Un verre pour s'enivrer, un cachet pour s'élever. Des substances qui se mélangent, une musique bien trop forte, qui elle seule pourrait faire tout oublier. Et ces rires qui s'élèvent au-dessus de vos têtes. Ces banalités échangées entre deux gorgées d'alcool. Ces corps qui ondulent au rythme de ces chansons qui défilent. Un samedi soir banal dans la capitale, un de plus. L'un de ceux ou la jeunesse s'amuse, s'enivre parfois à outrance. Et c'est ce que tu fais, alors que tu laisses glisser entre tes lèvres cette pilule qu'on te tend. Tu ne réfléchis pas, ne cherche pas à savoir ce que tu t'apprêtes à prendre. Rien n'est suffisant pour oublier un tant soit peu la misère de ta propre vie. Pour arrêter de penser à ce monde qui s'effondre sous tes pieds, laissant dans ton cœur une sensation de vide immense. Ce frère revenu dans ta vie après une absence insoutenable, sans que tu ne saches comment réagir à ça. Cette dernière dispute avec Il Kyang qui tourne en boucle dans ton esprit, sans être capable de savoir ce qui serait bon de faire ou non. Cette fuite que tu prends, qui pourtant n'aide en rien. Tu veux simplement tout mettre de côté, ce soir encore. Cette carapace que t'as enfilé, une nouvelle fois. Cet air parfois hautain que tu te donnes face à ces amis qui n'en sont pas vraiment. Et vous voilà partis pour vous amuser toute une nuit, sans penser aux conséquences. Rien n'est trop beau pour laisser toutes ces pensées s'échapper de ton esprit. Te sentir libre, une fois de plus. Le temps passe, semble se prolonger, alors que tu t'amuses enfin, ces sourires qui n'avaient plus eu le loisir de dessiner tes traits depuis plusieurs jours déjà. Tu profites de la musique, continue d'enchaîner ces verres alors que tu commences déjà à te sentir plus légère. Une euphorie certaine qui te prend, que tu laisses te porter. Tout devient plus simple, plus agréable. Plus doux aussi, quelque part. Tes sens décuplés, et ton corps qui se déhanche, sans penser à quoi que ce soit. Enivrée, peut-être trop d'ailleurs, mais tu t'en fous. Tu t'amuses, comme jamais tu n'as pu le faire avant ça. Plus rien ne vient perturber ton esprit, pas même ces autres mecs qui tentent de t'approcher, que tu refoules le plus souvent. Un sourire qui ne te quitte pas, même lorsque tu te décides à aller vers le bar, pour commander une bouteille de plus. Il n'y a pas assez d'alcool dans tes veines, t'en es persuadée, alors que tu as encore soif. Déshydratée, certainement, de cette petite voix dans ta tête qui te pousse à abuser de ces choses-là. « J'vais prendre une autre bouteille s'il vous plait ! » Un rire pour ponctuer ta demande, alors que tu t'affales sur le bar, en direction du serveur pour lui offrir un sourire. Ton regard qui scrute les alentours, sans être sûre de ce que tu peux voir, pourtant un visage retient ton attention à travers la foule. Malgré toutes ces substances en toi, tu ne pourras jamais oublier ses traits. Ton sang qui ne fait qu'un tour, et tu t'avances vers lui, sans réfléchir. Toi-même ne saurais pas expliquer ce qu'il te prend, mais tu n'es plus maître de tes gestes depuis bien longtemps. Tu pousses l'un des hommes à côté de lui pour mieux lui faire face, de ce regard noir. « T'arrêtes un peu de me suivre toi ! J'en ai marre de te voir partout ou je vais ! T'es pas croyable, vraiment ! T'es … » Ton regard qui le toise, tes yeux qui s'écarquillent alors que tu te recules d'un pas. « Oh merde ... t'es beau putain ! » Et tu ris de plus belle, à t'en faire mal au ventre. Tu n'arrives pas à contrôler tes gestes, ni tes paroles. « J'aurais aimé te voir comme ça plus souvent ! » Tu en oublies la raison pour laquelle tu venais de l'aborder, en un instant. Tes rengaines mises de côté par ces drogues qui te laissent dans ce monde ou tout semble bien plus beau. Surtout lui.

Aéroport direction Paris.

Les minutes s’écoulent comme des heures, assit sur les sièges de l’embarcation, je ne cesse de regarder mon téléphone. Un message... Kitae, la déception est de plus en plus grande à mesure qu’il me répond. « T’es sûr de vouloir y aller ? » combien de fois a-t-il voulu me faire changer d’avis ? Je soupire, contrarié, le cœur si lourd. Ce poids ne m’a pas quitté depuis des jours. Trop de temps s’est écoulé sans que je lui parle. Aucun de mes appels n’a abouti, quant à mes messages elle a fini par ne plus y répondre. Même pour aujourd’hui… j’ai été fou de lui proposer de venir avec moi. Mais j’y croyais encore. J’étais persuadé qu’elle changerait d’avis. Aller en France c’était notre truc, on en avait souvent parlé quand on était ensembles. Elle avait eu la chance d’y aller, mais ensembles c’était différent. Je nous imaginais déjà assit à un café, tous les deux, ma main posé sur la sienne alors qu’on regarderait les gens passés. Je veux visiter cette ville à ses côtés, avec elle. Pour qu’on puisse se forger de nouveau souvenirs. Cette proposition c’était pour moi le moyen de tout recommencer. On pouvait laisser ce qui s’était passé dernière nous. Sawan… et le reste aussi. Mais plus les minutes passent et plus mon espoir s’effrite. Je finis par abandonner l’idée de répondre à Kitae, même si il s’inquiète. Seulement quelques jours que nous avons signés dans cette maison de disque. Je devrais me sentir heureux, mais je suis dévasté. Partagé entre la musique et elle. Je suis content oui, le jour où j’ai écrit mon nom sur ce papier, j’ai cru qu’enfin tout allait être plus facile. J’étais inquiet ce jour-là, Kitae l’avait vu et j’avais bien dut lui expliquer ce qui s’était passé avec Ye Won. Mais cette fois il avait été lassé, agacé par ces histoires qui empiétaient sur les notre. Alors j’avais fait l’effort de laissé ça derrière moi. Puis j’avais cru bon de la prévenir de lui dire qu’enfin nous avions signé. L’occasion pour lui reparler de Paris et de ce voyage qu’on avait prévu. J’avais pris les billets à la minute où j’avais su qu’on signait. Je m’étais même ruiné pour ça. Je forçais les choses je crois, une mauvaise idée d’après Kitae mais j’avais insisté… et aujourd’hui je me retrouve seul. Pas un message de sa part… je perds toute raison en entendant l’embarcation. J’aurais pu faire demi-tour, mais j’y suis allé… prenant le risque de tout laissé derrière moi.

