Outfit ~ Il ne semble pas accepté ma réponse ni la réalité de notre rupture. De mon départ. Mais que puis-je lui dire de plus ? Rien. Je n'ai rien d'autre à dire. Rien d'autre à confesser. Il sait, désormais, tout.

- Notre couple s'est terminé car j'ai préféré partir et me débrouiller seule. Je ne voulais pas t'imposer les dettes de mon père ni même te devoir quoi que ce soit. Je ne voulais pas t'en parler car je savais que, financièrement, tu pouvais m'aider. Mais je ne voulais pas de ton argent. Je ne le méritais pas. Et tu ne méritais pas une petite amie pareille. Je m'excuse d'être partie. Je ne voulais pas te faire de peine. Je n'ai pensé qu'à moi. C'est une mauvaise habitude que je me dois de changer, je sais...

Je soupire et le regarde, encore quelques secondes, avant de détourner les yeux. Gênée. Je ne sais plus trop quoi faire. Je me pince la lèvre et joue, machinalement, avec mes doigts. C'est une habitude qu'il connaît bien. Je le faisais, régulièrement, auparavant. Lorsque j'étais stressée. Perturbée. Anxieuse. Tout à la fois. Comme maintenant.

- Je suis contente de voir que tu as réussi dans la vie. Je suis fière de voir l'homme que tu es devenu. Tu mérites tout ça. Cette vie. Cette célébrité. J'aurais entacher tout ça, tu le sais bien...

Je soupire de nouveau. Je me permets, cependant, de le regarder, une nouvelle fois. J'ancre mes yeux dans les siens. C'est si dur de me retrouver face à lui, dans de telles circonstances. Mais je l'ai cherché. C'est moi qui ai décidé de revenir. Je n'ai plus qu'à en subir les conséquences.

- Si tu ne veux vraiment pas faire ce documentaire, tu es dans tes droits. Je ne peux pas te forcer.

Outfit ~ Les mots d’Ella me blessent malgré que notre histoire se soit finie il y a quelques années. Tout a une fin, c’est ce que je suis poussé à croire. En amour comme en amitié, même la plus soudée des familles peut voir ses membres se perdre de vue du jour au lendemain. Un faux pas et la fin commence, un geste maladroit, une phrase qui aurait dû rester au fond de nos pensées et tout est ruiné à jamais. Il y a des fois où on veut être sincère mais c’est en l’étant trop qu’on blesse sans pouvoir revenir en arrière. J’ai déjà blessé des gens, je les ai perdus en leur disant tout ce que j’avais sur le cœur. On nous demande sans cesse d’être l’ami parfait, de cacher ses peines pour se tourner vers les autres et s’occuper d’eux mais ce n’est pas comme ça que je me suis construit. J’ai appris très vite qu’en étant comme mon jumeau, on finirait par se faire souffrir parce qu’on s’abandonnerait pour des autres qui ne le mériteraient pas toujours. On se retrouverait à être trop naïf, à se laisser marcher sur les pieds, à se faire rabaisser par des gens qui ont une trop faible estime d’eux-mêmes. Je ne pouvais pas laisser cela m’arriver, c’est pour cette raison que je suis devenu qui je suis. Je me protège de la souffrance des autres, égoïstement, par peur d’être affaibli. Mais j’ai été affaibli, j’ai été affaibli par la jeune femme et l’amour que je lui ai porté. Si je peux être froid et distant, j’aurais aidé Ella et j’aurais été là pour elle au moindre problème.

Mais l’éloignement n’est pas uniquement causé par une dispute, un malentendu mais aussi par les problèmes d’une vie. Les problèmes extérieurs. Ceux-ci peuvent se montrer bien plus redoutables. C’est ce que tout ce qu’Ella me dit me fait croire en tout cas. Elle a eu des dettes, elle a perdu son père et au lieu d’accepter mon aide, elle a voulu s’éloigner de moi… J’aurais voulu qu’elle m’en parle, qu’elle ne parte pas et qu’on trouve une solution, ensemble. Mais la rupture est parfois la seule solution, peut-être même que c’était celle qu’Ella voyait.

-Ella, on aurait pu trouver d’autres solutions… Pour moi, je ne méritais personne d’autre que toi, je ne m’étais même jamais posé la question.

