tenue// Un soupire, un message que tu effaces, pour le réécrire une troisième fois. Mordillant tes ongles, ton regard reste figé sur l’écran de ton téléphone. Les mots qui s’affichent pour se supprimer quelques secondes plus tard, alors que tu tournes en rond dans cette pièce. Ca ne devrait pas être si compliqué, pourtant. Pas après ces derniers jours à Sapporo. Ni même après ces moments volés depuis votre retour. Mais tu hésites, ne trouve pas le courage de lui envoyer ce message, pas encore. Tu jettes ton téléphone sur ton lit, t’assois sur ta chaise, deux minutes tout au plus, avant de retourner fourrer ton nez sur cet écran. Et ça recommence, de longues minutes. Est-ce si difficile que ça, de lui dire que t’as simplement envie de passer un moment en sa présence ? Il faut croire, et tu te trouves stupide à faire ça. Alors, tu cherches une excuse, en vain. Au bout d’un moment, tu récupères tes cigarettes, enfile une veste pour sortir dehors. Peut-être que l’air frais te fera du bien, laissera ces idées folles s’échapper de ton esprit. Tu descends rapidement, ne fais pas vraiment attention aux personnes présentes au dortoir, et tu pars t’installer sur la terrasse. Il ne te faut pas bien longtemps avant qu’une épaisse fumée blanche s’échappe d’entre tes lèvres. Toujours scotchée à ton écran, tu relis ces derniers messages échangés, bien qu’ils ne changeront rien à ce qu’il se passe au fond de toi. Il Kyang te manque, un peu plus encore à chaque seconde. Et même si les rares fois ou vous vous retrouvez, il laisse son odeur sur tes draps, cette fois, t’aimerais simplement passer un moment avec lui, sans arrière pensée. Sans avoir à céder à cette tentation. Pourtant, tu restes encore incapable de lui dire ce que tu ressens exactement, ce qui traverse ton esprit à chaque fois qu’il est là, ou qu’il s’éloigne. Ca ne te ressemble pas tout ça, mais c’est plus fort que toi. Prenant une grande inspiration, tu oses finalement appuyer sur le bouton envoyer. Quelques mots à peine, une question. « Tu fais quoi ? » Tu regretterais presque maintenant que c’est fait, mais tu ne peux plus revenir en arrière. Alors tu oses enfin, n’ayant pas vraiment trouvé d’excuse valable pour le faire venir, si seulement il le voulait. « J’aurais besoin d’aide pour un truc… Si t’as du temps. » Deuxième message envoyé, ta main qui passe sur ton visage. Tu écrases ta cigarette, remonte finalement dans ta chambre, aussi vite que tu n’es descendue. La porte que tu fermes brusquement, alors que tu t’écroules dans ton lit. Tu n’oses pas regarder s’il t’a répondu, préfère enfouir ta tête dans ton oreiller. Comme si tu retournais à tes dix sept ans, ton coeur battant à tout rompre. Tu te demandes encore ce qui a bien pu traverser ton esprit à lui envoyer ça, même si au fond de toi, tu sais que t’as simplement besoin d’être avec lui. Pouvoir l’enlacer, te blottir contre lui. Sans réelle raison, juste parce qu’il te manque. Mais à vous voir depuis votre retour, vous n’êtes rien de plus que des amants, vous retrouvant tard dans la nuit pour partager un moment charnel. T’as très certainement envie de plus, mais les doutes restent là, au fond de toi. Te laissant te complaire dans ce que vous êtes. Des minutes qui paraissent être une éternité, jusqu’à finalement entendre la porte de ta chambre s’ouvrir. Tu penses bêtement voir ta colocataire arriver, mais il n’en est rien, alors que tu découvres rapidement Il Kyang apparaître devant toi. Une certaine surprise, un soulagement aussi, quelque part. Même si tu te sens d’autant plus stupide, alors que tu n’as trouvé aucune excuse à sa venue, et que tu aurais du mal à lui avouer, que t’as simplement envie de passer un moment en sa compagnie. « Salut » oses-tu à peine murmurer, te relevant finalement pour t’installer en tailleur sur ton lit. Une mèche de cheveux que tu coinces derrière ton oreille, alors que ton regard le fuirait presque, une certaine gêne sur tes traits. « J’pensais pas que tu viendrais si vite. J’t’ai pas dérangé au moins ? Ca … ça pouvait attendre tu sais. »