A Paris

« Hey tu parles anglais ? » « Ouais. » « Alors viens avec nous. » juste une accolade, un sourire alors que je les suivais. J’avais besoin de prendre l’air, un jour que j’étais ici sans aucune nouvelle d’elle. J’avais visité la Tour Eiffel seul, j’avais fait le tour des quartiers populaires seul… alors ce soir je voulais sortir. Profiter de l’instant ! Le cœur toujours aussi lourd, le moral au plus bas je tentais de garder le sourire face à ces inconnus. Le premier verre arrivé sur la table, je le regardais, sachant pertinemment qu’il serait le premier d’une longue série. Et je n’hésitais plus ! Le buvant d’une seule traite, il fut celui qui me redonna le courage d’avancer. Il m’a fallu peu de temps avant de céder, de me laisser couler vers cette sensation apaisante. Désinhiber de mes craintes et de mes peines. Je me laissais prendre dans ce tourment que j’avais si souvent évité. L’alcool n’était pas ma drogue, mais il me conduisait à mes pires démons. Cette envie de prolonger cette émotion, cet apaisement bénéfique. Sans en avoir jamais assez. Et je connaissais le remède contre cette peur. Ce manque terrible de confiance en l’avenir. Elle était jolie, d’un blanc éclatant sur la table. Ces inconnus en consommaient comme moi à l’époque. Devais-je céder ou non ? Je restais quelques secondes à hésiter, avant d’attraper un nouveau verre. Mon esprit embué, mes malheurs en Corée, je pouvais tout oublier. Et les nuits se ressemblaient. Je ne me levais plus le matin pour profiter de cette ville que j’espérais voir. J’attendais le soir, pour replonger. Pour me laisser aller. M’intoxiquant un peu plus chaque jour qui passait. Je finissais par ne plus répondre à Kitae, qui s’inquiétait. Plusieurs appels en absence alors que je rentrais dans deux jours. Finalement un soir, à mon hôtel je décrochais. Je ne savais même plus l’heure qu’il était à Séoul. « Ouais ? » ma voix étrange, il resta quelques secondes silencieuses « Qu’est-ce que tu fiches Il Kyang ? Ça fait des jours que j’essaie de t’appeler ? » On était d’accord tous les deux, je profitais de cette semaine pour me remettre les idées en place. Pour souffler un peu avant d’attaquer le vrai boulot. Ce qui nous attendait désormais n’appartenait qu’à nous. Mais je semblais tout mettre de côté… « Je suis crevé. T’inquiètes on se reparle quand je rentre. » Inutile de lui mentir, il savait déjà tout. Et il me sermonna en reconnaissant cette voie alcoolisée. Les derniers jours ne furent pas mieux. Toujours sous les effets de l’alcool, je n’avais vu de Paris que ses tourments et ses nuits déjantées.

Séoul

Des lunettes noires sur le nez, j’apercevais la silhouette de mon meilleur ami venu me chercher. Il avait encore le sourire aux lèvres, espérant que je me serais reprit. Mais il le perdit rapidement en apercevant mon air fatigué. Il hésita un instant avant de prendre mes bagages, me toisant de la tête aux pieds. Une question qui devait lui brûler les lèvres, nous étions trop amis pour qu’il s’en prive « T’en as pris ? » j’avais cet air que j’avais souvent, la lumière m’agressait après ces nuits horribles que je passais. Je n’ai pas répondu, j’ai seulement grimacé à sa question alors que le doute planais encore entre nous. Il avait envie de passer au-dessus, m’invitant chez lui il pensait que je lui partagerais des bons moments. Mais je n’avais que des photos de soirées à lui montrer. Evidemment, ça ne lui plaisait pas et il se remit à me refaire la morale. « Ne gâche pas tout putain Il Kyang. On a enfin ce qu’on voulait, alors arrête tes conneries ok ? » Je lui répondais ok, pour lui faire plaisir. Et le soir même je sortais à nouveau pour retrouver mon breuvage préféré. Par un pur hasard j’avais recroisé ce type que je connaissais. Il y a de ça quelques années. Si d’ordinaire je fuyais mon passé, cette fois j’avais eu envie de me remémorer ces bons moments. Ils n’étaient pas si terribles que ça finalement. J’étais défoncé, mais au moins j’avais la belle vie. J’avais fait l’effort de tout arrêter durant trois ans, pour que tout me retombe dessus. A quoi cela m’avait servi finalement ? Quitte à s’enfoncer autant le faire bien. Et même si Kitae me prévenait de ne pas le revoir, je ne l’écoutais pas.

