Arrivé en haut de la piste, une nouvelle course est proposée. J’accepte, j’ai besoin de me dégourdir les jambes tout comme l’esprit. Resté en retrait, je décide tout de même de me mêler aux autres. Retrouvant un semblant de courage pour affronter cette journée. M’armant de mes lunettes, je chausse mon snow, Kitae me fixe, me défiant mais je suis déjà persuadé de gagné cette première descente. Elancé, la vitesse me fait oublier tous les problèmes. Cette lassitude s’évapore doucement pour laisser place à l’adrénaline naissante. Ça monte lentement, surement ça fait son chemin, jusqu’à ce qu’un sourire apparaisse sur mes lèvres. Une provocation de Jae à laquelle je réponds une fois de plus. Je veux le battre ! Lui et tous les autres pour me prouver que je vaux aussi quelque chose. Que j’ai ma place ici malgré ma mauvaise tête. Finalement, je gagne de très peu, Min arrive second et je parviens à frapper la main qu’il me tend. Un moyen d’enterrer la hache de guerre peut-être ? Il me sourit même, j’en viendrais à grimacer tant ma jalousie me rend idiot. Mais je me force à lui en faire un aussi, sans rien ajouter de plus. Kitae veut sa revanche, Ye Won reste en retrait mais cette fois-ci nous sommes au moins tous ensembles. La seconde descente est plus rapide encore, on la connait par cœur, on enchaine, on prend des paris, se lance des défis. Tout devient plus léger, moins difficile. Je me sens mieux avec eux, se préparant déjà à partir pour une nouvelle fois. Mais alors que je vais pour m’élancer j’aperçois subitement un visage connu. Je fronce les sourcils, grimace avant de donner un coup de coude à Kitae. « Oh, encore lui. » cette fois, ça ne vient pas de moi. « Il lâche pa l’affaire. » je ris, de ce rire emplie de jalousie. « Viens, t’occupe pas lui. Il ne t’arrive pas à la cheville. » Une flatterie, qui devient vite une plaisanterie entre nous. On a l’air de deux gamins surement. Je prends ça avec humour. Du moins j’essai, mais je ne suis pas ravi de sa présence. J’espère qu’elle le laisse derrière elle, seulement ce type reste collé à ses basques. Il se dirige même vers nous. « Si il se met devant moi, je l’évite pas. » Kitae se marre comme un gosse, persuadé cela dit que j’en serais capable. Il finit par se lancer, me défiant de la rattraper. Je ne pars pas de suite, je fais semblant de devoir mieux régler mes chaussures pour laisser Haruto et Ye Won passer. Une fois qu’ils sont élancés, je les rejoins bien vite. Mon objectif est plutôt simple, j’accélère assez pour être à la hauteur de ce japonais. Je le regarde, plein d’assurance malgré qu’il ne puisse voir mon regard. S’il le voyait, il verrait surement toute cette haine que j’éprouve pour lui. Je me redresse, glisse avec désinvolture à ses côtés, je lui coupe même la route, dans un geste maitrisé et provocant. Si il pensait pouvoir descendre la pente tranquillement c’est raté. Je souris, malicieux mais ma course s’arrête brusquement lorsque j’aperçois Ye Won qui chute. Un freinage contrôlé, je déchausse aussi vite mon snow que Haruto le fait avec ses skis. Il plaisante ? Il ne va pas aller la voir tout de même. Comme un gamin contrarié, je cours plus rapidement vers elle, donnant un coup d’épaule au passage au japonais. « Ye Won ! ça va ? » Qu’importe si elle me déteste, je sais qu’elle a surement dût se faire mal. Haruto me pousse d’un geste discret et pose déjà ses mains sur elle. Retirant mes lunettes, je le fusille du regard « Tu t’es fait mal ? » son air inquiet sur son visage, il se penche vers elle pour jouer les supers héros. J’agrippe soudainement sa main pour lui retirer. « Elle a mal à ses côtes. » une pique stupide, mais moi je le sais. Parce-que moi je fais partie de sa vie ! Et bien avant lui. Je me penche à mon tour vers elle et glisse mes bras derrière son dos pour l’aider à se redresser. J’y vais doucement, Haruto décide de s’en mêler et lui attrape sa main. « Ne te relève pas. Je vais appeler les secours. » Quoi ? Il est sérieux ? D’un geste assuré, je lui prends le bras et le repousse à nouveau. « Ne la brusque pas idiot ! » comme si c’était sa faute. Elle n’est pas fait en sucre, mais je ne veux pas qu’elle se blesse davantage. Alors je me tourne vers elle « Fais doucement. Prends ton temps. » « Mais si elle s’est cassé quelque chose ? » Je me retourne vers lui « T’insinues quoi là ? » je suis un peu agacé cette fois. « Que tu la brusque ! Laisse-moi faire. » il me pousse à son tour mais je pose ma main sur son torse « Recule ! La touche pas. Je sais mieux que toi ce qu’elle a. » et nous voilà à nous disputer bêtement tous les deux. 

