Plus rien n'a de sens, et pourtant, tout semble si logique, si évident. Comme si tout aurait dû vous mener à cet instant précis de vos vies, pour vous rappeler l'ampleur de vos sentiments. La lueur dans vos regards quand il était encore possible de vous retrouver. Douce illusion qui disparaitra au lever du jour, mais cette simple idée se détache de toi d'une manière si déconcertante. Tu le suis du regard, te demande un instant ce qu'il cherche, bien rapidement perturbée par les lumières de la nuit. Si attractives lorsque tu poses tes yeux sur elles. Tu pourrais t'y perdre, mais il te sort de tes pensées bien plus vite encore. Et le voilà accroupi devant toi, te demandant de l'épouser. Un cri de joie que tu ne saurais contenir, parce que tout semble bien plus beau que d'ordinaire. « Tu sais que j'pourrais jamais dire non à ça ? » Ca semblerait presque être une évidence, alors que dans le fond, tu continues de mettre des barrières entre vous, lorsque la drogue ne s'en mêle pas. Dans ton quotidien absurde, tu sais pourtant que tu seras un jour mariée de force à un inconnu, pour parfaire les relations de ton père. Mais naïvement, lorsque la jeunesse jouait encore avec les rêves, tu attendais ce prince charmant, ayant cru le trouver lorsque ton chemin a croisé celui d'Il Kyang. Tout ça n'a plus aucun sens, pourtant tout te semble si vrai qu'il te happe dans un nouveau tourbillon de bien être, bien plus puissant encore. Tu t'avances d'un pas vers lui, ta main qui vient caresser sa joue dans un geste qui se voudrait tendre. « J'serais tout ce que tu veux que je sois. » Ton regard plongé dans le sien, tu ne penses pas à la fin que pourrait avoir ce rêve dans lequel tu te retrouves plongée. Et tous ces autres peuvent bien dire ce qu'ils veulent, tu resteras accrochée à lui, jusqu'au bout de la nuit. Jusqu'au bout du monde, si cela était possible. Un sourire qui ne saurait se faner, lorsqu'il glisse ce bout de plastique à ton doigt. « Pourquoi on n'a jamais fait ça avant ? » oses-tu demander, alors qu'il se relève face à toi, de ce sourire enivrant qui te ferait perdre la tête. Ses lèvres qui se déposent sur les tiennes dans un baiser chaste, et cette remarque qui t'arrache un rire. « J'savais que t'allais céder le premier. » même si ça sonne terriblement faux, tu t'en amuses une fois de plus. Tu te retournes, fais mine d'être prête à reprendre votre route, pourtant, quelques secondes plus tard, te voilà à te jeter à son cou. Une moue qui se dessine sur ton visage, un air triste que tu te donnes, sans pouvoir être convaincante. « J'm'attendais à mieux pour un premier baiser d’époux. » souffles-tu contre sa peau. « J'te montre ? » Ton sourire qui reprend sa place, et sans attendre de réponse, tes lèvres se scellent à nouveau aux siennes, ton corps te pressant un peu plus contre le sien. Un baiser moins chaste, plus prenant, avant de te défaire de lui, faire comme si de rien n'était. Sa main que tu attrapes, et te voilà à te remettre en route, presque en sautillant sur place. T'es légère ce soir, heureuse, même si tu ne te rends compte de rien. Tu t'arrêtes à nouveau, quelques mètres plus loin, une évidence qui te frappe alors. « Mais... T'as pas de bague toi ! Faut qu'on t'en trouve une ! J'veux que tout le monde voit que t'es à moi ! » La folie qui te guette, à laquelle tu ne prêtes aucune attention. Tes bras dans les airs avant de les faire retomber sur ses épaules. Toujours ces lèvres étirées en un sourire qui en dit long sur ces émotions qui se bousculent en toi.

