Yeong Bin attendait l’arrivée de Na Eun devant chez lui. Il avait commandé du poulet, encore. Tous les soirs, quasiment, il en commandait, juste pour la voir et la faire râler. C’était son passe-temps favori dernièrement. Le garçon ne se demandait pas pourquoi il voulait tout le temps la voir, il ne cherchait pas à comprendre et continuait de se voiler la face. Il tombait petit à petit amoureux de la jeune femme mais se l’avouer ? Jamais. Le garçon patientait donc devant le portail, tapant un peu du pied en voyant l’heure défiler. Elle allait encore arriver en retard, comme toujours. Etait-elle déjà arrivée à l’heure ? Il ne savait même pas… Enfonçant ses mains dans les poches de son jean, Yeong Bin releva la tête quand une voix familière s’adressa à lui. Il serra la mâchoire et lança un regard noir à l’agresseur de la sango. Les procédures étaient longues et la police ne pouvait pas le garder indéfiniment pour le moment. Le sango décida de l’ignorer, regardant à l’opposé mais il revint à la charge, mentionnant Na Eun. Bien évidemment, l’étudiant ne put se retenir cette fois-ci. « Ferme-la. » Dit-il sèchement, lui lançant un regard noir. Ça le piquait au vif, ça l’énervait et son sang bouillonnait dans ses veines. Pour l’instant, il restait relativement calme. Mais son interlocuteur était bien décidé à le faire sortir de ses gongs, à le voir s'enrager. « Oh allez, arrête de faire cette tête. C’est qu’une chienne parmi tant d’autres. » Lâcha-t-il. « Puis, tu sais. Tu ne seras pas toujours là pour la protéger… La prochaine fois, je pourrais très bien me la faire. » Ajouta-t-il, provocateur. Cette fois-ci, Yeong Bin ne se contrôla pas. Il allait lui effacer son petit sourire et lui faire ravaler ses mots. Le géant lui envoya son poing dans la figure, le déséquilibrant mais ne le faisant pas tomber pour autant. Ils s’échangèrent des coups, bien évidemment ce connard n’allait pas se laisser faire. Mais l’étudiant réussit à le faire tomber et si d’ordinaire, il en aurait terminé là parce qu’il ne frappait pas un homme à terre, il se positionna au-dessus de lui et le frappa, encore et encore, se moquant bien de le défigurer ou d’entendre les os craquer sous ses coups.

Na Eun soupira en voyant l’adresse de la nouvelle commande s’afficher. Il était pas possible, vraiment. Tous les soirs (ou presque), Yeong Bin commandait. Ses parents étaient contents assurément et si elle était honnête envers elle-même, elle aussi l’était, mais pour d’autres raisons. Mais l’avouer ? Jamais. Récupérant la commande prête, la sango se décida à aller le moins rapidement possible : être à l’heure pour lui ? Jamais de la vie, c’était un plaisir non négligeable de l’entendre râler sur sa ponctualité et de lui renvoyer la politesse de son accueil. Pédalant tranquillement, Na Eun se permit même de s’arrêter pour répondre à quelques messages avant de reprendre la route jusqu’à Gangnam. Elle commençait à bien connaître le quartier, et une maison en particulier … va savoir pourquoi. Et malgré le fâcheux événement de sa livraison chez ce taré d’agresseur, elle continuait à faire toutes les commandes seule, de ce quartier. Mais cette fois-ci, bien équipée, car elle s’était acheté une bombe au poivre et n’hésiterait pas à l’utiliser. Arrivant aux abords de la maison du sango, elle fronça les sourcils en entendant des bruits sourds et aperçut deux silhouettes au sol, l’une maîtrisant clairement l’autre. En reconnaissant Yeonb Bin au-dessus de son agresseur qu’il martellait de coups de poing, elle bondit de son vélo, le laissant contre le mur avant de se précipiter vers eux. Ok, il le méritait, mais de ce qu’elle voyait, si elle n’intervenait pas : il allait le tuer. « Yeong Bin ! Ça suffit ! » s’exclama-t-elle, se rapprochant. « Arrête ! Tu vas le tuer ! » s’écria-t-elle, en réfléchissant à comment l’arrêter sans se prendre un coup. Elle ne voulait pas le mettre dans une mauvaise position et que les rôles s’inversent. Quoi que … vu l’état du mec, il n’allait sans doute pas avoir la force de reprendre. « Yeong Bin, s’il te plait… » demanda-t-elle, cette fois d’une voix plus plaintive, se positionnant face à lui, mais à une distance de sécurité. Ça allait lui causer des problèmes et elle ne voulait pas. Non, vraiment pas. Elle lui faisait des signes, tentant de capter son regard. « Allez, s’il te plaît… » le supplia-t-elle.