Ce soir encore, j’avais rendez-vous avec lui et ses amis. Je savais que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il me re-propose d’en prendre. Je jouais avec le feu, sans jamais y céder. Prêt à sortir, j’avais passé une journée pourrie en cours. Mes profs m’avaient gueulé dessus, trouvant qu’il y avait trop de laissé aller. J’allais surement me prendre un avertissement, un vrai cette fois et je trouvais que je le méritais. Un simple haussement d’épaule à leur réprimande, avant de retrouver ma chambre et son air étouffant. J’ai besoin de prendre l’air, tout me rend fou ici. J’ai mis à peine les pieds au studio depuis que je suis revenu. Demain, j’irais, c’est du moins ce que je tentais de me dire. Habillé pour l’occasion, je trouvais ça drôle d’enfiler une tenue blanche pour aller me saouler à n’en plus finir. Arrivé sur les lieux, je trouvais déjà Yeo Sang présent, son sourire assuré sur les lèvres. « Il Kyang ! Tu t’es fait beau pour nous ? » Il faut croire que j’avais envie de « blanc pur » ce soir. Je le suis à l’intérieur, la foule est déjà bien présente et l’atmosphère réconfortante. A sa table habituelle, il fait signe au serveur de nous apporter de quoi nous désaltérer. Encore une fois ce même schéma qui recommence. Et les minutes coulent à une vitesse folle, en même temps que les verres qui défilent sous mes yeux. Un, deux, trois… puis je ne sais plus combien, avant de perdre toute notion et me laisser aller. Enjoué, je fais claquer nos verres, relancent des discussions et ne réfléchis plus à rien. Jusqu’à ce moment critique, ou Yeo Sang décide de sortir sa came de sa poche. Il me fait un clin d’œil, souvenir d’un passé qui me parait loin désormais. J’ai la tête qui tourne, plus apte à prendre de réelle décision. Peur de céder surement, alors qu’il l’étale devant moi. Vulgaire poudre, enivrante et si tentante. A porter de main, je n’ai qu’à saisir cette occasion, pour venir tout oublier. La tentation est si forte. La gorge sèche, les mains moites, je sens mon cœur tambouriner. Puis un geste maladroit qui me ramène à une réalité altérée par l’alcool. L’un de ses amis trop enivré, trébuche et renverse la bouteille sur la poudre. Un signe du destin peut-être, mais j’en ris, me saisissant de mon verre pour boire une nouvelle gorgée, alors que la voix de Yeo Sang s’agace. Je ne fais pas attention à la silhouette qui s’approche. L’esprit trop ailleurs surement, alors qu’elle s’installe brutalement à mes côtés. Malgré l’alcool, j’écarquille les yeux en voyant Ye Won ici. Et si en temps normal je me serais surement énervé en la voyant, j’accroche un sourire satisfait à mes lèvres. Ses paroles n’ont aucun sens, je suppose qu’elle doit être dans le même état que moi. Je ne dis rien, la toise avec une arrogance que je ne me connais pas « Hey, tu nous présente Il Kyang ? » je ne détourne pas les yeux trop absorbé par cette beauté à mes côtés. « C’est toi qui me suis partout. Ye Won. »[size=16] J’insiste sur son prénom, comme une provocation étrange qui franchi mes lèvres. Mon verre à la main, je bois une nouvelle gorgée. « Je me suis peut-être fais beau pour toi. » j’arque un sourcil séducteur, alors que nos paroles n’ont aucun sens. Depuis quand nous sommes nous réconciliés ? Je n’en sais rien. Ma raison s’évapore, quand je sens son parfum venir jusqu’à moi. J’ai tellement rêvé d’elle ces derniers jours. Elle me parait être un mirage, dans une folie qui n’appartient qu’à moi. « Je suis sûr que tu me cherchais. »  persuadé qu’elle n’est pas réellement là, je me mets à rire. D’un rire fou. « Ah t’es chiante à toujours être dans ma tête. » à moins que cette fois-ci ça ne soit réel.

Ces nuits s’enchaînent, toujours avec la même rengaine. Ce besoin omniprésent d’oublier, de te déconnecter de cette réalité qui te dévore. Tu veux oublier Il Kyang, une bonne fois pour toute, ou du moins, t’essaies de t’en persuader. Parce que tu n’y arrives tout simplement pas. Tout te remémore sa présence, ces derniers moments passés ensemble. Le simple fait de te retrouver dans ta chambre te donne la nausée. Parce qu’elle te rappelle ces nuits passées dans ses bras. Trop récentes pour qu’elles ne soient qu’une illusion à laquelle tu te raccroches encore. Trop perturbantes, parce qu’elles te rappellent à quel point tu l’as dans la peau, à quel point ton être entier le réclame encore et encore. Ces sentiments qui sont bien plus forts qu’avant, bien plus difficiles à mettre de côté. Alors tu te perds simplement dans ces nuits pour éviter de te rappeler qu’il n’y a pas si longtemps, l’espoir était encore bien présent. Celui d’un avenir un peu plus radieux, à ses côtés. T’as finis par baisser les bras, obnubilée par cette fille qui a osé tout gâcher, tout réduire en pièces. L’envie folle de lui faire payer, même si tu te retiens encore. Après tout, ils devaient bien être deux pour coucher ensemble, même lorsqu’il est revenu dans ta vie. Dans ces verres et ces pilules, tu les oublies, tu arrêtes enfin d’avoir cette vision d’eux, ensemble, qui te bouffe, qui ravive davantage encore ces blessures. Mais lorsque tu le vois assis à cette table, la rage prend place. Certains souvenirs de cette dispute reviennent à toi violemment. Elle pourrait rester là, ancrée en toi, mais ces drogues dans ton organisme te font rapidement dévier de ces idées premières. Et si ce cachet te permet de voir le monde plus beau qu’il ne l’est réellement, c’est encore pire en le voyant. Cette impression qu’il rayonne devant toi, comme si c’était une évidence même de le retrouver, d’être à ses côtés. Tout s’embrouille à cette provocation, la façon qu’il a de prononcer ton nom. Nulle doute que ses amis ont déjà remarqué, à quel point tu le dévores du regard. « J’te suis pas, j’m’en fous moi. » De quoi ? Tu serais incapable de le dire. Tes épaules qui se haussent brièvement avant de récupérer le verre qu’il a dans sa main pour en boire une gorgée. « Alors tu m’cherchais si tu t’es fait canon comme ça pour moi. Content de m’avoir trouvée ? » Tes lèvres que tu pinces dans un sourire qui se veut charmeur. Et même si l’alcool parle pour toi, même si tu auras certainement tout oublié demain, tu te laisses déjà aller à ce petit jeu. Celui-là même auquel vous jouiez encore quelques semaines plus tôt. A un détail près, vous n’êtes pas dans votre état normal. Tu t’en soucies guère, trop concentrée sur celui qui est installé à tes côtés. Un rire qui te prend à sa remarque, t’as arrêté de le chercher depuis ce fameux matin, cette dernière dispute qui a tout fait voler en éclats. Ce soir pourtant, tu n’y penses pas, comme si cet instant n’était qu’une image effacée de ton esprit. Une mauvaise scène d’un film surfait qui n’est qu’un mirage dont on se passe volontiers. « T’aimes bien dire des conneries toi hein. » Ton rire qui se mêle au sien, alors que tu donnes un léger coup sur son bras, comme deux proches pourraient faire en se racontant de vieux souvenirs. C’est la voix de cet inconnu en face de vous qui te sort de cet instant. « On peut savoir qui tu es ? Enchanté, moi c’est Yeo Sang. » ose-t-il te demander dans un sourire charmeur. « Cool, mais j’suis occupée. » réponds-tu simplement, le tout souligné d’un clin d’oeil, avant de reporter ton attention sur celui que tu as décidé de retrouver, à la seconde ou ton regard s’est posé sur lui. « J’ai soiiiiif ! T’as pas soif ? J’vais chercher ma bouteille. » que tu lances en te relevant de ce canapé. « J’parie tout c’que tu veux que tu vas encore me suivre. Tu veux parier ? Il Kyang. » De cet air presque aguicheur, tu hausses un sourcil, ce sourire amusé sur tes lèvres. Puis tu te retournes, prête à partir en direction du bar pour récupérer ton sésame. Une part de toi espère le voir te suivre, l’autre ne se concentre que sur cette soif à assouvir dans un autre verre d’alcool. Pourtant, tu te fous de tout, dans ta bulle. Qu’il te suive ou non, tu es déjà bien trop enivrée pour te soucier de ce qu’il pourrait bien se passer.