« Je t’ai tout envoyé. Tu me diras ce que t’en penses. Demain tu viens me chercher après les cours ? » « Tu bosses pas ? » « J’ai été viré… » Je grimace, le téléphone toujours accroché à mon oreille. Rangeant mes affaires dans mon sac, je finis par mettre le haut-parleur et le dépose sur la table. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » « Bah je suis pas allé bosser depuis des jours… » Je le regretterai presque si je n’avais pas terminé déjà deux musiques entre temps. D’ailleurs Kitae ne dit rien, je sens presque un sourire silencieux se dessiner sur ses lèvres. Je le sais, je le connais il est heureux que je passe autant de temps à bosser sur notre musique. Deux chansons finis en quelques jours et je viens de lui en envoyé une nouvelle il y a à peine vingt minutes. Finalement, il ne rebondit par sur mon licenciement. Je trouverais bien un autre petit boulot à la con pour payer mes fins de mois. Je ne m’inquiète pas. Aujourd’hui j’avais loué la salle de musique pour changer un peu d’environnement. J’en avais un peu marre d’être enfermé dans ma chambre. « Bon j’écoute ça et je te fais mes retours. Cet aprem t’es libre ? » « Non, je dois finir un devoir à la con. Le genre de truc super important où faut avoir une bonne note. » Je lève les yeux au ciel, pas convaincu par cette chose qui me reste à faire. Kitae se marre et se moque de moi avant qu’on finisse par raccrocher. Mes affaires sous le bras, je croise les prochains étudiants qui ont réservés la salle avant de parcourir à nouveau les couloirs. Ma guitare sur le dos, mon sac à l’épaule, je m’arrête quelques minutes devant le distributeur pour me prendre une boisson et une cochonnerie à manger. Je ne suis pas motivé à faire ce devoir, j’ai pris tellement de retard dessus. Je déteste cette matière, l’histoire de la musique… franchement est-ce que c’est le genre de chose qui m’aide à savoir jouer d’un instrument ? Je soupire, tout en attendant ma boisson. C’est à ce moment-là que je sens mon téléphone vibrer… le prenant aussitôt un large sourire étire mes lèvres lorsque je vois apparaitre le prénom de Ye Won. Elle me demande ce que je fais... vraiment ? Depuis que nous sommes revenus du Japon entre elle et moi c’est un peu… différent. Je ne peux pas dire que j’ai à me plaindre, on se voit… quelques fois, mais jamais on ne parle vraiment. On échange des sourires, des regards qui en disent long avant de céder chacun. Au final, on a fini par devenir des amants… et je ne sais toujours pas si cela me convient. Est-ce qu’elle me demande ça pour qu’on se retrouve encore une fois ? Là tout de suite maintenant ? Je fais la moue puis récupère mes affaires. Un second message apparait… j’arque un sourcil interloqué, sans vraiment prendre le temps de réfléchir. Je ne réponds pas, déjà trop convaincu pour aller la voir. Je sais, c’est stupide ! Mais entre faire mon devoir et aller la retrouver… le choix est vite fait. Alors il ne m’en faut pas plus pour accélérer le pas et retourner jusqu’à ma chambre. Arrivé là, je prends le temps d’enfiler un truc plus recherché qu’un sweat. Mais alors que j’enfile mon pull, mon téléphone se met à sonner. Convaincu qu’il s’agit de Ye Won, je décroche aussitôt un sourire aux lèvres « Allo ! T’es… Ah Sawan… » Mince, je ne m’attendais pas à ce que ça soit elle. Instinctivement je grimace, cherchant déjà une excuse pour me sortir de là. « Euh… désolé j’ai pas le temps là. On peut se rappeler plus tard. » Je sais que je ne devrais pas mais… je raccroche aussi vite. C’est compliqué… depuis des semaines elle et moi on ne se parle plus vraiment. Enfin… j’ai essayé, puis il y a eu le Japon et les choses ont changés dans mon esprit. J’ai du mal à aller vers elle. Je ne sais pas… je trouve subitement notre relation un peu malsaine. Alors qu’avant elle ne me posait aucun problème. Je n’ai pas vraiment pesé le pour et le contre dans tout ça. En réalité, je n’ai pensé qu’à moi et au fait que je trouvais ça mieux qu’on s’éloigne un peu. En dehors de ça… je n’ai pas envie de me prendre la tête avec elle. Alors, je passe à autre chose, bien vite rappelé par ce que je vais faire. Il me faut peu de temps finalement pour arriver à la chambre de Ye Won. Ayant pris une mauvaise habitude de rentrer sans frapper… je la retrouve sur son lit. Je me sens un peu bizarre tout à coup, ne sachant pas trop ce que je fais là. Est-ce qu’elle m’a appelé pour qu’on couche simplement ensembles ou… je n’en sais rien. Alors je croise les bras sur mon torse et sourit « Salut ! » j’ai l’air d’un gosse surement qui ne sait pas trop faire quoi de son propre corps. En fait, je ne sais pas comment je pourrais lui dire bonjour. Une accolade, la prendre dans mes bras, une bise, ou alors ais-je le droit à plus ? Au final, je reste éloigné « Oh non t’inquiètes pas. J’avais rien à faire. » je mens. J’ai un devoir long comme un bras à préparer pour demain, mais elle n’ait pas obligé de le savoir. M’avançant d’un pas, je laisse mes bras retomber le long de mon corps avant de passer une main dans mes cheveux « T’avais besoin d’un truc ? » on a l’air de quoi tous les deux ? On dirait deux gamins qui se voient pour la première fois. C’est un peu bizarre, surement qu’il fait encore jour dehors. D’habitude lorsqu’on se voit, c’est en pleine nuit, après les emplois du temps de chacun. 