Nous voilà marier à jamais ! Nos deux destins scellés pour ne former qu’un. Un soupire de bien-être franchi mes lèvres, tandis que je prends conscience à mon échelle que ce qui arrive est un jour meilleur. Saupoudré d’une guettée sans faille, à toute épreuve rien ne peut ébranler mes pensées et mes actes. Je suis à même de croire que ce soir plus que demain, je serais le plus heureux des hommes. Dans une demande familière, qui n’avait alors obtenue aucune réponse favorable. La voilà qui craque… pour me dire oui. Et j’aime l’entendre me le dire, me convaincre que tout ça n’a aucun prix. Pas de blessures qui pourraient me faire saigner à m’en arracher le cœur. Cette insouciance qui nous appartient, me donne des frissons. Si j’avais été plus lucide j’aurais surement dis qu’il ne fallait pas tout gâcher. Mais à quoi bon ? Je n’ai plus aucun effort à faire pour être avec elle. Ce soir nous donnons le meilleur de nous-même, pourtant certains dirait que nous sommes le pire de nous. Je fais la moue contrarié de n’avoir jamais sauté le pas. Avant je n’avais pas besoin de ça pour me dire qu’elle était là. Aujourd’hui je veux que nos vies soient liées. A jamais ! Et ça m’électrise, tandis que je me laisse porter jusqu’à ses lèvres pour une nouveau baiser. Cette fois-ci plus passionné, la raison me quitte alors que je parcours sa bouche. J’ai le souffle qui se coupe, parce-que j’espère plus. Toujours plus ! Je voudrais fusionner avec elle. Est-ce que c’est possible ? Aucune logique à mes pensées, comme à mes gestes. Pourtant tout m’enivre et me transporte. Je regrette presque qu’elle s’éloigne, alors que tout mon être la réclame un peu plus. Je la suis cependant, enamouré d’une sensation euphorisante. Cette harmonie entre nos deux vies me semble infaillible. J’ai envie d’appeler Kitae, pour lui dire que ça y est, elle est à moi. Mais je garde égoïstement ce secret pour moi. Subitement son image devient différente, bien que déjà un peu troublée, elle m’apparait comme désormais encore plus unique. Ma femme, celle qui est à moi. Je penche la tête, boit une gorgée pour m’enfoncer davantage vers ce gouffre sans fond. Je grimace, remarquant qu’elle a raison. Je n’ai pas de bague hormis les miennes habituelles. « Je vais en trouver une. » Je prends cette mission à cœur, recherchant de nouveau quelque chose qui pourrait faire l’affaire. Un morceau de carton, un bout de plastique. N’importe quoi tant que je peux montrer mon appartenance. Puis soudain, l’évidence même à mes pieds un lacet déchiré. A croire que le destin l’a mis là pour moi. Je me penche, pas vraiment très opérationnel pour ce genre d’acte. Posant ma main au sol, je récupère l’objet avant de l’agiter. « J’ai trouvé ! Noue-le moi. » Il n’est pas bien long, surement arraché mais ça me suffit à pouvoir le porter. Lorsque le tout est fait, je souris fier de nous. Puis dépose brièvement un baiser sur sa lèvre. « Soit pas trop gourmande. » et je ricane avant d’attraper sa main et me mettre de nouveau à courir. « On va à la supérette ? J’ai faim ! » Je tente une chose que je ne devrais pas, tourner mon visage vers elle alors que je suis en pleine course. Mon pied s’accroche au bitume, avant que tout mon corps entier ne suive le mouvement. Etalé au sol, je n’ai aucune sensation de douleur. Juste le côté hilarant de la situation, je me mets à rire un peu plus alors que la bouteille s’est échouée non loin de moi. Elle est brisée, si bien que le bruit a alerté les autres passants qui nous observent d’un mauvais œil. Alors je pose mon doigt sur ma bouche pour mimer « Chut. » parce qu’on a l’air de les déranger. Avec toute cette euphorie, je n’avais pas remarqué que mon genou dénudé saignait. Mais loin de m’arrêter, je trouve la situation drôle. Complètement fou sous cette avalanche de bons sentiments. C’est tellement mieux de pouvoir rire, trop lassé de me morfondre. 

Deux âmes liées à jamais dans cette ivresse certaine, voilà tout ce que vous êtes. Cette idée t'anime d'une nouvelle force, incontrôlée. Elle te laisse bien plus rêveuse encore, dans cette bulle de bonheur que tu as cherché trop longtemps. Tu lui appartiens, comme il est désormais à toi, dans cette nuit qui ne vous ressemble pas. Pourtant, tu te laisses bercer par ce rêve que tu sembles vivre éveillée. Encore et toujours guidée par cet alcool qui continue de couler dans tes veines. Fallait-il réellement en arriver là pour délier ces mots que vous peinez tant à exprimer en tant normal ? Qu'importe, maintenant tout ça est vrai pour ton esprit embué. Et c'est le plus important. Tu perds ton souffle, collée à ses lèvres. Et dans une pensée qui te traverse, tu te dis que t'aimerais qu'elles continuent de parcourir ton corps, à chaque instant. Pour pouvoir sentir ces papillons au fond de ton ventre, ceux qui te rendent la vie plus facile. Tu veux ces sensations tout le temps, à chaque minute, chaque seconde même. Serait-ce trop demander ? Sûrement, mais il n'y a que tes envies que tu souhaites assouvir ce soir. Alors, tu te mets à chercher avec lui, un quelque chose qui pourrait définitivement marquer ce renouveau, cette appartenance mutuelle. Jusqu'à ce qu'il dégotte un morceau de lacet, que tu t'empresses de nouer à son doigt. « Voilà qui est mieux. » Un autre de ces baisers qu'il t'offre, et à chacun d'eux, t'en veux toujours plus. Une frustration certaine lorsqu'il se met à nouveau à courir. Mais qui s'échappe au fur et à mesure de tes pas. Ensorcelée, victime de ces sensations qu'il continue de faire naître au fond de toi. Tu veux être gourmande, mais n'a pas le temps de l'exprimer, alors qu'il tombe au sol, t'arrêtant d'un seul coup. Une panique certaine qui s'empare de toi un instant, avant que ton rire ne se mêle au sien, incontrôlé. « Qu'est-ce que t'as faiiiit ? » Une moue sur tes lèvres, pourtant amusée, sans aucun regret. Un rien pourrait perdre dans ces exaltations diverses, il faut croire. D'un geste peu assuré, tu tires son bras vers toi pour qu'il se redresse, tes mains se posant de part et d'autre de son visage. « Tu t'es pas fait mal mon bébé ? » Un air triste, un instant, avant de déposer plusieurs baisers sur ses joues, puis ses lèvres. « Pleins de bisous magiques pour pas avoir mal ! » que tu lances, si fière de toi. L'impression que tu fais quelque chose d'utile pour lui, alors qu'il n'en est rien. Heureusement que tu ne te vois as agir de la sorte, parce que tu te trouverais terriblement stupide, une honte certaine face à ce que tu es capable de faire, compte tenu de ton état. Tu l'aides à se relever, alors que toi-même tu as du mal à tenir sur tes jambes. Cette fois, tu ne cours plus, même si tes pas se font rapides. Et tu t'engouffres dans la première supérette que vous voyez, à l'affut de quelque chose à manger, et à boire aussi. « J'ai encore soiiiif. » Que tu râles, telle une enfant, et à ces mots, tu te diriges vers les réfrigérateurs, tentant de trouver quelque chose à boire. Tu traînes Il Kyang avec toi, refuse désormais de le lâcher. Maintenant que vous vous êtes retrouvés, il te semble impossible de te détacher de lui.