Yeong Bin ne pensait pas croiser l’agresseur de Na Eun. Il savait que les procédures étaient longues et qu’il était en liberté en attendant le procès mais, clairement, il n’avait jamais imaginé le croiser. Et encore moins l’entendre le provoquer. Il était déjà dans la merde jusqu’au cou et il continuait ? Le sango se retint, un moment. Il l’ignorait, comme il le pouvait, avant de lui demander de la fermer. Qu’il se taise et dégage. Qu’il disparaisse de sa vue. Les poings serrés, il commençait à perdre son sang-froid. Pourtant, l’étudiant en droit savait parfaitement se contrôler. Mais pas là. Il touchait une corde sensible. Et Yeong Bin ne le supporta pas plus longtemps. Le premier coup partit. Il ne se retenait pas, bien décidé à lui défoncer sa sale petite gueule. Il voulait réellement faire disparaître son sourire. Cependant, le garçon ne se maîtrisait plus. Il était dans une rage folle et incontrôlée. Même à terre, le sango continua. Il maintenant au sol l’agresseur de l’étudiante et le frappait, encore et encore. Il ne savait pas si c’étaient ses os qu’il entendait craquer ou ceux de ce petit con. Il ne ressentait pas la douleur, bien trop habité par la colère. Il n’entendit pas Na Eun lui crier d’arrêter, bien trop focalisé à frapper le visage de ce connard. Ce n’est seulement quand elle se rapprocha que sa voix lui parvint mais ça ne le calma pas pour autant. Le tuer ? Il s’en foutait. C’était ce qu’il méritait. « Et alors ?! C’est tout ce qu’il mérite ! » Hurla-t-il, ne décrochant pas son regard du visage ensanglanté qu’il continuait de frapper. Puis, sa voix plaintive le fit hésiter. Il s’arrêta dans son geste, fixant le garçon en sang. Il ne bougeait plus vraiment, gémissant faiblement. Yeong Bin inspira profondément, la mâchoire serrée. Le garçon finit par lever la tête vers Na Eun, la regardant un court instant avant de détourner le regard. Il se leva, titubant légèrement, sous le choc de ce qu’il venait de faire. Il regarda ses mains tremblantes et recouvertes de sang puis jeta un œil au garçon par terre qui ne bougeait pas. « Il est… Il est… » Balbutia-t-il, incapable de terminer sa phrase. Il tremblait de tout son corps, de rage, mais aussi de peur. Qu’avait-il fait ?

Na Eun ne s’était pas attendue à tomber sur une scène pareille en arrivant près de la maison de Yeong Bin. Celui-ci laissait ses poings frapper violemment le visage de son agresseur et il semblait comme enragé, incapable de s’arrêter. Son estomac se tordit à la pensée de ce que pourrait encourir le sango si jamais il allait trop loin. Non, vraiment, elle ne voulait pas que quelque chose comme ça lui arrive, même si son agresseur le méritait clairement. Posant rapidement son vélo contre le mur, elle vint à leur niveau et tenta de stopper le garçon, essayant de lui faire réaliser ce qu’il pourrait se passer s’il continuait. Sa réponse qu’il lui hurla, continuant de frapper sans la regarder, la fit déglutir. « Ce n’est pas à toi de rendre la justice ! »  s’exclama-t-elle, se doutant même qu’il l’écoute. Surtout qu’il venait peut-être d’écarter toutes les chances pour elle de gagner son procès en s’en prenant aussi violemment au garçon, mais elle préféra ne pas en rajouter. Elle voulait juste qu’il s’arrête. Elle ne voulait pas le perdre aussi bêtement, qu’il ruine sa vie pour elle, à cause d’un sale type complètement taré. Alors d’une voix plaintive, suppliante, Na Eun tenta de faire revenir à la raison Yeong Bin. Un soupir de soulagement franchit ses lèvres quand il s’arrêta et elle croisa son regard quelques secondes avant qu’il ne le détourne et se relève. Elle crut un instant qu’il allait tomber et se demanda comment elle allait redresser un géant pareil, mais il resta sur ses pieds, un peu hébété. Il semblait prendre conscience et finit même par s’inquiéter de l’état du garçon à ses pieds. Na Eun s’agenouilla et attrapa le poignet du garçon pour vérifier son pouls. « Non, il est juste inconscient. »  souffla-t-elle avant de se relever et de venir rejoindre le garçon. Elle attrapa doucement les mains de Yeong Bin. « Je vais appeler les secours, d’accord ? Pour qu’il soit pris en charge à l’hôpital. Toi, rentre, je te rejoins dès qu’ils l’auront emmené. »  lui dit-elle d’une voix douce.