Encore une nuit à perdre la raison. A ne plus savoir qui je suis et ce que je veux. Tout s’embrouille dans ma tête. J’en ai marre d’être toujours correct de devoir faire ce qu’on attend de moi. Entre ma famille et Kitae je ne sais plus où donner de la tête. Kitae disait de moi que j’étais moins fun, au final je trouve que c’est lui qui vieilli. Depuis qu’on a signé, il ne s’accorde aucune minute de plaisir. Toujours fourré au studio là-bas il me croit aussi libre que lui. Ça me fait sourire, moi j’ai des obligations. Je dois aller en cours pour avoir ce diplôme de merde. Je n’ai pas autant de temps que lui, même si j’ai beaucoup sécher les cours ces derniers temps. Je suis perdu, je n’ai envie de rien. Je me perds toujours dans ces sensations enivrantes. Elles m’obsèdent, m’aident à aller mieux. Et dans ma folie, jamais je ne craque, ne cédant à cette tentation si forte de la drogue. Une fierté dont je pourrais me vanter quand je serais sobre. Ce qui est loin d’être le cas alors que Ye Won a pris place à mes côtés. Si au départ je pensais que je rêvais éveillé, je me rends vite bien compte qu’elle est là. Un sourire accroché à mes lèvres, j’écoute ses provocations « Ouais, je suis content. » et je la dévore des yeux, comme jamais je ne l’ai fait. Je crois que je suis dingue, j’aurais aimé être lucide pour me dire d’arrêter ça. A quoi ça rime ? On va se parler comme si de rien n’était ? Surement et je suis si loin de toutes ces questions qui me pourrissent la vie. Je me dis pourquoi pas, je fonce, je m’en fous de toute façon. Je suis trop saoule pour avoir le temps de comprendre ce qui m’arrive. Son contact m’électrise, tandis qu’un frisson parcours mon échine. Ma tête cogne, ma vision se trouble et pourtant je ne vois qu’elle. Absorbé par cette conversation dénuée de sens. Yeo Sang juge bon de nous interrompe, moi je ne réponds pas. M’amusant de ce qu’elle lui dit. Je suis plus important, voilà ce qu’il en est. Elle s’en fiche de lui, pourtant si elle savait qui il était peut-être aurait-elle un avis différent. Je l’observe hypnotisé par chacun de ses gestes. Et cet air aguicheur me fait vriller. J’ai du mal à rester concentrer, mes jambes me redressent déjà, sans aucune peine ni aucune volonté. Je suis faible surement, mais bon sang regardez-moi cette fille. Je ne suis pas vraiment stable, ma tête tourne et je cogne surement plusieurs personnes sur le chemin. Mais mon esprit se focalise sur elle. Je lui emboite le pas, m’approchant quand elle se trouve au bar. « T’as parié quoi ? Parce-que j’ai perdu. » Et ça me fait rire. D’être aussi prévisible. J’ai besoin de m’accouder au bar, seul chose qui pourrait encore me tenir fermement debout. Je m’accoude, l’air désinvolte alors que mon regard se pose sur elle. « Moi je parie que tu finis ta nuit avec moi. » une invitation ? Je ne sais pas, je parle pour rien dire sans comprendre ce que je fais. Me redressant subitement, j’interpelle le serveur « Hey ! Une bouteille de champagne. C’est l’autre là-bas qui paye. » je désigne brièvement ma table, Yeo Sang a les moyens alors je profite d’un breuvage plus couteux. Et tandis que le barman m’observe du coin de l’œil. Je glisse doucement vers Ye Won. Penchant mon visage près du sien, je laisse mon souffle courir sur elle dans une nouvelle provocation « Dis-moi que je te manque. » ça aurait pu être une vraie demande. Mais cette fois ça sonne comme un jeu. Si elle craque, je cède aussi. Ma bouche légèrement entrouverte, je m’amuse à frôler sa lèvre inférieure, dans un jeu inapproprié. Ça ne nous ressemble pas, mais je suis trop enivré pour m’en rendre compte. Mon esprit s’égare subitement à ces images de nous deux. Son corps que je désire tant contre le mien. Ça devient malsain, stupide et si Kitae était là il me dirait de me resaisir. Mais c’est trop tard ! Je suis en train de me brûler les ailes. « J’ai pas arrêté de penser à toi à Paris. » et pas que là-bas. Mais au moins, elle saura peut-être qu’elle occupait toutes mes pensées. A tel point que j’ai finis par craquer et me laisser aller vers cet alcool euphorique. Toujours proche d’elle, je saisis subitement sa main pour venir la coller à mon torse. « Tu sens ? Il bat que pour toi. » et j’espère que je serais assez saoul pour oublier tout ça.

