Maintenant que Jun Wan a rompu le contact physique, et que plusieurs minutes sont passées depuis la fin de leur baiser, il parvient à penser un peu plus clair et à maintenir le regard de Lucas. Il n’est pas encore totalement remis (en témoigne son expression encore distraite et sérieuse) mais au moins, il peut regarder dans les yeux son petit-ami, ce qui est un grand progrès. « Oui » répond-il simplement, en acquiesçant d’un mouvement de tête aussi. Mais au lieu de se séparer du mur (contre lequel il est toujours appuyé) et de sortir de l’entrée, il reste immobile, le regard bloqué dans celui de Lucas.

Plusieurs secondes s’écoulent ainsi en silence, et plus le temps passe, plus son visage se détend. Maintenant qu’il reprend un peu ses esprits, il peut remarquer le visage épanoui de Lucas, son sourire amusé et cette vision le satisfait pleinement, conscient que c’est grâce à lui. Enfin, il est capable de répondre à son sourire avec un sourire aussi doux que d’habitude et toute trace de perturbation disparaît enfin – il redevient le même que d’habitude, en plus heureux encore. « Tu es trop pressé » relève t-il en souriant. Il serre la main de Lucas en retour et la caresse délicatement avec son pouce. « Allez, viens » dit-il en se redressant et en entraînant avec lui Lucas jusqu’à la cuisine.

« J’étais à deux doigts de le donner à quelqu’un d’autre, mais je suis content de ne pas l’avoir fait. » explique t-il, un grand sourire sur le visage, tandis qu’il utilise sa main libre pour ouvrir le frigo (et qu’il traîne Lucas avec lui parce qu’il est hors de question de le lâcher). « Ferme tes yeux » dit-il soudainement, en se tournant vers Lucas, se plaçant délibérément devant le frigo ouvert pour ne pas qu’il voit ce qui y est caché. « J’ai mis beaucoup d’effort pour le faire moi-même, donc je veux que tu sois surpris » annonce t-il avec fierté.

Petit sourire sur les lèvres, Lucas regardait encore Junwan, ignorant lui-même la douceur et l’amour présents dans son regard. Lucas avait beau savoir qu’il était amoureux de Junwan, que son cœur était à lui et que dans son monde rien n’était plus beau que Junwan, il ignorait à quel point ses sentiments se reflétaient parfaitement dans ses yeux. Tout son visage transmettait son bonheur, sa joie ; oh, quelle vision rare chez Lucas. Pour une fois, Lucas était heureux.
« Bien sûr que je suis pressé, je veux mes cadeaux, » répondit-il sur un ton taquin. C’était vrai qu’il était curieux sur ses cadeaux mais c’était surtout la présence de Junwan qui l’intéressait. Junwan tout court. Son sourire se transforma en un sourire plus doux quand il sentit sa main être serrée en retour, le pouce de son petit-ami la caresser. Même dans ces gestes banaux, Lucas pouvait ressentir la douceur de l’amour que Junwan lui portait. Il se sentait si aimé. C’était nouveau pour lui, vraiment nouveau, et il se laissa faire. Il se laissa apprécier cet amour, se dit qu’il le méritait, qu’il pouvait apprécier l’idée d’être aimé.
Il s’autorisa enfin à être aimé.

Lucas regarda Junwan d’un air un peu perplexe, étant rendus dans la cuisine. Qu’est-ce qu’il avait bien pu lui préparer pour qu’ils aient besoin d’aller à la cuisine ? La culpabilité revint presque sonner chez le garçon quand Junwan lui apprit qu’il avait failli donner son cadeau à quelqu’un d’autre, mais ce fut plutôt la jalousie qui gagna. L’idée qu’un cadeau que Junwan avait préparé pour lui soit donné à quelqu’un d’autre ne lui plaisait pas, garçon possessif qu’il était. Mais il n’en dit rien ; après tout, ce n’était pas la situation actuelle. C’était bien lui qui allait recevoir le cadeau qui lui était destiné.
Le garçon sentit une petite vague de froid couvrir son corps quand Junwan ouvrit le frigo, ce qui le fit légèrement frissonner ; il avait oublié le froid après avoir ressenti toute la chaleur de l’amour de Junwan. Et puis, il ne put même pas voir son cadeau car il devait fermer les yeux. S’exécutant, il se mit à sourire alors qu’il se mettait à imaginer quel genre de cadeau ça pouvait être. Quelque chose qui devait être conservé, que Junwan avait préparé lui-même avec beaucoup d’efforts… Quelque chose à manger, sans doute ? « Okay, » acquiesça t-il simplement à voix haute, le contact de la main de Junwan l’empêchant de penser à autre chose qu’à Junwan.
Quelques secondes s’écoulèrent sans qu’il ne prononce le moindre mot, Lucas juste impatient de connaître son cadeau. « C’est bon ? » qu’il finit par demander, les yeux encore fermés, sourire aux lèvres. Main toujours dans celle de Junwan, main qui la serrait.

