Jia Xin n’était pas préparée à la fraîcheur de la nuit. Elle qui n’avait qu’un tshirt sur le dos, elle se maudissait de ne pas avoir pris une veste. Elle frissonna et ça n’échappa pas aux yeux du sango. La sino-coréenne releva la tête, surprise en sentant la veste du garçon sur ses épaules. Elle lui adressa un sourire timide et attrapa les pans de la veste pour les serrer contre elle. « Merci… » Souffla-t-elle. « Tu es certain que, toi, ça ira ? » Demanda-t-elle en fronçant légèrement les sourcils devant la simple chemise qu’il portait. Elle ne souhaitait pas spécialement qu’il tombe malade, et surtout par sa faute… La sango lui demanda ce qu’ils pouvaient faire dans le quartier. Après tout, il le connaissait mieux qu’elle. Elle se pinça les lèvres. « Oh, d’accord. » Fit-elle simplement en regardant les alentours à la recherche d’un endroit où aller. « Non, pas spécialement. Et toi ? » Demanda-t-elle. Elle n’avait pas pour habitude de lui retourner ses questions. Elle répondait simplement et ça s’arrêtait là. « On devrait trouver un endroit où se mettre au chaud. Tu vas attraper froid… » Dit-elle, inquiète pour la santé du sango. « Finalement, j’ai peut-être un peu soif et un petit creux… » Ajouta-t-elle en se pinçant les lèvres, tandis que son ventre se manifestait. Elle serra un peu plus la veste de Hoon contre elle, comme si ça allait masquer le bruit de son ventre.

D’un geste automatique, il hoche la tête. « Oui oui, ça ira. La chemise est quand même plutôt chaude. » Ce n’est pas un gros mensonge. C’est vrai que sa chemise est un peu chaude, mais pas assez pour qu’il ne sente pas la brise froide de dehors. S’il tombe malade le lendemain, en revanche, ce sera sans regret : il est très content de voir sa veste sur les épaules de Jia Xin.
Surpris qu’elle lui retourne la question - pourtant c’est naturel ? - il ne répond pas de suite. Et avant qu’il ait le temps de répondre, elle reprend la parole. Il éclate de rire quand elle termine sa phrase. « Tu es sûr que tu dis ça parce que tu as faim et pas parce que tu veux trouver une excuse pour nous mettre au chaud ? » demande t-il d’un ton taquin. Vu l’ordre de ses phrases, il a vraiment l’impression qu’elle prétend avoir faim juste pour qu’il rentre quelque part au chaud.
« Je ne suis pas certain qu’il y ait un café d’ouvert à quatre heures du matin, cela dit. Ou bien, ceux qui sont ouverts ne propose que des boissons mais rien à grignoter. » Ca n’est qu’une déduction, cela dit. « Qu’est-ce que tu penses d’aller dans cette épicerie prendre quelques snacks et rentrer au dortoir les manger ? » demande t-il en souriant. À cette heure-ci, les espaces communs du dortoir seront sans doute vides et ça les rapprochera aussi de leur chambre respective, pour quand ils décideront de dormir.

« Mh, si tu le dis… » Dit-elle, peu convaincue. Elle ne semblait pas vraiment épaisse, elle ne pouvait pas lui tenir réellement chaud. Mais, Jia Xin ne pouvait pas non plus lui rendre sa veste. Elle avait vraiment froid… Puis, elle était bien dedans. La sino-coréenne lui retourna sa question, ce qui n’était pas forcément habituel de sa part. Elle avait plutôt tendance à vouloir couper court à la discussion et ne pas lui poser de questions en retour. Puis, même si elle ne le faisait pas, le garçon répondait tout de même. Rien ne l’arrêtait. Jia Xin haussa les sourcils, ouvrant grands les yeux quand il éclata de rire. Qu’avait-elle dit de drôle ? Elle le regarda, interrogatrice avant de faire la moue. « Les deux. » Avoua-t-elle. « J’ai faim. Et j’aimerai être au chaud. Je suis sûre que tu vas attraper froid à force… » Dit-elle un peu timidement, replaçant une mèche de cheveux qui venait de lui barrer le visage. « Ah, je vois… » Souffla-t-elle, déçue. C’est qu’elle avait vraiment un petit creux. La jeune femme regarda dans la direction indiquée puis reposa son regard sur Hoon, un sourire aux lèvres. « Bonne idée ! Faisons comme ça. » Dit-elle en se dirigeant aussitôt vers la supérette. Elle rentra à l’intérieur et se sentit bien mieux. Il faisait bon. « Ah, il fait bien meilleur ici… » Dit-elle, plus pour elle-même que pour le garçon. Elle fit le tour des rayons et récupéra un sachet de chips et des pocky. Elle rejoignit le sango. « Tu as pris quoi ? » Questionna-t-elle, curieuse de savoir ce qu’il avait choisi. Elle posa ses achats devant le caissier avant de se tourner vers Hoon. « Tu mets aussi les tiens ? Je paie tout. » Dit-elle. Ce n’était pas grand-chose mais il était resté avec elle toute la soirée, il avait payé le bowling, le café… Elle pouvait bien payer ça.