Yeong Bin ne se contrôlait plus. Il perdait rarement le contrôle de lui-même et cette fois-ci, il laissait toute sa rage le posséder. Il n’en avait actuellement rien à foutre de le cogner jusqu’à la mort. Il n’y pensait même pas. Il le maintenait juste au sol, lui assenant des coups, encore et encore, incapable de s’arrêter. Na Eun tenta de lui remettre les idées en place, de le raisonner mais l’étudiant en droit s’en fichait de lui ôter la vie. Il s’en moquait totalement et il continuait de frapper, incapable de s’arrêter. « Et pourquoi ?! » Répliqua-t-il, ne la regardant toujours pas, ne l’écoutant pas. Il continuait jusqu’à ce que sa voix plaintive, le suppliant d’arrêter, ne parvienne à ses oreilles et le fasse douter. Yeong Bin arrêta son geste, fixant le visage ensanglanté de l’agresseur. Qu’avait-il fait ? Le garçon déglutit, levant les yeux vers la sango, croisant son regard un instant avant de détourner rapidement les yeux. Il lâcha le garçon et se leva, titubant légèrement en arrière. Il regarda ses mains pleines de sang avant de poser les yeux sur le jeune homme par terre. Il ne bougeait plus, ne gémissait plus. Était-il mort ? tremblant de rage et de peur, le garçon balbutia quelques mots, incapable de lui poser la question. Il la regarda, la suppliant du regard pour qu’elle lui dise qu’il était en vie. Le sango l’observa se pencher, prendre son pouls. Il retint sa respiration, attendant le verdict. Il souffla quand elle lui annonça qu’il était juste inconscient. Yeong Bin fixait le garçon, sursautant presque quand Na Eun prit ses mains dans les siennes. Il les retira rapidement, ne voulant pas qu’elle ait du sang sur elle. « D’a… d’accord. » Balbutia-t-il, fixant le corps qui semblait sans vie. Il poussa le portail de ses mains tremblantes et rejoignit l’entrée. Il posa sa main sur la porte et s’arrêta, ne rentrant pas. Il baissa la tête, fermant les yeux. Il n’avait jamais été aussi violent. Il préférait utiliser les mots plutôt que ses poings. Mais il avait totalement déraillé. L’étudiant finit tout de même par rentrer, allant s’asseoir sur le canapé. Il attendit que Na Eun arrive, se mordant l’ongle du pouce, ne prenant même pas la peine de se laver les mains ou de soigner sa lèvre fendue et sa pommette enflée.