 

Les premières descentes te font du bien, pouvoir sentir l’air frais sur tes joues, ne plus penser à rien. Tu te surprends même à apprécier voir les garçons n’amuser entre eux, se lancer des défis. T’aurais envie de féliciter Il Kyang pour sa première victoire, mais n’en fait rien, reste silencieuse, gardant simplement un léger sourire sur le visage. T’es surprise de retrouver Haruto, aussi. Lui qui a été victime malgré lui de vos histoires avec Il Kyang. Tu t’en veux un peu quelque part, t’as pas envie de le mêler à tout ça. A ta vie bien trop mouvementée. Mais tu restes polie, accepte finalement qu’il te suive, ne serait-ce que pour faire une descente avec lui. Tu lui dois bien ça, quelque part, après tout ce qu’il a vécu la veille à cause de toi, et ce jeu stupide auquel t’as voulu jouer. Ca aurait pu bien se passer, si tu n’avais pas fini par chuter. Une douleur vive qui reprend place en toi, qui arrive à bloquer ta respiration pendant de longues secondes. Tu préfères ne pas bouger, pas encore, mais voilà que bien trop rapidement Haruto et Il Kyang se retrouvent à tes côtés. Tu ne fais pas attention à ce qu’ils se disent, pas tout de suite, alors que tu tentes de reprendre tes esprits. Tu sens ton corps bouger, sans savoir si la douleur devient plus vive ou non. T’entends juste ces mots, tu sens ces gestes, alors que tu commences à réellement observer ce qui se passe. Tu n’arrives pas à y croire, incrédule face à l’animosité dont arrive à faire preuve Il Kyang. T’as besoin de quelques secondes de plus avant de vouloir te débattre à ton tour, malgré ta blessure. « Stop ! Calmez-vous là ! » finis-tu par lancer, bien plus fort que tu ne l’aurais cru. Ca a au moins l’avantage de les arrêter dans leurs mouvements. Une nouvelle grimace, des gémissements de douleur, alors que tu te redresses péniblement. « C’est bon, j’peux gérer toute seule ! » Même si t’en doutes à cet instant précis. Ta main posée sur tes côtes, tu restes statique, fermant tes yeux un instant. Doucement, tu reprends ta respiration. Tu ne comprends pas leur attitude, ce qui peut bien leur prendre à vouloir jouer les héros avec toi. Et t’es d’autant plus surprise qu’Il Kyang s’énerve contre Haruto. Tu ne l’avais jamais vu comme ça avant. Tu chasses cette idée en secouant légèrement ta tête, cherchant un échappatoire. « Au lieu d’vouloir jouer les héros, aidez moi à détacher mes skis. » siffles-tu entre tes dents. Tu sembles agacée de te retrouver dans une telle situation. Tu ne comprends ni l’attitude de l’un, ni celle de l’autre. Un soupire qui s’échappe d’entre tes lèvres. « T’es sûre que ça va aller ? » finis par te demander Haruto, alors que ton regard se pose finalement sur lui. « Oui oui, ça va. » On sent ton agacement, ta frustration quelque part. Un véritable spectacle pour les autres, et tu détestes cette idée là. Que tout le monde puisse vous observer comme ça. Alors, autant tenter de prendre les choses en main, même avec ces côtes qui te font bien plus souffrir que tu ne le pensais. C’est pas gagné d’avance, mais t’auras au moins l’estime d’essayer.