Une chute qui aurait pu me faire revenir à cette réalité. Mais je suis bien trop éméché pour ça. Je ne sais pas comment sera le réveil demain. Je n’y pense pas, persuadé de vivre le moment comme il se doit en sa compagnie. Je n’ai plus rien qui traverse mon esprit, même la douleur au genou ne compte pas. Riant, je l’observe accourir à mon secours, et ça me fait sourire. D’un sourire presque béa alors qu’elle m’appelle son bébé. Je me sens poussé à des ailes, à croire que j’avais attendu de moment toute ma vie. D’une innocence sans égale, je la laisse déposer tous ces baisers sur moi. Sentant mon cœur gonfler à mesure qu’elle me touche. C’est comme si tout m’paraissait plus beau désormais. Juste rempli d’amour niais. Et je crois que c’est ce genre de sourire que j’ai désormais. Comme un pauvre garçon amoureux. Et je suis persuadé que si je n’ai pas mal c’est parce qu’elle m’a fait tous ces bisous. Je souffle un merci, inaudible, déformé par ce sourire qui ne me quitte pas. Je suis son mouvement. Non sans peine pour me redresser. « J’ai de la chance de t’avoir comme femme. » convaincu que nous nous sommes mariés. Plongeant dans cette illusion dérisoire, je la suis encore pour arriver à la supérette. Moi aussi j’ai soif ! Nous n’avons plus rien à boire avec tout ça. Derrière elle, j’observe les bouteilles sans être capable d’y lire les étiquettes. C’est un peu flou pour moi, je cligne plusieurs fois des yeux avant de me pencher par-dessus elle et attraper une boisson. Je devine à sa forme qu’il s’agit d’alcool. Peu importe ce que c’est je crois que ça fera l’affaire. Détournant mon attention vers elle « Il fait frais là-dedans. » incroyable invention qu’est le frigo. Je me faufile devant, tendant mes bras pour laisser la fraicheur m’envahir. Puis comme un idiot je me mets à ouvrir la bouche devant, pour sentir ce froid entrer à l’intérieur de moi. A croire que je découvre des choses nouvelles ici ce soir. Il faut dire que je n’ai jamais été assez stupide pour faire ça en étant sobre. Aucune limite à cette douce folie, je tente même de convaincre Ye Won d’en faire autant « Fais-le avec ta bouche tu vas voir c’est drôle. » et ça me fait rire. « Je bois de l’air frais. » une remarque stupide, avant de ricaner. Détournant on attention sur les rayons derrière nous, je fronce les sourcils « Je vais prendre à manger. » L’alcool m’a ouvert l’appétit. Je serais capable d’avaler trois repas. Alors je prends un peu tout ce qui passe, avant de me rendre compte que mes bras son trop chargés. Contrarié, je reste quelques secondes debout. « Mince. » puis je lâche tout par terre, « Attends-moi là. » gardienne de mes trouvailles, je vais chercher ce qu’il nous faut. Un caddie entre mes mains, je roule à travers le magasin avant de me garer auprès d’elle « Votre carrosse est arrivé. » il est un peu minable, mais ça suffit pour faire le tour de l’endroit. Lorsqu’elle est est dedans, je lui tends tous mes trésors, avant de poursuivre notre chemin « En avant !!! » et je prends le risque de poser mon pieds sur le caddie pour le faire glisser comme si il s’agissait d’une planche de skate. Ma conduite est un peu bancale, si bien qu’on finit par rentrer dans un rayon et tout renversé. « Oh merde ! » pourtant ça ne retire pas mon sourire. Je fais le tour du caddie, commençant déjà à tout ramasser alors que je continue à rire de nos bêtises.  J’ai l’impression d’avoir seize ans, de faire le même genre de conneries que je pouvais faire avec Kitae. A l’époque on avait l’excuse de la jeunesse. Cette fois plus rien juste le fait d’être malheureux quand tout s’estompe... Et tandis que je remplie de nouveau le rayon, je vois approcher la silhouette du propriétaire. Me précipitant « Vite ! Il arrive !! Grouille remets tout. » J’essaie de la presser aussi. Pour ne pas nous faire réprimander. « Vous faites quoi tous les deux-là ? » il n’a pas l’air content. Mais il ne reste plus qu’un paquet à remettre en place. Rien n’est rangé à sa place, il fronce les sourcils agacé « Dépêchez-vous de prendre e que vous avez besoin et barrez-vous d’ici. » il grommelle pour lui, me poussant pour passer et refaire son rayon. Comme un enfant, je grimace derrière son dos et décide de pousser le caddie plus loin. Récupérant encore deux ou trois choses, je m’avance jusqu’à la caisse. Ou ej fais exprès de crier « Hey !!! On voudrait payer !!! » C’était surement une vengeance ridicule. Si ça ne tenait qu’à lui il nous aurait surement virés de son magasin. Mais avec tout ce qu’on a prit il perdrait une affaire. Je fouille dans ma poche, sors mon argent et le fou sur le comptoir « Donnez-moi des sacs aussi et je veux le petit bracelet là derrière. » un petit bijou de petite fille avec des perles et un petit lapin dessus. Le genre de bijou que je n’aurais jamais acheté en temps normal. Mais fier de ma trouvaille, je paye le tout et m’empresse de sortir avec nos sacs à la main. Une fois dehors je m’empresse  de tendre le bracelet à Ye Won. « Tiens ! C’est un tokki pour toi. » Comme ce jour-là lorsque nous avions été au café avec des lapins. C’était d’ailleurs de là que nous venait nos surnoms. Heureusement Ye Won n’a pas un poignet fin et il roule facilement sur lui. 

