Au fond de toi, tu continues d'espérer que cette nuit ne se termine jamais. Qu'elle continue de vous faire vivre toutes ces choses que vous vous êtes toujours interdit. Et qui ne vous ressemblent pas non plus. La beauté du ciel étoilé qui vient illuminer le visage de celui que tu as toujours aimé, et que tu aimeras toujours. Voilà tout ce dont tu as besoin pour continuer de te sentir si légère. Incapable de réfléchir correctement, bercée par une envie certaine de montrer que tu es sienne, tu le suis sans penser à ce qu'il pourrait bien se passer. Tout sera forcément parfait si ça vient de lui, t'en es persuadée. Plus encore lorsque vous vous retrouvez devant cette boutique. Emerveillée, une fois de plus, tu ne te fais pas prier pour entrer, alors que tu ris déjà de sa remarque. Célébrer votre mariage, aussi faux soit-il, voilà tout ce qui compte à cet instant précis. Tu piques un gâteau à celui que tu considères réellement comme ton mari, et commence déjà à regarder autour de toi. Une grimace que tu affiches face à certains modèles, sans retenue. Ton bras qui s'enroule aux hanches d'Il Kyang, tu le suis à travers les rayons, comme peu convaincue de ce que tu peux voir pour le moment. « Ca c'est clairement pas pour nous. » Un nouveau rire, alors que rien ne t'inspires encore. Même ce que la vendeuse vous propose. « Hmm... Nan. Ca nous irait pas ça. » lances-tu avant de partir chercher d'autres modèles dans une autre allée. En même temps, tu attrapes le bras d'Il Kyang pour qu'il puisse te suivre. Après tout son avis est important pour toi. Farfouillant sans aucune gêne tout ce qui te passe sous la main, tu n'arrives pas à trouver ce qui pourrait vous aller à tous les deux. De longues minutes à chercher avant que la vendeuse ne revienne avec d'autres tee-shirt. « Je peut vous proposer ceux-là également. » Une moue sur ton visage, ton regard qui vagabonde entre elle et Il Kyang pendant quelques secondes. « J'aime bien les rayures, mais j'aime pas le jaune. T'en penses quoi chéri ? » Un sourire que tu lui offres, t'accrochant de plus belle à son bras, posant ta tête sur son épaule. La jeune femme repart déjà, cet air sérieux sur le visage. Tu profites de son absence pour te tourner vers ton mari d'une nuit, lui volant un baiser. « T'as vu comme elle a l'air trop sérieuse ? » Et tu la caricatures avant de te mettre à rire. Te rapprochant de lui, tu viens lui murmurer à l'oreille : « elle sauras jamais ce qui nous conviendra le mieux. » T'en as la certitude, personne ne peut comprendre ce qui vous lie, à part vous. Et dire qu'en temps normal tu détestes voir ces couples s'habiller à l'identique. Voilà que tu t'apprêtes à faire la même chose qu'eux. Si seulement un brin de lucidité arrivait à parvenir à ton esprit, tu ne serais jamais entrée dans cette boutique. Mais il faut croire que celle-ci a pris un long congé, te laissant seule face à l'absurdité de la situation. Tu te complais dans tout ce que vous faites pourtant, et ça te suffit amplement à savourer chaque seconde passée à son bras.

Je laisserais cette nuit m’emmener le plus loin possible. Jusqu’à réaliser ces choses que je n’aurais jamais faites. Jusqu’à perdre toute volonté de lutter. Je n’ai besoin de rien si ce n’est un moment comme celui-ci. Malgré que la chute sera surement longue et douloureuse. Je suis exactement à ma place. Et même parmi ces vêtements que je n’aime pas. Je parcours les rayons à côté de celle qui fait battre mon cœur plus que tout. Intrigué, je dévisage la jeune femme devant nous. Pas réellement convaincu par ce qu’elle nous propose. Je ne sais pas si c’est parce-que c’est elle, mais je préfère suivre l’avis de Ye Won. Entrainé à travers les allées, je la laisse choisir pour nous. Bien qu’une nouvelle fois la vendeuse s’immisce entre nous. Je grimace, échangeant un regard complice avec Ye Won. « Pas de jaune ! » je ne suis pas fou. Je ne porterais jamais ça même bourré. Je ris à la remarque de ma femme d’une nuit. Cette vendeuse prend cette mission trop à cœur. Dire que demain je