De simples baisers, parfois furtifs, le simple plaisir de pouvoir sentir ses lèvres contre les tiennes. Il ne t’en faut pas plus pour te sentir comblée, à chaque fois. Des sourires et des regards pour appuyer l’évidence, tu l’aimes, comme au premier jour, et personne d’autre n’a jamais réussi à te faire ressentir ça. Un léger rire face à sa promesse d’effort, et tu t’installes finalement à ton bureau. Un de tes livres ouvert, le code du travail à portée de mains, et te voilà en train de plonger dans ces résumés à rédiger pour tes prochains cours. Ce n’est pas ce que tu préfères, les sujets abordés n’ont rien de passionnant, bien au contraire. Mais tu tentes tant bien que mal de te concentrer. Tu sais que tu fais le minimum pour tenir la cadence, obtenir des résultats corrects. Ce n’est pas suffisant selon ton père, et même si tu lui as promis de faire un effort, il n’en reste pas moins que tu n’arrives pas à te faire à ces études imposées. Alors, c’est encore ce que tu fais aujourd’hui. Tu prépares tes devoirs à rendre, tu reliras furtivement tes cours, estimant que tout cela sera suffisant pour ton prochain partiel, même si dans le fond, ça ne le sera pas vraiment. Parfois, ton regard se tourne vers Il Kyang, quelques secondes, tout au plus. Ça te fait du bien de le voir avec toi, ça t’encourage en quelque sorte. C’est perturbant de le voir aussi concentré, mais tu te délectes de ce spectacle sans réellement te cacher. Tu restes sérieuse malgré tout, concentrée sur ce devoir à rendre, aussi barbant qu’il puisse être. Des notes que tu rédiges, pianotant presque trop lentement sur ton clavier. Un soupire qui s’échappe de tes lèvres a finalement entendre sa question. « C’est… chiant ? Inutile ? J’ai pas encore trouvé le bon terme pour ça. » Et t’en ris, parce que c’est la vérité. Tu détestes le droit des affaires, tu n’y trouves absolument aucun intérêt, et pourtant, t’es quand même là à potasser. Tu te tournes vers lui, ton bras se posant sur le dossier de ta chaise, ton regard posé sur lui. « Et toi, ça donne quoi ? » Le sujet sera forcément plus intéressant à tes yeux, t’en es certaine. Un sourire que tu lui offres, avant de récupérer sa boisson pour en boire un peu, sans réellement lui demander. Tu serais prête à faire une pause, mais ça ne serait pas raisonnable, tu le sais. Ce n’est pas l’envie qui te manque, mais tu préfères ne pas abuser de ces petites choses, tu t’estimes déjà bien assez heureuse de l’avoir à côté de toi.

Je sens toute la motivation dont elle fait preuve  l’égard de ses devoirs. Un tantinet chiant je suppose, je ris à sa façon de me dire les choses. Je me doute que ça ne doit pas être facile pour elle. Suivre un cursus qui ne lui plait pas, juste pour faire plaisir à ses parents. Au final, j’en avais fait autant, mais toujours en baignant dans un univers qui me plaisait. Ye Won n’avait pas eu cette chance et parfois je me demande comment elle peut tenir le coup. Au final, ce n’est que des études, mais cela occupe tellement de notre temps. Et surtout c’est cet avenir qui se profile… celui dont on ne rêve pas mais qu’on subit. Cela fera les affaires de son père, se servant d’elle comme d’un vulgaire pantin. Je n’ai jamais vraiment estimé avoir le droit de donner mon avis. En même temps, avant j’étais peut-être trop immature pour m’en soucier. Aujourd’hui, ça me travaille un peu plus… à l’époque je pensais qu’il suffisait juste d’envoyer chier sa famille pour s’en sortir. Comme je le faisais avec la mienne. Je prenais mes décisions, j’allais où bon me semblait sans me soucier de ce qu’ils pensaient. La réalité m’avait rattrapé finalement, et désormais, je sais que ce n’est pas aussi facile que ça. Je n’ai pas de mot d’encouragement à lui donner, parce-que je crois qu’une partie de moi ne voudrait pas être à sa place. Alors je fais la moue, compréhensif sur toutes ces choses qui doivent lui peser. Elle doit surement puiser toujours dans ses réserves pour se motiver. Au fond, je l’admire un peu. Elle est bien plus courageuse que je ne le serais jamais. Alors je me redresse avant de lui répondre « Je pense qu’à la fin je pourrais me reconvertir en prof d’histoire. » en vérité je suis loin d’avoir les connaissances, mais j’en bouffe tellement depuis une heure déjà. J’ai l’impression d’avoir fait le tour de la question. Me disant surement que ce prof en aura marre de lire cent fois les mêmes choses venant d’élèves différents. « Je ne comprends pas comment on peut aimer autant se faire souffrir. Ce prof doit être un peu dingue. » Lance-t-il les mêmes devoir chaque années ? Car franchement je préfère être sourd que de lire une nouvelle fois ces faits. Parce-que au final il n’y a rien de nouveau, c’est toujours les mêmes choses. Il veut juste qu’on apprenne les essentiels, mais je ne pense pas que cette culture-là m’apporte quoique ce soit. Je lâche un soupire « Est-ce que ça voudrait dire que je suis plus concentré que toi Ye Won ? » je la charrie un peu, voyant bien que son devoir ne l’enchante pas vraiment. « Peut-être que je te perturbe trop. »je souris un peu plus« Regarde-moi, tu me perturbes pas le moins du monde. J’ai presque finis. » Bon c’est faux. En réalité il me reste pas mal de choses à faire. Mais j’ai déjà bien avancé, assez pour en rire un peu. La taquinant juste, je baisse à nouveau mon attention sur mon ordinateur. Histoire de lui faire comprendre que je suis sérieux et très concentré. Je relève juste un œil amusé vers elle.

T’as appris à t’habituer à ces cours, ce cursus que tu n’as pas choisi. Mais tu n’arrives toujours pas à y accorder le temps nécessaire. Tu ne saurais pas être réellement assidue face à des sujets qui te dépassent. T’en viens souvent à te demander comment les autres élèves de ta promotion ont fait pour choisir cette voie, certaine que la plupart l’ont choisi de plein gré. Un soupire, alors que tu préfèrerais simplement te concentrer sur lui. Tu pourrais passer des heures entières à l’observer, cette lueur dans le regard, ce sourire posé sur tes lèvres. Et même si tu tentes bien malgré toi de te contenir, la tentation est souvent trop forte. « Seo Il Kyang aurait-il trouvé sa voie ? » Une malice certaine qui se dégage de toi, alors que ta tête retombe sur ton bras. « Les profs sont tous un peu cinglés, encore plus à la Yonsei je crois. » C’est l’idée que tu t’en fais, depuis que tu as posé les pieds ici. Si la pression des tes études était déjà bien présente, ton père a apprécié le fait de mentionner qu’il fallait que tu te démarques dans la meilleure université de la capitale. Un objectif raté par tes bons soins, qui te laisse pourtant croire qu’ici plus qu’ailleurs, les études craignent. Tu te redresses bien rapidement, prenant cet air faussement outré à sa question. « Toi me perturber ? Tss… Il en faut bien plus que ça. » Ça sonne si faux que tu en ris, bien malgré toi. T’aimerais être capable de tout lâcher une bonne fois pour toute. Pas seulement pour retrouver ta liberté, mais mener ta vie comme tu le désires. Pourtant, te voilà à te retourner vers ton écran, prête à terminer ce devoir qui n’a aucun sens, simplement pour le bon vouloir de tes parents. Pourtant, tu ne peux t’empêcher de te tourner vers lui, croisant son regard, pouvant deviner son sourire. « Travaille au lieu d’essayer de me déconcentrer. » Tu tires la langue dans une grimace enfantine, amusée, avant de reprendre là où tu t’étais arrêtée. Tu te rends compte que tu as bien plus avancé que tu ne l’aurais cru, tu serais presque prête à ralentir le rythme, pour le simple plaisir de laisser cet instant perdurer. Tu chasses cette idée de ton esprit, et te replonges dans ces résumés comme tu le peux. Tu te motives un tant soit peu, en te disant qu’un jour, tout ça sera derrière toi, qu’à un moment, tu sauras tout envoyer valser. Pour l’heure, tu n’en as pas encore le courage, la peur ancrée en toi de te retrouver définitivement seule face à toi-même. Mais tu t’en persuades, un jour, tu auras droit toi aussi à ta liberté. Et t’as d’autant plus envie d’y croire, quand une fois de plus, tes yeux le cherchent furtivement. Sa simple vision te donnant bien plus de courage et de motivation que tu ne l’aurais pensé.

