Jia Xin leva les yeux sur la grande maison qui se dressait devant elle. Elle se retrouvait à Gangnam, dans un coin qu’elle ne connaissait pas et dont elle n’aurait jamais pensé y mettre les pieds. Son amie, qui l’avait tanné toute la journée pour qu’elle vienne, lui avait envoyé l’adresse par sms. L’étudiante ne se sentait pas à l’aise et elle jeta un coup d’œil à ses vêtements. Elle n’allait jamais à des fêtes et n’avait aucune idée de comment s’habiller. Pas comme elle l’était actuellement, ça, elle en était certaine. Mais trop tard, elle était là, elle n’allait pas faire demi-tour, même si l’envie était immense. Elle inspira profondément et franchit le portail. Elle ne se sentait réellement pas à sa place, regardant tout autour d’elle, découvrant un jardin immense et bien entretenu. Elle avait la boule au ventre et souhaitait juste rentrer chez elle. D’ailleurs, elle fit même demi-tour et se retrouva nez à nez avec sa camarade de classe qui lui adressa un immense sourire. Jia Xin se força à lui sourire, ne partageant absolument pas son enthousiasme. Elle voulait juste être une petite souris actuellement. Surtout quand elle pénétra dans la demeure et remarqua les tenues chics des autres. À l’opposé de la sienne. Elle faisait tâche au milieu de tout ce beau monde et on la regardait étrangement, comme si elle venait d’une autre planète. C’était sûrement le cas, d’ailleurs. Mais Jia Xin ne baissa pas la tête. Elle s’avança parmi la foule, se frayant un chemin jusqu’à l’extérieur avec sa camarade. Elle se retrouva enfin dehors, put respirer de nouveau. L’alcool coulait à flot, la musique battait son plein. Ils s’amusaient tous, sauf elle. Elle était une étrangère, ici, et ne reconnaissait personne. Sauf lui. Hoon. Etrangement, la sango était contente de le voir.

Hoon était un adepte des soirées, même s’il n’y passait pas non plus toutes ses nuits. Aussi social soit-il, et malgré sa réputation de dragueur festif, il aimait passer des soirées chez lui à lire des livres parfois beaucoup trop sérieux pour que n’importe qui ne l’imagine lire ça. Sauf que voilà, il aimait quand même, vachement, les soirées. Surtout celles que tout le monde voulait fréquenter, celles où l’ambiance allait sans aucun doute être de feu, celles où il y aurait du monde à observer et de belles filles à draguer… enfin, surtout, de belles filles qui le dragueraient. Parce que malgré sa réputation, ces dernières années, il était plus souvent dragué qu’en train de draguer. Et encore plus ces dernières semaines… depuis qu’il s’était rapproché de Jia, sans doute un peu plus qu’il ne se l’était imaginé. Et en parlant de la jeune sango, il fut surpris de la voir à la même soirée que lui. Ça ne lui ressemblait pas, et d’ailleurs, n’importe qui pouvait deviner que ça ne lui ressemblait pas rien qu’aux habits qu’elle portait : ceux de tous les jours, ceux dans lesquels il l’aurait vue s’il l’avait croisée dans le dortoir. Pas ceux que toutes les autres filles portaient dans cette grande fête. Une coupe d’alcool à la main, qu’il n’avait même pas touchée mais qu’il gardait pour le style, il observait de loin le regard un peu paumé de celle qu’il connaissait, un sourire en coin, sans écouter un seul mot de la longue et ennuyante histoire que lui contait une fille à ses côtés. Ce n’était pas dans son genre de manquer autant de manières : qu’une anecdote l’intéresse ou non, il prenait toujours soin de faire semblant d’apprécier, de répondre et d’acquiescer. Mais la donne était différente puisque Jia était là, et que Jia était pour lui bien plus intéressante que n’importe quelle fille, n’importe quelle anecdote. Du coup, pour ne pas faire croire inutilement à la fille à ses côtés qu’il souriait pour elle, il coupa court à la discussion et lui dit qu’il venait d’apercevoir une connaissance qu’il voulait aller saluer. Sans qu’elle le suive. Ainsi se retrouvait-il à venir vers Jia, qui venait de le remarquer, sans jamais perdre son sourire amusé. « Vous, ici ? » demanda t-il, prenant un air étonné, à la limite de l’outrance. Il ne savait pas comment elle avait fini dans cette soirée, mais il était certain que ce n’était pas de son plein gré.