Pour qui il se prend ? Il ne la connait pas, il n’est là que depuis hier dans sa vie et déjà il joue aux gros bras. Je m’agace, perds patience face à ses remarques stupides. Ose-t-il dire que je ne sais pas prendre soin de Ye Won ? J’étais là avant pauvre crétin ! Je sais bien plus de chose sur elle que tu ne sauras jamais. Rah ! Il m’agace, tous les deux avons l’air d’enfants qui se chamaillent pour la fille qui leur plait. Mais je refuse de croire qu’il soit impliqué là-dedans. Je veux dire… il ne fait pas parti de l’histoire lui. Il n’a aucune place parmi nous, et encore moins entre Ye Won et moi. Alors oui, c’est puéril et je prends un malin plaisir à lui retirer ses mains d’elle. S’il la touche encore, je lui fous mon poing dans la figure. C’est ce que je me dis, au moment où Ye Won nous interrompt. Surprit, je la regarde sans savoir quoi dire. On dirait deux gosse qu’on vient de disputer. Je serre les dents, me redresse un peu pour garder une certaine contenance. J’ai envie de l’aider, mais elle nous repousse pour se redresser seule. Je lance un regard noir à Haruto, lui signifiant que tout ça c’est sa faute. S’il n’était pas intervenu, j’aurais pris soin d’elle. Qu’importe qu’on mène une guerre sans fin entre nous. Le plus important, c’est qu’elle aille bien. Et je m’inquiète, malgré mon air sûr de moi, ma fierté mal placée, je n’aime pas la voir tomber. Pas après cet accident qui l’a laissé encore fragile. Me refusant à penser à cette nuit-là, je l’observe se tenir les côtes. Je m’apprête à lui dire un truc, mais elle me stoppe dans mon élan pour nous demander de lui retirer ses skis. Il ne m’en faut pas plus pour m’exécuter, prendre les devants avant que ce crétin ne s’attire tous les éloges. Au lieu de ça, le voilà à lui demander comment elle va. Ça me fatigue et je comprends rapidement au ton de Ye Won qu’elle doit être agacée par notre comportement. Je refuse cependant que Haruto se mette entre nous deux, une fois ses skis défaits, je les pose à ses côtés et me redresse pour venir à côté d’elle. « Appuis-toi sur moi. » une idée qui n’échappe pas au japonais. Mimant mon geste, il propose à son tour son épaule dans un jeu ridicule. Je relève la tête, agacé mais garde pour moi ma remarque. Je préfère l’aider à se relever. J’y vais lentement, Haruto en fait autant et je suis contrarié qu’il soit aussi prévenant. Monsieur parfait, attrape son bras, il en fait des caisses alors que nous finissons par être tous les trois debout. J’attrape les skis de Ye Won et sans réfléchir les tant brusquement à cet idiot « Tiens prends ça. » un sourire aux lèvres, pour lui occuper ses mains que je juge trop baladeuses. Je n’attends pas qu’ils les attrapent, lui collant contre son torse de force. Quant à moi, je me tourne vers Ye Won « ça va aller ? Tu veux que j’appelle les autres ? » pour qu’ils nous rejoignent et qu’on l’aide à descendre. Sauf que l’autre, trouve toujours une solution. Même les mains occupées, il trouve un moyen de venir passer son bras autour d’elle « Je peux te porter jusqu’en bas si tu veux. » Je reste bouche bée, cet idiot ose lui propose ça ? Pourquoi je n’y ai pas pensé avant. Moi aussi je peux la porter. 

Tes yeux s’écarquillent, alors que tu peux les observer en train de se disputer. Et pour quoi ? Pour savoir lequel des deux sera plus apte à te relever ? Tout ça semble bien trop ridicule pour que tu en prennes part. Au moins, t’arrives à les stopper un tant soit peu dans cette petite guerre qu’ils s’infligent. Une petite victoire pour toi, finalement, même si tu n’y penses pas tant que ça. T’as besoin qu’on te laisse respirer, qu’on te laisse reprendre tes esprits calmement, mais ça, ils n’ont pas l’air de le comprendre. Au moins Il Kyang s’exécute quand tu leur demande de retirer tes skis, libérant tes jambes, te permettant de trouver une position moins douloureuse pour tes côtes. En temps normal, t’aurais apprécié l’attention qu’il te porte, mais le comportement des deux t’exaspère davantage encore que ce que tu leur montre. Finalement, c’est avec leur aide à tous les deux, que t’arrives à te relever. Tu restes légèrement penchée en avant, alors que la douleur est un peu plus vive encore. Tu grimaces, encore, tente d’étouffer ces gémissements qui te prennent. L’une de tes mains s’accroche à Il Kyang, tandis que l’autre se repose rapidement sur le côté, même si ça ne changera rien. Tu n’as même pas envie de les regarder. Tu veux simplement que les gens autour arrêtent de vous observer. Ce spectacle ne rime à rien, pourrait presque t’énerver même. « Laisse les. » réponds-tu rapidement à Il Kyang. Et t’as peur que la question d’Haruto ne ravive cette bataille qu’ils ont décidé de mener. Un soupire de plus, ta tête que tu secoues une nouvelle fois face à l’incompréhension. Tu ne sais pas quoi répondre, en fin de compte. Tu tentes d’avancer d’un pas, ta main toujours tenue à Il Kyang. Tu te dis que tu pourrais trouver le courage de descendre le reste à pieds, vous n’êtes pas si loin des restaurants de toute façon. Alors, tu portes