A peine avais-je fini ma description de tes lèvres que je ne voyais mais que, pourtant, je ne connaissais que trop bien, me voilà à attendre ton jugement. Penserais-tu que je mentais ? Ou alors… Le fait que je m’en souvienne si bien allait t’effrayer ? Je n’étais un stalkeur ou quelque chose du genre mais seulement un homme qui ne pouvait s’empêcher d’être attiré par toi, irrémédiablement. Cela... N’était-ce une excuse des malades obsessionnels également ? « Je l’aime, alors je me permets de l’observer » Depuis quand étais-je devenu une personne aussi flippante ? Alors je culpabilisais, m’en voulais d’être incapable d’ôter de ma tête ces parties de ton visage et de ton corps qui m’attrayaient tant. Au point, très certainement de t’effrayer… « Je l’ai faite fuir…» concluais-je doucement, le cœur lourd à l’idée d’avoir  réduit à néant toute relation possible entre nous. Même une simple amitié se voyait compromise avec cette déclaration. Je me laissais tomber dans les draps, laissant le portable pour mort un peu plus loin car certain que tu devais soit me fuir en m’ignorant, soit être partie. C’était les seules solutions envisageables. Même moi, ne fuirais-je pas si quelqu’un venait à me dire ce genre de choses ? … Quoi que cela était déjà arrivé avec une fan étrange qui m’envoyait des messages ou des photos plus que dérangeantes… C’était flippant. J’étais flippant. Je m’enroulais dans les draps en chouinant, pleurant intérieurement ce que j’étais devenu depuis mon arrivée en Corée.

Immobile et silencieuse, je demeurais troublée par mes pensées. Par l’interrogation quant au sens à donner à cette révélation. Je ne t’avais demandé quelle partie tu trouvais la plus belle chez mais bien celle que tu regardais le plus. Si mes lèvres étaient la réponse, cela signifiait-il que tu éprouvais un attrait de pour elles ? Effleurées de mes doigts, celles-ci n’avaient pu oublier l’empreinte des tiennes à ces baisers échangés, aussi furtifs et insignifiants furent-ils au gré de nos jeux à Everland. Mais qu’en avait-il vraiment été ? Ton intérêt s’arrêtait-il à cette seule sucrerie dont tu pourrais vouloir te délecter par gourmandise ou il y avait-il plus de profondeur à ton attrait pour elles ? Est-ce que je te plaisais ?

Ce fut le son de ta voix qui brisa ce silence pesant. Ma bouche s’entrouvrit pour démentir mais aucun son n’en sortit. Que pouvais-je dire suite à cela ? Te remercier ? Plaisanter . Aucune idée, juste un léger gémissement soudain qui m’échappa : « Aish ! » Mon corps se remit en mouvement sous l’effet d’une griffe fine et aiguisée se plantant dans la chair de ma cuisse. « Mìngyùn ! » sermonnais-je d’une voix plaintive le chaton au regard malicieux et innocent – enfin, seulement à nos yeux paraissaient-ils les autres le qualifiant souvent de fourbe et vicieux. Néanmoins, j’avais rompu ce nouveau silence et confirmer ma présence. Mes iris se dirigèrent vers le téléphone, accompagnées de ma main. « Crois-tu que Zhang Hera soit de nature à fuir ? » tentais-je finalement de rétorquer avec assurance. Je me présentais à nouveau face à l’écran. « C’est bien mal me connaitre. » Mais à ton tour, tu n’y apparaissais plus.