Je ne quitte plus ce sourire qui reste désormais accroché à mes lèvres. Un esprit léger, dans un moment tout aussi léger. Tout me va, je n’ai pas besoin de venir ternir le tableau avec des pensées qui me rendent triste. Cette fois, je joue au réel égoïste, me fichant pas mal du reste et même de si la terre tourne encore. A quoi bon ? De toute façon, quand on veut quelque chose on ne peut l’avoir que par soi-même. Et j’ai finis par l’apprendre. Alors j’applique ce que je sais faire, penser qu’à moi. Et il se résume en un prénom… Ye Won. Rien de plus rien de moins. Qu’importe ce qu’on me donnerait, je n’échangerais pour rien au monde ce que je suis en train de vivre. D’une simplicité déconcertante, je l’observe en prenant conscience de la chance que j’ai. Je laisse ces papillons m’envahir, me rendre trop idiot pour m’apercevoir du reste. Je me fous d’être un imbécile heureux, car ce moment est trop précieux. Alors je l’écoute, souris encore et trouve ses mots justes. Les études ne sont peut-être pas notre fort, mais j’aime à croire que ça en fera une force un jour. Taquin, je laisse notre complicité s’immiscer davantage entre nous. Son sourire, ses yeux malicieux… elle me fait craquer et tant pis si j’ai l’air d’un adolescent amoureux. Si je m’écoutais je laisserais tomber ces devoirs pour fuir loin d’ici. Comme on savait le faire il y a des années. Juste elle et moi, loin des autres, loin de tout. Mais être coincé ici dans sa chambre apporte quelque chose de nouveau. Moins excitant, mais plus apaisant. C’est aussi ça la vie d’une personne normale… je laisse échapper un petit rire et me concentre de nouveau sur mes devoirs. Une plaie, qui passe plus facilement quand elle est là. Digne peut-être d’une récompense qui arrivera après cette bataille de neurones à laquelle je m’adonne. Oh je n’espère rien de charnel cette fois, je voudrais juste qu’on passe du temps à discuter, à plaisanter… j’aimerais juste me dire que je la retrouve. Alors, je me presse un peu plus, met en ordre mes idées et commence à rédiger mon texte. Quelque fois mon regard se lève vers elle, je croise le sien et me reconcentre comme je peux. J’aime ce petit jeu, si innocent et presque enfantin. Je suppose que si quelqu’un nous voyez il nous trouverait ridicule. Mais après toutes ces épreuves passées, j’ai besoin de cette simplicité…Finalement les heures s’écoulent vite. Mon ventre gargouillant, je grimace en relevant la tête vers Ye Won encore concentrée.« J’ai faim… pas toi ? » en fait, je n’ai rien mangé depuis ce matin si ce n’est ma pauvre barre de chocolat. Me redressant, je dépose mon ordinateur sur le matelas et me lève pour m’étirer. J’ai un peu mal partout à force de rester dans la même position. Je n’ai pas tout à fait terminé « On fait une pause ? » m’approchant d’elle, je passe ma tête par-dessus son épaule pour observer son devoir. Evidement je n’y comprends rien, mais je vois qu’elle a l’air d’avoir bien avancé. Posant mon menton sur son épaule « On se commande à manger ? »je fais la moue, parce-que j’espère qu’elle n’est pas du genre à vouloir terminer tout avant.