Je passe une main sur mon visage et nos regards se croisent pendant une fraction de seconde avant que l’on ne se détourne. Je la vois se pincer la lèvre et jouer avec ses doigts et je retiens un petit sourire. Elle a toujours réagi comme ça lorsqu’elle était stressée, même par le passé et la revoir faire ce petit geste me rappelle de nombreux souvenirs enterrés. Elle se rabaisse encore et je lève les yeux au ciel.

-Arrête de dire ça ! Tu n’aurais jamais entaché ma carrière… J’aurais préféré que tu sois avec moi mais tu t’en fous de ça.

Je m’éloigne un peu, marchant en arrière sans partir pour autant. Ella me parle du documentaire et j’ancre à nouveau mon regard dans le sien. Est-elle sérieuse de me parler de ça maintenant ? Je voudrais lire dans son regard que ce n’était pas vraiment pour cela qu’elle est venue me voir mais il n’y a aucune autre raison.

-Si tu n’es venue que pour ce documentaire, tu sais que tu perds ton temps et que tu peux partir.

Outfit ~ J'aimerais courir et aller me cacher, loin de lui. Ce soir, tout semble mauvais. Tout semble mal se passer et ce n'est pas ce que j'ai voulu. Parce que voici son côté du diable et il n'est pas celui que je voulais revoir. J'avais bien conscience de lui avoir fait du mal et j'aurais aimé arranger tout ce mal. Mais c'est impossible. Cette histoire, ces retrouvailles. Ça va me ruiner. C'est presque comme un suicide au ralenti. Je regarde la distance qu'il remet entre nous. Nous nous éloignons de nouveau. Est-ce définitif ? J'aimerais que Kwang Min me dise comment agir. Qu'il me dise ce que je dois faire pour me tenir loin de lui. Pour m'empêcher de descendre plus profondément qu'actuellement. Je le veux toujours. C'est indéniable. Par pour notre histoire hantée. Notre histoire ratée. Juste pour lui. Mais, alors, pourquoi est-ce que je traite avec son esprit dangereux et torturé et non pas avec lui-même ? Pourquoi lui ais-je fais tant de mal ? Qui va me sauver, maintenant ? Qui ? Je ne veux pas lui mentir mais je ne peux pas non plus tout lui dire. Nous étions si beaux quand nous étions encore ensemble. Je pensais que ça ne finirait jamais. Mais lui et moi, nous venons de la même file. De la même longue file. Bons enfants avec un côté diable. Si seulement, il pouvait me dire ce que j'ai besoin de savoir. Pour me donner envie de tout changer et de revenir auprès de lui. Pour le laisser entrer dans ma vie. Car, qui va me sauver maintenant qu'il n'y est plus ? Personne.

- Je ne m'en fous pas, tu ne comprends rien !!! Criais-je, prête à pleurer devant lui.

La tension monte et je me sens faible. Prête à craquer et à tout révéler. Je le regarde, fixement et tristement, à la fois. J'aimerais tant le retrouver mais encore une fois, on m'en empêche. J'entends un bruit de klaxon et comprends, directement, de quoi il s'agit. Ou plutôt de qui il s'agit. Je me raidis, alors. Je perds même de la couleur. À coup sûr. Ils m'ont retrouvé. À moins qu'ils m'aient retrouvé depuis un moment et qu'ils aient décidé de me suivre ? Si c'est le cas, je dois fuir. Je ne peux pas mêler Kwang Min à mes histoires. Plus maintenant. Sa célébrité et sa réputation en dépendent.

- Hey Ella ! On ignorait que tu étais amie avec un homme si riche !

La voix qui s'élève dès lors que la vitre se soit baissée me glace le sang. Je jette un rapide coup d’œil derrière moi. C'est bien eux. Ils me font, d'ailleurs, signe de les rejoindre et de monter dans la voiture. Je dois m'y résoudre. Je n'ai pas d'autre échappatoire.

- Merci de m'avoir reçu Monsieur Park Kwang Min, dis-je avant de m'incliner respectueusement.

Autant jouer un rôle. Faire celle qui ne le connaît pas intimement. Je finis, donc, par lui tourner le dos. Je fixe les hommes qui m'attendent et marche dans leur direction. D'un pas que j'essaye franc et rassuré. Si cela m'est possible...