Des rires à n'en plus finir, des sourires niais pour orner vos visages. Depuis combien de temps cela n'était-il pas arrivé ? Pourquoi avoir eu besoin de vous retrouver dans ces états seconds pour y parvenir ? Des questions qui auraient pu parvenir à ton esprit, si celui-ci n'était pas autant mis à mal par ce que tu as pu consommer. Des interrogations qui auraient pu te faire vriller alors que tout semblait devenir lointain, et si peu familier. Tu aurais pu te le demander, mais ton regard reste bloqué sur lui, ses gestes, et son entrain. Heureuse, tu l'es assurément. Une sensation de ne jamais l'avoir autant été, procurée par une simple pilule. T'aimerais figer le temps, et rester dans cette bulle avec lui jusqu'à la fin de celui-ci, alors qu'un rire te prend. Devant ce réfrigérateur, tu attrapes une bouteille à ton tour, sans réellement savoir de quoi il s'agit. Tu pourrais boire n'importe quoi, tant que cela pourra étancher cette soif que tu ressens depuis trop longtemps. Tu ris de son comportement, mimant ses gestes, avant de finalement enfouir ta tête contre son épaule, pouvant profiter de son odeur qui te fait toujours autant vriller l'esprit. « Moi j'préfère ça. » arrives-tu à peine à bredouiller, avant de te redresser. Tu le suis finalement dans les rayons, garde tous les produits qu'il ose lâcher au sol. Une attente d'une minute à peine, qui semble être une éternité. Mais ton sourire revient rapidement lorsque tu le vois revenir avec un caddie, sans perdre de temps avant de grimper dedans. Tu récupères les articles que tu lâches en vrac à côté de toi, et lance tes bras en l'air lorsque vous terminez. « On y va ! » Que tu t'exclames, alors qu'il s'amuse à tourner dans différents rayons. Jusqu'à ce qu'il en percute un, te faisant rire de plus belle. Tu t'empresses d'aller l'aider, même si tes gestes restent lents, obstrués par tout cet alcool qui continue de faire effet. Tu te dépêches tant bien que mal, mais fini par exploser de rire en voyant le propriétaire du magasin s'agacer devant vous. Tu ne devrais pas, mais encore une fois, tu ne saurais contrôler toutes ces émotions qui te gagnent. Alors tu reprends simplement ta place dans le caddie, pour aller à la caisse, l'air presque victorieux. En attendant qu'il paye, tu t'accroches à nouveau à son bras, ta tête posée sur lui. Tu te perds un instant dans tes pensées, vacillant entre cette réalité faussée, et ces songes provoqués par la drogue. Il récupère finalement les sacs, vous permettant enfin de sortir de là. L'air frais de l'extérieur vient à nouveau effleurer ta peau, laissant un soupire de satisfaction s'échapper d'entre tes lèvres. Un bracelet qu'il enfile à ton poignet, découvrant cette tête de lapin dessus, et ton sourire qui s'agrandit. « Un tokki ! » que tu lances, bien plus vivement que tu ne l'aurais cru. Tes bras qui s'enroulent autour de sa taille, te collant à lui. « T'es le meilleur tokki du monde ! » que tu ajoutes, le serrant un peu plus fort contre toi. Tu te recules d'un pas, tes yeux papillonnant devant lui. « On va ou maintenant ? » demandes-tu enfin, jouant déjà avec ce nouveau bracelet à ton poignet. Un rictus impossible à effacer de ton visage, toujours tourné vers lui, de ce regard digne d'une adolescente folle amoureuse de son prince charmant. Tu attrapes son bras, sans savoir ou vous allez. L'important c'est simplement d'être avec lui.