Roulé en boule dans les draps, regrettant des mots que je n'avais pu retenir, c'était convaincu que tu avais fui que je me trouvais. Devrais-je mettre fin à l'appel pour toi? Faire mine que je dormais pour que tu ne sois gênée de le stopper? Je ne savais que faire, que dire même si vraiment tu te trouvais à pouvoir encore m'entendre. Mon visage restait dans les draps jusqu'à entendre ta voix, cette plainte qui t'échappait. Alors je relevais la tête, entourée des draps, jetai un oeil vers l'écran.. mais rien. Alors je me laissais retomber jusqu'à cette interrogation que tu me destinais. Enfin sans doute? Mes paupières battaient doucement avant que je ne me redresse une fois de plus, tu n'avais fui. Juste été silencieuse? Avais-tu entendu ce que j'avais dit? Je ne savais alors, toujours dans les draps, je peinais à rejoindre le mobile abandonné. Telle une larve, ou encore une chenille, je me mouvais pour réapparaître sur cet écran que tu fixais à présent. « C'est vrai que t'es une femme forte qui affronte les gens et dit les choses..  » Mes macarons se souvenaient de ton passage, ma joue aussi... «Mais alors pourquoi tu disais plus rien? T'étais étonnée? Tu t'attendais à autre chose? » Ce ne serait étonnant que tu puisse m'imaginer regarder biens d'autres parties de ton corps mais ce n'était le cas, bien que cela ait pu arriver parfois..

T’ayant perdu, après des bruissements en provenance certainement du lit où tu étais étendu, ton visage finit par réapparaitre à l’écran. Le vague sentiment de flottement et de trouble que je ressentais précédemment sembla s’évaporer aussitôt. Celui qui pointait le bout de son nez était indéniablement un gamin, bien plus qu’un homme, sans doute ne le répèterais-je jamais assez. Je soupirais tandis que tu te mis à débiter tes questions absurdes et… Et que de toutes évidences tu devrais avoir la décence d’éviter de poser. « Yah ! » te sommais-je du son de ma voix n’en jeter plus. Tu appuyais déjà bien assez sur mon embarras que je venais pourtant d’essayer de te cacher, en plus de ne savoir comment l’affronter. « Es-tu idiot ? » Question rhétorique qui ne tarda pas à être suivi d’une autre. « Ne saisis-tu pas quand il est préférable de changer de sujet ? » Tu n’avais pas besoin de te donner la peine de répondre. La réponse tu venais de la prouver quelques instants auparavant. Les sourcils froncés, je continuais sur ma lancée : «  Oui, j’étais étonnée ! » Serais-tu satisfait de le savoir ?

Du portable je me saisissais pour m’allonger sur le ventre, le mobile logé un peu plus loin au creux de ma main. Sur le dos de ma main libre reposait mon menton alors que je t’offrais la vue d’une moue boudeuse sur mes traits face à tes réprimandes. Pourtant, j’étais d’accord avec toi, je n’aurais dû ramener le sujet sur le tapis, moi-même étant gêné de m’être ainsi exprimé. « J’ai compris ! Changeons de sujet ! » Quand bien même j’étais curieux de savoir à quelle réponse tu pouvais bien t’attendre de ma part. Ta poitrine ? Tes fesses ? Tes jambes peut-être ? Ou le basique mais incontournable : les yeux ? Probablement… Ils devaient être en deuxième position sur la liste. Mais je ne pouvais penser à ça pour le moment, préférant secouer la tête doucement de droite à gauche pour me reconcentrer. Un sujet… Une question… « T’es fatiguée ? » Avec le week-end que tu avais eu ce ne serait étonnant que tu veuilles aller te coucher maintenant que tu étais rentrée, bien que l’idée de raccrocher, encore une fois, peinait mon cœur. « T’as mangé ? » Tu devais certainement l’avoir fait avant de sortir… Pourtant je m’en inquiétais tout de même, voulant m’assurer que tu sois en parfaite santé.