ton attention sur l’un, puis l’autre, ton regard restant un peu plus longtemps posé sur Il Kyang. « Aide-moi juste à descendre, j’me débrouillerais après. » Ca sonne comme un ordre silencieux. Une façon de lui dire d’arrêter ces enfantillages. Tu te retournes à nouveau vers Haruto, et même si au départ tu te sentais désolée pour lui, maintenant, tu veux simplement que tout le monde te foute la paix. « On va s’débrouiller. Mais merci pour ton aide. » Tu restes froide dans tes mots, et si tu étais déjà fatiguée par toutes ces disputes, tu l’es davantage encore à cet instant précis. « Comme tu voudras. » qu’il répond, laissant tomber tes skis sur le sol, repartant déjà récupérer ses affaires. Tu ne dis plus rien, tente de te détacher d’Il Kyang, mais la douleur est trop importante pour que t’arrives à marcher seule dans l’immédiat. Alors tu te raccroches à lui, une fois de plus. Ton regard reste posé sur lui, un long moment. Mêlant incompréhension et colère, même s’il ne peut pas le voir. Silencieuse, tu te mets finalement en route, difficilement. Tu n’as rien à lui dire, à part un  « merci » que tu n’oses pas prononcer. Comme si le moindre petit détail faisait toujours tout exploser. Pour cette fois, tu ne lances aucune attaque, même si t’en crèves d’envie. Autant arrêter de tenter le diable, pour éviter une nouvelle dispute.

Ces enfantillages, je le sais, je le sens à son ton. Je ne joue, je n’ai pas envie de l’agacer, pas cette fois.je voudrais juste que ce type disparaisse. Qu’il nous laisse tranquille. Ne voit-il pas déjà que tout est compliqué entre nous ? Mon égo me crie qu’il est ridicule. Jamais elle ne pourra aller vers lui, pas après tout ce qu’on a vécu ensembles. C’est trop fort, trop intense pour qu’il puisse faire l’affaire. Mais cette autre part de moi, me crie qu’il pourrait être le genre d’homme qu’il lui faut. Prévenant, gentil, attentionné… je ne suis pas toujours comme ça. Bien trop souvent, j’ai fait passer mes envies avant les siennes, ne me soucient que très peu des répercutions. J’ai essayé de changer, de devenir plus mature mais je ne suis pas parfait. Bien loin des clichés romantiques, je fais tout de travers, trop maladroit, je ne sais pas prendre soin des autres. Je ravale un soupir, restant concentré sur Ye Won. Elle perd patience, m’envoie presque balader lorsque je propose aux autres de venir. Je me fais tout petit, ne voulant pas la contrarier davantage. J’écoute ce qu’elle me dit, évite le regarde de ce japonais et suis plutôt surprit lorsqu’elle me demande mon aide. La mienne, pas celle de Haruto. J’en viendrais presque à lui demander si elle sait ce qu’elle fait. Mais je me ravise, approuvant ce choix bien mérité selon-moi. Je lance un regard à ce type, plutôt fier je l’avoue d’une mini victoire qui n’ira pas plus loin. Il ne sait pas lui, tout ce qu’on traverse elle et moi. C’est si difficile, alors je n’ai pas envie qu’il vienne envenimer la situation. Incapable de me contrôler, je me retrouve à être jaloux de tout. C’est stupide, je le sais bien, je n’étais pas comme ça avant. Mais ces émotions trop fortes ont fini par troubler mes habitudes. Je ne gère plus aussi bien qu’avant et j’ai peut-être aussi moins confiance en moi. Après tout ce que je lui ai fait vivre, il est normal que je doute… je crois. Fier, je reste à ses côtés pour l’aider, et je ravale ce sourire à mes lèvres lorsqu’elle décide de renvoyer Haruto. Le pauvre… il a l’air si triste tout à coup. Je n’ose pas vraiment parler, surprit par sa décision. Je décide de l’aider à marcher un petit sourire satisfait au coin des lèvres. Je prends mon temps, la laisse trouver son rythme sans la brusquer. Elle doit avoir mal, c’est si compliqué de récupérer lorsqu’on se blesse aux côtes. Nous ne sommes pas loin des restaurants, alors je prends le chemin vers le premier près de nous. Une fois arrivée sur la terrasse, je l’aide à s’assoir sur un des bancs. Je passe une main dans mes cheveux avec une petite moue « Je… je vais chercher tes affaires. » parce-que j’ai tout laissé sur la piste même si c’est dangereux de l’avoue. Je n’ai pensé qu’à elle… je m’éloigne rapidement, cours pour aller récupérer ses skis et mon snow. Je fais demi-tour pour la rejoindre, pose le tout dans un endroit approprié et reste debout. Je la regarde, sans savoir quoi lui dire. L’ambiance entre nous reste toujours gênante, ça m’embête… même si je n’ai aucune motivation pour lui parler franchement. Alors sans réfléchir je lance « T’as été un peu dure avec lui… » Je pose mon regard sur elle, avant de me mettre à sourire. Ce n’est pas vraiment un reproche, en vérité je suis très satisfait de ce qui s’est passé. Mais je voulais briser la glace… d’ailleurs lorsque je m’en rends compte, je change brusquement d’attitude. Reprenant un air sérieux, je lui tourne le dos « Je préviens les autres qu’on est déjà au resto. » une manière de fuir cette situation. Je colle déjà le téléphone à mon oreille pour appeler Kitae. Même si il ne décroche pas, au moins je n’ai pas besoin de parler avec elle.

