Il ne risquait rien en ces lieux. Jaehwan en avait l’intime conviction : le petit ami de sa mère ne savait pas où il se trouvait, après tout… Mais l’idée qu’il puisse le chercher et le retrouver le terrorisait au plus profond de son âme. Alors il essayait de se rassurer en prétendant que rien de grave ne pouvait lui arriver maintenant. Il était en sécurité avec Jinhwan, qu’importe s’il décidait de le mettre à la porte le lendemain. Pire encore, au plus profond de lui, Jaehwan espérait que ça ne serait pas le cas.

Mais il suffit que Jaehwan se retrouve seul pour que toutes ces peurs lui reviennent à l’esprit sans la moindre chance qu’il ne leur échappe. Il était tellement perdu dans ses pensées qu’il fallut que Jinhwan lui attrape le visage pour forcer son regard. Dans un premier temps, il garda le silence. « Rien je… Je voulais pas devenir un fardeau pour toi, Jin… » Pourtant, il savait que ça arrivait bien malgré lui aujourd’hui. Il aurait pu faire mille fois mieux que ça, si on lui avait donné la chance… Mais il n’avait hélas jamais été chanceux. Il suffisait de voir les cartes qu’on lui avait distribuées à la naissance.

Tiré contre Jinhwan, Jae s’y logea et ferma les yeux, enveloppant la taille du boxeur de ses bras alors qu’il essayait de calmer ses pensées. Jaehwan ne pouvait s’empêcher d’en profiter, de sentir cette chaleur qui parcourait son être et semblait immobiliser tout ce qui était négatif dans cette tête bien trop agitée ces derniers mois. « Je sais… Merci encore. » Cela n’enlevait pas la culpabilité qu’il ressentait, mais au moins, Jinhwan saurait à quel point Jaehwan était reconnaissant envers lui. Il voulait simplement se reposer à ses côtés. Ce n’était pas ce qu’il prévoyait, au départ, mais les circonstances dépassaient de loin ses possibilités.

Ça te fait mal au cœur, tu ne peux clairement pas retenir cette sensation quand tu entends les paroles de Jaehwan. Tu fronces les sourcils avant que ta main se pose sur sa joue… un fardeau ? « Jamais de la vie, tu m’entends ? Jamais de la vie tu es un fardeau pour moi Jaehwan, qu’est-ce qui te fait dire ça bordel ? », est-ce que ce sont les abrutis de sa famille qui lui ont fait croire ce genre de choses alors qu’il est d’une douceur par moment, un être précieux qui prend une place de plus en plus importante dans ta vie ? Tu as envie de grogner, de retourner voir cet homme et de finir le travail que tu avais commencé pour protéger le jeune homme à tes côtés. Mais, tu ne vas pas le faire, pas quand il est encore dans un état comme celui-ci, pas quand tu veux le protéger à tout prix en le gardant contre toi. Alors, tu le gardais contre toi, tu n’imaginais pas d’autres solutions que de prendre le jeune homme contre toi et de le rassurer de cette manière. « Ne me remercie pas… tu en as besoin et je veux te donner ça. », tu recules ton visage de quelques centimètres pour admirer le sien, ta main sur sa cuisse pour la caresser lentement.

Puis, tu tournes le visage vers la casserole avant de laisser échapper un juron en voyant que l’eau bout depuis déjà quelques minutes, mais Jaehwan était plus important que ça. Tu lâches doucement le jeune homme avant de mettre le contenu du sachet dans l’eau. « Ne descend pas sans mon aide, tu es encore blessé et je n’ai pas envie que tu te fasses encore plus mal. », tu t’occupes rapidement de tout mettre dans l’eau avant d’attraper doucement le jeune homme par les hanches pour le faire descendre sans trop forcer sur son corps encore en mauvais état. Puis, tu attrapes ce que tu as ramené pour lui, le montrant. « Je pense que ça peut aider pour ta lèvre, non ? Je pense que ça serait un peu con que tu es mal quand tu as envie de m’embrasser. »

Quand Jin avait repris la parole, Jaehwan s’en était voulu. Il avait reposé les yeux sur lui en hochant la tête, coupable, face à ses paroles.  Puis il avait pincé les lèvres et haussé les épaules légèrement. « Je sais pas… » Sa voix peinait, plus basse que jamais, alors qu’il essayait de contenir les émotions douloureuses qui le traversaient encore et encore ce soir. Il aurait mille fois préféré être là pour Jinhwan, qu’ils passent une soirée comme ils en avaient l’habitude, à prendre leur pied en oubliant tout le reste… Mais ce qu’il se passait, c’était tout l’inverse, et il était bien obligé de l’admettre. L’admettre et en souffrir encore. Jinhwan était tellement doux envers lui… Il n’aurait pas pensé ça possible, même si Jinhwan n’avait, en soit, jamais montré la moindre volonté de lui faire du mal… Jae avait suivi des yeux son mouvement de recul, continuant à observer son visage, sans pour autant réussir à le regarder dans les yeux.