Tu ne pensais pas le voir arriver si vite, tu ne pensais pas le voir venir surtout. Un sourire que tu dissimules, bien malgré toi. Tout est étrange depuis votre retour. Votre relation a changé, c’est certain, mais au final, tu ne sais plus quoi penser. Est-ce que vous étiez voués à ça ? Devenir de simples amants qui se retrouvent tard dans la nuit ? Ce n’est pas vraiment ce que tu espérais au fond de toi. T’aimerais un peu plus que ça, même si l’idée même de former à nouveau un couple te terrifie. Peut-être que quelque part, t’y trouves ton compte. Tu peux passer du temps avec lui, le retrouver, passer quelques heures dans ses bras. Mais il est loin le temps ou vous passiez des nuits entières à parler de tout et de rien à la fois. Simplement pour le plaisir d’être ensemble. T’avais simplement à te blottir contre lui, dans ces moments d’une sincérité certaine, qui laissait vos peurs et vos rires se mêler. Et c’est certainement ça qui te manque le plus, en ce moment. Ce dont tu aurais besoin pour voir un peu plus d’espoirs encore naître en toi. Mais comment lui dire ? Les mots restent coincés, une part de toi restant terrifiée à l’idée qu’il puisse te briser le coeur une seconde fois. Une part qui prend encore trop de place, qui parfois encore, prend le pas sur le reste, même si tu ne le veux pas. Même si tu tentes du mieux possible de t’en détacher. Ce n’est pas une nuit à la volée qui arrangera les choses, certainement pas. Mais quoi alors. Tu te le demandes encore, même si cette question s’échappe alors que sa voix te ramène à la réalité. A vrai dire, tu n’as aucune excuse. T’as envoyé ce message au hasard, espérant au fond que ça le ferait venir. Et maintenant, t’es coincée dans un mensonge stupide, digne d’une adolescente de quinze ans. Tu te sens terriblement stupide, alors qu’il faut que tu trouves quelque chose à dire. Tes lèvres qui se pincent, sans savoir quoi dire. « Hmmm… Ah oui… » Ton regard qui vagabonde discrètement à travers la pièce, jusqu’à tomber sur ton ordinateur, encore allumé sur ton bureau. Tes devoirs qui attendent encore et encore d’être fait. Tu devrais bosser sur des exemples de contrats qui ne t’intéressent pas le moins du monde, et au lieu de ça, Il Kyang est devant toi, et tu ne sais pas quoi inventer comme excuse après lui avoir demandé de venir. Ca en serait presque pathétique, et pourtant. « J’ai effacé un devoir sans faire exprès et … J’me demandais si tu connaissais pas un logiciel pour le récupérer. » C’est l’excuse la plus minable que tu pouvais sortir, et pourtant, elle finit par être dite, bien malgré toi. T’aurais presque envie de disparaître à cet instant, alors qu’il doit déjà se douter que tu le mènes en bateau. Tout ça pour quoi ? Simplement pour le voir lui, sans avoir à finir dans un lit. C’est puéril, ça ne te ressemble pas. Tu te demandes pourquoi tu n’as pas simplement été capable de lui dire clairement que t’avais juste envie de passer quelques heures en sa compagnie. A croire que même ça, c’est trop difficile pour toi. Et t’en aurais presque honte à cet instant précis. Pourtant, il faut faire avec. Maintenant qu’il est là, tu ne peux plus revenir en arrière.