Encore heureux que tu te pliais à changer de sujet ! Quand bien même nous retombions sur tes banalités maladroites, c’était toujours mieux qu’ô combien tu pouvais m’observer. Bien que peu à peu je relativisais. Après tout, mes lèvres tu avais pu les admirer souriantes sur nombre de publicité. « Un peu… » commençais à répondre spontanément à ta question avant qu’un petit déclic ne se déclenche dans mon esprit et que je me ravise. « Enfin, non ça va ! J’ai eu une journée bien remplie, mais je n’ai pas sommeil ! » me hâtais-je de rectifier le tir. N’allais-tu me souhaiter une bonne nuit et raccrocher si je te témoignais du moindre signe de fatigue ? C’était étrange et n’avait de sens, mais je voulais prolonger d’autant que possible cet appel. « J’ai diné avant de sortir, » ajoutais-je ensuite. « Et toi ? Tu as assez mangé pour tout ce que tu as bu ? » Si je m’inquiétais sincèrement, je te manifestais davantage de la suspicion. Je n’avais guère de foi en la part raisonnable et responsable de ta personne. « Et tes amis, d’ailleurs ? Tu ne devrais pas les rejoindre ? » Je n’avais pas l’envie que tu le fasses et je me giflais mentalement pour avoir énoncer le sujet. Néanmoins, comment ignorer le fait qu’au lieu de profiter de ton rare retour dans ton pays pour passer du temps avec eux, tu le passais au téléphone avec moi ? Nous pourrons nous revoir dès le lendemain ou surlendemain et certainement nous croiser au moins au sein de la fraternité presque tous les jours.

Avais-tu vu sur mes traits la tristesse soudaine d’apprendre que tu étais « un peu » fatiguée ? Cette expression qui signifiait que tu l’étais très certainement sans oser l’avouer probablement. Mais voilà que, rapidement, tu affirmais tout l’inverse. Une journée remplie mais tu n’étais fatiguée ? Quel type de logique était-ce donc ? Mais plus que de m’interpeller, tu m’amusais une nouvelle fois. Un divertissement qui amenait un léger rire à s’élever dans la pièce où je me trouvais avant d’être interrompu par les questions que tu me retournais. T’inquiétais-tu pour moi ? Notre appel s’éternisant te semblait-il si étrange pour, qu’encore une fois, tu ne pointes mes amis du doigt pour m’en retourner ? Ou désirais-tu mettre fin à l’appel en utilisant cette excuse une fois de plus ? Le menton installé sur le dos de ma main, je réfléchissais à ma réponse avec attention. « Mes amis… Hm… Ils doivent penser que je dors, sinon ils seraient venus m’embêter et crier combien ils voulaient te parler… » Malgré l’écran interposé, mes yeux se plantait dans les tiens, cherchant une réponse que je ne pouvais avoir de moi-même. « Tu veux qu’on raccroche ? Ça fait plusieurs fois que tu poses la question et j’ai peur que ça soit la seule excuse que tu trouves pour me pousser à couper sans que je me sente rejeter… Dis-le juste, j’ai l’habitude des bonnes nuits brusques avec toi. » Malgré mes mots, c’était avec douceur que ma voix s’élevait pour te répondre. Je ne voulais te retenir ou être trop collant alors que tu me repoussais si clairement.

Tes mots ne me donnèrent indications quant à ta satisfaction. Ne voyais-tu aucun inconvénient à ce que tes amis continuent de s’amuser sans toi, te pensant assoupi, alors que ce n’était le cas ? D’un côté, j’essayais de te retenir. De l’autre, il semblerait que je t’ai donné l’impression du contraire. Mes yeux s’agrandirent lorsque je t’entendis proposer que nous raccrochions. Le voulais-tu ? Pourtant, ni ton timbre ni le choix de tes mots ne l’attestaient. Tu ne cherchais pas de parade mais pensais bien que j’étais celle en quête d’un prétexte. « Ah… Ah non ! » balbutiais-je légèrement avant de parvenir à exclamer ma négation. « C’est juste que… Pourquoi tu restes là à parler avec moi, alors que je suis arrivée en plus ? » demandais-je d’une voix douce, empreinte d’un soupçon de peine face à l’évidence, le regard baissé. « Tu ne devrais pas profiter de tes retrouvailles avec eux ? » Je le redressais lentement. J’avais un peu mal de te dire ces mots, mais je les pensais également. « Tu ne vas pas regretter d’avoir perdu tout ce temps au téléphone une fois que tu auras décuvé ? » Égoïstement, je ne t’ai retenu que trop longtemps. Te voler à eux ne me dérangeait pas, mais toi, je ne voulais pas que tu en aies des regrets par la suite. « Et pour y être habitué, tu devrais savoir que mes bonne nuit sont justement directs et francs, » tentais-je d’alléger néanmoins l’atmosphère avec un zeste d’humour, visant également à te rassurer quant à ma sincérité.