Un sourire fier sur le visage, Jun Wan regarde Lucas en attendant patiemment qu’il accepte de fermer ses yeux – et une fois que ce dernier acquiesce et s’exécute, Jun Wan reste immobile quelques secondes à profiter de la vue. Ce n’est pas quelque chose de courant, d’avoir un Lucas à sa totale disposition, les yeux fermés : et c’est la première fois que Jun Wan y a le droit, peut-être même la dernière (qui sait ?). Au bout de courtes secondes, il finit par se retourner vers le frigo pour prendre le gâteau d’une main (chose un peu délicate mais il préfère prendre des risques que lâcher Lucas) et il le pose de justesse sur le comptoir de la cuisine. Ensuite, il se tourne de nouveau vers Lucas qui choisit ce moment pour demander si c’est bon.

Jun Wan hésite quelques secondes. Est-ce qu’il reste sage et laisse filer une occasion qui ne se présentera peut-être plus jamais, ou est-ce qu’il en profite un peu ? Pas besoin de beaucoup de temps pour trouver la réponse à ce dilemme. « Attends, je vais te positionner juste devant avant que tu ouvres les yeux » annonce t-il en utilisant la main de Lucas pour l’amener juste devant le comptoir. Puis, il se positionne juste derrière Lucas, lâche sa main pour entourer le cou de Lucas avec ses bras et pose sa tête sur son épaule. « C’est bon » murmure t-il dans l’oreille de Lucas, avec une intonation tellement amusée qu’il n’est pas difficile de deviner le grand sourire qui décore son visage.

Lucas avait hâte de découvrir ce que Junwan lui avait préparé. Il avait pu entendre le bruit de quelque chose qui venait de se faire retirer du frigo, la porte du frigo se fermer, tout ça sans que la main de Junwan ne le lâche jamais. Honnêtement, Junwan aurait très bien pu lâcher sa main pour faire toutes ces actions, Lucas ne l’aurait pas mal pris. Mais il ne se doutait pas que ce n’était pas parce que Junwan pensait que Lucas voulait encore tenir sa main qu’il la tenait encore, c’était parce que Junwan lui-même voulait aussi encore tenir sa main.