regretterais surement d’avoir acheté ça. En attendant, je m’attelle à la tâche. Persuadé que je fais ce qu’il faut pour satisfaire ma petite femme. Plissant les yeux, je désigne ce qui me parait être le mieux « ça ! Noir et blanc ? » Et je me mets à rire en désignant comment nous sommes habillés ce soir. Car si j’avais opté pour du blanc, Ye Won était habillée en noir. A croire qu’on se complétait sans le vouloir. Je trouvais que ça pouvait nous aller. J’attrape les deux tee-shirts à manche longue, le mettant devant la silhouette de Ye Won, je fais la moue, pour chercher si cela pourrait lui aller. Puis comme je ne suis pas satisfait, disons que j’ai surtout du mal à rester concentré. J’opte pour une autre option. Retirant le vêtement du cintre, je m’approche d’elle pour venir lui enfiler rapidement. Riant à ce que je fais, je vois sa tête sortir du trou toute décoiffée. Je l’invite à passer ses bras dans le haut, alors que je la trouve encore plus mignonne que jamais là-dedans. Un sourire aux lèvres je ne résiste pas à l’envie de lui dire « Oh, t’es à croqué. » j’ai envie de la manger. D’ailleurs je me penche vers elle pour venir mordiller le bout de son nez. Imperturbable, je continue mon numéro avant de retirer mon sweat et mettre la version masculine du vêtement. Au final, les deux sont sans forme. Mais ils nous vont bien. Roulant en boule mon pull, je le fourre dans l’un de nos sacs avant d’attraper la main de Ye Won et nous emmener jusqu’au miroir. « Ouah ! Regarde on est trop cute. » je n’aurais jamais trouvé ça si cool de dire ça. Mais cette fois je suis aux anges. Je fais exprès de prendre la pose avec elle. Histoire de voir si nous sommes vraiment parfait et assortis. J’aurais surement dut réaliser l’état dans lequel je me trouvais, mais hormis mes yeux brillants je me trouve tout à fait normal. « On prend ça !! » et une nouvelle fois je sors les billets. Presque définitivement ruiné, j’aurais du mal à finir le mois je crois. Mais qu’importe, rien n’est trop beau pour ma femme. Alors, c’est tout aussi enthousiaste que je sors de l’endroit. Cette fois, rien ni personne ne pourra douter sur notre lien. Attrapant sa main, je m’amuse à marcher à reculons tout en la regardant « Je sais où on va aller. Ça te rappellera des souvenirs. » je ne sais pas d’où je trouve la force pour me rappeler de quelque chose. L’attirant à moi, je sais exactement où on va aller. Et il ne faut que quelques mètres de plus pour être face à l’endroit. Un multi-bang. Ça fait des années que je n’ai pas mis les pieds là-dedans. A l’époque quand nous étions un jeune couple, il nous arrivait d’aller dans des DVD Bang pour y passer du temps ensembles. Plus charnel que réellement instructifs… mais beaucoup de couples font ça… alors je n’avais pas vraiment honte de chercher ce genre d’endroit intime. Passant derrière elle, je passe mes bras autour de sa taille « ça te donne des idées ? » une invitation surement. Embrassant la peau de son cou, je me détache juste assez pour l’entrainer avec moi. « Bonsoir, une salle s’il vous plait. » Cette fois ce sont les derniers billets qui me restent. Je cherche même au fond de mon portefeuille si je n’en ai pas des cachés. Mais au lieu de me déprimer, je rigole un peu plus fort, avant de donner l’argent au proprio. Je récupère le tout, cherchant le numéro de la porte avant de trouver notre salle. Outre le fait de pouvoir passer des moments différents avec une petite amie, ici ça reste toujours un endroit où s’amuser. J’aimais bien ça quand j’étais ado. J’y venais souvent avec Kitae pour faire des karaokés, jouer à des jeux ou mater des films. C’était toujours mieux que d’aller chez mes parents qui n’avaient jamais vraiment apprécié l’influence de Kitae sur moi. Refermant la porte derrière moi, je jette les sacs au sol avant de foncer sur le canapé. Me laissant retomber lourdement « Aaaaah !!! J’en peux plus. » J’étire mon corps endoloris, avant de m’écrier « Karaoké ? » oui je crois que je suis capable de faire ça, au pire j’inventerais les paroles.

