Si Jia Xin avait d’habitude du répondant et savait se débrouiller dans quasiment toutes les situations, dans celle-ci, la jeune femme était totalement tétanisée. C’est Hoon qui la fit réagir, la levant du canapé après avoir frappé son agresseur. Elle sortit de la pièce à la suite du sango, le suivant à travers la foule. Elle sentit l’air frais sur son visage et inspira profondément. Elle était au bord des larmes, ses yeux étaient humides et même si elle avait passé ses manches dessus et qu’elle se mordait la lippe, ça ne l’empêchait pas d’avoir envie de pleurer. Elle se retenait face à Hoon qui venait de mettre son visage à sa hauteur, son regard ancré au sien. L’étudiante le rassura sur son geste. Ça n’allait sûrement pas faire changer son agresseur, mais, il l’avait franchement mérité. Elle n’était pourtant pas partisante de la violence mais, dans cette situation-là… Jia Xin l’approuvait. Et puis, il n’en avait pas abusé. Il l’avait juste frappé une fois, histoire de le désorienter et le surprendre pour prendre rapidement la fuite. La sango lui mentit sur son état. Bien évidemment qu’elle allait mal, et il devait bien le voir. Mais, qu’importe. Elle détestait dire que ça n’allait pas. Ça obligeait toujours à s’expliquer et Jia Xin n’avait pas envie de s’expliquer. Elle n’avait pas envie de lui faire part que ce n’était pas sa première agression, qu’elle en avait subi une, au lycée. « Je n’ai pas très faim. » Avoua-t-elle doucement, l’estomac noué. « Je veux bien boire quelque chose. » Ajouta-t-elle en le regardant. « Tu connais bien le coin ? » Demanda-t-elle en regardant aux alentours. Elle ne connaissait pas du tout le quartier, elle était arrivée jusque là grâce à son gps. Elle décida de ne prendre aucune direction, préférant suivre le garçon, son sens de l'orientation n'étant pas excellent... « Tu penses qu’il y a un café d’ouvert ? J’aimerai un chocolat chaud… » Dit-elle en faisant la moue, cherchant à se changer les idées en pensant à un bon chocolat chaud avec des cookies qui, elle espérait, lui ouvrirait sûrement l'appétit.

Dans la fête qu’ils venaient de quitter, l’ambiance devait être aux rumeurs. Le coup de Hoon avait sans doute été transmis à tous les invités sans déformation, mais le motif de ce dernier avait probablement été modifié en fonction des personnes. Personne d’autre que lui n’avait été témoin de l’agression de Jia et seul les récits de la « victime » du coup de Hoon feront loi là-bas. Les chances pour qu’il admette ce qu’il s’apprêtait à faire étaient très minces et Hoon était prêt à parier que c’était son nom qui serait sali. En l’occurrence, il n’en avait rien à faire. Seul le bien-être de l’étudiante lui importait et ils pouvaient bien dire ce qu’ils voulaient, murmurer que ça ne lui ressemblait pas d’en venir aux coups ou de déserter une fête avec une fille, ça ne changerait rien. « Bien sûr, que je connais bien le coin » dit-il en souriant. C’était quand même là où ses parents habitaient, Gangnam. Il ne savait cependant pas où l’amener, ni quel genre d’ambiance était préférable dans ce type de situation. Seule Jia pouvait lui confier ce dont elle avait envie. Il hocha la tête lorsqu’elle lui demanda si un café était ouvert à cette heure-ci. « Ne t’en fais pas, tout est toujours ouvert dans ce quartier. » Il le savait parce que ça lui était arrivé de passer des nuits entières à réviser dans un café, pour le bac. Tout ça parce qu’il voulait quitter un peu le cadre familial, qu’il adorait en temps normal. « J’en connais un qui est particulièrement confortable, près d’ici. » dit-il en tournant la tête vers elle. Il avait un sourire qui se voulait rassurant sur le visage, mais il ne savait pas trop quoi dire. Au bout de quelques mètres, cela dit, le jeune homme réalisa qu’à une heure tardive et en soirée de fête, les rues du quartier étaient bondées. Il se mordit la lèvre, sachant pertinemment que ce n’était pas du tout la tasse de thé de Jia, même en temps normal. Il tendit sa main vers elle. « Ce n’est pas que je veux prendre avantage de la situation mais au moins le temps qu’on traverse cette foule, je voudrais éviter de te perdre de vue... » dit-il, le regard anormalement sérieux. Elle était libre de lui prendre la main, ou de refuser. Il ne voulait pas la forcer bien qu’au fond de lui, il préférerait qu’elle accepte. Sans parler des sentiments qu’ils s’étaient trouvés pour elle ces derniers temps, qui lui donnaient forcément envie d’une proximité plus importante avec elle, il voulait surtout être en présence de Jia Xin jusqu’à ce qu’il soit certain qu’elle va vraiment bien. Il serait pris d’une panique monstre s’il la savait perdue au milieu de la foule de jeunes, après ce qui s’était déjà passé.