« D’accord. » Il le regarda faire, se tenant sagement à sa place alors que Jin s’affairait à la cuisine. Il s’accrocha à Jin pendant que ce dernier le faisait descendre du meuble en toute sécurité. Tout semblait étrangement facile. Étrangement doux, agréable… Il n’aurait pas dû éprouver toutes ces choses étranges à cause de lui, surtout pas dans de telles conditions. « Ça en vaut la peine. » Même avec la douleur, Jaehwan parvenait à trouver un confort contre ses lèvres. Quitte à souffrir, autant garder les avantages. « Mais je vais quand même en mettre un peu, histoire de l’apaiser. » Il attrapa le produit et regarda si l’application était indiquée, avant d’en mettre un petit peu à l’emplacement où sa lèvre était blessée.

Alors que la nourriture approchait de la fin de sa cuisson, Jae vint s’accrocher à la taille de Jinhwan, de dos, la tête contre son épaule, plongeant dans le silence pour quelques secondes avant de se redresser. « Ça à l’air prêt ? J’ai hâte de m’allonger... » C’est qu’à rester debout, son corps se plaignait beaucoup.

Tu n’es certainement pas le meilleur placé dans cette situation, tu ne sais même pas gérer tes propres émotions, alors comment peux-tu tenter de faire la même chose avec Jaehwan ? Mais, tu es peut-être le meilleur moyen pour l’aider à trouver ce qui ne va pas. Tu ne veux pas le forcer à dire les choses, surtout si ça fait mal, tu es le dernier à vouloir lui faire du mal à cet instant. Et bordel, tu aimerais juste prendre toute la douleur qu’il a pour l’avoir à sa place, c’est maladif. Alors, tu fais en sorte de lui montrer que tu es là, tu es le mec le plus délicat que tu peux être alors que tu es connu davantage pour les coups que tu donnes aux gens. Mais Jaehwan est autre chose, il devient la prunelle de tes yeux, la plus belle chose au monde qu’il te faut protéger à tout prix, plus jamais tu ne le laisserais être entre les mains de quiconque. Plus jamais.

Tu dois le lâcher à contrecœur pour t’occuper de votre repas, même si tu crèves d’envie d’y retourner entre ses bras. Tu l’aides quand tu vois que les choses sont assez bonnes pour que ton attention soit de retour sur Jaehwan. Tu l’aides à descendre, tu vérifies que tout va bien, tu imagines encore la tête du mec que tu veux fracasser pour l’avoir blessé ainsi. Tu secoues la tête quand il te dit que ça en vaut la peine, tu préfères largement qu’il n’ait pas mal quand il t’embrasse. Mais, tu le laisses faire, c’est celui qui travaille dans le monde médical de vous deux. « Je préfère savoir que tu aies mis quelque chose sur ta lèvre. », parce qu’il pourra être guéri plus vite de cette façon. Tu souris doucement en coin quand tu le sens dans ton dos, tu oublies souvent qu’il est plus grand que toi en ce qui concerne la taille. Tu aurais pu râler il y a quelques années, mais tu t’en fiches à présent. « C’est prêt, va t’allonger sur le canapé, je ramène tout. », tu t’en veux de lui avoir cédé la possibilité de rester avec toi alors que tu vois qu’il a l’air plus fatigué qu’autre chose. Tu éteins tout avant de te déplacer dans la cuisine pour attraper tout ce qu’il faut en matière de couverts, allant dans le salon pour tout mettre sur la table basse. « Tu préfères un plaid ou je pars en mission prendre l’énorme couverture dans ma chambre ? »

Il n’avait pas envie de s’exprimer sur ce qui le blessait ou lui faisait du mal. Jinhwan en avait assez vu aujourd’hui pour savoir que les choses n’allaient pas aussi bien que Jaehwan s’efforçait de le laisser penser. C’était difficile, parfois impossible à gérer, et pourtant, encore et encore Jaehwan se débattait pour parvenir à ses objectifs. Ce n’était là que le temps d’un soir, de quelques semaines de quelques jours peut-être ? Il n’allait pas faire subir son poids à Jinhwan trop longtemps. Après tout, ce n’est pas parce qu’ils baisaient souvent ensemble qu’il avait le moindre droit à ce genre de traitement, alors à tous les coups, il trouverait un moyen de participer à la vie ici, aussi longtemps qu’il y resterait. Il allait bien trouver une solution, à un moment ou à un autre, de toute façon… C’est en tout cas ce qu’il pensait.