Faut-il revenir à la réalité ou se laisser aller ? Je n’ai pas le courage de me poster la question. Je suis loin d’y penser d’ailleurs. Est-ce si mal que ça ? D’être heureux comme nous le sommes ? Au final, est-ce si grave de se mentir ? De vivre dans ce monde qui n’appartient qu’à nous. Je crois qu’au fond c’est mieux ainsi. A ne plus être malheureux, ni à l’abri des autres. Je suis certains que Kitae comprendrait, il verrait qu’on ne fait de mal à personne surtout pas à nous. Je préfère de loin être là comme un fou plutôt qu’être chez moi à pleurer parce qu’elle me manque. C’est aussi fou de se dire qu’elle est celle qui me blesse le plus. Tout comme elle est celle qui me rend heureux ce soir. Dans cette supérette, je n’ai pas la moindre idée si je me souviendrais de tout ça demain. Quelque part je l’espère, parce-que je m’amuse. Je prends plaisir à partager cet instant. Tout comme je suis heureux de la sentir me sauter au cou comme elle le fait. Un tokki, le sien… et celui à personne d’autres. Peut-être sommes-nous trop éméché pour nous en souvenirs. Mais ce bracelet, ce morceau de plastiques à son doigt et mon lacet seront là pour nous le rappeler. Aurais-je une bonne image de tout ça ? Est-ce que ça sera assez fort pour nous réconcilier ? Je fais la moue, me demandant ce qu’on pourrait bien faire. En premier, je farfouille dans le sac à la recherche de notre boisson que je lui tends. Je sors aussi un paquet de chips, que je grignote en continuant mon chemin. « Dommage qu’il n’y a pas la mer, j’aurais bien prit un bain de minuit. » une idée qui me traverse l’esprit. La bouche pleine, je dévore mon paquet, affamé avec l’alcool qui a creusé mon ventre. Pourtant cela ne m’empêche pas d’en reboire encore avant de venir subitement attraper la main de Ye Won. « Je sais viens avec moi. » comme si j’avais eu assez de force pour me souvenir de l’endroit où aller. Je me mets à courir un peu plus, avec l’envie de nous rendre à cette fontaine pour m’y jeter dedans. Une folie encore je sais, mais en chemin je m’arrête brutalement devant une vitrine. Elle brille, un gros néon qui donne sur l’extérieur avec inscrit « Tatoos » m’arrêtant net, je lâche « Ooooh ! » j’ai l’impression d’être un petit garçon devant le père Noel. La lumière m’attire, comme un papillon prit au piège je balance. « Viens on se fait tatouer ! » nous ne devrions pas et si on était apte à prendre une décision. Personne ne le ferait. Mais au lieu de ça, je l’engraine un peu plus « Tu voulais des trucs fous. » et ça sera la deuxième chose la plus dingue qu’on puisse faire ce soir. J’ai déjà plusieurs tatouages sur le corps, mais en général je prends le temps d’y réfléchir. Là… nulle doute ne fait que je ne suis pas capable de comprendre ce que je fais. Pourtant, je l’attire déjà avec moi à l’intérieur. « Bonsoir ! On voudrait se faire tatouer. » l’un des premiers tatoueurs s’avance vers nous. Un sourire aux lèvres alors qu’il nous observe du coin de l’œil. « On fête notre mariage. » ce qui expliquerait selon moi notre état déplorable. Mais au lieu de nous refuser l’accès, il se met à rire. Nous trouvant surement irrésistible en tant que jeune marié, ils nous invitent à entrer. « Qu’est-ce que vous voulez pour marquer le coup ? » Je fais la moue, observant brièvement les modèles derrières lui. « Tu veux quoi ma petite femme ? Je te laisse choisir. » Même si ça sera peut-être un mauvais choix je ne sais pas. « Je veux le même. On fait un tatouage de couple ? » Alors je passe derrière elle, pour venir la prendre dans mes bras et poser ma tête sur son épaule. « Choisis bien ! Faut que ça soit nous. » Histoire qu’on ne regrette pas complètement demain. Oh bon sang ! Peut-être faudrait-il que ce tatoueur nous demande si on est lucide. Assez pour ne pas faire de bêtises. Mais au lieu de ça, il nous observe « Vous avez chacun des tatouages déjà. Vous êtes donc habitués. » Et il trouve surement ça assez pour qu’on puisse être maitre de nous. 

