J’observe du coin de l’œil Jae, toujours affairé à sa tâche alors qu’il prend son temps. Je lève les yeux au ciel, plus amusé que réellement agacé par son comportement. Je ris doucement, silencieusement en croisant le regard de Ye Won. Je n’en peux plus de lui ! A croire qu’il fait exprès de faire durer ce moment. A-t-il pu remarquer quelque chose ? Entre mon attitude et les vêtements de Ye Won, j’ai peur qu’il comprenne. Je suis peut-être un peu fou, mais je n’ai pas envie de me lancer dans des explications. Loin de moi l’idée de tout leur cacher. C’est juste que tout est trop flou. Je ne sais pas ce que nous sommes en train de faire. Jouer ? Peut-être, n’est-ce que ça au fond. Mais je refuse d’y penser maintenant. Me reculant un peu, j’écoute Jae parler de son baume. Et je perds une nouvelle fois patience. Sérieusement, il veut vraiment faire ça maintenant ? Je finis par lâcher « On croirait que ça te plait d’être dans la même pièce que moi alors que je prends ma douche. » une petite taquinerie qui ne manque pas de le faire rire. Au moins, il se presse un peu plus et finit enfin son numéro. « Ferme la porte ! » parce-que je suis certains qu’il serait capable de l’oublier. Je n’ai pas envie de sortir de la douche. Alors je reste encore, me disant que de toute façon cet instant est un peu gâché en quelque sorte. Je n’en veux pas à Jae, il ne pouvait pas savoir. Puis je profite encore de la présence de Ye Won à mes côtés. Passant mes bras autour de sa taille pour la garder précieusement pour moi « J’ai cru qu’il nous lâcherait jamais. » sourire aux lèvres, je n’attends pas plus longtemps avant de venir déposer un baiser sur sa bouche mouillée. Je sais qu’on ne devrait surement pas en profiter autant, parce-que le retour à la réalité pourrait être difficile. Et j’ai peur subitement… qu’elle s’éloigne, qu’elle ne réalise que tout ça ce n’était qu’un bref moment. Comme un amour de vacances, un joli souvenir mais qui ne dure pas. Hum… je n’ai pas envie de penser à ça. Pas maintenant, alors je chasse une nouvelle fois mes idées et me recule pour enfin me laver. Je ne prends que quelques minutes, avant de me rincer. Coupant l’eau lentement, je sors de la cabine rapidement pour prendre une serviette propre et enrouler moi-même Ye Won à l’intérieur. Taquin, je prends même le temps de venir la frotter pour la sécher. J’aime cette proximité, ces petites attentions que je lui porte. Je ne force pas. J’aime partager ces moments, en profiter pour être avec elle. Tous ces gestes m’ont manqués, ce quotidien qui était à nous. Je n’arrive plus à me sentir dépassé. J’ai l’impression qu’enfin je peux m’apaiser le temps d’une soirée. Me séchant à mon tour, je passe la serviette dans mes cheveux et secouer la tête. Lorsque je termine, je vais chercher le sèche-cheveux et incite Ye Won à me tourne de nouveau le dos. Et une fois de plus, je prends le temps. Je profite, laissant mes doigts se mêler à ses cheveux bruns pour les sécher. Et tandis que je laisse la chaleur nous enrober, je m’approche d’elle pour venir lui demander à l’oreille « On dort ensembles ? » parce-que j’en crève d’envie. Je n’ai pas envie qu’elle aille dans sa chambre et moi la mienne. Je voudrais pouvoir passer cette dernière nuit au Japon avec elle. « Je resterais sage… » ponctue-je en laissant mes lèvres frôler son lobe. 