Désirais-tu finir maintenant ou désirais-tu continuer ? Telle était l’interrogation que tu avais fait naître dans mon esprit. Celle, à laquelle peu à peu, le fil de tes propos répondait. Tu ne voulais raccrocher particulièrement, seulement… tu t’inquiétais que je ne profite de mon retour au pays comme il le fallait. Voyais-tu mon regard s’illuminer face à cette révélation ? « C’est vrai… Pourquoi tu chercherais une excuse pour me faire raccrocher ? » Une question rhétorique de ma part alors que j’aurais pu venir à cette conclusion seul. Tu ne tournais autour du pot lorsque tu avais un message à faire passer, sans doute l’avais-je oublié l’espace d’un instant… « Alors, donc... Pour répondre à tes questions. J’aime bien discuter avec toi. J’ai encore une partie de demain pour profiter d’eux et non, je le regretterais pas. » Je passais indéniablement un bon temps en ta compagnie, pourquoi le regretterais-je ? Au contraire, je risquais de chérir ce moment particulier que nous passions ensemble. « Hm.. J’ai pas répondu quant à la nourriture avec cette histoire je crois… Alors. Ce midi ma mère m’a gavé, cette après-midi j’ai fait… certainement tous les stands de street food de ma ville et ce soir, on a commandé pour… 10 personnes ? » Si mes yeux s’étaient levés un instant pour chercher exactement pour combien nous avions commandé, rapidement, ils se reposaient sur toi une fois celui-ci trouvé. « J’ai assez mangé pour jeûner pendant une semaine. »

Dans ma poitrine, je sentis mon coeur sursauté à t’entendre exprimer que tu aimais bien discuter avec moi. En éprouverais-je une forme de satisfaction douce et agréable ? Néanmoins, j’en tirais un compromis avec ma conscience. Je ne te volais à tes amis, tu me privilégiais de ton plein gré. Enfin, un gré imbibé d’alcool. « Tu n’aurais pas intérêt à t’en plaindre ensuite alors ! » fis-je semblant de t’avertir que nulle lamentation ne serait reçu si tu venais à te demander, une fois l’alcool évacué, ce qui t’avait pris de rester monopolisé par ma personne au téléphone une partie de la nuit. De nous deux, tu devrais être le plus pressé de raccrocher. Une fois fait, tu retournerais t’amuser alors que pour ma part, sans doute dormirais-je. Si j’avais un temps envisagé de travailler ou lire à mon retour de cette invitation, s’était sans me douter que tu viendrais à m’appeler. Que nous passions temps de temps à discuter. Sans véritable raison. Enivré que tu étais, tu avais de bonnes excuses pour t’amouracher de ma voix et ma compagnie, mais moi ? Pouvais-je mettre cet attrait sur le compte du peu que j’avais consommé ? Devrais-je te prétendre demain avoir consommé une bière assez corsée pour justifier ne pas me lasser de t’entendre parler ? Ce malgré toutes les bêtises que ta langue formulait. Doucement, je soupirais à ce constat. Soupir qui s’accorda parfaitement avec la suite de tes propos : « Comment fais-tu pour manger autant ? » Mon estomac trop peu habitué peinerait probablement à ingérer ne serait-ce qu’un quart de tes excès. « Tu vas surtout devoir redoubler de sport pendant un mois. Je doute que la prise de poids suffise à ralentir Jethro s’il te traine, en revanche, tu seras plus à la peine pour le suivre. » Je secouais légèrement la tête en signe de désapprobation.