Quand il arrête enfin de rire, il hoche la tête en la regardant. « D’accord, d’accord. Ca fait plaisir de savoir que tu t’inquiètes pour moi » affirme t-il d’un ton léger.
Puis il propose l’idée d’aller acheter quelques snacks pour les manger au dortoir, qui semble la satisfaire. Ils se dirigent donc à l’intérieur et la remarque de Jia Xin sur la température à l’intérieur de la supérette le fait sourire. Il ne sait pas s’il était supposé l’avoir entendue, alors il ne répond rien, mais elle est adorable.
Ils se séparent pour aller acheter ce qu’ils veulent respectivement. Hoon a faim, car il n’a quasiment rien mangé tout à l’heure - il a laissé le gâteau à la fraise pour la jeune femme. Il regarde donc les rayons et se rabat sur trois kimbaps moyens. Le riz devrait le caler.
Ils se rejoignent par hasard devant la caisse. Il est surpris qu’elle s’intéresse même à ce qu’il a choisi. Il n’a pas le souvenir qu’elle lui ait jamais posé autant de questions. « Juste trois kimbab pour que ça me cale un petit moment. » Ce n’est pas non plus beaucoup, mais juste assez pour avoir le temps de s’endormir et avoir faim au réveil. « Et toi... du salé et du sucré. Tu es sûre que ça se mélange ? » demande t-il avec un sourire taquin.
Quand elle propose de payer, il l’observe silencieusement quelques secondes. D’instinct, il aurait catégoriquement refusé, mais il a peur de la mettre mal à l’aise s’il paie tout. « Mh... si tu y tiens tellement, vas-y. » Il accepte uniquement parce que ça n’est pas cher. En échange, il va payer le taxi pour rentrer, car les transports en commun ne circulent pas à cette heure-ci et le trajet est trop long à pieds. Et trop risqué à une telle heure aussi.

Jia Xin s’inquiétait pour lui. ça devait fortement l’étonner, elle qui, d’habitude, ne faisait que le fuir. Elle qui, d’habitude, ne lui retournait jamais ses questions. Elle qui, d’habitude, ne lui posait pas de questions d’elle-même. Pourtant, ce soir, elle bousculait tous ses principes. Elle s’inquiétait pour lui, retournait ses questions et lui en posait d’elle-même. Ça devait l’étonner autant que ça l’étonnait elle. La sino-coréenne fit le tour des rayons, cherchant ses chips préférées. Sachet récupéré, elle s’arrêta devant des petites gourmandises sucrées. Elle attrapa des pocky et retourna à la caisse, y retrouvant Hoon. Elle l’interrogea sur ce qu’il avait pris et hocha doucement de la tête. « Hm, d’accord. Mais tu es sûr que ça va te caler ? » Demanda-t-elle en levant les yeux vers lui avant de tout déposer devant le caissier, reportant son attention sur lui. « Comment ? Tu n’as jamais essayé le mélange chips et pocky ?! » S’indigna-t-elle en le regardant. « Tu devrais essayer. » Dit-elle en acquiesçant, appuyant ses propos. « Non, en réalité… Je les mange séparément. » Avoua-t-elle, pouffant légèrement, avant de proposer de tout payer. « Oui, j’y tiens. » Affirma-t-elle en ancrant son regard au sien avant de rapidement le détourner. Elle tendit sa carte et paya la tout. Satisfaite, Jia Xin récupéra les deux petits sacs et sortit de l’épicerie. « Comment on rentre d’ici… » Souffla-t-elle à elle-même, regardant les alentours. Elle ne savait pas du tout si les lignes de bus fonctionnaient ou non, tout comme le métro…