Outfit ~ Elle me hurle que je ne comprends pas et je la découvre être sur le point de pleurer. Je me mords la lèvre inférieure, pourquoi est-ce que mon cœur hurle de la prendre dans mes bras ? Je ne comprends pas comment je peux avoir de tels sentiments alors qu’elle m’a abandonné de cette façon. Je me sens impuissant face à l’incompréhension qu’il y a entre nous. Qu’est-ce que je pourrais comprendre ? Elle ne s’est jamais laissée le temps de s’expliquer, elle est partie et m’a laissée derrière comme si je n’étais qu’un mauvais souvenir. Je tends la main pour prendre la sienne mais mon geste est coupé par une voiture qui klaxonne derrière nous. Je fronce les sourcils et me penche pour regarder qui interpelle Ella de cette façon. Je n’aime déjà pas la façon dont il s’adresse à Ella et remarque rapidement qu’il n’est pas seul. Pourquoi un groupe de garçons invite Ella à les rejoindre. Si j’étais elle, je n’irais et pourtant, c’est ce qu’elle s’apprête à faire. Elle me remercie poliment de l’avoir reçue et je fronce les sourcils avant de plisser les yeux. Elle me tourne le dos et mes sourcils se lèvent alors que je ne croyais pas sincèrement qu’elle puisse vraiment aller vers ces garçons plutôt louches. Je me mords la lèvre et sais que je vais regretter ce que je m’apprête à faire. Mais je le fais quand même et suis la jeune femme pour prendre ses épaules entre mes mains et la faire faire demi-tour. Je la regarde avec insistance et la conduis vers ma maison.

-Nous n’avons pas fini de parler. Nous avons un documentaire à préparer.

Je la pousse pour qu’elle entre à nouveau dans ma maison et regarde derrière moi de quoi encourager les garçons à se casser ma propriété. Je refermer la porte derrière moi et croise les bras pour ancrer mon regard dans le sien.

-C’était qui ces mecs dehors ?

Outfit ~ Je regardais droit devant moi et espérais, secrètement, qu'une voiture vienne me renverser. Ou pire, que quelqu'un vienne me tirer dessus. Juste à temps. Pour m'éviter un tel supplice. Mais ce fut Kwang Min qui vint à mon secours et son geste me surprit tellement que j'en suis restée bouche bée. Je cligne des yeux. Il venait de me retenir et me ramène chez lui en prétextant l'excuse d'un tournage. Je le laisse faire sans trop me défendre, je souhaitais ce genre de réaction de toute façon. Une fois chez lui, je me tourne pour bien lui faire face et un silence régna le temps de quelques minutes. Je souhaitais parler mais les mots me manquaient. Il prit, alors, la parole avant moi.

- Ce sont les hommes qui me réclament l'argent que leur devait mon père.

J'ai parlé calmement. En gardant le contact. Ses yeux au plus profond des miens. Et réciproquement. Mais étais-ce une bonne idée ? Je n'aurais peut-être pas du lui révéler leur identité. Inutile de tergiverser, de toute façon. Maintenant que c'est dit, je ne peux pas revenir sur mes aveux.

- Mais c'est loin d'être important. Tu as bien parlé du documentaire en me poussant chez toi ? Je n'ai pas rêvé... Est-ce que cela veut dire que tu as changé d'avis ?

Je veux le serrer contre moi mais je sais que mon esprit est déchiré. Je n'ai jamais pensé que ce serait comme ça. Nous sommes comme un disque brisé. Parce qu'on fait toujours n'importe quoi. Nous disons des choses qui ne sont pas vraies pour mieux nous protéger et nous voilà devenus de vrais inconnus. Mais je suis toujours là. Près de lui. Et j'ose y croire. Je suis accro à la façon dont il me fait sentir. Et je ne sais pas si ce que nous avons est même réel. Tout ce que je sais, c'est qu'il est dans ma tête. Tout le temps. Depuis toujours. Nous sommes comme des feux d'artifice qui éclatent dans le ciel. Et j'aime ça. J'aime l'idée qu'il ait pu changer d'avis pour passer, simplement, plus de temps avec moi.