Na Eun tentait bien de lui faire entendre raison, s’il continuait, il allait le tuer et elle ne voulait pas. Ce sale type méritait une peine, mais si pour ça, Yeong Bin en pâtissait derrière, c’était hors de question. Néanmoins, il semblait avoir du mal à l’écouter. “Parce que se faire justice soi-même n’a jamais marché !” s’exclama-t-elle avant de se mettre à l’implorer d’arrêter. Ce n’est qu’à ce moment qu’il s’arrêta, la regardant avant de se relever tout en titubant. Faites qu’il ne tombe pas, car le remettre sur pieds allait être compliqué pour son gabarit. Mais le sango semblait tenir droit et même reprendre ses esprits, car il demanda comment allait l’agresseur. La demoiselle s’agenouilla pour prendre son pouls et lui annonça qu’il était vivant, mais inconscient. Il allait quand même falloir le prendre en charge rapidement pour qu’il ne perde pas trop de sang. Na Eun rejoignit Yeong Bin, lui prenant les mains avant de lui expliquer d’une voix douce ce qu’elle allait faire. Le garçon retira subitement ses mains, mais ne s’opposa pas à rentrer chez lui en attendant qu’elle appelle les secours. Elle le suivit du regard alors qu’il s’éloignait et prit son téléphone pour composer le numéro d’urgence. Après quelques minutes au téléphone, elle attendit patiemment qu’ils arrivent. On était dans le bon quartier de la ville et en une dizaine de minutes à peine, la camionnette arriva. Elle discuta un moment avec les ambulanciers avant de les regarder partir. Na Eun alla récupérer sa commande dans son petit box (peut-être aurait-il faim quand même) et s’avança jusqu’à la maison. Elle y entra en s’annonçant avant. “C’est moi, Na Eun.” dit-elle alors qu’elle aperçut sa silhouette sur le canapé. La demoiselle s’avança et posa le sachet sur la table, le regardant. Il n’avait pas bougé, ne s’était pas changé, ni même soigné. Elle soupira doucement et tacha de repérer la cuisine, récupérant un linge propre, un bol qu’elle remplit d’eau chaude et revint dans le salon. S’asseyant sur la table basse (comme une sauvage), elle posa ce qu’elle avait trouvé, et vint prendre doucement une des mains du garçon qu’elle posa sur ses genoux avant d’humidifier le linge, nettoyant sans brusqueries. “Ils m’ont dit que la police sera prévenu et que je serais sans doute appelé pour savoir ce que j’ai vu.” lui explique-t-elle. Avec un peu de chance, il deviendra amnésique et ne se souviendra pas de qui l’a agressé. “Qu’est-ce qui s’est passé Yeong Bin ?” demanda-t-elle. Pourquoi l’avait-il passé à tabac ? Elle le pensait plus maître de lui-même que ça.

Yeong Bin ne contrôlait plus rien du tout. Il frappait, encore et encore, incapable de s’arrêter, malgré les demandes de Na Eun. Ce n’est que quand elle l’implora qu’il hésita, regarda le garçon au sol et déglutit en réalisant ce qu’il venait de faire. Il leva les yeux vers la jeune femme avant de détourner rapidement le regard. L’étudiant en droit se releva, titubant légèrement en arrière, prenant pleinement conscience de ses actes. Il regarda l’homme, par terre, qui ne bougeait pas et demanda à Na Eun s’il était mort. Il n’osa pas terminer sa phrase, de peur que ça se révèle vrai. Heureusement, il était juste inconscient. Le garçon ne quittait pas du regard son voisin avant de voir Na Eun dans son champ de vision. Elle lui prit les mains mais le géant les retira aussitôt, refusant qu’elle touche ses mains salies par le sang. Il l’écouta et rentra dans sa propriété. Il s’arrêta un instant contre la porte, soufflant, avant de rentrer et de s’asseoir sur le canapé. Il ne bougea pas d’un millimètre, se mordant l’ongle du pouce. Il n’essuya pas ses mains, ne soigna pas sa blessure, ne se changea pas alors que son haut était tâché de sang. Il patientait en regardant un point fixe. Ça sembla durer des heures entières. Pourtant, Na Eun revint seulement une petite vingtaine de minutes plus tard. Yeong Bin ne leva pas la tête quand elle s’annonça, ni quand elle s’assit devant lui. Il ne le fit que quand elle prit sa main dans la sienne. Le garçon leva les yeux, enfin, vers elle et la regarda longuement, les lèvres pincées. Il retira sa main, encore une fois, brusquement. « Ne nettoie pas ça. » Dit-il en fronçant les sourcils, refusant qu’elle se salisse les mains, à cause de lui. Elle était déjà complice. Il savait, même sans lui demander, qu’elle ne l’avait pas dénoncé. « D’accord. » Dit-il simplement quand elle lui annonça que la police la contacterait de nouveau. Il la mettait de nouveau face à son agresseur. Yeong Bin baissa la tête. Elle voulait savoir ce que ce connard avait dit pour qu’il perde autant les pédales. Il se mordit la lèvre inférieure. Ses poings se serrèrent de nouveau, se remémorant les mots qui l’avaient tant énervé. « Que je ne serai pas toujours là pour te protéger. » Dit-il, le regard noir. « Qu’il n’hésiterai pas à retenter, une prochaine fois. » Lâcha-t-il entre ses dents. L’idée que ce connard puisse toucher Na Eun le rendait dingue. Ça le rendait tellement dingue qu’il en avait perdu le contrôle. Il n’avait rien maitrisé du tout.