Tu ne veux plus avoir à retourner à cette réalité brutale, celle qui te tord le cœur à chaque fois que t'y penses. Tu ne veux plus avoir à repenser à ces disputes, ces mots qui ravivent ces blessures à chaque fois que t'y penses. Tu veux rester bloquée à cette nuit d'ivresse, celle qui te rapproche à nouveau de celui que ton être entier réclame, à chaque instant. Tu veux que cette nuit soit bien réelle, de ce mariage de pacotille à ces rires qui rythment vos envies. Et pour ne pas avoir à y penser, tu attrapes cette bouteille, en boit une longue gorgée avant de la partager. Une grimace alors que cet alcool parcoure ton œsophage, brûlant tout sur son passage. Mais tu aimes sentir que ça t'enivres encore un peu, alors que tes jambes se mettent à courir pour ne pas rester trop loin de lui. Tu te stoppes en même temps que lui, éblouie par la devanture devant vous. Un "ooh" qui s'échappe d'entre tes lèvres, mêlé au sien. « Ca c'est un truc de ouf ! » un large sourire, alors que tu le suis à l'intérieur, sans même avoir à te débattre. T'aimes cette idée, même si tu n'es pas des plus à l'aise avec une aiguille. Mais tu te dis que tu ne le feras plus jamais, si tu n'oses pas recommencer cette expérience ce soir. L'un des tatoueurs vous accueille déjà, alors que tu te tournes rapidement vers un portfolio, remplis de modèles différents. « Oui, un tatouage de couple ! Mais pas un truc trop gros. » Une moue sur le visage, tu profites de ce nouveau contact, qui transforme rapidement cette grimace en un sourire doux. Ta tête que tu colles à la sienne tout en observant les motifs devant toi. Un instant, avant de t'arrêter sur l'un d'entre eux. « Oh regarde ! Elles sont trop belles les lunes ! Ça pourrait être le signe de notre plus belle nuit, celle de notre mariage ! » Tu t'enflammerais presque, et même avec ce rire qui éclate dans la pièce, tu restes sérieuse dans cette recherche de tatouage. Tu veux quelque chose qui vous ressemble, qui marquera à jamais cette nuit pourtant impensable dans d'autres circonstances. Une autre de ces petites choses que vous pourriez partager finalement, sans jamais pouvoir vous en défaire. « Tu veux le faire ou ? T'as moins de place que moi toi. » Tu t'interroges pour tant de détails, pourtant, tu es déjà impatiente à l'idée de pouvoir partager ça avec lui. « J'imaginais bien ça là… » En même temps, tu montres un endroit au niveau de ton poignet, discret mais que tout le monde pourrait voir. Une autre façon de pouvoir montrer au monde que vous êtes liés, quoi qu'il en coûte. Ton attention qui se reporte sur le tatoueur un instant. « Vous avez d'autres motifs de lune ? » Il ne lui en faut pas plus pour sortir un autre portfolio, et l'ouvrir à une page regorgeant de pleins d'autres idées. Tu t'extasies devant, sans le vouloir réellement. Pourtant, la simple vision de l'un de ces tatouages sur chacun de vous a l'effet d'une nouvelle bombe de bonheur qui explose en toi. Alors tu reportes ton attention sur Il Kyang, toujours ce sourire aux lèvres. « Il en pense quoi mon homme ? »

Je fais la moue, en pleine réflexion sur notre choix. Surement un acte déraisonné pourtant je m’y jette corps et âme sans le moindre doute. Et si demain je venais à regretter alors tant pis. Pourtant, ce n’est pas le genre de choses qu’on fait sur un coup de tête. Chacun des miens représentaient quelques choses qui me touchaient et qui m’importaient. Assez pour pouvoir les marquer à vie sur ma peau. Depuis celui que j’avais fait sur mes côtes, je n’en avais pas eu de nouveau. Etait-ce une bonne chose de graver Ye Won sur ma peau aussi ? Evidement ! La question ne se posait même pas alors que j’observe du coin de l’œil les différents dessins. Je ne me sens pas capable cela dit d’émettre un vrai jugement. Lorsqu’elle me montre ces modèles de lunes, j’écarquille les yeux surprit parce-que je trouve qu’ils nous représentent. Pourquoi ? Aucune idée. Si ça venait d’elle, j’étais persuadé que c’était vrai. Je souris, satisfait avant de lancer « Oh comme le bracelet que je t’ai offert. » une petite lune si je me souviens bien Le premier vrai cadeau que je lui avais fait. Quelle honte quand on y pense. Avoir attendu tout ce temps pour le faire. Mais je ne suis pas à ces souvenirs, me demandant presque comment j’ai fait pour me rappeler de celui-là. Dans tous les cas, je trouve l’idée plutôt bonne. Enthousiaste je me laisse prendre au jeu, observant ses gestes d’un œil concentré. Du moins autant que je le peux. L’endroit où elle veut le placer me tente bien, je n’ai encore rien sur les poignets et il sera assez harmonieux avec le reste. « C’est parfait ! » je veux qu’on le voie. En réalité je veux que tout le monde sache que je lui appartiens. Ça devient presque vital, comme un besoin primaire que j’ai besoin d’exprimer. Et un tatouage c’est une façon de montrer mon appartenance à celle que j’aime. Alors oui, même si c’est complètement dingue, j’y fonce. Un sourire aux lèvres, je regarde défiler les différents modèles, avant d’être convaincu par l’un d’eux. « Mon homme. » comme j’aime cette phrase qui me fait frissonner. Un nouveau sourire niais, je finis par pointer l’un d’eux. Je crois qu’elles sont parfaites. Ni trop stylisée, ni trop simple. « Celles-là. » c’est nous ! C’est une évidence, et il ne me faut pas plus de temps pour venir déposer un baiser sur sa joue. Me redressant, je suis le tatoueur qui nous invite à nous installer. L’esprit totalement ailleurs, je me laisse guider sans me poser la moindre question. Je suis le premier à passer. Et tandis que l’artiste prépare ses affaires, j’attire Ye Won jusqu’à moi « Comme ça je t’aurais dans la peau. » bien que je l’ai déjà. Mais ça sera plus visible cette fois. L’homme s’installe à son tour, et le voilà déjà en train de dessiner les contours. Peu effrayé par les aiguilles, ça n’a aucun