« Merci. » Merci ? Oui. Après tout, Jinhwan se comportait mieux avec lui que la majorité des mecs avec qui il avait eu une aventure, et cela se ressentait d’autant plus aujourd’hui. Il ne pouvait qu’être reconnaissant de le voir s’en faire et lui apporter cette attention. Une fois le soin fait, il hocha la tête et se rendit au canapé pour s’y installer, assis en tailleur comme à son habitude. « Un plaid ça me va. » Il sourit, mais ne parvint pas à cacher son inconfort : à peine s’était-il installé qu’il avait réalisé que c’était en vérité bien plus douloureux que prévu. Son corps tout entier était encore bien endolori malgré tout. « Je… Je peux m’asseoir sur un des coussins, tu penses ? »

Tu ne vas clairement pas le forcer à tout sortir pour tes beaux yeux, tu sais que les traumatismes restent dans le crâne et acceptent ou non de sortir. Mais, à chacune de ses sorties, la douleur peut être intense sous toutes ses formes. Jaehwan a déjà assez mal physiquement, tu n’es pas là pour augmenter sa douleur psychique non plus. Tu n’es peut-être pas le meilleur des hommes, certainement pas dans cette situation qui te dépasse malgré tout. Tu ne devais pas t’attacher autant au jeune homme, il n’aurait dû qu’être un nom de plus dans ta liste de personnes que tu as eu dans ton lit, mais le voilà, encore là, dans tes fringues, à présent habitant de cet appartement. Et surtout, autant de fois que possible entre tes bras. Tu sais que tu es foutu Jinhwan, tu ne peux plus revenir en arrière maintenant que ton corps et ton cœur se sont mis d’accord. Tu as simplement ton cerveau qui refuse. Sombre abruti…

À son merci, tu le regardes, souriant doucement avant de secouer la tête. Tu sais qu’il n’a pas besoin de te remercier, mais tu laisses passer. Tu fais juste tout ce qu’il faut pour l’aider, tu veux faire en sorte qu’il soit beaucoup mieux. Puis, quand il te dit qu’il préfère un plaid, tu ouvres le meuble en dessous de ta télévision pour en attraper un et lui poser dessus. « Si ce n’est pas assez, tu me le dis, n'hésites pas… ou sinon tu te colles à moi, je suis un radiateur vivant, ça devrait le faire aussi. », tu ne vas pas dire non pour qu’il soit contre toi, dans tes bras. Tu commences à verser ce qu’il faut dans un bol pour le jeune homme avant que tu ne t’arrêtes quand il te pose une question. « Tu es chez toi maintenant Jaehwan, donc oui, tu peux tenter de t’asseoir sur un des coussins pour voir si ça t’aide… ou sinon tu peux te mettre sur moi, genre contre moi assis sur moi, peut-être que la chaleur de mon corps peut aider… », tu ne sais clairement pas quoi faire pour le soulager de tout ça. Tu as encore des mauvaises idées envers l’autre enflure.

Il était fatigué, endolori du corps entier. Jaehwan ne demandait rien de plus qu’être collé contre Jin, aussi étrange que cela puisse lui paraître. Il cherchait de la chaleur, du réconfort. Porter ses vêtements l’aidait aussi d’une certaine façon. Quand bien même il ne voulait pas l’admettre, Jinhwan était devenu important pour lui, et être auprès de lui procurait le sentiment agréable d’être intouchable. Alors évidemment, il se laissait gagner par les émotions du moment. Celles qui parvenaient, malgré tout, à pousser de côté les heures sombres qu’il avait connues avant d’arriver dans cet appartement. Tous ces cris, toutes ces menaces… Il n’avait plus besoin de tout ça, quand bien même leur ombre continuait de planer au-dessus de lui, comme à chaque fois qu’il fuyait l’endroit où se trouvaient ces personnes ignobles qu’il était censé nommer famille.