Jia Xin voulait s’éloigner de cette fête, de cette maison qui allait lui laisser d’affreux souvenirs. Elle allait maintenant faire une croix définitive sur toutes fêtes et sorties imposées par des ‘amies’. Elle ne mettrait plus jamais les pieds dans ce genre de fêtes ni dans aucune. Elle ne voulait pas revivre ça et encore moins se forcer à faire des choses qu’elle n’aimait pas. Sortir et faire la fête, ce n’était définitivement pas pour elle. Et ce soir le confirmait. L’étudiante demanda au garçon s’il connaissait bien le coin. Sa question était un peu bête. Si elle avait réfléchi un peu, elle aurait deviné la réponse. Il venait de ce milieu, il devait forcément connaître le coin mais Jia Xin n’était pas apte à réfléchir. Elle avait juste les images de ce soir, et de son ancienne agression, qui tournaient en boucle dans son crâne et dont elle voulait se débarrasser. Est-ce que la solution était de passer du temps avec Hoon ? à ses yeux, ça l’était. Et, étrangement, elle ne se sentait en sécurité, ce soir, qu’à ses côtés. Elle lui confia avoir envie de se poser, tranquillement, dans un café. « Oh d’accord. » Dit-elle en esquissant un maigre sourire. « Je te suis. » Dit-elle en se rapprochant un peu de lui, sans pour autant être collé mais sa main frôlait presque celle du sango. Elle le suivit sans rien dire, regardant droit devant elle. Elle qui n’était déjà pas très bavarde de base, elle l’était encore moins. Elle s’arrêta à la suite de Hoon, relevant la tête vers lui et posant un regard interrogatif sur lui. Pourquoi s’arrêtait-il si soudainement ? Jia Xin regarda la main tendue du jeune homme puis les alentours, réalisant la foule qui se trouvait dans les rues. Elle se mordilla la lippe avant de relever les yeux vers Hoon, d’esquisser un sourire, qui disparut bien vite, avant de prendre la main du garçon dans la sienne. Elle ne lui répondit rien, elle savait très bien que ce n’était pas son genre. Elle découvrait d’autres facettes du garçon et sa première impression sur lui était complètement oubliée. Elle ne le voyait plus comme un séducteur et un pot de colle qui cherchait absolument à lui faire la conversation. Si sa vision n’avait pas changé, elle n’aurait pas accepté de prendre sa main dans la sienne. Jia Xin resta proche de lui durant tout le trajet jusqu’au café. L’étudiante regarda la devanture de l’établissement puis l’intérieur d’un œil curieux, sans pour autant lâcher la main de Hoon. L’intérieur semblait confortable, comme il lui avait dit. « On entre ? » Demanda-t-elle au garçon en le regardant. Un on qui ne sonnait pas si bizarre que ça, finalement.