Le garçon leva la voix pour demander si c’était bon, sachant pertinemment que ça l’était (normalement) puisqu’il avait entendu son cadeau être sorti du frigo. A ce moment-là, Junwan choisit de le positionner en face du cadeau et Lucas se laissa faire, n’y voyant pas de problème, n’anticipant surtout pas la suite.
Car juste après, il sentit les bras de Junwan entourer son cou, son menton sur son épaule, son torse collé à son dos. Le cœur s’accéléra déjà à cette soudaine proximité qu’il n’avait pas prévue et ce fut sans compter sur le murmure de son petit-ami dans son oreille. Incapable de contrôler ni son cœur ni son corps, ses oreilles se mirent à rougir et il s’inquiétait déjà de savoir si Junwan était capable ou non d’entendre ses battements de cœur. Il avait l’impression qu’ils sonnaient un peu trop fort, là. Battaient trop rapidement, surtout. Et rien qu’à imaginer l’expression de Junwan, son sourire amusé qui s’était entendu dans sa voix, il rougissait davantage. Bon sang, il avait beau comprendre à quel point c’était plaisant de voir celui qu’on aimait rougir, quand il était celui qui rougissait ce sourire amusé le frustrait.
Il ouvrit doucement les yeux malgré les palpitations de son cœur et là, ce qui se trouva devant ses yeux le surprit. Yeux écarquillés, un sourire qui étira ses lèvres sans qu’il n’y fasse grand-chose. Un gâteau aux deux chocolats. Lucas adorait ça, il raffolait des gâteaux au chocolat. En plus, le lait était son chocolat favori, suivi du blanc… Oui, bien sûr que Junwan le savait, mais ce qui le choquait davantage c’était que Junwan ait pris le soin d’en faire un lui-même. Dire qu’il aurait donné un tel bijou à quelqu’un d’autre… Lucas était ravi d’être bien celui qui recevait ce gâteau. « C’est génial, Junwan, » dit-il, franchement émerveillé. « Je savais pas que tu savais faire des gâteaux, aussi. Merci, merci beaucoup… J’ai pas les mots, j’adore. » Il fixa le gâteau encore pendant quelques secondes, admiratif. « Je peux goûter ? » demanda t-il en tournant sa tête vers Junwan. Là, il réalisa de nouveau leur proximité et son embarras revint au grand galop, sourire qui devint subitement timide.

La tête posée sur l’épaule de Lucas lui permet d’avoir une vue nette sur le grand sourire qui naît sur le visage de son petit-ami ; et automatiquement, Jun Wan se met lui-même à sourire de la même façon. Il a toutes les raisons d’être heureux dans l’immédiat. Lucas est à côté de lui, en couple avec lui et il peut se permettre d’être tactile avec lui pour la première fois de sa vie (bien qu’il se soit déjà autorisé quelques câlins lorsque l’occasion se présentait). La proximité avec Lucas a toujours eu le don de lui faire oublier tous ses tracas et tout ce qui le rend malheureux, mais c’est encore plus le cas quand il peut se permettre d’être contre lui. Désormais, cette grande maison n’est plus habitée par les fantômes de sa solitude, ni par les fantômes de la tristesse qu’il a ressenti lorsqu’il y a mis les pieds pour la première fois ; il n’y a plus que Lucas. Lucas et lui. « Je suis content que ça te plaise. C’est la première fois que je fais un gâteau de ma vie, en réalité, donc je ne sais pas si ce sera aussi bon que beau » confie t-il avec une voix douce, proche d’un murmure.

Quand Lucas tourne la tête vers lui et que leur yeux se croisent, que leurs lèvres sont de nouveau séparées de quelques centimètres seulement, Jun Wan est moins perturbé que tout à l’heure. De manière générale, il a toujours été à l’aise avec le contact physique, ce qui n’est pas tellement le cas de Lucas ; et même si dans son ventre, quelque chose semble prendre vie, ça ne se voit pas sur son visage. Par contre, comme toujours, le visage de son petit-ami est un livre ouvert dans lequel il peut lire aisément ses pensées. « Bien sûr que tu peux le goûter, je ne l’ai pas fait pour que tu te contentes de le regarder. Il est tout pour toi, en fait. Ce n’est pas très sain de manger aussi sucré à cette heure-ci mais puisque c’est ton anniversaire, je ne dirai rien » répond-il en se redressant, lâchant Lucas par la même occasion pour qu’il puisse s’approcher de la pâtisserie. « Je vais chercher une assiette et des couverts » annonce t-il en retournant derrière le comptoir. Puis, il pose un couteau, une petite assiette et une cuillère sur le comptoir avant de regarder de nouveau Lucas ; mais cette fois-ci, bien qu’ils soient face à face, le comptoir les sépare. « Je te laisse te couper une part de la taille que tu veux. » dit-il en souriant.