Fut un temps où tu te sentais prête à tout abandonner, tout lâcher. Tes études, tes parents. Tu osais imaginais que tu pourrais sauter le pas, simplement parce qu’il était là. Ça n’a duré qu’un temps, trop court pour le fait réellement. Parce qu’il y a eu cette descente aux enfers. D’abord celle d’Il Kyang, de longs mois durant. Puis la tienne, lorsqu’il est parti. T’as parfois le sentiment funeste que la tienne dure bien trop longtemps, qu’elle mènera bien vite à ta perte. Mais que s’il est là, alors peut-être arriveras-tu à sortir la tête de l’eau, enfin. Ca ne se fera pas du jour au lendemain, il te faudra être patiente, et courageuse à la fois, si tu veux voir ce jour venir. Mais lorsque tu vous vois, là dans cette chambre, t’as l’impression que tout redevient possible. Qu’un jour, plus ou moins lointain, il t’aura redonné toute cette force pour prendre ton envol. Et tu l’embarqueras avec toi, comme il le faisait si bien. T’en es persuadée. Et quelque part, cette simple idée te pousse à te concentrer, parce que tu sais que tout ça prendra fin à un moment donné. Une moue sur tes lèvres, alors que ton regard vagabonde sur cet écran, allant se perdre parfois dans ces livres aux noms bien trop sophistiqués. Tes yeux qui parfois cherchent Il Kyang pour te donner un peu plus de courage, ne serait-ce que pour finir ces devoirs. Et ce sourire bien que léger qui continue d’illuminer ton visage. Jusqu’à entendre son ventre gargouiller, un simple bruit qui te déconcentre, te ferait presque rire. « Un peu… » réponds-tu brièvement alors que ta tête se tourne vers lui. Une phrase que tu termines d’écrire, alors que tu peux le sentir se rapprocher de toi, laissant ton sourire s’agrandir. « Je dirais pas non à une pause. Tu veux commander quoi ? » A ces mots, ta tête vient se poser contre la sienne, dans un geste naturel. Quelques secondes à rester comme ça, le regard perdu, avant de te redresser, poser ton regard sur lui. « J’avoue que je dirais pas non à une pizza. » Le genre de chose que tu manges rarement, si encore tu avais un appétit des plus communs. Tu te contentes souvent d’un rien pour combler ton estomac, et c’est pire encore depuis plusieurs semaines. Mais tu as besoin de forces, si tu ne veux pas devenir une brindille, déjà que tu n’es pas bien épaisse. Un soupire de satisfaction, alors que tu l’observes encore. « Je te laisse commander ? Je voudrais juste finir cette partie, j’en ai pour deux minutes. » Un sourire de plus, tu lui fais confiance quant au choix qu’il fera pour toi. Après tout, en matière de nourriture, tes choix n’ont pas vraiment changé.

Un bien-être qui m’envahit, à l’allure des secondes qui défilent. Un rien, qui me fait sourire et elle qui me rend différent. Je ne me rends plus compte de ces gestes que je m’interdisais. Désormais, tout à l’air naturel entre nous. Comme si tout coulait de source. A quoi bon se priver, nous sommes sur la même longueur d’onde. Je m’éloigne lentement. Réfléchissant à sa proposition de repas. Une pizza ? C’est loin d’être sain mais je ne suis jamais le dernier à manger des trucs horribles. Il ne m’en faut pas plus pour accepter. Retournant m’assoir sur son lit, je la laisse finir ce sur quoi elle travaille encore. Mon regard posé sur elle « T’es sérieuse. » une petite remarque qui sonne bien. J’aime la voir dans cet état, nous qui ne partagions que des moments pleins d’innocences. Je me rends compte à quel point nous avons changés tous les deux. Devenus trop adulte pour rire encore de certaines bêtises. Mais pas assez pour ne pas se laisser vivre. M’enfonçant dans la couette, je cherche sur mon ordinateur les meilleures pizzerias du coin. Pour être honnête, je ne commande pas beaucoup. En général je fais l’effort de me préparer un truc ou de sortir au resto, même seul ça m’est déjà arrivé. Alors je mets quelques minutes avant de me décider, optant pour un italien pas trop loin. Je fais le choix des pizzas, rapidement cette fois et en profite pour me rajouter un dessert. « Ils arrivent dans trente minutes. » et je laisse à nouveau mon pc dans un coin avant de me redresser sur le lit. « Ça nous laisse le temps pour pleins de choses. » j’ai un air malicieux avant de venir attraper son bras pour la forcer à quitter sa chaise. « Tu finiras après t’en fais pas. » je la laisserais travailler, mais pour l’instant c’est notre pause. Alors je veux en profiter, l’attirant avec moi sur le lit, je me laisse retomber tout en l’invitant à faire de même. Une fois assit, je passe mon bras autour de son cou pour la coller plus à moi. « Détends-toi un peu. » riant, je viens récupérer sa main dans la mienne. « Tu vas peut-être être déçue sur le choix de la pizza… Est-ce que tu crois que je me souviens de tes goûts ? » Un regard au coin, je l’observe d’un air interrogateur. Puis détaché, je lance « Je trouve ça prétentieux de ta part. » je plaisante, avant de venir soulever son visage et lui voler un baiser chaste. Souriant de plus bel, j’attrape à nouveau mon ordinateur et lui dis soudainement « Je nous ai pris un dessert aussi. Je pense à ta ligne. » Un petit clin d’œil, avant de mettre mon ordi sur mes genoux. « A ton avis, j’ai pris quoi ? » à moi de tester si elle se souvient de ce que je préférais à l’italien.