Ce tee-shirt difforme qu’il enfile par dessus ta robe, sa façon de faire qui te fait rire alors que t’essaies tant bien que mal de réarranger tes cheveux. Tu le laisses faire de même, avant de pouvoir vous observer dans le miroir. Tes bras qui s’enroulent autour de ses hanches, alors que tu profites de quelques instants à pouvoir être tout contre lui, ce sourire sur tes lèvres. Tu trouves que vous vous complétez bien, comme ça. Que personne ne pourra désormais douter de ce qui vous lie. Et t’aimes ça, alors que tu regardes longuement ce reflet de vous. Une illusion, qui aura disparu demain. Un mirage, qu’on oublie aussi vite qu’il est apparu. Mais ça ne compte pas, le plus important, c’est ce que vous vivez maintenant. « C’est nous les plus beaux ! » que tu t’exclames, déposant un baiser sur sa joue, avant de le suivre jusqu’à la caisse. Tout s’enchaîne, sans que tu ne prennes le temps de réfléchir à quoi que ce soit. Tu n’en as pas vraiment envie non plus, il faut dire. Happée par ce tourbillon qu’il provoque en toi, tu le suis aveuglement, sans penser aux conséquences. Encore quelques mètres à parcourir, pour découvrir la prochaine aventure qui comblera cette nuit folle. Ta tête qui se penche sur le côté lorsqu’il embrasse ton cou, cet air niais qui reste ancré sur tes traits. « Ca pourrait donner pleins d’idées… » que tu souffles à son oreille, amusée. Et tu le suis une fois de plus, parce qu’il n’y a que ça qui importe, tout ce temps que tu pourras passer avec lui. En quelques minutes à peine, vous vous retrouvez enfin dans cette salle, enfin véritablement seuls. Ca pourrait changer la donne, pour autant, tu viens immédiatement te coller à lui lorsqu’il s’installe. « J’veux que tu m’chantes une beeeeelle chanson d’amour ! » que tu réponds, comme si tout ça était normal, après toutes ces péripéties, ce mariage prononcé. « C’est ça qu’on fait pendant les mariages non ? » une question que tu poses à voix haute, sans t’en rendre compte, avant de te mettre à rire. Quelques secondes de plus dans ses bras, avant de te relever, et farfouiller dans tout ce qui se trouve autour de vous pour trouver les micros. Tu t’arrêtes dans tes recherches pour ôter tes talons qui te gênent plus qu’autre chose, et repars en quête du sésame, jusqu’à le trouver. « Aaah voilà ! Tiens ! C’est toi qui commence ! » Sans perdre plus de temps, tu retournes t’asseoir, ton regard figé sur lui. Tu l’encourages déjà en tapant dans tes mains, dans un sourire qui ne te quitte pas. Tout te semblerait si absurde, si tu te voyais faire, mais il faut croire que cette pilule absorbée continue inlassablement de faire effet. Encore plus lorsque tu ressors des sacs cette bouteille d’alcool, continuant encore et encore de boire. Une façon de rester dans cette euphorie qui te soulage, t’éloigne un peu plus de la réalité. Une façon de reprendre des forces pour continuer de profiter de cette nuit qui n’appartient qu’à vous. Et si tu pouvais rester enfermée dans cette pièce, avec lui, jusqu’à la nuit des temps, tu le ferais sans aucune hésitation. Alors qu’il se prépare à chanter, tu t’enfonces un peu plus encore dans ton fauteuil, tes yeux plissés. « Tu sais que t’es beau ? T’es même le plus beau de la terre. » Ca s’échappe d’entre tes lèvres sans gêne, alors que tu ressens le besoin d’exprimer tout ce qui parvient à ton esprit. Un nouveau rire, avant de le laisser prendre les rennes du karaoké, prête à le suivre s’il le faut, une fois de plus.

Nous verrons bien plus tard pour se morfondre et se laisser sombrer à nouveau. Une nouvelle excitation qui s’impose alors que je la laisse s’approcher de moi. Une belle chanson ? L’idée me plait, même si je ne suis pas certain d’être au mieux de ma forme. Enthousiaste, je m’empare du classeur avec toutes les chansons répertoriées. Je tourne les pages sans vraiment réussir à toutes les lire. De mon œil un peu flou, je finis par trouver une que je connais par cœur. Alors je ris, attrapant le micro qu’elle me tend. « T’es pas prête, je vais faire chavirer ton cœur. » et je ricane comme un enfant s’apprêtant à faire une déclaration d’amour. Un peu niais, saupoudré d’une naïveté, je me lève pour aller allumer l’écran. Mon classeur sur les genoux, je rentre le numéro de la chanson. Déposant le tout, je me redresse pour lui faire face quand elle me complimente. Un nouveau sourire qui s’étend sur mes lèvres, j’y crois à ses paroles. Plus qu’un encouragement, je me sens pousser des ailes. Les premières notes de la chanson retentissent. Du Bruno Mars, Just the way you are. Une évidence, il me semblait pour une déclaration à celle que j’aime. Et parce-que je suis surement un peu trop saoul, j’y mets vraiment du cœur et de la passion. M’impliquant comme jamais pour faire passer ce message. Il me faut peu de temps avant d’approcher d’elle pour lui attraper la main. L’incitant à se