Jusqu’à ce soir-là, Jia Xin avait toujours été celle qui menait la marche. Toujours celle devant Hoon, toujours lui qui la suivait. Mais ce soir, les rôles étaient inversés : c’était elle qui le suivait de près. Bien entendu, il ne se réjouissait pas de la situation car il aurait de loin préféré suivre Jia Xin si cela impliquait qu’elle n’ait pas à vivre l’agression. Cela dit, puisque ce qui est arrivé était déjà arrivé, il préférait se focaliser sur le positif et se concentrer sur une façon d’aider la jeune femme. La prendre en pitié sans rien faire était inutile, même lui le savait. Il parcourut les rues de Gangnam en vérifiant régulièrement que la jeune femme était toujours derrière lui, jusqu’à ce que ça ne soit plus possible de se contenter de se retourner. Ils n’étaient pas les seuls jeunes de sortie un soir à Gangnam, bien au contraire. Ce ne fut pourtant pas sans attente qu’il tendit la main vers elle. C’était effectivement parce qu’il craignait de la perdre, mais il ne pouvait s’empêcher d’attendre quelque chose : si elle ne lui prenait pas la main, il savait qu’il ressentirait un pincement au coeur indécent. Ça prouverait alors qu’elle ne lui fait pas confiance du tout et même en étant Hoon, celui qui prenait tout à la légère, il ressentirait une certaine tristesse à l’idée qu’elle n’ait jamais changé son point de vue sur lui. Heureusement, cette inquiétude se dissipa immédiatement lorsqu’il sentit la main froide de la jeune femme se poser lentement et silencieusement sur la sienne. Il voulait dissimuler autant que possible sa satisfaction pour ne pas que la jeune femme trouve ça incorrect en de telles circonstances, mais il ne put s’empêcher de faire apparaître un doux sourire sur son visage. Il saisit la main de la jeune femme avec force et avança dans la foule sans dire un mot de plus, sans perdre son sourire pour autant. Il leur fallut un peu moins d’une dizaine de minutes de marche avant d’arriver devant le café qu’il avait en tête et il fut rassuré de voir qu’il était bel et bien ouvert. Il aurait eu l’air bien bête si le café était en fermeture exceptionnelle. Il tourna la tête vers la jeune femme lorsqu’elle lui adressa la parole en premier, un peu surpris que ce ne soit pas le cas inverse, et il hocha la tête en retrouvant son sourire. « Oui, rentrons. » Il fit le premier pas vers l’entrée sans lâcher la main de la jeune femme. Il ne savait pas si elle se rappelait qu’ils se tenaient la main mais tant qu’elle ne le relèverait pas, il ferait semblant de ne pas s’en apercevoir. Sournois ? Sans doute, oui, mais il savait que ce ne serait pas demain la veille qu’il tiendrait de nouveau la main de la jeune femme et il estimait qu’il n’y avait rien de mal à le faire puisqu’elle avait accepté. Le café était presque vide, rien de surprenant puisque tous les jeunes de sortie étaient plutôt dans l’ambiance de l’alcool. Il y avait tout-de-même deux couples et quatre étudiants qui semblaient réviser. Il s’avança vers le comptoir pour qu’ils commandent leur boisson avant de s’asseoir – il doutait qu’il y ait un serveur à cette heure-ci – et tourna la tête vers Jia. « Un chocolat chaud, c’est ça ? » demanda t-il en souriant. « Si ça te tente un peu plus tard, ils font quelques pâtisseries aussi. » Il montra d’un mouvement de tête la vitrine où quelques pâtisseries étaient montrées - ou en tout cas, ce qui restait des ventes de la journée.