Ta tête collée contre la sienne, un court instant, avant de noter ces dernières phrases pour clôturer la seconde partie de ton devoir. Tu as du mal à croire que tu as réussi à autant avancer sur ce dossier à rendre, mais tu ne t'en plains pas, sa remarque laissant un sourire se dessiner sur tes traits. T'es loin d'être l'étudiante la plus sérieuse du campus, mais parfois, il t'arrive d'avoir ces moments où tu te concentres pour travailler. Parce que dans le fond, tu sais que si tu ne réussis pas ton année, tu risques de tomber bien plus bas encore, la pression de tes parents toujours omniprésente. Tu préfères ne pas y penser, profitant de ces quelques minutes pour terminer ton paragraphe, le temps qu'il passe commande. Sa voix qui te sort finalement de ton devoir, alors que ton regard se pose sur lui. Tu finis par te laisser tomber sur le dossier de ta chaise, dans un soupire. "Y'a plus qu'à espérer qu'ils soient pas trop en retard." Un certain amusement dans la voix, alors que tu te retournes vers lui. "Pleins de choses hein ?" Un sourcil relevé dans un geste rempli de malice, alors que tu te laisses traîner jusqu'à ton lit, te collant bien rapidement à lui, ta tête venant se nicher dans son cou. "Mais je suis détendue..." lâches-tu dans un souffle, profitant de cette proximité pour humer son parfum, les yeux fermés. Yeux qui s'écarquillent rapidement, alors que tu te redresses face à lui. "Quoi ? T'as oublié que je prenais toujours une quatre saisons ? J'en serais presque déçue." Une moue que tu mimes, qui s'estompe lorsqu'il dépose furtivement ses lèvres contre les tiennes. T’aime ce petit jeu qui continue quelque part. Ces baisers volés, ces gestes qui redeviennent naturels en sa présence. "Tu oserais essayer de me faire prendre des kilos ? C'est mesquin mon cher Il Kyang !" Non pas que tu sois très à cheval sur ton poids, tu as la chance de ne jamais prendre un gramme, mais tu apprécies pouvoir le taquiner un peu plus. A sa question, tu poses ton index sur ta bouche, feignant de réfléchir à la réponse, même si tu penses déjà la connaître. "Laisse-moi réfléchir... Tu nous as pris un tiramisu. Ça semble évident." Un autre sourire qui prend place sur ton visage, alors que tes bras s'enroulent autour du sien. Tu regardes l'écran de son ordinateur, et sans réelle surprise, tu remarques que tu as visé juste. "Je l'savais ! J'ai jamais connu quelqu'un qui en mangeait autant que toi." Un rire, avant d'embrasser sa joue, poser sa tête contre son épaule. De vieilles habitudes qui reprennent place lentement, qui continuent de faire palpiter ton cœur plus vite encore, si cela était possible.