effet sur moi et l’alcool m’aide encore plus. Je ris même « Tout le monde saura que tu es à moi. » ce que je veux, c’est que lorsqu’on nous voit il n’y ait aucun doute. Que ça soit flagrant. Elle et moi nous sommes liés. Tout le monde remarquera que nous avons les même tatouages et c’est ça qui me rend aussi heureux. Bien que l’alcool m’aide aussi beaucoup dans ce cas-là. Il n’est pas bien grand alors cela ne prend pas trop de temps. Habitué à faire ce genre de petit détail, le tatoueur s’éloigne pour venir inviter Ye Won à s’installer à son tour. Laissant ma place, je jette un œil à ma marque encore rougie. Excité à l’idée qu’elle puisse avoir la même, je reste à côté d’elle pour observer la scène. Même si tout me parait subitement lointain. J’ai la tête qui tourne, mais ça ne suffira pas à ébranler mon enthousiasme. Tenant son autre main dans la mienne, j’essaie de graver ces images dans ma tête, comme lorsqu’on le ferait avec un souvenir mémorable. Seulement, je ne suis pas tellement à même de pouvoir faire ça. En réalité je suis plus plongé dans un monde particulier. Le mien, ou le nôtre. En tout cas, je suis plutôt satisfait quand il termine le sien. Empressé, je tends mon poignet vers le sien pour les mettre côté à côte « Prenez une photo. » je lui donne mon téléphone et le déverrouille afin qu’il puisse immortaliser ce moment. Et j’en profite même pour venir embrasser Ye Won, afin qu’il capture cette image. Déposant un bref baisé sur ses lèvres, je souris contre sa bouche avant de lui souffler « Maintenant c’est officiel. Tu m’appartiens. » Et ça sonnerait beau si nous étions lucides. Mais ce soir ça n’a aucun sens. Loin de tous ces doutes, je laisse le tatoueur finir les soins. Une fois terminé, je fonce à la caisse payer. A croire que l’argent a poussé ces derniers temps. Je n’ai jamais autant dépensé depuis quelques jours. Entre Paris, les soirées… je n’ai plus rien sur mon compte, mais je ne m’en inquiète pas. Après tout je suis une future rock star. A l’extérieur, je m’empresse de venir prendre dans mes bras celle qui fait battre mon cœur « Je suis tellement heureux avec toi. » et j’embrasse ses lèvres à nouveau, pour un échange amoureux. 

Une fascination à observer tous ces motifs, l’envie de trouver le bon, celui qui vous correspondra le mieux, et qui montrera à jamais ton appartenance à celui qui a toujours eu une place si particulière dans ta vie. Ta lucidité te fait défaut, parce que même sobre, dans un vent de bonheur extrême, tu n’es pas sûre que tu aurais osé sauter le pas. Mais ce soir, dans cette bulle, rien n’est assez beau pour lui prouver ton amour. Le choix fait, un sourire se glisse sur tes lèvres, incapable de t’en détacher. Un simple symbole pour marquer à vie sur ta peau le seul que tu pourras autant aimer. Le regretteras-tu demain ? Tu n’y penses pas, trop concentrée sur lui, alors qu’il s’installe déjà. Le tatoueur ne met pas bien longtemps à encrer cette lune sur le poignet d’Il Kyang, et tu t’empresses de voir le résultat lorsqu’il termine, des étoiles dans les yeux. Tu n’as pas le temps de t’extasier autant que tu le souhaiterais, alors que l’homme t’invites déjà à prendre place. Toi qui habituellement n’aime pas vraiment les aiguilles, tu t’en contre-fous à cet instant précis, alors que ta main libre se tient à lui. Ton regard posé sur lui, sans penser à ce qui est en train de se passer. « Ca chatouille ! » Tu ris un peu, sans même un regard à celui qui, de sa machine, redessine ce même dessin sur toi. Ca se fait rapidement, trop pour te rendre compte de ce que tu viens de faire. Ton bras que tu colles au sien pour observer cette marque indélébile, qui vous représente. T’as l’impression de sentir ton coeur gonfler dans ta poitrine, si fort qu’il pourrait exploser sous ce trop plein d’émotions si intenses. « Je suis qu’à toi. » oses-tu souffler contre ses lèvres, dans un sourire, lorsque le tatoueur immortalise cet instant. Tu ne le penseras certainement plus demain, mais c’est un autre jour, trop lointain pour s’en soucier. Les soins terminés, tu suis Il Kyang qui part déjà payer. Tout se fait trop rapidement, sans prendre le temps de réfléchir un minimum, mais votre état d’ivresse avancée vous en empêche clairement. « Merci monsieur ! Vous êtes le meilleur ! » lances-tu à l’attention de celui qui vient de sceller votre amour sur vous, lorsque tu quittes enfin le salon. T’es si heureuse, comme si tu ne l’avais jamais autant été de toute ta vie, lorsque tu te perds dans ce baiser qu’il t’offre. « Toi, t’es la meilleure chose qui m’soit jamais arrivé ! » Et c’était vrai, fut un temps. Trois années à baigner dans un bonheur certain à ses côtés. Mais ce soir, tu oublies son abandon, ces disputes qui ont suivi. Comme s’il n’y avait jamais eu de disputes, d’éclats de colère entre vous. Comme si tout était resté comme avant sa descente aux enfers. Et t’aimes ça, t’aimes te sentir aussi vivante qu’à cet instant, dans ses bras. « Faut qu’on fête tout ça dignement ! Mais avant… » A ces mots, tu attrapes la bouteille d’alcool dans votre sac, et en boit plusieurs gorgées avant de lui tendre. « On trinque ! » Un nouveau rire, alors qu’à mesure des heures, tu titubes davantage encore. L’euphorie bien trop présente. Qui prend toute la place. « A nous ! » que tu t’exclames, tes bras se levant en l’air. Qu’importe les gens autour qui vous observe. Ils ne comprennent pas votre bonheur, et c’est tant pis pour eux. Ils ne savent pas ce qu’ils ratent. Ta main qui attrapes la sienne, et tu te remets en route, sans savoir ou aller. « On fait quoi maintenant ? J’veux encore pleins de trucs fous ! » Une légèreté retrouvée, qui te pousse à retomber dans ces instants qui semblaient si simples, mais qui te comblaient de la meilleure des manières. Et ce soir encore, il n’y a qu’avec lui que tu veux partager ça.