Na Eun souffla, rassurée, de le voir s’arrêter et le regarda se relever, espérant qu’il n’allait pas trébucher, mais il resta debout. S’approchant de son agresseur, la demoiselle lui prit son poul et vint rassurer le sango sur l’état de santé de l’homme à terre. Néanmoins, il allait devoir être pris en charge, et on ne pouvait pas connaître les séquelles. La jeune femme vint retrouver Yeong Bin, lui prenant les mains, mais il les dégagea rapidement. Elle lui expliqua calmement ce qu’il allait faire tandis qu’elle appelait les secours. Elle le suivit du regard alors qu’il rentrait chez lui avant de prendre son téléphone. Une dizaine de minutes plus tard, les secouristes arrivèrent et elle dut donner son numéro pour être contacté plus tard. Na Eun regarda l’ambulance partir avant de récupérer le sachet de poulet dans le coffre de son vélo, marchant jusqu’à la maison de Yeong Bin. Frappant, elle ouvrit la porte en s’annonçant, n’eut aucune réponse et rentra, refermant derrière elle. Elle repéra le garçon au salon et vint poser le sachet sur la table. Il semblait ne pas être présent, ne s’étant pas changé, ni nettoyé. La demoiselle trouva la cuisine, récupérant de quoi nettoyer le sang sur les mains du garçon et retourna dans le salon, s’asseyant sur la table basse en face du sango. Elle humidifia le linge avant de prendre une des mains du garçon pour la nettoyer. Cela sembla le réveiller car il redressa la tête pour la regarder avant de retirer brusquement sa main. Elle fronça les sourcils, l’imitant avant de répondre : “Mais tu ne vas pas rester comme ça.” répliqua-t-elle. Na Eun lui annonça ce que lui avait dit les secouristes, qu’elle serait contactée par la police afin de faire une déposition de ce qu’elle savait. Voulant savoir ce qu’il s’était passée, la demoiselle lui demanda. “Il n’a dit ça que pour te provoquer. Il voulait que tu t’énerves.” souffla-t-elle. “Ne t’inquiètes pas pour moi, il n’y aura pas de prochaine fois, je suis plus prudente. J’ai acheté une bombe au poivre et de toute façon, je n’irais certainement plus chez lui.” dit-elle pour le rassurer. “Allez, laisse moi te nettoyer et voir si tu as des blessures.” demanda-t-elle, en le regardant dans les yeux pour tenter de l’amadouer.