J’arque un sourcil intrigué… m’a-t-elle vraiment fait venir ici pour que je récupère un fichier perdu ? Je ne sais pas… je trouve ça un peu étrange, mais une part de moi se refuserait presque à croire autre chose. Je trouverais ça presque prétentieux si je disais que c’était pour qu’on se voit… ais-je le droit de penser ça ? Je ne sais pas, je reste quelques secondes à la regarder du coin de l’œil. Peut-être pour essayer d’y trouver ma réponse. Je n’insiste pas longtemps cela dit, me redressant pour aller déjà à son ordinateur. « Hum, ça tombe bien j’ai déjà fait ça. » Je tourne le visage vers elle, un sourire aux lèvres. J’hésite un peu à lui dire que je ne suis pas un pro en informatique. En vrai à part les logiciels de mixe, je ne connais pas grand-chose à ces trucs-là. Heureusement pour elle il m’est déjà arrivé de perdre des chansons que j’étais en train de composer. Alors j’avais fait des recherches longues et interminables pour trouver des logiciels qui me permettaient de les récupérer. Malgré mon air amusé, je ne dis rien, tirant la chaise pour venir m’assoir tranquillement. Ça me fait bizarre d’être ici à nouveau et surtout en pleine journée. Me dressant, j’observe son ordinateur avant de lever les yeux vers elle. « Il s’appelait comment ton fichier ? », malgré moi je garde un sourire accroché à mes lèvres. Je ne peux pas m’empêcher de croire que c’est une excuse bidon pour qu’on… passe un moment ensembles. Est-ce que je lui manquais ? Cette idée me plait, un peu trop d’ailleurs, alors que je détourne mon attention pour cacher mon expression. J’aimerais me dire que c’est vrai. Qu’elle voudrait passer plus de temps avec moi et pas seulement pour qu’on… couche ensembles. Je ne sais pas… pourtant des mecs seraient heureux à ma place. Avoir juste une « sexfriend » avec qui on ne partage aucune prise de tête, pas de décision, pas de sortie… il n’y que les bons côtés. Seulement, j’ai connu plus avec Ye Won et c’est ce tout que j’aimerais retrouver. Moi j’aimais nos chamailleries, ne pas être d’accord sur un sujet, bouder chacun dans son coin. Ça avait son charme je crois… mais ce qui me manque le plus c’est de pouvoir sortir avec elle. Juste aller boire un café, caresser sa main devant le reste du monde. Leur montrer qu’elle m’appartient et que pour rien au monde je ne voudrais échanger cette femme… au lieu de ça… on se retrouve en cachette, on ment au reste de nos amis. Je ne compte plus les fois où Kitae m’a posé des questions à notre sujet. Chassant mes idées, je me concentre de nouveau sur ma tâche, allant chercher dans la barre de recherche le logiciel qui permet de récupérer les fichiers. Tandis que je lance le téléchargement « ça a été ta journée aujourd’hui ? » je relève brièvement les yeux vers elle. Ne sachant pas trop ce que je peux dire ou non. En vérité, je me sens gêné… c’est bizarre. C’est comme si c’était la première fois qu’on se retrouvait seul. Alors que nous avons été habitués à bien plus que ça… Une fois le téléchargement finis, je lance l’application pour tout installer… comme n’importe qui pourrait le faire. « Bon, bah j’ai qu’à faire la recherche et faut attendre… ça peut prendre du temps. » je me tourne vers elle, toujours assit sur sa chaise de bureau. J’hésite soudainement à me lever, mais je lui demande « Si tu veux, je reviens plus tard quand ça se termine.. » est-ce que je cherche à fuir ? Non pas vraiment. En fait, je cherche à ce qu’elle me retienne. Je crois que j’ai envie de savoir si c’était une fausse excuse ou pas. Je m’en doute mais l’entendre me le dire serait surement plus plaisant. Alors je me lève, pousse la chaise et m’apprête à partir. « Tu dois avoir pas mal de devoir vu ce qu’il avait d’ouvert sur ton pc. » je lui jette un regard teinté d’espièglerie. « Je vais te laisser bosser. » aller Ye Won, dis-moi que tu voulais qu’on reste tous les deux.