C’est frustrant quelque part, de te retrouver coincée comme ça, sans pouvoir bouger ni parler. Devoir être la plus discrète possible pour que votre ami ne remarque pas ta présence. T’aurais envie de rire pourtant, à l’entendre parler. Il ne doit se rendre compte de rien, sinon tu ne penses pas qu’il serait resté. Mais tu te permets de garder un doute raisonnable , sait-on jamais. Un léger sourire qui se dessine sur tes lèvres, alors que Jae se décide enfin à partir. T’en profites pour l’enlacer, même si ce moment a été quelque peu gâché. Pourtant, ça n’enlève pas le bonheur que tu peux ressentir, d’être aussi proche de lui. Ca n’enlève pas non plus ce sourire sur tes lèvres, ni même ce rire en réponse à sa remarque. « J’y ai cru aussi. » réponds-tu simplement, profitant de son contact contre toi. Tu te sens bien, ça se voit. Tu le laisses se laver à son tour, observant ses gestes, en profitant pour savonner son dos à ton tour. Une proximité perdue il y a bien longtemps, mais qui reprend place lentement entre vous. Ca donne de l’espoir, ça laisse entrevoir la lumière, et c’est tout ce dont tu avais besoin, en fin de compte. Cette douche se termine plus rapidement que tu l’aurais cru, alors que vous sortez finalement de la cabine, Il Kyang t’enroulant rapidement d’une serviette. Ce n’est pas la première fois, que vous prenez une douche ensemble, pourtant, t’as l’impression qu’il n’a jamais été aussi attentif à ton égard. Ca te surprend autant que ça réchauffe ton coeur. Parce que tu trouves qu’il est plus doux encore avec toi qu’avant. Peut-être plus entreprenant, ou alors c’est un aspect de lui que tu n’avais pas remarqué. Voilà qu’il se décide à sécher tes cheveux, tu lui tournes le dos, pourtant ta tête reste légèrement tournée vers lui. T’as du mal à le quitter des yeux. Tu mentirais en disant que tout ça ne t’a pas manqué, au contraire. Tu l’attendais quelque part. Tu espérais pouvoir le retrouver au fond de toi. Même s’il n’y a rien de clair entre vous, qu’il serait impossible de mettre un mot sur ce que vous êtes. Tu ne veux pas y penser, chasse simplement cette idée de ton esprit, profitant simplement de sa présence. Sa question te surprendrait, pourtant, t’aimes cette idée, à tel point que tu ne saurais la refuser. Dormir dans ses bras une nuit de plus, tu ne pourrais pas t’en priver. Tout son être t’as bien trop manqué pour ça. Tu te retournes vers lui, une certaine malice dans le regard. « T’es vraiment sûr que tu vas rester sage ? » Tu te mets à nouveau dos à lui, pour qu’il puisse continuer de sécher tes cheveux. « Je sais pas pourquoi, j’ai un doute… » souffles-tu dans un rire, léger. Une fois qu’il a fini, tu te décides à quitter la pièce, attrapant sa main pour qu’il te suive. Tu récupères d’un geste tes affaires, et observe aux alentours avant de partir en direction de ta chambre, le plus discrètement possible. La porte qui se referme derrière vous, et tes lèvres qui se posent sur les siennes, brièvement. Un baiser volé, avant que tu ailles enfiler ton pull, ce côté naturel qui se dégage de toi. Comme si rien n’avait changé, quelque part, que de vieilles habitudes reprenaient doucement mais sûrement place entre vous. Alors t’en profites, autant que possible. Sans penser que dans quelques heures, il faudra rentrer.

Douterait-elle de moi… je garde un sourire, espiègle et sous-entendu. Peut-être que j’aurais du mal c’est vrai. Mais comment lui résister alors que je récupère peu à peu mes droits auprès d’elle. Je suis maso je crois, car j’ai compris qu’elle est celle qui me rendra le plus heureux comme celle qui me rendra surement le plus malheureux. Mais j’ai passé des épreuves, prit sur moi et me suis battu pour gagner ma place. Alors oui c’est vrai, je ne m’y suis pas bien prit mais ce qui compte au final c’est ce résultat. Avec nostalgie je repenserais à ce jour sans y voir les mauvais côtés. Je veux qu’on y croit tous les deux, qu’on essaye et on verra bien où cela nous mènera. Lorsque je coupe le sèche-cheveux, je récupère mes vêtements et la laisse me conduire jusqu’à sa chambre. Cette fois, je n’ai plus rien pour parasiter mon esprit. Notre bulle se referme doucement sur nous, et j’aime cette sensation. Me dire que tout nous appartient. Je me laisse prendre à ce jeu encore une fois, laissant les soucis, tout comme les lendemains plus difficiles. Je n’ai pas envie de retrouver ma vie, de devoir à nouveau travailler, aller à ces petits jobs que je déteste tout comme ces études qui me perdent. Mais peu importe, si elle est là peut-être que je penserais différemment. Alors je prends mon temps, me délecte de ces instants précieux. Enroule mes bras autour d’elle pour retrouver sa chaleur. Sa bouche, son odeur… je m’imprègne de chacun d’eux pour les graver sur moi. Sur ma peau, dans ma mémoire… et je renoue avec ces sensations, celles que j’aimais tant et dont je suis devenu accro. Peut-être qu’encore une fois je n’ai pas su rester sage, mais c’est paisible que j’ai trouvé le sommeil auprès de celle qui me manquait…