Une nouvelle fois, tu es déjà dans un état bien trop second pour penser correctement. Une nouvelle nuit à t’enivrer plus que de raison, et même ces quelques efforts pour l’oublier sont mis à mal alors que ton regard a croisé le sien dans la foule présente ce soir. Un jeu dangereux, bien plus encore que la dernière fois. Une attitude désinvolte, presque provocante, qui ne te ressemble en rien. Mais tu t’amuses, laissant de côté ton quotidien, ces épreuves auxquelles tu dois encore faire face. Ce soir, à ce bar, plus rien n’a d’importance. Rien ne vaut l’instant présent, ni même le soulagement de l’avoir aussi proche de toi. Même si la drogue décuple tes sens et tes émotions. Ton sourire qui s’agrandit quand tu le vois te suivre jusqu’au bar, tes jambes qui te guident sans avoir à réfléchir. Tu fais signe au serveur, qu’il puisse te ramener ta bouteille, alors que ton attention se porte déjà sur Il Kyang. Plus rien n’a d’importance, pas même tous ces gens autour de vous. T’en oublies ceux qui t’ont accompagné ce soir, tous ces mecs qui ont déjà osé t’approcher ce soir. Le seul que ton corps réclame, c’est lui, et c’est d’autant plus grisant lorsque tes yeux vagabondent sur lui. « J’parie déjà que tu vas m’payer un verre. Pour le reste, on verra. » Un clin d’oeil pour souligner ces quelques mots, une aisance certaine à être à nouveau à son contact. Comme si rien ne s’était jamais passé entre vous. Tous ces souvenirs douloureux envolés une bonne fois pour toute. Tu ne crains même plus le retour à la réalité, parce qu’à ce moment précis, elle est là, juste en face de toi. Un rire qui s’échappe d’entre tes lèvres, ta main qui se pose sur son épaule pour le pousser légèrement. « Essaie pas de m’tenter. » que tu réponds, pourtant déjà prête à succomber à tout moment. Son visage qui se rapproche dangereusement du tiens, et son souffle que tu peux sentir sur ta peau. Un frisson violent qui te secoue alors que tu fermes les yeux un instant. Sans le contrôler, ta main glisse sur sa joue alors que tes lippes colorées de rouge s’amusent déjà à effleurer les siennes. Tu ne te rends pas compte de ce que tu fais, obnubilée par son odeur, sa proximité. « A chaque seconde. » que tu murmures contre ses lèvres avant de te reculer. Un secret qui n’en est pas vraiment un, finalement. Une vérité certaine qui ose passer le pas de ta bouche, trop enivrée pour te rendre compte que tu devrais éviter tout ça. Tu vacilles, passe par des émotions différentes, mais toujours enivrantes. Elles te poussent à aller plus loin, à être une autre femme, qui ne te ressemble pas en temps normal. Voilà tout l’effet qu’il te fait, que t’as caché pendant si longtemps. « J’savais que t’étais un tentateur, mais pas à c’point. » Et tu ris de plus belle, avant de te raccrocher au bar. Tu n’as pas le temps de récupérer cette bouteille que le serveur pose devant vous, qu’il attrape ta main, la plaçant au niveau de son coeur. Electrisée, sans aucune envie de bouger, tu te rapproches un peu plus de lui. Amusée, amoureuse, bien plus encore qu’en temps normal, tout te paraît trop beau pour être vrai. « Que pour moi hein ? » que tu lui demandes, tes yeux ancrés dans les siens. Pendant un cours instant, tu y crois, dur comme fer. Mais par moments, certaines bribes de ces derniers jours te reviennent, pour disparaître aussi vite qu’elles ne sont apparues. « Essaies pas d’m’avoir encore une fois. » Un sourire de plus, une sorte de défi que tu lui lances, bien malgré toi. Et ça crève les yeux, que tu serais la première à te perdre dans ses bras si l’occasion se présente ce soir. Incapable de lui résister trop longtemps, certainement. Pourtant, cette envie folle de jouer prend un peu plus de place en toi. Cette fois, c’est à ton tour de te rapprocher de lui, paraissant prête à prendre tous les risques. Ton regard qui lorgne sur ses lèvres qui t’appellent déjà, auxquelles tu tentes de ne pas céder. « Tu serais capable de quoi pour m’avoir ? J’suis curieuse… » Si tu te voyais agir ainsi, tu te maudirais immédiatement, mais ta lucidité te fait défaut, bien plus qu’il n’y parait.

]D’un parfaite harmonie entre nous deux esprits embrumés. Une erreur surement de se retrouver ici, l’un avec l’autre. Tout est plutôt étrange, comme une réalité trafiquée. Quelque part je penserais que je ne devrais pas être là avec elle. Mais je n’ai plus du tout la tête à ça. Je me laisse prendre au jeu, esclave de l’alcool mais aussi d’elle. Lui payer un verre ? C’est une bonne idée. On n’en a jamais assez ! Alors même si j’ai déjà commandé une bouteille et elle la sienne, je quémande un nouveau verre. Elle me dit j’obéis. C’est aussi facile que ça. Je suis captivé par chacun de ses gestes, même si je ne contrôle plus les miens. Une voix me crie de rester à sa place, mais l’alcool est bien plus puissant que le reste. Au final, c’est une sorte de drogue à laquelle je m’adonne. Sans aucune honte, persuadé d’être à l’abri des dégâts de celle-ci. Puis franchement, je m’en fous ! Je n’ai plus envie de réfléchir ni de m’interdire quoique ce soit. Mon corps la veut, elle plus que n’importe qui. Alors je m’adonne à se plaisir, m’en fichant de demain. Je joue à ce jeu dangereux, d’une séduction que je ne nous connaissais pas. Nous n’avons jamais eu ce genre de comportement l’un avec l’autre. Du moins aussi rentre dedans. Je ne pourrais jamais dire si cela me plait, mon esprit bien trop enivré pour ça. Mais disons que je m’amuse à suivre ce chemin sinueux. Je ferais n’importe quoi pour la tenter ce soir. Persuadé qu’elle craquera d’une seconde à l’autre. Quant à moi, j’ai déjà un pied dedans. Incapable de lui résister. Elle n’a qu’à claqué des doigts, je lui obéirais. Et cette question m’électrise, totalement envouté par ce qu’elle dégage, je me recule un peu. Faussement surprit avant de balancer « Moi ? Mais tout ce que tu veux. Je suis prêt à n’importe quoi pour toi. » Ma voix est un peu bancale, plus que je ne l’aurais cru. Je suis dans un ailleurs. Un joli monde plus doux ou rien ne peut m’atteindre. Et cet univers dans lequel je marche est agréable. Enroulé dans son parfum, envouté. J’ai extrêmement confiance en moi aussi. D’une assurance que je n’ai pas d’ordinaire, alors je m’éloigne du bar et me met face à elle « Pour toi, je peux voler, je peux crier, je peux même tuer ! » et je tapote sur mon torse, comme un signe de virilité surement. Mettrait-elle en doute mes capacités à la satisfaire ? Je ne veux pas, alors je fronce les sourcils, les bouteilles déjà sur le bar. « Demande-moi je fais ! » révélateur d’une soumission que j’éprouve quand elle est là. Je m’approche à nouveau, récupère ma bouteille de champagne et son verre. L’invitant à me suivre avec les autres. Quand je dépose le tout sur la table, Yeo Sang me toise du regard. Incapable de dire ce qui lui traverse l’esprit. Ai-je déjà évoqué Ye Won dans nos soirées trop arrosées ? Je ne sais jamais ce que je dis dans ces moments. Cependant il semble satisfait de mon choix, et verse déjà les verres de champagne. J’en saisis un, et le tend à Ye Won. Puis je récupère le mien « A toi. » sans tarder j’ingurgite le liquide dorée, sans y prendre goût. Une telle boisson se déguste, moi j’ai soif. Si bien que je termine mon verre et fait claqué le pied sur la table. J’en ris, incapable de rester en place, j’attrape la main de Ye Won. « Viens avec moi beauté. » et je l’entraine avec moi sur la piste de danse. Chose que je ne fais que très rarement, mais cette fois je ne suis pas sobre. Alors je n’éprouverais aucune honte à aller danser. L’attirant à moi, je remarque brièvement ses pupilles noires dilatées. Si en temps normal j’aurais trouvé ça horrible, cette fois je me mets à sourire. Me penchant vers elle, je viens attraper son visage dans mes mains « T’as pris quoi ? ». Je trouve ça drôle en fait. Elle a l’air défoncée, et ce soir ça me plait. Sans aucune barrière entre nous. Juste l’euphorie du moment. Levant les mains en l’air, je me décharge de toutes responsabilités « Moi que de l’alcool. » et j’ai l’air fier de moi. Je lâche un rire bête, alors que les premières notes d’une musique retentissent. Je n’y connais rien, mais le rythme est beaucoup plus sensuel. Une aubaine que je saisis en venant attraper Ye Won par la taille. Je la fait tourner, pour attirer son dos à mon torse et venir la coller comme jamais je ne l’ai fait en public. Je garde mes mains sur elle, un sourire aux lèvres, alors que j’apprécie de sentir son corps aussi proche du mien. Ma paume sur sa cuisse, je ne m’aperçois pas de suivre ce rythme lent, de bouger le bassin avec autant d’aisance. Si j’avais été moi, j’aurais été surprit de jouer au lover comme je le fais. Mais dans ma tête, tout est trop beau et addictif. D’une voix toute aussi sensuelle, je viens lui glisser à l’oreille « Et là je te tente ? » d’une provocation, qui ne rime à rien durant cette soirée. Mais c’est mon leit motiv aujourd’hui. Je serais celui que je ne suis pas.