Il y a une part de soulagement, lorsqu'il te dit connaître un logiciel pour récupérer un fichier effacé. Tu te doutes qu'il aurait mieux fallu demander à un étudiant en informatique qui traine dans le dortoir, il y en a quelques-uns, mais il fallait que ça tombe sur lui. Une excuse stupide qui tourne en boucle dans ta tête, à te demander comment t'as fait pour en arriver là. Tu n'as jamais agis de cette manière, avec qui que ce soit. Alors sans un mot, tu l'observes s'installer à ton bureau, commencer à pianoter sur le clavier de ton ordinateur. Tu n'oses même pas répondre à ses sourires, tu te sens trop bête pour ça. Tu préfères mordiller tes ongles nerveusement, tout en le regardant faire, de loin. "Le nom du fichier ? Euuh... Normalement c'était devoir 5 c.a." Rien de plus que le nom d'un devoir que t'as rendu la veille, qui te revient en mémoire. Ça appuie l'hypothèse que tout ça pourrait être vrai. Tu l'espères tout du moins, même s'il doit clairement savoir que tout ça n'a rien de vrai. Tu t'en veux quelque part, d'agir de manière aussi immature, simplement pour qu'il soit dans la même pièce que toi. Sa question te fait relever ton regard sur lui, un léger sourire osant finalement se dessiner sur ton visage. "La routine... Que des cours barbants... Et toi ?" oses-tu lui demander. Et t'as le sentiment que ce qui se passe à cet instant est encore plus bizarre que d'habitude. Tu ne sais pas comment te comporter, quoi lui dire, alors qu'au final, c'est toi qui l’as fait venir ici. Tu te maudis intérieurement de ça. Il y a finalement tant de gestes que tu t'interdis, parce que t'estimes ne pas avoir le droit. Tu sais dans le fond que tu le fais attendre. Mais attendre quoi ? Vous avez beau fini par vous expliquer, à aucun moment, vous n'avez discuté de ce que vous vouliez réellement. T’appréhendes aussi, cette discussion. T'appréhendes beaucoup de chose, dans le fond, mais encore une fois, tu ne saurais l'exprimer. Sait-il à quel point c'est difficile pour toi d'admettre qu'il t'a autant manqué, que tu espères au fond de toi retrouver ce que vous étiez, même si la peur te paralyse encore. Qu'elle t'empêche d'accepter cette finalité-là. Ta tête qui se secoue légèrement pour reporter ton attention sur lui, alors que tu remarques qu'il a lancé la recherche. Voilà qu'il est prêt à partir, te laisser seule. As-tu fait tout ça pour qu'il ne reste que quelques minutes à peine ? T'en serais toi-même déçue. Une grimace que tu tentes de cacher à ses mots. "J'essayais juste de prendre un peu d'avance." Un mensonge de plus, tête baissée, trouvant le sol d'un seul coup bien plus intéressant que le reste. Pourtant, après un long soupire, tu oses poser ton regard sur lui, mordant l'intérieur de ta joue. "Tu ... veux rester un peu ? En attendant que ça termine la recherche ?" T'aurais envie de hurler contre toi-même, et au lieu de ça, tu restes là, sans oser bouger. Attendant simplement une réponse de sa part, espérant au fond de toi qu'il accepte. Même avec ces débilités que tu déblatères depuis quelques minutes déjà.

« Les cours, la musique… rien de plus. » Dans une autre situation, je me serais senti troublé et peut-être même agacé. Mais sa façon d’être et son air étrangement nerveux, me fait sourire. J’ai du mal à comprendre ce qu’elle fabrique et encore plus à quoi cela peut rimer. Est-ce interdit entre nous de passer un instant tous les deux. Au final peut-être que oui. Dans ce genre de relation il est peut-être sain d’instaurer des règles… seulement, je n’ai pas envie de n’être que son amant… ça ne m’intéresse pas. Je chasse toujours ces idées pour ne pas avoir à réfléchir. Ces derniers temps je me contente pleinement de ce que j’ai. Le plus important pour moi c’est cette histoire de frère que je ne connais pas et qui m’obsède vraiment. J’ai beau l’avoir mis de côté, il reste dans un coin de ma tête. Je fais des efforts pour me dire qu’il n’y a que ça qui me rend triste tout compte fait. L’histoire avec Ye Won… je la prends positivement. Ça me plait d’être avec elle, de partager des moments volés et même si ce n’est que charnel au moins c’est mieux que rien. Triste constatation, je suis comme un chien affamé qui attend qu’on lui donne un petit os à ronger en attendant d’être pleinement rassasié. Je pourrais lui en vouloir pour ça mais je n’ai pas le temps pour ces bêtises en ce moment. Ce que nous vivons m’importe et c’est le principal. Alors j’admets, si nous devions instaurer des règles cela m’agacerait un peu. Pourtant j’ai l’impression que c’est ce qu’elle fait de son côté. A-t-elle déjà était habituée à ce genre de relation ? … je ne préfère pas savoir. La simple idée qu’elle a pu jouer à ça avec un autre homme me fout la nausée. Je me fige dans mon geste, me retournant à