« Oui, t’en fais pas. » Un sourire lui vient aux lèvres, rassurant, alors qu’il s’installe avec le plaid pour pouvoir manger tranquillement. Hélas son corps, lui, n’était pas du même avis, lui envoyant ces signaux de douleur alors qu’il ne demandait qu’à se reposer. Il écouta avec attention les paroles de Jin qui, une fois en plus, ne manquèrent pas leur cible. C’était une nouvelle occasion d’être près de lui, à l’abri, qui s’offrait à lui. Alors, pendant que Jinhwan continuait à verser la nourriture dans les bols, Jaehwan s’était redressé douloureusement pour attendre près de lui pour s’asseoir contre lui, attrapant le plaid qu’il avait laissé non loin pour le placer sur leurs épaules. Était-il à ce point en carence d’affection, pour trouver autant de confort contre Jin ? Jae n’en savait rien. Il ne cherchait plus. Tout ce qu’il savait, c’est que ce contact lui faisait un bien fou. « Tu travailles demain ? » Il avait envie de rester avec lui, mais il savait aussi que tout n’était pas aussi simple. Même lui, normalement, devait aller travailler… Dans son état, autant dire que la journée allait être difficile.  

Tu n’as jamais autant fait attention à quelqu’un que tes proches, mais pas autant que tu le faisais avec Jaehwan. De part ses blessures, tu aimes aussi avoir cette sensation de le prendre dans tes bras et de le protéger de plus en plus. Est-ce que tu finiras un jour par te rendre compte que Jaehwan se fait une place dans ta vie plus vite que tu n’as pu le remarquer ? Tu es totalement aveugle sur ce type de relation, ne voyant que les intérêts pour ta personne bien que tes actions soient bien le contraire de tout ça. Alors, tu lui fais comprendre qu’il peut se mettre contre toi, sur toi aussi si c’est nécessaire. Tu le laisses complètement faire quand tu le sens vous mettre le plaid autour de vous, surtout en te plaçant d’une certaine manière pour l’aider pendant que tu verses les bols. Tu ne veux pas qu’il se fasse encore plus mal qu’il ne l’est déjà, tu sais que la douleur peut être difficile, surtout avec les combats que tu peux effectuer. Tu poses même une main sur sa cuisse quand tu as l’impression que la douleur a l’air trop forte pour lui, t’inquiétant aussitôt. Tu aurais peut-être aimé le ramener à l’hôpital, mais le risque est bien trop grand pour vous deux à ce moment.

« Nope, personne a aidé à la salle de boxe, puis personne aussi pour le club demain. Je n’ai pas de cours à bosser aussi, donc je suis 100% libre. » et tu ne vas clairement pas le laisser aller travailler non plus dans l’état où il se trouve. Tu déposes un baiser contre son front quand tu tournes ta tête vers lui pendant un court instant avant de te concentrer de nouveau sur la nourriture que tu finis enfin de verser pour chacun d’entre vous. Mais, tu prends seulement le bol de Jaehwan que tu lui tends. « Et toi j’espère que tu as la mauvaise idée d’aller travailler avec ce que tu as pris, on trouvera une solution pour justifier ton absence de plusieurs jours. », puis si tu dois lui donner la différence de ce qu’il pourrait perdre à cause de son absence, tu le ferais sans aucun problème. En attendant, tu hésites pendant quelques secondes avant de passer ton bras délicatement sous ses jambes. Et puis, voilà que Jaehwan se retrouve contre toi, sur tes cuisses. « Je préfère que tu sois comme ça. Si tu n’es pas assez bien et que tu as mal, je peux te remettre dans l’autre position sans aucun problème. », tu mangeras après, tu veux voir si tout va bien avec Jaehwan et le garder contre toi au maximum comme si ça allait l’aider. Tu déposes un baiser contre son épaule pendant un instant avant de le regarder. « Mange, je n’ai pas faim tout de suite, ne m’attend pas si tu as faim. », tu caresses doucement sa cuisse avec ton pouce en le regardant, attendant qu’il mange.

Depuis toujours cette chaleur lui manquait. Il n’avait jamais grandi dans l’étreinte d’une mère, mais encadré par une équipe médicale les premiers jours de sa vie. Puis, sa mère avait pris soin de lui, certes, mais le minimum syndical, laissant aux voisins le triste spectacle d’une enfance malmenée et, surtout, très peu considérée. Alors oui, il arrivait que la grand-mère voisine lui offre quelque douceur, il arrivait qu’elle le prenne dans ses bras pour le réconforter, quand il s’était égratigné le genou contre le goudron de la rue, alors qu’il essayait de rattraper un chat ou un chien qui passait par là. Mais quand on enlève cela, l’enfance de Jaehwan n’était que froideur et indifférence de la part de la personne qui l’avait élevé et, en grandissant, il avait commencé à se persuader que tout cela, il n’en avait pas besoin.