Il acquiesce d’un mouvement de tête, toujours aussi étonné qu’elle s’inquiète de si ça va le caler ou non. Est-ce qu’elle n’est pas trop soucieuse de lui, ce soir ? se demande t-il, content à cette idée. « Oui, ne t’en fais pas. Le riz, ça cale, et ce n’est pas vraiment une heure pour trop manger. » Il prendra un petit-déjeuner très garni, en revanche, il en est certain.
Lorsqu’elle lui confie son amour pour le mélange chips x pocky, il la regarde d’un air désabusé. Il la croit totalement. Loin de lui l’idée qu’elle pourrait lui mentir pour plaisanter, ça n’est pas du tout dans ses habitudes. Alors quand elle éclate de rire, il reste perplexe encore un certain moment avant de comprendre qu’elle plaisantait.
« J’y ai cru ! J’étais en train de me dire que tu avais des goûts... particuliers ! » s’exclame t-il en riant.
Puis, Jia Xin demande de payer. Il cède parce qu’elle affirme y tenir et quand ils sortent du magasin, il lui répond : « Là, il n’y a pas d’autre choix que le taxi. Les transports en commun ne circulent pas à cette heure-ci et il est hors de question de marcher aussi longtemps de nuit et sous ce froid. » Il ne lui laisse pas le choix. Il sort son téléphone pour appeler un taxi - heureusement, la capitale est habituée et ils n’auront que dix minutes d’attente. « C’est moi qui paie » précise t-il immédiatement. « Pas de négociation possible. » Il n’impose pas ses choix d’habitude, mais là il y tient. Il sait qu’il a plus d’argent qu’elle, alors ça coule de source pour lui.

Jia Xin lui posait beaucoup de questions, ce soir, et s’inquiétait assez. Ce n’était pas dans ses habitudes mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. La sango hocha simplement de la tête à sa réponse. C’est vrai qu’il ne fallait pas trop manger le soir. C’était d’ailleurs pour ça qu’elle n’avait pris que des chips et des pockys, rien de plus. Pas très healthy mais tant pis. Faisant une blague à Hoon, elle se retint de pouffer de rire jusqu’à lui dévoiler qu’elle ne mélangeait absolument pas les deux. Quelle drôle d’idée ! ça ne la tentait absolument pas, d’ailleurs. « Très particuliers… » Ajouta-t-elle en riant à sa suite avant de demander à payer. Elle y tenait, vraiment, et le garçon la laissa faire. Satisfaite, elle paya avec un sourire et récupéra les sacs. Elle sortit de la supérette et elle était bien contente d’avoir la veste de Hoon sur le dos. « Oh vraiment ? D’accord… » Dit-elle, lèvres pincées en observant les alentours. Elle pensait que ça fonctionnait un peu plus longtemps, mais soit. Elle le regarda sortir son téléphone et appeler un taxi. Il semblait avoir l’habitude. Elle, non, pas du tout. Elle se déplaçait toujours en transports en commun, à pied ou à vélo, jamais en taxi. Parfois son père la déposait mais c’était rare, il avait autre chose à faire. « Quoi ? Mais… » Commença-t-il mais il l’interrompit. Pas de négociations possibles. Elle se renfrogna et croisa les bras. Le taxi ne mit pas longtemps à arriver mais assez pour que Jia Xin gèle sur place. Elle fut ravie de voir le véhicule s’arrêter devant eux et s’engouffra rapidement dans l’habitacle chaud. Elle indiqua l’adresse du dortoir au chauffeur. De nuit, ça roulait vraiment bien et les deux sangos arrivèrent assez rapidement à destination.

Pendant qu’il appelle le taxi, il précise qu’il est hors de question qu’elle paie le trajet. Il sent que cette interdiction ne plaît pas forcément à la sango - le silence retombe juste après ça - mais il lui est inconcevable qu’elle paie le trajet. Il aurait l’impression d’abuser d’elle. Il a sans doute plus profité de la soirée qu’elle et il a aussi plus d’argent qu’elle. « Le taxi devrait arriver d’ici dix minutes » annonce t-il à voix haute, sans attendre forcément de répondre. Il espère qu’elle n’est pas vraiment énervée, mais même si c’est le cas, il ne regrette pas sa décision.
Finalement, le taxi arrive. Elle se jette dedans, sans doute pour se réchauffer vu comment elle tenait fermement sa veste contre elle durant le temps d’attente, et Hoon la suit. Il indique l’adresse au chauffeur. Le trajet se déroule calmement et lorsqu’ils sont arrivés, Hoon paie avant de sortir.
« Allons nous réfugier à l’intérieur du dortoir chauffé » dit-il en souriant dès qu’il est sorti du taxi. Il fait encore plus froid maintenant que tout à l’heure. Rapidement, ils sont à l’intérieur. « On va dans le séjour ? » propose t-il en prenant la direction de ce dernier. Il s’assied sur le large canapé. La pièce est vide et l’endroit est totalement silencieux, rien de surprenant vu l'heure.