Outfit ~ Je ne sais pas pourquoi j’ai volé à son secours alors que notre conversation a été plutôt animée. Les fantômes du passé peuvent parfois nous convaincre que ceux qu’on croit avoir oublié sont toujours importants à nos yeux. Je l’ai retenue, je l’ai empêchée de rejoindre ce groupe d’hommes douteux qui semblaient ne pas non plus la mettre à l’aise. Je l’ai ramenée à l’intérieur de ma maison pour l’éloigner un maximum de cette voiture et je lui fais face. Je reste silencieux, que pourrais-je lui dire ? Je ne comprends pas pourquoi j’ai posé ce geste, pourquoi je l’ai aidée mais c’est trop tard et je ne trouve rien à dire… excepté lui demander qui étaient ces garçons dehors. Elle me répond directement et nous échangeons un long regard. Ils ne lui voulaient effectivement aucun bien alors puisque c’est une question d’argent et les hommes se montrent très peu sympathiques lorsque ça concerne les dettes.

-Tu leur dois encore de l’argent ? Depuis le temps, je pensais que t’aurais déjà tout remboursé.

Elle prétend que ce n’est pas important et je lève les yeux au ciel en secouant la tête. Elle est insistante et ne comprends pas que j’ai utilisé ce prétexte juste pour la sortir des beaux draps de lesquels son père l’a laissée. Pourtant, quelque chose me pousse à réfléchir un peu plus longtemps avant de lui répondre. Quand j’ancre mon regard dans le sien, je remets ce que je pensais définitif en cause. Si je dis non, j’ai l’impression que je le regretterais parce que cela signifie que nous ne nous reverrons plus jamais. Je l’avais peut-être oubliée et nos retrouvailles ne se sont pas bien passées, pas du tout bien. Je soupire et passe ma main dans mes cheveux avant de l’inviter à me suivre.

-Je n’ai encore rien décidé. Allons dans mon bureau, je vais te laisser une chance de m’expliquer ce que tu avais pensé pour ce documentaire. Je te donnerais ma décision après ça.

Outfit ~ Il me pose une question assez surprenante. Je le regarde en soupirant. Je vais jusqu'à une fenêtre. La plus proche. Je regarde donc ce qu'il se passe dehors et vois la voiture se garer plus loin. Ils vont m'attendre. Le contraire aurait été étonnant. Je soupire, une nouvelle fois. Je me retourne pour regarder de nouveau l'homme qui m'a si gentiment secouru.

- Le pot-de-vin que j'ai accepté et qui a causé mon renvoi était de 4 950 000 wons. Une somme que je n'aurais jamais eu en un an de travail. Même pas en deux ans. Ni même en trois ans. On peut me juger mais j'ai besoin de cet argent. Bien plus que mon travail. Malgré cette somme conséquente, il me reste 32 250 000 wons à leur rembourser. J'en ai pour longtemps. Même lorsque je ne pourrais plus travailler, je leur devrais encore de l'argent. J'en ai pour ma vie entière. Ta situation et la mienne ne sont plus comparables.

Il me propose ensuite de le suivre jusqu'à son bureau pour que l'on puisse parler du documentaire. Je me permets de regarder l'heure sur mon téléphone avant d'accepter. Mais un message m'empêcha d'accepter son offre, dans l'immédiat.

- Je dois passer un appel. J'en ai pour quelques minutes. Dis-je en m'inclinant. Je passe alors mon coup de fil en m'éloignant un peu de lui. Pourquoi tu ne m'as pas envoyé une photo de ton dîner ? Attends. Tu manges encore que du pain ? Pourquoi tu ne m'écoutes jamais ? Et en plus, tu me méprises ? Je vais rentrer à la maison.

Je raccroche. Énervée. En soupirant. Pour ne pas changer mes habitudes. Je range mon téléphone dans ma poche et tousse un peu. Je reviens près de mon hôte.

- Le titre du documentaire serait : Que feriez-vous s'il ne vous restait plus que quelques temps à vivre ? Bon nombre de tes fans aimeraient savoir ce que tu ferais les derniers jours, les dernières heures de ta vie. Ce n'est pas mon idée. Je ne fais que t'en parler. Je prends un petit papier se trouvant dans mon sac et y inscris mon numéro de téléphone. Je lui tends. Si jamais tu changes d'avis, contacte moi.

