mouillé que moi. On a pas l'air con comme ça, quand même. En sortant de l'attraction, je marche comme un canard, l'eau sortant de mes vêtements, mon maquillage laissant des marques autour de mes yeux. « Je ne sais pas si je ressemble plus à un panda ou à un canard, ou les deux ». Je vais créer une nouvelle race d'animaux. Je regarde Yong Sun, cligne plusieurs fois des yeux, « non mais est-ce que tu crois qu'on est en capacité de faire une attraction là ? Dans notre état ? ». Parce que je me sens réellement . . . collante, mouillée, bref, c'est pas la grande joie. Ok, j'ai peut-être l'habitude, mais j'avoue que c'est pas très pratique d'être mouillée comme ça, « je passe vite fait à la casse toilettes, juste pour essayer d'enlever . . un peu d'eau », même si je doute que ça soit efficace.
Je n'attends pas son accord et m'en vais vers les plus proches toilettes, utilisant presque tout le papier pour essuyer le maximum d'eau. Ça n'a sûrement pas servi à grand chose, mais tant pis. Je reviens donc quelques minutes après vers Yong Sun. « C'est bon je suis . . prête. On va dire ça, comme ça. Et pour l'attraction . . . roulement de tambours », je bats mes mains rapidement, « pourquoi pas Atlantis ? ». Bon on risque d'avoir une queue de malade mais c'est pas grave, au moins on l'aura fait et on risque de sortir décoiffés !

Il ferait nuit, à nous voir sortir de l’attraction tout heureux d’être détrempés et à nous coller l’un contre l’autre dans l’idée vaine de partager un peu de notre humidité – en tout bien tout honneur bien sûr –, les passants nous penseraient certainement ivres. Remarque, pourquoi ne pourrions-nous ne pas l’être en pleine journée ? Et puis, après tout, comme le dirait les manhwa bien pensant, nous sommes avant tout dotés de l’ivresse de la jeunesse ! À cette pensée, sans l’exprimer à haute voix, je tends le bras, levant mon poing victorieux vers le ciel !
« Nous sommes venus, nous avons vu, nous ne nous avouerons pas vaincus ! »
Pourtant ma chère Redfoo brise quelque peu mon ambition de conquête d’une autre attraction. Pas en état ? J’esquisse une petite moue, essayant d’imiter Chaemi ou Soonae, lorsque l’une s’apprête à pleurer parce qu’encore une fois j’ai un peu trop hausser le ton avec elle ou que la seconde tente d’user de ma faiblesse à mon égard pour obtenir gain de cause (les jumeaux auront ma peau). En vain, maman Redfoo décide qu’elle veut d’abord aller s’essuyer et je n’ai pas mon mot à dire là-dessus. En même temps, je n’aurais sans doute eu qu’une connerie plus grosse que sa généreuse poitrine à sortir. Elle file et je la suis en direction des toilettes mais sans y rentrer. Je jette un regard sur moi-même. Je ne vois vraiment pas ce que je pourrais y faire, à part probablement me coller des pelures de PQ sur les vêtements. C’est vrai qu’on a l’air fin à marcher comme des cow-boys les pattes écartées et le pantalon collés mais… Oh d’ailleurs, à la vue de ce gamin qui nous zieute, en tenant la main à papa au téléphone qui ne fait gaffe à rien, je vais genre de dégainer tel Lucky Luke prêt à tirer (non, je suis pas pédophile, je parle au sens propre et non figuré, merci). Ça le surprend mais ça le fait rire le gamin. Il m’adresse un bang-bang et moi en clin d’oeil en guise d’au revoir. En revanche, le deuxième effet sur un second bambin n’est pas tout à fait le même. Le mioche prend peur et se met à chouiner en s’accrochant à la jambe de sa mère. Les parents me jette un regard, je hausse les épaules d’un air innocent. Ils me jaugent et semblent déterminer que c’est seulement ma dégaine qui a causé cette réaction larmoyante.