nouveau vers elle. Comme je m’attendais elle me demande de rester, mais son attitude est…. Etrange. Sérieusement Ye Won ? Avons-nous traversé tout ça pour en arriver là ? Je fais la moue, mimant une réflexion que je n’ai pas vraiment. « Hum pourquoi pas. » mais tout dépend de comment les choses se passent. Parce-que si elle reste aussi tendue ça va être compliqué. Je me rassois tranquillement à sa chaise, jette un œil curieux à l’écran et fait la moue. Je crois que c’est encore plus gênant que dans mes cauchemars. Est-ce qu’on va rester là à se regarder ? Je ne sais pas, j’en viens même à tapoter ma paume contre le dossier de la chaise, histoire de combler ce malaise. Cherchant de quoi m’occuper, je laisse mes yeux se balader partout dans sa chambre. Je trouve de quoi fixé mon attention, sur une pile de livre de cours. « T’as l’air d’avoir pas mal de cours différents… » Super ! C’est la pire phrase que je n’ai jamais dîtes. Je la trouve si ridicule, que je lâche un rire nerveux avant de relever les yeux vers elle. « Ye Won… franchement ? » je ne suis pas agacé. Je nous trouve ridicule, alors je préfère en rire. Je serais prêt à lui demander ce qui se passe, mais je n’ai pas envie de la mettre plus mal à l’aise qu’elle ne l’est déjà. Alors je me lève subitement pour venir me poster devant elle. D’un geste de la main j’indique son lit « Je peux quand même m’assoir à côté de toi ? » je laisse échapper un petit rire taquin et tombe sur le matelas. Je ne sais pas si elle a peur qu’on dérape encore. Pour moi ce n’est qu’une façon de faire un peu tomber cette barrière entre nous. La regardant du coin de l’œil, je me laisse retomber en arrière « Tu devrais te détendre un peu, y’en a pour au moins vingt minute de ton truc… » Je la charrie, avant de rire une nouvelle fois. Puis je viens subitement me redresser pour passer mon bras autour de ses épaules et l’entrainer avec moi en arrière. « Aller viens ! Fais pas ta coincée. » Je rigole plus fort encore, me moquant d’elle avant de la lâcher. « J’ai compris t’en fais pas… » j’ai compris que cette fois, elle n’a pas envie qu’on couche ensembles comme de vulgaires inconnus.

Ca ne te ressemble pas, d'être aussi nerveuse en sa présence. Mais le fait de te trouver des excuses, simplement pour le voir, ce n'est pas toi. Ce n'est pas l'image que t'as longtemps renvoyé. T'es de nature franche, généralement. Il faut croire que lorsque ça touche les sentiments, c'est une toute autre histoire. T'aimerais pouvoir te cacher sous ton lit, disparaître, pour ne pas avoir à subir cette gêne qui gronde au fond de toi. Tu n'as plus le choix, alors que ton regard reste posé sur lui. Tes gestes ne trompent pas, tu ne sais pas comment agir. Parce que finalement, rien n'est clair entre vous, même si tu repousses encore et encore ce moment où il faudra poser des mots sur ce que vous êtes, ce que vous pourriez devenir. Le courage te manque, bien trop souvent. Tu te contentes de ce qui anime vos nuits, même si tu sais au fond de toi que ce n'est pas suffisant, que tu aimerais plus que ça, mais sans les doutes qui te rongent encore. T'aimerais pouvoir lui dire que t'as confiance en lui, que tout ça n'est pas vain, mais ça reste trop compliqué, alors que toi-même, tu ne sais pas ou tu vas dans ta vie. Tu l'observes se réinstaller sur ta chaise, sans savoir quoi dire, comment lui montrer que t'as simplement envie de passer un moment avec lui sans avoir à lui dire, à l'exprimer clairement. Mais ça en devient bien plus gênant encore, même lorsqu'il te fait cette remarque. Tu t'apprêtes à lui répondre, coupée dans ton élan lorsque tu le vois se mettre à rire, te faisant froncer tes sourcils. Est-ce qu'il aurait compris ? Que t'as quelque part tout manigancé pour pouvoir le voir, ne serait-ce que quelques minutes. Parce que ton coeur le réclamait, comme si tu t'étais retrouvée privée de lui trop longtemps. Un simple signe de la tête lorsqu'il se retrouve face à toi, ce sourire que tu ne comprends pas. "Vingt minutes ? D'accord." oses-tu à peine bredouiller. Tu restes là, assise en tailleur. T'es bien consciente que t'as pas l'air naturelle, que tu ne sais pas de quelle manière agir correctement, mais il balaye tout ça, lorsque son bras s'enroule autour de tes épaules, te faisant basculer sur ton lit. Tu ne peux t'empêcher de lâcher un petit cri de surprise, avant de relever ton visage vers lui. "J'suis pas coincée..." que tu souffles, une moue sur les lèvres. T'as juste envie de passer un moment paisible avec lui. Presque naturellement, tu te tournes vers lui, ta tête posée sur son épaule. De tes lèvres, tu finis par mimer un "désolée" suivit d'un sourire, timide. Il avait surement mieux à faire, que de se retrouver là, à combler ce besoin que tu pouvais ressentir.