Comme si j’aurais pu oublier ça. A croire que même ce genre de détail avait son importance. Pourtant, je n’étais pas vraiment du genre à faire attention à ça avant. Ce genre de petites choses qui aujourd’hui changent beaucoup. Etait-elle déçue que je ne sois pas cet homme qui se souvient de tout ? Qui porte une attention particulière à une date, un petit rien ? Je ne sais pas… mais c’est différent maintenant. J’essaie, ça fait partie de mes efforts pour lui faire comprendre que je peux me soucier d’elle. Et même de ça… « Merde je t’ai pris une au saumon. » un mensonge qui sonne tellement faux. « Y’a rien à attraper… » Je fais la moue, pas vraiment convaincu par ce que je dis. En réalité je crois que je serais fou si je venais à me plaindre de sa silhouette. Ye Won a toujours été parfaite à mes yeux. Je ne me suis jamais réellement posé la question de savoir quel était mon type de femme. Puisque au final, elle a été la seule vraie relation que j’ai eue… j’accompagne mes paroles d’un petit geste taquin. Venant pincer ses cuisses avant de rire à nouveau. L’observant du coin de l’œil, je me rends compte que ma question n’était pas vraiment difficile. En réalité, je suis le genre de personne qui lorsqu’il aime quelque chose il en mange à s’en écœurer. Je ne compte plus les nombres de fois où j’ai pu en manger. Je grimace, coupable et trop vite démasqué. « J’en mangeais pas tant que ça ! » une réplique, qui sonne faux quand on pense qu’à une époque je voulais aller en Italie seulement pour en manger. « Si t’aimes pas, je le mangerais tout seul. » je plisse le nez, amusé. « J’espère que ça sera bon. » parce-que on ne rit pas avec la nourriture. Farfouillant sur mon ordi, je lui ouvre une nouvelle page « Tiens regarde. Kitae a voulu qu’on se fasse un nouveau soundcloud. Il est tout propre ! » Pour être franc, mon meilleur ami y a passé deux jours à tout refaire, ranger et renommer chaque fichiers. Il s’est amusé à tout classé par ordre d’années. Un vrai maniaque avais-je pensé en voyant le résultat. Mais je suis plutôt content qu’il soit presque terminé. « Il est pas tout à fait fini, mais il a fait le plus gros. Je t’envoie le lien, comme ça tu seras la première à nous suivre. » Et cette idée me plait. Me dire qu’elle est notre première fan, sans être prétentieux. « Il a viré tout ce qui faisait pas sérieux selon lui. » comme des vieilles démos qu’on avait faites étant ados. Des reprises un peu foireuses avec une qualité audio déplorable. Je n’attends pas trop longtemps, avant de lui envoyer le lien de notre site. Puis fouillant un peu plus dans mes dossiers, je finis par lui sortir une vieille vidéo que j’avais gardée. C’était un concert qui ne payait pas de mine, mais c’était elle qui avait filmé ce jour-là. Et malgré que l’image soit horrible, je trouvais ça drôle de lui remontrer. « Tu t’en souviens ? » parce-que évoquer nos souvenirs ensembles, me parait moins douloureux aujourd’hui. « Regarde cette tête ! » me revoir n’a rien de triste. Pas à cette période-là. J’ai malheureusement des vidéos où je suis dans un sale état. Et pour ne rien gâcher, j’éviterais surement de lui montrer. Mais sur celle-ci, Kitae et moi étions juste passionné, bien qu’aujourd’hui je nous trouve un tas d’imperfections.

"Saumon ? Vraiment ?" Une grimace, même si t'as du mal à y croire. Ça peut paraitre fou, mais au fond de toi, tu espères parfois qu'il se souvienne de ces petites choses insignifiantes. Ça peut paraitre futile, mais ça te montre qu'il se rappelle encore ce qui rythmait votre vie, avant. Et cette moue se transforme en sourire lorsque tu peux voir sur l'écran la commande qu'il a passé. C'est stupide de s'émerveiller devant un détail si insignifiant, pourtant ça te fait plaisir, bien plus que tu ne l'aurais imaginé. Une remarque à laquelle tu ris une fois de plus, ton regard se posant sur lui. "Tu veux rire ? T'étais prêt à acheter un billet pour Rome juste pour aller en manger." Des souvenirs impérissables, dont tu aimes te rappeler. Même si tout ça parait bien loin désormais. "Maiiiis je veux ma part aussi." réponds-tu, tapotant légèrement son épaule pour appuyer tes propos. Toujours