Tout ça ne te ressemble pas. Et si cette pilule n’avait pas franchi la barrière de tes lèvres, rien de tout ça ne serait arrivé. Dans cette euphorie pourtant, tu ne contrôles plus rien, laisse simplement la drogue parler pour toi. Elle guide tes mots et tes gestes, te faisant tout oublier, le bon comme le mauvais. Rien ne compte à part l’instant présent, ce que tu es en train de vivre ce soir, finalement. En sa présence, celle que tu recherches encore malgré ces doutes bien plus fort qu’auparavant. Mais il est là, et tout ton être le réclame, toujours plus. A rechercher cette proximité disparue depuis trop longtemps à ton coeur. Tu n’es plus toi-même, et tu te détesterais à te voir comme ça, si seulement tu pouvais en prendre conscience. « Fais pas le lover. » Un rire qui s’échappe d’entre tes lèvres, des paroles qui seront bien vite oubliées. Aucun de vos échanges n’a de sens, mais tu es trop enivrée pour le voir. Le laissant récupérer les boissons, tu le suis jusqu’à sa table, et encore une fois, tu ignores ceux qui sont autour de vous. Tu as du mal à les voir, alors que tu restes concentrée sur celui qui continue de faire battre ton coeur toujours plus vite. « A toi. » que tu réponds simplement, faisant claquer vos verres avant de boire le tiens d’un seul trait. Voilà qu’il t’embarque déjà sur la piste de danse, ce sourire qui prend plus de place sur ton visage. Il te guide à travers la foule, alors que ton corps déjà se met à onduler au rythme de la musique. Ses mains qui se posent sur tes joues, un simple contact qui t’électrise une fois de plus. Tes yeux qui en redemandent, cette sensation de sa peau contre la tienne, une brûlure diabolique qui fait te fait rater un battement, te fait chavirer une fois de plus. « J’sais pas, j’m’en fous. J’suis bien là. » réponds-tu simplement, de ce rire qui veut tout dire. Va-t-il t’en vouloir pour ça ? Cette question s’évapore lorsque ton regard descend sur ses lèvres pour y découvrir ce rictus appréciateur. Tu le sens te faire tourner sur toi même, se collant à ton dos alors qu’une nouvelle musique arrive à tes oreilles. Tes gestes se font plus sensuels, plus provocateurs sûrement, mais tu n’y penses pas. Baignée dans cet océan de bien être, alors que tu peux sentir sa main sur ta cuisse, son odeur t’enivrer plus encore. Tes yeux que tu fermes un instant, pour savourer un peu plus l’instant, décupler davantage encore ces fourmillements qui naissent dans ton corps. Tu te presses un peu plus encore contre lui, ta main sur la sienne pour redessiner les courbes de tes hanches. Et tu ne penses plus à rien, ni le lieu, ni les personnes autour de vous. Tu succombes plus encore que tu ne l’aurais cru, mais tu ne le remarques même pas. Tu ne réponds pas à sa question, laisse ton corps onduler un peu plus encore contre le sien, jusqu’à ce que la musique change à nouveau. Gardant cette proximité, tu te retournes à nouveau pour lui faire face, de ce sourire narquois, prêt à jouer à ce jeu dangereux, voir jusqu’ou il peut vous mener. « J’veux te voir craquer le premier. » Un murmure à son oreille, un nouveau rire pour ponctuer ta phrase alors que tu te détaches de lui, continuant de danser comme si tu étais seule au monde, avec lui. Des regards aguicheurs, des sourires qui laissent tout le loisir de croire que tu n’attends plus que ça, qu’il te fasse flancher une fois de plus. Et si tu pouvais voir cette scène sans ces substances dans ton corps, tu te trouverais incroyablement ridicule, tu te moquerais certainement de toi-même. Mais ça encore, ne compte plus, alors que cette sensation prend toute la place au fond de toi. Un bonheur certain que tu ne pensais jamais pouvoir retrouver. Une assurance disparue à travers les années, qui guide tes gestes ce soir, qu’importe les conséquences.