Jia Xin avait envie de disparaître, de fuir ce lieu. Elle ne s’y sentait vraiment pas bien, pas à l’aise. Pourquoi avait-elle accepté ? L’étudiante se mordit la lèvre, complètement perdue dans cette grande maison. Elle regardait les personnes, cherchant quelqu’un qu’elle connaissait. Et son regard s’arrêta sur Hoon. Si d’habitude, rien que de l’apercevoir l’agaçait et qu’elle prenait toujours la fuite, pas cette fois-ci. Jia Xin était contente de le voir, que ce soit lui, la tête connue dans cette fête. Elle resta stoïque, esquissant un maigre sourire en le voyant s’approcher d’elle. Elle fit quelques pas dans sa direction, mais pas trop, de peur que, finalement, il ne vienne pas vers elle, qu’il ait aperçu quelqu’un d’autre. Mais, c’était bien vers elle qu’il venait. La sango glissa ses cheveux derrière son oreille, un peu timide à l’approche du garçon. Elle n’était pas dans son élément, et ça se voyait très clairement. Elle se pinça les lèvres en l’entendant. Oui, sa tenue laissait à désirer, elle n’était pas du tout dans le thème chic de la soirée. « Oui, moi, ici… » Souffla-t-elle, ne comprenant même pas vraiment elle-même comment elle avait atterri ici. Elle aurait pu rester au dortoir, dans sa chambre. Mais Jia Xin avait envie de découvrir un peu le reste du monde, et, peut-être -surtout-, côtoyer le milieu de Hoon. Parce que, finalement, ce garçon commençait à se faire une petite place. « On est chez qui, en fait ? » Demanda-t-elle, cherchant le ou la propriétaire des lieux. Et puis, avant même qu’ils puissent vraiment échanger, une jeune femme s’approcha du garçon, l’accaparant. Et Jia Xin se recula, ne voulant pas être de trop. Elle fit volte-face et rejoignit la terrasse, bousculant sans faire exprès un jeune homme qui lui adresse un sourire.

De ce que Hoon avait compris de la jeune femme - et il avait lu à travers elle plus que n’importe qui ne pouvait l’imaginer - elle n’était vraiment, mais alors vraiment pas le genre de filles à côtoyer les soirées du genre. Il ne fallait pas la connaître beaucoup pour savoir qu’elle était plutôt du type silencieuse et dans son monde et qu’elle trouvait son bonheur plus dans les soirées calmes que dans celles avec des dizaines d’invitée et une musique qui résonnait en rebondissant sur les murs. Mais Hoon la connaissait encore mieux que “pas beaucoup” et il pouvait donc être absolument certain, convaincu, qu’elle avait fini là cause d’un triste enchaînements d’actions et non pas par choix. Il se doutait aussi qu’elle devait amèrement regretter d’être à la fête et sans doute était-elle en train de songer à comment elle aurait pu éviter cette situation avant qu’il ne l’interpelle. Plus qu’il ne le montrait, Hoon était content de la voir dans un lieu qui ne lui correspondait pas : non pas par simplement plaisir de la tourmenter - il n’était plus en primaire - mais simplement parce que ce n’était presque que dans ces lieux-là qu’ils pouvaient se croiser. A part la bibliothèque qu’ils avaient en commun, tous les autres endroits que l’autre fréquentait était quasiment l’inconnu pour l’autre. Les chances de se croiser par hasard étaient minces et, pour une fois, c’était arrivé. Elle ne pourrait pas lui reprocher, cette fois, d’être rentré de force dans son cercle à elle : c’était le contraire cette fois ci. Il haussa les épaules. “Tu sais, on sait jamais vraiment chez qui sont faites les fêtes, je sais même pas si je le connais.” Les organisateurs des grandes fêtes comme ça, c’était souvent l’ami d’un ami du cousin éloigné. Il voulut surenchérir mais une amie à lui - enfin, plutôt une simple connaissance - vint l’aborder et il se retrouva dans l’obligeance de lui tenir la conversation. Il ne la détestait pas, mais il préférait mille fois les soupirs de Jia Xin aux récits de cette connaissance. “Oui, j’imagine.” répondit-il d’un ton absent, sans vraiment savoir ce qu’il approuvait, le regard concentré sur Jia qui venait de bousculer un autre invité.