C’est plus facile, de t’accrocher à quelqu’un que tu connais, qui a su être là dans des moments bons comme mauvais. Plus rassurant quelque part. Mais perturbant aussi. Il Kyang est et sera toujours bien plus qu’un simple passage dans ta vie, tu le sais. C’est naturel finalement, de lui demander à lui, de rester. Même si tu sais au fond de toi que ce n’est peut-être pas la meilleure des décisions. Pas après tout ce qu’il s’est passé. Mais tu ne réfléchis pas vraiment, laisse cette pointe de colère dicter ce qu’il y a à faire. Tu prends sur toi, ne pense pas à cette proximité qu’il peut y avoir entre vous. Et t’avances, lentement. Parfois t’as besoin de quelques secondes avant de faire un pas. Tu ne te retournes pas vers Haruto, tu sais au fond de toi qu’il ne t’adressera plus la parole après ça. Mais au final, tu t’en fous quelque part. Tu savais au moment même ou tu l’as rencontré que ça ne mènera à rien. Il t’a juste aidé à tuer le temps, quelques heures tout au plus, alors que t’étais au plus bas. Poussée par Min Young à rester avec lui. Certainement une autre mauvaise décision, au cas ou il n’y en aurait pas eu assez depuis le début de ce séjour. T’évites d’y penser, en arrivant au premier restaurant que vous trouvez. Il Kyang t’aide à t’installer, alors que tu n’oses toujours pas le remercier. Au fond de toi, t’es encore agacée par ce qu’il vient de se passer. Tu ôtes tes lunettes, rapidement. T’as encore mal, mais tente cette fois de le cacher. Tu le laisses aller récupérer le reste de vos affaires, ton regard qui reste posé sur lui, toutes ces minutes. T’es perdue, t’arrives plus à comprendre ce qu’il se passe. Tu ne pensais pas le voir réagir comme ça, encore moins après cet épisode avec cette russe. Tu doutes de tout et de rien à la fois, décontenancée. Il revient finalement devant toi, et cette remarque te fait lever la tête en sa direction, un sourcil haussé. Tu serais prête à répondre, mais voilà qu’il part déjà, téléphone à la main. Tu préfères ne plus y faire attention, cherchant une position qui te fera moins mal. Tu galères un moment, même lorsque les autres arrivent enfin. « Ca va Ye Won ? » demande Min Young, l’air inquiet. « Ouais ouais, ça va. Ca va passer. » On sent que t’es toujours agacée, même si t’essaies de prendre sur toi. Les garçons s’installent autour de toi. Tout le monde décide de prendre une pause, en profiter pour reprendre des forces. Un serveur vient rapidement vous apporter les menus, alors que t’as le regard perdu ailleurs. « N’empêche que j’ai fini par gagner cette course ! » lance Jae, certainement pour détendre l’atmosphère. T’as ce rire désabusé qui te prend, encore secouée par cette scène qu’Il Kyang vient de te faire. « On t’achètera une coupe ! » réponds-tu, presque fermement, tentant pourtant d’y ajouter une touche d’amusement. Mais t’as pas le coeur à ça. Tu préfères te concentrer sur autre chose, sans savoir quoi. Arrêter de repenser à ce qu’il vient de se passer, tout simplement.