lever, je continue à chanter tout en l’attirant contre moi. Les paroles prennent leurs sens quand elle est là, malgré mon esprit totalement engourdi. Sans pouvoir y comprendre quoique ce soit, je sens tout de même cette osmose ce créer. Comme si pour la première fois de ma vie cette chanson voulait dire quelque chose pour moi. Sa main dans la mienne, je m’amuse à jouer avec ses doigts avant de m’interrompe une seconde pour déposer un bref baiser sur ses lèvres. Je me sens enfin à l’abri de tout, dans notre bulle privée. Personne, ne pourrait nous séparer. Pas même Sawan et ses actes malsains. En cet instant, je suis heureux, même si tout n’est qu’illusion tant pis. Quelques paroles de plus, pour lui faire comprendre qu’elle est mon monde. Ma vie à moi, ne tourne désormais plus qu’autour d’elle. A croire que je serais réellement désespéré elle n’était plus là. Comme si rien n’avait jamais existé avant elle. Je me sens si bien. Les dernières minutes de la chanson, et je conclus en venant la faire tourner avant de la récupérer dans mes bras. D’un rire franc et enfantin, je n’ai plus aucune barrière pour lui exprimer ce que je ressens. « T’es la femme de ma vie. » et si seulement je pouvais être lucide pour lui dire ça. Si seulement elle pouvait l’être aussi pour le comprendre. Nous n’aurions plus besoin de nous débattre dans le vide tous les deux. La faisant basculer en arrière, je la retiens pour embrasser sa bouche dans une parfaite scène romantique digne d’une comédie. « T’es parfaite ! parfaite ! » Et je ponctue chacun de mes mots par des petits baisers sur sa lèvre rougies. Me redressant, amusé, je lui tends le micro « Dis ! Tu voudras vivre avec moi ? » C’est un peu saugrenu mais la raison n’est plus. Alors je poursuis « On pourra avoir une grande maison. Je vais avoir des sous maintenant. Et après on aura des enfants ?! » J’ai l’air embarrassé je crois, malgré que je me sente confiant. Une contradiction avec l’état dans lequel je me trouve. Mais loin de me perturbé ça me rend encore plus enjoué « Je veux des enfants de toi. Et un chien aussi ! » Voilà que je pars dans les clichés les plus horribles qui soit. Je n’ai jamais voulu ça, déjà si nous pouvions être un couple ça m’irait. Mais dans mon monde ce soir, nous sommes mariés. Alors il nous faut toute la panoplie qui va avec. « Dis-moi que tu tiens à moi. Montre le moi Ye Won. » Peut-être un cri de désespoir, dans un seconde de lucidité. Mais mon regard est loin d’être triste. Je suis heureux, les yeux pétillants et un sourire ineffaçable sur mes lèvres. Je recule doucement, mes jambes cognant dans le canapé avant de m’y laisser tomber pour la regarder. Je veux la voir me chanter quelque chose. Désinhiber de chacun de nos doutes, et de ses peurs, plus rien ne nous empêche de pouvoir vivre tous les deux et s’aimer. 

Tu n’attends que ça, qu’il fasse chavirer ton coeur davantage encore. Et il n’a pas besoin de grand chose pour ça. Tu as simplement besoin de le savoir proche de toi pour que ton coeur gonfle un peu plus d’amour pour lui, à chaque fois. Ce qui semblait être une torture ces derniers jours, n’est plus qu’un cocon de bonheur ce soir. Et tu l’encourages comme tu peux, fan de la première heure. Une chose qui n’a pas changé à son sujet. Ta tête qui se secoue au rythme des notes, jusqu’à ce qu’il te fasse te relever, t’accrochant à lui tout en l’écoutant chanter. Et tu aimes encore plus sa voix, dans cette pièce, à l’abri des regards. Tu aimes encore plus son contact, celui qui te manque tant lorsque tu es lucide. Celui que tu tentes malgré toi d’oublier depuis quelques jours déjà, mais qui ravie pourtant tout ton être ce soir. Les dernières notes retentissent alors que tu tournes sur toi-même, avant de sentir à nouveau ses lèvres se poser sur les tiennes. Un geste qui t’électrises une fois de plus, que tu savoures davantage encore, dans un sourire enchanté. Ces mots que tu as certainement voulu entendre ne serait-ce qu’une fois, dans l’un de vos moments de lucidité, et qui parviennent finalement à tes oreilles. Ca laisse un long frisson parcourir ton corps. « Et toi t’es l’homme de ma vie. Mais tu l’as toujours été tu sais. » Des mots que tu n’as jamais osé lui dire, auxquels tu as pensé tant de fois. Pourtant, ils n’ont pas le même impact ce soir, qu’importe si tu penses le contraire à cet instant précis. Ta main posée sur son torse, tes yeux qui papillonnent face à cette demande inattendue. Certes, tu serais la première à dire que ces clichés ne te ressemblent pas non plus, mais ce soir, tu es loin d’y penser, ravie de cette idée qu’il a. « Oh mais oui ! J’aimerais trop qu’on ai des jumeaux ! Un garçon et une fille. Et tu leur apprendras la musique ! » Tu fais claquer tes mains l’une contre l’autre pour appuyer tes propos. « On aura une belle maison, une belle voiture, et notre chien ! » Tu ressemblerais