Tout n’est qu’illusoire. Un moment éphémère qui n’aura surement aucun lendemain. Un retour à la réalité brutal, qui me sera surement fatal. Et je crois qu’une partie de moi le sait. Bien enfoui, derrière cette ivresse. Mais c’est ce que je recherche en buvant autant. Pouvoir m’enfuir cette vérité. Le fait de me retrouver à nouveau sans elle. Elle a choisi le pire moment pour m’abandonner. Quant enfin l’avenir me souriait. A croire que je ne pourrais jamais mêler les deux. Musique et relation. Je ne suis peut-être pas fait pour ça. Peut-être faut-il faire un choix comme le fait si bien Kitae. Il n’a personne dans sa vie qui lui fait vraiment perdre la tête. Sa femme à lui, c’est la musique et rien d’autre. Une évidence si bienveillante, qui jamais ne lui apporte aucun problème. Et je crois égoïstement que je devrais prendre exemple sur lui. Alors cette nuit est folle, d’un inconnu dont je ne me souviendrais pas. Mais au moins peut-être arriverais-je à tourner la page ? Je n’en sais rien. Amusé par nos bêtises, je me sens flotté. Plus léger qu’avant encore. Marchant d’un pas nonchalant, sur une montagne de coton. Je ne sens plus mes pieds je crois, mais loin de me faire peur je trouve ça plaisant. Etre totalement englouti par cette vision de nous deux. Me tournant vers elle, je souris et accepte volontiers sa bouteille. Encore des gorgées qui m’enfonce vers cet ailleurs réconfortant. Je ne veux pas que les effets s’estompent. Je voudrais pouvoir m’y noyer. Etre heureux à jamais dans cette nuit sans fin. « A nous ». Convaincu que ce mot existe désormais. Enthousiaste, je bois trop rapidement et me fout de l’alcool partout mon sweat. Mais loin d’être dérangeant, je me mets à rire tout en essuyant ma bouche. Je ne suis plus maitre de moi. Chacun de mes gestes me semblent être fait par quelqu’un d’autre. D’une barrière invisible entre mon esprit et mon corps, j’observe subitement mes mains sans comprendre ce qui m’arrive. Ça pourrait m’effrayer, sauf ce soir. Dans cette quête de sensations je n’abandonne rien. « Oh je sais ! Y’a une boutique de fringues ouvertes un peu plus loin. » le genre d’endroit où je ne mets jamais les pieds. Mais dans mon esprit embrumé je me souviens y être passé avec Kitae un soir où on sortait. On avait trouvé ça drôle, convaincu que jamais on achèterait une de ces choses-là. « C’est exactement ce qu’il nous faut. » je lui indique le chemin, tout en récupérant à nouveau de quoi manger. Plus je bois et plus je me créais un creux à l’estomac. Je redouterais d’en avoir trop abusé et de ne plus pouvoir supporter. Mais en général, j’ai des limites assez larges. Peut-être un peu d’ailleurs, car je sais pouvoir en abuser. Devant la boutique, je souris en pointant du doigt les vêtements. Une boutique de fringues consacrées au couple. Jamais de ma vie je n’ai eu envie de faire ça. Mais ce soir, je suis prêt à n’importe quoi. Même les choses qui me semblent être les plus ridicules. « Viens. » un petit signe de tête, enjoué je franchis la porte et m’écrie « On veut des vêtements pour fêter notre mariage. »Une vendeuse sort sa tête de derrière le comptoir. Si au départ elle était prête à nous crier dessus, son visage s’illumine en nous voyant. « Que recherchez-vous ? » je grignote mes gâteaux, parcourant d’un regard les rayons sans savoir quoi y trouver. « Un truc too much ? » la jeune femme me regarder l’air interloquée. « Euh… mignon ? » autant me rattraper comme je peux. Elle arque un sourcil, ne sachant pas vraiment quoi nous montrer. Surement fera-t-elle en sorte que ça aille avec « nous ». Je la suis amusé, tout en passant mon bras autour des épaules de ye Won. Tombant sur un rayon plus qu’affreux, je me mets à rire. « Regarde comme c’est moche. » qui porterait des sweats ainsi ? La jeune femme se retourne je reprends aussitôt un air faussement sérieux avant de rire à nouveau. Elle finit par s’arrêter dans un rayon, nous indiquant plusieurs modèles différents. « Je crois que ça ira bien avec vous. » ah et comment peut-elle être sure alors qu’elle ne nous connait pas ? J’hausse les épaules, me penchant vers Ye Won. « T’en dis quoi ? Tu préfères lequel ? » je la laisse choisir, après tout c’est son avis à elle qui m’importe le plus.