« Ye Won est tombée… non non ça va t’inquiètes. C’est juste que du coup on est au resto plus tôt. Le premier avec les drapeaux. » Il crie encore accroché au téléphone, je retire l’écran de mon oreille et grimace. Kitae va arriver avec les autres… quant à moi, je reste un peu bêta face à la situation. Dans ma tête c’est un peu brouillon. Je suis à la fois blasé par tout ce qui se passe, agacé, mais aussi prêt à passer au-dessus. Et puis il y a cette scène… cette crise de jalousie mal placée. Je ne sais pas à quoi ça rime et encore moins ce que Ye Won en pense. Je la sens sur les nerfs, alors je n’ose rien dire de peur d’aggraver la situation. Restant dans mon coin, je trouve subitement mon téléphone plus passionnant que tout le reste. Je fais semblant d’avoir de quoi m’occuper en attendant que le reste arrive. C’est lorsque j’entends la voix de Kitae s’élever que je me sens soulagé. Rangeant le tout dans ma poche, je lui adresse un sourire. Il m’ignore presque cela dit, plus intéressé par Ye Won comme le fait Min. Ok, je suis décontracté ! Ça ne m’énerve pas de les voir tous les deux, je ne peux pas être focalisé sur cette idée. Min a tenté de faire un pas vers moi, je ne veux pas me braquer comme un con. Alors je fais craquer ma nuque, me détends les muscles et chasse cette nervosité en moi. Rejoignant le reste du groupe, je m’assois à table et les écouter se vanter de leurs courses folles. J’aurais pu la gagner si je n’avais pas été retardé par ce japonais stupide. Je prends finalement part aux discussions, trouvant le repas beaucoup plus décontracté que tous les précédents. J’évite Ye Won du regard, un peu gêné je l’admets par ce que je viens de lui faire. Elle ne doit rien comprendre, elle qui est persuadé que je m’envoie en l’air avec les autres femmes. Si elle savait… j’ai l’impression d’être prêt à tuer pour me retrouver avec elle. Je deviens un peu plus barge à chaque seconde que je passe avec elle. Il faut que je me calme, que j’apprenne à gérer tout ça. En attendant, je prends plaisir à manger enfin quelque chose et partage avec eux un bon moment. Après le repas, nous décidons de poursuivre notre après-midi sur les pistes. J’ai finalement osé une difficulté au –dessus, un peu ennuyé de refaire sans cesse les mêmes. Min m’a suivi, ce qui nous a permis d’échanger pas mal. Aucun de nous n’a osé reparler de notre dispute, pas d’excuse non plus, mais je crois que nos gestes et nos regards parlaient pour nous. Tout est un peu confus dans ma tête, je n’ai jamais été aussi possessif avec quelqu’un. C’est déstabilisant et malgré toutes mes erreurs, il sait que nous sommes amis avant tout. La soirée tombe plus rapidement que je ne le pensais, tous réunis, c’est Kitae qui lance le départ pour retourner au chalet. Nous avons perdu pas mal de temps sur les pistes, faisant durer le plaisir. A tel point que nous sommes un peu juste au niveau des horaires. Arrivé au chalet, chacun part déjà dans sa chambre récupérer ses affaires pour se préparer. « On fait grouper les mecs ? Ainsi on va plus vite.» Tous répondent positivement, sauf moi qui cherche désespérément mon chargeur d’ordinateur. « Il Kyang ? » je relève la tête « Euh je prendrais après. Je fais vite. » je le vois dans son regard, il ne me croit pas. Mais il prend ce risque, tandis que je fouille dans mes affaires. 