Jia Xin ne connaissait réellement pas le coin et, pour une fois, la jeune femme se laissa guider. Elle suivait Hoon de près, de crainte de se perdre. Son sens de l’orientation n’était pas des plus fameux. Même en connaissant plutôt bien les lieux, dès qu’on la perturbait avec des travaux ou autres, la sango se perdait. Elle en avait déjà fait les frais, et pas qu’à elle, d’ailleurs… L’étudiante tentait d’effacer ses atroces images qui tournaient en boucle mais définitivement, elle n’y arrivait pas. Pas pour l’instant du moins. C’était encore trop frais. Puis, Hoon s’arrêta subitement et Jia Xin en fit de même. Elle leva la tête vers lui, le regardant curieusement, avant de baisser les yeux sur sa main. Elle hésita quelques secondes avant de glisser sa main froide dans celle du sango. Elle se pinça les lèvres, un peu gênée, et le suivit sans rien dire. La main de Hoon réchauffait la sienne mais pas que. Sentir qu’il la tenait fortement, qu’il ne la lâcherait pas, la réconfortait et la faisait se sentir en sécurité. Elle n’avait rien à craindre, il était là. Arrivée devant le café tant attendu, Jia Xin lorgna à l’intérieur. Ça semblait confortable et cosy, tout ce qu’elle aimait. Ils rentrèrent à l’intérieur et la jeune femme finit par lâcher la main du sango. Elle s’avança jusqu’au comptoir, toujours à côté de Hoon, et acquiesça. « Oui, c’est ça. » Dit-elle doucement, le regardant et esquissant un sourire. Son regard se dirigea vers les pâtisseries et elle regarda plus attentivement, se penchant pour observer les différentes compositions. Elle observa de longues secondes avant de se redresser. « Je vais aussi prendre un cookie. Et toi ? » Dit-elle, le regard gourmand quand elle avait vu les énormes pépites de chocolat sur le cookie. Une fois que leur commande fut servie, ils purent aller s’installer. Jia Xin décida de s’asseoir à une table plutôt reculée, dans un coin tranquille. Elle rapprocha sa boisson d’elle et colla ses mains gelées contre la tasse brûlante, au risque de se brûler. Son regard se perdit dans son chocolat chaud, la mine triste et abattue, ses pensées étant encore tournées vers son agression. Pourquoi elle ? Le méritait-elle ?

La main de la jeune femme glissa en dehors de la sienne aussi silencieusement que lorsqu’elle s’était glissée dans la main de Hoon. Le très léger pincement au coeur qui lui signalait qu’il trouvait ça dommage fut mis de côté rapidement lorsqu’il s’aperçut que la jeune femme avait retrouvé l’appétit à la vision des quelques pâtisseries du café. Leurs mains étaient destinées à se lâcher un jour et ils n’étaient, pour l’instant en tout cas, pas dans une relation où il était normal et évident de se tenir la main. Seule son avidité personnelle – et naturelle chez toute personne amoureuse – l’avait poussé à espérer que cela durerait un peu plus longtemps. Et l’important, dans l’histoire, c’était simplement que Jia Xin aille ne serait-ce qu’un peu mieux que la minute d’avant. « Je vais prendre la petite part de gâteau qu’il reste. » dit-il en souriant. Il y avait une part de fraisier qui restait et Hoon adorait les fraises. Il commanda au comptoir le chocolat chaud, le cookie et la part de gâteau et paya tout aussi naturellement, sans laisser à Jia la moindre possibilité de payer sa part. En toute honnêteté, ça ne lui avait même pas traversé l’esprit, il était habitué à payer et il avait tellement d’argent que ça n’était en rien un problème. Il suivit la jeune femme vers la table qu’elle avait choisie en tenant le plateau et s’assit en face d’elle. Jetant un coup d’oeil autour de lui mais bien rapidement, il ne put s’empêcher de la regarder de nouveau. Il savait très bien que ça n’allait pas bien, et qu’un chocolat chaud avec un cookie ne suffiraient jamais pour lui faire oublier ce qu’elle avait vécu. Mais la voir avec une