Yeong Bin était choqué par son propre comportement. Il avait totalement pété les plombs et si Na Eun n’était pas intervenue… Le garçon ne voulait pas y penser mais il gardait ça tout de même dans un coin de sa tête. Il écouta la sango et rentra chez lui, patientant sur le canapé en se mordillant l’ongle du pouce. Il regardait dans le vide, se remémorant ce qu’il venait de se passer. L’étudiant en droit n’en revenait pas d’avoir perdu aussi facilement le contrôle mais, il tenait énormément à Na Eun. Bien plus qu’il ne voulait le croire et bien plus qu’il ne laissait voir. Elle s’était introduite dans son cœur et y prenait une grande place. Le garçon ne réalisa que la sango était là uniquement quand elle s’assit devant lui et prit sa main. Il releva brusquement la tête, la regardant avant de baisser les yeux sur ce qu’elle faisait. Aussitôt, il retira sa main. Il n’avait pas envie qu’elle se salisse à faire ça. « Laisse. » Répéta-t-il, presque sec, et froid. Il n’avait vraiment pas envie qu’elle s’occupe de ça. Yeong Bin l’écouta lui expliquer sa rencontre avec les secouristes. Bien évidemment, elle allait devoir retourner au commissariat, sûrement faire face à son agresseur aussi. L’étudiant en droit s’en voulait tellement mais il ne dit rien. Puis, vint la question qu’il redoutait. Pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi avait-il pété les plombs ? Le sango resta silencieux plusieurs longues secondes, les lèvres pincées, la tête baissée, avant de répondre. Les mots qu’il se remémorait le mettaient encore en rogne. Il serrait les poings, son regard était noir. Heureusement qu’il avait déjà lâché sa rage. « C’est réussi. » Dit-il entre ses dents, agacé que sa provocation ait si bien fonctionné. « Une bombe au poivre ? C’est tout ? » Demanda-t-il en redressant la tête, la regardant. « Tu crois franchement que ça suffit ?! » S’énerva-t-il, sourcils froncés. « Certainement ? Y a encore la possibilité que tu livres chez lui ? » Interrogea-t-il la sango, effrayé à l’idée qu’elle puisse y retourner. Il ne voulait pas qu’elle y retourne. Jamais. Il ne voulait pas non plus qu’elle le croise. Son regard ancré au sien, Yeong Bin déglutit. Pouvait-elle cesser de le regarder ainsi ? Son cœur battait un peu plus vite. « Pas besoin. Je le ferai. » Dit-il, grognant presque. Qu’elle ne détourne pas la conversation. Qu’elle ne change pas de sujet. « Je ne commanderai plus. Du moins, pas quand je suis ici. Tu n’auras aucune raison d’être dans ce quartier. » Dit-il. C'était bien plus prudent.

Na Eun regardait l’ambulance partir, lumières allumées et retourna à son vélo pour récupérer le sachet de poulet. Peut-être avait-il faim, peut-être avait-il besoin de réconfort et quoi de mieux que le poulet de sa maman ? Du coup elle préférait le prendre avec elle avant de remonter l’allée jusqu’à la luxueuse maison. En rentrant dans la maison, elle le vit sur le canapé, n’ayant sans doute pas bougé depuis qu’il était rentré. Elle déposa le sachet avant de repartir dans la cuisine pour trouver de quoi nettoyer ses mains. La demoiselle vint s’asseoir devant lui avant de commencer à nettoyer l’une de ses mains, mais il la retira brusquement. Elle insista, mais il lui répondit froidement et elle soupira, préférant ne plus insister, reposant le linge humide sur la table basse. Na Eun demanda à Yeong Bin ce qu’il s’était passé pour qu’il agisse de la sorte et elle comprit que son agresseur avait fait exprès de le provoquer, il voulait le mettre en colère et il avait réussi, mais ne s’attendait sans doute pas à recevoir une raclée pareille. “Je pense qu’il ne recommencera plus.” lui dit-elle avant d’essayer de le rassurer, lui affirmant qu’elle faisait attention et qu’elle avait acheté une bombe au poivre. Quand il se redressa, s’énervant contre elle, la demoiselle fronça les sourcils avant de se relever. “Et quoi ? Tu veux peut-être que je me balade avec un taser ou une mitraillette ? J’ai pris ce que je pouvais m’acheter et encore, ça reste illégal si je me fais contrôler avec.” répliqua-t-elle avant de se rasseoir. Elle voyait bien qu'il était inquiet alors ça l'avait calmé un peu. “Bien sur que non, je n’irais plus. Mais je ne me défilerais pas si je le croise de nouveau.” répondit-elle. La jeune femme insista de nouveau pour le sang qui ornait ses mains, le regardant dans les yeux. Bon, au moins il le ferait. “Tu as intérêt.” ajouta-t-elle avant de croiser les bras. Elle leva les yeux au ciel en l’entendant. “Il n’y a pas que toi qui commande depuis Gangnam, ni ton voisin psychopathe. Je livre d’autres personnes dans le quartier, étonnamment d’ailleurs, je ne sais pas comment ils nous ont trouvé.” l’informa-t-elle.