Le murmure dans le creux de son oreille le fit doucement frémir, peu habitué à ce genre de proximité avec qui que ce soit. Contrairement à Junwan, Lucas n’était pas quelqu’un de tactile, il aimait rarement qu’on le câline ou qu’on le touche. Les exceptions étaient évidemment ceux qu’il portait le plus haut dans son cœur et il savait que la proximité actuelle l’aurait mis extrêmement mal à l’aise en temps normal, ce qui n’était pas le cas maintenant. Il était en train d’apprécier ce câlin, enfin, « apprécier » était un euphémisme. Ce fut dans les bras de Junwan que Lucas reconnut qu’il s’était vraiment senti seul, pendant tout ce temps ; que maintenant, il se sentait complet. En vie.
« On verra bien. Je ne t’en voudrais pas si ce n’est pas bon, je suis déjà vraiment content que tu aies fait ça pour moi. »

Si la proximité d’un câlin ne dérangeait pas Lucas, en revanche pour leurs visages, peut-être un peu que si. Pas dans le mauvais sens du terme ; plutôt dans le sens où il sentait que son cœur battait trop vite et qu’il n’avait pas envie de rester dans cette situation trop longtemps, ça ne lui donnait envie que de retenter l’expérience de tout à l’heure et il ne savait pas si c’était la bonne chose à faire (il se sentait déjà un peu dans les vapes, pas vraiment en train de réaliser qu’il était en couple avec Junwan et qu’il l’avait embrassé).
La chaleur de Junwan le quitta et il aurait voulu rester plus longtemps contre lui, mais il retint l’envie. Après tout, il voulait aussi goûter le gâteau et ce n’était pas en restant dans cette position qu’ils auraient pu confortablement manger.
Lucas esquissa un sourire à l’intention de son petit-ami, le suivant du regard quand il alla chercher les couverts. « Il n’y a pas d’heure pour manger sucré, » répliqua t-il, aimant bien trop manger des choses sucrées à n’importe quelle heure de la journée.
Le garçon regarda le gâteau, puis Junwan. Junwan était en face de lui, un comptoir les séparant. Tant mieux ou dommage, Lucas n’avait aucune idée de sur quel pied se balancer, mais il tenta de ne pas y penser et prit le couteau, le sourire ne quittant pas ses lèvres à l’idée de goûter le gâteau fait par Junwan. Il se coupa une part de gâteau d’une taille moyenne pour commencer, puis leva le regard sur Junwan. « Tu n’en veux pas ? » Certes Junwan n’aimait pas vraiment les gâteaux au chocolat, mais Lucas n’avait pas envie d’être le seul à manger.

Jun Wan a déjà remarqué depuis des années combien la proximité de Lucas lui permet de tout oublier instantanément. Mieux que n’importe quelles belles paroles, mieux que n’importe quelles belles attentions, la simple présence de Lucas à ses côtés a toujours suffi à le réconforter. Comme s’il était l’antidote à tous ses maux, depuis toujours.

Mais même après avoir remarqué ça, Jun Wan était obligé de s’empêcher de rechercher toujours la présence de Lucas et sa proximité. Pendant des années, il s’était retenu de faire trop appel à lui, de demander toujours à le voir et d’être tactile avec lui quand ils se voyaient, sauf à de rares occasions où la tentation était trop forte. Avec le temps, il s’était habitué à se séparer de la chaleur réconfortante que la proximité avec Lucas lui apportait ; c’est pour ça que, même si lui-même ne veut pas tellement lâcher Lucas pour le laisser manger le gâteau, il parvient avec le faire avec facilité. « Oui, je suis certain que tu manges du sucré à n’importe quelle heure, mais crois-moi qu’il y a une heure pour manger du sucré et que ce n’est définitivement pas vingt-trois heures quarante-huit. » dit-il avec une voix amusée, après avoir donné les couverts et posé les coudes sur le comptoir pour fixer d’un regard brillant son petit-ami.

Il reste silencieux quelques secondes. L’idée de manger du chocolat à cette heure-ci ne l’attire pas du tout, mais il connaît Lucas. Il sait très bien que Lucas sera mal-à-l’aise de manger un gâteau entier sans partager, et surtout de manger seul face à quelqu’un qui le fixe. « Je vais me couper une petite part » affirme t-il, en essayant du mieux qu’il peut de dissimuler à quel point l’idée de manger quelque chose de trop sucré aussi tardivement le dégoûte. « Mange en premier. » sourit-il en prenant délicatement le couteau de la main de Lucas, avant de se découper une (toute petite) part de gâteau. Il va chercher une assiette et d’autres couverts puis pose sa part de gâteau. « Alors, c’est bon ? » demande t-il après s’être servi, son regard posé sur Lucas, évitant délibérément de regarder la part qu’il est supposée manger.