Jia Xin n’avait vraiment pas l’habitude de ce genre de fêtes. Elle n’y allait jamais, même si certaines de ses camarades l’invitaient régulièrement. Mais, la jeune femme se doutait que c’était plus pour se moquer d’elle que réellement par envie de la voir venir à une fête. L’étudiante ne se sentait pas à sa place et les regards qui se posaient sur elle le confirmaient bel et bien. Elle dénotait complètement des autres, des lieux. Et croiser Hoon le confirmait aussi. Il n’était pas du tout de son monde et pourtant, ils se retrouvaient là, parce que, pour une fois, Jia Xin mettait un pied dans son cercle à lui. Si d’habitude c’était lui, cette fois-ci, c’était elle. Oh, elle ne l’avait pas voulu, c’était même un pur hasard qu’ils se retrouvent dans la même fête mais, l’étudiante était contente de ce hasard, pour une fois. Elle n’aimait pas spécialement croiser Hoon, même si, au fil du temps, elle commençait à s’habituer à lui. Mais ce soir, elle était vraiment contente de le voir. Elle esquissa un sourire, le regardant venir à elle. Elle fit les derniers pas vers lui, assurée qu’il venait bien vers elle. Jia Xin lui demanda chez qui ils se trouvaient mais le jeune homme fut incapable de lui donner la réponse. « Oh je vois… Ce n'est pas très important, du coup... » Souffla-t-elle, regardant autour d’eux avant de poser son regard sur une jeune femme, très jolie et élégante, qui s’arrêta à leur hauteur pour accaparer Hoon. Ne voulant pas être de trop et le déranger, la sango s’éclipsa, rejoignant la terrasse à grandes enjambées. Si l’idée de quitter les lieux lui traversa l’esprit, elle fut arrêtée dans ses pensées quand elle bouscula sans faire exprès un garçon. Ce dernier lui sourit et s’arrêta pour commencer à discuter avec elle. Jia Xin se pinça les lèvres, n’ayant aucune envie de discuter avec ce garçon. Elle le regarda, le visage fermé, tandis qu’il lui demandait son prénom. « Tu n’as pas besoin de le savoir. » Dit-elle sèchement. Ça ne sembla pas spécialement l’atteindre et il se permit, même, d’attraper une mèche de ses cheveux entre ses doigts. « D’accord donc la demoiselle a du caractère… Tu peux quand même me dire ce que fait une jolie fille comme toi ici ? » Demanda-t-il. Jia Xin roula des yeux et poussa la main du garçon. « Laisse-moi tranquille. » Dit-elle, toujours sur le même ton, avant de faire volte-face pour partir à l’intérieur de la maison pour trouver un coin calme. Mais le jeune étudiant la suivit.