expression aussi triste sur le visage lui pinça sincèrement le coeur et il se sentit obligé de faire quelque chose, quoi que ce soit. Il baissa un peu la tête pour apparaître sur le champs de vision de la jeune femme et l’obliger à porter un peu son attention vers lui. Visiblement, esquiver le sujet n’était pas plus utile que d’en parler, alors il préférait crever l’abcès et partager les pensées de la jeune femme plutôt que la voir ruminer toute seule. « Je suis désolé pour ce qui t’ait arrivé. Je ne peux pas prétendre que je sais ce que ça fait, ni dire que je sais ce à quoi tu penses immédiatement. Je ne peux qu’imaginer alors c’est difficile pour moi de savoir quoi dire pour te consoler et quoi faire pour te faire oublier ce qui est arrivé. Je… suis probablement un peu inutile mais je voudrais juste que tu saches que je suis là. Que si tu préfères en parler avec moi plutôt qu’y penser seule, ça ne me dérangera pas et qu’au contraire, je préfère ça que n’avoir aucune idée de ce que tu penses. Mais si tu veux plutôt changer de sujet, garder ça pour toi, je peux aussi le faire. Sans doute maladroitement, cela dit. Je ne suis pas très doué dans ce genre de situation. dit-il avec un léger sourire, d’un ton qu’il voulait auto-dérisoire.

Jia Xin n’avait aucune idée du pincement au cœur qu’elle venait de procurer à Hoon en retirant sa main de la sienne. Elle l’avait tenue durant tout le trajet, et même devant le café alors qu’elle scrutait l’intérieur. Ce n’est qu’en rentrant à l’intérieur de l’établissement qu’elle réalisa qu’elle lui tenait toujours la main et aussitôt, l’étudiante la lâcha, gênée. Elle ne le regarda pas pendant quelques instants avant d’oser lever les yeux vers lui, espérant que son trouble ne se voit pas. Elle lui adressa un maigre sourire et observa les pâtisseries. Ses yeux pétillèrent de nouveau et son choix se porta sur un cookie. « Oh, j’avais hésité avec. » Dit-elle, un brin amusé par la situation, avant de retomber rapidement dans la déprime, repensant sans cesse à ce qu’il s’était passé. Elle allait avoir du mal à se détacher de ça, encore une fois. La sango fit la moue dans voyant le jeune homme payer sa part mais, elle n’avait pas la force de se battre. « Je te devrai un chocolat chaud et un cookie. » Dit-elle en le regardant et il n’y avait pas moyen de négocier. Elle lui achèterait un chocolat chaud et un cookie. L’étudiante choisit une table, un peu à l’écart des autres, dans un coin tranquille. Elle s’installa et récupéra son chocolat chaud. Ses mains entourèrent rapidement la tasse brûlante, réchauffant ses doigts gelés. Le regard triste, Jia Xin fixait sa tasse. Ce fut uniquement quand Hoon pencha la tête de sorte qu’il soit dans son champ de vision que la jeune femme redressa la tête, écarquillant un peu les yeux de surprise. Elle se pinça les lèvres, tout en l’écoutant. Elle resta silencieuse quelques secondes après lui, avant de finalement prendre la parole. « Merci, c’est gentil. » Commença-t-elle en le regardant, lui adressant, encore une fois, un maigre sourire. Elle ne voulait pas l’inquiéter mais son état était plutôt préoccupant. « Je ne sais même pas quoi dire… » Souffla-t-elle, baissant la tête. « Je… Je ne comprends juste pas. Pourquoi ? Pourquoi moi, encore ? » Déclara-t-elle, ne réalisant pas qu’elle venait de dévoiler que ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait, qu'elle dévoilait une part de son passé, qu'elle se confiait à lui. Lui qu'elle avait toujours fui, lui qui l'avait fait soupirer un nombre incalculable de fois, lui qui lui avait fait lever les yeux au ciel un milliard de fois. « Je cherchais juste un endroit tranquille et… » Elle s’interrompit, retenant un sanglot. Elle n'avait pas pour habitude de se montrer aussi faible mais, devant Hoon, étrangement, elle sentait qu'il ne la jugerait pas.