presque à une enfant à qui on offre ce qu’elle a toujours désiré. Et même si tu n’as jamais imaginé une telle vie avec lui, trop rangée pour vous, ce soir, c’est tout ce qu’il te faut pour être plus heureuse encore que tu ne l’es déjà. A ton tour, tu récupères le classeur pour voir ce que tu pourrais chanter à ton tour. Tu as du mal à discerner tous les titres qui s’offrent à toi, mais un en particulier retient ton attention. « Je sais ! » que tu lances, avant de te tourner vers la télévision pour entrer le numéro de la chanson que tu as choisi. Et voilà que les premières notes résonnent. All of me de John Legend. T’as toujours aimé cette chanson, pendant longtemps, elle te faisait penser à lui, alors ça te parait évident de la chanter. Même si tu n’es pas la meilleure dans ce domaine, t’essaies de bien faire, te retournant vers lui. Des paroles que tu n’aurais jamais osé lui dire en tant normal. Mais ce soir, vous êtes mari et femme, et il a le droit d’entendre tout ça. D’un signe de la main, tu lui demandes de venir contre toi. Tu fais de ton mieux pour éviter les fausses notes, t’as du mal parfois. Mais le plus important, c’est que tu oses le faire. Lui chanter une chanson à ton tour. Sans aucune honte, ni gêne. Et lorsque la chanson se termine, tu enfouis ta tête contre son épaule. Tu attends une réaction de sa part, sans réellement savoir ce qu’il t’attends après ça.

Et demain, seras-tu assez forte pour accepter tout ce qu’il se passe ce soir ? N’auras-tu aucun regret face à toutes ces choses que vous osez vous dire, que vous osez faire pour montrer votre appartenance à l’autre ? Rien n’est sûr, alors qu’au fond de toi, tu espères simplement que demain ne sera que la suite logique à cette douce euphorie qui te rend si heureuse, si vivante. Qui te laisse dans cette folie, baignant dans des images de vous qui ont toujours été si difficiles à croire, malgré l’amour que vous vous êtes toujours porté. Mais tout est différent, tout est trop illusoire que tu te raccroches à l’idée que ça aurait pu être réel, et que ça le sera demain encore. Qu’à votre réveil, vous serez vraiment mariés, prêts à vous installer dans une grande maison pour y fonder une famille. Que les disputes ne compteront plus, qu’elles disparaitrons de votre quotidien pour vous laisser là, dans cette bulle que vous vous créez. Acceptant d’un signe de tête, tu le laisses choisir la prochaine chanson, prête à continuer ce karaoké improvisé. Tu te lâches, ton esprit libre de toutes ces pensées qui te font défaut en tant normal. Tout paraît si simple, si logique, alors que tu te retrouves baignée d’alcool et de drogues. Et si tu étais lucide, tu aurais tout arrêté depuis si longtemps, tu aurais pris la fuite une nouvelle fois. Pourtant, tu restes éternellement collée à lui, à danser et t’amuser. La sensation que tu n’as jamais su t’amuser autant de toute ta vie. Même dans tes meilleurs moments. « Le meilleur de tous ! J’suis sûre que si on le racontait, personne nous croirait. Ou alors ils seront juste jaloux. » Tu ponctues ta phrase d’un rire, encore persuadée que tout ça durera toujours. Tu récupères la bouteille pour en boire quelques gorgées, te permettant de continuer de te bercer dans ce rêve éveillé. Tu ne veux plus avoir à en sortir, jamais. Et si pour ça tu devais continuer de boire autant, tu le ferais. Pensées insensées qui parcourent encore ton esprit. Tu finis par t’installer sur le canapé, tout proche de lui, le besoin omniprésent de pouvoir le toucher. Une façon d’assurer à ton esprit embué que tout ça est bel et bien réel, et qu’il le sera encore demain. Et tu prends la pose, quand il fixe l’objectif sur vous. Tu te fous de la tête que tu pourrais bien avoir sur ces clichés qu’il prend, le plus important, c’est que vous soyez ensemble dessus. T’en profites pour lui voler quelques baisers, montré une fois de plus le tatouage que vous avez fait ensemble. Tout te semble si beau que ton sourire reste gravé sur chaque photo qu’il prend, même lorsqu’il décide de te prendre toi seule en photo. Plusieurs poses, avant d’attraper son téléphone, et de jouer à ton tour au photographe. « Faut des photos de toi aussi ! Le plus beau du monde ! » Et tu le mitrailles de photos, riant parfois aux poses qu’il peut prendre. « On aura même les plus belles photos de mariage à mettre dans la boîte. » T’en es persuadée alors que tu le regardes lui plutôt que l’écran, arrêtant de prendre des clichés pour t’allonger tout contre lui. « Tu m’envoies les photos ? J’veux qu’elles soient dans notre salon, en tout grand ! Comme ça tout le monde pourra voir qu’on est les plus heureux ! » Des idées plein la tête pour montrer à quel point tu l’aimes, sans oser pour autant lui dire, encore une fois. Certains mots n’oseront finalement jamais briser la barrière de tes lèvres, qu’importe ce que tu pourrais faire pour que ça arrive.