Le repas se passe calmement, pour une fois. Pas d’intrus, juste vous, et les garçons qui continuent de se vanter de leurs exploits. Tu fais mine de rien, t’as toujours l’estomac noué. Tu n’oses pas regarder Il Kyang, te concentre davantage sur les autres. A certains moments, tu prends part à la conversation, mais il te faut du temps pour passer outre la frustration et la douleur. T’as du mal à manger, arrive à peine à toucher à ton plat. Tu fais mine de rien, même si parfois, tu te tord encore de douleur, lorsque tu respires trop fort, lorsque t’as envie de rire. A croire qu’il n’y aura pas un seul moment qui ne sera pas gâché ce week end. A la fin du repas, tu te décides à payer la note, contre l’avis de tous. Tu restes installée en terrasse, demandant un café. T’as encore mal et préfère ne pas tenter le diable. Une autre chute pourrait être dramatique, t’en as bien peur. Tu te détends, seule à cette table, tu les observes au loin, essaie de prendre quelques photos d’eux, de là ou tu es. Qu’ils puissent avoir un souvenir de moments décontractés malgré ce séjour rempli de rebondissements. Ce n’est que quelques heures plus tard, lorsque tes côtes deviennent bien moins douloureuses, que tu te décides à faire quelques descentes, un peu plus confiante. Tu te concentres davantage encore pour que personne ne te coupe la route cette fois-ci. A un moment, tu croises le regard d’Haruto au loin. Tu lui offres simplement un sourire désolé, avant de descendre une dernière fois la piste. Ca te fait du bien, quelque part. Ca calme cette colère en toi. Ca te fait penser à autre chose, surtout. Mais l’obscurité arrive bien plus vite que tu ne l’aurais cru, alors que tout le monde se décide à rentrer. T’es lessivée par cette journée, mais semble un peu plus apte à profiter de la soirée qui vous attend. Vous rentrez rapidement, Kitae lance l’idée que les garçons se préparent en même temps. T’en profite pour aller t’allonger un peu, reposant quelques minutes ton corps. T’envoies un message à Hye Mi, encore une fois, tu ne dis rien sur ce qu’il se passe réellement ici. Tu restes évasive, préfère prendre des nouvelles d’elle. Un par un, les garçons sortent de la salle de bain, mais Il Kyang met bien plus de temps à se préparer. Alors tu attends encore un peu, prépare déjà ta tenue du soir. La pièce d’eau libre, tu te dépêches comme tu peux, même si tu te retrouves bloquée par tes gestes, cette douleur aux côtes qui ne te quitte pas vraiment. En quelques minutes à peine, tu prends ta douche, t’habilles. Tu mets un peu plus de temps pour peaufiner ton maquillage, espérant réussir à camoufler correctement tes cernes, ces traits tirés par la fatigue. Tu ponctues le tout d’un rouge à lèvres, presque satisfaite du résultat, et sors enfin de là. Tu sais que vous êtes déjà en retard, que les autres doivent t’attendre. Alors tu jettes tes affaires dans un coin de ta chambre, enfile de hauts talons pour souligner ta silhouette. Ton manteau que tu enfiles, et tu pars en direction du garde-manger. Tes chaussures claquent sur le sol au fur et à mesure de tes pas, rapides. Tu dois encore récupérer une bouteille de champagne à apporter à la soirée avant de pouvoir partir. Et tu croises Il Kyang, mais pas les autres. Tes sourcils qui se froncent, ton attention portée sur lui. « Ils sont déjà partis les autres ? » Question stupide, alors qu’aucun bruit ne parvient à tes oreilles, aucune autre voix. Tant pis, sans attendre, tu te glisses dans le garde manger à la recherche de ton sésame.

J’ai mis plus de temps que prévu à retrouver mes affaires. Kitae passe plusieurs fois dans ma chambre, me crie de me dépêcher mais il me connait mieux que personne. Il sait que quoiqu’il arrive je serais en retard. C’est une mauvaise habitude que j’ai pris lorsque j’étais gamin. A toujours trainé, faire autre chose au moment de partir. Encore une fois je ne passe pas à côté. Récupérant mes vêtements, je regarde si mon costard n’est pas froissé. J’ai sorti le seul que j’avais dans ma garde-robe. Je l’avais acheté pour une soirée où Kitae m’avait trainé. Un mariage où nous avions été engagés pour jouer quelques chansons. Je le dépose sur mon lit, le tend bien avant d’aller enfin à la salle de bain. Tous les autres s’agitent, moi… je prends mon temps. Je profite de l’eau chaude, je détends mes muscles, je fais un effort pour une fois, coiffant mes cheveux, me parfumant. J’ai presque l’air d’un autre homme ainsi. Je souris à mon propre reflet et file dans ma chambre alors que Kitae me gueule encore dessus. « Hey beau gosse grouille toi. On se barre sans toi. » Ils sont sérieux ? Visiblement oui car Jae franchit déjà le pas de la porte. « On se retrouve là-bas. Vous êtes trop lents. » Vous ? Ah... j’avais presque oublié que Ye Won devait aller à la salle de bain. Je grimace, hausse les épaules et ne me stresse pas pour autant. Enfilant mon costume, je me regarde de tous les côtés pour avoir un meilleur avis. Ce n’est pas trop mal… je crois. Je ne suis pas sûr de moi, encore moins dans cette tenue. J’inspire profondément, les autres déjà partis je me souviens que je dois récupérer un gâteau traditionnel à apporter. Mais comme je m’égare souvent, je prends d’abord le temps d’aller me servir de l’eau. Bois une grande gorgée, avant de voir apparaitre Ye Won. Seulement, je suis plutôt surprit de la voir, à tel point que je me mets à toussoter en apercevant sa tenue… Ma main devant la bouche, je la suis du regard, mon cœur rate un battement alors que je marmonne un pauvre « Oui, on doit les rejoindre. » pour répondre à sa question. Je ne m’attendais pas ce qu’elle soit aussi… parfaite. Et encore le mot est faible ! Sa tenue lui va si bien. Elle épouse ses formes à la perfection, une jupe moulante, un décolleté mais pas vulgaire. Et de hauts talons pour rehausser sa silhouette. Je déglutis, détournant aussi vite les yeux de peur d’être trop insistant. Je fronce les sourcils, tente de me concentrer à nouveau sur ma tâche et vais à mon tour dans le garde-manger. Ce n’est pas bien grand, mais pas trop étroit non plus. Je cherche sur les étagères mon sésame et récupère rapidement mon gâteau. Lorsque je me relève pour aller à la porte, j’appuie sur la poignée mais rien ne vient. Je recommence, force un peu sans comprendre mais elle tourne dans le vide. « T’as refermé la porte ? » je l’engueulerais presque. Je fronce les sourcils me disant que ça doit être une mauvaise plaisanterie.