Outfit ~ Je n’avais pas imaginé que les dettes que doit supporter Ella soient aussi lourdes. Je ne comprends pas comment son père a pu l’abandonner avec autant d’argent à rembourser. Je pince les lèvres, comment pourrait-elle s’en sortir ? Je fronce les sourcils, presqu’énervé contre son défunt père. Je comprends pourquoi elle a pris ce pot de vin mais à quoi bon ? C’est encore loin du compte et comme elle le souligne, elle en aurait encore pour après des années de travail. Je ne pensais pas pouvoir comprendre son geste mais maintenant qu’elle l’a expliqué, je ne vois pas comment je peux encore être en position de la juger. Je passe une main dans mes cheveux et soupire longuement avant de la regarder, suspicieux.

-Si je fais ce documentaire ? L’argent que tu gagneras te permettrait de tout rembourser ?

Je pourrais le faire si elle me répond oui. Pour elle. Pour elle ? Je sais que je suis encore attaché à elle. Un cœur qui a battu pour l’amour de sa vie n’oublie jamais vraiment ses sentiments même s’ils reviennent de loin. Je ne l’ai jamais vraiment oubliée, mon cœur me le dit maintenant que je regarde dans ses yeux. Elle n’accepte pas tout de suite ma proposition et me dit d’abord qu’elle doit passer un appel. Je suis intrigué mais je ne dis rien et hoche la tête avant de m’appuyer sur le mur pour regarder son dos. Qui est-ce à l’autre bout du fil ? Un garçon ? Son petit ami ou carrément son mari ? Pourquoi ai-je l’impression de ressentir encore de la jalousie ? Je ne devrais pas, si elle a pu partir, c’est que je n’étais pas l’amour de sa vie et ce serait normal qu’elle ait avancé… Elle raccroche et pousse un soupir. Je m’avance un peu alors qu’elle se retourne vers moi et penche la tête, ayant l’impression que ce coup de fil l’a contrariée sans que je me sois permis d’écouter la conversation.

-Ça va ? C’était ton mec ?

La question est indiscrète, oui, mais j’ai jamais été du genre à réfléchir avant de parler, c’est pour cela que je n’ai pas envie de me taire encore. Je ne sais pas pourquoi la réponse qu’elle va me donner m’importe tant. Ella a été la seule qui comptait à ce point-là, il n’y a pas eu d’autres Ella après, je n’avais jamais ressenti la même chose. Il y a eu des femmes, mais jamais ça n’a duré plus d’une semaine. Je la regarde longuement avant d’être sorti de mes pensées par sa voix qui m’explique le documentaire. Que ferais-je s’il ne me restait que quelques jours à vivre ? Je croyais qu’elle m’en dirait plus mais au lieu de ça, elle met très vite un terme à ses explications en disant que ce n’est pas mon idée et préfère me tendre son numéro de téléphone. Je lève un sourcil et prends le papier, hoche la tête en rangeant celui-ci dans la poche de mon pantalon.

-Pas besoin. Je ferais ce documentaire.

Outfit ~ Maintenant que je lui ai expliqué ma situation financière, va-t-il changer d'avis sur moi ? Va-t-il changer le regard qu'il me porte ? Je l'espère.

- Je l'ignore. On ne m'a pas parlé de l'argent que je gagnerais.

Je hausse les épaules. Accepterait-il de le faire si cela pouvait me permettre de payer le restant de mes dettes ? Non. Impossible. Je dois arrêter de croire qu'il est encore assez attaché à moi pour accepter aussi facilement. Les années sont passées. Je lui ai fais du mal. Je suis partie. Je lui ai menti. Je lui ai caché la vérité. Comment pourrait-il m'apprécier, ne serait-ce qu'un peu ? Sa vie est si incroyable, maintenant. Dire que quand nous étions ensemble, je pensais faire partie de la sienne pour toujours. J'aurais été heureuse, ça ne fait aucun doute. Mais le décès prématuré de mon père et ses dettes, totalement, folles ont eu raison de cet avenir radieux. Je regarde, légèrement, tout autour de moi. Il vit bien. Cela ne m'étonnerait pas qu'il ait quelqu'un dans sa vie. Même si aucun journal n'en parle, il peut vivre une belle vie amoureuse en secret. Pourquoi est-ce qu'une telle idée me fait mal au cœur ? Simplement, parce que je suis encore amoureuse de lui.