accrochée à lui, tu observes le site qu'il te montre, reste attentive à ce que tu vois. Ils ont tellement évolué en quelques années. Parfois, tu regrettes de ne pas avoir continué à les suivre, mais c'était bien trop douloureux pour toi. Le simple fait d'entendre sa voix était devenu une simple torture lorsqu'il a disparu. Pourtant, aujourd'hui, tout redevient comme avant, alors que tu écoutes bien plus que de raison les chansons qu'il t'envoie. "Il a fait du bon boulot !" Alors que tu reçois le lien qu'il vient de t'envoyer, tu te dépêches de récupérer ton téléphone, suivant le groupe sur leur soundcloud sans vraiment attendre. Un sourire que tu lui offres en te réinstallant à ses côtés. "Je regarderais ça." ajoutes-tu avant de te caler à nouveau contre lui. Une vidéo qu'il lance, qui te surprend. Une scène que tu avais filmé, bien longtemps avant que tout ne dégénère. Le souvenir d'une soirée avec eux, juste vous trois, ou vous aviez terminé par discuter jusqu'au lever du soleil. "Mais oui ! Par contre, la qualité est vraiment pourrie." Tu te caches rapidement le visage de ta main, avant de te mettre à rire de plus belle. "Et t'as gardé ça ?" Ça aussi, ça te surprend quelque part. Tu pensais qu'il n'aurait absolument rien gardé de toi, à voir la façon dont il était parti. Alors dans le fond, ça te rend heureuse de voir qu'il n'a pas tout effacé de votre passé, qu'il a su garder avec lui certains souvenirs heureux. Et tu regardes cette vidéo avec une pointe de nostalgie, celle qui te ramène à ce temps ou rien ne semblait impossible. Ou le bonheur vous tendait encore les bras sans hésitation. Ce temps auquel tu aimerais retourner, souvent.

C’est vrai que la qualité n’est pas au top. On dirait une vieille vidéo des années 90. Pourtant Ye Won avait toujours eut les derniers téléphones à la mode. En réalité, c’est à peine si on distingue nos visages. Mais je trouvais ça sympa de lui montrer ça. Pour être franc, je n’ai pas gardé beaucoup de choses la concernant. Je n’ose pas vraiment lui dire, peut-être que cela pourrait la blesser. Ce n’était pas contre elle, c’était pour moi… pour oublier ce passé qui était trop douloureux, pour avancer et surtout parce-que je n’étais pas attentif à ces choses-là. Aujourd’hui je regrette, car nous avions de bons souvenirs ensembles. Alors hormis ces quelques petites choses qui trainent dans mes carnets et ma mémoire je n’ai pas grand-chose de nous deux. M’en voudrait-elle si elle le savait ? J’hausse les épaules, un peu embêté « Ouais… c’était sympa cette soirée. » je m’en souviens encore comme si c’était hier. Ça fait partie des bons moments dont j’aime me rappeler. A cette époque tout était encore si bien. Me redressant un peu, je l’observe quelques minutes avant de lui demander « Est-ce que t’as gardé des trucs… d’avant ? » une question curieuse je le sais, je suis plutôt mal placé pour parler. Mais l’idée m’avait traversé l’esprit. C’est à ce moment-là que mon téléphone se met à sonner. « Ah ça doit être le livreur. Je descends chercher les pizzas. » Je me lève en me décrochant « Oui, j’arrive. » Il faut dire que se faire livrer sur le campus ne doit pas être facile. Entre tous ces bâtiments qui se ressemblent. Je me presse déjà pour sortir de la pièce. Me précipitant dans les escaliers. Une fois arrivé en bas, il me faut tout de même un appel au livreur pour le trouver. Avisant toute la commande, je le remercie et repars en arrière pour remonter. C’est peut-être idiot, mais l’idée de partager ça avec elle est satisfaisant. A tel point que je grimpe encore plus vite pour la retrouver. C’est notre moment à nous… à l’abri des regards, n’est-ce pas ? En serait-il différent si je lui proposais de sortir pour manger ? Je ne sais pas… disons que l’excuse des devoirs m’a empêché d’y penser. De retour dans la chambre, je dépose les boites sur son bureau. « C’est super chaud. Regarde-moi ces beautés. » Et je souris, tout en ouvrant le premier carton. « Tu veux qu’on mange où ? » je ne sais pas si elle est du genre à manger sur son lit. « Par terre ou… à la cuisine ? » c’est peut-être une mauvaise idée. En réalité n’importe qui pourrait nous voir là-bas.