Il eut un sourire taquin sur le visage lorsque la jeune femme lui parla de rembourser le chocolat chaud et le cookie, non pas en lui donnant l’argent, mais en lui en payant un autre. « Si c’est une invitation à un rendez-vous futur, j’accepte volontiers. » dit-il sans perdre sa lueur taquine dans les yeux. Jia Xin n’avait sans doute pas dit ça dans l’optique de l’inviter à un rendez-vous futur mais c’était pourtant ce que ça signifiait. Cela impliquait qu’ils allaient devoir retourner ensemble dans un café pour qu’elle puisse lui payer un chocolat chaud et un cookie, il n’avait donc pas tort en considérant ça comme une invitation. Puis il ne manquait jamais une occasion d’embêter la jeune femme en détournant un peu ses mots parce qu’il savait pertinemment que jamais elle ne l’inviterait à un rendez-vous. Il suivit la jeune femme jusqu’à la table, s’assit en face d’elle et se sentit obligé de parler quand il vit sa mine triste. Ses paroles étaient probablement très éloignées de ce qu’un psychologue aurait dit dans de telles circonstances mais pour sa défense, il ne s’était jamais retrouvé dans une situation comme ça. Bien sûr, il avait déjà assisté à des lourds qui collaient un peu trop sa meilleure amie Athena, mais Athena les effrayait avant qu’ils ne pensent à faire quoi que ce soit. Ça ne signifiait pas que ça ne l’atteignait pas, mais disons que Hoon n’avait pas besoin d’autant de tact pour parler de ces choses-là avec sa meilleure amie. En temps normal, elle lui confiait ses inquiétudes sans qu’il ne le demande – c’est du moins ce qu’il pensait. Le jeune homme se mordit la lèvre, réfléchissant de longues secondes à ce qu’il devait dire, chose qu’il ne faisait pas en temps normal. « Tu sais, il faut t’enlever de l’idée que c’est à cause de toi, d’un signal que tu aurais lancé, ou d’une faiblesse un peu trop montrée, ou je ne sais quoi d’autre. Des gars comme ça – même si ça me dégoûte – il y en a partout, tout le temps, pas seulement dans les fêtes d’ailleurs. Il suffit de ne pas avoir de chance et de tomber sur l’un d’entre eux pour que ça arrive. Si ça n’avait pas été toi, ça aurait été une autre fille. Le problème ne vient pas de toi, mais de lui. » Ça, malheureusement, il ne le savait que trop bien. Puisqu’il avait tendance à séduire les filles, beaucoup de ce genre de gars l’avaient approché en pensant trouver en lui un camarade. Bien entendu, ce type de personne le dégoûtait et il les faisait vite dégager en le montrant que lui se contentait de séduire sans forcer les choses. Il prit une serviette qu’il tendit à la jeune femme. « Si pleurer te soulage, ne t’en prive pas. Franchement, j’ai pleuré tellement de fois que tu n’as pas à avoir honte de pleurer devant moi. » Il n’était pas un pleurnichard mais il était sensible, ne serait-ce qu’aux coups physiques de sa meilleure amie.