Puis Jinhwan était arrivé. Il l’avait pris dans ses bras. La sensation qu’il éprouvait quand le boxeur déposait de simples baisers sur son front et le prenait contre lui était indescriptible, pour celui qui n’avait jamais connu ces choses. Il cherchait le sexe, l’attention exacerbée et temporaire que lui donnaient ses coups d’un soir, mais cela n’avait rien à voir avec la tendresse silencieuse de ces moments-là. Alors, forcément, Jin prenait un peu plus de place chez celui qui s’était résigné à ne plus s’attacher. Comme quoi, il avait beau essayer, il n’y parvenait jamais.

« C’est chouette. » Un mot qu’il n’utilisait pas, au point où il lui sembla ridicule quand il l’eût prononcé. Un nouveau baiser sur son front. Un sourire apaisé malgré la tourmente. Jaehwan ne se reconnaissait pas. Il attrapa le bol que lui tendit Jin, souriant d’un air coupable à la question qui suivit. « Je savais pas que t’étais télépathe… » Mais il hocha la tête en signe d’approbation. C’était le mieux à faire et, secrètement, Jaehwan espérait pouvoir profiter un peu plus de la présence de Jinhwan à ses côtés, loin de tous les soucis qu’il venait de traverser.

En quelques instants, Jaehwan fut assis sur les jambes de Jin et il hocha cette fois encore la tête. « C’est très bien comme ça. » Il aimait la proximité, cette impression d’importer. Il aurait voulu rester comme ça tout le temps. Puis, profitant de ce confort nouveau, Jaehwan commença à manger. Difficile de deviner que quelques heures plus tôt, à peine, il était battu à même le sol du hall de son bloc d’appartements… « T’es sûr ? » Il ne voulait surtout pas qu’il se prive. D’un autre côté, il avait trop faim pour l’attendre et il commença à manger sans délai supplémentaire, retenant l’envie de s’appuyer encore plus sur lui. Il ne voulait pas finir par le déranger. « On se met un truc à regarder ? »

Tu as certes grandi avec une mère aimante, du genre à prendre soin de toi au maximum, mais ce n’était pas le cas avec ton père. Lui ne voyait que ton rôle futur dans sa vie, celui de son héritier et seulement ça. Tu n’avais clairement pas le meilleur exemple pour une quelconque douceur dans la vie, tu as juste grandi en apprenant cette dernière avec les autres avant que tu ne termines par la mettre sur le côté quand tout t’a été totalement pris contre ton gré. Tu as refusé d’en donner à d’autres personnes pour qu’on ne l’utilise pas de nouveau contre toi, l’une des raisons les plus évidentes qui t’a poussé à ne pas le faire quand Jaehwan est entré dans ta vie. Tu ne voulais pas que ça termine de la même manière, que tu craches encore sur ton cœur et sur ce que tu pouvais ressentir. Il avait beau être magnifique, tu n’avais pas encore la certitude que tu pouvais te laisser aller avec lui avant ce jour.

Contre toi, dans tes bras, à distance, mais toujours à proximité, c’est de cette manière que tu vois Jaehwan à présent. Tu ne peux pas encore assumer ce qu’il peut bien se passer dans ton crâne, dans ton cœur, mais tu sais que ta priorité reste Jaehwan et sa sécurité. Alors, tu fais en sorte de te montrer avec lui, de lui donner cette sécurité que cette soirée lui avait enlevée au départ et que tu avais reprise pour lui rendre. Puis, tu continues encore une fois dans ton appartement, maintenant votre appartement dans ta tête. « C’est surtout parce que je suis un peu débile aussi comme ça, même avec des mains en vrac, je suis capable d’aller m’entrainer et mon coach a envie de me tuer dès que je le fais. Mais, peut-être que j’ai envie d’être télépathe pour savoir ce qu’il se passe parfois dans ta petite tête. », notamment quand il peut penser à toi, surtout ça. Ou aussi quand il a besoin que tu sois là pour des choses qu’il n’ose pas te dire.

En tout cas, tu n’as pas perdu de temps avant que tu le mettes contre ton torse, sur tes jambes. Tu caresses l’une de ses cuisses du bout des doigts avant de sourire doucement et de le regarder. « Ne t’inquiète pas, de toute manière il faut que je fasse gaffe, j’aime trop manger en regardant la télévision et ça serait con que je change de catégorie de poids. », surtout quand tu es en chemin pour devenir le champion de la catégorie dans laquelle tu te trouves depuis des années. Tu déposes un baiser contre sa joue avant de le laisser manger tranquillement, attrapant la télécommande à proximité de toi avant d’actionner le bouton pour lancer un programme. « Tu as un truc en tête ? Je ne sais pas si les programmes en direct sont intéressants, je m’ennuie devant ses conneries. J’ai Netflix, Amazon et tout le bordel comme ça si jamais tu as une idée en tête. »