Je veux me laisser vivre. Je veux être heureux… est-ce que c’est trop demandé ? Je ne sais pas, tout est beaucoup trop flou aujourd’hui. Je me laisse guider par mes pensées les plus obscures, comme prisonnier de cette nouvelle vie. Je ne lui en veux pas, je m’en fous puisqu’elle est là aujourd’hui. Demian sera peut-être plus difficile. Mais ce soir, je me laisse happer par cette excitation. Elle représente tout ce que je fuis et tout ce que je désire le plus au monde. J’ai cru mourir en ne la voyant pas arriver ce jour-là à l’aéroport. Tout comme j’étouffe de la voir ici ce soir. Mais je suis un fou, complètement intoxiqué par elle. Notre jeu n’a aucun sens. Ils ne nous ressemblent pas, mais jusque-là je n’avais jamais su lui montrer que je tenais à elle. Peut-être qu’au fond c’est mieux de cette façon ? De ne pas être soi-même pour pouvoir l’approcher ? Si c’est ce qu’elle veut alors je lui offrirais mon âme en échange d’un moment avec elle. Je suis dingue d’elle, et personne ne pourrait s’en douter ce soir. Pas même elle. D’un jeu de séduction malsain, j’en fais une force pour la garder auprès de moi. Je décortique ses gestes, la vois bouger au ralenti. C’est comme si tout ce qu’elle dégageait m’appartenait. Une danse exaltante qu’elle n’offre qu’à moi. Je reste envouté, et même lorsqu’elle vient me provoquer. J’ai déjà craqué… je la veux plus que tout. Mais je ris à sa remarque, d’un sourire enivré alors que je viens attraper sa main. La déposant autour de mon cou j’approche mon visage du sien « Tu ne tiendras pas longtemps non plus. » voilà à quoi on s’adonne. Savoir lequel de nous deux baissera les armes. Pourtant, je n’ai aucune preuve de conflit entre nous. Nous sommes juste trop saouls pour savoir ce qu’on fait. Et tout devient plus grisant, si proche, j’étouffe à nouveau enroulé dans son parfum. Cette odeur si particulière, qui hante mes nuits et imprègnent mes draps. Sans aucune gêne, j’hume son cou, à la recherche de ma dose. Je laisse ma lèvre frôler sa peau douce, imaginant déjà pouvoir la parcourir sans aucune retenue. Je ne sais pas combien de temps nous restons là, le temps semble s’être arrêté. Les gens autour de nous, sont comme ralentis et moi je suis totalement perdu. Je n’ai qu’une vision étriquée de ce que je vois. Je m’éloigne juste un peu, laissant ma main trouver la sienne « Viens avec moi. » je l’entraine jusqu’à notre table une fois de plus. Mais cette fois je récupère la bouteille de champagne avant de faire un signe aux autres « On se barre. A plus les gars. » En réalité j’ai déjà mon visage tourné vers Ye Won. Je n’attends aucune réponse. Spontané, je la traine à l’extérieur avant de boire à la bouteille. Je lui tends, amusé en laissant un rire franchir mes lèvres humides. « Toi et moi, jusqu’au bout de la nuit. » ça ressemblerait à une promesse, mais ça sonne comme un discours sans aucune profondeur. Complètement désinhiber, j’attrape à nouveau sa main avant de me mettre à courir pour l’emmener avec moi. « Laisse-toi vivre ! » et j’aime sentir ce vent fouetter mon visage. L’air frais s’immiscer sous mes vêtements jusqu’à ce qu’un frisson me parcours. Je suis fou ! J’ai envie de courir partout, de pouvoir dire au monde entier que j’aime cette fille. Alors au plein milieu de ma course je m’arrête, sur un trottoir je me mets à crier « Je suis fou de Kim Ye Won !!!! » j’ai hurlé si fort que tous les regards se posent sur moi. Mais je m’en fous, je suis saoul alors j’ai une excuse. Et un nouveau rire recouvre le bruit des rues de la capitale. M’approchant d’elle, je passe mon bras autour de ses épaules. On a surement l’air de deux adolescents complètement torchés. Et ça me plait je crois ! Attrapant la bouteille je bois une nouvelle gorgée en continuant d’avancer à pas chancelant sur le trottoir. Puis tendant subitement ma joue à Ye Won, je viens marmonner « Fais moi un bisous. » je fais la moue, parce-que je veux au moins sentir ses lèvres sur moi. D’une innocence presque risible, alors que mes idées vont plus loin. Sagesse enivrée, je quémande une nouvelle attention. « Tout le monde nous voit ! Tu vas plus me dire non, je le sais. » à croire que je pourrais encore être conscient. Aucun reproche ne franchira mes lèvres ce soir. Je n’ai rien d’autre à lui offrir qu’un homme plongeant dans l’alcool. Et j’aime à croire qu’elle non plus n’a rien à m’offrir à part ce moment volé.