Lucas leva les yeux au ciel quand Junwan le reprit sur ses habitudes alimentaires. Au fond, il avait raison, il ne devrait pas manger du sucré aussi tard, mais son corps avait tellement l’habitude des horaires décalés qu’au fond, même s’il mangeait sucré aux bonnes heures, il faisait tout le reste aux mauvaises heures alors ça ne changerait pas grand chose. Évidemment, ce fut une remarque qu’il préféra garder pour lui, sinon bonjour les sermons de son petit-ami pendant un quart d’heure. « C’est l’heure parfaite, pile avant minuit. » Mauvaise foi certes, mais Lucas aimait vraiment ces heures tardives de la nuit pour manger. Peut-être parce qu’il avait fini par prendre l’habitude.

Lucas ne remarqua pas le dégoût total de Junwan de manger quelque chose d’aussi sucré à cette heure-là, retint seulement le fait qu’il voudrait bien manger une petite part. Content, le garçon sourit légèrement puis prit sa cuillère une fois que Junwan lui avait pris le couteau. Pendant le temps où son petit-ami se servit une (très petite) part, il prit une bouchée du gâteau. Un sourire vint immédiatement décorer ses lèvres. Certes, ce n’était pas le meilleur gâteau qu’il n’aie jamais mangé de sa vie, mais le goût était parfaitement convenable. Et puis, le côté biaisé de Lucas faisait certainement en sorte qu’il trouvait le gâteau très bon, aussi. « C’est vraiment bon ! Tu l’as super bien réussi. » Il fit un grand sourire à Junwan avant de baisser son regard sur la part que celui-ci s’était servie, avant d’éclater de rire. « Junwan, si tu ne veux pas manger, ne mange pas. Ne te force pas. » C’était vrai que Lucas n’avait pas envie d’être le seul à manger mais si ça impliquait que son petit-ami se force à manger, alors c’était inutile. Il n’avait pas envie que Junwan se sente mal.

Pour ne pas que la conversation s’éternise sur combien « juste avant minuit » n’est pas l’heure idéale pour manger un gâteau au chocolat, Jun Wan se contente de sourire et de se servir sa part. De toute façon, à quoi bon lui expliquer : Lucas sait très bien, au fond de lui, et puisque ce soit est son anniversaire, Jun Wan a promis de ne pas faire de morales. Alors, il laisse passer.

Sa part servie mais soigneusement évitée, Jun Wan regarde le sourire de Lucas qui lui affirme que le gâteau est très bon et se met automatiquement à sourire aussi. « Tant mieux » répond-il simplement, avant de lancer un regard dégoûté à sa part de gâteau – un air qui semblait dire t’as intérêt à être bon. Heureusement, avant qu’il ne se résigne à manger, Lucas reprend la parole et aussitôt Jun Wan pose deux yeux brillants sur son petit-ami. « Vraiment ?! » s’exclame t-il, avec une voix si honnête qu’il n’est pas difficile de comprendre qu’il est rassuré. Aussitôt, il pose son assiette en face de Lucas. « Alors je t’en prie, mange ma part aussi. Je goûterai demain s’il en reste, là je n’ai pas du tout envie de chocolat. » affirme t-il en souriant, sans lâcher Lucas du regard. « Ah ! » s’exclame t-il ensuite. « J’ai un deuxième cadeau de prêt pour toi. » Son sourire s’agrandit. « C’est dommage parce que si j’avais su qu’on allait se mettre en couple aujourd’hui, j’aurais acheté quelque chose de plus romantique. » Il hausse les épaules. « Je vais le chercher le temps que tu finisses ta part du gâteau. » En disant ça, il se met à marcher vers sa chambre, où il a déposé le robot-aspirateur emballé d’un papier cadeau. Un cadeau plus pratique que romantique, c’est clair ; il aurait préféré que la première chose qu’il offre à Lucas après leur mise en couple ne soit pas un aspirateur, mais maintenant que c’est acheté, autant lui offrir.