Imaginer son mariage c’est comme un rêve, un objectif qu’on se fixe. Et pourtant, je n’ai jamais eu à imaginer le mien. Car je n’en ai jamais voulu. Pourtant toujours incapable de dire ces mots, je devrais penser à cet acte si symbolique, sans le juger. Et ce soir, je ne pensais pas qu’il ressemblerait à ça. Fort heureusement rien d’officiel. Je peinerais à nous imaginer ailleurs dans un autre pays à faire ce genre de bêtises. Persuadé de vivre la plus belle soirée de ma vie, je me laisse prendre par ces envies incontrôlées. Immortaliser l’instant avec elle. Je veux des photos, des tonnes pour ne rien oublier. Comme si une partie de moi savait que je n’étais pas apte à me souvenir de tout. Alors j’enchaine, je mitraille et on inverse les rôles. J’ai presque peur de voir nos réactions demain. Lorsqu’on sera lucide pour comprendre ce que nous avons fait. Jouant le jeu, je prends la pose à mon tour, pour lui offrir des clichés de moi. Ne me prenant pas au sérieux, j’enchaine les positions idiotes et les mimiques drôles. Lorsque nous finissons notre numéro, je m’étale sur le canapé, relevant la tête vers elle. « Ouais, je t’envoie tout mon amour. » je n’ai pas besoin de plus pour déjà transférer les photos. En les parcourant, je me mets à rire en revoyant nos têtes. Sur certaines nous avons presque l’air normal, quant aux autres… elles sont un peu le reflet de ce que nous sommes ce soir. Je reste quelques secondes concentré pour tout lui envoyer. Avant de venir l’attirer contre moi « T’as tout reçu ? » comme si je pouvais comprendre la réponse. Me redressant je m’étire, en jetant un coup d’œil à l’heure. Bien vite mon esprit oublie ce qu’il vient de voir, mais il est déjà très tard ou tôt. « Hey ! Faut qu’on parte en lune de miel. » Bah évidement. Autant faire cette soirée au complet. Seulement prévoir de partir à cette heure-ci me parait compliqué. Mais plutôt inventif ce soir, je trouve subitement une solution. « On va à l’hôtel ? » bien entendu, c’est mieux que d’aller dans notre propre chambre. Déjà actif sur mon téléphone, je regarde les hôtels du coin. Et parce-que je suis surement dingue, je prends le plus coté. « J’ai trouvé ! Viens il est qu’à quelques mètres de là. » Vu notre état aucun chauffeur n’accepterait de nous y emmener de toute façon. Et aussi enthousiaste qu’à mon arrivée, je récupère nos affaires avant de l’entrainer dehors. Amusé par la situation, je me remets à courir plus vite. Impatient de pouvoir profiter de notre « lune de miel. » Essoufflé, je réajuste mes vêtements, histoire de me donner un meilleur genre et entre dans l’hôtel à quatre étoiles. Me raclant la gorge, je jette un œil complice à Ye Won avant de m’avancer vers la réception. L’homme nous dévisage, s’apprêtant surement à dire quelque chose mais je le coupe « On voudrait une suite. » Il regarde par-dessus ses lunettes, nous toise et nous juge presque un peu. « Nous sommes complets. » « C’est pour notre mariage. S’il vous plait. J’ai l’argent. » Et je m’empresse de lui filer ma carte sur le comptoir. Bien que nous n’ayons pas un standing comme les autres clients. Nous restons tout de même des machines à sous. Alors, il jette un coup d’œil sur son écran et lâche « Il reste une suite, avec jacuzzi. Ça vous conviendrez ? » « Bien sûr !! J’ai des sous. » Et j’insiste sur ce fait, même si en réalité je vais surement être dans le rouge après ça. Mais qu’importe. Je suis fou de Ye Won, alors je suis prêt à n’importe quoi. Quelques petits trucs à régler « Pour combien de temps ? » « Une nuit ! Petit déj au lit. Et repas dans la chambre. Vous avez un mini-bar ? » « Bien sur monsieur. Vous pourrez régler le tout, demain matin. » « Parfait ! » Car je m’apprête à faire flamber ma carte. Il me redonne ma carte, désigne un autre homme près des ascenseurs « On va vous guider à votre chambre. » récupérant la clé, je suis tout content. Un peu trop d’ailleurs, et j’attrape la main de Ye Won pour l’emmener avec moi. Dans l’ascenseur, je ris tout seul à l’idée de pouvoir passer un moment dans un endroit superbe. En réalité, je ne suis jamais allé dans un hôtel aussi luxueux. Et je me satisfais de m’être assez bien comporté pour ne pas à se faire virer de l’endroit. Une fois dans les couloirs, je m’émerveille avant d’arriver à la chambre. L’homme nous l’ouvre nous souhaitant une bonne nuit avant que j’entre à l’intérieur. Refermant la porte, je jette les sacs au sol avant de foncer sur le lit et sauter dessus. Le matelas est si agréable, que je pousse un gémissement de satisfaction « Oooh c’est super doux ! » à nous la belle vie. 