tenue// Tu fais au mieux pour ne pas être plus en retard que vous ne l’êtes déjà. Tu t’énerverais presque contre Il Kyang continuant de prendre son temps dans la salle de bains, mais ne dit rien. Non, ce soir, tu veux passer une bonne soirée. Tu veux voir d’autres visages, boire quelques verres, t’amuser. T’espères au fond de toi terminer l’année sur une note un peu plus positive. T’as retrouvé cet espoir dans la journée, parce qu’elle a été la moins pire de toutes, malgré cette crise qu’Il Kyang a pu faire, que tu ne comprends toujours pas. Fin prête, il ne te reste qu’une dernière chose à faire avant de partir, récupérer cette bouteille. Enfin, tu vas pouvoir te détendre, d’une nouvelle façon. Pour la première fois, t’arrives à  lui poser une question normalement, à laquelle il répond brièvement. Tu hausses tes épaules, acceptant l’évidence, tu devras faire le trajet avec lui. Tu ne prends même pas le temps de le regarder, toi qui n’apprécie guère être en retard, bien que cela t’arrive bien plus souvent que nécessaire. T’aurais envie de lui dire de se dépêcher, mais t’aurais peur de provoquer une nouvelle dispute. Tu te concentres alors sur ce que tu cherches, alors qu’il entre à son tour dans le garde-manger. Mais avant que tu ne tombes sur cette bouteille, il semble s’énerver, te stoppant dans tes gestes. Tu te redresses, l’observe. « Quoi ? T’es entré après moi. » Tu t’empresses d’avancer vers la porte, essayant à ton tour de l’ouvrir, mais rien. Tu t’énerves dessus, sans succès. « C’est pas vrai… » lances-tu, sans même t’en rendre compte. Tes mains passent dans tes cheveux, alors que tu commences déjà à tourner sur toi-même. Ta langue qui claque sur ton palet, cherchant déjà un moyen de sortir d’ici. Tu cherches instinctivement dans tes poches, mais elles sont vides. Tes yeux qui se ferment, alors que tu te refais la scène avant d’arriver jusqu’ici. « Et merde… » Ta tête qui bascule en arrière, avant que tu te redresses. « Mon téléphone est dans ma chambre. » On sent cette pointe d’agacement dans ta voix. Comme un nouveau coup du sort auquel tu ne veux pas croire. Pas encore. Tu crains le pire, rester bloquée là, et une certaine panique s’empare de toi. Bloquée, dans une pièce aussi petite, avec lui. Tout ça n’est qu’une blague qu’on te fait, ça ne peut pas être autre chose. Un soupire, alors que tu veux simplement sortir de là. « T’as ton téléphone avec toi ? » Une pointe de stress qui te prend, alors que tu tentes encore d’enclencher cette poignée. Rien n’y fait, vous êtes tous les deux coincés là. T’as plus qu’un seul espoir, qu’il ai son portable avec lui, qu’il puisse appeler quelqu’un qui vienne rapidement vous sortir de là. Mais en repensant à tout ce qu’il s’est passé depuis votre arrivée, tu doutes de ça. Etrangement, t’as ce sentiment qui s’empare de toi, qui te dit que tu vas rester là, pendant un long moment. Et tu n’aimes pas du tout cette idée là.