Il revient dans la cuisine quelques minutes plus tard en tenant le cadeau et il le pose sur le comptoir, avant de se mettre à côté de Lucas cette fois-ci, plutôt qu’en face. « Voilà. Joyeux anniversaire, pour la dernière fois de la journée puisqu’il est minuit moins cinq. » affirme t-il en souriant de nouveau.

Pour être honnête, Lucas ne se souvenait pas d’avoir été aussi heureux lors de son anniversaire. Certes, il avait toujours passé son anniversaire avec ses amis les plus chers et sa journée avait toujours été très bonne les précédentes années, mais là, c’était différent. Lucas se sentait si heureux qu’il avait l’impression que le gâteau qu’il mangeait était le plus bon qu’il n’aie jamais mangé pour son anniversaire. Ou bien, était-ce le fait que Junwan l’ait faire pour lui qui le rendait meilleur ? Voire même, la présence de Junwan tout court ?

Lucas rit légèrement, hochant doucement de la tête face à l’air soulagé de son petit-ami qui rejeta immédiatement sa part de gâteau pour la lui donner. « Bien sûr qu’il en restera, je ne vais pas tout manger maintenant, je n’ai pas assez de place dans le ventre pour ça… Et même si j’en avais, je t’aurais gardé une part. » Et puis subitement, Junwan se souvint du deuxième cadeau qu’il avait pour lui ; cadeau peu romantique, apparemment (mais Lucas s’en fichait, tant que c’était un cadeau de Junwan). La phrase du garçon rappela brutalement  à Lucas qu’ils étaient effectivement en couple, ce qui le fit sourire doucement. Il avait l’impression de nager en plein rêve. Peut-être était-il même en train de rêver ? « Je t’achèterais quelque chose de romantique pour ton anniversaire, pour compenser. » Mine de rien, leurs anniversaires n’étaient pas si éloignés que ça ; juste deux mois. Et Lucas se mit déjà à réfléchir à son futur cadeau tandis que Junwan était parti chercher le fameux cadeau en question.

Quand il revint, Lucas finit à peine sa première part et découvrit le cadeau emballé en face de ses yeux. Objet plutôt imposant et le garçon se demanda bien ce qu’il pouvait contenir. L’américain souffla ensuite du nez, un sourire venant naturellement lever le coin de ses lèvres alors qu’il tourna la tête pour regarder Junwan qui s’était mis à côté de lui. « Ah, parce que tu ne comptes pas me le resouhaiter avant la fin de la journée ? » demanda t-il sur un ton taquin. Et puis, mettant sa part de côté, il se leva pour avoir une meilleure vue sur le cadeau et l’ouvrir plus facilement. Défaisant délicatement le papier cadeau (il était du genre à garder le papier cadeau des cadeaux qu’on lui faisait et cette habitude d’être soigneux ne le quittait jamais), il finit par découvrir le robot-aspirateur. Ses yeux s’écarquillèrent, sa mâchoire se détendit, la bouche désormais grande ouverte. Il n’aurait clairement jamais imaginé posséder ça un jour, ni même que Junwan pense à lui offrir ça. C’était vrai que c’était un gain de temps énorme, d’avoir ça chez soi. Ça lui évitera de dépenser du temps à passer l’aspirateur. Il gagnait du temps pour faire des choses qu’il voulait faire.
Comblé de joie, il se tourna vers Junwan avec un grand sourire. « Comment t’as pu penser à ça ? C’est énorme, j’en ai toujours voulu un mais j’ai jamais pu me l’offrir... » Cerise sur le gâteau, Junwan avait acheté ça pour lui en ne sachant même pas s’il sera là pour son anniversaire (et au final, Lucas ne l’avait même pas invité). La pensée ne lui traversa cependant pas l’esprit, les pensées trop joyeuses pour y penser. Les lèvres toujours ornées d’un grand sourire, il s’approcha de son petit-ami pour l’enlacer, entourant son cou de ses bras. « Merci, Jun. Merci. » Et il ferma les yeux, humant l’odeur réconfortante de Junwan, appréciant leur proximité.