Mon amour. Deux mots pour faire chavirer un peu plus ton coeur, agrandir ce sourire sur ces lèvres - si cela est encore possible. Sans attendre, tu récupères ton téléphone, et fixe l’écran en attendant de tout recevoir. Comme impatiente, alors que les clichés s’affichent un à un devant tes yeux. « J’vais en mettre une en fond d’écran ! » Et tu choisis la première qui semble déjà être ta préférée. Une ou vous vous embrassez, que tu paramètres rapidement, verrouillant ton téléphone pour lui montrer le résultat. « On est trop beaux tous les deux. » Mais bien vite perturbée par cette nouvelle idée qu’il a, tu te redresses, le regard émerveillé. Une lune de miel, c’est tout ce qu’il faut pour parfaire un peu plus cette nuit. « Ce soir à l’hôtel, et après on choisi notre destination pour la vraie lune de miel ! » que tu t’exclames, ravie de cette idée qui semble encore tout à fait logique. Bras tendus vers le plafond, ils retombent rapidement sur les épaules d’Il Kyang, tentant de regarder ce qu’il fait, sans être sûre d’y parvenir. Encore une fois, tu n’as pas vraiment le temps de réfléchir à ce qu’il se passe, que vous quittez déjà l’établissement, en courant, prêts à vous engouffrer dans cet hôtel luxueux. « Waaah, c’est grave beau ici ! » lances-tu en observant l’entrée, avant de te tourner vers lui. « Mais pas autant que toi. » Un léger rire, avant d’entrer, et vous diriger immédiatement à l’accueil. Tu le laisses prendre les choses en main, te demandant si tu es déjà venue ici. Mais ta mémoire te fait défaut, encore trop embuée par ce que t’as pu ingurgiter ce soir. Tu ne fais pas attention aux choix qu’il fait, le suit simplement une fois que la chambre semble être réservée. Eternellement dans ta bulle, accrochée à son bras, te faisant guider jusqu’à la suite. Il ne faut pas beaucoup de temps à Il Kyang pour lâcher vos affaires, et sauter sur le lit. Tu l’observes faire, le regard soutenu, retirant tes chaussures, et tout ce qui pourrait te gêner pour le retrouver. « J’crois que c’est le meilleur lit du monde ! » Bien mieux que celui que tu peux avoir chez toi, en tout cas. Rapidement, tu te glisses vers lui, enroulant tes bras autour de lui, venant lui voler un baiser amoureux. « C’est la meilleure nuit de ma vie. » que tu murmures à son oreille, te perdant déjà dans cette étreinte. Une minute ou deux, à rester là, avant de te redresser face à lui. « Une lune de miel, ça se fête ! » Et à ces mots, tu quittes le lit pour aller fouiller dans le mini-bar, attrapant deux bouteilles, puis retournant à ta place. Tu lui donnes l’une d’entre elles, et ouvre celle qui reste dans tes mains, trinquant avec lui. « A notre mariage. » Et te voilà à boire encore, même si tu ne devrais pas. Si seulement tu pouvais comprendre tout ce qu’il se passe, t’y mettrais un terme, mais c’est loin d’être le cas, alors que tu termines rapidement cette flasque. L’alcool parcourant ton corps te fait grimacer un instant, te faisant rire par la même occasion. Le déchet que tu jettes à côté du lit, comme si tout ça était normal, et tu t’allonges à côté de lui. L’alcool continue encore de faire effet, tu as largement atteint tes limites ce soir, mais ça ne t’empêche pas de continuer, pour rester dans cette euphorie du moment, un peu plus longtemps. Tu te retournes vers lui, tes doigts venant jouer avec son tee-shirt, et tes yeux se plongeant dans les siens. « Et maintenant, que veux faire mon mari ? » Un autre de ces sourires sur tes lèvres, toujours autant amusée. Un regard pétillant, prêt à suivre celui qui te fait face dans toutes les idées qu’il pourrait encore avoir.