Hoon n’appréciait pas beaucoup cet homme qui venait de bousculer Jia. Il n’avait pas encore de raison particulière de ne pas l’aimer, si ce n’était la précise raison qu’il s’était approché d’elle. C’était, sans erreur, un sentiment de jalousie qui naissait discrètement au fond de son estomac et qui l’empêchait d’écouter avec attention les récits de la belle demoiselle à ses côtés. Il n’était pourtant pas jaloux de tous les garçons qui adressaient la parole à Jia, mais cela semblait être différent dans le cadre d’une soirée : comme s’il devait être le seul à rester à ses côtés quand elle était dans l’insécurité d’une ambiance qu’elle ne connaissait que très peu. Pour avoir déjà vu ces mêmes signaux lorsque Hoon adressait la parole à Jia quand elle voulait se débarrasser de lui, il pouvait lire de loin que la jeune femme ne partageait pas l’enthousiasme de l’inconnu. Ce qui ne manqua pas de l’agacer davantage, alors même qu’il avait conscience s’y être pris de la même façon pour l’approcher. Lorsque, de loin, il vit cet imbécile prendre une mèche de cheveux de Jia dans ses mains, une douleur dans ses dents lui permit de se rendre compte que sa mâchoire était beaucoup trop contractée et qu’il avait, depuis fort longtemps, décroché de ce que disait sa connaissance. D’ailleurs, il ne prévoyait pas de faire semblant plus longtemps, parce qu’il ne pouvait pas supporter le spectacle de voir Jia suivie par un garçon qui semblait être habité par des intentions plutôt malsaines. « Je suis désolé, je viens de me rappeler que je devais transmettre un message important, il faut que je le fasse avant d’oublier de nouveau. » Un sourire léger mais forcé, puis il partit d’un pas pressé vers là où il avait vu Jia se diriger. Malheureusement, avec la foule dans l’appartement, il ne la voyait plus et il commençait sérieusement à s’inquiéter. L’inconnu avec disparu dans la foule aussi et s’il ne les retrouvait pas vite, il ne pourrait rien faire pour aider Jia. Dans cette idée qui le paniquait, il se mit à bousculer tous les gens près de lui pour retrouver la jeune femme, tout en maudissant la taille de l’endroit et le nombre d’invités.

Jia Xin n’était pas à l’aise face à cet étudiant. Il était beaucoup trop intrusif pour elle. Bien pire que Hoon qui, lui, ne s’était jamais permis de la toucher ainsi ni de lui parler de cette façon-là. La jeune femme écarta la main du jeune homme, ne lui adressant aucun sourire, le visage complètement fermé, comme à son habitude. Elle lui demanda, le plus gentiment possible, de la laisser tranquille et s’en alla à travers la foule pour rejoindre l’intérieur de la maison. Elle espérait trouver un coin tranquille ou trouver directement la sortie mais, vu la foule qui débarquait en masse de la porte d’entrée, Jia Xin n’eut pas vraiment le choix que de bifurquer et trouver une pièce un peu plus loin. Elle parcourut un long couloir avant d’ouvrir une porte au hasard, trouvant un petit salon privatif où personne ne se trouvait. Le temps d’attendre que les gens arrivent et libèrent la sortie, Jia Xin trouva cet endroit parfait. Elle entra et secoua la tête, se demandant bien ce qui lui avait traversé l’esprit pour se trouver ici. Ce n’était vraiment pas son style et pourtant, elle était bel et bien là. La sango soupira, avant de se retourner quand la porte s’ouvrit. Elle posa son regard sur l’étudiant qu’elle avait bousculé tantôt. Elle n’était réellement pas à l’aise et de mauvais souvenirs remontaient à la surface. Elle déglutit difficilement, le fixant tandis qu’il s’approchait d’elle. Elle recula, butant contre le canapé. « On fait moins la maligne toute seule ? » Demanda-t-il, tandis que Jia Xin restait pétrifiée sur place. Elle se souvenait parfaitement de cette soirée où un camarade l’avait traîné devant un love hôtel, tentant de la forcer à y entrer avec lui. Heureusement, elle avait pu y échapper mais, ce soir… Elle n’en était pas certaine. La sango ne disait pas un mot, ne bougeait pas d’un millimètre alors qu’il s’approchait d’elle, la poussant sur le canapé contre lequel elle avait buté. Assise, elle garda quelques secondes la tête basse avant de la relever pour regarder cet homme qui se tenait face à elle. « Tu sais ce qu’il va se passer, hein ? En plus… Vu le bruit qu’ils font dehors, personne ne pourra t’entendre. Quel dommage, n'est ce pas ? » Dit-il avec un rictus mauvais, s'amusant de nouveau avec une mèche de ses cheveux. Jia Xin avait la mâchoire serrée et lui lançait un regard noir mais elle était incapable de bouger, tétanisée par la peur, revivant cette soirée...