Jia Xin leva des yeux surpris vers Hoon. Un rendez-vous ? Non, pas du tout ! Ce n’était absolument pas ce à quoi elle avait pensé. « Quoi, non, ce n’est pas ça… » S’indigna-t-elle, le fixant avec des yeux perdus avant de faire volte-face et se diriger vers une table, prenant les devants et se positionnant devant le sango pour qu’il ne voit pas son trouble. Elle s’installa et récupéra sa tasse et son cookie, les plaçant devant elle. Aussitôt, elle plongea son regard dans son chocolat chaud et se perdit dedans. Elle revoyait encore son agresseur. Elle revoyait ses doigts tenir ses cheveux. Elle revoyait le regard qu’il avait posé sur elle, le sourire qu’il avait sur le visage. Si Hoon n’était pas intervenu… Un frisson la parcourut. Elle ne voulait pas imaginer la suite. L’étudiante releva la tête en apercevant Hoon dans son champ de vision. Elle était désolée d’être aussi silencieuse et distante. Même si, il était plutôt habitué à ça, elle n’était tout de même pas dans un état normal. C’était totalement différent de toutes ses fois où elle avait soupiré, agacée, où elle avait levé les yeux au ciel, désespérée. Jia Xin ne savait pas tellement quoi dire. Elle n’était pas du genre à se confier, à mettre des mots sur ce qui n’allait pas. Elle gardait constamment pour elle. Alors, devoir parler de ce qui venait de se passer… Jia Xin ne savait pas le faire. Elle en était incapable. Elle était aussi incapable de se dire que ce n’était pas sa faute. Elle avait du dire, faire quelque chose, lui envoyer des signaux. Elle avait dû faire quelque chose de mal et il l’avait mal interprété. Elle ne savait pas, elle n’était réellement pas apte à réfléchir posément. Mais Hoon était là pour la remettre sur le droit chemin, pour la réconforter, lui dire les mots qu’elle souhaitait entendre. Ce n’était pas de sa faute. Ce n’était pas elle, le problème, mais lui. Elle acquiesça simplement, et tenta de continuer à expliquer la situation mais elle s’interrompit, retenant un sanglot quand elle imagina une possible suite. Elle baissa la tête, la relevant seulement quand Hoon reprit la parole. Elle récupéra la serviette qu’il lui tendait, le remerciant du regard et le gratifiant d’un mince sourire, chuchotant un faible merci. Elle laissa s’échapper quelques larmes, qu’elle essuya avec la serviette. Elle détestait pleurer, et encore plus devant quelqu’un. « Est-ce qu’on… est-ce qu’on peut parler d’autre chose ? » Demanda-t-elle, la voix tremblante, ses doigts triturant nerveusement la serviette en papier. Elle voulait juste oublier.

Le temps était passé et entre la première rencontre de Jia et Hoon et leur relation actuelle, beaucoup de choses avaient changé. Déjà, elle ne le voyait plus comme un séducteur près à tout pour l'avoir dans son lit. Elle avait aussi vu d'autres aspects de sa personnalité que le jeune homme bavard et collant qu'il avait été au début en sa présence. Ca avait donc permis aux deux personnes de s'apprécier un peu plus qu'au tout début, bien qu'ils n'étaient qu'au tout début d'une amitié encore fragile. Néanmoins, malgré toutes les choses qui avaient pu changer dans leur relation, il y avait au moins une chose qui restait intacte : le plaisir que ressentait Hoon à taquiner la jeune femme. Bien sûr qu'il savait qu'elle ne l'invitait pas à un rendez-vous en disant ça mais qu'est-ce que c'était amusant de la mettre dans un état d'embarras ! Fier de lui, il s'assit à la table et ne tarda pas à faire de son mieux pour parler avec elle afin de partager autant que possible sa souffrance. Il ne savait pas quoi faire d'autre, ni quoi dire d'autre. Jamais jusqu'à là il n'avait vu la jeune femme pleurer devant lui et il ne s'était jamais imaginé qu'il la verrait pleurer un jour. Il était content de savoir qu'elle se sentait suffisamment à l'aise avec lui pour ne pas retenir ses larmes, mais la voir pleurer brisait quelque chose en lui. "Bien entendu !" répondit-il du tac au tac, avec un léger sourire qu'il voulait rassurant. Parler de tout et de rien - et surtout de rien - était une de ses spécialités. "Tu aimes les chiens ?" demanda t-il soudainement, sans perdre de temps. "Ces derniers temps, j'hésite à en adopter un !" expliqua t-il ensuite, en comprenant que poser la question sans aucun contexte pouvait paraître un peu abrupt.