Une ivresse certaine, une dose d'alcool bien trop importante pour ton corps, pourtant, plus rien ne t'arrête. Portée par l'instant, par ces sentiments décuplés, que tu n'essaies même plus de maîtriser. Plus rien n'a d'importance, encore plus lorsque tu te retrouves sur cette piste de danse, dans ses bras. Il devient maître de tes faits et gestes, alors que tu te retrouves incapable de réfléchir correctement. Cette pilule fait bien plus d'effet que tu ne l'aurais cru, et une part de toi se conforte dans l'idée qu'il n'y est pas pour rien. Sa main dans la tienne, tu le suis jusqu'à la table, puis jusqu'à l'extérieur. Le vent frais qui se glisse sur ta peau comme une tornade inattendue, qui te fait rire, embarquée plus profondément dans ce monde dont tu as si souvent rêvé. Cette bouteille que tu récupères pour boire une longue gorgée, et ton attention qui se porte inlassablement sur lui. Et parce que ces substances sont trop nocives pour toi, tu te perds dans son regard, amusée, cette sensation folle de te sentir plus vivante que jamais. « Tout ce que tu voudras. » que tu réponds dans un nouveau sourire, te mettant à courir avec lui. Des rires qui s'envolent dans le ciel. Habituellement, tu serais la première à râler, de ces talons qui claquent violemment sur le sol, mais ce soir, tu ne sens plus rien, simplement attirée par cette liberté offerte du bout des doigts. Une course qui s'arrête après de longues minutes, le souffle coupé. Ton visage que tu caches de tes mains un instant, à ce cri du cœur qu'il offre au reste du monde. « T'es fouuuu ! » Que tu lâches à ton tour, riant de plus belle, l'attirant vers toi. Un geste pour te perdre dans ses bras, qui manque de te faire tomber. Qu'importe ce qu'il peut bien arriver, le plus important est de te sentir en vie, annihilée par l'envie d'avancer, qu'importe ou vous pourriez bien aller. Tes bras que tu enroules autour de son cou pour déposer un baiser sur sa joue. Comme deux gamins qui se laissent porter par le moment qu'ils sont en train de vivre. Et tu restes accrochée à lui, plusieurs longues secondes, qui ne te semblent pas suffisantes. Un autre baiser qui redescend vers son cou, avant de t'éloigner, tes jambes reculant pour avoir le loisir de le voir avancer vers toi. « Et si j'te disais plus jamais non ? » Un sourire comme provocateur, alors que tu récupères la bouteille entre ses mains pour boire un peu plus encore, le besoin omniprésent de t'enivrer toujours plus. « Tu m'demanderais quoi ? » Question qui brûle tes lèvres, réponse qui sera oubliée dans quelques heures. Mais tu oses, comme nonchalante, une image qui ne te ressemble pas. C'est tout ce que tu pourrais lui offrir finalement. Parce que lorsque ta lucidité te revient, tu ne tentes que de l'oublier, définitivement. Même si cela semble impossible. Et ce soir, tu ne penses plus à rien, reste uniquement concentrée sur lui, sur la façon qu'il a de poser son regard sur toi. Electrisant, grisant, dont tu te délectes sans aucune appréhension. Qu’importent les regards posés sur toi, qu'importe ces gens qui ne pourraient pas comprendre ce qu'il se passe entre vous. Tu ne vois que lui, encore et encore. Le reste ne semble être qu'un brouillard dans lequel vous vous perdez ensemble, pour amplifier davantage encore ces sensations qui te font frissonner, un peu plus à chaque fois. « Viens, on fait un truc fou ce soir. » Une envie certaine d'aller toujours plus loin, de défier les limites de ton propre corps. Un moyen comme un autre de continuer à ressentir toutes ces choses-là, un peu plus longtemps encore.

Tu es la cause de tous mes problèmes, la cause de mes bonheurs, comme de mes malheurs. Et je t’en veux terriblement Ye Won. Te haïssant comme je te désire. A en perdre la raison. A ne plus savoir quoi penser de tout ça. C’est si fort et si intense. Plus que nous deux réunis. Quand tu es revenue dans ma vie je n’aurais jamais pensé ressentir ça. Mais je me suis laissé aller ! J’ai laissé tomber ces barrières pour enfin me faire posséder. Et c’est si grisant ! Même si ça me détruit. Pourtant ce soir nous sommes loin de ces contraintes. Prit dans ce cercle vertueux, qui nous mène jusqu’à notre perte. Mais qu’importe, demain est un autre jour. Un de plus sans toi. Alors je ne pense ni aux conséquences ni à ce que je nous faisons. Je suis fou oui ! Complètement aliéné par cette sensation qui grandit en moi. L’alcool fait son effet et moi je deviens son pantin. Je souris un peu plus à ses remarques, comme si j’en comprenais le sens. Non, je ne veux plus entendre ce mot franchir ses lèvres. J’en ai marre qu’elle s’empêche de vivre. Qu’elle me rejette comme si j’étais qu’une vulgaire chaussette. Putain, je t’aime moi ! Et c’est ça le plus important non ? J’y crois encore quand elle me pose cette question. Mon esprit perturbé, à la recherche de quelque chose qui n’a aucune logique. Ce que je lui demanderais ? Tout. De m’aimer, de faire de moi ce qu’elle veut. Je veux m’oublier, je m’en fous de savoir qui je suis ou d’exister. Je veux qu’elle me demande d’être sien jusqu’à la fin des temps. Et subitement ça brille dans ma tête. Comme une idée évidente à laquelle je devrais m’adonner. Un sourire espiègle aux lèvres, je lâche « Un truc fou ouais. » j’en ai pleins en tête, mais le premier qui me vient est étrange. Alors j’avance un peu dans la rue, à la recherche d’un truc qui pourrait faire l’affaire. Même si tout ça ne ressemble à rien, je trouve subitement un morceau de plastique au sol. Riant comme un enfant, je l’enroule sur lui-même, pour en former un cercle. Et quand je relève les yeux vers elle, je suis encore éblouie par sa beauté. A tel point, que ma décision semble la plus logique qui soit. M’agenouillant brusquement devant elle, je crie « Ye Won épouse moi !!! » une nouvelle folie. Si symbolique et je le réduis à une simple nuit d’ivresse. Je ne sais pas pourquoi cette idée m’obsède subitement. A croire que j’ai toujours voulu en arriver là avec elle. Pourtant le mariage ne m’a jamais attiré. Je suis un électron libre en temps normal. J’aime ma liberté plus que ma propre vie je crois… Et pourtant, j’ai l’impression d’avoir déjà prononcé ces mots. Douce illusion surement, alors que je me redresse tout en riant. « T’as dit que tu me dirais plus non. » je la force à accepter, prise dans son propre piège. Mais de toute façon nous ne risquons rien. Ça n’a rien d’officiel hormis dans le monde des ivrognes que nous sommes. Et cette idée me fait sourire. « Soit ma reine Ye Won. Je serais ton roi. » C’est d’un ridicule. Je me serais moqué de moi si j’avais vu ce que je faisais. Mais en cet instant je suis sérieux. Je trouve ça presque romantique sous mes airs enivrés. Le sourire toujours accroché aux lèvres, je reste quelques secondes à la regarder. Puis attrapant sa main, j’y glisse le morceau de plastique sur son annuaire gauche. « C’est là non ? » je ne suis pas si sûr de moi, et je pouffe de rire me moquant de moi-même, avant de dire « Je nous déclare mari et femme. Seo Il Kyang, vous pouvez embrasser la mariée. » Et tandis que je me penche pour lui prendre la bouteille des mains, je laisse mes lèvres venir se déposer sur les siennes. Notre baiser n’a rien de beau et savoureux. Le gout est masqué par l’alcool mais ça me suffit à trouver ça agréable. Un échange presque chaste, alors que je meurs d’envie de la dévorer. Je me recule juste assez je souris « T’as gagné. J’ai cédé le premier. »