Je l’ai connu plus farouche que ça. D’ordinaire Ye Won est une femme sûre d’elle, sans jamais en faire trop. Prendre les devants c’est une chose qu’elle sait faire. Alors oui je suis un peu perturbé par son attitude, mais finalement elle me fait rire. Je finis par la forcer à me rejoindre, restant le plus naturel possible. Elle a l’air de se détendre un peu, même si je ris à sa remarque. Elle n’a pas besoin de s’excuser. Je crois que c’est un peu compliqué entre nous en ce moment. Ni elle ni moi ne voulons vraiment affronter l’autre. Elle pour ses craintes, les peurs de l’abandon… et moi parce-que je ne veux pas la brusquer. Je ne veux pas tout gâcher alors que tout est si bien finalement. Laissant ma main trouver ses cheveux, je m’amuse à lui remettre une de ses mèches derrière l’oreille. Son visage dégagé, je joue du bout des doigts « C’est tout ce que t’as trouvé comme excuse ? » j’étais obligé de venir la taquiner. C’est gentillet « Je trouve ça mignon. » au moins, elle peut se rassurer, je ne trouve pas ça stupide. Si elle savait toutes les excuses bidon qui me viennent en tête pour lui parler. J’ai toujours un truc à lui envoyé, même si ce n’est pas intéressant. A croire que je serais prêt à lui décrire mon petit déj juste pour avoir un contact avec elle. « Tu sais tu pouvais juste me dire que tu voulais passer un moment avec moi… » Je prends un air faussement hautain, avant de tourner mon visage vers le sien. Je ne sais pas ce que ça représente, ni même à quoi ça rime. Il y a-t-il des choses qu’on ne doit pas faire. Des mots à ne pas se dire… je suis confus soudainement, alors que mes doigts trouvent un chemin jusqu’à sa bouche rosée. La frôlant délicatement, je finis par m’avancer un peu « Est-ce que… j’ai le droit ? » je sais lui demander la permission sonne étrange. Mais je ne sais pas quoi faire. Ni comment agir dans cette nouvelle voie que nous avons prise. Je suis un peu perdu, même si ça ne m’effraie pas vraiment. Je ne sais juste pas quelles sont les limites. L’embrasser ne veut pas dire que je vais vouloir coucher avec elle. Je ne prolongerais rien et je garderais mes mains à l’abri. Je veux juste être avec elle… j’ai envie qu’on discute, qu’on profite du temps rien que tous les deux. J’aimerais qu’elle le comprenne aussi… que je ne suis pas là pour réclamer une nouvelle nuit dans ses bras. Mais je doute subitement, est-ce que l’embrasser signifierai quelque chose d’autres ? Lors de nos ébats, nous avons l’excuse du moment. Mais là ? Il n’y a rien, que nous en toute sincérité. On ne joue pas comme lorsque nous étions au Japon. Cette fois nous n’avions rien… à part juste l’envie d’être avec l’autre.