- Non, ce n'était pas mon petit ami. Dis-je, en le regardant. Je n'ai eu personne depuis notre séparation. Tu as été le seul et l'unique. C'est à mon fils que je parlais.

Je me rends, alors, compte que ma réponse peut prêter à confusion. Va-t-il croire que cet enfant est le sien ? Bien sûr qu'il peut y penser, vu que je viens de lui avouer qu'il a été le seul homme à partager ma vie. Quelle idiote !

- Je l'ai adopté. Il a eu un passé tout aussi pourri que le mien et je n'ai pas pu fermer les yeux. C'est compliqué... Je soupire. Disons que si je mets autant de temps pour rembourser les dettes de mon père, c'est aussi, en parti, parce que je dois subvenir aux besoins de mon garçon. Même s'il ne me rend pas la tâche facile !

Une certaine gêne apparaît, tout à coup. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Quoi qu'il en soit, je lui tends mon numéro de téléphone et il accepte le petit bout de papier. Il le range dans sa poche et je suis, tout à coup, soulagée. Mais ce qu'il dit, ensuite, me figea sur place.

- Qu'est-ce que tu viens de dire ?

Outfit ~ La situation d’Ella me semble plus que précaire. Elle m’apprend qu’elle ne sait pas si le documentaire pourrait lui permettre de rembourser l’entièreté de ses dettes. Je hoche la tête, pensif, face à sa réponse et décide de lui laisser une chance de me parler du documentaire pour me convaincre. Alors que je veux l’emmener dans mon bureau pour l’écouter, elle s’excuse pour passer un coup de fil. Je la regarde et pince mes lèvres. À qui peut-elle donc penser à un moment pareil ? La première pensée qui me vient à l’esprit, c’est qu’il s’agit de son petit ami. Je ne sais pas pourquoi, mais cette idée ne me plaît pas spécialement. Pourtant, ce ne serait pas étonnant. Ça fait longtemps que nous avons rompu, je ne dois pas m’attendre à ce qu’elle soit restée célibataire parce que j’étais « l’amour de sa vie » ou d’autres illusions dans le genre. Curieux, j’ai osé lui poser directement la question comme pour savoir à quoi me tenir. Elle m’apprend que ce n’était pas son petit ami et je ne parviens pas à retenir un petit sourire sur le coin de mes lèvres. Elle me dit qu’elle n’a eu personne depuis moi et j’ancre mon regard dans le sien. Suis-je toujours le seul et l’unique ? Je n’ai pas le temps de me poser la question parce qu’elle annonce que c’était à son fils. Mon cœur s’arrête, elle vient de me dire que je suis le seul et l’unique et elle parle de son fils, est-ce que… ça serait le mien ? La panique se lit dans mon regard mais Ella continue rapidement comme si elle s’était rendu compte de mon stress. Elle m’explique alors qu’elle l’a adopté, touchée par son passé. Je comprends alors pourquoi ça lui prend tant de temps de rembourser ses dettes, elle a deux bouches à nourrir au lieu d’une. Je souris alors qu’elle dit qu’il ne lui rend pas la vie facile.

-Tu me rassures, j’ai cru un instant que tu m’avais caché un enfant !

J’espère qu’elle ne sera pas vexée, je plaisante un peu en lui disant ça. Un enfant avec Ella ne me dérangerait pas vraiment mais je préférerais être à ses côtés. Je me rends compte que je suis presque en train de m’imaginer une vie de famille avec la jeune femme et je me reconcentre pour recevoir un petit bout de papier où il est écrit le numéro de mon ex dessus. Même si je le range dans ma poche, je tiens à lui donner directement ma réponse. Lorsque je lui dis que j’accepte, elle semble surprise et me demande même de répéter. Je penche la tête et lui fais un petit sourire, je m’étonne moi-même à avoir le sourire aussi présent.

-J’ai dit que j’acceptais, je vais faire ce documentaire. Ça te surprend tant que ça?