Il lui fallut de trop longues minutes avant de retrouver la trace de Jia Xin. Il avait même dû demander à certaines personnes, dansant vaguement, s’ils n’avaient pas vu une fille habillée en jean. Si la tenue de la jeune femme l’avait fait rire au début – non pas dans un but moqueur mais parce qu’il la reconnaissait bien la dedans – il était désormais reconnaissant envers l’habitude de cette dernière à s’habiller confortablement. Au moins, il ne faisait aucun doute qu’elle attirait les regards et qu’il n’y avait pas deux invités qui portaient les mêmes habits. Il ne saisit pas de suite ce qu’il voyait quand il pénétra dans la salle, même s’il ne faisait aucun doute que ce qu’il voyait n’était pas correct. Jia n’avait aucune raison d’être sur le canapé, et lui aucune raison de se tenir si droit, en position de domination. Même le jeune homme naïf qu’il était pouvait très bien comprendre de quoi il s’agissait et la colère monta en lui en flèche, comme cela lui arrivait rarement. Avant qu’il ne s’en aperçoive, il s’était interposé entre l’inconnu et Jia Xin et son poing était parti sur le visage de l’invité. Il se fichait, pour l’instant, des conséquences. L’invité n’avait visiblement pas vu les choses venir, vu comment il tenait sa joue. La lueur dans son regard était devenue furieuse. « Gros taré. » murmura Hoon, la voix grave à cause de sa colère. Il ne lui arrivait que très rarement d’en venir aux coups mais il y avait des cas où, même lui, pouvait le faire. Il profita d’ailleurs des quelques secondes d’étonnement de la part de l’inconnu pour se tourner vers Jia Xin, la relever et l’entraîner en dehors de la pièce – il savait très bien qu’il ne ferait pas le poids dans une réelle bagarre. Il sembla marcher pendant de longues minutes, traversant furieusement les salles de la fête agitée, jusqu’à ce qu’il sorte de l’immense appartement en claquant la porte derrière lui et qu’ils se retrouvent dans la rue. Son coeur battait fort, mais ça n’avait rien avoir avec le fait qu’il tenait le poignet de la jeune femme : pour l’instant, seule la rage était présente. D’autant plus qu’il commençait à réaliser ce qu’il avait fait. Il savait que si l’homme portait plainte, il avait ses parents derrière lui : ce n’était pas grave. Ils seraient sûrement surpris du comportement soudain de leur fils, cela dit : jamais ça ne lui était arrivé, après tout. Chassant ces pensées futiles d’un mouvement de tête, il se tourna de nouveau vers Jia Xin, mit ses deux mains sur les épaules de la jeune femme et s’accroupit pour avoir le visage face au sien. « Je suis désolé, je n’aurai sans doute pas dû le frapper devant toi, ça n’a fait qu’augmenter la dose de violence à laquelle tu as assisté. Comment tu te sens ? » demanda t-il, sa voix ayant récupéré son aspect normal, quoi qu’une lueur d’inquiétude était clairement lisible, autant dans son ton que dans son regard.