Tu te détends enfin, alors que tu retrouves la chaleur de ses bras. Toutes ces excuses pour ça, tu trouves que ça reste digne d'une adolescente, pas de toi. Tout se mélange finalement. Les sentiments, les envies que tu peux avoir, même si tu te refuses encore de les exprimer à voix haute. Ca reviendra, avec le temps. C'est ce que tu espères en tout cas. "Oui..." souffles-tu à sa question, alors que ton regard se perd dans le sien. "J'pensais pas que tu viendrais..." avoues-tu, comme un secret. Parce que parfois, t'as peur qu'il ne t'attende pas vraiment, qu'il se complaise dans ces nuits que vous partagez. Difficile de savoir ce qu'il ressent vraiment, mais c'est aussi parce que tu ne veux pas le voir. Tes propres sentiments qui t'empêchent de voir cette évidence. Aveuglée malgré les efforts qu'il a su faire. Tu finis par nicher ta tête contre lui, mimant un non de la tête à sa remarque. Tu n'aurais pas réussi à lui dire, tu le sais. T'as essayé, supprimé ces mots plusieurs fois avant de te trouver cette excuse minable. T'aurais préféré pouvoir lui envoyer ces quelques mots. 'J'ai envie de te voir.' Ca ne paraît pas si compliqué, et pourtant c'est une réelle épreuve. Ta main posée sur son torse, agrippant légèrement son pull, tu peux enfin profiter de sa présence. Peu à peu, tu laisses tes muscles se relâcher, alors que tu peux à nouveau sentir son odeur. Et ça t'apaise, davantage encore, à chaque fois que tu peux la sentir. Son visage qui se rapproche du tiens, et un léger sourire qui se forme sur tes lèvres. Un simple "oui" que tu murmures, avant de l'embrasser, timidement. Tes gestes sont parfois encore fébriles même si tu tentes de le cacher. Tu profites malgré tout de l'instant, de ce contact qui se veut différent cette fois. Parce que quelque part, cet instant ne ressemble pas à ceux que vous avez pu partager depuis ces vacances au Japon. Et après ces petits jeux, ces nuits, t'avais quelque part besoin de voir que vous pouvez encore partager d'autres choses. Un moyen pour toi de faire un pas de plus en avant, vers lui. Une façon de te prouver à toi-même que tes sentiments ne seront jamais vains, et que tu peux encore avancer, maladroitement peut-être, mais c'est encore possible. Ton visage qui reste tourné vers le sien, tu te sens libérée d'un poids quelque part, prête à passer à autre chose, laisser cette gêne de côté. "Je t'ai empêché de faire quoi ?" finis-tu par demander, un léger sourire ornant enfin tes lèvres, une pointe de malice prenant enfin place sur tes traits. Tes doigts pianotent sur le tissu de son pull, ton regard figé sur tes propres mouvements. Tu te sens mieux, maintenant qu'il est là, maintenant que tu peux rester simplement blottie dans ses bras.

Vraiment ? Elle pensait que j’aurais mieux à faire. C’est bizarre, car pour moi ça me parait tellement évident. J’aimerais qu’elle le sache, que je serais capable de tout lâcher juste pour ses beaux yeux. Si elle savait… j’ai vraiment changé. Du moins la concernant, je le sais. Je le sens à ma façon d’être. J’ai envie de rattraper tout ce temps perdu. Toutes ces fois où je ne pensais qu’à moi. Je ne laissais jamais rien tomber pour elle, pas une seule fois… mais désormais je pourrais et sans même me poser la moindre question. Je reste muet pourtant, je n’ai pas envie d’être trop faible je crois. Quelque part, je reste aussi sur mes gardes, avec cette petite voix qui me crie que je pourrais aussi souffrir de tout ça. Mais loin de m’en soucier maintenant, je souris lorsqu’elle accepte et vient m’embrasser. Une réponse que je juge suffisante pour combler mes doutes. J’ai le droit, d’y croire un peu plus. De renouer avec ces sensations que j’aimais. Parce-que c’était ce genre de moments qui me manquaient ceux où on n’avait pas à se poser de questions. On agissait comme bon nous semblait. Je profite de cet échange, doux et réconfortant avant de l’observer du coin de l’œil. Elle a l’air plus détendu, enfin, peut-être ai-je un peu répondu à ses interrogations silencieuses. Me tournant sur le côté, je m’appuie sur mon coude avant de regarder ailleurs. Faisant mine de chercher ma réponse, je finis par lui dire « J’avais rencard… » Je relève les yeux vers elle, un sourire amusé sur mes lèvres. Je la provoque un peu, pas méchamment mais parce-que au fond j’aimerais juste que ça soit plus facile entre nous… « Avec mon devoir d’histoire de la musique. »et elle n’a pas idée comme je suis pressé de pouvoir le retrouver. Levant un doigt « La classique à son apogée. » mimant un snob prêt à polémiquer des heures sur le sujet. « Inutile de te dire que je regrette d’être venu ici. » je surenchérie, trouvant la situation drôle. Evidemment, je n’ai pas envie de le faire, mais je crois que je n’aurais pas vraiment le choix à un moment donné. « Et toi, à part t’ennuyer de moi. T’étais vraiment en train de faire tes devoirs ? » Ne sait-on jamais si elle avait décidé de ne pas être studieuse. Je trouve la situation plutôt ironique. Je n’aurais jamais pensé il y a quelques années qu’on puisse échanger ce genre de moments de nos vies. Un peu curieux, je me demande parfois ce qu’elle peut faire de ses journées loin de moi. Lui arrive-t-il souvent de penser à nous ? J’aime croire que oui, j’ai autant d’importance dans sa vie. C’est un mal je sais car je risque de tomber de haut si elle s’éloigne.