Le réveil matinal aurait pu me mettre de mauvaise humeur. Mais j’ai gardé ce sourire, tous ces moments dans ma tête alors que je faisais mes valises. Avec les autres nous avons rejoint l’aéroport sur une note plus joyeuse. Des rires, des moqueries, des histoires qu’on se racontait. Je ne regrette rien et c’est le cœur léger que je quitte ce pays. Le voyage s’est passé en toute tranquillité à côté d’elle et de Kitae. Comme à notre arrivée, mais plus apaisé. La Corée m’avait presque manqué, et même si je me sentais bien, c’est avec tristesse que j’ai laissé mes amis derrière moi. Min et Jae… des accolades en se promettant de se nous revoir vite. Que désormais on serait lié quoiqu’il arrive. Le quotidien n’aura plus raison de nous, c’est du moins ce qu’on essaie de croire en rentrant de nouveau chacun vers nos vies. Partageant le même taxi avec Ye Won, je n’ai cessé de discuter avec elle, de rire et parfois laisser mes doigts trouver les siens. C’est comme un ado amoureux que je l’ai laissé rentrer dans sa chambre et retrouver la mienne. Un sourire sur les lèvres, je me suis laissé tomber sur mon lit, mon téléphone en main pour regarder ces photos de nous deux… bon sang, que c’était dur d’en arriver là où nous en sommes. Je le sais, je ne sais pas comment nous nous comporterons en nous revoyant. Je meurs d’envie déjà de lui reparler et comme un gamin, j’ai trouvé l’excuse de lui envoyer les photos pour poursuivre nos échanges. Comme si j’avais besoin de ça pour me justifier. Puis une fois passé ces euphories, j’ai retrouvé mes habitudes, mon ordinateur et ma musique.

Cette dernière nuit a été paisible, réconfortante quelque part. Tout autant qu’elle a pu être reposante, alors que tu as pu la passer dans ses bras. Il ne t’aura pas fallut beaucoup de temps, pour trouver le sommeil, ni même de ces cachets que tu aurais avalés depuis longtemps s’il n’était pas venu avec toi. Vos corps collés l’un à l’autre dans ce petit lit, t’y as trouvé ta place sans encombre, ce sourire aux lèvres n’ayant pas su te quitter. Parce qu’une fois de plus, il était là, tout contre toi. Tu as pu, une dernière fois, savourer un instant que tu garderas secret, tapis dans l’ombre. Sans avoir à donner d’explications, sans te sentir forcée d’exprimer ce qu’il se passe en toi, lorsqu’il est avec toi. Et ça te soulage, quelque part. Ca te fait du bien de penser que vous pouvez enfin vous retrouver, qu’importe le temps que ça prendra, qu’importe la force que tu devras y mettre pour effacer ce passé encore douloureux. T’en as réellement envie, besoin, pour savourer pleinement ce bonheur nouveau qui s’offre à toi. Alors tu te laisses bercer par ces songes, et t’endors paisiblement dans ses bras.

Le réveil a été facile, sans encombre. Une certaine discrétion à avoir, mais à laquelle tu n’as pas vraiment pensé. Dans une bonne ambiance qui vous ressemble, vous avez fait vos valises, t’as pris le temps de vérifié que rien ne soit oublié, et votre chemin vous a conduit vers l’aéroport. Un trajet bien plus rapide qu’à l’aller, alors qu’Il Kyang est resté à tes côtés. A la différence que ce retour se passe mieux, sans disputes, sans larmes aux yeux. Même s’il est temps de retourner à cette vie parfois morose, tu gardes simplement en mémoire ces instants qui réchauffent ton coeur. Qui permettront de dire que ce séjour a été unique, à sa manière. Après tout, sans ces quelques jours loin de la capitale séoulite, vous n’en seriez pas là, avec Il Kyang. Vous n’auriez certainement pas passé cette nouvelle étape. T’aimes à penser que finalement, vos amis ont eu une bonne idée de vous y trainer tous les deux, même si ce n’était pas gagné d’avance. Des valises que chacun récupère, un au revoir qui provoque ce léger pincement au coeur. T’as hâte de les retrouver, certainement pour un autre de ces séjours que vous vous promettez. Qui sera très certainement plus joyeux encore, plus profitable à chacun de vous. Une dernière accolade à Min, ainsi qu’à Jae. Quelques mots échangés avec Kitae, vous promettant de vous revoir rapidement. Et te voilà embarquée dans ce taxi pour rentrer au dortoir. Il Kyang assis à côté de toi une nouvelle fois. Continuant ce petit jeu auquel tu prends goût, davantage encore. Parce que ce retour à la réalité est moins difficile que tu ne l’aurais cru, il te laisse penser que vous allez vous retrouver, tous les deux, dans peu de temps. C’est cette conviction qui te laisse le quitter devant la porte de ta chambre, un sourire sur les lèvres. Et comme tu t’en doutais, ton téléphone ne mettra pas bien longtemps à sonner, laissant son prénom s’afficher pour continuer ces échanges, continuer de partager un peu de ces bons moments que vous avez pu vivre, rien que tous les deux. C’est le coeur un peu plus léger, que tu prends cette journée comme elle vient. L’espoir futile que tout va s’arranger, enfin.