J’attends quelques minutes. Mon regard furète  de part et d’autres. Je vois des enfants en costume. Ça me donne une idée ! Il n’en aurait pas des pour adultes ou grands enfants ? Puis, j’évince cette pensée. De tel déguisement dans les boutiques du parc doivent coûter une blinde ! J’ai mieux à faire que de dépenser mon argent là-dedans. Je préfère largement être trempé. De la musique parvint à mes oreilles, celle d’une attraction voisine, alors, pour m’occuper et peut-être me sécher je commence à danser à nouveau un peu. Je crois que j’ai vraiment fini par atteint par les manies de mon pote. Ça me manque de ne plus danser ensemble au moindre jingle publicitaire diffusé dans les hauts-parleurs. Là-dessus, en pleine démonstration de mon art du dandinage, Redfoo revient. À sa vue, je ne peux que m’exclamer :
« AIGO ! Mais dis-moi, tu es passée sous le sèche-main ? Tu es sèche comme un string passé au sèche-linge ! »
Ou comment dire que je me fous un peu de sa gueule au constat que sa belle tentative s’avère bien vaine.
« Oh ! ça, ça me plait ! Allons livre une nouvelle expédition Agent Redfoo ! Atlantis l’Empire Perdu, nous voilà ! »
Je passe mon bras autour de son cou dans un geste franche camaraderie comme avec un bon pote de la Dream Team et nous partons à l’assaut de… la file d’attente d’une heure de l’attraction. J’hausse les épaules au pied du portique affichant l’estimation du temps de queue :
« Bah, les grandes découvertes ne sont pas faites dans la seconde, hein ! »
On s’engage dans la file. Cependant, nous connaissant, il va bien falloir qu’on trouve quelque que chose à faire pour s’occuper pendant ce temps.
« Oh ! J’ai une idée ! » 
Je sors une fois de plus mon téléphone portable, je vois le regard de ma partenaire.
« Non, t’inquiète, cette fois, il est pas question de filmer quoi que ce soit.  Viens, on se fait un blind test pour tuer le temps ! Et avec un peu de chance, ça nous donnera envie de bouger un pour nous réchauffer. »

Cette sensation désagréable d'être mouillée, d'avoir la peau collante, et d'être presque souillée, n'est pas très facile à ressentir. Du moins, je n'ai qu'une hâte, c'est de me sécher au plus vite pour pouvoir voguer encore un peu dans le parc sans avoir cette sensation peu favorable à mes déplacements. Mais je n'ai pas de tenue de rechange et je ne peux malheureusement pas en voler. Je peux faire de nombreuses choses sauf voler. Du moins je peux emprunter, clandestinement, mais je peux toujours ramener, sauf que là, si je prends des vêtements, je doute pouvoir les ramener. Et ma conscience risque de me fragiliser. « Oui au moins on a vaincu » et c'est le cas de le dire. Je tente donc de me sécher un minimum, juste pour pouvoir être plus ample dans mes mouvements, mais malheureusement, l'histoire s'avère être vaine puisque le résultat ne change pas vraiment. Je pousse un long et terrible soupir de désespoir surtout lorsque Skyblu me fait lui-même la remarque de ma tentative totalement inutile. « C'est bon je sais ! Au moins j'ai essayé d'essuyer une partie. Ça n'a pas totalement eu d'effet mais juste un peu ». Je me sens un peu moins mouillée, ou alors j'ai envie d'y croire, je sais pas. Je lui montre quand même mon beau doigt, discrètement bien sûr, ça ne se fait pas réellement en Corée, voir pas du tout, et tourne les talons, faisant la fière. Je propose alors comme autre attraction Atlantis dont j'en ai beaucoup entendu parlé sans pouvoir le faire. Il faut dire que la queue est toujours bien trop grande,ce qui me désespère à chaque fois mais il ne devrait pas y avoir tant de monde que ça aujourd'hui, je l'espère. « Oh tu sais quoi je vais être la princesse Kidagakash et toi tu vas être Milo l'explorateur ». J'aime bien cette idée et me mets à sautiller de partout. « En plus la princesse est un peu sauvage, je l'aime bien cette petite. Je devrai me colorer les cheveux en blanc, un jour ». Je regarde mon ami pour atteindre, ou non, son approbation. On s'en va alors tous les deux jusqu'à l'attraction, la queue me faisant rapidement grimacer. « Aish, t'as raison. Nous allons devoir attendre encore un peu avant de pouvoir retrouver et explorer la cité perdue. Seuls les plus courageux persisteront dans ce périple. Et seuls les plus forts y ressortiront vainqueurs ». Je pointe mon poing vers le ciel, bombant mon torse avec une grande fierté. Mais pour le moment, il faut attendre. « Oh oui un blind test le temps d'attendre ! Adjugé vendu ! Mais on le fait pas sur la kpop s'il te plaît, mais sur disney ! ». Autant qu'on reste sur le côté féerique de l’atmosphère. Je le laisse lancer un premier blind test et dès les premières notes de la première musique je reconnais immédiatement la chanson, « JE SAIS JE SAIS ! ». Je crie tellement fort que les autres se retournent pour m'observer, ne comprenant pas mon soudain enthousiasme. « C'est sentimental de Hercule ! Noooonn, nooonn, jamais, je n'avoueerraiii ! C'est troop banal d'être senttimmeennttaaalll ». Je me trémousse légèrement, adorant cette chanson. Je mets pause quelques secondes, me posant alors une question essentielle. « Tu en penses quoi toi ? Je veux dire, le fait de tomber amoureux ? Tu y crois ? T'es déjà tombé amoureux ? Mais réellement parlant et je te pose sérieusement la question, ne me raconte pas n'importe quoi, ne dis pas de sottises ».Je le regarde très sérieusement, les sourcils froncés et le regard dur. C'est vrai, j'aimerai bien savoir ce qu'il en pense lui. Je sais que l'endroit n'est pas idéal pour avoir un tel sujet de conversation mais j'ai envie d'aborder un sujet sérieux avec lui, aujourd'hui.