Je n’ai jamais eu les moyens de mettre les pieds dans ce genre d’endroit. Jamais envieux, je préférais de loin le côté baroudeur que nous avions Kitae et moi. Pourtant ce soir, je me satisfais de ce confort plus que remarquable. Etendant mes bras, je me plonge dans cette atmosphère douce et agréable. La retrouvant bien vite, je garde de bon réflexe pour venir la serrer dans mes bras. Amusé par cette nuit qui nous attend, je fixe le plafond avant de tourner mon visage vers elle. J’aimerais que tout reste comme ça pour toujours. Cette sensation si nouvelle, et ces papillons dans le ventre. Euphorie, tranquillité… tout est si bien maitrisé tout compte fait. Malgré que rien n’avait l’air d’être normal ce soir. Je me prends à croire que finalement tout est bien plus réelle que je ne le pensais. Dans ma tête ça l’est. Je suis prêt pour cette nouvelle vie aux côtés d’elle. Et je suis aussi impatient qu’elle de fêter ça. Attrapant la bouteille qu’elle me tend, je trinque à mon tour avant d’enfiler le tout. Je ne sais pas combien d’alcool mon corps peur encore supporter. J’ai tellement bu ce soir, que je serais presque étonné de me voir encore debout. Mais rien ne m’arrête, encore moins cette conscience qui me hurle de revenir à la réalité. Inconscient au possible, je reste quelques secondes plongé dans son regard. D’une douce lueur qui m’électrise et me fait frissonner. Je voudrais être lucide pour partager un vrai moment avec elle. Plein de sincérité et d’amour… mais rien de tout cela n’arrivera ce soir. Et quelque part, j’ai peur de repenser à ce moment. Juste cet échange de regard, à la fois vrai et pourtant si faux. Je crois qu’il me blesserait… car la lueur dans ses yeux me fait croire à toutes ces choses auxquelles je ne croyais plus. Elle donne de l’espoir, me fait comprendre que je suis quelqu’un d’important. Et moi j’y crois, bêtement je me dis que quelque part c’est vrai. Nous ne sommes le reflet que ce que nous n’arrivons pas à nous dire. Alors je me laisse quelques secondes pour profiter de cet instant et je craque une nouvelle fois. Me redressant subitement. « On profite de la chambre ? » et je n’attends pas une réponse avant de retirer soudainement mon tee-shirt et le balancer à travers la pièce. Espiègle, j’agite mon doigt devant elle « Soit sage ! Tu te jetteras sur moi après. » Même si l’idée me plairait bien. Je retire mes chaussures, déboutonnes mon pantalon et invite Ye Won à se lever. « On va au jaccuzzi. » pas de maillots de bains pour en profiter mais je m’en fous. J’ai mon boxer qui fera l’affaire. Impatient, j’aide Ye Won à retirer ses fringues pour la laisser en sous-vêtement. Et comme j’ai manqué à mes obligations de mari, je viens brusquement la soulever pour la porter jusqu’à la salle de bain « J’avais oublié de te porter en rentrant dans la chambre. C’est ce que font les jeunes mariés non ? » Tout sourire, je rentre dans la pièce déjà chauffée. Je suppose que les riches sont habitués à ce que tout soit préparé pour eux. La salle de bain est immense. Bien plus que ma propre chambre. « Waouh ! » je ne peux m’empêcher de m’exclamer en la voyant. Je me sens presque être quelqu’un d’important. La conduisant jusqu’au jacuzzi, j’avise l’eau surement déjà chauffée aussi avant de la déposer tranquillement au rebord. « J’ai jamais fait ça avant. » une confession réelle, qui me donne l’air d’un gamin impatient et intrigué. Grimpant dedans je lâche un petit « Oh » de surprise en sentant l’eau chaude avant de m’assoir dedans. Les bulles sont plus agréables que je ne le pensais. J’avais toujours imaginé ça trop stimulant. Mais en réalité c’est tellement relaxant ! Il ne m’en faut pas plus pour être convaincu. Attrapant Ye Won par la taille, je l’entraine à l’intérieur tout en la gardant près de moi. Laissant mon rire mourir contre ses lèvres, je lui donne un baiser beaucoup plus passionné que les précédents. Presque trop alcoolisé aussi, pourtant je lui retrouve un goût fruité que j’aime tant. Surement déjà habitué, mais jamais lassé de ces échanges qui deviennent naturels entre nous. Surtout ce soir, et plus que jamais… Me reculant juste un peu « Toi et moi, à jamais. » parlant contre sa bouche, je reprends ma place en la parcourant de nouveau. Des mots plus vrais, si étonnant et pourtant je les pense. Peu importe qui je suis ce soir, son mari où le mec désespérément perdu depuis qu’elle n’est plus là.