Jia Xin était prise au piège. Elle n’avait aucune échappatoire. Le jeune homme se tenait devant elle, bien droit, et si elle tentait de se relever pour sortir de la pièce, il la retiendrait et lui bloquerait le passage. Elle ne faisait clairement pas le poids. Et si on était venu à son secours la première fois, elle commençait à douter qu’on vienne à son secours une seconde fois. Qui viendrait ? No Ah n’était pas là et elle ne pouvait pas le contacter. Et puis, le temps qu’il arrive, il serait sûrement trop tard. Le seul qui pouvait débarquer et qu’elle espérait grandement voir, c’était Hoon. Mais il était accaparé par une jeune femme. Jia Xin était tétanisée sur le canapé, lançant un regard assassin à son interlocuteur. Mais il s’en moquait bien, ça le faisait même sourire. Puis, la porte s’ouvrit. Dans un premier temps, Jia Xin ne le remarqua pas et ne l’entendit même pas. C’est quand elle aperçut bouger dans la périphérie de sa vision qu’elle reconnecta et bougea la tête pour poser son regard sur Hoon. Oh, elle n’avait jamais été aussi heureuse de le voir. Il s’interposa entre elle et le jeune homme, n’hésitant pas une seconde à envoyer son poing dans la figure de l’invité. Jia Xin écarquilla les yeux, choquée, parce qu’elle ne le connaissait pas violent. Elle ne se leva pas pour autant, étant dans un état second. C’est Hoon qui la fit bouger, l’attrapant par le poignet pour la lever et la traîner derrière lui. Elle le suivit sans rien dire. Elle réalisait très bien ce qui aurait pu lui arriver, encore, et les larmes lui montèrent aux yeux. Elle renifla discrètement, suivant toujours Hoon qui la guidait à l’extérieur de la maison. Une fois à l’extérieur, Jia Xin inspira profondément, passant ses manches sur ses yeux humides, tentant de le cacher au sango mais il se mit face à elle, à sa hauteur et son regard humide croisa celui de l’étudiant. « Il le méritait… » Souffla-t-elle, baissant les yeux et se mordant la lippe. Elle n’était pas pour la violence mais… il y avait peut-être des exceptions selon les situations. « Euh… ça… va, je crois. » Dit-elle d’une voix faible, relevant les yeux vers lui pour le regarder. Elle était incapable de savoir si elle allait bien, ou non. Elle était choquée, c’était certain et elle allait bien, il ne lui avait rien fait. Mais les images de son ancienne agression défilaient toujours dans sa tête, faisant un parallèle avec celle-ci.

Hoon n'était pas vraiment fier d'en être venu à frapper l'agresseur, surtout que ça ne lui ressemblait pas. Bien sûr, il ne regrettait pas non plus son geste, il le jugeait juste un peu inutile : ce n'est pas un coup de poing qui allait empêcher l'agresseur de recommencer à la prochaine occasion. D'autant plus que ce dernier pouvait porter plainte contre Hoon pour agression : ce serait ironique mais ça arrivait. Il ne craignait rien, il avait ses parents riches derrière lui et il suffirait de dédommager dans le pire des cas. Toujours était-il qu'il avait agi sous l'impulsion et que ses impulsions étaient très rarement violentes. Sans doute avait-il réagi comme ça parce que Jia Xin était particulièrement précieuse à ses yeux. Elle qui lui avait assez peu souvent montré d'autres réactions que l'indifférence, ça lui faisait un coup de la voir pleurer ou choquée. C'était bien entendu une réaction normale, en revanche. "Oui, sans doute." dit-il d'une discrète voix. Même si Jia Xin prétendait qu'elle allait bien, c'était évident que ce n'était pas le cas. Or, Hoon ne savait pas comment s'y prendre pour l'aider à aller mieux : il lui avait semblé évident qu'il fallait sortir du cadre de la fête, mais maintenant, il ne savait pas où aller, quoi lui proposer. Il se sentirait mal de la renvoyer chez elle alors que les images de la soirée allaient sans doute tourner en boucle dans sa tête en l'empêchant de trouver un sommeil paisible. "Est-ce que tu veux boire ou manger quelque chose ?" demanda t-il, un peu hors sujet. "Pour… changer d'ambiance." précisa t-il, un peu mal à l'aise. Sa proposition lui semblait stupide, mais il n'avait pas d'autres idées.